isabelle grell | École Normale Supérieure (original) (raw)

Papers by isabelle grell

Research paper thumbnail of Incipit enjeux de la chair.docx

les enjeux (en-je) de la chair, Académia Bruylant, 2017 Colloque de l'ENS 2015

Research paper thumbnail of 2017 CV I. Grell.doc

Curriculum Vitae/ Lebenslauf

Research paper thumbnail of Doubrovsky parle du Monstre à TELERAMA

Research paper thumbnail of 128 Autofiction, Armand Colin, sept. 2014

Research paper thumbnail of 128 autofiction, armand colin, 2014

L’autofiction est un « phénomène » littéraire qui a supplanté l’autobiographie. Ce nouveau roman ... more L’autofiction est un « phénomène » littéraire qui a supplanté l’autobiographie. Ce nouveau roman du « Je » est officiellement qualifié en 1977 par Serge Doubrovsky dans le fameux texte de quatrième de couverture de son roman Fils. Ce terme donne lieu aujourd’hui comme hier à de nombreuses controverses théoriques, esthétiques et morales.
Au tournant d’un millénaire et en réponse aux tumultes culturels, sociaux et politiques s’est installé un débat autour de la pratique de l’autofiction et de ses réflexions sur la place de l’individu dans une société où le virtuel enjambe le réel, où les limites traditionnelles éclatent et les mœurs se transforment.
Au vu des disparités théoriques engendrées par l’apparition de ce terme et du questionnement sur le pacte entre le lecteur et l’auteur, Isabelle Grell propose ici de clarifier les diverses approches conceptuelles.

Isabelle Grell est professeur de littérature allemande et chercheuse associée de l’équipe Sartre à l’ITEM où elle dirige le groupe Genèses d’autofictions.

Research paper thumbnail of Serge Doubrovsky aurait-il inventé le terme d'autofiction sans avoir vécu l'Occupation?

Serge Doubrovsky aurait-il ressenti la nécessité de s'ancrer, tel qu'il l'a fait, avec le néologi... more Serge Doubrovsky aurait-il ressenti la nécessité de s'ancrer, tel qu'il l'a fait, avec le néologisme crée en 1977 d'autofiction, s'il n'avait pas vécu, subi l'occupation germano-pétainiste ? En mettant le projecteur sur trois temps, nommément la pré-occupation, l'occupation et la post-occupation que nous éclairerons les procédés du « devenir-langage » d'un jeune garçon à qui le droit de parler avait été retiré et qui en fera une cause du peuple.

Research paper thumbnail of Explication génétique du dossier Le Monstre de Serge Doubrovsky, Grasset, 9 avril 2014

Research paper thumbnail of CV 2014

Research paper thumbnail of conférence: Serge Doubrovsky aurait-il inventé le terme d'autofiction sans avoir vécu sous l'Occupation? Belgrade 2013

Research paper thumbnail of Genèse et autofiction http://presses.univ-lyon2.fr/produit.php?id_produit=845

Research paper thumbnail of Pourquoi Serge Doubrovsky n'a pu éviter le terme d'autofiction

Genèse et Autofiction, 2007

Research paper thumbnail of L Invention de l'autofiction, Serge Doubrovsky. Colloque à NY, mars 2012

L'invention de l'autofiction en trois étapes : le temps de l'écriture, la recherche des titres et... more L'invention de l'autofiction en trois étapes : le temps de l'écriture, la recherche des titres et celle d'un style Isabelle Grell pour NYU Il y a quelques années déjà, Serge Doubrovsky me confia une petite dizaine de caisses en carton et une valise mouchetée noir et blanc remplis de ses avant-textes, les manuscrits (tapuscrits) de son entreprise d'écriture aboutissant à FILS. Il l'écrivit entre 1969 et 1976/77, suite à la mort accidentelle de sa mère en 68 et après avoir commencé une psychanalyse avec le néofreudien Robert Akeret à NY. Cette aventure langagière, vécue corps et âme confondus, le conduira vers ce terme autour duquel Tom Bishop et Camille Laurens nous ont rassemblés, dans ce lieu où Serge Doubrovsky fut si longtemps professeur : l'autofiction. Dans cette intervention, je vous parlerai d'abord de la genèse du Monstre, donnant les chiffres essentiels des différents moments rédactionnels. Il sera aussi question de la structuration du roman à venir et des phases de réécriture. Dans un second temps je souhaite vous emmener dans le pays de la création pratique, in vivo, de ce qui devint le « style » autofictionnel doubrovskien et ce qui en est le fondement esthétique. Pour ceux qui n'ont pas le « roman » en tête, juste un petit rappel : FILS raconte une journée entière d'un personnage qui s'appelle JSD. Dans la première partie, STRATES, on est projeté dans des bribes de rêves, de souvenirs multiples (SEINS, meurtre, chatons) qui excitent notre curiosité par leur diversité dans le temps et dans les thèmes. Ce n'est qu'à la p. 22 que le lecteur commence à comprendre qu'un homme est en train de se réveiller difficilement, ayant la veille avalé trop de barbituriques pour pouvoir enfin dormir. Il se lève, fait ses exercices de gymnastique, avec toutes les pensées et les associations qui lui traversent la tête, puis ensuite ce même personnage est brusquement projeté dans les rues de NY (2 e partie : STREETS), en route vers son rendez-vous chez Akeret. Dans la section centrale, REVES, SD raconte à son psychanalyste un rêve qu'il a eu la veille « I had a dream last night », Fils, p. 158, f° [525] 501, vf 127 (CD VI). La séance d'analyse dure 200 pages. Ensuite un chapitre intitulé CHAIR narre hors analyse la mort de sa mère, Renée Weitzmann, survenue en 1968. Suit le chapitre CHAIRE où le personnage se retrouve prof à NYU. Le livre prend fin sur un chapitre appelé LE MONSTRE où on assiste à une géniale explication de texte donnée aux étudiants du récit de Théramène dans Phèdre. En l'expliquant, il ré-enroule et retisse tous les fils de sa propre vie et de ce qui s'est dit en séance d'analyse.

Research paper thumbnail of journal AUTOFICTION n° 1

Research paper thumbnail of Carlo Pulsoni inteviewe Isabelle Grell

Research paper thumbnail of La Madeleine à l'envers, interview avec Serge Doubrovsky lors de la réédition en 2012

Research paper thumbnail of Serge Doubrovsky, les points sur les I, Colloque Autofiction(s), Claude Burgelin, Isabelle Grell, PUL, 2011

Lorsque je réfléchis non seulement au mot « autofiction », mais à mon oeuvre en général, une ques... more Lorsque je réfléchis non seulement au mot « autofiction », mais à mon oeuvre en général, une question se pose à moi : d'où tout cela vient-il ? Quelle en est l'origine ? Je dois ici retourner à mes propres origines, et je dédie cette intervention à mon grand-père, qui était un homme illettré, venu je ne sais pas comment de Dombrowicz, en Pologne, jusqu'à Odessa. De là, il s'embarqua à ce qui s'appelait à l'époque Constantinople, sur un bateau qui se dirigeait vers New York, pour un voyage au cours duquel quinze personnes, dont lui, ont attrapé le typhus -cela devait être vers 1885. Le bateau a dû se rendre dans le premier port venu, où tous les malades furent débarqués. Voilà la raison pour laquelle mon grand-père s'est retrouvé en France. Il n'avait probablement jamais entendu parler de ce pays, mais, en fin de compte, a fait son chemin dans ce pays dont il ne connaissait pas la langue. Sa fille, ma mère, lui lisait le journal, puisqu'il ne savait pas lire. Mon père, quant à lui, venait d'Ukraine. Il était lettré, mais ne connaissait pas la langue française. Ses deux langues étaient la langue que l'on parlait en famille et entre amis, c'est-à-dire le yiddish, et le russe, lorsqu'il sortait à l'extérieur. Comme il était brillant, il avait été admis au lycée, avec les fils de « barines ». On comprend qu'étant petit-fils et fils de ces hommes qui était étrangers à la culture française, je sois fier d'avoir inventé un mot de la langue française, même si le reste de mon oeuvre est voué à disparaître un jour. 10 Marguerite Duras, L'Amant, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 14. 11 Alain Robbe-Grillet, Le Miroir qui revient, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 27. Mettre des instantanés « véritablement (logiquement) bout à bout » : c'était là le but de l'autobiographie classique. 12 Serge Doubrovsky, Le Livre brisé, Paris, Grasset, 1989.

Research paper thumbnail of L'Evasion, de Serge Doubrovsky. Un avant texte de La Dispersion, La Revue Littéraire, POL

Research paper thumbnail of « Et si Sartre avait terminé La Dernière Chance ? », L’année sartrienne, n° 26, 2013, 26 pages.

On a beaucoup parlé de l'inachèvement presque systématique des écrits de Sartre, qu'ils soient ph... more On a beaucoup parlé de l'inachèvement presque systématique des écrits de Sartre, qu'ils soient philosophiques, romanesques ou critiques. L'impossible accomplissement de La Dernière Chance se trouve être d'autant plus significatif que Sartre tenait à son roman et qu'il avait, dans le détail, réfléchi à l'évolution que la vie des héros des deux premiers tomes devait suivre. La preuve en est, non seulement le fragment publié sous le titre de Drôle d'amitié dans Les Temps modernes de novembre et décembre 1949, mais surtout les deux dossiers génétiques, dont celui de G. H. Bauer qui avait, en 1964, acheté à un vendeur d'autographes parisien installé sur les quais un ensemble fort hétérogène contenant non seulement des brouillons de La Mort dans l'âme et de La Dernière Chance, mais aussi des notes sur Genet, sur la Révolution, sur Milli et des papiers épars de correspondance éditoriale pour les films et les traductions de Sartre. Outre cet ensemble Bauer, déposé par sa veuve à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library de la Yale University, nous connaissons l'existence d'un manuscrit autographe constitué de 223 feuillets. Le catalogue de la bibliothèque Gérard de Berny (vente du 12 mai 1959 à l'Hôtel Drouot, salle n° 8 -II e partie, p. 61, art. 164) reproduit une page qui met en scène, dans un camp de prisonniers, Mathieu, Pinette, Charlot et Garnier. Malheureusement, le procès de vente n'est pas consultable aux des Archives de Paris, ni dans le carton D.42 (3)/221 contenant les procès-verbaux des ventes effectuées par maître Étienne Ader du 8 janvier au 29 juin 1959, ni dans le carton suivant D. 42E (3)/222, dont les dates s'échelonnent du 2 juillet au 22 décembre. Ce fragment fut acquis en 1959 par le professeur Millot et remis en vente le 15 juin 1991. La vente fut annoncée dans le catalogue de la vente par Ader Picard Tajan, commissaires-priseurs associés, de la Bibliothèque du Professeur Millot : Littérature contemporaine -Surréalisme, Paris, Hôtel George V. Le manuscrit relatif à La Dernière Chance est la pièce 105 du catalogue, décrite ainsi : « [La Dernière Chance] Manuscrit autographe (s. d.) 223 p. in-4, feuilles de classeur petit format perforées. Quelques ratures et corrections. Il s'agit de la Dernière chance. 4 e volume de la mort dans l'âme [sic] qui n'a jamais paru intégralement 1 . » 1 Y sont jointes dix-neuf photos de Sartre et des acteurs qui ont joué ses pièces.

Research paper thumbnail of L'Evasion de Serge Doubrovsky, La revue littéraire, n 36, sept. 2008

né en mai 1928 à Paris, incarne depuis 1977 le terme qu'il a créé et dont la critique aujourd'hui... more né en mai 1928 à Paris, incarne depuis 1977 le terme qu'il a créé et dont la critique aujourd'hui use et abuse : l'autofiction. A la sortie de Fils 2 , attiré par le titre étrange (fils d'une mère, fils d'Ariane ?), le futur lecteur découvrait en quatrième de couverture la formule suivante : « Autobiographie ? Non. Fiction, d'événements et de faits strictement réels. Si l'on veut, autofiction, d'avoir confié le langage d'une aventure à l'aventure d'un langage en liberté 3 .» Si ce terme était apparu sous la plume de Serge Doubrovsky seulement au milieu des années 70, qu'en était-il de son écriture avant qu'il l'ait liée autant à l'autobiographie qu'à la fiction, avant qu'il « fictivise » (pour reprendre son propre terme) la réalité de sa vie à travers un emploi des mots consonantique ? Dans le contexte qui est le nôtre, il n'est pas inintéressant de rappeler qu'à de multiples reprises Serge Doubrovsky affirme n'écrire ses romans qu'à la machine. Dactylographier directement ses pensées sur une feuille blanche qui ressemble à une feuille du livre à venir lui permet d'agir sur la langue de manière plus visuelle, plus mécanique, mais plus sentie aussi, plus entendue, les mots s'accrochant les uns aux autres selon leur son, selon leur 1 Michel Contat, Portraits et rencontres, « Serge Doubrovsky : Quand je n'écris pas, je ne suis pas un écrivain », Genève, Editions Zoé, 2005, p. 232 sq. 2 Serge Doubrovsky, Fils, Paris, Galilée, 1977, rééd. Folio, 2001.

Research paper thumbnail of a propos de l'autofiction, interview, Hoppala, 2012

A propos de l'autofiction : entretien d'Isabelle Grell avec Alain Gabriel Monot », Hoppala, n° 26... more A propos de l'autofiction : entretien d'Isabelle Grell avec Alain Gabriel Monot », Hoppala, n° 26, juin 2012. 1. AGM : Pouvez-vous décrire les origines et les caractéristiques majeures de l'autofiction française ? IG : Suite au mouvement littéraire du Nouveau Roman qui clamait haut et fort la mort de l'auteur, l'autofiction s'est imposée comme un des chantiers les plus ouverts, les plus vivants de la littérature actuelle. Le terme d'autofiction dont aujourd'hui bcp abusent a vu officiellement le jour en 1977 sur la quatrième de couverture du second « roman » de Serge Doubrovsky Fils. On y lit « Autobiographie ? Non. Fiction, d'événements et de faits strictement réels. Si l'on veut, autofiction, d'avoir confié le langage d'une aventure à l'aventure d'un langage en liberté ». Tout est dit. Serge Doubrovsky avait rempli la fameuse case vide de la bible des théoriciens intéressés par les écrits intimes, celle où un auteur ne pouvais pas porter son propre nom en tant que narrateur et écrire de la fiction. Tout est clair…, et rien. Les discussions dans les cafés attrapées au vol lorsque je bois un café sur une terrasse (surtout parisienne), les articles nombreux dans des revues telle Femme actuelle, Elle, Psychologie mais aussi La Revue Littéraires, Esprit, Le Monde, la NRF et alii, les blogs littéraires des auteurs euxmêmes (Chloé Delaume, Claire Legendre etc. etc.) ou des théoriciens (dont le nôtre http://autofiction.org)

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les enjeux (en-je) de la chair, Académia Bruylant, 2017 Colloque de l'ENS 2015

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Curriculum Vitae/ Lebenslauf

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Research paper thumbnail of 128 autofiction, armand colin, 2014

L’autofiction est un « phénomène » littéraire qui a supplanté l’autobiographie. Ce nouveau roman ... more L’autofiction est un « phénomène » littéraire qui a supplanté l’autobiographie. Ce nouveau roman du « Je » est officiellement qualifié en 1977 par Serge Doubrovsky dans le fameux texte de quatrième de couverture de son roman Fils. Ce terme donne lieu aujourd’hui comme hier à de nombreuses controverses théoriques, esthétiques et morales.
Au tournant d’un millénaire et en réponse aux tumultes culturels, sociaux et politiques s’est installé un débat autour de la pratique de l’autofiction et de ses réflexions sur la place de l’individu dans une société où le virtuel enjambe le réel, où les limites traditionnelles éclatent et les mœurs se transforment.
Au vu des disparités théoriques engendrées par l’apparition de ce terme et du questionnement sur le pacte entre le lecteur et l’auteur, Isabelle Grell propose ici de clarifier les diverses approches conceptuelles.

Isabelle Grell est professeur de littérature allemande et chercheuse associée de l’équipe Sartre à l’ITEM où elle dirige le groupe Genèses d’autofictions.

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Serge Doubrovsky aurait-il ressenti la nécessité de s'ancrer, tel qu'il l'a fait, avec le néologi... more Serge Doubrovsky aurait-il ressenti la nécessité de s'ancrer, tel qu'il l'a fait, avec le néologisme crée en 1977 d'autofiction, s'il n'avait pas vécu, subi l'occupation germano-pétainiste ? En mettant le projecteur sur trois temps, nommément la pré-occupation, l'occupation et la post-occupation que nous éclairerons les procédés du « devenir-langage » d'un jeune garçon à qui le droit de parler avait été retiré et qui en fera une cause du peuple.

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Genèse et Autofiction, 2007

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L'invention de l'autofiction en trois étapes : le temps de l'écriture, la recherche des titres et... more L'invention de l'autofiction en trois étapes : le temps de l'écriture, la recherche des titres et celle d'un style Isabelle Grell pour NYU Il y a quelques années déjà, Serge Doubrovsky me confia une petite dizaine de caisses en carton et une valise mouchetée noir et blanc remplis de ses avant-textes, les manuscrits (tapuscrits) de son entreprise d'écriture aboutissant à FILS. Il l'écrivit entre 1969 et 1976/77, suite à la mort accidentelle de sa mère en 68 et après avoir commencé une psychanalyse avec le néofreudien Robert Akeret à NY. Cette aventure langagière, vécue corps et âme confondus, le conduira vers ce terme autour duquel Tom Bishop et Camille Laurens nous ont rassemblés, dans ce lieu où Serge Doubrovsky fut si longtemps professeur : l'autofiction. Dans cette intervention, je vous parlerai d'abord de la genèse du Monstre, donnant les chiffres essentiels des différents moments rédactionnels. Il sera aussi question de la structuration du roman à venir et des phases de réécriture. Dans un second temps je souhaite vous emmener dans le pays de la création pratique, in vivo, de ce qui devint le « style » autofictionnel doubrovskien et ce qui en est le fondement esthétique. Pour ceux qui n'ont pas le « roman » en tête, juste un petit rappel : FILS raconte une journée entière d'un personnage qui s'appelle JSD. Dans la première partie, STRATES, on est projeté dans des bribes de rêves, de souvenirs multiples (SEINS, meurtre, chatons) qui excitent notre curiosité par leur diversité dans le temps et dans les thèmes. Ce n'est qu'à la p. 22 que le lecteur commence à comprendre qu'un homme est en train de se réveiller difficilement, ayant la veille avalé trop de barbituriques pour pouvoir enfin dormir. Il se lève, fait ses exercices de gymnastique, avec toutes les pensées et les associations qui lui traversent la tête, puis ensuite ce même personnage est brusquement projeté dans les rues de NY (2 e partie : STREETS), en route vers son rendez-vous chez Akeret. Dans la section centrale, REVES, SD raconte à son psychanalyste un rêve qu'il a eu la veille « I had a dream last night », Fils, p. 158, f° [525] 501, vf 127 (CD VI). La séance d'analyse dure 200 pages. Ensuite un chapitre intitulé CHAIR narre hors analyse la mort de sa mère, Renée Weitzmann, survenue en 1968. Suit le chapitre CHAIRE où le personnage se retrouve prof à NYU. Le livre prend fin sur un chapitre appelé LE MONSTRE où on assiste à une géniale explication de texte donnée aux étudiants du récit de Théramène dans Phèdre. En l'expliquant, il ré-enroule et retisse tous les fils de sa propre vie et de ce qui s'est dit en séance d'analyse.

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Lorsque je réfléchis non seulement au mot « autofiction », mais à mon oeuvre en général, une ques... more Lorsque je réfléchis non seulement au mot « autofiction », mais à mon oeuvre en général, une question se pose à moi : d'où tout cela vient-il ? Quelle en est l'origine ? Je dois ici retourner à mes propres origines, et je dédie cette intervention à mon grand-père, qui était un homme illettré, venu je ne sais pas comment de Dombrowicz, en Pologne, jusqu'à Odessa. De là, il s'embarqua à ce qui s'appelait à l'époque Constantinople, sur un bateau qui se dirigeait vers New York, pour un voyage au cours duquel quinze personnes, dont lui, ont attrapé le typhus -cela devait être vers 1885. Le bateau a dû se rendre dans le premier port venu, où tous les malades furent débarqués. Voilà la raison pour laquelle mon grand-père s'est retrouvé en France. Il n'avait probablement jamais entendu parler de ce pays, mais, en fin de compte, a fait son chemin dans ce pays dont il ne connaissait pas la langue. Sa fille, ma mère, lui lisait le journal, puisqu'il ne savait pas lire. Mon père, quant à lui, venait d'Ukraine. Il était lettré, mais ne connaissait pas la langue française. Ses deux langues étaient la langue que l'on parlait en famille et entre amis, c'est-à-dire le yiddish, et le russe, lorsqu'il sortait à l'extérieur. Comme il était brillant, il avait été admis au lycée, avec les fils de « barines ». On comprend qu'étant petit-fils et fils de ces hommes qui était étrangers à la culture française, je sois fier d'avoir inventé un mot de la langue française, même si le reste de mon oeuvre est voué à disparaître un jour. 10 Marguerite Duras, L'Amant, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 14. 11 Alain Robbe-Grillet, Le Miroir qui revient, Paris, Éditions de Minuit, 1984, p. 27. Mettre des instantanés « véritablement (logiquement) bout à bout » : c'était là le but de l'autobiographie classique. 12 Serge Doubrovsky, Le Livre brisé, Paris, Grasset, 1989.

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On a beaucoup parlé de l'inachèvement presque systématique des écrits de Sartre, qu'ils soient ph... more On a beaucoup parlé de l'inachèvement presque systématique des écrits de Sartre, qu'ils soient philosophiques, romanesques ou critiques. L'impossible accomplissement de La Dernière Chance se trouve être d'autant plus significatif que Sartre tenait à son roman et qu'il avait, dans le détail, réfléchi à l'évolution que la vie des héros des deux premiers tomes devait suivre. La preuve en est, non seulement le fragment publié sous le titre de Drôle d'amitié dans Les Temps modernes de novembre et décembre 1949, mais surtout les deux dossiers génétiques, dont celui de G. H. Bauer qui avait, en 1964, acheté à un vendeur d'autographes parisien installé sur les quais un ensemble fort hétérogène contenant non seulement des brouillons de La Mort dans l'âme et de La Dernière Chance, mais aussi des notes sur Genet, sur la Révolution, sur Milli et des papiers épars de correspondance éditoriale pour les films et les traductions de Sartre. Outre cet ensemble Bauer, déposé par sa veuve à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library de la Yale University, nous connaissons l'existence d'un manuscrit autographe constitué de 223 feuillets. Le catalogue de la bibliothèque Gérard de Berny (vente du 12 mai 1959 à l'Hôtel Drouot, salle n° 8 -II e partie, p. 61, art. 164) reproduit une page qui met en scène, dans un camp de prisonniers, Mathieu, Pinette, Charlot et Garnier. Malheureusement, le procès de vente n'est pas consultable aux des Archives de Paris, ni dans le carton D.42 (3)/221 contenant les procès-verbaux des ventes effectuées par maître Étienne Ader du 8 janvier au 29 juin 1959, ni dans le carton suivant D. 42E (3)/222, dont les dates s'échelonnent du 2 juillet au 22 décembre. Ce fragment fut acquis en 1959 par le professeur Millot et remis en vente le 15 juin 1991. La vente fut annoncée dans le catalogue de la vente par Ader Picard Tajan, commissaires-priseurs associés, de la Bibliothèque du Professeur Millot : Littérature contemporaine -Surréalisme, Paris, Hôtel George V. Le manuscrit relatif à La Dernière Chance est la pièce 105 du catalogue, décrite ainsi : « [La Dernière Chance] Manuscrit autographe (s. d.) 223 p. in-4, feuilles de classeur petit format perforées. Quelques ratures et corrections. Il s'agit de la Dernière chance. 4 e volume de la mort dans l'âme [sic] qui n'a jamais paru intégralement 1 . » 1 Y sont jointes dix-neuf photos de Sartre et des acteurs qui ont joué ses pièces.

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né en mai 1928 à Paris, incarne depuis 1977 le terme qu'il a créé et dont la critique aujourd'hui... more né en mai 1928 à Paris, incarne depuis 1977 le terme qu'il a créé et dont la critique aujourd'hui use et abuse : l'autofiction. A la sortie de Fils 2 , attiré par le titre étrange (fils d'une mère, fils d'Ariane ?), le futur lecteur découvrait en quatrième de couverture la formule suivante : « Autobiographie ? Non. Fiction, d'événements et de faits strictement réels. Si l'on veut, autofiction, d'avoir confié le langage d'une aventure à l'aventure d'un langage en liberté 3 .» Si ce terme était apparu sous la plume de Serge Doubrovsky seulement au milieu des années 70, qu'en était-il de son écriture avant qu'il l'ait liée autant à l'autobiographie qu'à la fiction, avant qu'il « fictivise » (pour reprendre son propre terme) la réalité de sa vie à travers un emploi des mots consonantique ? Dans le contexte qui est le nôtre, il n'est pas inintéressant de rappeler qu'à de multiples reprises Serge Doubrovsky affirme n'écrire ses romans qu'à la machine. Dactylographier directement ses pensées sur une feuille blanche qui ressemble à une feuille du livre à venir lui permet d'agir sur la langue de manière plus visuelle, plus mécanique, mais plus sentie aussi, plus entendue, les mots s'accrochant les uns aux autres selon leur son, selon leur 1 Michel Contat, Portraits et rencontres, « Serge Doubrovsky : Quand je n'écris pas, je ne suis pas un écrivain », Genève, Editions Zoé, 2005, p. 232 sq. 2 Serge Doubrovsky, Fils, Paris, Galilée, 1977, rééd. Folio, 2001.

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A propos de l'autofiction : entretien d'Isabelle Grell avec Alain Gabriel Monot », Hoppala, n° 26... more A propos de l'autofiction : entretien d'Isabelle Grell avec Alain Gabriel Monot », Hoppala, n° 26, juin 2012. 1. AGM : Pouvez-vous décrire les origines et les caractéristiques majeures de l'autofiction française ? IG : Suite au mouvement littéraire du Nouveau Roman qui clamait haut et fort la mort de l'auteur, l'autofiction s'est imposée comme un des chantiers les plus ouverts, les plus vivants de la littérature actuelle. Le terme d'autofiction dont aujourd'hui bcp abusent a vu officiellement le jour en 1977 sur la quatrième de couverture du second « roman » de Serge Doubrovsky Fils. On y lit « Autobiographie ? Non. Fiction, d'événements et de faits strictement réels. Si l'on veut, autofiction, d'avoir confié le langage d'une aventure à l'aventure d'un langage en liberté ». Tout est dit. Serge Doubrovsky avait rempli la fameuse case vide de la bible des théoriciens intéressés par les écrits intimes, celle où un auteur ne pouvais pas porter son propre nom en tant que narrateur et écrire de la fiction. Tout est clair…, et rien. Les discussions dans les cafés attrapées au vol lorsque je bois un café sur une terrasse (surtout parisienne), les articles nombreux dans des revues telle Femme actuelle, Elle, Psychologie mais aussi La Revue Littéraires, Esprit, Le Monde, la NRF et alii, les blogs littéraires des auteurs euxmêmes (Chloé Delaume, Claire Legendre etc. etc.) ou des théoriciens (dont le nôtre http://autofiction.org)

Research paper thumbnail of Colloque international « Camille Laurens : le labyrinthe et le kaléidoscope » dirigé par

dirigé par Isabelle Grell (ITEM/CNRS) et Sylvie Loignon (Université de Caen Normandie, Laslar EA4... more dirigé par Isabelle Grell (ITEM/CNRS) et Sylvie Loignon (Université de Caen Normandie, Laslar EA4256) en partenariat avec l'IMEC Programme provisoire Jeudi 2 mars 2017 9h15 Accueil des participants 9h45 Ouverture du colloque par Brigitte Diaz (directrice du Laslar EA 4256), Isabelle Grell (ITEM/CNRS) et Sylvie Loignon (Université de Caen Normandie, Laslar EA 4256)

Research paper thumbnail of "Ce corps qui n’est pas soi : nihilisme, dualisme et autofiction chez Arcan"

A paraître dans: Grell, Isabelle (s.l.d.), Les enjeux (en-je) de la chair dans l'écriture autofi... more A paraître dans:
Grell, Isabelle (s.l.d.), Les enjeux (en-je) de la chair dans l'écriture autofictionnelle, EME Éditions, 2017, p. 27-41.