Le crédit à Cavaillon à la fin du Moyen Âge : approche prosopographique (original) (raw)

1De 1328 à 1420, les pratiques du crédit à Cavaillon ont évolué avec le profil de ses créanciers, et c’est toute la société de cette petite cité épiscopale du sud du Comtat Venaissin que l’on voit ainsi se transformer. Au xve siècle, le cadastre de 1414 y dénombre 280 maisons et 315 propriétaires fonciers, alors qu’en 1269 Cavaillon comptait 605 feux, d’après le compte du subside de croisade levé par Alphonse de Poitiers1. Même si l’on ne peut pas mettre en parallèle ces deux sources, la ville semble avoir perdu une part non négligeable de sa population en un siècle et demi, essentiellement à cause des épidémies, de la peste de 1348, mais aussi de la guerre sévissant dans le Comtat à la fin du xive et au début du xve siècle2. C’est sous un angle humain, plutôt qu’économique ou juridique, que nous avons choisi de présenter le crédit à Cavaillon aux xive et xve siècles, en proposant des portraits de créanciers qui ont pratiqué le prêt d’argent durant cette période.

2Cette étude se fonde sur les minutes des notaires ou registres de brèves3. De 1328, date du premier registre conservé, au premier quart du xve siècle, la documentation notariale de Cavaillon est relativement riche et bien conservée4. Pour le xive siècle, elle reste assez fragmentaire. On compte 30 registres en tout, très inégalement répartis, avec de grandes périodes de silence absolu, dans les années 1370 à 1380 par exemple. Plus généralement la seconde moitié du siècle est très peu documentée. En revanche, nous avons deux beaux éclairages pour les années 1335 à 1340, avec cinq registres de quatre notaires différents, et 1352 à 1356. Le xve siècle est bien mieux documenté. De 1400 à 1420, nous disposons pour chaque année des registres d’au moins l’un des quatre notaires alors en exercice à Cavaillon. Au total, sur ces vingt ans, sont conservés 28 registres notariés, comptant 5 540 actes, dont 2 005 actes de crédit. Comme plus largement dans la Provence médiévale, le crédit est très prégnant, représentant plus du tiers des actes enregistrés chez les notaires5.

3Un examen plus précis d’un échantillon de huit registres du xive siècle fait apparaître très clairement une césure dans les acteurs du crédit à Cavaillon au milieu du xive siècle, entre 1347 et 13526. Avant cette césure, le crédit à Cavaillon est essentiellement entre les mains des banquiers astésans, que l’on a coutume d’appeler « Lombards ». Les créanciers juifs sont alors quasi inexistants7. Après cette date, les Lombards ont totalement disparu de la source8, tandis que les prêteurs juifs semblent les avoir remplacés9. Cette rupture vers 1348-1350 est suffisamment nette pour ne pas être explicable uniquement par une critique de la source et de ses lacunes. Quelque chose à Cavaillon a provoqué ce brusque changement dans l’origine des créanciers et tout porte à croire que la peste noire de 1348 serait cet événement majeur ayant bouleversé les pratiques en matière de crédit. Les créanciers lombards auraient-ils été décimés ou seraient-ils rentrés chez eux au moment de la peste ? La date de 1348 marque également un changement quant à l’origine des créanciers orangeois, d’après les travaux de Françoise Gasparri sur les Italiens à Orange au xive siècle10. Jusqu’en 1347, il y a deux familles astésanes très actives en matière de crédit, qui disparaissent totalement par la suite, décimées par la peste ou ayant émigré. Après 1348, on ne trouve plus d’Astésans à Orange, mais des Toscans, dont les activités ne sont pas tournées vers le commerce de l’argent puisqu’ils semblent plutôt s’intéresser à la vie publique de la cité.

4À Cavaillon, l’état de conservation de la source notariée permet d’envisager une étude prosopographique des créanciers des xive et xve siècles. Nous nous focalisons d’abord sur deux frères, banquiers astésans pratiquant le crédit à Cavaillon durant la première moitié du xive siècle ; nous examinons ensuite l’un des notaires, qui s’avère être le principal créancier du premier quart du xve siècle.

1328-1348 : les frères De Morocio, des banquiers astésans à Cavaillon

5Le crédit à Cavaillon durant la première moitié du xive siècle est entre les mains de banquiers originaires des régions padanes. Ils viennent plus précisément du diocèse d’Asti, dans l’actuel Piémont. Ils apparaissent dans certains actes sous le qualificatif de mercatores, autrement dit « marchands » ou plutôt « hommes d’affaires », selon l’expression proposée par Yves Renouard11. Les mercatores de Cavaillon sont au nombre de six : François et Martin De Morocio, Philippe et Pachon De Morocio, Dominique Ricardi et Frédéric Barbini. Les principaux acteurs sont les membres d’une même famille : les frères François et Martin De Morocio et les frères Philippe et Pachon De Morocio. Il s’agit d’une très ancienne famille astésane, originaire de la petite cité éponyme de Morocium (Morozzo) située près de Mondovì, dont le nom est mentionné dans le Codex Astensis dès le xiie siècle12.

6Ils pratiquent le prêt sous la forme juridique de la comanda. Il s’agit d’un prêt en argent, concernant des sommes plus importantes que le petit crédit habituellement pratiqué entre Cavaillonnais, à rembourser le plus souvent au moment des moissons13. L’étude d’un échantillon de 224 actes de crédit de la première moitié du xive siècle montre que les banquiers astésans ne s’intéressent pas au « microcrédit ». On commence à les voir intervenir fréquemment pour des prêts supérieurs à cinq florins, et ce, jusqu’à des sommes très élevées, supérieures à 100 florins. La spécificité du crédit lombard réside dans le fait qu’il est très bien organisé, reposant sur un système de procurations. Les banquiers vivent dans le diocèse d’Asti, et ont à Cavaillon des intermédiaires, eux-mêmes originaires d’Asti et son diocèse, qui agissent en leur nom. De leur côté, les emprunteurs cavaillonnais sont représentés par des procureurs de l’autre côté des Alpes, chargés de payer pour eux les sommes à rembourser aux banquiers. C’est le principe de fonctionnement de la comanda. Ainsi, dans un acte de crédit lombard datant du 8 octobre 133914, les débiteurs doivent rembourser leur emprunt à Gaspard Messerii, originaire de Mondovì dans le diocèse d’Asti, résidant à Cavaillon, qui agit comme procureur des deux frères Martin et François De Morocio. Les débiteurs reçoivent l’argent emprunté des mains de ce procureur. Gaspard Messerii a été l’un des intermédiaires les plus actifs des frères De Morocio15, qui ont eu successivement cinq procureurs différents attitrés. Jacques de Anna, originaire du diocèse de Turin, habitant Cavaillon, est procureur des frères De Morocio de 1330 à 1335 et dans quelques actes en 1336. C’est ensuite Gaspard Messerii, originaire lui aussi de Mondovì et habitant Cavaillon, qui prête le plus souvent de l’argent aux Cavaillonnais au nom des frères Martin et François De Morocio, de 1336 à 1341. On apprend par un acte du 13 avril 1344 qu’il est mort et que c’est désormais Jacques Barberii, également originaire de Mondovì mais habitant Carpentras, qui agit comme procureur de Martin et François. Les frères Philippe et Pachon De Morocio ont deux procureurs qui sont deux de leurs frères originaires également de Mondovì et habitant Cavaillon : Léonard De Morocio et Mayfred De Morocio. Les deux autres prêteurs lombards rencontrés dans les registres étudiés ont aussi des procureurs : pour Frédéric Barbini, il s’agit de son fils Paulin, et Dominique Ricardi agit seul dans un cas, et avec Jacques de Anna comme procureur dans l’autre. Les intermédiaires des banquiers lombards sont des parents ou des gens qu’ils connaissent, originaires comme eux de Mondovì ou Quérasque et qui tissent un véritable réseau dans le Comtat Venaissin.

7Les débiteurs ayant recours aux banquiers astésans ne se limitent pas aux seuls Cavaillonnais, et viennent souvent des villages alentour. Près d’un quart d’entre eux sont originaires de Gordes, Pernes, Robion, Maubec, Oppède, Ménerbes, L’Isle-sur-la-Sorgue ou Lagnes, dans un rayon de 10 à 30 kilomètres au nord ou à l’est de Cavaillon. L’aire d’influence des prêteurs astésans est étendue. Les débiteurs qui empruntent auprès des Lombards agissent rarement seuls, mais plutôt en petits groupes16. Le système de la comanda prévoit aussi, pour les débiteurs comtadins, des intermédiaires de l’autre côté des Alpes chargés de rembourser l’emprunt. Dans la comanda de 1339, Jacques Belloni de Coni et Dominique Ricardi de Mondovì apparaissent comme procureurs des deux emprunteurs.

8Les Lombards n’ont pas seulement une emprise économique ou financière. Certains d’entre eux ont acquis des propriétés sur place. Nous apprenons ainsi que les frères François et Martin De Morocio ont des droits et possessions sur le territoire de Gordes17, et possèdent une terre qu’ils vendent en 134418. Quelle était l’ampleur réelle de l’implantation des Lombards sur le territoire, leur rôle dans l’économie locale et dans quelle mesure se sont-ils intégrés ? Les Lombards résidant à Cavaillon sont peu nombreux et ne semblent pas y avoir fait souche, à moins qu’un certain Pierre De Podio alias Messerii ne soit un parent de Gaspard Messerii19.

9Le dernier acte de crédit lombard enregistré dans la source notariée date de 1351. L’activité bancaire laissée libre par les Astésans désormais absents de Cavaillon est, semble-t-il, reprise par les Juifs. C’est ce que suggère l’étude des registres du notaire Pierre Civelli, dans les années 135020. Ce crédit juif prend une forme juridique différente du crédit lombard, il ne s’agit plus de la comanda mais du depositum21. Ce type de contrat de crédit est presque exclusivement le fait des prêteurs juifs de la seconde moitié du xive siècle. Il s’agit d’un prêt en argent consenti « ex causa veri et legalis depositi ». Plus de 80 % des actes enregistrés par ce notaire sont relatifs au crédit, et les deux tiers d’entre eux sont le fait de créanciers juifs, au premier rang desquels figure Manasserius Mosseti22. Les lacunes de la source durant la seconde moitié du xive siècle ne permettent pas d’analyser précisément les spécificités de ce crédit juif.

10Lorsque la source redevient parlante, à la fin du xive siècle, elle nous apporte une image du crédit à Cavaillon toute différente, qui est déjà celle que l’on trouve au début du xve siècle23. Désormais, les principaux créanciers ne sont plus ni Juifs ni Lombards, il s’agit des Cavaillonnais qui disposent de liquidités, à commencer par les notaires.

1400-1420 : les notaires, notables, hommes de droit et hommes d’argent

11De 1400 à 1420, on connaît l’existence de six notaires, dont cinq ont laissé des traces de leur activité notariale24. Celui ayant eu la plus grande longévité professionnelle et dont on a conservé le plus de registres est Jacques Michaelis25. Il a pour collègue et beau-frère Jean Ferraguti, dont il a épousé la sœur26. Il est aussi probablement le père des deux autres notaires Pierre et André Michaelis, exerçant à partir des années 1420. Sur l’ensemble de ces vingt ans, il apparaît dans un nombre considérable d’actes chez ses confrères27. Il figure surtout parmi les plus actifs en matière de prêt d’argent. En effet, plus de 80 % de ses opérations relèvent du crédit. Les cinq créanciers les plus actifs sont Jacques Michaelis, Véran de Brieude, Jean Ferraguti, Pierre Gasqui et Pierre de Oxnago, autrement dit les cinq notaires de Cavaillon de l’époque. Parmi les principaux créanciers, on compte aussi un Juif, quelques maîtres de métier, le médecin néophyte Léonard de Luna28, et quelques nobles ou notables.

12Tous ces créanciers ont été un jour membres du conseil communal. Jacques Michaelis lui-même est syndic en 1410 et conseiller en 1411. Il passe d’ailleurs une série d’opérations de crédit au nom de l’universitas de Cavaillon en 141029. À l’époque où il occupe ces charges municipales, il propose à la communauté, à titre personnel, deux prêts importants de 120 florins chacun, l’un en décembre 141030, l’autre en juin 141131. La même année, un autre prêt de 200 florins est consenti à la cité par deux nobles, Rixende de Fos et Elzéar Romey32. Or, en 1411, Cavaillon avait du mal à payer la taille aux États du Comtat Venaissin. Une quittance de dette du 31 juillet 1411 nous apprend que le trésorier devait à Étienne Bruni, coseigneur de Lagnes et vice-trésorier des États du Comtat Venaissin, 12 000 florins pour la taille33. On comprend mieux les raisons des trois emprunts en 1410-1411, au moment où la cité doit faire face au paiement de cette redevance.

13L’essentiel des opérations de crédit de Jacques Michaelis consiste en de simples prêts, de type mutuum, ou des facilités de paiement accordées pour des achats34. Les remboursements sont en majorité attendus en espèces, parfois en nature. On le voit ainsi demander un remboursement en peaux de mouton à deux reprises, qui lui serviront peut-être pour faire du parchemin. Sur ces vingt ans, toutes ces opérations de crédit lui auraient rapporté plus de 680 florins et près de 110 saumées de froment !

14Ses actes de crédit sont parfois associés à un autre type d’opérations : l’achat de redevances mises à ferme pour une année. Ainsi, en 1403, il achète le souquet du vin pour 80 florins35. L’année suivante, le 3 juillet 140436, il acquiert tous les droits sur les blés. Puis, en 1409, on le voit proposer un prêt de 200 florins à l’évêque de Cavaillon37. En contrepartie, on apprend que, comme il est venu financièrement en aide à l’évêque38, ce dernier lui assigne toutes les sommes en blé des dîmes, baux à fâcherie (qui correspond au métayage dans la Provence médiévale), cens et arrérages dus à la maison épiscopale, pendant un an. Il est en outre prévu que, si la somme de 200 florins, à laquelle s’ajoutent 28 florins39, n’est pas couverte par les revenus des blés, il conserve tous les droits de l’évêque jusqu’à satisfaction des 228 florins. Nous savons par ailleurs que Jacques Michaelis a été notaire et greffier épiscopal. Il avait donc certainement des liens privilégiés avec l’évêque. L’acquisition de redevances à ferme révèle une capacité financière supérieure au revenu moyen qu’un notaire peut tirer de sa fonction et un bon réseau de relations, accélérant certainement sa carrière publique.

15Les opérations foncières de Jacques Michaelis méritent que l’on s’y attarde un instant. D’après le cadastre de 1414, on connaît l’étendue de ses possessions : il a une maison d’une valeur locative de trois florins et demi, et une propriété de près de 100 éminées de terres40. C’est le plus riche des notaires. Outre ses opérations de crédit, la deuxième raison qui le pousse à recourir à ses collègues notaires est liée à l’acquisition de nouvelles terres ou la mise à ferme de certaines de ses propriétés. Ainsi, le 19 novembre 1411, on achète un pré au prix, fort élevé, de 120 florins41. Or, aussitôt après, le 26 novembre, il loue ce même pré à son ancien propriétaire, pour douze florins de rente par an pendant douze ans42. À ce prix, en dix ans, il a donc récupéré le prix d’achat du pré… Il entreprend ce type d’actions à plusieurs reprises. En février 1410, il achète pour dix florins une terre agricole de deux éminées appartenant à Raymond Cabassole, accolée à une autre terre de deux saumées achetée précédemment au même vendeur43. Huit mois plus tard, il propose à l’ancien propriétaire la location de l’ensemble de ces deux terres, sous forme de bail à acapte (forme provençale médiévale du bail emphytéotique) avec une rente annuelle de quatorze émines de froment44. Une clause prévoit qu’il pourra les racheter à Jacques Michaelis au bout de huit ans, pour 73 florins. C’est certainement pour le notaire un placement sûr et rentable, d’autant que Raymond Cabassole est le deuxième propriétaire terrien le plus riche de Cavaillon, avec 506 éminées de terres. La famille Cabassole ne présente a priori aucun risque d’insolvabilité et souhaite certainement conserver l’intégralité de ses bonnes terres situées dans le même secteur, formant un grand ensemble. En août 1413, il procède de même : ayant acheté à Siffrein Peyronelli deux terres, il les lui cède en acapte, dix jours plus tard, pour dix-huit émines de froment par an45.

16Jacques Michaelis est l’un des principaux notaires de Cavaillon, il a un statut important dans la cité et c’est un riche propriétaire terrien, mais il est aussi un homme avisé dans la gestion de ses affaires. Il détient de nombreuses liquidités, sans cesse investies dans des prêts importants à l’évêque ou à la ville, mais aussi dans des opérations de crédit plus modestes, des acquisitions de redevances, ou des opérations foncières.

17Les notaires, dont Jacques Michaelis est le représentant emblématique, sont détenteurs d’offices de secrétaires ou scribes, tenant les registres de délibérations de la cité ou les registres judiciaires46. Ils sont également choisis comme procureurs, tant pour gérer les affaires d’un tiers, que pour une opération précise comme récupérer une créance, ou, plus fréquemment encore, dans le cadre de procédures judiciaires. Ils sont de toute évidence des hommes de premier plan, participant pleinement à la vie publique de la cité : nombre d’entre eux sont conseillers voire syndics. Jacques Michaelis a été conseiller en 1411, après avoir été syndic en 1410, Véran de Brieude a été syndic et trésorier en 1412. Ces relations au sein du conseil de la cité leur permettent sans aucun doute de pratiquer plus facilement certains types d’opérations, comme l’acquisition des revenus des impositions mises à ferme, aux retombées lucratives. Enfin, ils sont des créanciers de premier ordre, et n’hésitent pas à joindre à leurs activités de crédit d’autres opérations plus fructueuses encore. C’est le cas de Véran de Brieude, qui pratique volontiers la revente à crédit de biens achetés comptant. Ainsi, le 2 septembre 1407, il achète un lot d’animaux, quatre mules, trois chevaux et leurs poulains, pour 50 florins payés comptant47. Le 18 septembre suivant, il vend à crédit trois chevaux et leurs trois poulains, pour dix-huit florins48. Le 30 septembre, deux mules lui sont achetées à crédit au prix de 25 florins49 ; et le 27 octobre, il en cède deux autres, de la même manière, pour douze florins50. Tous les animaux achetés comptant par Véran de Brieude sont donc vendus à crédit, en trois lots à trois acheteurs différents, en l’espace d’à peine plus d’un mois pour un montant total de 55 florins, alors qu’il avait payé ces animaux 50 florins !

18Moins d’un demi-siècle après la disparition des derniers banquiers lombards, la pratique du crédit passe principalement entre les mains des notaires durant tout le xve siècle. La société cavaillonnaise a changé. Les notaires eux-mêmes ont pris une tout autre dimension, ne se limitant pas à leur rôle de spécialistes de l’écrit. Au terme de cette analyse prosopographique, les notaires cavaillonnais du xve siècle apparaissent incontestablement comme des notables intégrés dans la vie de la cité en « hommes d’affaires » avertis. Cavaillon n’utilise plus les circuits financiers internationaux, mais recourt désormais à des circuits locaux. S’agirait-il d’une adaptation forcée aux circonstances, ou le système local s’avérerait-il plus rentable ? Les élites locales elles-mêmes auraient-elles appris des pratiques bancaires internationales pour les reprendre à leur compte et les adapter aux besoins des Cavaillonnais ?