Dany Griffon - Academia.edu (original) (raw)
Drafts by Dany Griffon
La bière ou plutôt une boisson fermentée à base de grains est la plus ancienne des préparations e... more La bière ou plutôt une boisson fermentée à base de grains est la plus ancienne des préparations enivrantes jamais réalisée par l'homme. L'histoire de la bière commence avec l'histoire elle-même disait Frédéric Eyer (1968).[1] Mais, tel Saint Thomas que les faits seuls peuvent convaincre et conditionnés que nous sommes par le mythe de l'écriture pour fixer l'histoire, nous avons coutume d'attribuer à la Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, l'origine de la fabrication de la bière environ 4 000 ans avant notre ère. C'est en effet des sables chauds de Sumer qu'on été exhumées des tablettes d'argile, datant de cette époque lointaine, mentionnant l'existence d'une bière locale, appelée « Sikaru » et faisant allusion à des « maisons de la bière », tenues par des femmes. Il existait semble-t-il plusieurs sortes de bière dans la civilisation sumérienne, soit à base d'orge, soit à base d'épeautre, soit encore à base d'un mélange de grains d'orge et d'épeautre. La population consommait, pense-ton des bières variées et il existait une bière des moissons, ainsi qu'une bière rouge réservée aux hauts dignitaires. (Hell B. 1983)[2]. Ces découvertes archéologiques témoignent bien sûr de l'existence d'une boisson fermentée à cette époque, mais ne permettent pas, à mon sens, d'affirmer que c'est à Sumer que la bière a été fabriquée pour la première fois. Au contraire, l'importance accordée à cette boisson, dans cette civilisation, pourrait signifier qu'elle avait su acquérir, depuis longtemps déjà, ses lettres de noblesse. Certains historiens d'ailleurs, associent la préparation de la bière à celle de la culture de l'orge ou de l'épeautre, ou de l'amidonnier. C'est-à-dire dès l'âge de la pierre. Aussi, la bière pourrait bien être beaucoup plus ancienne que la « Sikaru » sumérienne. Elle pourrait être associée, au delà même de la culture des céréales précitées, à la simple cueillette de ces espèces, qui poussaient spontanément et que l'homme a certainement appris à moissonner avant de les semer et de les cultiver. Nous sommes projetés dès lors, à l'époque des premières préparations des soupes et des bouillies que les historiens de l'alimentation situent au paléolithique supérieur, c'est-à-dire de 40.000 à 10.000 ans avant notre ère. Il est donc possible en effet d'associer comme le fait le Dr. Peeters E.G. (1971)[3] la fabrication des boissons fermentées à la naissance des premières préoccupations culinaires de l'homme qui cherche remède à la fadeur des aliments bouillis, dans la cendre des foyers riches en sels divers pour les saler, ou dans la sève sucrée des plantes ou du miel sauvage pour les édulcorer. Il est permis de penser qu'alors une certaine fermentation ait pu effectivement se développer dans ces bouillies et conduire à des boissons épaisses et alcoolisées. Nous sommes au dixième millénaire avant notre ère, c'est-à-dire à la veille des premiers phénomènes de vie en commun. II nous faut là encore recourir aux fouilles archéologiques pour essayer de dater la constitution des premiers villages et des premières citées humaines qui obligèrent l'homme à rechercher une source permanente d'approvisionnement par une certaine maîtrise des cultures. Les équipes du Professeur Braidwood R.J.[4] de l'Université de Chicago ont pu mettre en évidence l'existence de villages agricoles qui remonterait au néolithique. Aussi, depuis 1948, le site de Tepe Sarab et depuis 1949 celui de Jarmo, localisés réciproquement en Iran et Irak, sont dans bien des esprits, les berceaux du monde agricole. Ils révèlent qu'au VIIème millénaire avant notre ère, aux alentours de l'an 8000, l'agriculture était connue ; mais peuvent-ils permettre d'affirmer que l'agriculture y est née ?
Papers by Dany Griffon
La bière ou plutôt une boisson fermentée à base de grains est la plus ancienne des préparations e... more La bière ou plutôt une boisson fermentée à base de grains est la plus ancienne des préparations enivrantes jamais réalisée par l'homme. L'histoire de la bière commence avec l'histoire elle-même disait Frédéric Eyer (1968).[1] Mais, tel Saint Thomas que les faits seuls peuvent convaincre et conditionnés que nous sommes par le mythe de l'écriture pour fixer l'histoire, nous avons coutume d'attribuer à la Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, l'origine de la fabrication de la bière environ 4 000 ans avant notre ère. C'est en effet des sables chauds de Sumer qu'on été exhumées des tablettes d'argile, datant de cette époque lointaine, mentionnant l'existence d'une bière locale, appelée « Sikaru » et faisant allusion à des « maisons de la bière », tenues par des femmes. Il existait semble-t-il plusieurs sortes de bière dans la civilisation sumérienne, soit à base d'orge, soit à base d'épeautre, soit encore à base d'un mélange de grains d'orge et d'épeautre. La population consommait, pense-ton des bières variées et il existait une bière des moissons, ainsi qu'une bière rouge réservée aux hauts dignitaires. (Hell B. 1983)[2]. Ces découvertes archéologiques témoignent bien sûr de l'existence d'une boisson fermentée à cette époque, mais ne permettent pas, à mon sens, d'affirmer que c'est à Sumer que la bière a été fabriquée pour la première fois. Au contraire, l'importance accordée à cette boisson, dans cette civilisation, pourrait signifier qu'elle avait su acquérir, depuis longtemps déjà, ses lettres de noblesse. Certains historiens d'ailleurs, associent la préparation de la bière à celle de la culture de l'orge ou de l'épeautre, ou de l'amidonnier. C'est-à-dire dès l'âge de la pierre. Aussi, la bière pourrait bien être beaucoup plus ancienne que la « Sikaru » sumérienne. Elle pourrait être associée, au delà même de la culture des céréales précitées, à la simple cueillette de ces espèces, qui poussaient spontanément et que l'homme a certainement appris à moissonner avant de les semer et de les cultiver. Nous sommes projetés dès lors, à l'époque des premières préparations des soupes et des bouillies que les historiens de l'alimentation situent au paléolithique supérieur, c'est-à-dire de 40.000 à 10.000 ans avant notre ère. Il est donc possible en effet d'associer comme le fait le Dr. Peeters E.G. (1971)[3] la fabrication des boissons fermentées à la naissance des premières préoccupations culinaires de l'homme qui cherche remède à la fadeur des aliments bouillis, dans la cendre des foyers riches en sels divers pour les saler, ou dans la sève sucrée des plantes ou du miel sauvage pour les édulcorer. Il est permis de penser qu'alors une certaine fermentation ait pu effectivement se développer dans ces bouillies et conduire à des boissons épaisses et alcoolisées. Nous sommes au dixième millénaire avant notre ère, c'est-à-dire à la veille des premiers phénomènes de vie en commun. II nous faut là encore recourir aux fouilles archéologiques pour essayer de dater la constitution des premiers villages et des premières citées humaines qui obligèrent l'homme à rechercher une source permanente d'approvisionnement par une certaine maîtrise des cultures. Les équipes du Professeur Braidwood R.J.[4] de l'Université de Chicago ont pu mettre en évidence l'existence de villages agricoles qui remonterait au néolithique. Aussi, depuis 1948, le site de Tepe Sarab et depuis 1949 celui de Jarmo, localisés réciproquement en Iran et Irak, sont dans bien des esprits, les berceaux du monde agricole. Ils révèlent qu'au VIIème millénaire avant notre ère, aux alentours de l'an 8000, l'agriculture était connue ; mais peuvent-ils permettre d'affirmer que l'agriculture y est née ?