Béatrice Guéna | Université Paris Saclay (original) (raw)

Papers by Béatrice Guéna

Research paper thumbnail of Le contre engagement de Chevillard

ELFe XX-XXI, Mar 14, 2021

Research paper thumbnail of Écritures du corps. Nouvelles perspectives

Le corps s'écrit : comment s'écrit-il ? Comment l'écrit-on ? Comment prend-il sens da... more Le corps s'écrit : comment s'écrit-il ? Comment l'écrit-on ? Comment prend-il sens dans et par l'écriture ? Cet ouvrage interroge les rapports complexes du corps et du sens : comment faire sens de cet objet problématique qu'est le corps et comment le corps devient-il (un) signifiant ?

Research paper thumbnail of Pour un comparatisme culturaliste

Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - memSIC, 2016

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à la recherche de pièces à jouer La vie théâtrale française se réorganise une fois la paix revenu... more à la recherche de pièces à jouer La vie théâtrale française se réorganise une fois la paix revenue, d'abord en reprenant les structures antérieures à 1914. Les revues, les journaux, les brochures sont des vecteurs des oeuvres théâtrales traduites : La Petite Illustration, qui n'avait pas paru durant la période de guerre, réapparaît en octobre 1919 ; se présentant désormais comme une « Revue littéraire publiant les pièces nouvelles joués dans les théâtres de Paris », elle publie de 1919 à 1939, sur les quelque cent pièces dont elle donne le texte, une trentaine de traductions, en majorité de l'anglais, mais aussi du russe, du hongrois, de l'espagnol ou de l'italien, par exemple en 1923 La Volupté de l'honneur (tr. Camille Mallarmé), créé le 21 décembre 1922, première représentation d'une pièce de Luigi Pirandello en France avant Six Personnages en quête d'auteur l'année suivante. Quelques autres noms importants figurent au répertoire des théâtres parisiens : Leandro Fernández de Moratín). Peu de pièces étrangères sont représentées. La Comédie-Française sert parfois une propagande orchestrée par l'occupant : après Cabale et amour de Schiller représenté en allemand en 1941, c'est au tour de Goethe, dont l'Iphigénie en Tauride est donnée d'abord en français le 10 avril 1942 (tr. Pierre Du Colombier, première pièce de Goethe à entrer au répertoire, publiée la même année chez Gallimard) et quelques jours plus tard en allemand, pour permettre, selon le principe du conseiller culturel à l'Ambassade et directeur de l'Institut allemand Karl Epting, une « confrontation » censée renforcer les échanges culturels franco-allemand En 1943 est représenté (tr. Du Colombier) Iphigénie à Delphes de Gerhart Hauptmann, Prix Nobel de littérature 1912, monument national essentiel pour les nazis (fêté ainsi avec un an de retard sur son 80 e anniversaire), connu comme auteur naturaliste dans la dernière décennie au siècle précédent (HTLF XIX, 502-503). En 1942 paraît aussi dans la « Bibliothèque de la Pléiade »le théâtre complet de Goethe, avec une Introduction de Gide (qui avait pris ses distances avec la revue dirigée par Drieu La Rochelle), dans des traductions de Nerval et Jacques Porchat, mais aussi entre autres d'Armand Robin, Maurice Betz, Jacques Decour, Jean Tardieu, traducteurs dont on peut dire qu'ils ont des positions politiques pour le moins diverses, ce qui s'explique par le fait que ce volume était prévu dès avant l'Occupation et que J. Decour, par exemple, rendit sa traduction sans doute avant 1939. 2. Réalisations Une Europe du théâtre restreinte Au cours du XIX e siècle s'était mise en place, en France, une représentation de l'Europe culturelle regroupant les littératures des pays environnants, au premier rang desquels celle de langue anglaise, qui représente une grande part des langues sources pour les traductions, y compris dans le domaine du théâtre. Le XX e siècle prolonge et approfondit la redécouverte de Shakespeare amorcée au XIX e (v. chap. V, Retraductions). De nouveaux traducteurs se manifestent, écrivains (A. Gide, Pierre Jean Jouve), hommes et femmes de théâtre (Suzanne Bing, J. Copeau), universitaires (Willy Timmermans, Madeleine Vokoun-David) et divers polygraphes (journalistes, critiques,…). En 1922 est lancée, chez E. Dentu, une « Collection Shakespeare », dirigée par André H. Koszul, achevée en 1944, qui donne les textes en anglais et en français, non sans préciser l'édition anglaise utilisée (« d'après l'ancienne édition Cambridge »). Un point d'orgue est constitué par la publication en 1938 du Théâtre complet de Shakespeare dans la « Bibliothèque de la Pléiade » (Gallimard), avec Avant-Propos de Gide : cette édition reprend des traductions de François-Victor Hugo, mais incorpore aussi des traductions plus récentes, de P. J. Jouve, Pierre Leyris, Gide. Hors de France, Shakespeare trouve aussi des traducteurs. En Belgique A Midsummer's Night Dream est traduit sous le titre Un Songe de nuit d'été par Paul Spaak (Bruxelles, Lubertin, 1919)-titre qu'on trouve aussi en France sous la plume d'A. Koszul en 1938 (Les Belles Lettres) ; en Suisse René-Louis Piachaud propose une « traduction libre, prosaïque et rythmée » avec Le Songe d'une nuit d'été (Genève, Ciana, 1923). Les contemporains de Shakespeare restent dans l'ombre de celui-ci. C. Dullin est un des rares à connaître un réel succès avec Volpone, qu'il joue à partir de 1928 6 dans une adaptation de Stefan Zweig et Jules Romains. Georges Duval consacre toutefois en 1920 un volume à quatre dramaturges dans la collection des « Meilleurs auteurs classiques et français » d'Ernest Flammarion : Ben Jonson, Christopher Marlowe, Thomas Middleton, Thomas Dekker. En 1932 et 1934, la collection « Les cent chefs-d'oeuvre étrangers » (La Renaissance du Livre) publie des extraits ou des abrégés de cinq dramaturges sous un titre identique : Les Contemporains de Shakespeare. À la fin du XIX e siècle la France avait découvert Oscar Wilde et G.B. Shaw. Wilde, traduit dès les années 1890, est toutefois plus connu pour sa pièce Salomé, écrite en français, ses poèmes et romans que pour son théâtre. Sa Duchesse de Padoue est traduite par Cecil Georges Bazile, dans un volume (Delpech, 1925) titré Théâtre à lire d'Oscar Wilde, où on trouve aussi Une tragédie florentine et quelques fragments dramatiques. The Importance of Being Earnest, est donné en 1942 sous le titre Il importe d'être constant (tr. Léon Guillot de Saix) ; d'autres adaptations choisiront « aimé » ou « fidèle » pour rendre le jeu de mot sur le nom du personnage Ernest. Le couple Augustin et Henriette Hamon reprend son activité de traducteur attitré de Shaw en 1919, et publie de nouvelles traductions, tantôt dans des revues, tantôt directement en volume. En 1929 ils commencent la publication des OEuvres de leur auteur aux éditions Aubier : la publication (poursuivie pendant les années 1940-44) s'achèvera en 1956, avec un 25 e volume. Quelques autres dramaturges irlandais commencent à être traduits, le plus souvent en revue : John Millington Synge, William Butler Yeats, Sean O'Casey. On a vu plus haut que la Collection Aubier des classiques bilingues avait mis l'accent sur la publication des « classiques » dramatiques allemands et autrichiens. Rares sont les contemporains traduits : on notera, de Ferdinand Bruckner, Les Criminels, tr. Ninon Steinhof et André Mauprey, ainsi que la pièce antifasciste Les Races dans une traduction-adaptation effectuée en 1934 par Renée Cave pour le Théâtre de l'OEuvre ; de Schnitzler, La Ronde, tr. Suzanne Clauser, Maurice Rémon et Wilhelm Bauer (1932) et Liebelei (Amourette), traduit et adapté par S. Clauser (1933). Les autres pays sont réduits à la portion congrue. Les théâtres italiens et espagnols demeurent peu traduits, celui du Portugal ignoré. Quelques classiques-Calderón, Tirso de Molina-sont publiés, mais pas dans la collection Aubier. Deux volumes de Théâtre espagnol publiés dans la collection « Les cent chefs-d'oeuvre étrangers » comportent des extraits

Research paper thumbnail of Chapitre X. Théâtre

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Comparatisme et Société / Comparatism and Society, 2011

Research paper thumbnail of La filiation chez Thomas Bernhard, dans les récits autobiographiques

La filiation chez Thomas Bernhard, dans les récits autobiographiques Selon la définition proposée... more La filiation chez Thomas Bernhard, dans les récits autobiographiques Selon la définition proposée par Philippe Lejeune 1 , c'est sur le développement de la personnalité que le récit autobiographique met l'accent, aux XVIIIe et XIXe siècles. Dans sa préface aux Confessions, Rousseau refuse tout héritage des "auteurs de [s]es jours : "De tous les dons que le ciel leur avait départis, un coeur sensible est le seul qu'ils me laissèrent 2 ". Dans la suite du récit, il met l'accent sur son cheminement biographique loin de tout cadre familial, de toute tradition sociale ou culturelle déterminantes. L'autobiographie devient donc, vers la fin du XVIII e et le début du XIX e siècles, le genre privilégié de l'individualisme bourgeois. L'individu bourgeois n'est plus guidé par une instance divine, féodale ou familiale, mais il est son seul guide au cours de son développement intellectuel 3. Au XIXe siècle se produit en Europe une prise de conscience quant aux contraintes s'exerçant sur le sujet dans son entreprise autobiographique. De nouvelles approches épistémologiques des connaissances humaines, notamment dans l'historiographie, la génétique et la psychanalyse, révèlent la détermination du sujet par des forces qui lui échappent et dont il doit tenir compte. L'homme prend conscience de son individualité en même temps que des menaces qui pèsent sur elle. On voit apparaître dans le genre autobiographique la revendication de la singularité. Dans ce contexte, deux textes sont fondateurs : le Journal de Kafka (rédigé entre 1909 et 1923) et les Carnets de Malte Laurids Brigge, journal semi-fictif de Rilke rédigé entre 1904 et 1910. Or ces auteurs ont maintes fois affirmé la nécessité pour l'individu de s'affranchir de sa filiation pour devenir, selon le mot de Rilke, le "fils de personne" 4. Quelques décennies plus tard, Thomas Bernhard manifeste une même méfiance (autrichienne ?) à l'égard de la famille associée au désir d'autogenèse, dans ses récits autobiographiques :

Research paper thumbnail of Les petites tragédies de Jean-Luc Lagarce

Les "petites tragédies" de Jean-Luc LAGARCE Dijon, Editions du Murmure, collection "Lecture pluri... more Les "petites tragédies" de Jean-Luc LAGARCE Dijon, Editions du Murmure, collection "Lecture plurielle", 2011. 12 €-EAN13 : 9782915099515. Ouvrage destiné aux agrégatifs (Littérature française) [Agrégation 2011/2012] Cette étude, parfois en tandem, sur deux pièces de lagarce, permet de situer celles-ci dans la trajectoire de l'auteur, de s'interroger sur le langage et tempo de ces oeuvres, à la fois classiques et novatrices, narratives et éminemment théâtrales.

Research paper thumbnail of L'Automédialité contemporaine

Pour un dialogue entre médiologie et critique littéraire 1 De l'autobiographie à l'automédialité ... more Pour un dialogue entre médiologie et critique littéraire 1 De l'autobiographie à l'automédialité De nos jours encore, les études sur l'autobiographie littéraire ont bien du mal à entrer en un dialogue fructueux avec la médiologie. 2 Même si le suffixe-graphie dans le terme « autobiographie » fait état de la médialité de la représentation de soi, ce support médial fait rarement l'objet d'une analyse de la part de la critique littéraire. Cet oubli du médium a des causes historiques. L'une d'elles se situe dans le souci cartésien d'attribuer au sujet un rôle constitutif pour toute sorte de connaissance et de fonder la subjectivité à son tour dans un rapport à soi immédiat de la pensée pure. Au XVIII e siècle, Jean-Jacques Rousseau a remplacé l'immédiateté du cogito par un sentio non moins indépendant des médiums, et qui, selon Rousseau, serait la base de son entreprise autobiographique : « Je sens mon coeur et je connais les hommes »-est la déclaration en guise de manifeste au début de ses Confessions. 3 Le rapport affectif à soi est censé ouvrir au sujet non seulement un accès privilégié à son être propre, mais il doit également rendre possible une connaissance intime des autres hommes ; il constitue ainsi la base d'une « communication de coeur » immédiate. L'authenticité du sujet sensible se manifeste, selon Rousseau, dans le style individuel de l'autobiographe. 4 D'après lui, le style dépouille l'écriture 1 Ce texte est la version française de l'introduction générale de l'ouvrage suivant : Jörg

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International audienceNo abstrac

Research paper thumbnail of Transmission/héritage dans l'écriture contemporaine de soi

I. Le desir de transmission : un ferment d’ecriture « Nous sommes les derniers./Interrogez-nous »... more I. Le desir de transmission : un ferment d’ecriture « Nous sommes les derniers./Interrogez-nous ». La transmission d’une vie d’exil dans les recits d’exiles juifs au Canada (1933 a nos jours) Patrick FARGES Survivance et langagement. Ecrire la transmission et l’heritage de la Franco-Americanie Peggy PACINI La transmission d’une experience de guerre : des « Malgre-nous » alsaciens Nicole THATCHER Transmission of heritage in self-published autobiographies Mari HATAKKA La construction de l’ethos dans la commande d’ecriture autobiographique au sein de la constellation familiale Francine MEURICE

Research paper thumbnail of L'Écrivain critique de lui-même

Nous présentons dans ce numéro 8 de La Revue italienne d’études françaises le dossier réuni par O... more Nous présentons dans ce numéro 8 de La Revue italienne d’études françaises le dossier réuni par Olivier Bivort des Actes du colloque « L’écrivain critique de lui-même », organisé par le Seminario di filologia francese en collaboration avec le Dipartimento di studi linguistici e culturali comparati de l’Université Ca’ Foscari de Venise. C’est là un sujet qui a récemment fort attiré l’attention de la critique. Comme l’observe Olivier Bivort, « si l’intérêt de la recherche universitaire de ces dernières années pour tout ce qui touche à la métatextualité reflète une image de notre époque – une époque où l’art ne cesse de se contempler et de s’abîmer parfois dans sa propre contemplation, où le développement des médias et des réseaux sociaux a généré une attention sans précédent pour la visibilité et l’exhibition –, il reste que cet acte critique réflexif, qu’il soit ancien ou moderne, est remarquable à plus d’un titre ». Ces réflexions d’auteur peuvent ressembler à des commentaires artis...

Research paper thumbnail of Lagarce grand écrivain

On se rejouit tout d’abord de la parution de l’une des premieres monographies sur Jean-Luc Lagarc... more On se rejouit tout d’abord de la parution de l’une des premieres monographies sur Jean-Luc Lagarce, auteur et metteur en scene fondamental de l’epoque contemporaine, a la fois reconnu par les milieux theâtraux et scolaires/universitaires, puisqu’il a ete au programme du baccalaureat et de l’agregation.Lydie Parisse, justement, se situe au carrefour de ces deux mondes. Auteure et metteure en scene dramatique, elle est egalement enseignante-chercheuse a l’universite de Toulouse le Mirail. C’est cette double appartenance qui lui permet d’etudier toute la richesse de l’œuvre de Lagarce. Son ouvrage, comme le mentionne l’introduction, « ne vise pas seulement un public d’universitaires, mais aussi de professionnels du monde du spectacle », Lagarce etant « un de ces auteurs-metteurs en scene qui reconcilient la litterature et la scene ».La figure auctoriale : genealogie de l’impuissanceTout au long de son parcours, L. Parisse s’attache a montrer, avec succes, que Lagarce est un grand ecriv...

Research paper thumbnail of Les écrivains fantômes : Vertiges de W. G. Sebald et Le Mal de Montano d’Enrique Vila-Matas

Pour un récit transnational

Research paper thumbnail of Les Éditions Pyrodactyles ou la nostalgie de la littérature

Les Editions Pyrodactyles est une maison d’edition fictive comprenant un panel d’auteurs inventes... more Les Editions Pyrodactyles est une maison d’edition fictive comprenant un panel d’auteurs inventes par Alice Forge, plasticienne depuis 2009, dans une demarche heritee des univers vertigineux et ludiques de Borges et Perec. Ces textes fantomes sont le prolongement d’œuvres reelles, souvent issues de la litterature populaire (Roman d’aventure, roman policier, roman feuilleton et science-fiction). Les auteurs des Editions Pyrodactyles sont eux-memes issus du patrimoine litteraire, inspires qu’ils sont de personnages romanesques, comme le comte de Monte-Cristo, le capitaine Nemo, Arsene Lupin, etc. S’ajoute a cette litterature une correspondance et une paralitterature fictive. Ce monde tres riche saisit, par la bande, l’essence de la litterature, son desir demiurgique, sa capacite non seulement a doubler le monde, mais a se refleter a l’infini dans d’imaginaires miroirs. Selon Vila-Matas se confiant au fictif Robert Derain, Walter Benjamin aurait dit que : « de nos jours, la seule œuvre...

Research paper thumbnail of Le Journal de Kafka ou le goût de la vivisection

Research paper thumbnail of Automythomanies littéraires

Dans leur oeuvre autofictionnelle, certains auteurs ne cessent d'égarer le lecteur, de le tromper... more Dans leur oeuvre autofictionnelle, certains auteurs ne cessent d'égarer le lecteur, de le tromper (Eric Chevillard), de faire usage de faux littéraires (W.G. Sebald, Enrique Vila-Matas). Mystificateurs, ils inventent des écrivains ou des textes d'écrivains réels, abolissant la frontière entre le réel et l'imaginaire. Ces écrivains automythomanes semblent des personnages de leur propre univers… In their autofictional work, many writers keep losing the reader, deceiving him (Eric Chevillard), making up literary fakes (W.G. Sebald, Enrique Vila-Matas). These mystifiers create writers or books, and abolish the border between reality and imagination. These automythomaniacs seem to be characters of their own world… Au tournant du XXI e siècle, certains écrivains cherchent, dans leurs oeuvres, à susciter une expérience particulière de la fiction en mettant l'accent sur la confusion entre auteur et narrateur. Dans Vertiges, paru en 1990, W.G. Sebald prend plaisir à multiplier les doubles de la figure de l'écrivain. Dans ce recueil de quatre nouvelles émaillé de photographies, le premier récit évoque Stendhal; le troisième, Kafka; le deuxième et le quatrième, un narrateur jumeau de Sebald. Enrique Vila-Matas a obtenu, pour Le Mal de Montano (2003 [2002]), le Prix Médicis étranger (2003). La littérature devient le personnage principal du livre à travers le récit effectué par le père, au sujet de la « maladie de la littérature » dont lui et son fils sont atteints (2003: 15). Tous deux ne peuvent en effet faire l'expérience du monde qu'à travers les grandes oeuvres qu'ils ont lues. Dans L'auteur et moi d'Eric Chevillard (2012), un narrateur à la première personne hèle une jeune femme à la terrasse d'un café et lui explique comment il en est arrivé au meurtre de sa femme. Ce narrateur est l'objet d'une controverse de la part de l'auteur. Dans l'avant-propos et les notes de bas de page (aussi prolixes que le récit), l'auteur commente sa narration, son personnage, son propos et son style. Il commente notamment le rapport autobiographie / fiction de son texte, et renvoie à son blog intitulé L'autofictif (parution chez l'Arbre vengeur depuis 2009). Dans leurs oeuvres, ces auteurs ne cessent d'égarer le lecteur, de le tromper à leur sujet. Mystificateurs, ils inventent des écrivains ou des textes d'écrivains réels, abolissant la frontière entre le réel et l'imaginaire. I. Un genre douteux « Des suspects qui me ressemblent… »

Research paper thumbnail of Le Fils Prodigue et Les Siens (XX e -XXI e Siecles) : Amour, Violence et Perversion

Research paper thumbnail of Éric Chevillard : étrangler le critique

Revue italienne d’études françaises

Qui gère le trésor, s'interrogeait Judith Schlanger dans La Mémoire des oeuvres. Les Critiques en... more Qui gère le trésor, s'interrogeait Judith Schlanger dans La Mémoire des oeuvres. Les Critiques enseignants ? Ou les écrivains ? Elle rappelle que le point de vue des écrivains a longtemps été dominant 1. C'est surtout au XIX e siècle, avec le romantisme, bien qu'on puisse sans doute la faire débuter au XVIII e siècle notamment avec Diderot, que s'est développée cette critique littéraire représentée par des artistes-critiques : Chateaubriand, Hugo, Lamartine, Gautier, Baudelaire, Barbey d'Aurevilly… C'est une chaîne qui se prolonge jusqu'au XX e siècle, où apparaît même une figure paradoxale, le critiqueécrivain, qui fait de l'activité et de l'écriture critique une forme d'art qui absorbe toutes les autres. Genette notait déjà dans les années 1960 que « les frontières entre l'oeuvre critique et l'oeuvre non critique tendent de plus en plus à s'effacer » 2. Dans le sillage de Borges, un certain nombre d'écrivains actuels cultivent ce nouveau genre qu'est la fiction critique, c'est-à-dire une forme de critique littéraire vivante, créatrice. Éric Chevillard fait partie des auteurs qui visent à réoccuper ce champ. L'ouvrage L'auteur et moi, paru chez Minuit en 2012, est le vingt-huitième de cet auteur prolifique. Sous-titré « roman », il s'agit d'un récit linéaire et d'un commentaire de ce récit en bas de page. Depuis Les Confessions de Rousseau, la figure de l'ego scriptor, à savoir l'écrivain qui se regarde écrire, est devenue un topos des écritures de soi. D'autre part, selon l'hypothèse de Marc Gontard reformulée par Frank Wagner, « le roman d'aujourd'hui tendrait à valoriser le métatextuel dénotatif, sous forme donc d'autocommentaires explicites » 3. Éric Chevillard, dans sa pratique de l'autofiction, associe ces deux tendances. Il amène l'autobiographie vers une transfictionnalité qui instaure une nouvelle forme d'autorité de l'auteur. DE L' AUTOBIOGRAPHE À LA TRANSFICTIONNALITÉ Typologie de la critique : avertissement et note de bas de page 2 La scénographie de ce roman est celle d'une conversation qui prend vite l'allure d'une harangue : un narrateur à la première personne hèle une jeune femme à la terrasse d'un café et lui explique comment il en est arrivé au meurtre de sa femme parce qu'elle lui Éric Chevillard : étrangler le critique Revue italienne d'études françaises, 8 | 2018

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L’Hospitalité des savoirs. Mélanges en l’honneur d’Alain Montandon, 2011

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ELFe XX-XXI, Mar 14, 2021

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Le corps s'écrit : comment s'écrit-il ? Comment l'écrit-on ? Comment prend-il sens da... more Le corps s'écrit : comment s'écrit-il ? Comment l'écrit-on ? Comment prend-il sens dans et par l'écriture ? Cet ouvrage interroge les rapports complexes du corps et du sens : comment faire sens de cet objet problématique qu'est le corps et comment le corps devient-il (un) signifiant ?

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Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - memSIC, 2016

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à la recherche de pièces à jouer La vie théâtrale française se réorganise une fois la paix revenu... more à la recherche de pièces à jouer La vie théâtrale française se réorganise une fois la paix revenue, d'abord en reprenant les structures antérieures à 1914. Les revues, les journaux, les brochures sont des vecteurs des oeuvres théâtrales traduites : La Petite Illustration, qui n'avait pas paru durant la période de guerre, réapparaît en octobre 1919 ; se présentant désormais comme une « Revue littéraire publiant les pièces nouvelles joués dans les théâtres de Paris », elle publie de 1919 à 1939, sur les quelque cent pièces dont elle donne le texte, une trentaine de traductions, en majorité de l'anglais, mais aussi du russe, du hongrois, de l'espagnol ou de l'italien, par exemple en 1923 La Volupté de l'honneur (tr. Camille Mallarmé), créé le 21 décembre 1922, première représentation d'une pièce de Luigi Pirandello en France avant Six Personnages en quête d'auteur l'année suivante. Quelques autres noms importants figurent au répertoire des théâtres parisiens : Leandro Fernández de Moratín). Peu de pièces étrangères sont représentées. La Comédie-Française sert parfois une propagande orchestrée par l'occupant : après Cabale et amour de Schiller représenté en allemand en 1941, c'est au tour de Goethe, dont l'Iphigénie en Tauride est donnée d'abord en français le 10 avril 1942 (tr. Pierre Du Colombier, première pièce de Goethe à entrer au répertoire, publiée la même année chez Gallimard) et quelques jours plus tard en allemand, pour permettre, selon le principe du conseiller culturel à l'Ambassade et directeur de l'Institut allemand Karl Epting, une « confrontation » censée renforcer les échanges culturels franco-allemand En 1943 est représenté (tr. Du Colombier) Iphigénie à Delphes de Gerhart Hauptmann, Prix Nobel de littérature 1912, monument national essentiel pour les nazis (fêté ainsi avec un an de retard sur son 80 e anniversaire), connu comme auteur naturaliste dans la dernière décennie au siècle précédent (HTLF XIX, 502-503). En 1942 paraît aussi dans la « Bibliothèque de la Pléiade »le théâtre complet de Goethe, avec une Introduction de Gide (qui avait pris ses distances avec la revue dirigée par Drieu La Rochelle), dans des traductions de Nerval et Jacques Porchat, mais aussi entre autres d'Armand Robin, Maurice Betz, Jacques Decour, Jean Tardieu, traducteurs dont on peut dire qu'ils ont des positions politiques pour le moins diverses, ce qui s'explique par le fait que ce volume était prévu dès avant l'Occupation et que J. Decour, par exemple, rendit sa traduction sans doute avant 1939. 2. Réalisations Une Europe du théâtre restreinte Au cours du XIX e siècle s'était mise en place, en France, une représentation de l'Europe culturelle regroupant les littératures des pays environnants, au premier rang desquels celle de langue anglaise, qui représente une grande part des langues sources pour les traductions, y compris dans le domaine du théâtre. Le XX e siècle prolonge et approfondit la redécouverte de Shakespeare amorcée au XIX e (v. chap. V, Retraductions). De nouveaux traducteurs se manifestent, écrivains (A. Gide, Pierre Jean Jouve), hommes et femmes de théâtre (Suzanne Bing, J. Copeau), universitaires (Willy Timmermans, Madeleine Vokoun-David) et divers polygraphes (journalistes, critiques,…). En 1922 est lancée, chez E. Dentu, une « Collection Shakespeare », dirigée par André H. Koszul, achevée en 1944, qui donne les textes en anglais et en français, non sans préciser l'édition anglaise utilisée (« d'après l'ancienne édition Cambridge »). Un point d'orgue est constitué par la publication en 1938 du Théâtre complet de Shakespeare dans la « Bibliothèque de la Pléiade » (Gallimard), avec Avant-Propos de Gide : cette édition reprend des traductions de François-Victor Hugo, mais incorpore aussi des traductions plus récentes, de P. J. Jouve, Pierre Leyris, Gide. Hors de France, Shakespeare trouve aussi des traducteurs. En Belgique A Midsummer's Night Dream est traduit sous le titre Un Songe de nuit d'été par Paul Spaak (Bruxelles, Lubertin, 1919)-titre qu'on trouve aussi en France sous la plume d'A. Koszul en 1938 (Les Belles Lettres) ; en Suisse René-Louis Piachaud propose une « traduction libre, prosaïque et rythmée » avec Le Songe d'une nuit d'été (Genève, Ciana, 1923). Les contemporains de Shakespeare restent dans l'ombre de celui-ci. C. Dullin est un des rares à connaître un réel succès avec Volpone, qu'il joue à partir de 1928 6 dans une adaptation de Stefan Zweig et Jules Romains. Georges Duval consacre toutefois en 1920 un volume à quatre dramaturges dans la collection des « Meilleurs auteurs classiques et français » d'Ernest Flammarion : Ben Jonson, Christopher Marlowe, Thomas Middleton, Thomas Dekker. En 1932 et 1934, la collection « Les cent chefs-d'oeuvre étrangers » (La Renaissance du Livre) publie des extraits ou des abrégés de cinq dramaturges sous un titre identique : Les Contemporains de Shakespeare. À la fin du XIX e siècle la France avait découvert Oscar Wilde et G.B. Shaw. Wilde, traduit dès les années 1890, est toutefois plus connu pour sa pièce Salomé, écrite en français, ses poèmes et romans que pour son théâtre. Sa Duchesse de Padoue est traduite par Cecil Georges Bazile, dans un volume (Delpech, 1925) titré Théâtre à lire d'Oscar Wilde, où on trouve aussi Une tragédie florentine et quelques fragments dramatiques. The Importance of Being Earnest, est donné en 1942 sous le titre Il importe d'être constant (tr. Léon Guillot de Saix) ; d'autres adaptations choisiront « aimé » ou « fidèle » pour rendre le jeu de mot sur le nom du personnage Ernest. Le couple Augustin et Henriette Hamon reprend son activité de traducteur attitré de Shaw en 1919, et publie de nouvelles traductions, tantôt dans des revues, tantôt directement en volume. En 1929 ils commencent la publication des OEuvres de leur auteur aux éditions Aubier : la publication (poursuivie pendant les années 1940-44) s'achèvera en 1956, avec un 25 e volume. Quelques autres dramaturges irlandais commencent à être traduits, le plus souvent en revue : John Millington Synge, William Butler Yeats, Sean O'Casey. On a vu plus haut que la Collection Aubier des classiques bilingues avait mis l'accent sur la publication des « classiques » dramatiques allemands et autrichiens. Rares sont les contemporains traduits : on notera, de Ferdinand Bruckner, Les Criminels, tr. Ninon Steinhof et André Mauprey, ainsi que la pièce antifasciste Les Races dans une traduction-adaptation effectuée en 1934 par Renée Cave pour le Théâtre de l'OEuvre ; de Schnitzler, La Ronde, tr. Suzanne Clauser, Maurice Rémon et Wilhelm Bauer (1932) et Liebelei (Amourette), traduit et adapté par S. Clauser (1933). Les autres pays sont réduits à la portion congrue. Les théâtres italiens et espagnols demeurent peu traduits, celui du Portugal ignoré. Quelques classiques-Calderón, Tirso de Molina-sont publiés, mais pas dans la collection Aubier. Deux volumes de Théâtre espagnol publiés dans la collection « Les cent chefs-d'oeuvre étrangers » comportent des extraits

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Comparatisme et Société / Comparatism and Society, 2011

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La filiation chez Thomas Bernhard, dans les récits autobiographiques Selon la définition proposée... more La filiation chez Thomas Bernhard, dans les récits autobiographiques Selon la définition proposée par Philippe Lejeune 1 , c'est sur le développement de la personnalité que le récit autobiographique met l'accent, aux XVIIIe et XIXe siècles. Dans sa préface aux Confessions, Rousseau refuse tout héritage des "auteurs de [s]es jours : "De tous les dons que le ciel leur avait départis, un coeur sensible est le seul qu'ils me laissèrent 2 ". Dans la suite du récit, il met l'accent sur son cheminement biographique loin de tout cadre familial, de toute tradition sociale ou culturelle déterminantes. L'autobiographie devient donc, vers la fin du XVIII e et le début du XIX e siècles, le genre privilégié de l'individualisme bourgeois. L'individu bourgeois n'est plus guidé par une instance divine, féodale ou familiale, mais il est son seul guide au cours de son développement intellectuel 3. Au XIXe siècle se produit en Europe une prise de conscience quant aux contraintes s'exerçant sur le sujet dans son entreprise autobiographique. De nouvelles approches épistémologiques des connaissances humaines, notamment dans l'historiographie, la génétique et la psychanalyse, révèlent la détermination du sujet par des forces qui lui échappent et dont il doit tenir compte. L'homme prend conscience de son individualité en même temps que des menaces qui pèsent sur elle. On voit apparaître dans le genre autobiographique la revendication de la singularité. Dans ce contexte, deux textes sont fondateurs : le Journal de Kafka (rédigé entre 1909 et 1923) et les Carnets de Malte Laurids Brigge, journal semi-fictif de Rilke rédigé entre 1904 et 1910. Or ces auteurs ont maintes fois affirmé la nécessité pour l'individu de s'affranchir de sa filiation pour devenir, selon le mot de Rilke, le "fils de personne" 4. Quelques décennies plus tard, Thomas Bernhard manifeste une même méfiance (autrichienne ?) à l'égard de la famille associée au désir d'autogenèse, dans ses récits autobiographiques :

Research paper thumbnail of Les petites tragédies de Jean-Luc Lagarce

Les "petites tragédies" de Jean-Luc LAGARCE Dijon, Editions du Murmure, collection "Lecture pluri... more Les "petites tragédies" de Jean-Luc LAGARCE Dijon, Editions du Murmure, collection "Lecture plurielle", 2011. 12 €-EAN13 : 9782915099515. Ouvrage destiné aux agrégatifs (Littérature française) [Agrégation 2011/2012] Cette étude, parfois en tandem, sur deux pièces de lagarce, permet de situer celles-ci dans la trajectoire de l'auteur, de s'interroger sur le langage et tempo de ces oeuvres, à la fois classiques et novatrices, narratives et éminemment théâtrales.

Research paper thumbnail of L'Automédialité contemporaine

Pour un dialogue entre médiologie et critique littéraire 1 De l'autobiographie à l'automédialité ... more Pour un dialogue entre médiologie et critique littéraire 1 De l'autobiographie à l'automédialité De nos jours encore, les études sur l'autobiographie littéraire ont bien du mal à entrer en un dialogue fructueux avec la médiologie. 2 Même si le suffixe-graphie dans le terme « autobiographie » fait état de la médialité de la représentation de soi, ce support médial fait rarement l'objet d'une analyse de la part de la critique littéraire. Cet oubli du médium a des causes historiques. L'une d'elles se situe dans le souci cartésien d'attribuer au sujet un rôle constitutif pour toute sorte de connaissance et de fonder la subjectivité à son tour dans un rapport à soi immédiat de la pensée pure. Au XVIII e siècle, Jean-Jacques Rousseau a remplacé l'immédiateté du cogito par un sentio non moins indépendant des médiums, et qui, selon Rousseau, serait la base de son entreprise autobiographique : « Je sens mon coeur et je connais les hommes »-est la déclaration en guise de manifeste au début de ses Confessions. 3 Le rapport affectif à soi est censé ouvrir au sujet non seulement un accès privilégié à son être propre, mais il doit également rendre possible une connaissance intime des autres hommes ; il constitue ainsi la base d'une « communication de coeur » immédiate. L'authenticité du sujet sensible se manifeste, selon Rousseau, dans le style individuel de l'autobiographe. 4 D'après lui, le style dépouille l'écriture 1 Ce texte est la version française de l'introduction générale de l'ouvrage suivant : Jörg

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International audienceNo abstrac

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I. Le desir de transmission : un ferment d’ecriture « Nous sommes les derniers./Interrogez-nous »... more I. Le desir de transmission : un ferment d’ecriture « Nous sommes les derniers./Interrogez-nous ». La transmission d’une vie d’exil dans les recits d’exiles juifs au Canada (1933 a nos jours) Patrick FARGES Survivance et langagement. Ecrire la transmission et l’heritage de la Franco-Americanie Peggy PACINI La transmission d’une experience de guerre : des « Malgre-nous » alsaciens Nicole THATCHER Transmission of heritage in self-published autobiographies Mari HATAKKA La construction de l’ethos dans la commande d’ecriture autobiographique au sein de la constellation familiale Francine MEURICE

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Nous présentons dans ce numéro 8 de La Revue italienne d’études françaises le dossier réuni par O... more Nous présentons dans ce numéro 8 de La Revue italienne d’études françaises le dossier réuni par Olivier Bivort des Actes du colloque « L’écrivain critique de lui-même », organisé par le Seminario di filologia francese en collaboration avec le Dipartimento di studi linguistici e culturali comparati de l’Université Ca’ Foscari de Venise. C’est là un sujet qui a récemment fort attiré l’attention de la critique. Comme l’observe Olivier Bivort, « si l’intérêt de la recherche universitaire de ces dernières années pour tout ce qui touche à la métatextualité reflète une image de notre époque – une époque où l’art ne cesse de se contempler et de s’abîmer parfois dans sa propre contemplation, où le développement des médias et des réseaux sociaux a généré une attention sans précédent pour la visibilité et l’exhibition –, il reste que cet acte critique réflexif, qu’il soit ancien ou moderne, est remarquable à plus d’un titre ». Ces réflexions d’auteur peuvent ressembler à des commentaires artis...

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On se rejouit tout d’abord de la parution de l’une des premieres monographies sur Jean-Luc Lagarc... more On se rejouit tout d’abord de la parution de l’une des premieres monographies sur Jean-Luc Lagarce, auteur et metteur en scene fondamental de l’epoque contemporaine, a la fois reconnu par les milieux theâtraux et scolaires/universitaires, puisqu’il a ete au programme du baccalaureat et de l’agregation.Lydie Parisse, justement, se situe au carrefour de ces deux mondes. Auteure et metteure en scene dramatique, elle est egalement enseignante-chercheuse a l’universite de Toulouse le Mirail. C’est cette double appartenance qui lui permet d’etudier toute la richesse de l’œuvre de Lagarce. Son ouvrage, comme le mentionne l’introduction, « ne vise pas seulement un public d’universitaires, mais aussi de professionnels du monde du spectacle », Lagarce etant « un de ces auteurs-metteurs en scene qui reconcilient la litterature et la scene ».La figure auctoriale : genealogie de l’impuissanceTout au long de son parcours, L. Parisse s’attache a montrer, avec succes, que Lagarce est un grand ecriv...

Research paper thumbnail of Les écrivains fantômes : Vertiges de W. G. Sebald et Le Mal de Montano d’Enrique Vila-Matas

Pour un récit transnational

Research paper thumbnail of Les Éditions Pyrodactyles ou la nostalgie de la littérature

Les Editions Pyrodactyles est une maison d’edition fictive comprenant un panel d’auteurs inventes... more Les Editions Pyrodactyles est une maison d’edition fictive comprenant un panel d’auteurs inventes par Alice Forge, plasticienne depuis 2009, dans une demarche heritee des univers vertigineux et ludiques de Borges et Perec. Ces textes fantomes sont le prolongement d’œuvres reelles, souvent issues de la litterature populaire (Roman d’aventure, roman policier, roman feuilleton et science-fiction). Les auteurs des Editions Pyrodactyles sont eux-memes issus du patrimoine litteraire, inspires qu’ils sont de personnages romanesques, comme le comte de Monte-Cristo, le capitaine Nemo, Arsene Lupin, etc. S’ajoute a cette litterature une correspondance et une paralitterature fictive. Ce monde tres riche saisit, par la bande, l’essence de la litterature, son desir demiurgique, sa capacite non seulement a doubler le monde, mais a se refleter a l’infini dans d’imaginaires miroirs. Selon Vila-Matas se confiant au fictif Robert Derain, Walter Benjamin aurait dit que : « de nos jours, la seule œuvre...

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Research paper thumbnail of Automythomanies littéraires

Dans leur oeuvre autofictionnelle, certains auteurs ne cessent d'égarer le lecteur, de le tromper... more Dans leur oeuvre autofictionnelle, certains auteurs ne cessent d'égarer le lecteur, de le tromper (Eric Chevillard), de faire usage de faux littéraires (W.G. Sebald, Enrique Vila-Matas). Mystificateurs, ils inventent des écrivains ou des textes d'écrivains réels, abolissant la frontière entre le réel et l'imaginaire. Ces écrivains automythomanes semblent des personnages de leur propre univers… In their autofictional work, many writers keep losing the reader, deceiving him (Eric Chevillard), making up literary fakes (W.G. Sebald, Enrique Vila-Matas). These mystifiers create writers or books, and abolish the border between reality and imagination. These automythomaniacs seem to be characters of their own world… Au tournant du XXI e siècle, certains écrivains cherchent, dans leurs oeuvres, à susciter une expérience particulière de la fiction en mettant l'accent sur la confusion entre auteur et narrateur. Dans Vertiges, paru en 1990, W.G. Sebald prend plaisir à multiplier les doubles de la figure de l'écrivain. Dans ce recueil de quatre nouvelles émaillé de photographies, le premier récit évoque Stendhal; le troisième, Kafka; le deuxième et le quatrième, un narrateur jumeau de Sebald. Enrique Vila-Matas a obtenu, pour Le Mal de Montano (2003 [2002]), le Prix Médicis étranger (2003). La littérature devient le personnage principal du livre à travers le récit effectué par le père, au sujet de la « maladie de la littérature » dont lui et son fils sont atteints (2003: 15). Tous deux ne peuvent en effet faire l'expérience du monde qu'à travers les grandes oeuvres qu'ils ont lues. Dans L'auteur et moi d'Eric Chevillard (2012), un narrateur à la première personne hèle une jeune femme à la terrasse d'un café et lui explique comment il en est arrivé au meurtre de sa femme. Ce narrateur est l'objet d'une controverse de la part de l'auteur. Dans l'avant-propos et les notes de bas de page (aussi prolixes que le récit), l'auteur commente sa narration, son personnage, son propos et son style. Il commente notamment le rapport autobiographie / fiction de son texte, et renvoie à son blog intitulé L'autofictif (parution chez l'Arbre vengeur depuis 2009). Dans leurs oeuvres, ces auteurs ne cessent d'égarer le lecteur, de le tromper à leur sujet. Mystificateurs, ils inventent des écrivains ou des textes d'écrivains réels, abolissant la frontière entre le réel et l'imaginaire. I. Un genre douteux « Des suspects qui me ressemblent… »

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Research paper thumbnail of Éric Chevillard : étrangler le critique

Revue italienne d’études françaises

Qui gère le trésor, s'interrogeait Judith Schlanger dans La Mémoire des oeuvres. Les Critiques en... more Qui gère le trésor, s'interrogeait Judith Schlanger dans La Mémoire des oeuvres. Les Critiques enseignants ? Ou les écrivains ? Elle rappelle que le point de vue des écrivains a longtemps été dominant 1. C'est surtout au XIX e siècle, avec le romantisme, bien qu'on puisse sans doute la faire débuter au XVIII e siècle notamment avec Diderot, que s'est développée cette critique littéraire représentée par des artistes-critiques : Chateaubriand, Hugo, Lamartine, Gautier, Baudelaire, Barbey d'Aurevilly… C'est une chaîne qui se prolonge jusqu'au XX e siècle, où apparaît même une figure paradoxale, le critiqueécrivain, qui fait de l'activité et de l'écriture critique une forme d'art qui absorbe toutes les autres. Genette notait déjà dans les années 1960 que « les frontières entre l'oeuvre critique et l'oeuvre non critique tendent de plus en plus à s'effacer » 2. Dans le sillage de Borges, un certain nombre d'écrivains actuels cultivent ce nouveau genre qu'est la fiction critique, c'est-à-dire une forme de critique littéraire vivante, créatrice. Éric Chevillard fait partie des auteurs qui visent à réoccuper ce champ. L'ouvrage L'auteur et moi, paru chez Minuit en 2012, est le vingt-huitième de cet auteur prolifique. Sous-titré « roman », il s'agit d'un récit linéaire et d'un commentaire de ce récit en bas de page. Depuis Les Confessions de Rousseau, la figure de l'ego scriptor, à savoir l'écrivain qui se regarde écrire, est devenue un topos des écritures de soi. D'autre part, selon l'hypothèse de Marc Gontard reformulée par Frank Wagner, « le roman d'aujourd'hui tendrait à valoriser le métatextuel dénotatif, sous forme donc d'autocommentaires explicites » 3. Éric Chevillard, dans sa pratique de l'autofiction, associe ces deux tendances. Il amène l'autobiographie vers une transfictionnalité qui instaure une nouvelle forme d'autorité de l'auteur. DE L' AUTOBIOGRAPHE À LA TRANSFICTIONNALITÉ Typologie de la critique : avertissement et note de bas de page 2 La scénographie de ce roman est celle d'une conversation qui prend vite l'allure d'une harangue : un narrateur à la première personne hèle une jeune femme à la terrasse d'un café et lui explique comment il en est arrivé au meurtre de sa femme parce qu'elle lui Éric Chevillard : étrangler le critique Revue italienne d'études françaises, 8 | 2018

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L’Hospitalité des savoirs. Mélanges en l’honneur d’Alain Montandon, 2011

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L'Invention de soi : Rilke, Kafka, Pessoa, 2011

Dans une Europe en crise, à la même période, au même âge, Rilke écrit Les Carnets de Malte Laurid... more Dans une Europe en crise, à la même période, au même âge, Rilke écrit Les Carnets de Malte Laurids Brigge, Kafka son Journal et Pessoa Le Livre de l’intranquillité. C’est un « je » personnage, plus ou moins fictif, qui tient son journal, qu’il s’appelle Malte, Soares ou simplement Franz. Pour qui habite mélancoliquement le monde, l’écriture de soi est bien plus qu’un instrument de connaissance, c’est une tentative de renaissance, d’autogenèse. Naître littérature, puisque la littérature est Tout…
La fiction de soi mène ces grands découvreurs des espaces intérieurs à travers les limbes, où la mélancolie côtoie la mort et la folie.
Leurs livres rendent les mouvements mêmes de l’âme et inventent un nouveau lyrisme. Inquiéteur du genre humain, l’Orphée moderne est animé d’une conscience à la fois tragique et ironique. Ivres de leurs métamorphoses, créateurs de mythes, Rilke, Kafka et
Pessoa pressentent qu’ils seront des précurseurs. Car si le diable est l’inventeur de l’absurde, il est aussi, tel le poète, le porteur de lumière…
Cette étude, pour la première fois, fait se croiser les feux de ces trois « phares inutiles dans l’Océan désert », selon le mot de Robert Bréchon, poète et éminent spécialiste de Pessoa dont il a édité les oeuvres. Lue à la lumière des deux autres, chacune des œuvres jette des reflets inattendus, où miroitent les fondements même de l’écriture contemporaine de soi.

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L'automédialité contemporaine, 2011

Le terme d'Automédialité, apparu à la faveur d'un colloque organisé par l'Université de Bonn (se... more Le terme d'Automédialité, apparu à la faveur d'un colloque organisé par
l'Université de Bonn (septembre 2006), désigne à la fois la construction du sujet dans l'écrit, l'image et les nouveaux médias. Les chercheurs sur l'automédialité partent du postulat que la technicisation croissante des médias, loin d'être un appauvrissement de l'intériorité subjective, a au contraire permis d'élargir le champ des représentations du sujet. L'automédialité met l'accent sur les pratiques culturelles et les constructions des identités.
Ce volume, l'Automédialité contemporaine, situe cette notion dans une généalogie du sujet, avant d'étudier les procédés de représentation de soi des différents médias au XX et XXIe siècles. Il confronte le texte littéraire soit à d'autres types de productions textuelles, soit à d'autres langages artistiques. Il s'intéresse également aux formes autobiographiques nouvelles engendrées par l'usage des téléphones mobiles et d'internet.

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Les petites tragédies de Jean-Luc Lagarce, 2011

Cette étude, parfois en tandem, sur deux pièces de Lagarce, permet de situer celles-ci dans la tr... more Cette étude, parfois en tandem, sur deux pièces de Lagarce, permet de situer celles-ci dans la trajectoire de l’auteur, de s’interroger sur le langage et le tempo de ces oeuvres, à la fois classiques et novatrices, narratives et éminemment théâtrales. Cette « lecture », qui convoque des mises en scène, n’oublie pas le spectateur, placé au centre d’une parole qui fait tout tourner, convaincu in fine d’être pris dans cette langue, la trace d’un rêve qui n’en finit plus de se raconter.

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TRANSMISSION / HÉRITAGE DANS L’ÉCRITURE CONTEMPORAINE DE SOI, 2009

Ce volume s'intéresse à la construction de l’identité par la transmission intergénérationnelle, s... more Ce volume s'intéresse à la construction de l’identité par la transmission intergénérationnelle, sous la forme des écritures de soi, que le scripteur ait ou non le statut d'écrivain. Cette problématique recouvre à la fois le champ privé / familial et le champ historique. L'expérience de la guerre, des camps, de la migration, posent en effet la question de la relation entre transmission/héritage individuel et témoignage historique.

Research paper thumbnail of « chapitre THEATRE », in Bernard Banoun; Isabelle Poulin; Yves Chevrel. Histoire des traductions en langue française, xxe siècle

Histoire des traductions en langue française, xxe siècle, « chapitre THEATRE », 2019

Ce quatrième et dernier tome de l’Histoire des traductions en langue française achève un projet i... more Ce quatrième et dernier tome de l’Histoire des traductions en langue française achève un projet inédit par son ampleur et ses perspectives : retracer l’histoire des œuvres traduites et des traducteurs, dans tous les domaines, partout où le français a servi de langue de traduction, depuis l’invention de l’imprimerie jusqu’à nos jours.
Portant sur la période qui va de 1914 au tournant des xx–xxie siècles, ce volume se confronte au spectaculaire phénomène d’extension spatiale et quantitative qui caractérise la traduction au xxe siècle. .
Après une présentation du contexte éditorial, social et intellectuel au sein duquel les traductions prennent place, l’ouvrage étudie celles-ci dans le domaine littéraire, puis dans celui des arts, et enfin dans le vaste territoire des sciences. Ce chapitre qui porte sur le Théâtre, est le fruit de la collaboration de nombreux universitaires de toutes nationalités.

Research paper thumbnail of LE FILS PRODIGUE ET LES SIENS (XX E -XXI E SIECLES) : AMOUR, VIOLENCE ET PERVERSION dir. par Béatrice Guéna 1 Yves Chevrel 2 Véronique Roques (ouvrage collectif

LE FILS PRODIGUE ET LES SIENS (XX E -XXI E SIECLES) : AMOUR, VIOLENCE ET PERVERSION, 2009

Comment le fils prodigue s’est-il embarqué dans un siècle résolument athée ? Pourquoi les écrivai... more Comment le fils prodigue s’est-il embarqué dans un siècle résolument athée ? Pourquoi les écrivains contemporains ont-ils adopté l’enfant qui désobéit puis revient pleurer dans les bras de son père ? Drôle de modèle pour une époque qui prône la liberté individuelle et voue la famille aux gémonies. Or le voici qui s’invite dans la littérature, la peinture, le théâtre, la musique, le cinéma et même… les séries télé.
Mais pourquoi donc cette multiplication de fils prodigues ? Pour répondre à cette question, les spécialistes convoqués s’aventurent sur les terrains littéraires et artistiques, mais aussi sociologiques et psychanalytiques.
Le constat est qu’il y a bien une histoire du fils prodigue aux XXe et XXIe siècles et cette histoire dit quelque chose de notre époque. Ce personnage biblique incarne le destin de l’homme moderne. Quelle apothéose pour ce garçon dissolu qui voulait manger ce que mangent les porcs ! Après Rilke, il devient le symbole de la liberté, de la quête de soi, de l’affirmation de l’individu contre la famille : c’est un rebelle. Il est seul, libre et mélancolique: c’est un artiste. Ce fils prodigue nous réserve d’étranges métamorphoses…

Research paper thumbnail of Pour un Comparatisme culturaliste

Revue d'études culturelles, 2016

Le comparatisme se doit de définir avec précision son aire d’intersection avec les études culture... more Le comparatisme se doit de définir avec précision son aire d’intersection avec les études culturelles. Si l’on observe la question d’un point de vue méthodologique, les études culturelles semblent en mesure de permettre un élargissement du champ de recherches comparatiste. Grâce à elles, ce dernier peut s’ouvrir davantage à des domaines autres que strictement littéraires ou artistiques, mais dans le but d’éclairer ces domaines, qui sont ses objets d’étude. Le propre du comparatisme est en outre la compréhension du monde à travers la littérature, et les études culturelles, qui permettent aussi une anthropologie en mettant au jour des invariants humains, peuvent le servir dans cette voie.

Nous nous proposons donc deux axes de réflexion dans ce volume :

- L’élargissement du concept de culture, fondé sur la prise en compte de la culture populaire et / ou de masse
Nous aimerions montrer combien il peut être fructueux de mettre en rapport des œuvres de la culture élitiste et d’autres de la culture populaire et / ou de masse lorsque celles-ci ont les mêmes enjeux. Nous voudrions donc montrer que l’élargissement du concept de culture nous semble nécessaire, à condition que la comparaison entre des œuvres issues de différentes strates culturelles ne se résolve pas en un oubli des écarts qui séparent ces dernières.

- Le maintien du texte littéraire au centre des analyses
Il n’en demeure pas moins que le comparatisme doit conserver le texte littéraire au centre des préoccupations de la recherche. De leur côté, les études culturelles doivent permettre de rappeler qu’aucun texte n’est réductible à une structure et que le comparatisme doit donc se garder de n’être qu’un formalisme. Le comparatisme culturaliste aurait ainsi la possibilité de conserver l’écriture au cœur de sa démarche et de sa pratique tout en redéfinissant ce qu’est et doit être l’analyse littéraire.