Sur l'histoire des relations scientifiques franco-russes (original) (raw)

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DOCUMENTATION

Sur l'histoire des relations scientifiques franco -russes

Pendant longtemps de nombreux historiens des sciences ont pratiquement limité l'objet de leurs recherches aux œuvres de certains savants privilégiés, considérés comme les principaux responsables du progrès, ne s'en écartant guère que pour jeter de rapides coups d'œil sur les écoles locales ou nationales constituées par les disciples de ces novateurs. Les dates de publication des travaux de ces savants fournissaient une chronologie précise servant de trame commode à des exposés de synthèse sur l'évolution des différents secteurs de la science.

Mais une telle conception se révèle aujourd'hui comme beaucoup trop sommaire et ne permettant pas d'obtenir une vision même schématique d'une réalité infiniment complexe et nuancée. D'une part, certains auteurs — et tout particulièrement Alexandre Koyré — ont montré que l'histoire de la pensée scientifique doit être envisagée en contact étroit avec celle des autres aspects de l'activité intellectuelle de l'homme — et en tout premier Heu avec celles des doctrines philosophiques et religieuses et des mentalités. D'autre part, il est apparu que les problèmes de genèse et de diffusion des conceptions scientifiques revêtaient à la fois une importance considérable et une grande complexité, que les contacts directs ou indirects entre chercheurs avaient toujours influé sur l'évolution de la science et que celle-ci résultait moins de l'action de savants isolés que de l'interférence entre les activités des différents foyers scientifiques contemporains (1). Il importe donc d'entreprendre

(1) II peut s'agir de correspondances directes, de relations interacadémiques, mais aussi de renseignements indirects provenant d'intermédiaires (comme Mersenne ou Oldenburg au xvne siècle), de voyageurs (comme Monconys), voire même d'agents diplomatiques ou d'informateurs plus ou moins officiels. La nouvelle de l'utilisation de la lunette aux Pays-Bas n'a-t-elle pas été transmise par des agents diplomatiques à Paris d'abord, puis à Venise ? De même certaines correspondances, comme celle du physicien portugais J. J. de Magalhâes (1722-1790) (cf. A. Birembaut, in Revue ďHisloire des Sciences, t. IX, 1956, p. 150-161), révèlent l'importance des renseignements scientifiques et techniques ainsi transmis.