Gilles Morin - Academia.edu (original) (raw)
Papers by Gilles Morin
Le PSU, faut-il le rappeler, a une place spécifique exceptionnelle dans le socialisme breton. Tou... more Le PSU, faut-il le rappeler, a une place spécifique exceptionnelle dans le socialisme breton. Tout d’abord parce qu’il a été un acteur effectif de la vie politique locale durant une quinzaine d’années, parfois dominant dans les Côtes-du-Nord, et très présent dans d’importantes localités des autres départements ; puis il a fourni des nombreux cadres et des troupes conséquentes au PS après 1974. Ensuite parce qu’il a apporté une expérience précieuse de cohabitation d’hommes et de réseaux de cul..
Dans les discours et la propagande socialiste (presse, brochures, tracts, dessins, affiches), plu... more Dans les discours et la propagande socialiste (presse, brochures, tracts, dessins, affiches), plus encore que la droite traditionnelle-adversaires de toujours-, les ligues de droite sont perçues comme des ennemis avec lesquels la démocratie et le socialisme ne peuvent composer. Un mot les résume pour les socialistes : les ligues dans leur totalité sont fascistes. Ces rapports conflictuels du monde socialiste aux ligues ne commencent pas, naturellement, le 6 février 1934. L'Action Française, par exemple, est un vieil ennemi et le souvenir des combats anti-boulangistes et dreyfusards contre les ligues de la fin du siècle précédent est présent dans la mémoire collective des socialistes. Léon Blum y fait référence à diverses reprises. Néanmoins, le 6 février est l'événement fondateur qui voit-Gilles Vergnon l'a développé dans un excellent ouvrage-la naissance du deuxième antifascisme, après celui des années vingt 1. Le 6 février est perçu d'emblée comme une tentative fasciste. Léon Blum, le premier, s'écrie, dans la conclusion de son discours du 6 février à la Chambre, « le fascisme ne passera pas ! ». Il utilise à nouveau la formule, le 12 février, place de la Concorde. L'expression fait florès, d'autant qu'elle renvoie à une autre culture, celle de la Grande guerre, où c'était, bien sûr, les empires centraux qui ne devaient pas passer. On sait que ce slogan devient commun à toute la gauche, le « No passaran ! » étant le cri de ralliement des républicains durant la guerre d'Espagne. L'amalgame ligues et fascisme s'impose à gauche et le deuxième point du programme du Front populaire annonce la réponse à cette menace : « Désarmement et dissolution des ligues fascistes ». Ligues de droite et fascisme sont mêlés, intriqués, dans « la rhétorique » socialiste du milieu des années trente et, en dépit des travaux des historiens, elles le restent dans la mémoire des militants. Après le 6 février, pour plusieurs années, existe à gauche une peur d'un coup d'État contre la République, de voir triompher un régime qui, comme en Italie dix ans plus tôt, détruise toutes les libertés démocratiques. Les précédents contemporains, en
André Philip, socialiste, patriote, chrétien, 2005
Les élus socialistes constituent des militants d’un type particulier. Simples mandataires du part... more Les élus socialistes constituent des militants d’un type particulier. Simples mandataires du parti ou représentants du peuple, le débat sur leur identité est toujours renouvelé car leur légitimité est double. Choisis par les adhérents – ou en tout cas approuvés par eux – pour concourir dans l’arène démocratique au nom du parti, ils gagnent par le suffrage universel une autre légitimité et sont redevables à leurs électeurs autant qu’aux militants. Ils représentent un enjeu identitaire majeur c..
Vingtieme Siecle-revue D Histoire, 2015
Après la Seconde Guerre mondiale, les élus constituent le cœur de l'organisation socialiste. ... more Après la Seconde Guerre mondiale, les élus constituent le cœur de l'organisation socialiste. J'ai montré à travers plusieurs études et communications à des colloques que leur place relative n'a cessé de se renforcer dans le parti, même durant les vingt-cinq dernières années de la SFIO, du fait du repli militant. La part majeure prise par les élus fait encourir le risque d'une contradiction entre la prétention du PS à offrir l'image d'un parti populaire, ou en tout cas démocratique, et la réal..
Les cahiers Irice, 2009
Dans Les cahiers Irice Les cahiers Irice 2009/2 (n°4) 2009/2 (n°4), pages 83 à 100 Éditions IRICE... more Dans Les cahiers Irice Les cahiers Irice 2009/2 (n°4) 2009/2 (n°4), pages 83 à 100 Éditions IRICE IRICE
Matériaux pour l'histoire de notre temps, 2001
Morin Gilles. Pierre Mendès France et l'union de la gauche. In: Matériaux pour l'histoire... more Morin Gilles. Pierre Mendès France et l'union de la gauche. In: Matériaux pour l'histoire de notre temps, n°63-64, 2001. Pierre Mendès France et la Modernité - Actes du colloque - Assemblée nationale - 15 juin 2001, sous la direction de Robert Frank. pp. 70-77
Le monde des travailleurs du rail est caracterise par une activite a fortes specificites qui renv... more Le monde des travailleurs du rail est caracterise par une activite a fortes specificites qui renvoient notamment a la technologie et aux contraintes de son usage. D’autres facteurs se conjuguent pour structurer une identite tres affirmee : pratiques demographiques, role dans des dynamiques de mobilite sociale et geographique, intensite des relations sociales. Or, tous ces elements, s’ils correspondent a une realite bien etudiee, bien connue, sont aussi faconnes dans leur perception par des representations qu’ils contribuent a construire, etudiees lors du seminaire trimestriel : « Les cheminots. Images et representations croisees » reuni pendant quatre ans, par l’AHICF, le Centre d’histoire sociale du xxe siecle et le Comite central d’entreprise de la SNCF (Service du livre). Sous la direction de Christian Chevandier, Georges Ribeill et Marie-Suzanne Vergeade, le present volume reunit les actes de ce seminaire et ceux du colloque « Images de cheminots. Entre representations et ident...
Socialist party historiography emphasizes the party’s organizational weakness that it links to th... more Socialist party historiography emphasizes the party’s organizational weakness that it links to the adoption of the Amiens Charter in 1906. While Northern Europe’s social-democrat parties forged organic relations with trade unions, cooperatives and mutual companies, the hectic history of the French worker movement is thought to have deprived the French party of privileged partners by putting it in competition with trade unionism, this ‘other socialism’. Yet the permanence of this party and its ability to bounce back, in spite of several major crises over a century (1920, 1945, 1969, for example), suggest that it has real links with the society. This record has led to reconsidering these links, through the networks and milieus supporting the socialists and that enabled successful renewals. And thus to reconsider the supple and evolving links with the working class movement, secular networks and associations, not to mention that of the elected officials.
Le Mouvement social, 2000
Émanant d’historien(ne)s du patronat, des salariés, des fonctionnaires et, fait plus singulier, d... more Émanant d’historien(ne)s du patronat, des salariés, des fonctionnaires et, fait plus singulier, de responsables de l’Institut d’histoire sociale et des instituts fédéraux de la CGT - qui ont favorisé l’accès à des archives inédites - les contributions rassemblées ici s’attachent surtout à l’analyse de pratiques syndicales multiples, surtout à l’échelle fédérale, dans la situation d’exception de guerre et d’occupation. Avec in fine un constat, corroborant celui formulé par Ian Kershaw à propos de l’Allemagne : « Les pressions économiques de la guerre » constituent sans doute un déterminant plus probant que les choix idéologiques. Du fait des archives disponibles - qui reflètent pour partie la pression des institutions vichyssoises - le volume privilégie, par nécessité, les fédérations de syndicats « légaux » : les ex-confédérés de la CGT - surtout les « fédéraux » loyaux au régime - ainsi que les syndicats patronaux, minorant de fait les autres échelles d’observation ainsi que les syndicats professionnels, la CFTC et les exunitaires de la CGT. Mais les acteurs de ce syndicalisme « légal » ne pouvant faire abstraction de celui qui l’est moins ou ne l’est pas du tout - sous des formes d’ailleurs complexes de cohabitation - le croisement des regards et des échelles a été poussé au plus loin pour analyser les épreuves exceptionnelles subies par les diverses formes du syndicalisme et, une fois refermée la parenthèse des années noires, les traces parfois durables qu’elles y ont laissées
Le PSU, faut-il le rappeler, a une place spécifique exceptionnelle dans le socialisme breton. Tou... more Le PSU, faut-il le rappeler, a une place spécifique exceptionnelle dans le socialisme breton. Tout d’abord parce qu’il a été un acteur effectif de la vie politique locale durant une quinzaine d’années, parfois dominant dans les Côtes-du-Nord, et très présent dans d’importantes localités des autres départements ; puis il a fourni des nombreux cadres et des troupes conséquentes au PS après 1974. Ensuite parce qu’il a apporté une expérience précieuse de cohabitation d’hommes et de réseaux de cul..
Dans les discours et la propagande socialiste (presse, brochures, tracts, dessins, affiches), plu... more Dans les discours et la propagande socialiste (presse, brochures, tracts, dessins, affiches), plus encore que la droite traditionnelle-adversaires de toujours-, les ligues de droite sont perçues comme des ennemis avec lesquels la démocratie et le socialisme ne peuvent composer. Un mot les résume pour les socialistes : les ligues dans leur totalité sont fascistes. Ces rapports conflictuels du monde socialiste aux ligues ne commencent pas, naturellement, le 6 février 1934. L'Action Française, par exemple, est un vieil ennemi et le souvenir des combats anti-boulangistes et dreyfusards contre les ligues de la fin du siècle précédent est présent dans la mémoire collective des socialistes. Léon Blum y fait référence à diverses reprises. Néanmoins, le 6 février est l'événement fondateur qui voit-Gilles Vergnon l'a développé dans un excellent ouvrage-la naissance du deuxième antifascisme, après celui des années vingt 1. Le 6 février est perçu d'emblée comme une tentative fasciste. Léon Blum, le premier, s'écrie, dans la conclusion de son discours du 6 février à la Chambre, « le fascisme ne passera pas ! ». Il utilise à nouveau la formule, le 12 février, place de la Concorde. L'expression fait florès, d'autant qu'elle renvoie à une autre culture, celle de la Grande guerre, où c'était, bien sûr, les empires centraux qui ne devaient pas passer. On sait que ce slogan devient commun à toute la gauche, le « No passaran ! » étant le cri de ralliement des républicains durant la guerre d'Espagne. L'amalgame ligues et fascisme s'impose à gauche et le deuxième point du programme du Front populaire annonce la réponse à cette menace : « Désarmement et dissolution des ligues fascistes ». Ligues de droite et fascisme sont mêlés, intriqués, dans « la rhétorique » socialiste du milieu des années trente et, en dépit des travaux des historiens, elles le restent dans la mémoire des militants. Après le 6 février, pour plusieurs années, existe à gauche une peur d'un coup d'État contre la République, de voir triompher un régime qui, comme en Italie dix ans plus tôt, détruise toutes les libertés démocratiques. Les précédents contemporains, en
André Philip, socialiste, patriote, chrétien, 2005
Les élus socialistes constituent des militants d’un type particulier. Simples mandataires du part... more Les élus socialistes constituent des militants d’un type particulier. Simples mandataires du parti ou représentants du peuple, le débat sur leur identité est toujours renouvelé car leur légitimité est double. Choisis par les adhérents – ou en tout cas approuvés par eux – pour concourir dans l’arène démocratique au nom du parti, ils gagnent par le suffrage universel une autre légitimité et sont redevables à leurs électeurs autant qu’aux militants. Ils représentent un enjeu identitaire majeur c..
Vingtieme Siecle-revue D Histoire, 2015
Après la Seconde Guerre mondiale, les élus constituent le cœur de l'organisation socialiste. ... more Après la Seconde Guerre mondiale, les élus constituent le cœur de l'organisation socialiste. J'ai montré à travers plusieurs études et communications à des colloques que leur place relative n'a cessé de se renforcer dans le parti, même durant les vingt-cinq dernières années de la SFIO, du fait du repli militant. La part majeure prise par les élus fait encourir le risque d'une contradiction entre la prétention du PS à offrir l'image d'un parti populaire, ou en tout cas démocratique, et la réal..
Les cahiers Irice, 2009
Dans Les cahiers Irice Les cahiers Irice 2009/2 (n°4) 2009/2 (n°4), pages 83 à 100 Éditions IRICE... more Dans Les cahiers Irice Les cahiers Irice 2009/2 (n°4) 2009/2 (n°4), pages 83 à 100 Éditions IRICE IRICE
Matériaux pour l'histoire de notre temps, 2001
Morin Gilles. Pierre Mendès France et l'union de la gauche. In: Matériaux pour l'histoire... more Morin Gilles. Pierre Mendès France et l'union de la gauche. In: Matériaux pour l'histoire de notre temps, n°63-64, 2001. Pierre Mendès France et la Modernité - Actes du colloque - Assemblée nationale - 15 juin 2001, sous la direction de Robert Frank. pp. 70-77
Le monde des travailleurs du rail est caracterise par une activite a fortes specificites qui renv... more Le monde des travailleurs du rail est caracterise par une activite a fortes specificites qui renvoient notamment a la technologie et aux contraintes de son usage. D’autres facteurs se conjuguent pour structurer une identite tres affirmee : pratiques demographiques, role dans des dynamiques de mobilite sociale et geographique, intensite des relations sociales. Or, tous ces elements, s’ils correspondent a une realite bien etudiee, bien connue, sont aussi faconnes dans leur perception par des representations qu’ils contribuent a construire, etudiees lors du seminaire trimestriel : « Les cheminots. Images et representations croisees » reuni pendant quatre ans, par l’AHICF, le Centre d’histoire sociale du xxe siecle et le Comite central d’entreprise de la SNCF (Service du livre). Sous la direction de Christian Chevandier, Georges Ribeill et Marie-Suzanne Vergeade, le present volume reunit les actes de ce seminaire et ceux du colloque « Images de cheminots. Entre representations et ident...
Socialist party historiography emphasizes the party’s organizational weakness that it links to th... more Socialist party historiography emphasizes the party’s organizational weakness that it links to the adoption of the Amiens Charter in 1906. While Northern Europe’s social-democrat parties forged organic relations with trade unions, cooperatives and mutual companies, the hectic history of the French worker movement is thought to have deprived the French party of privileged partners by putting it in competition with trade unionism, this ‘other socialism’. Yet the permanence of this party and its ability to bounce back, in spite of several major crises over a century (1920, 1945, 1969, for example), suggest that it has real links with the society. This record has led to reconsidering these links, through the networks and milieus supporting the socialists and that enabled successful renewals. And thus to reconsider the supple and evolving links with the working class movement, secular networks and associations, not to mention that of the elected officials.
Le Mouvement social, 2000
Émanant d’historien(ne)s du patronat, des salariés, des fonctionnaires et, fait plus singulier, d... more Émanant d’historien(ne)s du patronat, des salariés, des fonctionnaires et, fait plus singulier, de responsables de l’Institut d’histoire sociale et des instituts fédéraux de la CGT - qui ont favorisé l’accès à des archives inédites - les contributions rassemblées ici s’attachent surtout à l’analyse de pratiques syndicales multiples, surtout à l’échelle fédérale, dans la situation d’exception de guerre et d’occupation. Avec in fine un constat, corroborant celui formulé par Ian Kershaw à propos de l’Allemagne : « Les pressions économiques de la guerre » constituent sans doute un déterminant plus probant que les choix idéologiques. Du fait des archives disponibles - qui reflètent pour partie la pression des institutions vichyssoises - le volume privilégie, par nécessité, les fédérations de syndicats « légaux » : les ex-confédérés de la CGT - surtout les « fédéraux » loyaux au régime - ainsi que les syndicats patronaux, minorant de fait les autres échelles d’observation ainsi que les syndicats professionnels, la CFTC et les exunitaires de la CGT. Mais les acteurs de ce syndicalisme « légal » ne pouvant faire abstraction de celui qui l’est moins ou ne l’est pas du tout - sous des formes d’ailleurs complexes de cohabitation - le croisement des regards et des échelles a été poussé au plus loin pour analyser les épreuves exceptionnelles subies par les diverses formes du syndicalisme et, une fois refermée la parenthèse des années noires, les traces parfois durables qu’elles y ont laissées