FLORENCE MRAIZIKA | Ecole Pratique des Hautes Etudes (original) (raw)

Drafts by FLORENCE MRAIZIKA

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Le rite islamique : des bicéphalies du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique. Mraizika Chaussy ... more Le rite islamique : des bicéphalies du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique. Mraizika Chaussy Florence (EPHE, Doctorante Histoire textes documents) Cet article vise à rendre visible un champ d'analyse du fonctionnement essentiellement politique du Coran qui cite rarement ses sources textuelles et cultuelles de références surtout quand il en reprend les apports, et qu'il se pose comme révélateur légitime de la parole de Dieu. Au niveau des attitudes cultuelles, il y a un antagonisme profond entre deux visions frontales, antagonisme qui se camouffle sous un vocabulaire lâche et polysémantique. Pour séparer le mythe et la vérité, nous avons utilisé des méthodes philologiques pour consolider nos analyses codicologiques ; ces études conjointes peuvent être sollicitées pour mieux cerner et comprendre la diversité et la complexité des attitudes cultuelles dans cette communauté en proie à la fitna. Comme nous le démontrons, le Coran n'est qu'illusoirement vecteur d'un culte − sinon minimaliste −; c'est essentiellement une orthopraxie créée résultant d'un travail scribal et exégétique qui est fondamentalement et exclusivement livrée à l'appréciation des exégètes et dont la valeur se définie toujours dans sa compétition avec les autres messages-la Bible et sources apocryphes. Nous limiterons la réflexion dans cette contribution à la question qui se voyait refuser sa légitimité depuis des siècles par tous les niveaux des débats sur l'islam, son essence d'atemporalité. Ainsi, l'objet de cette étude est de voir si le Coran contient des marqueurs idéologiques temporels, des traces matérielles d'interventions politiques concernant le culte ? Le Coran contient-il des marqueurs idéologiques temporels, des traces matérielles d'interventions politiques concernant le culte ? Non, si on se fie à la légende pieuse professant un texte intemporel en dehors des affres politiques, un texte et un culte universels dès les origines. Cependant, la « légendotologie islamique » postule simultanément un texte sorti du temps et un texte épousant comme un gant la vie de Muḥammad, la relecture du Coran à l'aune des méandres politiques de la sirah est incompatible avec le dogme de l'atemporalité. La « légendotologie islamique » postule un culte originel et hors de toute vicissitude mais rétabli par cette figure emblématique suite à un conflit historique avec le judaïsme. Donc on peut affirmer d'ores et déjà que oui le Coran contient intrinsèquement ces marqueurs temporels, il suffit d'être attentif au sens des mots, de collecter minutieusement les hétérogénéités des discours et des documents au fil des sourates et de prendre comme grille de lecture la bicéphalie du ḥaram et des cultes. Oui, la fonction de purification du culte attribué simultanément à Muḥammad et à Ismaël est un marqueur temporel de cette action politique. Ainsi la vulgate canonisée du texte intemporel est proclamée « uthmanienne » (marqueur temporel), la qibla du culte des origines est imposée hiérosolymitaine 1 puis mecquoise au fil des coalitions opérées selon la légende islamique par le réceptacle historique du discours sacré atemporel. Les rites quant à 1. La strate exégétique évoque un conflit de qiblas.

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La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : ... more La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : kitāb-sans préciser son nom-qu'une ordonnance : katabnā-légiférante. Ce flou coranique du mot « livre », kitāb est commode puisqu'il permet la transition en douceur entre un assemblage de feuillets sacrés palpables et disponibles dans leur matérialité au moment de l'énonciation, feuillets-liturgiques ?-collectés de façon différentielle suivant les compagnons de Muhammad « et un Livre, canonique en cours d'édition, « la Vulgate » des omeyades, dite d'Uthman, dont la voix mystérieuse se superpose sans cesse à celle d'Allah. Le mot kitāb est donc un mot éminemment idéologique mais ses contours graphiques et sémantiques sont poreux. Il faut noter l'inversion chronologique surprenante : dans le judéo-christianisme, le Livre suit toujours l'Alliance qu'il narre, l'Alliance étant l'acte premier alors que pour l'islam, le Livre, la Vulgate précède-sur une table prééternelle incréée-le Pacte mythique de l'umma convoquée et créée par le kitāb. Ce sont tous ces contours sémantiques, pluriels et auto-référentiels et ces graphies variables du ductus kitāb et qur'an qui seront l'objet de notre attention, toujours dans cette optique de convoquer les témoins matériels de signification. Le mot kitāb, dans le sens recueil finalisé (livre) subit bien des réécritures comme le montre le folio suivant du codex-WEII au verset Q3/20-ou encore l'intervention, plus tardive d'une autre main-au début du verset 1 de la sourate 31 d'un codex de Sana ou enfin dans le verset 21 de la sourate 73. Or ces deux premiers versets présents dans la Vulgate effectuent la glose de la descente de l'objet livre, auto-référentiel. Le troisième verset qui comporte 80 mots résume la doxa sur le qur'an et les basiques de l'islam. Le rasm de qur'an est lui aussi, très mouvementé si on considère le document 4. Mais le témoin le plus intéressant de ces mises en scène du kitāb est très certainement le DAM 27, 1 qui n'est pas pourvu, dans sa recension différente et réduite, d'innombrables références au kitāb. Si une absence de folio voire de versets peut s'expliquer par de multiples causes et expliquer ces lacunes, le caractère répété et isotrope du phénomène « absence du mot kitāb aux connotations spécifiques » ainsi que la cohérence et l'unité incroyable de ce bloc constitué par l'ensemble des occurrences absentes ne s'expliquent en aucun cas par le hasard. Ainsi, le texte global résultant de la mise bout à bout de ces segments absents du DAM 27 évoquant tous le kitāb (livre vulgate) est d'une cohérence indiscutable et inattendue. Ce sont tous, pour la plupart, des séquences au début des sourates qui mettent en scène la descente céleste. Ces lacunes contiennent toutes les précieuses précisions spécifiquement coranique sur l'arabité et la clarté de l'objet et la totalité des explications de son don inouï au Messager présentées par « à toi ». 1 Scriptio supérieure.

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La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : ... more La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : kitābsans préciser son nom -qu'une ordonnance : katabnālégiférante.

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Le Coran déclame sans cesse l'épopée des hauts faits de l'Alliance. Il ne fait que cela. Il regor... more Le Coran déclame sans cesse l'épopée des hauts faits de l'Alliance. Il ne fait que cela. Il regorge de toutes les typologies de celle-ci : exode réactualisé en hiǧra, invocations enflammées au Mont Ṭūr sīnīn – Sinaï transplanté en Arabie méridionale –, hyper sacralisation et focalisation de l'espace divin – maison de Dieu et espaces consacrés à Dieu (ḥaram ) – descentes incessantes de signes –‘ayat –, Shekinah apaisante accompagnant l’ouverture de l’ultime combat et enfin de l’Esprit Saint planant sur certains élus, élevés (2/253, 19/17, 4/171, 2/87, 16/102). Cette Shekinah, manifestation particulière de la présence de Dieu, en certains lieux ou à certaines personnes, dans des circonstances exceptionnelles – sur le Sinaï (Ex 24, 14-15), dans la tente de réunion (Ex 40. 34-35) et dans le Temple de Jérusalem (1 R 8, 10-11 ; Ez 43,4-6), la montagne du sanctuaire – « descend » sur le messager aux sourates 2, 9, 48 x2 – lors d’un combat eschatologique.

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MRAIZIKA FLORENCE

Les derniers šāhid (témoins) de la composition du culte islamique 1 Mraizika Florence (EPHE, doct... more Les derniers šāhid (témoins) de la composition du culte islamique 1 Mraizika Florence (EPHE, doctorante Histoire : textes, documents) PARTIE 2 Le corpus coranique, dans ses versions actuelles ou anciennes, contient-il des stigmates d'une intervention politique concernant la genèse du culte islamique ? Le témoignage des anciens codex est primordial puisque leurs folios sont les seuls témoins, les seuls šāhid d'époque ! Dans une première partie, nous avons montré, en groupant bon nombre de faits discontinus, que la sphère politique, elle-même discontinue avait été ostensiblement aux premières loges lors de la recension et de la composition coraniques : c'est elle qui, simultanément à cette compilation de folios, avait organisé le culte islamique dans sa variante hiérosolymitaine (omeyyade) puis mecquoise (abbasside). Hormis ces deux témoignages sur le culte, l'un inscrit dans les méandres des lignes multicolores des parchemins d'époque et l'autre tapis dans les gestes et les « pierres » 2 sacrés du culte, nous avons les « narratifs» islamiques et les disparates récits de contemporains des faits. 3 Ainsi, selon les récits de la tradition, Umar, aux commandes de processus de collections coraniques a aussi donné son nom à une porte et à une mosquée de Jérusalem, il aurait, de surcroît, occupé le mihrab de David pour y légiférer. 4 Mu'awiya, dont les documents officiels comportaient une croix (Document 1), avait élu, pour lieu d'allégeance, l'esplanade du Temple et pour lieu de prière, le Mont des Oliviers, Gethsémani. 5 Uthman, illustre pour son activisme dans la destruction des codex d'Hafsa, avait choisi le titre judéo-chrétien de faruq (sauveur) lors de son entrée à Jérusalem sur un âne. Ainsi, la double activité du pouvoir sur le corpus sacré et sur le culte qui s'y lit, n'est donc niée, ni des « récits » ni des « pierres ». Document 1 : Inscription Grec du bain (hamam), Hamman Gadara., au nom du Calife Muawiya (radi Allah anhu). The early history of islam. The hiddens origins of islam. Heinz Ohlig et Gert Puin.

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Le rite islamique : de la bicéphalie du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique ? Le Coran invite... more Le rite islamique : de la bicéphalie du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique ? Le Coran invite-il à prier vers le ḥaram de Jérusalem ou celui de La Mecque ? Les sources islamiques tentent d'éclairer péniblement cette bicéphalie pour relier une histoire imminent bipolaire et le personnage qui impose et endosse la responsabilité de ce changement est Muhammad. Les conflits avec la communauté juive sont invoqués pour justifier un choix divin ou idéologique ? Le Coran contient-il des marqueurs cultuels idéologiques Le Coran contient-il des marqueurs idéologiques, des traces matérielles d'interventions politiques concernant le culte ? Non, si on se fie à la légende pieuse professant un texte intemporel-épousant la vie de Muhammad-et un culte originel hors de toute vicissitude. Oui, si on est attentif au sens des mots, si on observe minutieusement les hétérogénéités des discours, des textes et des lieux du culte. La vulgate canonisée est proclamée « uthmanienne », la qibla est imposée hiérosolymitaine 1 puis mecquoise au fil des coalitions et les rites sont de véritables palimpsestes judéo-nabatéens. 2 Ainsi, contrairement au mythe consensuel ressassé à l'infini, les sources islamiques elles-mêmes, 3 insistent sur l'effort de l'appareil califal pour rectifier toute lecture divergente, les polémiques avec les Gens du Livre sont au coeur du texte sacré et nombreux sont les récits décrivant l'islamisation lente et progressive des lieux de prière 4. Mais ce travail, éminemment politique pour définir le culte at -il laissé des traces décelables sur les codex et notamment dans les textes traitant de ce sujet ? Cette idée a été développée par G. Puin 5 , E.M Gallez 6 , Muhammad Moezzi 7 et F.Deroche 8. Ce dernier évoque : « un Coran non canonique en strate inférieure », « un texte différent entre les mains », « les variantes sont là », « des versets en plus ou en moins », « les enjeux politiques sont très clairs », « les détenteurs d'autres versions », « la division entre politique et religieux n'est pas nette ». G.Dye prête à 'Abd al-Malik, l'intention d'avoir un texte « par lequel toute la communauté islamique, et elle seule, puisse se définir […] un texte qui soit sous le contrôle du pouvoir, qui l'imposera progressivement». Dans le même registre, les variations et les corrections signalées par E-M. Gallez concernant la polémique anti-juive ou anti-chrétienne sont aussi liées à un pouvoir qui cherche ses marques. L'hypothèse de J.J Walter sur des strates de composition, étalée sur deux cent ans permet non seulement une meilleure compréhension de la genèse éditoriale mais éclaire aussi sur l'étendue des signatures.

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Le rite islamique : des bicéphalies du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique. Mraizika Chaussy ... more Le rite islamique : des bicéphalies du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique. Mraizika Chaussy Florence (EPHE, Doctorante Histoire textes documents) Cet article vise à rendre visible un champ d'analyse du fonctionnement essentiellement politique du Coran qui cite rarement ses sources textuelles et cultuelles de références surtout quand il en reprend les apports, et qu'il se pose comme révélateur légitime de la parole de Dieu. Au niveau des attitudes cultuelles, il y a un antagonisme profond entre deux visions frontales, antagonisme qui se camouffle sous un vocabulaire lâche et polysémantique. Pour séparer le mythe et la vérité, nous avons utilisé des méthodes philologiques pour consolider nos analyses codicologiques ; ces études conjointes peuvent être sollicitées pour mieux cerner et comprendre la diversité et la complexité des attitudes cultuelles dans cette communauté en proie à la fitna. Comme nous le démontrons, le Coran n'est qu'illusoirement vecteur d'un culte − sinon minimaliste −; c'est essentiellement une orthopraxie créée résultant d'un travail scribal et exégétique qui est fondamentalement et exclusivement livrée à l'appréciation des exégètes et dont la valeur se définie toujours dans sa compétition avec les autres messages-la Bible et sources apocryphes. Nous limiterons la réflexion dans cette contribution à la question qui se voyait refuser sa légitimité depuis des siècles par tous les niveaux des débats sur l'islam, son essence d'atemporalité. Ainsi, l'objet de cette étude est de voir si le Coran contient des marqueurs idéologiques temporels, des traces matérielles d'interventions politiques concernant le culte ? Le Coran contient-il des marqueurs idéologiques temporels, des traces matérielles d'interventions politiques concernant le culte ? Non, si on se fie à la légende pieuse professant un texte intemporel en dehors des affres politiques, un texte et un culte universels dès les origines. Cependant, la « légendotologie islamique » postule simultanément un texte sorti du temps et un texte épousant comme un gant la vie de Muḥammad, la relecture du Coran à l'aune des méandres politiques de la sirah est incompatible avec le dogme de l'atemporalité. La « légendotologie islamique » postule un culte originel et hors de toute vicissitude mais rétabli par cette figure emblématique suite à un conflit historique avec le judaïsme. Donc on peut affirmer d'ores et déjà que oui le Coran contient intrinsèquement ces marqueurs temporels, il suffit d'être attentif au sens des mots, de collecter minutieusement les hétérogénéités des discours et des documents au fil des sourates et de prendre comme grille de lecture la bicéphalie du ḥaram et des cultes. Oui, la fonction de purification du culte attribué simultanément à Muḥammad et à Ismaël est un marqueur temporel de cette action politique. Ainsi la vulgate canonisée du texte intemporel est proclamée « uthmanienne » (marqueur temporel), la qibla du culte des origines est imposée hiérosolymitaine 1 puis mecquoise au fil des coalitions opérées selon la légende islamique par le réceptacle historique du discours sacré atemporel. Les rites quant à 1. La strate exégétique évoque un conflit de qiblas.

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La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : ... more La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : kitāb-sans préciser son nom-qu'une ordonnance : katabnā-légiférante. Ce flou coranique du mot « livre », kitāb est commode puisqu'il permet la transition en douceur entre un assemblage de feuillets sacrés palpables et disponibles dans leur matérialité au moment de l'énonciation, feuillets-liturgiques ?-collectés de façon différentielle suivant les compagnons de Muhammad « et un Livre, canonique en cours d'édition, « la Vulgate » des omeyades, dite d'Uthman, dont la voix mystérieuse se superpose sans cesse à celle d'Allah. Le mot kitāb est donc un mot éminemment idéologique mais ses contours graphiques et sémantiques sont poreux. Il faut noter l'inversion chronologique surprenante : dans le judéo-christianisme, le Livre suit toujours l'Alliance qu'il narre, l'Alliance étant l'acte premier alors que pour l'islam, le Livre, la Vulgate précède-sur une table prééternelle incréée-le Pacte mythique de l'umma convoquée et créée par le kitāb. Ce sont tous ces contours sémantiques, pluriels et auto-référentiels et ces graphies variables du ductus kitāb et qur'an qui seront l'objet de notre attention, toujours dans cette optique de convoquer les témoins matériels de signification. Le mot kitāb, dans le sens recueil finalisé (livre) subit bien des réécritures comme le montre le folio suivant du codex-WEII au verset Q3/20-ou encore l'intervention, plus tardive d'une autre main-au début du verset 1 de la sourate 31 d'un codex de Sana ou enfin dans le verset 21 de la sourate 73. Or ces deux premiers versets présents dans la Vulgate effectuent la glose de la descente de l'objet livre, auto-référentiel. Le troisième verset qui comporte 80 mots résume la doxa sur le qur'an et les basiques de l'islam. Le rasm de qur'an est lui aussi, très mouvementé si on considère le document 4. Mais le témoin le plus intéressant de ces mises en scène du kitāb est très certainement le DAM 27, 1 qui n'est pas pourvu, dans sa recension différente et réduite, d'innombrables références au kitāb. Si une absence de folio voire de versets peut s'expliquer par de multiples causes et expliquer ces lacunes, le caractère répété et isotrope du phénomène « absence du mot kitāb aux connotations spécifiques » ainsi que la cohérence et l'unité incroyable de ce bloc constitué par l'ensemble des occurrences absentes ne s'expliquent en aucun cas par le hasard. Ainsi, le texte global résultant de la mise bout à bout de ces segments absents du DAM 27 évoquant tous le kitāb (livre vulgate) est d'une cohérence indiscutable et inattendue. Ce sont tous, pour la plupart, des séquences au début des sourates qui mettent en scène la descente céleste. Ces lacunes contiennent toutes les précieuses précisions spécifiquement coranique sur l'arabité et la clarté de l'objet et la totalité des explications de son don inouï au Messager présentées par « à toi ». 1 Scriptio supérieure.

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La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : ... more La racine ktb, qui apparaît plus de 300 fois dans le Coran, peut désigner tout autant un livre : kitābsans préciser son nom -qu'une ordonnance : katabnālégiférante.

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Le Coran déclame sans cesse l'épopée des hauts faits de l'Alliance. Il ne fait que cela. Il regor... more Le Coran déclame sans cesse l'épopée des hauts faits de l'Alliance. Il ne fait que cela. Il regorge de toutes les typologies de celle-ci : exode réactualisé en hiǧra, invocations enflammées au Mont Ṭūr sīnīn – Sinaï transplanté en Arabie méridionale –, hyper sacralisation et focalisation de l'espace divin – maison de Dieu et espaces consacrés à Dieu (ḥaram ) – descentes incessantes de signes –‘ayat –, Shekinah apaisante accompagnant l’ouverture de l’ultime combat et enfin de l’Esprit Saint planant sur certains élus, élevés (2/253, 19/17, 4/171, 2/87, 16/102). Cette Shekinah, manifestation particulière de la présence de Dieu, en certains lieux ou à certaines personnes, dans des circonstances exceptionnelles – sur le Sinaï (Ex 24, 14-15), dans la tente de réunion (Ex 40. 34-35) et dans le Temple de Jérusalem (1 R 8, 10-11 ; Ez 43,4-6), la montagne du sanctuaire – « descend » sur le messager aux sourates 2, 9, 48 x2 – lors d’un combat eschatologique.

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MRAIZIKA FLORENCE

Les derniers šāhid (témoins) de la composition du culte islamique 1 Mraizika Florence (EPHE, doct... more Les derniers šāhid (témoins) de la composition du culte islamique 1 Mraizika Florence (EPHE, doctorante Histoire : textes, documents) PARTIE 2 Le corpus coranique, dans ses versions actuelles ou anciennes, contient-il des stigmates d'une intervention politique concernant la genèse du culte islamique ? Le témoignage des anciens codex est primordial puisque leurs folios sont les seuls témoins, les seuls šāhid d'époque ! Dans une première partie, nous avons montré, en groupant bon nombre de faits discontinus, que la sphère politique, elle-même discontinue avait été ostensiblement aux premières loges lors de la recension et de la composition coraniques : c'est elle qui, simultanément à cette compilation de folios, avait organisé le culte islamique dans sa variante hiérosolymitaine (omeyyade) puis mecquoise (abbasside). Hormis ces deux témoignages sur le culte, l'un inscrit dans les méandres des lignes multicolores des parchemins d'époque et l'autre tapis dans les gestes et les « pierres » 2 sacrés du culte, nous avons les « narratifs» islamiques et les disparates récits de contemporains des faits. 3 Ainsi, selon les récits de la tradition, Umar, aux commandes de processus de collections coraniques a aussi donné son nom à une porte et à une mosquée de Jérusalem, il aurait, de surcroît, occupé le mihrab de David pour y légiférer. 4 Mu'awiya, dont les documents officiels comportaient une croix (Document 1), avait élu, pour lieu d'allégeance, l'esplanade du Temple et pour lieu de prière, le Mont des Oliviers, Gethsémani. 5 Uthman, illustre pour son activisme dans la destruction des codex d'Hafsa, avait choisi le titre judéo-chrétien de faruq (sauveur) lors de son entrée à Jérusalem sur un âne. Ainsi, la double activité du pouvoir sur le corpus sacré et sur le culte qui s'y lit, n'est donc niée, ni des « récits » ni des « pierres ». Document 1 : Inscription Grec du bain (hamam), Hamman Gadara., au nom du Calife Muawiya (radi Allah anhu). The early history of islam. The hiddens origins of islam. Heinz Ohlig et Gert Puin.

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Le rite islamique : de la bicéphalie du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique ? Le Coran invite... more Le rite islamique : de la bicéphalie du ḥaram et du pouvoir au puzzle coranique ? Le Coran invite-il à prier vers le ḥaram de Jérusalem ou celui de La Mecque ? Les sources islamiques tentent d'éclairer péniblement cette bicéphalie pour relier une histoire imminent bipolaire et le personnage qui impose et endosse la responsabilité de ce changement est Muhammad. Les conflits avec la communauté juive sont invoqués pour justifier un choix divin ou idéologique ? Le Coran contient-il des marqueurs cultuels idéologiques Le Coran contient-il des marqueurs idéologiques, des traces matérielles d'interventions politiques concernant le culte ? Non, si on se fie à la légende pieuse professant un texte intemporel-épousant la vie de Muhammad-et un culte originel hors de toute vicissitude. Oui, si on est attentif au sens des mots, si on observe minutieusement les hétérogénéités des discours, des textes et des lieux du culte. La vulgate canonisée est proclamée « uthmanienne », la qibla est imposée hiérosolymitaine 1 puis mecquoise au fil des coalitions et les rites sont de véritables palimpsestes judéo-nabatéens. 2 Ainsi, contrairement au mythe consensuel ressassé à l'infini, les sources islamiques elles-mêmes, 3 insistent sur l'effort de l'appareil califal pour rectifier toute lecture divergente, les polémiques avec les Gens du Livre sont au coeur du texte sacré et nombreux sont les récits décrivant l'islamisation lente et progressive des lieux de prière 4. Mais ce travail, éminemment politique pour définir le culte at -il laissé des traces décelables sur les codex et notamment dans les textes traitant de ce sujet ? Cette idée a été développée par G. Puin 5 , E.M Gallez 6 , Muhammad Moezzi 7 et F.Deroche 8. Ce dernier évoque : « un Coran non canonique en strate inférieure », « un texte différent entre les mains », « les variantes sont là », « des versets en plus ou en moins », « les enjeux politiques sont très clairs », « les détenteurs d'autres versions », « la division entre politique et religieux n'est pas nette ». G.Dye prête à 'Abd al-Malik, l'intention d'avoir un texte « par lequel toute la communauté islamique, et elle seule, puisse se définir […] un texte qui soit sous le contrôle du pouvoir, qui l'imposera progressivement». Dans le même registre, les variations et les corrections signalées par E-M. Gallez concernant la polémique anti-juive ou anti-chrétienne sont aussi liées à un pouvoir qui cherche ses marques. L'hypothèse de J.J Walter sur des strates de composition, étalée sur deux cent ans permet non seulement une meilleure compréhension de la genèse éditoriale mais éclaire aussi sur l'étendue des signatures.