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Papers by Justine Legrand
Introduction En 1911, Gide ose le pari d'un traité, Corydon, qui ne vise pas moins que combattre ... more Introduction En 1911, Gide ose le pari d'un traité, Corydon, qui ne vise pas moins que combattre le mensonge 1 , et dans lequel il reprend cette célèbre phrase de Pascal : « Tous les goûts sont dans la nature ». Une citation essentielle quand on sait qu'à cette même époque, et tandis que Gide se risque à mettre le genre littéraire au service d'une réflexion sur le genre sexuel, Oscar Wilde doit faire face à un procès mettant en cause son penchant homosexuel. En découvrant dès sa prime enfance qu'il n'est « pas pareil aux autres 2 », Gide saisit l'occasion d'utiliser son talent artistique pour que sa différence ait voix. La théorie du genre développée quelques décennies après le décès de Gide trouve bien de ses racines dans ce travail esthétique gidien où l'homosexuel a sa place. Si Gide craignait que l'on dresse de lui le portrait d'un « monstre 3 », il convient d'affirmer qu'il n'en est plus rien. Au contraire, aujourd'hui, plus que jamais, l'écriture gidienne dans toute sa richesse, et sous toutes ses formes, apparaît bien comme une ode à la différence, un lieu où dire c'est prendre position. Pour l'auteur, on ne peut réduire l'homosexuel à un être déviant : l'homme n'est pas homme selon sa seule orientation sexuelle. Pour Gide, l'oeuvre est le lieu permettant au littéraire de rencontrer l'intime, et de discourir ouvertement de la question du genre sexuel, lieu où l'écriture possède toutes les caractéristiques d'une écriture genrée, puisqu'elle dépasse le clivage homme/femme. Le discours particulier gidien n'incite pas au communautarisme mais appelle à une ouverture d'esprit de la part du lecteur, qui doit être le relais d'une idéologie travaillant sur le respect et le droit à la différence. Un travail loin d'être vain quand on regarde l'évolution de la pensée sur la question de l'homosexualité. Il s'agit donc de regarder l'oeuvre du passé pour comprendre le discours sur le genre, et de mesurer l'étendue des avancées sociales et culturelles réalisées dans notre société occidentale ; des avancées pour lesquelles nous pouvons remercier l'auteur et son pari de réaliser une vraie littérature d'idées.
Introduction En 1911, Gide ose le pari d'un traité, Corydon, qui ne vise pas moins que combattre ... more Introduction En 1911, Gide ose le pari d'un traité, Corydon, qui ne vise pas moins que combattre le mensonge 1 , et dans lequel il reprend cette célèbre phrase de Pascal : « Tous les goûts sont dans la nature ». Une citation essentielle quand on sait qu'à cette même époque, et tandis que Gide se risque à mettre le genre littéraire au service d'une réflexion sur le genre sexuel, Oscar Wilde doit faire face à un procès mettant en cause son penchant homosexuel. En découvrant dès sa prime enfance qu'il n'est « pas pareil aux autres 2 », Gide saisit l'occasion d'utiliser son talent artistique pour que sa différence ait voix. La théorie du genre développée quelques décennies après le décès de Gide trouve bien de ses racines dans ce travail esthétique gidien où l'homosexuel a sa place. Si Gide craignait que l'on dresse de lui le portrait d'un « monstre 3 », il convient d'affirmer qu'il n'en est plus rien. Au contraire, aujourd'hui, plus que jamais, l'écriture gidienne dans toute sa richesse, et sous toutes ses formes, apparaît bien comme une ode à la différence, un lieu où dire c'est prendre position. Pour l'auteur, on ne peut réduire l'homosexuel à un être déviant : l'homme n'est pas homme selon sa seule orientation sexuelle. Pour Gide, l'oeuvre est le lieu permettant au littéraire de rencontrer l'intime, et de discourir ouvertement de la question du genre sexuel, lieu où l'écriture possède toutes les caractéristiques d'une écriture genrée, puisqu'elle dépasse le clivage homme/femme. Le discours particulier gidien n'incite pas au communautarisme mais appelle à une ouverture d'esprit de la part du lecteur, qui doit être le relais d'une idéologie travaillant sur le respect et le droit à la différence. Un travail loin d'être vain quand on regarde l'évolution de la pensée sur la question de l'homosexualité. Il s'agit donc de regarder l'oeuvre du passé pour comprendre le discours sur le genre, et de mesurer l'étendue des avancées sociales et culturelles réalisées dans notre société occidentale ; des avancées pour lesquelles nous pouvons remercier l'auteur et son pari de réaliser une vraie littérature d'idées.