Marion Charpenel | Université de Rouen (original) (raw)
Papers by Marion Charpenel
French politics, 2020
The article traces the story of equal pay policy formation from the early 1980s to the present, f... more The article traces the story of equal pay policy formation from the early 1980s to the present, from agenda-setting to policy adoption through to implementation, evaluation and outcomes. Until 2010, equal pay policy was implemented through collective bargaining at company and sector levels within a legal framework that failed to establish penalties for non-compliance. Persistent mobilization of feminist actors inside and outside of government contributed to breaking with this symbolic policy. A financial penalty for non-compliant companies was established. The article shows that the strengthening of the existing framework was not sufficient to counter the reluctance of companies to make a solid commitment to closing the gender pay gap, and the outcome appears to be a clear case of “gender accommodation” in GEPP terms. However, recent feminist mobilization around more effective implementation on equal pay suggests that the struggle for more authoritative equal pay policies in the firm is still on the policy agenda.
Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2018
En France, au début des années 1970, au moment où les mobilisations féministes connaissent un reg... more En France, au début des années 1970, au moment où les mobilisations féministes connaissent un regain d’activité et stimulent la demande sociale en connaissances sur le passé des femmes, l’université et la recherche historique s’ouvrent à l’histoire des femmes. À partir de 1972, des enseignements et des groupes de recherche spécialisés se créent. Ces premiers temps de l’institutionnalisation se caractérisent par une grande proximité entre l’histoire des femmes et le champ militant féministe. Mais à partir du début des années 1980, ces historiennes, qui cherchent une légitimité institutionnelle, prennent progressivement leurs distances par rapport au politique. Cette stratégie d’intégration aux institutions se traduit, dans les recherches, par un évitement de l’objet mémoire. Les années 1990 marquent cependant les limites du processus d’externalisation de la cause des femmes : face aux résistances des institutions de recherche et d’enseignement supérieur et sous l’effet du développement de l’histoire des féminismes, les historiennes des femmes renouent avec des normes et des pratiques militantes et s’investissent plus directement dans les usages politiques du passé, en collaboration avec les autres pôles de l’espace de la cause des femmes. En analysant à la fois comment les historiennes des femmes se saisissent de la mémoire comme objet d’étude et comment elles s’engagent dans des pratiques de construction du passé à des fins politiques, cet article met au jour l’évolution du rapport de l’histoire des femmes à la cause des femmes.
Travail, genre et sociétés , 2017
Cet article présente les premiers résultats d’une étude portant sur la négociation et la mise en ... more Cet article présente les premiers résultats d’une étude portant sur la négociation et la mise en œuvre des accords d’égalité professionnelle en entreprise. L’analyse de 186 textes amène une conclusion majeure : il existe peu de différences entre les accords − signés par au moins une organisation syndicale − et les plans d'action élaborés unilatéralement par la Direction. Ce constat surprenant questionne l'efficacité de la voie choisie par le législateur, qui fait de la négociation une modalité privilégiée pour atteindre l'égalité. Au-delà d'une perspective évaluative de l'action publique, ce résultat pose aussi des questions en termes de sociologie des relations professionnelles. Quelles sont les raisons qui expliquent que la négociation n'aboutisse pas (ou peu) à d'autres politiques d'égalité que celles envisagées unilatéralement par les Directions ? Une analyse approfondie des logiques des acteurs et des usages qui sont faits du dispositif permet de dégager trois grands éléments de réponse : tout d'abord, des difficultés pour les auteurs des textes à objectiver la structure des inégalités dans l'entreprise et donc à adapter les mesures à la situation locale ; ensuite, la faiblesse générale des budgets alloués à l'égalité, qui contraint le choix des moyens d'action et conduit à leur standardisation ; enfin, une approche de l'égalité souvent réduite à la question de la mixité, ce qui a pour effet de concentrer l'attention des partenaires sociaux sur un nombre limité de problématiques et sur certaines catégories de salarié.e.s.
Education et sociétés, 2016
La pensée politique a été longtemps marquée par une dichotomie entre privé et public. Dans les an... more La pensée politique a été longtemps marquée par une dichotomie entre privé et public. Dans les années 1960, les mouvements féministes affirment “le privé est politique” et invitent à penser les questions soulevées dans ces deux sphères comme interdépendantes. En France, au cours des années 1970, la création de groupes de parole favorise le partage entre femmes de leurs vécus personnels et intimes, de leurs expériences de la domination masculine. La raison d’être de ces groupes est triple : permettre aux femmes de prendre la parole sans avoir à se battre avec les hommes ; valoriser leur point de vue subjectif comme source de savoir ; rassembler des expériences vécues isolément et générer des solidarités. Cet article, qui s’appuie sur deux immersions dans le mouvement féministe français (2005-2006 et 2007-2010), est centré sur le partage de vécus en collectif. Il montre d’abord que cette pratique participe à la traduction concrète de l’utopie féministe aux échelles individuelle, collective et sociale. Il souligne ensuite l’affirmation d’un sujet collectif féministe et, au-delà, un renouvellement du langage, passant progressivement du strict entre soi des années 1970 à une publicisation des récits échangés et contribuant à faire évoluer les façons de dire le privé ou l’intime.
Le 4 octobre 2002, Sohane Benziane, 17 ans, est brûlée vive dans un local à poubelles de la cité ... more Le 4 octobre 2002, Sohane Benziane, 17 ans, est brûlée vive dans un local à poubelles de la cité Balzac, à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. Cet article revient sur les différentes «opérations de cadrage », menées par des militantes féministes, qui ont abouti à la qualification de la mort de Sohane en « crime sexiste », faisant ainsi entrer l’événement dans l’histoire des luttes féministes. Cet article aborde aussi la façon dont l’assassinat de Sohane Benziane a marqué l’espace de la cause des femmes, rendant notamment visible une rupture générationnelle.
Puis, en mettant l’accent sur les processus de construction du souvenir, on entend montrer comment, à la faveur des commémorations, l’événement a fait l’objet de réinterprétations, qui ont permis de rétablir de la continuité entre des sous-groupes ou des générations qui s’étaient opposés au moment où l’évènement est advenu dans l’histoire du mouvement.
Cet article revient sur les raisons pour laquelle la science politique française a longtemps fait... more Cet article revient sur les raisons pour laquelle la science politique française a longtemps fait du féminisme un « non-objet d’études » alors même qu’en tant que positionnement politique, il aurait pu susciter des travaux au même titre que le socialisme ou le pacifisme. Il s’agit de montrer la diversité des réalités sociales contenues dans ce terme et de décrire à la fois les systèmes de pensée qu’il sous-tend, les mouvements sociaux organisés dans lesquels il s’incarne – au niveau national comme international – et les politiques publiques qu’il suscite.
Cet article montre aussi en quoi, en raison de leur longévité historique et de leur déploiement à l’intérieur des institutions, les mouvements féministes constituent des voies d’entrée idéales pour repenser à la fois la temporalité de l’action collective et les frontières des mouvements sociaux.
Cette contribution constitue l’une des questions introductives du dictionnaire. Il s’agit d’une é... more Cette contribution constitue l’une des questions introductives du dictionnaire. Il s’agit d’une ébauche d’histoire de la mémoire de 68, depuis les lendemains de l’événement jusqu’à nos jours, en montrant notamment l’importance croissante de cet épisode historique dans la mémoire des Français. L’évolution qui a conduit à cette prépondérance dans la mémoire collective y est analysée en relation avec ce que l’historien Jean-Pierre Rioux appelle la « construction d’un Mai mythique » à partir de la fin des années 1970. Devenant avant tout synonyme de révolte étudiante et de libération des mœurs, l’antigaullisme et les luttes ouvrières se trouvant alors relégués au second plan, l’appauvrissement qualitatif du souvenir de Mai 68 semble la condition de son enrichissement quantitatif, de son appropriation par le plus grand nombre. Malgré ce « lissage » de l’image de 68, la mémoire de mai reste clivée selon le positionnement gauche-droite et selon les générations : il existe bien des mémoires de mai 68.
Thesis Chapters by Marion Charpenel
« Le privé est politique ! », Sociologie des mémoires féministes en France.
“The personal is political!”, Sociology of feminist memories in France.
Collaborative research website by Marion Charpenel
Commemorative laws and museum projects as well as other public representations of the past have b... more Commemorative laws and museum projects as well as other public representations of the past have been a constant source of controversy over recent decades, both in France and elsewhere. However, these debates, which are often heated, have not yet fuelled the hope that we are collectively able to learn “lessons from the past”. On the contrary, the management sciences applied to our violent political legacies (dictatorships, civil war, genocide) have increased, and quickly shifted from universities to national and international public policies, such as those known as policies of “transitional justice”.
The past is evoked not only in teaching but also in order to appease victims, to encourage the guilty to recognise their crimes, and to bring about reconciliation in society. Furthermore, “commemoration” and “transmission” are supposed to give individuals, who have thus been made aware of the shadows in the past, the tools with which to refuse discrimination, intolerance and violence in the present. The past indeed has “lessons” to teach us. Rare are those who question the idea that evocations of the past in the present – through laws, schools, museums or specialised institutions – have an impact on the public.
The internet website "MEMORY: WHAT FOR?" (http://memorywf.hypotheses.org) aims to question this self-evidence. This belief is challenged, along with other frequently expressed banalities about the social function of references to the past in contemporary society. These commonplace ideas can be expressed in the form of now-familiar questions, which this website will subject to serious analysis in order to demonstrate that they are poorly framed.
“Are our societies ‘obsessed’ with the past?”
“Must we remember in order to not repeat the errors of the past?”
“Can we learn any lessons from the past?”
“Can remembering the past help create informed citizens, able to refuse violent action?”
“Can we rebuild a society, re-write its ‘social contract’, after war?”
The goal of this site, understood as a space for the sharing of knowledge, is not however, either partly or principally to condemned these commonalities as such. It is much more important for us to try and understand why and how they have become so self-evident, in social sciences as well as in the media and public policy. But we also seek to propose alternative explanations.
If these ideas have become self-evident, it is because they are reassuring : for example, they enable us to avoid the ordinary nature of violence and simplify our reasoning. But it is also because they serve political positions and partly justify certain professional titles and functions – among which for instance, those of some of the authors contributing to this website.
Let us begin by saying that although the politicisation of “memory issues”, such as the development of professions in this area, is entirely legitimate, it has led to the multiplication of discourses that are hollow, unfounded, and badly constructed. These discourses proliferate in the media, in the public space, in public policy, and in the spheres of education and science. In our different areas of specialisation, we have observed that memory policies (or any other form of mobilisation relating to the past) often vehicle convictions that are for the most part disproved by the social sciences. This website seeks to draw out – in the simplest way possible – the consequences of what the social sciences know about our societies’ relationship with the violent past. It aims to provide the clear responses that have been obtained by the social sciences to these often poorly-stated questions.
This internet site is to be the link between the world of academic research on “memory” and the general public – or at least those who deal with the general public on a daily basis: journalists, community workers, cultural institutions or members of the political staff etc. This site is fully based in the social sciences, in the sense that we are convinced that “commemorative policies” cannot be analysed independently of ordinary social practices. It is therefore a website that is scientific, demanding and selective. But it also aims to be accessible to all, using language that is precise, rigorous and simple and posing key questions: it aims to analyse the who, what , when, why and how of memory policies.
Sarah Gensburger and Sandrine Lefranc, CNRS – ISP / Université Paris Ouest
Contact us at : memorysowhat@hotmail.com
Diffusion des savoirs scientifiques by Marion Charpenel
French politics, 2020
The article traces the story of equal pay policy formation from the early 1980s to the present, f... more The article traces the story of equal pay policy formation from the early 1980s to the present, from agenda-setting to policy adoption through to implementation, evaluation and outcomes. Until 2010, equal pay policy was implemented through collective bargaining at company and sector levels within a legal framework that failed to establish penalties for non-compliance. Persistent mobilization of feminist actors inside and outside of government contributed to breaking with this symbolic policy. A financial penalty for non-compliant companies was established. The article shows that the strengthening of the existing framework was not sufficient to counter the reluctance of companies to make a solid commitment to closing the gender pay gap, and the outcome appears to be a clear case of “gender accommodation” in GEPP terms. However, recent feminist mobilization around more effective implementation on equal pay suggests that the struggle for more authoritative equal pay policies in the firm is still on the policy agenda.
Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2018
En France, au début des années 1970, au moment où les mobilisations féministes connaissent un reg... more En France, au début des années 1970, au moment où les mobilisations féministes connaissent un regain d’activité et stimulent la demande sociale en connaissances sur le passé des femmes, l’université et la recherche historique s’ouvrent à l’histoire des femmes. À partir de 1972, des enseignements et des groupes de recherche spécialisés se créent. Ces premiers temps de l’institutionnalisation se caractérisent par une grande proximité entre l’histoire des femmes et le champ militant féministe. Mais à partir du début des années 1980, ces historiennes, qui cherchent une légitimité institutionnelle, prennent progressivement leurs distances par rapport au politique. Cette stratégie d’intégration aux institutions se traduit, dans les recherches, par un évitement de l’objet mémoire. Les années 1990 marquent cependant les limites du processus d’externalisation de la cause des femmes : face aux résistances des institutions de recherche et d’enseignement supérieur et sous l’effet du développement de l’histoire des féminismes, les historiennes des femmes renouent avec des normes et des pratiques militantes et s’investissent plus directement dans les usages politiques du passé, en collaboration avec les autres pôles de l’espace de la cause des femmes. En analysant à la fois comment les historiennes des femmes se saisissent de la mémoire comme objet d’étude et comment elles s’engagent dans des pratiques de construction du passé à des fins politiques, cet article met au jour l’évolution du rapport de l’histoire des femmes à la cause des femmes.
Travail, genre et sociétés , 2017
Cet article présente les premiers résultats d’une étude portant sur la négociation et la mise en ... more Cet article présente les premiers résultats d’une étude portant sur la négociation et la mise en œuvre des accords d’égalité professionnelle en entreprise. L’analyse de 186 textes amène une conclusion majeure : il existe peu de différences entre les accords − signés par au moins une organisation syndicale − et les plans d'action élaborés unilatéralement par la Direction. Ce constat surprenant questionne l'efficacité de la voie choisie par le législateur, qui fait de la négociation une modalité privilégiée pour atteindre l'égalité. Au-delà d'une perspective évaluative de l'action publique, ce résultat pose aussi des questions en termes de sociologie des relations professionnelles. Quelles sont les raisons qui expliquent que la négociation n'aboutisse pas (ou peu) à d'autres politiques d'égalité que celles envisagées unilatéralement par les Directions ? Une analyse approfondie des logiques des acteurs et des usages qui sont faits du dispositif permet de dégager trois grands éléments de réponse : tout d'abord, des difficultés pour les auteurs des textes à objectiver la structure des inégalités dans l'entreprise et donc à adapter les mesures à la situation locale ; ensuite, la faiblesse générale des budgets alloués à l'égalité, qui contraint le choix des moyens d'action et conduit à leur standardisation ; enfin, une approche de l'égalité souvent réduite à la question de la mixité, ce qui a pour effet de concentrer l'attention des partenaires sociaux sur un nombre limité de problématiques et sur certaines catégories de salarié.e.s.
Education et sociétés, 2016
La pensée politique a été longtemps marquée par une dichotomie entre privé et public. Dans les an... more La pensée politique a été longtemps marquée par une dichotomie entre privé et public. Dans les années 1960, les mouvements féministes affirment “le privé est politique” et invitent à penser les questions soulevées dans ces deux sphères comme interdépendantes. En France, au cours des années 1970, la création de groupes de parole favorise le partage entre femmes de leurs vécus personnels et intimes, de leurs expériences de la domination masculine. La raison d’être de ces groupes est triple : permettre aux femmes de prendre la parole sans avoir à se battre avec les hommes ; valoriser leur point de vue subjectif comme source de savoir ; rassembler des expériences vécues isolément et générer des solidarités. Cet article, qui s’appuie sur deux immersions dans le mouvement féministe français (2005-2006 et 2007-2010), est centré sur le partage de vécus en collectif. Il montre d’abord que cette pratique participe à la traduction concrète de l’utopie féministe aux échelles individuelle, collective et sociale. Il souligne ensuite l’affirmation d’un sujet collectif féministe et, au-delà, un renouvellement du langage, passant progressivement du strict entre soi des années 1970 à une publicisation des récits échangés et contribuant à faire évoluer les façons de dire le privé ou l’intime.
Le 4 octobre 2002, Sohane Benziane, 17 ans, est brûlée vive dans un local à poubelles de la cité ... more Le 4 octobre 2002, Sohane Benziane, 17 ans, est brûlée vive dans un local à poubelles de la cité Balzac, à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. Cet article revient sur les différentes «opérations de cadrage », menées par des militantes féministes, qui ont abouti à la qualification de la mort de Sohane en « crime sexiste », faisant ainsi entrer l’événement dans l’histoire des luttes féministes. Cet article aborde aussi la façon dont l’assassinat de Sohane Benziane a marqué l’espace de la cause des femmes, rendant notamment visible une rupture générationnelle.
Puis, en mettant l’accent sur les processus de construction du souvenir, on entend montrer comment, à la faveur des commémorations, l’événement a fait l’objet de réinterprétations, qui ont permis de rétablir de la continuité entre des sous-groupes ou des générations qui s’étaient opposés au moment où l’évènement est advenu dans l’histoire du mouvement.
Cet article revient sur les raisons pour laquelle la science politique française a longtemps fait... more Cet article revient sur les raisons pour laquelle la science politique française a longtemps fait du féminisme un « non-objet d’études » alors même qu’en tant que positionnement politique, il aurait pu susciter des travaux au même titre que le socialisme ou le pacifisme. Il s’agit de montrer la diversité des réalités sociales contenues dans ce terme et de décrire à la fois les systèmes de pensée qu’il sous-tend, les mouvements sociaux organisés dans lesquels il s’incarne – au niveau national comme international – et les politiques publiques qu’il suscite.
Cet article montre aussi en quoi, en raison de leur longévité historique et de leur déploiement à l’intérieur des institutions, les mouvements féministes constituent des voies d’entrée idéales pour repenser à la fois la temporalité de l’action collective et les frontières des mouvements sociaux.
Cette contribution constitue l’une des questions introductives du dictionnaire. Il s’agit d’une é... more Cette contribution constitue l’une des questions introductives du dictionnaire. Il s’agit d’une ébauche d’histoire de la mémoire de 68, depuis les lendemains de l’événement jusqu’à nos jours, en montrant notamment l’importance croissante de cet épisode historique dans la mémoire des Français. L’évolution qui a conduit à cette prépondérance dans la mémoire collective y est analysée en relation avec ce que l’historien Jean-Pierre Rioux appelle la « construction d’un Mai mythique » à partir de la fin des années 1970. Devenant avant tout synonyme de révolte étudiante et de libération des mœurs, l’antigaullisme et les luttes ouvrières se trouvant alors relégués au second plan, l’appauvrissement qualitatif du souvenir de Mai 68 semble la condition de son enrichissement quantitatif, de son appropriation par le plus grand nombre. Malgré ce « lissage » de l’image de 68, la mémoire de mai reste clivée selon le positionnement gauche-droite et selon les générations : il existe bien des mémoires de mai 68.
« Le privé est politique ! », Sociologie des mémoires féministes en France.
“The personal is political!”, Sociology of feminist memories in France.
Commemorative laws and museum projects as well as other public representations of the past have b... more Commemorative laws and museum projects as well as other public representations of the past have been a constant source of controversy over recent decades, both in France and elsewhere. However, these debates, which are often heated, have not yet fuelled the hope that we are collectively able to learn “lessons from the past”. On the contrary, the management sciences applied to our violent political legacies (dictatorships, civil war, genocide) have increased, and quickly shifted from universities to national and international public policies, such as those known as policies of “transitional justice”.
The past is evoked not only in teaching but also in order to appease victims, to encourage the guilty to recognise their crimes, and to bring about reconciliation in society. Furthermore, “commemoration” and “transmission” are supposed to give individuals, who have thus been made aware of the shadows in the past, the tools with which to refuse discrimination, intolerance and violence in the present. The past indeed has “lessons” to teach us. Rare are those who question the idea that evocations of the past in the present – through laws, schools, museums or specialised institutions – have an impact on the public.
The internet website "MEMORY: WHAT FOR?" (http://memorywf.hypotheses.org) aims to question this self-evidence. This belief is challenged, along with other frequently expressed banalities about the social function of references to the past in contemporary society. These commonplace ideas can be expressed in the form of now-familiar questions, which this website will subject to serious analysis in order to demonstrate that they are poorly framed.
“Are our societies ‘obsessed’ with the past?”
“Must we remember in order to not repeat the errors of the past?”
“Can we learn any lessons from the past?”
“Can remembering the past help create informed citizens, able to refuse violent action?”
“Can we rebuild a society, re-write its ‘social contract’, after war?”
The goal of this site, understood as a space for the sharing of knowledge, is not however, either partly or principally to condemned these commonalities as such. It is much more important for us to try and understand why and how they have become so self-evident, in social sciences as well as in the media and public policy. But we also seek to propose alternative explanations.
If these ideas have become self-evident, it is because they are reassuring : for example, they enable us to avoid the ordinary nature of violence and simplify our reasoning. But it is also because they serve political positions and partly justify certain professional titles and functions – among which for instance, those of some of the authors contributing to this website.
Let us begin by saying that although the politicisation of “memory issues”, such as the development of professions in this area, is entirely legitimate, it has led to the multiplication of discourses that are hollow, unfounded, and badly constructed. These discourses proliferate in the media, in the public space, in public policy, and in the spheres of education and science. In our different areas of specialisation, we have observed that memory policies (or any other form of mobilisation relating to the past) often vehicle convictions that are for the most part disproved by the social sciences. This website seeks to draw out – in the simplest way possible – the consequences of what the social sciences know about our societies’ relationship with the violent past. It aims to provide the clear responses that have been obtained by the social sciences to these often poorly-stated questions.
This internet site is to be the link between the world of academic research on “memory” and the general public – or at least those who deal with the general public on a daily basis: journalists, community workers, cultural institutions or members of the political staff etc. This site is fully based in the social sciences, in the sense that we are convinced that “commemorative policies” cannot be analysed independently of ordinary social practices. It is therefore a website that is scientific, demanding and selective. But it also aims to be accessible to all, using language that is precise, rigorous and simple and posing key questions: it aims to analyse the who, what , when, why and how of memory policies.
Sarah Gensburger and Sandrine Lefranc, CNRS – ISP / Université Paris Ouest
Contact us at : memorysowhat@hotmail.com