Sarah de Vogué - Academia.edu (original) (raw)
Papers by Sarah de Vogué
Semen, Nov 11, 1989
La theorie des operations enonciatives, qui s'est constituee autour des travaux d'Antoine... more La theorie des operations enonciatives, qui s'est constituee autour des travaux d'Antoine Culioli, donne une place centrale, au sein des phenomenes langagiers, au concept d'operation : la reference d'un enonce y est pensee comme une reference construite, par des operateurs dont les marqueurs sont la trace. De la il decoule que ce n'est pas au "monde" que les enonces referent — meme si en definitive ils y renvoient —, ce du moins si l'on accepte de caracteriser le monde par son exteriorite a l...
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jan 21, 2022
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Sep 1, 2020
Sarah de Vogüé O n se propose ici de parcourir les différents paramètres de variation auxquels le... more Sarah de Vogüé O n se propose ici de parcourir les différents paramètres de variation auxquels les langues sont soumises, pour mettre en évidence ce qui nous paraît constituer l'une des clés du phénomène : l'altérité à laquelle tout dire se trouve confronté. Dans une première partie, on explicitera ce que l'on entend par cette notion d'altérité, pour laquelle on distinguera deux dimensions : une dimension intersubjective et une dimension discursive. On verra que chacune prend des formes variées qui sont même souvent divergentes, mais qui s'inscrivent dans les deux grandes perspectives indiquées dans le titre : l'ajustement, tel qu'analysé dans l'école culiolienne où le concept a été développé, et l'affordance, concept issu de la psychologie cognitive, récemment repris dans des théories du sens d'une part, dans des théories du texte d'autre part. Dans une deuxième partie, on montrera comment ces altérités affectent non seulement les variations diaphasiques et celles qui sont relatives aux genres de discours, mais aussi les variations diatopiques et diastratiques où on ne les attend pas a priori. Dans la troisième partie, on s'intéressera plus particulièrement à leur rôle dans les variations diachroniques où la gestion de l'altérité est évoquée à travers les concepts de standardisation ou de normalisation mais où l'on montrera qu'elle est en cause aussi dans ce qui est souvent rapporté à de la grammaticalisation ou à du figement. Ce sera l'occasion de parcourir avec plus de précision divers phénomènes d'ajustement, dont on donnera des exemples et dont on discutera l'analyse. Dans une dernière partie enfin, on se concentrera sur un aspect de la variation diamésique, celle qui sépare écrit et oral, dont on soutiendra qu'elle passe à la fois par des médiums différents mais aussi par des modalités sémiotiques
Travaux De Linguistique, 2000
On soutient ici que le systeme flexionnel du francais ne comporte pas de morpheme de present. Les... more On soutient ici que le systeme flexionnel du francais ne comporte pas de morpheme de present. Les nombreuses valeurs temporelles, aspectuelles et modales que peut revetir un enonce au present sont rapportees a l'interaction de trois grands principes de variation, relatifs au calcul de la reference des enonces. Ce calcul est elabore dans le cadre de la theorie du reperage d'Antoine Culioli. Il permet de rendre compte a la fois des types de contextes discursifs dans lesquels un enonce au present peut s'integrer, des types d'operations predicatives effectuees et des differentes formes d'ancrage referentiel de l'enonce.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 17, 2022
Dans cet article, nous présentons les différents aspects d'un dispositif de remédiation de l'écri... more Dans cet article, nous présentons les différents aspects d'un dispositif de remédiation de l'écrit en ligne pour les étudiants, élaboré dans le cadre d'un projet regroupant quinze universités françaises (projet écri+ (https://ecriplus.fr/), dont l'une des instigatrices est Sarah De Vogüé, qui en coordonne l'une des actions). Prenant comme exemple le traitement du discours rapporté et de la citation, activité emblématique de l'écrit universitaire, nous montrerons comment interagissent, dans la conception des tests et des activités, 1) le choix d'un modèle opératoire, 2) la constitution et l'analyse de corpus d'apprenants et de corpus d'experts, et 3) les contraintes liées au support numériques. Mots clefs : littéracie universitaire ; discours ; recherche appliquée ; français English: écri+, an online system for evaluation, training and certification of written skills in french: the case of reported speech, between formation and research
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2006
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2006
En nous inscrivant dans une approche linguistique de l’acquisition, qui met l'accent sur les ... more En nous inscrivant dans une approche linguistique de l’acquisition, qui met l'accent sur les formes linguistiques et syntaxiques acquises et sur les modalites linguistiques de leur acquisition au travers d’interactions (dans la perspective qui est celle de Lentin (1998)), nous souhaitons, d’une part, etudier comment l’enfant se sert des reprises et des reformulations du texte ou des paroles de ses pairs, pour raconter le texte et, d’autre part, identifier plusieurs formes de reformulations, afin d’apporter un eclairage linguistique aux perspectives didactiques pour l’apprentissage du langage a l’ecole. Nous nous interesserons au phenomene de la repetition et de la reformulation, aux formes qu’elles peuvent prendre, et aux enjeux qu’elles recouvrent : -enjeux dans l’activite de langage d’abord, avec les fonctions metalinguistiques et epilinguistiques, dont le role est mis en evidence par Jakobson (1963), puis, plus radicalement encore, par Culioli (1999) qui fait de ces ajustements du sens l’un des ressorts essentiels du dire ; -enjeux pour l’apprentissage du langage ensuite, tel qu’il se joue a l’ecole, et singulierement dans les seances ici enregistrees, ou il s’agit que la parole de chacun s’appuie sur les paroles de ses pairs, notamment en les reformulant, voire en les repetant, - ces reformulations etant concues comme des sortes de leviers pour le developpement de formes linguistiques diversifiees d’une part, pour le travail d’interpretation et d’appropriation du sens, d’autre part (Peroz, 2010) ; -enjeux dans la prise en compte du texte lui-meme, enfin. La question est alors de savoir s’il faut tout dire de l’histoire racontee, ou du texte qui la raconte, qu’il s’agit bien alors de repeter ou de reformuler. L’etude linguistique du corpus donnera l’occasion d’etudier differentes formes de reformulations et repetitions employees dans le discours de ces enfants, formes que l’on detaillera en observant les procedes linguistiques utilises et leurs effets sur le nouveau texte re-construit par les enfants. Par exemple, les reformulations qui consistent a preciser l’evenement evoque en en precisant les circonstances a la maniere de Davidson (1967) (ex : il l’a tue / il l’a mange / il l’a cuisine), ou encore celles qui viennent en quelque sorte arreter cette infinie mise en abyme des circonstances, parce qu’elles reprennent les formules memes du texte raconte (intrepide ; par mes moustaches ; petit voleur de lapin ; dans les choux et l’autre dans les pommes de terre ; quelle erreur ! ; il reprend sa course folle ; couru ventre a terre ; perturbe par les emotions de la journee ; etc.). C’est a la lumiere de ces formes que l’on se propose de prendre la question des journees : « Comment apprend-on a parler a l’ecole ? ». Et d’abord qu’est-ce que l’on apprend, concernant ici les textes et les histoires, les evenements et la facon de les dire ? Il est question notamment des verbes et de leurs syntaxes, il est question de circonstances et de leur semantique, et il est question de la profusion des choix que l’on peut avoir pour decrire un evenement au travers de telle de ses circonstances. Apprendre qu’on a le choix.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Dec 1, 2022
Information grammaticale, 2020
On voudrait montrer que l’audace pretee a la litterature n’est pas d’une nature differente de cel... more On voudrait montrer que l’audace pretee a la litterature n’est pas d’une nature differente de celle dont Culioli montre les effets lorsqu’il etudie « dans leur texte » les enonces du langage le plus ordinaire. Loin de prendre la litterature comme un travail de l’ecart, on la prend comme une mise en œuvre tenace du travail enonciatif tel que Culioli l’a devoile : un travail qui se rapproche bien plus de la fonction poetique posee par Jakobson, quand le message du texte construit son contexte, que de la fonction expressive dans lequel un locuteur s’enonce. L’enonce construit une valeur referentielle, et cette valeur : a) est une fiction ; b) ne coincide pas avec quelque referent que ce soit ; c) est un fait langagier (voir la lettre 117 a Lucilius : les enonciations « sont a part des corps car (elles) sont des enonciations a propos des corps »). Ce fait langagier est un texte, au sens que Culioli semble donner au concept de texte : non pas un ecrit de quelque longueur (puisque Culioli prend continument ses donnees dans l’oral et volontiers dans des formes breves de l’oral), mais une forme suffisamment construite et tissee pour que sa texture l’organise. Le texte serait chez Culioli ce qui prend la place de la syntaxe (seulement occupee de mise en syntagmes d’une part, d’ordonnancement d’autre part) : ce qui organise l’enonce – des liens, des rassemblements, des vides, des sauts, des ajouts, des reprises, des retours, etc. Organisant l’enonce, il organise donc aussi la valeur referentielle que cet enonce elabore : l’enonce comme sa valeur font texte. Faisant texte, cette valeur ne se reduit en rien a ce qui serait un referent exterieurement determine, et surtout ne se deduit en rien d’un contexte exterieur. L’enonce determine son contexte, et c’est par la qu’il fait fiction. Ainsi, l’approche culiolienne prend-elle le contrepied des approches pragmatiques qui pretendent deduire le sens de l’enonce du contexte dans lequel cet enonce s’inscrit. Culioli s’interesse principalement a des formes breves : enonces comme Je boirais bien un verre, comme Je veux ! J’allais me laisser faire peut-etre ! ou comme Ca !, formules figees comme Manquait plus que ca ou Point trop n’en faut, dont il restitue le texte et l’efficace fictionnelle. Il y decouvre notamment des effets d’attaque, des faits de cloture, et un travail qui n’est pas de composition mais de depliement, pour suivre et redessiner le detail des plis et replis qui forment l’accroche du texte a son contexte fictif. C’est la qu’intervient sans doute ce que Claudine Normand a identifie comme de la ruse : car si le texte determine son contexte, celui-ci neanmoins lui resiste, informulable, et il faut toute la ruse du travail enonciatif pour arriver a le dire, a formuler l’inquietante etrangete du « miroitement, en dessous », qu’evoque Mallarme, cite en exergue dans « Heureusement ». On tentera d’exploiter ces concepts de texte, de contexte et de depliements pour reconstituer ce qui se tisse dans des formes litteraires. On choisit d’etudier de cette facon des poemes, en tant qu’ils constituent eux aussi des formes finies et relativement breves, ou en tous les cas avec une texture qui est mesuree : des textes plus elabores sans doute et complexes que les formes de l’oral ordinaire qui interessent Culioli, mais dont les ruses sont du meme ordre – seulement peut-etre plus determinees et tenaces. Ainsi, a titre experimental, on se propose de lire a cette aune l’audace tenace de Baudelaire pour dire les fictions que ses textes elaborent, au travers de deux poemes des Fleurs du mal - Elevation et le 2eme Spleen - ou l’on tentera de retracer attaques, depliements, clotures, et peut-etre quelque chose du miroitement mallarmeen.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021
Semen, Nov 11, 1989
La theorie des operations enonciatives, qui s'est constituee autour des travaux d'Antoine... more La theorie des operations enonciatives, qui s'est constituee autour des travaux d'Antoine Culioli, donne une place centrale, au sein des phenomenes langagiers, au concept d'operation : la reference d'un enonce y est pensee comme une reference construite, par des operateurs dont les marqueurs sont la trace. De la il decoule que ce n'est pas au "monde" que les enonces referent — meme si en definitive ils y renvoient —, ce du moins si l'on accepte de caracteriser le monde par son exteriorite a l...
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jan 21, 2022
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Sep 1, 2020
Sarah de Vogüé O n se propose ici de parcourir les différents paramètres de variation auxquels le... more Sarah de Vogüé O n se propose ici de parcourir les différents paramètres de variation auxquels les langues sont soumises, pour mettre en évidence ce qui nous paraît constituer l'une des clés du phénomène : l'altérité à laquelle tout dire se trouve confronté. Dans une première partie, on explicitera ce que l'on entend par cette notion d'altérité, pour laquelle on distinguera deux dimensions : une dimension intersubjective et une dimension discursive. On verra que chacune prend des formes variées qui sont même souvent divergentes, mais qui s'inscrivent dans les deux grandes perspectives indiquées dans le titre : l'ajustement, tel qu'analysé dans l'école culiolienne où le concept a été développé, et l'affordance, concept issu de la psychologie cognitive, récemment repris dans des théories du sens d'une part, dans des théories du texte d'autre part. Dans une deuxième partie, on montrera comment ces altérités affectent non seulement les variations diaphasiques et celles qui sont relatives aux genres de discours, mais aussi les variations diatopiques et diastratiques où on ne les attend pas a priori. Dans la troisième partie, on s'intéressera plus particulièrement à leur rôle dans les variations diachroniques où la gestion de l'altérité est évoquée à travers les concepts de standardisation ou de normalisation mais où l'on montrera qu'elle est en cause aussi dans ce qui est souvent rapporté à de la grammaticalisation ou à du figement. Ce sera l'occasion de parcourir avec plus de précision divers phénomènes d'ajustement, dont on donnera des exemples et dont on discutera l'analyse. Dans une dernière partie enfin, on se concentrera sur un aspect de la variation diamésique, celle qui sépare écrit et oral, dont on soutiendra qu'elle passe à la fois par des médiums différents mais aussi par des modalités sémiotiques
Travaux De Linguistique, 2000
On soutient ici que le systeme flexionnel du francais ne comporte pas de morpheme de present. Les... more On soutient ici que le systeme flexionnel du francais ne comporte pas de morpheme de present. Les nombreuses valeurs temporelles, aspectuelles et modales que peut revetir un enonce au present sont rapportees a l'interaction de trois grands principes de variation, relatifs au calcul de la reference des enonces. Ce calcul est elabore dans le cadre de la theorie du reperage d'Antoine Culioli. Il permet de rendre compte a la fois des types de contextes discursifs dans lesquels un enonce au present peut s'integrer, des types d'operations predicatives effectuees et des differentes formes d'ancrage referentiel de l'enonce.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 17, 2022
Dans cet article, nous présentons les différents aspects d'un dispositif de remédiation de l'écri... more Dans cet article, nous présentons les différents aspects d'un dispositif de remédiation de l'écrit en ligne pour les étudiants, élaboré dans le cadre d'un projet regroupant quinze universités françaises (projet écri+ (https://ecriplus.fr/), dont l'une des instigatrices est Sarah De Vogüé, qui en coordonne l'une des actions). Prenant comme exemple le traitement du discours rapporté et de la citation, activité emblématique de l'écrit universitaire, nous montrerons comment interagissent, dans la conception des tests et des activités, 1) le choix d'un modèle opératoire, 2) la constitution et l'analyse de corpus d'apprenants et de corpus d'experts, et 3) les contraintes liées au support numériques. Mots clefs : littéracie universitaire ; discours ; recherche appliquée ; français English: écri+, an online system for evaluation, training and certification of written skills in french: the case of reported speech, between formation and research
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2006
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2006
En nous inscrivant dans une approche linguistique de l’acquisition, qui met l'accent sur les ... more En nous inscrivant dans une approche linguistique de l’acquisition, qui met l'accent sur les formes linguistiques et syntaxiques acquises et sur les modalites linguistiques de leur acquisition au travers d’interactions (dans la perspective qui est celle de Lentin (1998)), nous souhaitons, d’une part, etudier comment l’enfant se sert des reprises et des reformulations du texte ou des paroles de ses pairs, pour raconter le texte et, d’autre part, identifier plusieurs formes de reformulations, afin d’apporter un eclairage linguistique aux perspectives didactiques pour l’apprentissage du langage a l’ecole. Nous nous interesserons au phenomene de la repetition et de la reformulation, aux formes qu’elles peuvent prendre, et aux enjeux qu’elles recouvrent : -enjeux dans l’activite de langage d’abord, avec les fonctions metalinguistiques et epilinguistiques, dont le role est mis en evidence par Jakobson (1963), puis, plus radicalement encore, par Culioli (1999) qui fait de ces ajustements du sens l’un des ressorts essentiels du dire ; -enjeux pour l’apprentissage du langage ensuite, tel qu’il se joue a l’ecole, et singulierement dans les seances ici enregistrees, ou il s’agit que la parole de chacun s’appuie sur les paroles de ses pairs, notamment en les reformulant, voire en les repetant, - ces reformulations etant concues comme des sortes de leviers pour le developpement de formes linguistiques diversifiees d’une part, pour le travail d’interpretation et d’appropriation du sens, d’autre part (Peroz, 2010) ; -enjeux dans la prise en compte du texte lui-meme, enfin. La question est alors de savoir s’il faut tout dire de l’histoire racontee, ou du texte qui la raconte, qu’il s’agit bien alors de repeter ou de reformuler. L’etude linguistique du corpus donnera l’occasion d’etudier differentes formes de reformulations et repetitions employees dans le discours de ces enfants, formes que l’on detaillera en observant les procedes linguistiques utilises et leurs effets sur le nouveau texte re-construit par les enfants. Par exemple, les reformulations qui consistent a preciser l’evenement evoque en en precisant les circonstances a la maniere de Davidson (1967) (ex : il l’a tue / il l’a mange / il l’a cuisine), ou encore celles qui viennent en quelque sorte arreter cette infinie mise en abyme des circonstances, parce qu’elles reprennent les formules memes du texte raconte (intrepide ; par mes moustaches ; petit voleur de lapin ; dans les choux et l’autre dans les pommes de terre ; quelle erreur ! ; il reprend sa course folle ; couru ventre a terre ; perturbe par les emotions de la journee ; etc.). C’est a la lumiere de ces formes que l’on se propose de prendre la question des journees : « Comment apprend-on a parler a l’ecole ? ». Et d’abord qu’est-ce que l’on apprend, concernant ici les textes et les histoires, les evenements et la facon de les dire ? Il est question notamment des verbes et de leurs syntaxes, il est question de circonstances et de leur semantique, et il est question de la profusion des choix que l’on peut avoir pour decrire un evenement au travers de telle de ses circonstances. Apprendre qu’on a le choix.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Dec 1, 2022
Information grammaticale, 2020
On voudrait montrer que l’audace pretee a la litterature n’est pas d’une nature differente de cel... more On voudrait montrer que l’audace pretee a la litterature n’est pas d’une nature differente de celle dont Culioli montre les effets lorsqu’il etudie « dans leur texte » les enonces du langage le plus ordinaire. Loin de prendre la litterature comme un travail de l’ecart, on la prend comme une mise en œuvre tenace du travail enonciatif tel que Culioli l’a devoile : un travail qui se rapproche bien plus de la fonction poetique posee par Jakobson, quand le message du texte construit son contexte, que de la fonction expressive dans lequel un locuteur s’enonce. L’enonce construit une valeur referentielle, et cette valeur : a) est une fiction ; b) ne coincide pas avec quelque referent que ce soit ; c) est un fait langagier (voir la lettre 117 a Lucilius : les enonciations « sont a part des corps car (elles) sont des enonciations a propos des corps »). Ce fait langagier est un texte, au sens que Culioli semble donner au concept de texte : non pas un ecrit de quelque longueur (puisque Culioli prend continument ses donnees dans l’oral et volontiers dans des formes breves de l’oral), mais une forme suffisamment construite et tissee pour que sa texture l’organise. Le texte serait chez Culioli ce qui prend la place de la syntaxe (seulement occupee de mise en syntagmes d’une part, d’ordonnancement d’autre part) : ce qui organise l’enonce – des liens, des rassemblements, des vides, des sauts, des ajouts, des reprises, des retours, etc. Organisant l’enonce, il organise donc aussi la valeur referentielle que cet enonce elabore : l’enonce comme sa valeur font texte. Faisant texte, cette valeur ne se reduit en rien a ce qui serait un referent exterieurement determine, et surtout ne se deduit en rien d’un contexte exterieur. L’enonce determine son contexte, et c’est par la qu’il fait fiction. Ainsi, l’approche culiolienne prend-elle le contrepied des approches pragmatiques qui pretendent deduire le sens de l’enonce du contexte dans lequel cet enonce s’inscrit. Culioli s’interesse principalement a des formes breves : enonces comme Je boirais bien un verre, comme Je veux ! J’allais me laisser faire peut-etre ! ou comme Ca !, formules figees comme Manquait plus que ca ou Point trop n’en faut, dont il restitue le texte et l’efficace fictionnelle. Il y decouvre notamment des effets d’attaque, des faits de cloture, et un travail qui n’est pas de composition mais de depliement, pour suivre et redessiner le detail des plis et replis qui forment l’accroche du texte a son contexte fictif. C’est la qu’intervient sans doute ce que Claudine Normand a identifie comme de la ruse : car si le texte determine son contexte, celui-ci neanmoins lui resiste, informulable, et il faut toute la ruse du travail enonciatif pour arriver a le dire, a formuler l’inquietante etrangete du « miroitement, en dessous », qu’evoque Mallarme, cite en exergue dans « Heureusement ». On tentera d’exploiter ces concepts de texte, de contexte et de depliements pour reconstituer ce qui se tisse dans des formes litteraires. On choisit d’etudier de cette facon des poemes, en tant qu’ils constituent eux aussi des formes finies et relativement breves, ou en tous les cas avec une texture qui est mesuree : des textes plus elabores sans doute et complexes que les formes de l’oral ordinaire qui interessent Culioli, mais dont les ruses sont du meme ordre – seulement peut-etre plus determinees et tenaces. Ainsi, a titre experimental, on se propose de lire a cette aune l’audace tenace de Baudelaire pour dire les fictions que ses textes elaborent, au travers de deux poemes des Fleurs du mal - Elevation et le 2eme Spleen - ou l’on tentera de retracer attaques, depliements, clotures, et peut-etre quelque chose du miroitement mallarmeen.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021