Jerome Dokic | EHESS-Ecole des hautes études en sciences sociales (original) (raw)

Papers by Jerome Dokic

Research paper thumbnail of The Beautiful, the Sublime and the Self

In Advances in Experimental Philosophy of Aesthetics, ed. F. Cova and S. Réhault, Bloomsbury, 2018

The sublime emerges in the history of philosophy as the object of an aesthetic experience very of... more The sublime emerges in the history of philosophy as the object of an aesthetic experience very often contrasted with the aesthetic experience of the beautiful. While the latter experience is mainly positive and pleasurable, the former experience is characterized by ambivalent feelings. On the one hand, the sublime involves an overwhelming vastness, or power, which disturbs and unsettles. On the other hand, the sublime poses a challenge, which is enlightening and elating. The overall experience of the sublime is also frequently associated with the feeling of the insignificance of human life, of our smallness compared to the grandeur we are confronted with. In the light of recent psychological and neuroscientific studies, we claim that the sublime gives rise to an aesthetic experience that, contrary to the experience of the beautiful, involves a diminished sense of the self. More precisely, sublimity experiences are immersive and tend to blur the distinction between the self and the world. Our claim has implications for a vexed question about the sublime, namely whether it is restricted to natural scenes or extends to artworks. We suggest that in favourable conditions, art can elicit sublimity experiences. We then offer a roadmap to test our claim within an experimental setting, with special focus on music and virtual reality devices to deal with the immersive character of sublimity experiences.

Research paper thumbnail of Affective Memory: A Little Help from Our Imagination

In New Directions in the Philosophy of Memory, ed. K. Michaelian, D. Debus and D. Perrin, Routledge, 2018

When we remember a past situation, the emotional import of the latter often transpires in a modif... more When we remember a past situation, the emotional import of the latter often transpires in a modified form at the phenomenological level of our present memory. When it does, we experience what is sometimes called an “affective memory.” Theorists of memories have disagreed about the status of affective memories. Sceptics claim that the relationship between memory and emotion can only be of two types: either the memory is about a past emotion (the emotion is part of what is remembered), or it causes a present emotion (the emotion is a separable effect of the memory). We argue that there is a third option, which points to an emotional way of representing the past situation. Drawing from Peter Goldie’s account of mental narratives, we show that three levels of mental perspective are involved in memories: the perspective of the represented subject (the character, if there is one), the perspective of the representing subject (the author), and the intermediary perspective of the narrator (who may remain virtual). Affective memories are cases in which the narrator’s emotional perspective has direct implications for the author’s emotional perspective, even if the former typically differs from the latter.

Research paper thumbnail of Le corps en mouvement : les relations entre l'action, l'intention et le mouvement corporel

Revue De Theologie Et De Philosophie, 1992

Research paper thumbnail of La philosophie du son

2. DE LA DISTINCTION ENTRE LES SENS 2.1. De l'ouïe comme faculté sensorielle.

Research paper thumbnail of Are Emotions Evaluative Modes?

Dialectica, 2015

Following Meinong, many philosophers have been attracted by the view that emotions have intrinsic... more Following Meinong, many philosophers have been attracted by the view that emotions have intrinsically evaluative correctness conditions. On one version of this view, emotions have evaluative contents (the Perception View). On another version, emotions are evaluative attitudes; they are evaluative at the level of intentional mode rather than content (the Attitudinal View). We raise objections against the latter version, showing that the only two ways of implementing it are hopeless. Either emotions are manifestly evaluative or they are not. In the former case, the Attitudinal View threatens to collapse into the Perception View or any other view according to which emotions are evaluative at the level of content. In the latter case, the Attitudinal View does not stand up to an obvious alternative, namely that emotions can only be assessed with respect to extrinsic (moral, prudential, aesthetical, etc.) norms or conditions of correctness.

Research paper thumbnail of Art et cognition: deux théories

Dans ce texte nous proposons, sous la forme d'une série de thèses, deux théories opposées de ... more Dans ce texte nous proposons, sous la forme d'une série de thèses, deux théories opposées de l'art, que nous appelons respectivement ‘théorie structurelle' et ‘théorie individualiste'. Ces deux théories sont relativement idéalisées par rapport aux positions effectivement occupées dans l'espace logique des débats théoriques sur l'art et la cognition. Elles représentent deux extrêmes parmi un spectre de positions possibles. Elles pourraient être tenues pour des pôles autour desquels organiser la discussion sur les rapports complexes entre les phénomènes artistiques et les sciences cognitives. Généralement, chaque thèse particulière garde un degré relativement important d'indépendance à l'égard des autres thèses et de la théorie à laquelle elle a été associée.

Research paper thumbnail of Représenter l'espace des objets physiques: La thèse de la dépendance réciproque entre l'identification des objets et celle des lieux

Cet article a pour but de réfléchir à nouveaux frais à une thèse philosophique traditionnelle qui... more Cet article a pour but de réfléchir à nouveaux frais à une thèse philosophique traditionnelle qui a une portée fondamentale pour toute étude de la cognition spatiale. Cette thèse articule les relations, au niveau de la pensée conceptuelle, entre nos représentations des objets physiques et celles des lieux qu'ils occupent, et établit l'existence d'une dépendance réciproque entre ces deux ensembles de représentations. Nous tenterons d'établir dans quelle mesure des recherches récentes en sciences cognitives permettent de réviser et de préciser cette thèse (que nous appellerons la ‘thèse de la dépendance réciproque'). Pour cela, nous commencerons par présenter son sens philosophique. Ensuite, nous examinerons des travaux théoriques et empiriques qui semblent pouvoir la remettre en cause, issus des recherches sur les capacités de représentation topographique de lieux et de référence déictique à des objets physiques. Notre conclusion est qu'en dépit du problème de...

Research paper thumbnail of Compétence sémantique et psychologie du raisonnement

Cet article porte sur les relations entre le psychologisme traditionnel et la question de savoir ... more Cet article porte sur les relations entre le psychologisme traditionnel et la question de savoir s'il est possible d'envisager un être qui raisonnerait de manière radicalement illogique (à nos yeux). Certains travaux de psychologie expérimentale du raisonnement semblent indiquer qu'en fait, nous-mêmes raisonnons de cette manière. Je suggère que ces travaux n'ont pas les implications philosophiques qu'on leur prête, et qu'un psychologisme modéré peut expliquer en quel sens l'hypothèse d'un être radicalement illogique ou irrationnel n'est pas véritablement cohérente.

Research paper thumbnail of Tacit Reference: Some Remarks on Unarticulated Parameters

Le philosophe américain John Perry a introduit la notion de "pensée sans représentation&quot... more Le philosophe américain John Perry a introduit la notion de "pensée sans représentation", c'est-à-dire de pensée qui concerne un objet sans qu'aucun concept ne lui corresponde. Par exemple, l'énoncé "Il est 8 heures" exprime une pensée qui concerne un fuseau horaire spécifique, même si celui-ci n'est pas explicitement représenté par le sujet. Je montre dans cet essai en quoi ce phénomène de détermination contextuelle se distingue de celui de l'indexicalité ("Il est 8 heures" n'est pas synonyme de "Il est 8 heures ici", pas plus que "Il pleut" ne veut dire "Il pleut ici"). De manière plus générale, aucune pensée ne peut représenter explicitement tous les paramètres objectifs qui la rendent vraie ou fausse. La référence à certains d'entre eux au moins doit rester "tacite".

Research paper thumbnail of La perception interne et la critique du langage privé

Dans cet article, je me demande ce qui distingue la conscience "externe" du monde (par ... more Dans cet article, je me demande ce qui distingue la conscience "externe" du monde (par exemple, la perception visuelle) et la conscience "interne" du corps propre (par exemple, l'expérience de la douleur). Je rejette les théories analytiques récentes qui assimilent l'expérience de la douleur à une forme de perception externe, à savoir la perception d'un dommage physique relatif au corps du sujet. Mais je ne souscris pas pour autant à la thèse phénoménologique selon laquelle il y a un "espace douloureux", et plus généralement un espace corporel, distinct de l'espace de la perception externe. Selon moi, la différence entre la conscience "à l'extérieur" et la conscience "de l'intérieur" ne réside ni dans la forme de la perception, ni dans la nature de l'espace perçu, mais dans l'objet intentionnel lui-même, indépendant de l'expérience dans le premier cas, mais dépendant de celle-ci dans le second.

Research paper thumbnail of Is Memory Purely Preservative?

Dans cet essai, je me demande si la mémoire est une source de connaissance authentique, ou au con... more Dans cet essai, je me demande si la mémoire est une source de connaissance authentique, ou au contraire si elle doit être considérée comme une manière de maintenir en place une connaissance acquise par d'autres moyens épistémiques. Je me prononce en faveur de la première option.

Research paper thumbnail of La dualisme forme/contenu et la théorie de la perception

Cet article est une réponse à la thèse du philosophe américain Donald Davidson selon laquelle la ... more Cet article est une réponse à la thèse du philosophe américain Donald Davidson selon laquelle la théorie de la perception n'est pas véritablement pertinente du point de vue épistémologique, parce qu'elle ne peut pas être une source de connaissance. Je m'accorde avec Davidson sur l'idée que la perception n'a pas de contenu épistémique, mais j'esquisse un modèle épistémologique qui rend compte du fait que l'on peut parvenir à la connaissance en passant spontanément, dans un contexte donné, d'une expérience à un jugement. Ce modèle comporte deux niveaux: le premier est celui des relations inférentielles entre des propositions, et ne concerne pas directement la perception, alors que le second est celui de transitions particulières et naturelles entre des états mentaux particuliers, dont la perception.

Research paper thumbnail of Philosophie de l'esprit

Introduction à la philosophie analytique de l'esprit

Research paper thumbnail of Qui a peur des qualia corporels?

Research paper thumbnail of Le cercle bipolaire Intentionnalité et contenu perceptif

Il est évident qu'en réalité nos sens sont muets. Quoique Descartes et d'autres parlent du « témo... more Il est évident qu'en réalité nos sens sont muets. Quoique Descartes et d'autres parlent du « témoignage de nos sens », nos sens ne nous disent rien du tout ni en vrai ni en faux (J. L. Austin).

Research paper thumbnail of (pour le Précis de philosophie analytique)

Research paper thumbnail of L’interprétation ordinaire, entre simulation et méta-représentation

Philosophiques, 2000

Philosophiques L'interprétation ordinaire, entre simulation et métareprésentation Jérôme Dokic Qu... more Philosophiques L'interprétation ordinaire, entre simulation et métareprésentation Jérôme Dokic Questions d'interprétation Volume 32, numéro 1, Printemps 2005 URI : id.erudit.org/iderudit/011061ar

Research paper thumbnail of Introspection, déploiement et simulation

Research paper thumbnail of Une théorie réflexive du souvenir épisodique

Dialogue, 1997

Cet article porte sur une distinction familière entre deux types de souvenir. La distinction qui ... more Cet article porte sur une distinction familière entre deux types de souvenir. La distinction qui m'intéresse a été établie, certes sous des formes et avec des nuances assez différentes, par Bertrand Russell, Henri Bergson, Alfred Ayer ou Norman Malcolm (entre autres). 1 On peut présenter dans un premier temps cette distinction par le biais d'un contraste grammatical entre deux types de comptes rendus du souvenir: ceux de la forme "S se souvient que p", où S est un sujet et "p" une proposition, et ceux de la forme "S se souvient de x", où x est un objet, un événement, une scène, une personne, etc., c'est-à-dire, en tout cas, une entité réelle numériquement déterminée. Suivant une terminologie courante, je vais appeler souvenirs "factuels" les souvenirs décrits par les premiers comptes rendus, et souvenirs "épisodiques" (ou "autobiographiques") ceux décrits par les seconds. 2 L'article est structuré de la manière suivante. Dans la première section, je présente l'énigme que pose la distinction entre le souvenir épisodique et le souvenir factuel. Dans la deuxième section, je suggère que cette distinction concerne ce que les psychologues appellent le souvenir explicite -ce qui me permet de mettre de côté ici le cas des souvenirs implicites. Dans la troisième section, je tente de clarifier la notion de souvenir épisodique en tenant compte de certaines analogies et différences avec la notion de perception simple (ou non épistémique) introduite par Dretske. Dans la quatrième section, je discute une proposition de Gareth Evans pour comprendre la distinction entre les deux types de souvenir. La dernière section est plus positive: je suggère que la particularité du souvenir épisodique par rapport au souvenir factuel concerne la présence d'un élément réflexif.

Research paper thumbnail of Un aspect du cartésianisme en philosophie de l'esprit

Studia Philosophica, 1996

UN ASPECT DU CARTESIANISME EN PHILOSOPHIE DE L'ESPRIT * Eros Corazza et Jérôme Dokic Univers... more UN ASPECT DU CARTESIANISME EN PHILOSOPHIE DE L'ESPRIT * Eros Corazza et Jérôme Dokic Université de Nottingham, Université de Genève 0. Introduction Nous discutons dans cet article d'une forme de "cartésianisme" dont a hérité la philosophie de l'esprit ...

Research paper thumbnail of The Beautiful, the Sublime and the Self

In Advances in Experimental Philosophy of Aesthetics, ed. F. Cova and S. Réhault, Bloomsbury, 2018

The sublime emerges in the history of philosophy as the object of an aesthetic experience very of... more The sublime emerges in the history of philosophy as the object of an aesthetic experience very often contrasted with the aesthetic experience of the beautiful. While the latter experience is mainly positive and pleasurable, the former experience is characterized by ambivalent feelings. On the one hand, the sublime involves an overwhelming vastness, or power, which disturbs and unsettles. On the other hand, the sublime poses a challenge, which is enlightening and elating. The overall experience of the sublime is also frequently associated with the feeling of the insignificance of human life, of our smallness compared to the grandeur we are confronted with. In the light of recent psychological and neuroscientific studies, we claim that the sublime gives rise to an aesthetic experience that, contrary to the experience of the beautiful, involves a diminished sense of the self. More precisely, sublimity experiences are immersive and tend to blur the distinction between the self and the world. Our claim has implications for a vexed question about the sublime, namely whether it is restricted to natural scenes or extends to artworks. We suggest that in favourable conditions, art can elicit sublimity experiences. We then offer a roadmap to test our claim within an experimental setting, with special focus on music and virtual reality devices to deal with the immersive character of sublimity experiences.

Research paper thumbnail of Affective Memory: A Little Help from Our Imagination

In New Directions in the Philosophy of Memory, ed. K. Michaelian, D. Debus and D. Perrin, Routledge, 2018

When we remember a past situation, the emotional import of the latter often transpires in a modif... more When we remember a past situation, the emotional import of the latter often transpires in a modified form at the phenomenological level of our present memory. When it does, we experience what is sometimes called an “affective memory.” Theorists of memories have disagreed about the status of affective memories. Sceptics claim that the relationship between memory and emotion can only be of two types: either the memory is about a past emotion (the emotion is part of what is remembered), or it causes a present emotion (the emotion is a separable effect of the memory). We argue that there is a third option, which points to an emotional way of representing the past situation. Drawing from Peter Goldie’s account of mental narratives, we show that three levels of mental perspective are involved in memories: the perspective of the represented subject (the character, if there is one), the perspective of the representing subject (the author), and the intermediary perspective of the narrator (who may remain virtual). Affective memories are cases in which the narrator’s emotional perspective has direct implications for the author’s emotional perspective, even if the former typically differs from the latter.

Research paper thumbnail of Le corps en mouvement : les relations entre l'action, l'intention et le mouvement corporel

Revue De Theologie Et De Philosophie, 1992

Research paper thumbnail of La philosophie du son

2. DE LA DISTINCTION ENTRE LES SENS 2.1. De l'ouïe comme faculté sensorielle.

Research paper thumbnail of Are Emotions Evaluative Modes?

Dialectica, 2015

Following Meinong, many philosophers have been attracted by the view that emotions have intrinsic... more Following Meinong, many philosophers have been attracted by the view that emotions have intrinsically evaluative correctness conditions. On one version of this view, emotions have evaluative contents (the Perception View). On another version, emotions are evaluative attitudes; they are evaluative at the level of intentional mode rather than content (the Attitudinal View). We raise objections against the latter version, showing that the only two ways of implementing it are hopeless. Either emotions are manifestly evaluative or they are not. In the former case, the Attitudinal View threatens to collapse into the Perception View or any other view according to which emotions are evaluative at the level of content. In the latter case, the Attitudinal View does not stand up to an obvious alternative, namely that emotions can only be assessed with respect to extrinsic (moral, prudential, aesthetical, etc.) norms or conditions of correctness.

Research paper thumbnail of Art et cognition: deux théories

Dans ce texte nous proposons, sous la forme d'une série de thèses, deux théories opposées de ... more Dans ce texte nous proposons, sous la forme d'une série de thèses, deux théories opposées de l'art, que nous appelons respectivement ‘théorie structurelle' et ‘théorie individualiste'. Ces deux théories sont relativement idéalisées par rapport aux positions effectivement occupées dans l'espace logique des débats théoriques sur l'art et la cognition. Elles représentent deux extrêmes parmi un spectre de positions possibles. Elles pourraient être tenues pour des pôles autour desquels organiser la discussion sur les rapports complexes entre les phénomènes artistiques et les sciences cognitives. Généralement, chaque thèse particulière garde un degré relativement important d'indépendance à l'égard des autres thèses et de la théorie à laquelle elle a été associée.

Research paper thumbnail of Représenter l'espace des objets physiques: La thèse de la dépendance réciproque entre l'identification des objets et celle des lieux

Cet article a pour but de réfléchir à nouveaux frais à une thèse philosophique traditionnelle qui... more Cet article a pour but de réfléchir à nouveaux frais à une thèse philosophique traditionnelle qui a une portée fondamentale pour toute étude de la cognition spatiale. Cette thèse articule les relations, au niveau de la pensée conceptuelle, entre nos représentations des objets physiques et celles des lieux qu'ils occupent, et établit l'existence d'une dépendance réciproque entre ces deux ensembles de représentations. Nous tenterons d'établir dans quelle mesure des recherches récentes en sciences cognitives permettent de réviser et de préciser cette thèse (que nous appellerons la ‘thèse de la dépendance réciproque'). Pour cela, nous commencerons par présenter son sens philosophique. Ensuite, nous examinerons des travaux théoriques et empiriques qui semblent pouvoir la remettre en cause, issus des recherches sur les capacités de représentation topographique de lieux et de référence déictique à des objets physiques. Notre conclusion est qu'en dépit du problème de...

Research paper thumbnail of Compétence sémantique et psychologie du raisonnement

Cet article porte sur les relations entre le psychologisme traditionnel et la question de savoir ... more Cet article porte sur les relations entre le psychologisme traditionnel et la question de savoir s'il est possible d'envisager un être qui raisonnerait de manière radicalement illogique (à nos yeux). Certains travaux de psychologie expérimentale du raisonnement semblent indiquer qu'en fait, nous-mêmes raisonnons de cette manière. Je suggère que ces travaux n'ont pas les implications philosophiques qu'on leur prête, et qu'un psychologisme modéré peut expliquer en quel sens l'hypothèse d'un être radicalement illogique ou irrationnel n'est pas véritablement cohérente.

Research paper thumbnail of Tacit Reference: Some Remarks on Unarticulated Parameters

Le philosophe américain John Perry a introduit la notion de "pensée sans représentation&quot... more Le philosophe américain John Perry a introduit la notion de "pensée sans représentation", c'est-à-dire de pensée qui concerne un objet sans qu'aucun concept ne lui corresponde. Par exemple, l'énoncé "Il est 8 heures" exprime une pensée qui concerne un fuseau horaire spécifique, même si celui-ci n'est pas explicitement représenté par le sujet. Je montre dans cet essai en quoi ce phénomène de détermination contextuelle se distingue de celui de l'indexicalité ("Il est 8 heures" n'est pas synonyme de "Il est 8 heures ici", pas plus que "Il pleut" ne veut dire "Il pleut ici"). De manière plus générale, aucune pensée ne peut représenter explicitement tous les paramètres objectifs qui la rendent vraie ou fausse. La référence à certains d'entre eux au moins doit rester "tacite".

Research paper thumbnail of La perception interne et la critique du langage privé

Dans cet article, je me demande ce qui distingue la conscience "externe" du monde (par ... more Dans cet article, je me demande ce qui distingue la conscience "externe" du monde (par exemple, la perception visuelle) et la conscience "interne" du corps propre (par exemple, l'expérience de la douleur). Je rejette les théories analytiques récentes qui assimilent l'expérience de la douleur à une forme de perception externe, à savoir la perception d'un dommage physique relatif au corps du sujet. Mais je ne souscris pas pour autant à la thèse phénoménologique selon laquelle il y a un "espace douloureux", et plus généralement un espace corporel, distinct de l'espace de la perception externe. Selon moi, la différence entre la conscience "à l'extérieur" et la conscience "de l'intérieur" ne réside ni dans la forme de la perception, ni dans la nature de l'espace perçu, mais dans l'objet intentionnel lui-même, indépendant de l'expérience dans le premier cas, mais dépendant de celle-ci dans le second.

Research paper thumbnail of Is Memory Purely Preservative?

Dans cet essai, je me demande si la mémoire est une source de connaissance authentique, ou au con... more Dans cet essai, je me demande si la mémoire est une source de connaissance authentique, ou au contraire si elle doit être considérée comme une manière de maintenir en place une connaissance acquise par d'autres moyens épistémiques. Je me prononce en faveur de la première option.

Research paper thumbnail of La dualisme forme/contenu et la théorie de la perception

Cet article est une réponse à la thèse du philosophe américain Donald Davidson selon laquelle la ... more Cet article est une réponse à la thèse du philosophe américain Donald Davidson selon laquelle la théorie de la perception n'est pas véritablement pertinente du point de vue épistémologique, parce qu'elle ne peut pas être une source de connaissance. Je m'accorde avec Davidson sur l'idée que la perception n'a pas de contenu épistémique, mais j'esquisse un modèle épistémologique qui rend compte du fait que l'on peut parvenir à la connaissance en passant spontanément, dans un contexte donné, d'une expérience à un jugement. Ce modèle comporte deux niveaux: le premier est celui des relations inférentielles entre des propositions, et ne concerne pas directement la perception, alors que le second est celui de transitions particulières et naturelles entre des états mentaux particuliers, dont la perception.

Research paper thumbnail of Philosophie de l'esprit

Introduction à la philosophie analytique de l'esprit

Research paper thumbnail of Qui a peur des qualia corporels?

Research paper thumbnail of Le cercle bipolaire Intentionnalité et contenu perceptif

Il est évident qu'en réalité nos sens sont muets. Quoique Descartes et d'autres parlent du « témo... more Il est évident qu'en réalité nos sens sont muets. Quoique Descartes et d'autres parlent du « témoignage de nos sens », nos sens ne nous disent rien du tout ni en vrai ni en faux (J. L. Austin).

Research paper thumbnail of (pour le Précis de philosophie analytique)

Research paper thumbnail of L’interprétation ordinaire, entre simulation et méta-représentation

Philosophiques, 2000

Philosophiques L'interprétation ordinaire, entre simulation et métareprésentation Jérôme Dokic Qu... more Philosophiques L'interprétation ordinaire, entre simulation et métareprésentation Jérôme Dokic Questions d'interprétation Volume 32, numéro 1, Printemps 2005 URI : id.erudit.org/iderudit/011061ar

Research paper thumbnail of Introspection, déploiement et simulation

Research paper thumbnail of Une théorie réflexive du souvenir épisodique

Dialogue, 1997

Cet article porte sur une distinction familière entre deux types de souvenir. La distinction qui ... more Cet article porte sur une distinction familière entre deux types de souvenir. La distinction qui m'intéresse a été établie, certes sous des formes et avec des nuances assez différentes, par Bertrand Russell, Henri Bergson, Alfred Ayer ou Norman Malcolm (entre autres). 1 On peut présenter dans un premier temps cette distinction par le biais d'un contraste grammatical entre deux types de comptes rendus du souvenir: ceux de la forme "S se souvient que p", où S est un sujet et "p" une proposition, et ceux de la forme "S se souvient de x", où x est un objet, un événement, une scène, une personne, etc., c'est-à-dire, en tout cas, une entité réelle numériquement déterminée. Suivant une terminologie courante, je vais appeler souvenirs "factuels" les souvenirs décrits par les premiers comptes rendus, et souvenirs "épisodiques" (ou "autobiographiques") ceux décrits par les seconds. 2 L'article est structuré de la manière suivante. Dans la première section, je présente l'énigme que pose la distinction entre le souvenir épisodique et le souvenir factuel. Dans la deuxième section, je suggère que cette distinction concerne ce que les psychologues appellent le souvenir explicite -ce qui me permet de mettre de côté ici le cas des souvenirs implicites. Dans la troisième section, je tente de clarifier la notion de souvenir épisodique en tenant compte de certaines analogies et différences avec la notion de perception simple (ou non épistémique) introduite par Dretske. Dans la quatrième section, je discute une proposition de Gareth Evans pour comprendre la distinction entre les deux types de souvenir. La dernière section est plus positive: je suggère que la particularité du souvenir épisodique par rapport au souvenir factuel concerne la présence d'un élément réflexif.

Research paper thumbnail of Un aspect du cartésianisme en philosophie de l'esprit

Studia Philosophica, 1996

UN ASPECT DU CARTESIANISME EN PHILOSOPHIE DE L'ESPRIT * Eros Corazza et Jérôme Dokic Univers... more UN ASPECT DU CARTESIANISME EN PHILOSOPHIE DE L'ESPRIT * Eros Corazza et Jérôme Dokic Université de Nottingham, Université de Genève 0. Introduction Nous discutons dans cet article d'une forme de "cartésianisme" dont a hérité la philosophie de l'esprit ...

Research paper thumbnail of Condillac, philosophe du langage, Annonce de Parution, ENS Editions, 2016

Que Condillac soit un « philosophe du langage » est une cause entendue. Encore faut-il savoir e... more Que Condillac soit un « philosophe du langage » est une cause entendue. Encore faut-il savoir en quel sens il peut l'être. Qu'il soit philosophe, au sens du XVIIIe siècle, et qu’il ait beaucoup écrit sur le langage suffit-il à faire de lui un « philosophe du langage » au sens où le XXe siècle en a consacré l’expression ? Ses commentaires sur la tradition des grammairiens ou son étonnant Dictionnaire des synonymes relèvent-ils vraiment de la « philosophie du langage » ? Comment juger de son intérêt pour l’origine du langage, longtemps tenu comme obscur par les linguistes ? Fait-il de lui aujourd’hui un précurseur de la paléo-linguistique ? Au fil d’une enquête rigoureuse menée par des chercheurs de diverses disciplines, historiens de la philosophie, philosophes du langage, linguistes, lexicographes, ce volume propose un parcours surprenant, menant de la philosophie contemporaine du langage à l’analyse de la langue française, en passant par la théorie de la langue. De la « philosophie du langage » à l’art d’écrire, en somme.

Sommaire

Introduction – Condillac, philosophe du langage ?
Aliènor Bertrand
I. Langage et action
Le protolangage : de quoi les hominidés parlaient-ils ?
Jean-Louis Dessalles
Condillac et le proto-langage, entre autres précurseurs
Jérôme Dokic
Deux définitions du langage d'action, ou deux théories de l'esprit ?
Aliènor Bertrand
II. Art de penser et art de parler
De l'idée vague dans l'Art de penser de Condillac
Michel Malherbe
Le statut du nom dans la grammaire générale de Condillac ?
Martine Pécharman
III. Système de la langue et analyse de la langue française
Le Dictionnaire des synonymes ou du bon usage de l'analogie
Jean-Christophe Abramovici
Le travail de l'esprit politique. De Condillac au nominalisme politique de Sieyès
Jacques Guilhaumou
IV. La dimension discursive
L'art d'écrire de Condillac
Sonia Branca-Rosoff