Sara De Balsi | CY Cergy Paris Université (original) (raw)
Books by Sara De Balsi
Presses Universitaires de Rennes/Presses Universitaires de Montréal, 2024
Qu'implique le choix d'écrire en français lorsque le français est une langue seconde, apprise dan... more Qu'implique le choix d'écrire en français lorsque le français est une langue seconde, apprise dans une démarche individuelle à un âge relativement avancé ? S'agit-il d'une simple « conversion » à un centre politique et littéraire prestigieux et à sa tradition littéraire, ou bien d'une pratique littéraire hybride qui perturbe les liens supposés nécessaires entre langue, littérature et nation ?
Cet ouvrage est une étude synthétique de la francophonie translingue, de l’ensemble des oeuvres d’écrivains pour lesquels le français est une langue seconde apprise tardivement et par une démarche individuelle, en l’absence d’une communauté linguistique d’origine partiellement ou totalement francophone. Ces oeuvres sont envisagées à l’intérieur de la problématique des littératures francophones entendues comme des littératures de l’entre-deux et issues du contact linguistique ou culturel. Sont étudiées vingt-cinq auteurs ayant publié en français entre la fi n des années quatre-vingt et aujourd’hui, parmi lesquels Vassilis Alexakis, Ying Chen, Nancy Huston, Agota Kristof, Milan Kundera.
Presses Universitaires de Vincennes, 2019
Ce livre propose une lecture d’Agota Kristof à la lumière de sa situation d’écrivaine translingue... more Ce livre propose une lecture d’Agota Kristof à la lumière de sa situation d’écrivaine translingue.
Agota Kristof est une auteure pour laquelle le français est une langue apprise tardivement et par une démarche individuelle. L'ouvrage prend en compte l’ensemble de son œuvre, y compris ses poèmes hongrois, de publication récente, qui n’ont pas encore fait l’objet d’étude.
Le translinguisme, mode d’existence ainsi que thème constant de l’œuvre, constitue un accès privilégié aux textes. Il permet d’interroger les positionnements de l’auteure, les transformations de sa poétique, ses stratégies d’écriture, et de démontrer que l’expérience du changement de langue – de vie et d’écriture – a contribué de manière décisive à l’élaboration de la poétique de l’auteure.
Cécilia Allard et Sara De Balsi (dir.), Le choix d'écrire en français. Etudes sur la francophonie... more Cécilia Allard et Sara De Balsi (dir.), Le choix d'écrire en français. Etudes sur la francophonie translingue. Amiens, Encrage, 2016, 120 p., 15 €
Le présent ouvrage est consacré aux écrivains francophones pour qui le français est une langue seconde acquise individuellement, en l’absence d’une communauté linguistique d’origine partiellement ou totalement francophone.
Plusieurs tentatives ont été faites pour appréhender cet ensemble d’écrivains de façon unitaire. Dans la diversité des définitions que la critique a produites, il émerge un noyau stable à partir duquel se construit l’objet qui nous occupe : le changement de langue et l’écriture – exclusive ou alternative – en français, entraînant une réflexion sur ses propres conditions de possibilité.
L’acte de choisir nous a semblé être un fond commun en mesure de nous permettre de dépasser la singularité en apparence irréductible de chaque écrivain ; de plus, il a constitué une clé d’accès au discours des auteurs et un point de départ de l’analyse.
Comment le choix est-il exprimé (revendiqué, nié, justifié) par les écrivains ? Sous quelles formes s’inscrit-il dans les œuvres littéraires ? Quel(s) imaginaire(s) de la langue française ressort(ent) des textes ? Par ailleurs, comment les écrivains gèrent-ils leur rapport avec les institutions littéraires francophones ? Et comment celles-ci, de leur côté, ont reçu ces auteurs difficiles à classer ?
Inscrite dans un espace littéraire translingue et transnational, la réflexion sur le choix d’écrire en français nous a permis d’une part d’accéder au regard qu’ont nombre d’écrivains sur leur création et sur leur propre construction en tant qu’auteurs, d’autre part, de relever la présence de certaines représentations collectives.
Papers by Sara De Balsi
Contemporary French and Francophone Studies, 2024
The concept of literary posture, defined as “the unique way of occupying a ‘position’ in the lite... more The concept of literary posture, defined as “the unique way of occupying a ‘position’ in the literary field” (Meizoz Citation2007, 18), proves to be a valuable tool for observing the different strategies that translingual writers adopt in the French literary space, while facing some common constraints. Proposing the hypothesis of a correlation between translingual French writers’ posture and linguistic imaginary, this paper distinguishes four frequent configurations, admitting of course border zones and intersections: the “defector” posture, often correlated with the critique of the country of origin; the “facilitator” posture, by which the author poses as a mediator and often a translator between the culture of origin and French; the “wandering” posture, one of reciprocal questioning of the two linguistic and national spaces, that of origin and that of arrival; finally, the posture of the “uprooted,” including the refusal of a role of “ambassador” of the country of origin, advocating an “absolute” literature, free from any political constraint. The study of a few emblematic cases—Chahdortt Djavann, Simonetta Greggio, Michela Marzano, Velibor Čolić, Akira Mizubayashi—will also show that a posture can be constant or change over time and that reception plays an important role in the implementation of a postural strategy and its modifications.
L'enfant plurilingue en littérature, 2024
Cette contribution analyse deux romans autobiographiques qui rendent compte de la rencontre avec ... more Cette contribution analyse deux romans autobiographiques qui rendent compte de la rencontre avec la langue française et de l’épreuve qu’a constituée son apprentissage : Le bleu des abeilles de Laura Alcoba (2013) et Marx et la poupée de Maryam Madjidi (2017). Les deux autrices ont en commun d’être arrivées en France pendant leur enfance, à l’âge de dix ans pour l’une et de six ans pour l’autre, pour suivre un parent dans son exil politique, respectivement d’Argentine et d’Iran. La France et la langue française ne sont donc pas choisies, mais, au moins dans un premier temps, subies. Nous examinons comment ces deux textes représentent la formation de la conscience linguistique de l’enfant dans le pays natal, la rupture que constituent l’exil et la rencontre avec la langue étrangère, et enfin la formation d’une identité translingue, consciente d’un « avant » et d’un « après » et d’un « là-bas » et d’un « ici », deux espace-temps qu’il ne peut jamais habiter simultanément. Nous abordons aussi l’imaginaire de la langue natale et seconde qui en ressort et les stratégies de leur mise en scène textuelle.
Nouveaux Cahiers de Marge, 6, 2022
Cette contribution porte sur l’essai Papà, mamma e gender (2015) / Papa, maman, le genre et moi (... more Cette contribution porte sur l’essai Papà, mamma e gender (2015) / Papa, maman, le genre et moi (2017) de la philosophe et écrivaine Michela Marzano. Publiés à deux ans de distance en Italie et en France, ces deux ouvrages jumeaux constituent un exemple d’autotraduction non déclarée. Nous étudions d’abord le changement de contexte de publication et les différences dans le paratexte des deux ouvrages ; nous examinons ensuite les modifications apportées d’une version à l’autre et montrons enfin comment, par l’autotraduction, Marzano renforce sa présence d’autrice bilingue dans les champs littéraires et intellectuels italiens et français.
Francofonia 83, 2022
Cette contribution s’intéresse à la langue maternelle hongroise dans l’œuvre de l’écrivaine franc... more Cette contribution s’intéresse à la langue maternelle hongroise dans l’œuvre de l’écrivaine francophone translingue Agota Kristof. Nous reparcourons d’abord la trajectoire biographique et linguistique de l’autrice, en nous focalisant sur l’importance et la persistance d’un noyau poétique hongrois tout au long de sa production. Nous suivons les traces du hongrois dans les textes romanesques, en relevant encore une fois le lien particulier qui persiste entre cette langue jamais nommée et la poésie. Enfin, nous abordons l’imaginaire de la langue hongroise tel qu’il s’exprime dans le discours public et dans les textes de l’autrice, de la perte de la langue maternelle à l’affirmation d’une égalité des langues.
MaLiCE, 16, « La théorie aujourd’hui », sous la direction de Francesca Manzari et Stéphane Lojkine, 2022
En 1975, dans leur ouvrage Kafka. Pour une littérature mineure, Gilles Deleuze et Félix Guattari... more En 1975, dans leur ouvrage Kafka. Pour une littérature mineure, Gilles Deleuze et Félix Guattari forgeaient le concept de littérature mineure, destiné à une grande fortune critique dans les études littéraires. En réélaborant plusieurs passages du journal et de la correspondance de Kafka, ils définissaient la littérature mineure comme « celle qu’une minorité fait dans une langue majeure ». Ses trois caractères fondamentaux sont la déterritorialisation de la langue, le fait que toute énonciation est immédiatement politique, le fait que toute énonciation, même la plus sngulière, est collective. Immédiatement reconnu comme opératoire, ce concept a connu à la fois un grand nombre d’applications à des corpus littéraires divers et une série de contestations à partir de plusieurs angles d’attaque. Dans cette contribution, après avoir parcouru la réception complexe du concept, nous le confrontons à la pratique de l’écriture translingue et nous observons comment, loin d’être une étiquette applicable à tous ceux qui écrivent dans une langue seconde, la littérature mineure constitue une voie possible de la littérature translingue.
Codicille à la querelle des Anciens et des Modernes. Mélanges pour Violaine Houdart-Merot, 2019
Textures, 24, 2021
Dans Dove mi trovo (Guanda, 2018), premier roman en italien de l’écrivaine américaine Jhumpa Lahi... more Dans Dove mi trovo (Guanda, 2018), premier roman en italien de l’écrivaine américaine Jhumpa Lahiri, déjà autrice d’une autobiographie translingue au titre parlant (In altre parole, Guanda 2014 / En d’autres mots, traduction française publiée par Actes Sud en 2015), une femme dont ne sont donnés ni le prénom ni la nationalité, évolue dans une ville non précisée d’Italie. Seule, sans enfants, âgée d’une quarantaine d’années, elle vit dans un appartement qui ne lui appartient pas. Au cours du roman, pour son travail de chercheuse, elle est amenée à participer à une conférence où elle croise un homme âgé, étranger, important philosophe. Peu de temps plus tard, elle apprendra son décès en lisant le journal. Mon hypothèse – aussi indémontrable que fascinante – est que le philosophe que la narratrice rencontre est inspiré de la figure de Tzvetan Todorov, disparu en février 2017, plus ou moins dans la période où Lahiri écrivait son roman ; plus précisément, il serait celui que la critique a appelé le « second Todorov », l’auteur, notamment, de l’autobiographie intellectuelle L’Homme dépaysé (Seuil, 1996). Dans cet essai, Todorov envisage autobiographiquement le dépaysement comme une expérience – éminemment individuelle – de décentrement, d’étonnement et de désorientation, qui lui a apporté de nombreuses découvertes et enseigné l’art de la curiosité et un certain relativisme culturel. Je formule donc l’hypothèse que Lahiri a lu le « second Todorov » et a fait sienne cette conception, allant jusqu’à (peut-être) insérer dans le roman un petit hommage au philosophe. Dans cette contribution, après avoir présenté brièvement la conception todorovienne de dépaysement, je propose une lecture du roman Dove mi trovo à la lumière de celle-ci.
Au miroir de la traduction. Avant-texte, intratexte, paratexte, 2019
La publication posthume, dans une traduction allographe, de Clous : poèmes hongrois et français (... more La publication posthume, dans une traduction allographe, de Clous : poèmes hongrois et français (2016), qui recueille la production poétique de jeunesse d’Agota Kristof, nous invite à (re)considérer la place de l’autotraduction dans son œuvre, ces poèmes étant à la source de nombre de ses textes en français. À travers l’analyse de quelques poèmes significatifs du recueil et de leurs autotraductions disséminées dans l’œuvre francophone, ainsi que du discours ambigu de l’auteur sur sa pratique autotraductive, cette contribution met en lumière les effets du contact entre langues hongroise et française dans l’œuvre d’Agota Kristof : loin de l’envisager exclusivement sous l’angle d’une opposition ou d’une exclusion réciproque, nous considérons que ce contact se situe au cœur de la création kristovienne.
The posthumous publication of the collection entitled Clous: poèmes hongrois et français (2016), Agota Kristof's early poems in Hungarian, invites us to (re)consider the place of self-translation in Kristof's work, since these poems appear to be the source of much of her prose in French. This contribution analyses some significant poems in the collection, their self-translations – which were disseminated through her other French-language works – and the author's ambiguous discourse about her practice of self-translation. We aim to shed light on the effects of the contact between Hungarian and French in Agota Kristof's work – a contact we contend is at the very core of her production.
Interfrancophonies 9, La Francophonie translingue, sous la direction d’Alain Ausoni, 2018, p. 27-38, 2018
Nous proposons d’étudier la posture littéraire des écrivains francophones translingues à travers ... more Nous proposons d’étudier la posture littéraire des écrivains francophones translingues à travers l’exemple de l’écrivaine francophone d’origine chinoise Ying Chen. Nous formulons l’hypothèse que chez les écrivains francophones translingues la posture est en étroite connexion avec l’imaginaire des langues, que nous proposons donc d’étudier conjointement, comme deux aspects d’une même question. En nous focalisant particulièrement sur le documentaire Voyage illusoire et sur le recueil de textes autobiographiques divers Quatre mille marches, nous montrons comment l’auteure passe d’une posture d’écrivaine intégrée dans son pays d’accueil, associée à la revendication d’une passion pour la langue française, à une posture d’étrangeté radicale, qui passe par le refus de tout enracinement et proclame la nécessité d’une littérature « pure », complètement privée d’ancrage national, ethnique et même linguistique.
http://interfrancophonies.org/nouvelle-serie/9-2018.html
Cahiers de la nouvelle Europe. Collection du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Fin... more Cahiers de la nouvelle Europe. Collection du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Finlandaises, 24, Frontières et transferts culturels dans l’espace euro-méditerranéen. Dynamiques transfrontalières des pratiques culturelles à l’époque contemporaine, sous la direction d’Augustin Lefebvre et Judit Maár, Paris, L’Harmattan, 2017, p. 51-59.
Post-Scriptum, 2021
Les écrivains « translingues » sont des écrivains qui ont pratiqué la littérature, exclusivement ... more Les écrivains « translingues » sont des écrivains qui ont pratiqué la littérature, exclusivement ou pas, dans une langue seconde tardivement apprise.
Faisant partie d’au moins deux espaces linguistiques, ces écrivains, « condamnés à penser la langue » (Gauvin, 2004), sont aussi condamnés à penser la traduction.
Cette contribution, portant sur la littérature francophone translingue dans le champ littéraire français, vise à montrer la centralité de la réflexion sur la traduction et la variété des imaginaires de la traduction présents dans les textes. Nous analysons les positionnements discursifs face à la traduction d’un certain nombre d’écrivains francophones translingues, dont François Cheng, Vassilis Alexakis, Nancy Huston, Agota Kristof, Milan Kundera, Brina Svit.
Sans prétendre à une typologie exhaustive, nous observons l’émergence de trois figures : le « passeur », pour qui l’écriture translingue est une forme de traduction ; l’écrivain pour qui l’autotraduction fait partie de son translinguisme ; l’écrivain qui minimise voire exclut l’apport de l’(auto)traduction à son translinguisme. À ces figures correspondent de différents imaginaires translingues de la traduction : la traduction comme équivalent de l’écriture ; la traduction comme moteur de l’écriture ; la traduction comme activité collatérale et inférieure par rapport à l’écriture, ou même incompatible avec celle-ci.
À l’intérieur du cadre unitaire de la francophonie translingue, entendue comme expérience commune de la langue, la diversité des imaginaires de la traduction nous permet de mieux appréhender les poétiques translingues singulières.
Jeux de dames. Postures et positionnements des écrivaines francophones, Encrage, Amiens,, 2014
Notre contribution consistera en une étude de la posture d’Agota Kristof, émigrée de Hongrie en S... more Notre contribution consistera en une étude de la posture d’Agota Kristof, émigrée de Hongrie en Suisse romande en 1956 et devenue écrivaine francophone. Notre analyse se fondera principalement sur deux documents : son autobiographie L’Analphabète et son intervention lors d’une journée consacrée au « Français, langue adoptée » à Paris, le 12 octobre 1993, disponible sous forme de fichier Mp3 sur le site de la Maison des écrivains et de la littératur . Le choix de ces documents reproduit d’une part la division qu’opère Dominique Maingueneau (Maingueneau, 2004, 107) entre écrivain et inscripteur, d’autre part celle de Jérôme Meizoz (Meizoz, 2007, 23) entre terrain d’observation externe (discours, entretiens, etc.) et interne à l’œuvre (la construction de l’image de l’énonciateur dans les textes).
Nous tenterons d’esquisser, à partir de ces documents, les caractères de la posture d’Agota Kristof. [...]
Presses Universitaires de Rennes/Presses Universitaires de Montréal, 2024
Qu'implique le choix d'écrire en français lorsque le français est une langue seconde, apprise dan... more Qu'implique le choix d'écrire en français lorsque le français est une langue seconde, apprise dans une démarche individuelle à un âge relativement avancé ? S'agit-il d'une simple « conversion » à un centre politique et littéraire prestigieux et à sa tradition littéraire, ou bien d'une pratique littéraire hybride qui perturbe les liens supposés nécessaires entre langue, littérature et nation ?
Cet ouvrage est une étude synthétique de la francophonie translingue, de l’ensemble des oeuvres d’écrivains pour lesquels le français est une langue seconde apprise tardivement et par une démarche individuelle, en l’absence d’une communauté linguistique d’origine partiellement ou totalement francophone. Ces oeuvres sont envisagées à l’intérieur de la problématique des littératures francophones entendues comme des littératures de l’entre-deux et issues du contact linguistique ou culturel. Sont étudiées vingt-cinq auteurs ayant publié en français entre la fi n des années quatre-vingt et aujourd’hui, parmi lesquels Vassilis Alexakis, Ying Chen, Nancy Huston, Agota Kristof, Milan Kundera.
Presses Universitaires de Vincennes, 2019
Ce livre propose une lecture d’Agota Kristof à la lumière de sa situation d’écrivaine translingue... more Ce livre propose une lecture d’Agota Kristof à la lumière de sa situation d’écrivaine translingue.
Agota Kristof est une auteure pour laquelle le français est une langue apprise tardivement et par une démarche individuelle. L'ouvrage prend en compte l’ensemble de son œuvre, y compris ses poèmes hongrois, de publication récente, qui n’ont pas encore fait l’objet d’étude.
Le translinguisme, mode d’existence ainsi que thème constant de l’œuvre, constitue un accès privilégié aux textes. Il permet d’interroger les positionnements de l’auteure, les transformations de sa poétique, ses stratégies d’écriture, et de démontrer que l’expérience du changement de langue – de vie et d’écriture – a contribué de manière décisive à l’élaboration de la poétique de l’auteure.
Cécilia Allard et Sara De Balsi (dir.), Le choix d'écrire en français. Etudes sur la francophonie... more Cécilia Allard et Sara De Balsi (dir.), Le choix d'écrire en français. Etudes sur la francophonie translingue. Amiens, Encrage, 2016, 120 p., 15 €
Le présent ouvrage est consacré aux écrivains francophones pour qui le français est une langue seconde acquise individuellement, en l’absence d’une communauté linguistique d’origine partiellement ou totalement francophone.
Plusieurs tentatives ont été faites pour appréhender cet ensemble d’écrivains de façon unitaire. Dans la diversité des définitions que la critique a produites, il émerge un noyau stable à partir duquel se construit l’objet qui nous occupe : le changement de langue et l’écriture – exclusive ou alternative – en français, entraînant une réflexion sur ses propres conditions de possibilité.
L’acte de choisir nous a semblé être un fond commun en mesure de nous permettre de dépasser la singularité en apparence irréductible de chaque écrivain ; de plus, il a constitué une clé d’accès au discours des auteurs et un point de départ de l’analyse.
Comment le choix est-il exprimé (revendiqué, nié, justifié) par les écrivains ? Sous quelles formes s’inscrit-il dans les œuvres littéraires ? Quel(s) imaginaire(s) de la langue française ressort(ent) des textes ? Par ailleurs, comment les écrivains gèrent-ils leur rapport avec les institutions littéraires francophones ? Et comment celles-ci, de leur côté, ont reçu ces auteurs difficiles à classer ?
Inscrite dans un espace littéraire translingue et transnational, la réflexion sur le choix d’écrire en français nous a permis d’une part d’accéder au regard qu’ont nombre d’écrivains sur leur création et sur leur propre construction en tant qu’auteurs, d’autre part, de relever la présence de certaines représentations collectives.
Contemporary French and Francophone Studies, 2024
The concept of literary posture, defined as “the unique way of occupying a ‘position’ in the lite... more The concept of literary posture, defined as “the unique way of occupying a ‘position’ in the literary field” (Meizoz Citation2007, 18), proves to be a valuable tool for observing the different strategies that translingual writers adopt in the French literary space, while facing some common constraints. Proposing the hypothesis of a correlation between translingual French writers’ posture and linguistic imaginary, this paper distinguishes four frequent configurations, admitting of course border zones and intersections: the “defector” posture, often correlated with the critique of the country of origin; the “facilitator” posture, by which the author poses as a mediator and often a translator between the culture of origin and French; the “wandering” posture, one of reciprocal questioning of the two linguistic and national spaces, that of origin and that of arrival; finally, the posture of the “uprooted,” including the refusal of a role of “ambassador” of the country of origin, advocating an “absolute” literature, free from any political constraint. The study of a few emblematic cases—Chahdortt Djavann, Simonetta Greggio, Michela Marzano, Velibor Čolić, Akira Mizubayashi—will also show that a posture can be constant or change over time and that reception plays an important role in the implementation of a postural strategy and its modifications.
L'enfant plurilingue en littérature, 2024
Cette contribution analyse deux romans autobiographiques qui rendent compte de la rencontre avec ... more Cette contribution analyse deux romans autobiographiques qui rendent compte de la rencontre avec la langue française et de l’épreuve qu’a constituée son apprentissage : Le bleu des abeilles de Laura Alcoba (2013) et Marx et la poupée de Maryam Madjidi (2017). Les deux autrices ont en commun d’être arrivées en France pendant leur enfance, à l’âge de dix ans pour l’une et de six ans pour l’autre, pour suivre un parent dans son exil politique, respectivement d’Argentine et d’Iran. La France et la langue française ne sont donc pas choisies, mais, au moins dans un premier temps, subies. Nous examinons comment ces deux textes représentent la formation de la conscience linguistique de l’enfant dans le pays natal, la rupture que constituent l’exil et la rencontre avec la langue étrangère, et enfin la formation d’une identité translingue, consciente d’un « avant » et d’un « après » et d’un « là-bas » et d’un « ici », deux espace-temps qu’il ne peut jamais habiter simultanément. Nous abordons aussi l’imaginaire de la langue natale et seconde qui en ressort et les stratégies de leur mise en scène textuelle.
Nouveaux Cahiers de Marge, 6, 2022
Cette contribution porte sur l’essai Papà, mamma e gender (2015) / Papa, maman, le genre et moi (... more Cette contribution porte sur l’essai Papà, mamma e gender (2015) / Papa, maman, le genre et moi (2017) de la philosophe et écrivaine Michela Marzano. Publiés à deux ans de distance en Italie et en France, ces deux ouvrages jumeaux constituent un exemple d’autotraduction non déclarée. Nous étudions d’abord le changement de contexte de publication et les différences dans le paratexte des deux ouvrages ; nous examinons ensuite les modifications apportées d’une version à l’autre et montrons enfin comment, par l’autotraduction, Marzano renforce sa présence d’autrice bilingue dans les champs littéraires et intellectuels italiens et français.
Francofonia 83, 2022
Cette contribution s’intéresse à la langue maternelle hongroise dans l’œuvre de l’écrivaine franc... more Cette contribution s’intéresse à la langue maternelle hongroise dans l’œuvre de l’écrivaine francophone translingue Agota Kristof. Nous reparcourons d’abord la trajectoire biographique et linguistique de l’autrice, en nous focalisant sur l’importance et la persistance d’un noyau poétique hongrois tout au long de sa production. Nous suivons les traces du hongrois dans les textes romanesques, en relevant encore une fois le lien particulier qui persiste entre cette langue jamais nommée et la poésie. Enfin, nous abordons l’imaginaire de la langue hongroise tel qu’il s’exprime dans le discours public et dans les textes de l’autrice, de la perte de la langue maternelle à l’affirmation d’une égalité des langues.
MaLiCE, 16, « La théorie aujourd’hui », sous la direction de Francesca Manzari et Stéphane Lojkine, 2022
En 1975, dans leur ouvrage Kafka. Pour une littérature mineure, Gilles Deleuze et Félix Guattari... more En 1975, dans leur ouvrage Kafka. Pour une littérature mineure, Gilles Deleuze et Félix Guattari forgeaient le concept de littérature mineure, destiné à une grande fortune critique dans les études littéraires. En réélaborant plusieurs passages du journal et de la correspondance de Kafka, ils définissaient la littérature mineure comme « celle qu’une minorité fait dans une langue majeure ». Ses trois caractères fondamentaux sont la déterritorialisation de la langue, le fait que toute énonciation est immédiatement politique, le fait que toute énonciation, même la plus sngulière, est collective. Immédiatement reconnu comme opératoire, ce concept a connu à la fois un grand nombre d’applications à des corpus littéraires divers et une série de contestations à partir de plusieurs angles d’attaque. Dans cette contribution, après avoir parcouru la réception complexe du concept, nous le confrontons à la pratique de l’écriture translingue et nous observons comment, loin d’être une étiquette applicable à tous ceux qui écrivent dans une langue seconde, la littérature mineure constitue une voie possible de la littérature translingue.
Codicille à la querelle des Anciens et des Modernes. Mélanges pour Violaine Houdart-Merot, 2019
Textures, 24, 2021
Dans Dove mi trovo (Guanda, 2018), premier roman en italien de l’écrivaine américaine Jhumpa Lahi... more Dans Dove mi trovo (Guanda, 2018), premier roman en italien de l’écrivaine américaine Jhumpa Lahiri, déjà autrice d’une autobiographie translingue au titre parlant (In altre parole, Guanda 2014 / En d’autres mots, traduction française publiée par Actes Sud en 2015), une femme dont ne sont donnés ni le prénom ni la nationalité, évolue dans une ville non précisée d’Italie. Seule, sans enfants, âgée d’une quarantaine d’années, elle vit dans un appartement qui ne lui appartient pas. Au cours du roman, pour son travail de chercheuse, elle est amenée à participer à une conférence où elle croise un homme âgé, étranger, important philosophe. Peu de temps plus tard, elle apprendra son décès en lisant le journal. Mon hypothèse – aussi indémontrable que fascinante – est que le philosophe que la narratrice rencontre est inspiré de la figure de Tzvetan Todorov, disparu en février 2017, plus ou moins dans la période où Lahiri écrivait son roman ; plus précisément, il serait celui que la critique a appelé le « second Todorov », l’auteur, notamment, de l’autobiographie intellectuelle L’Homme dépaysé (Seuil, 1996). Dans cet essai, Todorov envisage autobiographiquement le dépaysement comme une expérience – éminemment individuelle – de décentrement, d’étonnement et de désorientation, qui lui a apporté de nombreuses découvertes et enseigné l’art de la curiosité et un certain relativisme culturel. Je formule donc l’hypothèse que Lahiri a lu le « second Todorov » et a fait sienne cette conception, allant jusqu’à (peut-être) insérer dans le roman un petit hommage au philosophe. Dans cette contribution, après avoir présenté brièvement la conception todorovienne de dépaysement, je propose une lecture du roman Dove mi trovo à la lumière de celle-ci.
Au miroir de la traduction. Avant-texte, intratexte, paratexte, 2019
La publication posthume, dans une traduction allographe, de Clous : poèmes hongrois et français (... more La publication posthume, dans une traduction allographe, de Clous : poèmes hongrois et français (2016), qui recueille la production poétique de jeunesse d’Agota Kristof, nous invite à (re)considérer la place de l’autotraduction dans son œuvre, ces poèmes étant à la source de nombre de ses textes en français. À travers l’analyse de quelques poèmes significatifs du recueil et de leurs autotraductions disséminées dans l’œuvre francophone, ainsi que du discours ambigu de l’auteur sur sa pratique autotraductive, cette contribution met en lumière les effets du contact entre langues hongroise et française dans l’œuvre d’Agota Kristof : loin de l’envisager exclusivement sous l’angle d’une opposition ou d’une exclusion réciproque, nous considérons que ce contact se situe au cœur de la création kristovienne.
The posthumous publication of the collection entitled Clous: poèmes hongrois et français (2016), Agota Kristof's early poems in Hungarian, invites us to (re)consider the place of self-translation in Kristof's work, since these poems appear to be the source of much of her prose in French. This contribution analyses some significant poems in the collection, their self-translations – which were disseminated through her other French-language works – and the author's ambiguous discourse about her practice of self-translation. We aim to shed light on the effects of the contact between Hungarian and French in Agota Kristof's work – a contact we contend is at the very core of her production.
Interfrancophonies 9, La Francophonie translingue, sous la direction d’Alain Ausoni, 2018, p. 27-38, 2018
Nous proposons d’étudier la posture littéraire des écrivains francophones translingues à travers ... more Nous proposons d’étudier la posture littéraire des écrivains francophones translingues à travers l’exemple de l’écrivaine francophone d’origine chinoise Ying Chen. Nous formulons l’hypothèse que chez les écrivains francophones translingues la posture est en étroite connexion avec l’imaginaire des langues, que nous proposons donc d’étudier conjointement, comme deux aspects d’une même question. En nous focalisant particulièrement sur le documentaire Voyage illusoire et sur le recueil de textes autobiographiques divers Quatre mille marches, nous montrons comment l’auteure passe d’une posture d’écrivaine intégrée dans son pays d’accueil, associée à la revendication d’une passion pour la langue française, à une posture d’étrangeté radicale, qui passe par le refus de tout enracinement et proclame la nécessité d’une littérature « pure », complètement privée d’ancrage national, ethnique et même linguistique.
http://interfrancophonies.org/nouvelle-serie/9-2018.html
Cahiers de la nouvelle Europe. Collection du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Fin... more Cahiers de la nouvelle Europe. Collection du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Finlandaises, 24, Frontières et transferts culturels dans l’espace euro-méditerranéen. Dynamiques transfrontalières des pratiques culturelles à l’époque contemporaine, sous la direction d’Augustin Lefebvre et Judit Maár, Paris, L’Harmattan, 2017, p. 51-59.
Post-Scriptum, 2021
Les écrivains « translingues » sont des écrivains qui ont pratiqué la littérature, exclusivement ... more Les écrivains « translingues » sont des écrivains qui ont pratiqué la littérature, exclusivement ou pas, dans une langue seconde tardivement apprise.
Faisant partie d’au moins deux espaces linguistiques, ces écrivains, « condamnés à penser la langue » (Gauvin, 2004), sont aussi condamnés à penser la traduction.
Cette contribution, portant sur la littérature francophone translingue dans le champ littéraire français, vise à montrer la centralité de la réflexion sur la traduction et la variété des imaginaires de la traduction présents dans les textes. Nous analysons les positionnements discursifs face à la traduction d’un certain nombre d’écrivains francophones translingues, dont François Cheng, Vassilis Alexakis, Nancy Huston, Agota Kristof, Milan Kundera, Brina Svit.
Sans prétendre à une typologie exhaustive, nous observons l’émergence de trois figures : le « passeur », pour qui l’écriture translingue est une forme de traduction ; l’écrivain pour qui l’autotraduction fait partie de son translinguisme ; l’écrivain qui minimise voire exclut l’apport de l’(auto)traduction à son translinguisme. À ces figures correspondent de différents imaginaires translingues de la traduction : la traduction comme équivalent de l’écriture ; la traduction comme moteur de l’écriture ; la traduction comme activité collatérale et inférieure par rapport à l’écriture, ou même incompatible avec celle-ci.
À l’intérieur du cadre unitaire de la francophonie translingue, entendue comme expérience commune de la langue, la diversité des imaginaires de la traduction nous permet de mieux appréhender les poétiques translingues singulières.
Jeux de dames. Postures et positionnements des écrivaines francophones, Encrage, Amiens,, 2014
Notre contribution consistera en une étude de la posture d’Agota Kristof, émigrée de Hongrie en S... more Notre contribution consistera en une étude de la posture d’Agota Kristof, émigrée de Hongrie en Suisse romande en 1956 et devenue écrivaine francophone. Notre analyse se fondera principalement sur deux documents : son autobiographie L’Analphabète et son intervention lors d’une journée consacrée au « Français, langue adoptée » à Paris, le 12 octobre 1993, disponible sous forme de fichier Mp3 sur le site de la Maison des écrivains et de la littératur . Le choix de ces documents reproduit d’une part la division qu’opère Dominique Maingueneau (Maingueneau, 2004, 107) entre écrivain et inscripteur, d’autre part celle de Jérôme Meizoz (Meizoz, 2007, 23) entre terrain d’observation externe (discours, entretiens, etc.) et interne à l’œuvre (la construction de l’image de l’énonciateur dans les textes).
Nous tenterons d’esquisser, à partir de ces documents, les caractères de la posture d’Agota Kristof. [...]
Ecole Suisse Internationale (10, rue des Messageries – Paris Xe) Vendredi 28 et samedi 29 octobre... more Ecole Suisse Internationale (10, rue des Messageries – Paris Xe)
Vendredi 28 et samedi 29 octobre 2016
Séminaire du CIEH (Centre International d’Études Hongroises), Université Paris 3 Sorbonne Nouvell... more Séminaire du CIEH (Centre International d’Études Hongroises), Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, 7 mars 2018
Journée d’étude « Raconter la postmigration/Narrating postmigration », CIELAM, Aix-Marseille Univ... more Journée d’étude « Raconter la postmigration/Narrating postmigration », CIELAM, Aix-Marseille Université, 7 mars 2019
Intervention présentée dans le cadre du colloque La traduction dans la littérature. Que peut le l... more Intervention présentée dans le cadre du colloque La traduction dans la littérature. Que peut le littéraire pour (re)penser la traduction ?, université de Montréal, 27-28 avril 2016.
20-21 novembre 2015, colloque du Département d’études romanes de l’Université de Sofia « Saint Cl... more 20-21 novembre 2015, colloque du Département d’études romanes de l’Université de Sofia « Saint Clément d’Ohrid ».
Section littéraire : normes et transgressions dans les littératures romanes
26 septembre 2014, intervention dans le cadre de l’université d’été Renewing theory – La théorie ... more 26 septembre 2014, intervention dans le cadre de l’université d’été Renewing theory – La théorie aujourd’hui, université de Aix-Marseille.
Le Grand Cahier d’Agota Kristof est un roman entièrement écrit à la première personne du pluriel.... more Le Grand Cahier d’Agota Kristof est un roman entièrement écrit à la première personne du pluriel. Premier volet d’une trilogie à la structure complexe et ouvrage complexe lui-même, ce roman a suscité de nombreuses interprétations. On peut observer qu’il existe autant d’interprétations du « nous » énonciateur dans Le Grand Cahier que d’interprétations de cet ouvrage, chaque interprétation du « nous » menant en effet à une interprétation différente de l’œuvre dans son ensemble. La difficulté à rendre compte des significations multiples de ce « nous », le nombre de questions qu’il ouvre et la pluralité de réponses jamais définitives, sont exemplaires de la résistance de l’auteure à la classification et à l’interprétation, résistance qui me semble un trait fondamental de la stratégie discursive d’Agota Kristof. (...)
Borders is one of the main themes of Agota Kristof's works, both in prose and theatre. Having es... more Borders is one of the main themes of Agota Kristof's works, both in prose and theatre.
Having escaped from communist Hungary in 1956, she experienced the crossing of Austrian border, then exile in Switzerland and her "lutte acharnée" for the possession of French language and writing.
The border crossing is narrated in Kristof's autobiography The Analphabet, in all her novels, in several short stories of her collection C'est égal, as well as in some of her dramatic texts.
The beginning of the rift, the moment of separation of the self and constitution of a double bind, the border crossing also splits the author's world in two: reality, in which the author leaves her country, and imagination, in which she remains at home. Such dichotomy of history and fiction affects the entire work of Agota Kristof, becoming an obsessional theme.
In my research, I propose to read Kristof's work as the continuous rewriting of a single story, with some variables changing from time to time, giving birth to a series of counterfactual biographies.
Border is a metaphor for division. Its crossing engenders painful changes: from one language to another, from a definite identity to the loss of certainty, from poetry to prose, from truth to lies, from history to fiction.
« Le goût de l’archive » d’Arlette Farge est un texte qui échappe à toute classification de genre... more « Le goût de l’archive » d’Arlette Farge est un texte qui échappe à toute classification de genre. Il se veut un essai historiographique sur un sujet assez précis : le travail de l’historien du XVIIIe siècle et la méthode d’utilisation des archives judiciaires. Toutefois, les choses sont loin d’être aussi simples. Des séquences qui pourraient être définies comme fictionnelles surgissent entre un chapitre et l’autre, typographiquement différenciées par l’utilisation de l’italique ; des personnages sans nom parcourent le labyrinthe des archives, l’explorent, le découvrent de manière silencieuse et respectueuse ; les nombreuses descriptions sont conduites avec richesse de détails et une rhétorique subtilement exploitée, notamment grâce à l’emploi récurrent de la synesthésie. Si la méthode historique et la réflexion épistémologique d’Arlette Farge portent le sceau de Michel Foucault, le «goût de l’archive» qui se manifeste, entre autres, dans la partie la plus fictionnelle de l’œuvre témoigne de l’influence de l’écriture asystématique de Roland Barthes. Notre intervention vise à explorer cet essai, tout particulièrement dans ses passages fictionnels-descriptifs, pour mettre en évidence ce « plaisir du texte » barthésien – au caractère instable, mais à la fois dicible, racontable, transmissible.