Sarah Théberge - Academia.edu (original) (raw)
Ces projets de collaboration contribueraient à passer outre aux dualités Autochtone-Colonisateur,... more Ces projets de collaboration contribueraient à passer outre aux dualités Autochtone-Colonisateur, dont James H. Cox et Daniel Heath Justice 1 mentionnent le désir chez plusieurs intellectuels autochtones de se distancier. Cette dualité, reflet des inégales relations de pouvoir, est source de réflexions théoriques et littéraires sur les productions artistiques autochtones. C'est dans ces circonstances que, pour mes recherches doctorales, j'ai commencé à travailler sur la traduction du récit de vie de Bev Sellars, They Called Me Number One, Secrets and Survival at an Indian Residential School, publié chez Talonbooks en 2013. Ce récit narre l'expérience de l'auteure lors de ses années dans un pensionnat autochtone et consigne les répercussions de son long séjour dans un pensionnat sur elle-même et sur d'autres en particulier, de même que sur sa communauté en général. Bev Sellars raconte aussi les évènements marquants de sa vie, dont les rencontres, la naissance de ses enfants et ses études, tous événements qui ont contribué à la guérison des traumatismes reliés à son « incarcération, » comme elle qualifie ces années de pensionnat. Cette appellation rejoint notamment les recherches de Deena Rymhs qui, compare la vie en prison à celle des pensionnats : With its parallel, insidious presence in the recent histories of Aboriginal people, the residential school has also been likened to a prison. These institutions played a regulatory and punitive function that instilled a similar sense of cultural guilt. […] Children entering residential schools were typically stripped of their personal effects, clothed in uniforms, and renamed or assigned numbers. (Rymhs 2008, p. 3) En effet, la comparaison entre les établissements carcéraux et les pensionnats se tient et est validée quant au traitement de certains sujets par notre auteure, dans son récit They Called Me Number One, et dont le titre parle par lui-même en ce qui concerne l'attribution d'un numéro à chaque enfant de la Mission Saint-Joseph. On y dénudait aussi les enfants de leurs effets personnels pour les vêtir d'un uniforme confectionné par les religieuses. 10 Creek), où elle a grandi avec ses grands-parents et plusieurs autres membres de la famille élargie, selon les traditions, le style de vie et les valeurs autochtones des nations Dakelh et Secwepemc de ce territoire. Elle conserve encore aujourd'hui un excellent souvenir de son enfance, un sentiment de contentement, qui a cessé abruptement le jour où, loi sur les pensionnats oblige, elle dut quitter sa famille pour passer dix mois par année dans un établissement d'enseignement catholique. Elle a fréquenté la Mission Saint-Joseph de septembre 1962 à juin 1967, soit de l'âge de six à douze ans. Cette mission était tenue par les Oblats de Marie Immaculée, et située à environ 15 kilomètres au sud de Lac-Williams. « The school was only twenty-five miles from my home community, but it may as well have been a million. » (Sellars 2013, p. 29). Pendant ces six ans au pensionnat, elle a passé un total d'environ dix mois avec sa famille, comme l'État l'exigeait pour tous les jeunes Autochtones (sauf les orphelins qui vivaient au pensionnat à longueur d'année). Le récit de Bev Sellars pourrait être illustré par une tête de Janus, synonyme d'une double représentation, pour reprendre l'allégorie de Doris Sommer dans « "Not Just a Personal Story" : Women's Testimonios and the Plural Self ». D'une part, ces récits reflètent manifestement une révélation de soi chez les auteures (ou les collaborateurs) et, d'autre part, ils exposent la réalité de la collectivité à laquelle les auteures (ou les collaborateurs) appartiennent : en l'occurrence, les nations autochtones, et plus précisément, la culture des pensionnats à laquelle elles ont été soumises. « The memory in which people interpret the present and go on to make the future are also social in that we recall social relationships, and scenes experienced along with other people; so that memories are less individual than is commonly supposed in a culture of individualism. » (Tonkin 1992, p. 12) Bev Sellars a entamé la rédaction de son récit de vie au début des années 1990; elle a mis ses réflexions et ses souvenirs sur papier en pensant que le projet allait se terminer en archive familiale. Elle s'est rendu compte plus tard qu'il était absolument nécessaire d'écrire ce livre et de le partager avec les anciens pensionnaires qui ont aussi vécu cette expérience. La préface et les remerciements de They Called me Number One représentent une source d'informations précieuses sur les étapes de rédaction de l'auteur, les encouragements reçus et les embuches rencontrées. Sellars confie qu'un des membres de sa famille lui a interdit d'écrire sur lui, ce qui l'a poussée à interrompre la Pour sa part, Thomas King, auteur canado-américain, a principalement été traduit en France. Son Green Grass Running Water, L'herbe verte, l'eau vive en français, a été traduit par H. Leroy et publié chez Albin Michel, ainsi que Medicine River, traduction de Hughes Leroy. Deux oeuvres de Thomas King ont été publiées en traduction au Québec : L'Indien Malcommode, un récit historique, traduit par Daniel Poliquin (prix du Gouverneur général pour cette traduction en 2014) et publié chez Boréal (2014) et La femme tombée du ciel (traduction française de The Back of the Turtle par Caroline Lavoie), publié chez Mémoire d'encrier en 2016. We Are the Dreamers, de Rita Joe, a été traduit par Sophie M. Lavoie, aussi chez Mémoire d'encrier, en 2016. De plus, quelques nouvelles qui constituent le recueil de One Good Story That One, ont été traduites dans le cadre de la maîtrise d'Anton Iorga (Université de Sherbrooke). Lee Maracle est également une auteure autochtone de grande importance sur la scène littéraire et théorique du Canada anglais. Elle a d'ailleurs été traduite vers le français au cours des dernières années : Le chant de corbeau, publié chez Mémoire d'encrier en 2019, traduction française de Ravensong, par Joanie Demers, et « Oratoire : accéder à la théorie », traduction française de Oratory: Coming to Theory de Jean-Pierre Pelletier, publié dans Nous sommes des histoires : réflexions sur la littérature autochtone, sous la direction de Marie-Hélène Jeannotte, Jonathan Lamy et Isabelle St-Amand, publié en 2018, toujours chez Mémoire d'encrier. Céline Parent-Pomerleau a aussi terminé tout récemment, en 2019, son mémoire de maîtrise intitulé « Traductions d'oeuvres de Lee Maracle : l'art de la parole stó:lo envisagé sous l'angle de la voix, du contexte et du genre littéraire », produit à l'Université de Sherbrooke. Quant à Tomson Highway, mis à part son Champion et Ooneemeetoo, traduction française de Kiss of the Fur Queen, par Robert Dickson, la majorité de son oeuvre traduite en français renvoie à sa production théâtrale. En fait, trois de ses pièces se trouvent maintenant en français, entre autres au Centre des auteurs dramatiques (CEAD), situé à Montréal : Une truite pour Ernestine Shuswap, traduction de Ernestine Shuswap Gets Her Trout, par André Brassard, et The Rez Sisters, traduit en français, Les reines de la réserve, par Jocelyne Beaulieu. Pour sa part, Jean-Marc Dalpé a traduit Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing. Cette version française de la pièce Dry Lips devrait déménager à Kapuskasing a été publiée aux Éditions Prise de parole en 2009. Une autre pièce de théâtre, écrite par Dennis Darrell, cette fois-ci, Contes d'un Indien urbain a été traduite par Olivier