Wikipédia, l'encyclopédie libre (original) (raw)
Article labellisé du jour
Thé avec ses ustensiles pour une consommation quotidienne.
Le thé au Japon est un élément important de la culture. Il y fait son apparition à l'époque de Nara (710-794), introduit dans l'archipel par des ambassadeurs revenant de Chine, mais son réel développement est plus tardif, à compter de la fin du XIIe siècle quand sa consommation se répand dans le milieu des temples zen, là encore à l'imitation de la Chine ; il s'agit alors de thé en poudre qui est bu après avoir été battu (appelé matcha de nos jours). Il devient une boisson courante pour les élites de l'époque médiévale, où se formalise au XVIe siècle l'art de la « cérémonie du thé » qui constitue un des éléments emblématiques de la culture japonaise, dont l'influence dépasse le simple contexte de la consommation du thé. La culture du théier se développe durant l'époque pré-moderne, en particulier durant l'époque d'Edo (1603-1868), le thé étant alors devenu une boisson populaire consommée dans toutes les strates de la société. De nouvelles façons de transformer et consommer les feuilles de théier sont mises au point, en premier lieu le sencha, feuilles de thé à infuser dont l'oxydation a été stoppée par la vapeur, qui devient la plus courante.
À l'époque actuelle, une poignée de préfectures se partagent la culture des plantations de théiers (Shizuoka, Kagoshima, Mie), dont les feuilles, cueillies pour la plupart de façon mécanique, servent à produire des thés verts, en premier lieu du sencha, mais aussi des variétés moins réputées comme le bancha, ou plus élaborées comme le gyokuro. Certains terroirs disposent d'une réputation ancienne dans la production de thés de qualité, en premier lieu celui d'Uji dans la préfecture de Kyoto. Avec une production annuelle d'environ 80 000 tonnes, le Japon n'est pas un grand producteur de thé à l'échelle mondiale, pas plus qu'il n'est un grand exportateur ni même un grand importateur puisqu'il consomme la majeure partie de sa production. Les feuilles de thé sont désormais majoritairement employées pour concevoir des boissons au thé vendues en bouteilles en plastique, produit de consommation plus rapide prisé dans la société des années 2010 et décliné en de nombreuses variantes, dont la consommation a supplanté celle des feuilles en vrac à partir du milieu des années 2000, alors qu'en parallèle d'autres boissons comme le café et les sodas ont dépassé le thé dans les dépenses domestiques des Japonais. La consommation de thé se renouvelle également par la mise au point de nouveaux produits et une utilisation accrue de la poudre de thé matcha dans la gastronomie.
Le thé jouit depuis longtemps d'une grande importance dans la culture japonaise, qui a certes repris de nombreux éléments de la culture chinoise du thé mais y a ajouté les siens propres, à commencer par la cérémonie du thé, qui a conquis le milieu des élites médiévales puis a été promue à l'époque moderne comme un des éléments caractéristiques de la culture traditionnelle japonaise, et est présentée comme telle sur les sites touristiques et lors d'événements diplomatiques. Elle a donné lieu à une esthétique spécifique, qui concerne aussi bien les lieux où se tient la cérémonie que les objets utilisés, qui font l'objet d'une grande attention tant dans leur conception que dans leur utilisation, ce qui participe du « culte de l'objet » typique de l'esthétique japonaise.