Lilly Dreams On - Kazy (original) (raw)
Il regardait l’écran avec une telle ardeur qu’elle en avait presque peur. Il avait l’air hypnotisé, mais ce n’était pas la même hypnose que celle qui habitait ses yeux lorsqu’il la regardait elle. Ce n’était pas cette espèce de passion remplie d’admiration et de frustration qui lui donnait envie de lui et l’agaçait en même temps. C’était une hypnose de véritable fascination. A aucun moment il n’avait cligné les yeux.
Il avait mis le son fort. Le plus fort qu’il avait pu, en fait.
Elle savait pourquoi. Logan agissait toujours comme ça.
Elle s’approcha de lui, et voulut poser sa main sur la sienne, mais à ce moment il ramena ses bras autour de lui et s’avança jusqu’au bout du sofa. Il avait l’air d’un petit garçon. Faible. Comme toujours.
Lilly regarda l’écran. Elle trouvait que ce n’était pas sa meilleure performance, et que la vidéo du jour précédent sa mort était bien meilleure, mais elle doutait que Logan serait d’accord pour débattre de ses prouesses au lit. Pourtant, il était bien placé pour le savoir.
Etant morte, elle savait ce que Logan ressentait en ce moment. Un des avantages dans la mort : on ne ressentait rien, mais l’on savait tout. Utile et gonflant à la fois, de l’avis de Lilly, qui adorait ressentir beaucoup de choses. Sauf les cendriers en marbre en pleine figure, évidemment. Mais Aaron ne lui avait pas vraiment demandé son avis avant de s’énerver contre elle.
Connard.
Il n’empêche que c’était un bon coup.
Lilly savait qu’elle était une garce, et si elle avait été vivante, elle aurait… Eté fière. Soyons honnête, elle n’aurait pas une seule fois ressenti le moindre remord. Il ne l’avait pas forcée, et à dire vrai, c’était même elle qui l’avait gravement allumé la première fois. Contrairement à ce que tout le monde pourrait croire, il lui avait fallu du temps avant de parvenir à ses fins. Aaron Echolls n’est pas si rapide qu’on le croit. Il avait même eu des scrupules à coucher avec la petite amie de son fils. Au début.
Et puis après, c’était véritablement devenu un jeu, et cet enfoiré s’était mis en tête de filmer ses exploits. Connard. Il aurait au moins pu lui demander, ils auraient pu s’amuser, plutôt que de jouer les petits adolescents timides et de faire ça dans son dos.
Elle n’avait pas toujours voulu coucher avec Aaron Echolls. Ni sortir avec Logan, d’ailleurs.
Elle lui jeta un regard doux, et soupira – si tant est qu’on puisse soupirer quand on est mort.
Tout le monde s’imaginait que Logan et elle étaient un couple (presque) heureux, explosif et passionnel. Même Veronica s’imaginait des trucs bizarres à l’époque. Comme quoi Lilly l’aimait malgré tout, qu’elle ferait n’importe quoi pour Logan, etc. Lilly n’avait jamais cherché à lui expliquer quoique ce soit, elle n’aurait rien compris à ce moment-là. Hé, on parle de Veronica Mars pré-pétage de câble de Duncan.
N’empêche, elle s’était presque mise à aimer sa mère lorsqu’elle avait appris que Veronica était peut-être sa sœur, et que son couple avec Duncan était probablement de l’inceste. Bon, d’accord, c’était carrément glauque, mais pour une fois que quelque chose de fun se passait à Neptune et pour lequel elle n’avait rien à voir, il fallait en profiter.
Le problème de Lilly, c’était qu’à défaut d’aimer les gens, elle les maternait beaucoup. Non, ne riez pas, c’était vraiment ça. Elle n’aimait pas Veronica. C’était une espèce de poupée Barbie qui vivait dans un monde de fleurs, surprotégée par son père et Duncan, une espèce de gamine à la naïveté parfois agaçante. Pourtant, elle l’adorait. D’abord, parce qu’elle était facile à dominer, et que Lilly adorait dominer les gens. Ensuite, parce qu’elle s’y était attachée, et qu’elle sentait que derrière le lapin-love qu’était Veronica, il y avait une petite garce qui n’hésiterait pas à se conduire comme elle s’il le fallait. Et elle aurait fait n’importe quoi pour elle. Enfin, peut-être. Bon, d’accord, elle ne serait sûrement pas allée jusqu’à mourir pour elle, mais elle aurait moins abandonné un rendez-vous avec Colin Firth.
Elle n’aimait pas Logan non plus. C’était lui qui était venu la draguer, du haut de ses treize ans. Elle, à quatorze ans, avait été plutôt flattée et avait joué avec lui en attendant d’intéresser d’autres garçons plus âgés. Ils avaient rapidement couché ensemble, mais Lilly n’y avait pas prêté beaucoup d’attention. Logan n’était qu’un passe-temps comme un autre. Elle l’aimait bien, il était mignon, mais comme Veronica, elle le trouvait trop faible, trop dépendant d’elle, et ça l’énervait et l’effrayait en même temps.
Elle entendit un reniflement à côté d’elle. Lilly secoua la tête tristement. Et voilà. Il l’aimait trop, et ça l’angoissait d’être vue aussi parfaite par quelqu’un comme Logan. D’accord, elle était proche de la perfection, d’accord elle plaisait à beaucoup de garçons – tous, même. Mais Logan, c’était différent. Elle n’avait jamais été amoureuse de lui, il comptait pour elle bien sûr, elle était quand même sortie avec lui pendant deux ans. Mais ce n’était pas ça. Si, au début, Logan avait été amusant (à toujours la regarder avec des étoiles dans les yeux, à lui promettre monts et merveilles, etc.), il s’était finalement révélé un tantinet gonflant à trop attendre d’elle.
C’était pour ça qu’elle le trompait. Et pour emmerder sa mère, accessoirement. Non, surtout pour emmerder sa mère. Blesser Logan la dérangeait. Un peu. En tout cas, il n’avait pas grand chose à voir dans ses conquêtes d’un soir. Ce n’était pas sa faute, il ne pouvait rien faire de toute façon.
Aaron n’avait pas été le premier sur sa liste. Loin de là. Ce n’était peut-être pas ce que Logan pensait, mais Aaron n’avait pas été le premier non plus avec lequel elle l’avait trompé. Il y avait eu John, Pedro, Chang, Julian, Weevil, et encore d’autres dont elle ne se rappelait pas vraiment.
Evidemment, elle avait toujours été attirée par Aaron. Elle avait vu quelques uns de ses films, elle avait treize ans quand elle l’avait vu pour la première fois – une adolescente stupide qui voyait un acteur pour de vrai – et elle avait été percutée par son charisme, sa prestance, la violence fascinante qui émanait de lui. Elle sentait au plus profond d’elle qu’il n’était pas net, et ça l’avait attirée. Lilly savait depuis longtemps qu’elle n’était pas normale.
Et puis quelque chose qui avait sûrement joué, c’était son désir de comparaison. Elle avait toujours voulu coucher avec deux personnes d’une même famille pour voir si le sexe était génétique – et si c’était le cas, elle avait de toute évidence eu la chance de ne pas hériter de ces gènes, vu les prouesses de ses parents lorsqu’elle avait eu l’horreur d’assister à cette scène traumatisante. La réponse était que non. Le sexe n’était pas génétique.
Alors que Logan voulait toujours être doux, toujours la protéger alors qu’il était plus faible qu’elle, plus jeune, et complètement stupide, Aaron prenait les choses en main, n’hésitait pas à la frapper quelques fois, à l’insulter même. Quand Logan l’ennuyait, Aaron l’excitait. Et il vint bientôt une époque où lorsque Logan lui faisait l’amour, elle couchait mentalement avec Aaron.
Ce qui avait totalement éveillé son désir pour Aaron, d’ailleurs, ça avait été le corps de Logan. Ça avait été voir la violence d’Aaron, la colère, la folie, le malade derrière la beauté, l’apparente désinvolture et la classe qu’il affichait publiquement. C’était de voir comment Aaron Echolls, adulé de toutes les femmes pouvait faire de la vie de son entourage un tel enfer qu’il les menait à sa destruction.
Le jour où Logan était arrivé chez elle en pleurs, plié en deux de douleur, le dos lacéré par une ceinture, elle avait eu envie d’Aaron. Une partie d’elle avait gravement plaint Logan, et l’avait compris, avait tout compris de lui, mais une autre partie, sa partie perverse et totalement malsaine avait eu envie de voir comment un être aussi emporté pouvait être au lit. Si elle pouvait elle aussi le manipuler, le dominer. Si pour une fois elle pouvait trouver quelqu’un qui la dominerait.
Avec le recul, elle se rendait compte qu’elle avait simplement cherché ses limites. Jusqu’où elle pouvait aller, jusqu’à quand elle pouvait gâcher la vie des autres pour être sûre d’exister.
Logan s’était blâmé pendant plus de deux ans pour sa mort. Il s’en voulait toujours, d’ailleurs, et Lilly avait fait tout son possible pour l’aider à ne plus s’en vouloir – Veronica, par exemple – mais Logan était comme ça. Il se blâmait de tout ce qui arrivait aux autres, mais faisait tout ce qui était en son pouvoir pour ruiner sa vie. Les seuls responsables de sa mort, c’était ses parents. S’ils lui avaient accordé plus d’attention au lieu de chérir le Donut, elle ne se serait pas sentie obligée de faire scandale sur scandale pour être sûre que ses parents étaient toujours conscients de son existence. Pour être sûre que sa frigide de mère se souvienne qu’elle l’avait mise un jour au monde.
Lilly regarda les larmes couler doucement sur les joues de Logan.
Elle ne pouvait pas dire qu’elle regrettait. Elle avait été ce qu’elle avait été, et elle avait toujours vécu comme elle l’avait voulu. Sa mort ne la chagrinait pas ; elle n’accordait pas plus d’importance à sa vie que ses propres parents. Mais par contre elle était désolée des conséquences. Lilly n’avait jamais pensé aux conséquences de ses actes, de toute façon elle ne craignait jamais rien. Tromper Logan ? Il lui était totalement soumis et dévoué, aveuglé par l’amour. Faire des crasses à Veronica ? Elle était trop faible pour lui faire la tête ou la détester sur le long terme, admirative devant la confiance qu’elle affichait. Faire enrager ses parents ? Ils tenaient tant à leur précieuse réputation qu’ils se seraient ruinés pour arranger le moindre de ses soucis.
Le plus drôle était à chaque fois de constater les dégâts, justement. Le visage de Veronica lorsqu’elle découvrait le coup bas que lui avait fait Lilly. Voir le regard dévasté et colérique de Logan lorsqu’elle le quittait pour un autre. Observer la rage contenue de sa mère lorsqu’elle revenait ivre et défoncée après avoir fait le mur.
Mais pour la première fois de sa vie – et paradoxalement, c’était dans la mort – Lilly avait détesté les dommages collatéraux. Elle savait qu’elle était importante dans la vie des gens – elle avait tout fait pour – mais à ce point, ce n’était plus drôle.
Morte, elle avait vu Veronica sombrer plus profondément que ce qu’elle aurait jamais pu croire. Elle avait vu Logan s’auto-détruire et devenir un connard fini. Elle avait vu Duncan devenir presque fou. Elle avait assisté à la décadence de tous ceux qu’elle avait affectionné dans sa vie.
Elle avait assisté au martyr de Veronica, de Logan, de Duncan, chacun de leur côté. Elle qui pensait qu’ils seraient plus soudés que jamais, elle les avait vus se détester plus les uns que les autres. La poupée Barbie naïve était devenue une Sydney Bristow quasiment plus garce que Lilly elle-même. Logan était passé de doux ennuyeux à salaud de première. Duncan avait changé son statut : de Donut à dépressif hautement dangereux. Et chacun avait construit son mur.
« Logan » murmura-t-elle.
Il n’entendait pas, évidemment.
« Logan » répéta-t-elle doucement.
Les larmes coulaient toujours sur ses joues. Elle voulait qu’il réagisse. Elle ne voulait pas qu’il continue de gâcher sa vie. Elle voulait qu’il redevienne le doux Logan qui l’aimait à en mourir. D’accord il était ennuyeux comme ça, mais elle savait qu’il avait d’autres choses à faire.
Elle voulait réparer ce qu’elle avait fait. Pour la première fois de sa vie, elle voulait réparer les choses. Ses parents n’avaient aucune importance, ils avaient quasiment tout gagné dans sa mort. Elle travaillait en ce moment à sauver Duncan. Il n’était pas heureux avec Veronica, à vouloir retrouver un passé qui avait totalement disparu. Elle voulait le forcer à reprendre sa vie, à se construire une vie au lieu de vivre dans ce passé révolu. Tout se jouerait bientôt, et elle savait que ce serait pour le mieux.
Mais le Donut n’était pas le plus difficile à aider. Le grand mollusque s’était toujours laissé vivre, et ne s’était jamais battu contre la vie.
« Logan… »
Logan et Veronica étaient déjà un peu plus durs à manipuler et à aider. Il fallait que Logan digère le fait que son père était un véritable connard, et qu’elle n’était plus à regretter. Il fallait que Logan comprenne qu’il y avait beaucoup plus important que de vivre dans le passé, aussi. Qu’elle ne reviendrait pas, la bouche en cœur, le chercher et qu’elle n’irait pas l’aimer comme il aurait voulu qu’elle l’aime. Il fallait qu’il accepte qu’il y avait mieux qu’elle pour lui. Il le savait, évidemment, il était vraiment en train d’évoluer et d’avancer dans sa vie. Il fallait juste qu’il se laisse le temps.
Quant à Veronica, il fallait qu’elle se répare. Duncan avait fait une petite partie du travail en lui offrant une vie simple et pantouflarde. Là, il fallait qu’elle se reconstruise totalement. Qu’elle réapprenne à vivre comme on vit : sainement. Qu’elle arrête de s’en vouloir d’aimer, de faire confiance, et qu’elle arrête de se détester d’avoir été une gentille fille. Il fallait qu’elle réapprenne à s’aimer. Il fallait qu’elle redevienne une poupée Barbie. Une poupée un peu garce, évidemment, mais qu’elle redevienne une poupée quand même.
Une poupée comme elle avait été cet été, dans les bras de Logan.
« Logan ! »
Il se leva, alla prendre la cassette, et effaça son contenu.
« Logan ! » appela-t-elle.
Mais quelqu’un frappa à la porte. Lilly soupira. Au moment où son travail allait commencer à fonctionner ! Logan se leva et alla ouvrir la porte.
« Pour cette expérience, tu as payé cinquante mille dollars ? »
Ils se fixèrent pendant un moment, puis Logan recula, permettant à Keith Mars d’entrer.
« Ouais. Tout ce qui compte, c’est que le web ne télécharge pas d’images de mon bon vieux paternel s’envoyant l’amour de ma vie. »
Lilly baissa la tête. Elle n’était pas l’amour de sa vie. Elle ne voulait pas l’être, il méritait bien mieux.
« Pour un type qui dit qu’il déteste son père, tu lui as vraiment donné un gros coup de main, là. »
« Hem, j’ai vu les vidéos. Je pourrai témoigner contre lui aussi bien que n’importe qui. »
« Tu peux aussi aller en prison. C’est un crime sérieux. »
« Ah ? Mmh, où sont les preuves ? »
Logan regarda derrière sur la table. Lilly eut un petit rire sardonique. Sa fierté était sauve, il avait effacé toute preuve de l’humiliation qu’il avait subie, et personne ne pourrait voir ce qu’il ne supportait pas de savoir exister. Il était toujours aussi faible, mais il ne voulait pas non plus ternir la réputation de l’amour de sa vie. Il savait qu’elle avait l’air plus que consentante sur les vidéos, et il ne voulait pas qu’on traîne son nom ainsi que le nom des Kanes dans la souillure en traitant celle qu’il aimait de prostituée ou d’autres qualifiants moins glorieux. Il avait beaucoup plus de respect pour les autres que ce qu’il laissait penser.
« J’imagine que ce sont les cassettes juste là. »
« Non, celles-ci sont vierges. »
« Des cassettes vierges t’ont fait pleurer ? »
Monsieur Mars avança vers la table et regarda les cassettes. Logan le suivit, sous le regard amusé de Lilly.
« Ouais, je pensais que j’enregistrerais le marathon Daria dessus. »
« Et la plupart des gens ont un effaceur de cassettes juste sur leur table de café, c’est évident. »
Logan lui sourit et haussa les épaules. Lilly ricana. Brave petit.
« Très bien, dis-moi au moins comment tu as réussi à acheter ces cassettes dix pourcent moins cher que le prix du marché? »
Logan sourit, et Lilly éclata de rire. Elle avait passé des jours à regarder un trawmay nommé désir, forcée par Veronica. S’il commençait à citer des films, Logan et lui allaient finir par se marier tous les deux. Non pas que ça la dérangerait beaucoup, mais elle avait d’autres plans pour la vie sentimentale de son cher ex.
« Ah, monsieur, j’ai toujours dépendu de la bonté des étrangers. »
« Oh, la bonté au commissariat. Je doute sérieusement que… »
Il s’interrompit, et Lilly comprit qu’il avait deviné qui avait pu vendre ces foutues cassettes à Logan. Ça aussi ce serait amusant à regarder. Mais en attendant, elle avait besoin que Keith s’en aille. Et il s’exécuta rapidement, non sans avoir lancé un regard triste et compatissant à Logan.
Dès que la porte se referma, Lilly s’assit à côté de lui. Elle s’affala contre lui, de la même façon qu’elle le faisait lorsqu’elle était en vie. Elle fourra sa tête dans son cou, et passa une main douce dans ses cheveux. Il était très rare qu’elle soit aussi délicate avec lui. Logan se détendit instantanément, inconsciemment.
« Tu vois qu’on peut te pardonner. » murmura-t-elle.
Il soupira, et tourna la tête dans l’autre sens, mais Lilly lui attrapa le menton, et le força à la voir. Comme Veronica et Duncan. Et elle sut en voyant son regard qu’il la voyait. Comme quand il était ivre l’année dernière.
« Elle peut te pardonner, idiot. Et si elle ne le veut pas, bouge-toi un peu. Il est où le temps où tu faisais tout pour m’avoir ? »
Il jeta un regard à la bouteille de whisky qu’il avait ouverte avant de regarder les vidéos.
« On voit où ça nous a mené. » répondit-il, résigné à se dire qu’il était ivre. C’était plus simple.
« Elle n’est pas moi, et tu le sais. »
« La même garce sans cœur. »
« Tu as une part de responsabilité dans ce qu’elle est devenue, Logan. Et tu as une part de responsabilité dans ce qu’elle vit. Revendique-la, nom de dieu ! »
« Elle ne me laissera pas. Je lui fais peur. Et tu oublies ton cher frère dans l’équation… »
« Ce ne sera bientôt plus un problème. Et quand Duncan ne sera plus dans cette équation, n’hésite pas. Bats-toi. Sois comme tu as été avec moi. Elle ne sera pas comme j’ai été avec toi. »
« C’est sûr, elle ne pourra pas coucher avec papa chéri. »
« Elle n’aime pas la violence et les insultes. » répondit-elle en haussant les épaules. « Allez, remue-toi. On dirait le Donut ! Où est le Logan qui se battait pour ce qu’il voulait ? Le Logan qui était jaloux dès que je regardais quelqu’un d’autre ? Sois pareil. Va la chercher. Le bonheur ne vient pas d’un coup Logan. »
« La mort t’a rendue fleur bleue ? »
« Non, mais votre vie m’ennuie. Vous vous créez des problèmes qui n’existent pas alors que je pourrais te voir t’envoyer en l’air avec ma meilleure amie. C’est autrement plus excitant que de devoir observer Weevil et toi mener une petite guéguerre inutile. »
« La voix de la sagesse qui parle. Celle qui s’est fait tuer parce qu’elle était trop excitée. »
« Va la voir. »
Il ne répondit pas. Les yeux fermés, il essayait de la faire disparaître. Il ne voulait pas entendre ce qu’elle avait à dire. Lilly se rapprocha de lui, ses lèvres à quelques millimètres des siennes.
« Va la voir. »
Il ne bougea pas.
« Va la voir. »
Il ouvrit les yeux. Mais Lilly avait disparu. Il secoua la tête, gêné, et soupira, la tête dans les mains. Lilly glissa à côté de lui, et murmura doucement, encore une fois.
« Va la voir. »
Logan se leva, et se dirigea dans sa chambre, claquant la porte violemment. Lilly eut un rictus satisfait. Ce n’était pas encore ça, mais ça le serait. Il y aurait des batailles, des luttes contre soi-même, des non-dits, des colères. Ils mettraient du temps, elle le sentait. Ce ne serait pas pour tout de suite, mais nom de dieu, ça le serait un jour. Ils s’expliqueraient.
Le côté positif, c’était que tant qu’ils feraient semblant de se détester, il y aurait du spectacle. Des disputes, de la jalousie, des piques, de la tension…
Et s’il y avait bien une chose que Lilly adorait, c’était le spectacle.