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Papers by Thomas Robert
The links between Darwinian theory and deep ecology seem, on face value, to be rather remote. Eve... more The links between Darwinian theory and deep ecology seem, on face value, to be rather remote. Even though certain aspects of traditional interpretations of Darwinian theory can be correlated with the theoretical principles of deep ecology, it is necessary, in order to make stronger links apparent, to concentrate on a rarely addressed domain of Darwin’s thought, i.e. the study of animal behaviour. Darwinian ethology, based on principles that limit the importance of natural selection, is methodologically compatible with both theoretical and normative principles of deep ecology as defined by Naess. This article provides a definition of Darwinian ethology and explains its methodological compatibility with Naess’ principles of deep ecology.
B. Bachofen, B. Bernardi, A. Charrak, F. Guénard (éds.), Philosophie de Rousseau, Classique Garnier, 2014
Les « embarras de l’origine des langues » occupent une place particulière dans la première parti... more Les « embarras de l’origine des langues » occupent une place particulière dans la première partie du second Discours. En effet, Rousseau déploie une argumentation aporétique au sujet du langage en général et de son origine en particulier participant à l’entreprise de dépouillement qu’est l’hypothèse de l’état de nature. La théorie condillacienne constitue à ce titre un modèle d’égarement philosophique duquel il convient de s’écarter au mieux. Or, le contre-exemple condillacien n’est pas limité à la question des origines du langage. Cette dernière n’est que l’aboutissement d’une réflexion erronée sur l’homme. A l’homme condillacien analysant et manipulant toujours déjà quelque forme de signes il faut substituer l’homme naturel rousseauiste reconductible à son caractère de machine ingénieuse et faisant preuve d’un mutisme circonstanciel. De ces deux définitions s’en suivent deux orientations théoriques distinctes : Condillac propose une théorie du développement tandis que Rousseau argumente en faveur d’une théorie de la stagnation. C’est cette dernière qui conduit le philosophe genevois à considérer la question des origines à travers un double cercle aporétique impliquant la relation entre trois termes, à savoir le langage, la société et la pensée (abstractions). Les « embarras de l’origine des langues » se muent en impossibilité. Reste à déterminer si cette dernière est simplement circonstancielle ou tout à fait essentielle. En d’autres termes, il faut convenir de la possibilité ou non d’entrer dans le double cercle aporétique des origines. Une limitation circonstancielle à la question des origines réclamerait une approche distincte de l’hypothèse de l’état de nature ; une impossibilité essentielle condamnerait une résolution philosophique du problème.
Si Rousseau, dans le second Discours, peut être rapproché des deux formes de limitation de la question des origines précédemment évoquées, il est toutefois possible de mettre en évidence, si ce n’est une résolution, une voie d’accès au double cercle aporétique au sein même de l’hypothèse de l’état de nature. Pour ce faire, il faut s’attarder sur le langage naturel composé de cris inarticulés. Plus particulièrement, il convient de mettre en évidence la production et la compréhension du langage naturel. Le jeu entre corps-machine animal général et machine ingénieuse humaine particulière permet de rendre compte des deux moments de production et de compréhension nécessaires au langage naturel. Or, il devient dès lors impossible d’ignorer les considérations sur l’animal, modèle et contre-modèle de l’homme . Ainsi, l’homme apparaît comme étant l’animal historique puisqu’il est une machine ingénieuse intrinsèquement relationnelle, le langage naturel en étant la preuve la plus prégnante. En définitive, l’accès au double cercle aporétique des origines du langage au sein même de l’hypothèse de l’état de nature ne peut se faire qu’au détriment de sa stabilité.
J.L. Hernandez & A. Campillo Meseguer (eds.), El legado de Rousseau, Editum, 2014
La question de l’origine du langage est centrale dans la théorie rousseauiste. Convoquée dans la ... more La question de l’origine du langage est centrale dans la théorie rousseauiste. Convoquée dans la première partie du second Discours, elle met non seulement en lumière l’opposition de Rousseau à l’analyse condillacienne mais surtout la radicalité d’un état de nature dépourvu d’interaction entre les hommes, garantissant sa stabilité. Ces deux points sont illustrés par l’expression du double cercle aporétique des origines du langage, représentant une contribution non négligeable du philosophe genevois à l’histoire de ce questionnement. La stabilité de l’état de nature est comprise dans la première aporie qui convoque le problème de la nécessité du langage et de la détermination de la primauté entre ce dernier ou la société. L’opposition à Condillac est déjà présente et explicite dans cette première aporie, Rousseau accusant l’abbé philosophe d’avoir supposé une société préalable à l’émergence du langage dans son Essai sur l’origine des connaissances humaines. Ce n’est toutefois que dans la seconde aporie, concernant cette fois-ci la question de la primauté entre pensée et langage, que l’opposition à Condillac, bien que non explicite, est la plus forte, Rousseau refusant le principe d’analyse développé par l’abbé. Le double cercle aporétique de la question des origines du langage conduit le Citoyen de Genève à abandonner la résolution de ce problème, laissant par la même occasion l’état de nature exempt de toute artificialité . Cependant, la richesse de la réflexion de Rousseau sur le langage, et plus particulièrement sur son origine, ne se laisse pas enfermer dans ce schéma causal. Au sein même du second Discours, le philosophe genevois propose les prémisses d’une théorie évolutionniste du langage, notamment en abordant la question du langage naturel. L’état de nature perd alors de sa stabilité et revêt véritablement son statut de fiction rationnelle comportant une trame narrative. A ce titre, L’essai sur l’origine des langues peut représenter l’accomplissement de cette narration constatable en filigrane dans le second Discours au prix d’une redéfinition totale du langage, ce dernier n’étant en aucun cas utilitaire mais passionnel.
Partant des deux apories énoncées dans le second Discours, nous proposons de mettre en lumière cette narrativité de la fiction rationnelle de l’état de nature à travers la question des origines du langage et jusqu’à son accomplissement dans L’essai sur l’origine des langues. Le langage naturel, la corporalité ainsi que la définition même du langage constitueront les axes principaux de notre perspective.
Gianna Katsiampoura (ed.), Scientific Cosmopolitanism and Local Cultures: Religions, Ideologies, Societies, Proceedings of 5th International Conference of the European Society for the History of Science, National Hellenic Research Foundation/Institute of Historical Research, Athens 2014
Cahiers Ferdinand de Saussure, 66, 2013
La linguistique évolutionniste a généralement été développée au sein d'un paradigme néo-darwinist... more La linguistique évolutionniste a généralement été développée au sein d'un paradigme néo-darwiniste. Brièvement définie, la linguistique néo-darwinienne apparaît comme étant adaptationniste, anthropocentriste et centrée sur la faculté (humaine) de langage. Cette approche n'est étonnamment pas en adéquation avec l'étude du langage effectuée par Darwin. Dans le contexte d'une recherche de l'origine du langage humain articulé, Darwin défend une linguistique non-adaptationniste et anthropomorphiste qui étudie la multiplicité de l'expression, à travers l'espèce, d'une faculté de langage minimale, définie comme faculté sémiotique générale. En expliquant ces développements à travers l'étude de la sélection sexuelle et de l'expression des émotions, nous contrastons cette approche darwinienne avec deux approches néo-darwinistes distinctes, à savoir l'adaptionnisme radical de Pinker et la théorie plus modérée, quant au rôle de la sélection naturelle, de Hauser, Chomsky et Fitch sur l'évolution du langage.
Evolutionary linguistics has been generally developed within a neo-Darwinian paradigm. Roughly defined, neo-Darwinian linguistics is adaptationist, anthropocentrist and studies the (human) faculty of language. Surprisingly, such an approach is in contradiction with Darwin’s study of language. In the context of a search for the origins of human articulate language, Darwin defends a non-adaptationist, anthropomorphist linguistics that studies the multiple expressions among species of a minimal faculty of language, defined as a general semiotic faculty. By explaining its development through sexual selection and the expression of the emotions, I contrast such Darwinian linguistics with two different neo-Darwinian approaches, namely Pinker’s radical adaptationism and Hauser Chomsky and Fitch’s more moderate theory towards the role of natural selection with respect to the evolution of language.
Patricia Hanna (ed)., An Anthology of Philosophical Studies : Volume 7, Athens : ATINER, 2013
Darwin’s theory is generally reduced to a single book, On the Origin of Species, and to a single ... more Darwin’s theory is generally reduced to a single book, On the Origin of Species, and to a single slogan: descent with modification by means of natural selection. However, such a reading is a caricature of Darwin’s thought. It is possible to distinguish three main periods in the elaboration of Darwin’s theory of descent. The diachronic period, preceding the reading of Malthus’ Essay on Population in September 1838, is mainly concerned with a transmutationist theory based on the causes and laws of variation. The synchronic period, represented by the Origin, corresponds to the unification of Darwin’s transmutationism around the principle of natural selection. The panchronic period, developed in The Descent of Man, conciliates the diachronic principles with synchrony, and particularly with natural selection.
Three different theories of instinct correspond to the three main periods of Darwin’s thought. The diachronic theory is perfectly Lamarckian, while the synchronic theory denies any instance of Lamarckism. Both Darwin’s manuscripts and published works show that the conversion to synchronism does not forbid an ever-present panchronic tendency. I propose to discuss the different theories of instinct, concentrating on both the synchronic conversion and the persistency of panchrony. This approach could be considered as part of a renewal of the Darwinian studies, emphasising problematics treated by the English naturalist but eclipsed by the caricatural interpretation of his thought that the orientation of modern science confirms.
Georgeta Rata (ed.), Linguistic Studies of Human Language, Athens: ATINER, 2013
The question of the origin of language is becoming a purely biological thematics. The biological ... more The question of the origin of language is becoming a purely biological thematics. The biological reductionism of the question of the origin of language is illustrated by the fact that the humanities seem to exhibit a lack of interest toward this problem and that their solutions are not taken seriously into account by the scientific community. Three main events can explain such a situation. Firstly, the Darwinian Theory has been wrongly interpreted, since the publication of On the Origin of Species in 1859, as a purely mechanistic and materialistic theory. The caricatural interpretation of Darwin has led to an extreme biological reductionism with respect to almost every human fact. Secondly, the prohibition promulgated by the Société linguistique de Paris in 1866, although having lasted only three years, illustrates the lack of interest and the incapacity of the humanities, and more particularly of linguistics, to solve the problem of the origin of language. Thirdly, Saussurian linguistics confirms the two impossibilities underlying the prohibition of 1866, i.e. the essential and the theoretical impossibilities.
In this paper, I will, firstly, explain the essential and theoretical impossibilities in the Saussurian theory. Secondly, I will show how it is possible and capital to avoid these two impossibilities. In brief, I will propose an approach, and not a solution, of the problem of the origin of language. Such an approach is absolutely necessary to keep the study of language in the realm of the humanities. Abandoning the question of the origin of language would mean abandoning the study of language and, in the long run, accepting the reduction of any social or human fact to biology.
Cahiers Ferdinand de Saussure, 65, 2012
Un célèbre diagramme du Cours de linguistique générale entre en conflit avec deux versions différ... more Un célèbre diagramme du Cours de linguistique générale entre en conflit avec deux versions différentes contenues dans les notes de cours des élèves de Saussure ainsi que dans les notes préparatoires du maître. En analysant ces trois diagrammes et en expliquant les différentes les potentielles interprétations qui peuvent en être extrapolées, nous suggérons que les éditeurs du CLG ont élaboré la représentation la plus satisfaisante des concepts saussuriens touchant au facteur temps dans la vie de la langue.
A famous diagram of the Course in General Linguistics is at odds with two different versions contained in the students’ notes and Saussure’s preparatory notes. By analysing these three different diagrams and explaining the potential interpretations that can be extrapolated from them, I suggest that the editors of the CLG elaborated the most satisfying representation of Saussure’s concepts.
Methodus, n°6, vol. 2 (2011)
de la filogenia. Con este propósito se estudiarán la ontogénesis animal y humana, lo que dejará e... more de la filogenia. Con este propósito se estudiarán la ontogénesis animal y humana, lo que dejará en evidencia la importancia de la naturaleza, como resonante, en la organización de los seres sensitivos.
Condillac's philosophy represents a lifelong effort to explain the origins and developments of hu... more Condillac's philosophy represents a lifelong effort to explain the origins and developments of human knowledge. The different aspects of his theory are unified by his spiritualistic sensationalism, which is articulated around three poles: the soul, the body and the signs. In order to understand Condillac's explanation of the origins and developments of human knowledge, it is particularly necessary to study the relations between the soul and the body through the signs. The two languages of action, which can be defined as languages composed of gestures and cries, are evidence for such relations. Moreover, the transition between the natural signs and the conventional signs, illustrated by the two languages of action, is of paramount importance to explain the shift from practical to theoretical knowledge, which marks the independence gained by the soul on the body and on the exteriority. In this paper, Condillac's two languages of action are studied in order to underline the importance of the body in the acquisition of human knowledge, both practical and theoretical. Artistic considerations also result from such an enquiry, particularly with respect to prosody, opening a perspective on the relations between the body and the origin of language and of human artistic expression. -évolutionnisme, le philosophe proposant de suivre l'évolution psychologique de l'humain minimal et de l'animal, faisant dialoguer et comparant ces deux archétypes, permet à Condillac de développer non seulement une philosophie de la connaissance, mais également une philosophie de l'éducation et une philosophie du langage, ou plutôt une philosophie linguistique, toutes trois étant intrinsèquement liées par un sensualisme spiritualiste unificateur. L'affirmation que les sens sont la cause occasionnelle de l'âme résume à elle seule la base de la théorie condillacienne. Le sensualisme spiritualiste de Condillac ne peut, par définition, que mettre en rapport l'âme et le corps, celui-ci fournissant la possibilité à celle-là de s'exprimer en RIFL (2012) 5: 150-162 (Azione, percezione e linguaggio)
Talks by Thomas Robert
The links between Darwinian theory and deep ecology seem, on face value, to be rather remote. Eve... more The links between Darwinian theory and deep ecology seem, on face value, to be rather remote. Even though certain aspects of traditional interpretations of Darwinian theory can be correlated with the theoretical principles of deep ecology, it is necessary, in order to make stronger links apparent, to concentrate on a rarely addressed domain of Darwin’s thought, i.e. the study of animal behaviour. Darwinian ethology, based on principles that limit the importance of natural selection, is methodologically compatible with both theoretical and normative principles of deep ecology as defined by Naess. This article provides a definition of Darwinian ethology and explains its methodological compatibility with Naess’ principles of deep ecology.
B. Bachofen, B. Bernardi, A. Charrak, F. Guénard (éds.), Philosophie de Rousseau, Classique Garnier, 2014
Les « embarras de l’origine des langues » occupent une place particulière dans la première parti... more Les « embarras de l’origine des langues » occupent une place particulière dans la première partie du second Discours. En effet, Rousseau déploie une argumentation aporétique au sujet du langage en général et de son origine en particulier participant à l’entreprise de dépouillement qu’est l’hypothèse de l’état de nature. La théorie condillacienne constitue à ce titre un modèle d’égarement philosophique duquel il convient de s’écarter au mieux. Or, le contre-exemple condillacien n’est pas limité à la question des origines du langage. Cette dernière n’est que l’aboutissement d’une réflexion erronée sur l’homme. A l’homme condillacien analysant et manipulant toujours déjà quelque forme de signes il faut substituer l’homme naturel rousseauiste reconductible à son caractère de machine ingénieuse et faisant preuve d’un mutisme circonstanciel. De ces deux définitions s’en suivent deux orientations théoriques distinctes : Condillac propose une théorie du développement tandis que Rousseau argumente en faveur d’une théorie de la stagnation. C’est cette dernière qui conduit le philosophe genevois à considérer la question des origines à travers un double cercle aporétique impliquant la relation entre trois termes, à savoir le langage, la société et la pensée (abstractions). Les « embarras de l’origine des langues » se muent en impossibilité. Reste à déterminer si cette dernière est simplement circonstancielle ou tout à fait essentielle. En d’autres termes, il faut convenir de la possibilité ou non d’entrer dans le double cercle aporétique des origines. Une limitation circonstancielle à la question des origines réclamerait une approche distincte de l’hypothèse de l’état de nature ; une impossibilité essentielle condamnerait une résolution philosophique du problème.
Si Rousseau, dans le second Discours, peut être rapproché des deux formes de limitation de la question des origines précédemment évoquées, il est toutefois possible de mettre en évidence, si ce n’est une résolution, une voie d’accès au double cercle aporétique au sein même de l’hypothèse de l’état de nature. Pour ce faire, il faut s’attarder sur le langage naturel composé de cris inarticulés. Plus particulièrement, il convient de mettre en évidence la production et la compréhension du langage naturel. Le jeu entre corps-machine animal général et machine ingénieuse humaine particulière permet de rendre compte des deux moments de production et de compréhension nécessaires au langage naturel. Or, il devient dès lors impossible d’ignorer les considérations sur l’animal, modèle et contre-modèle de l’homme . Ainsi, l’homme apparaît comme étant l’animal historique puisqu’il est une machine ingénieuse intrinsèquement relationnelle, le langage naturel en étant la preuve la plus prégnante. En définitive, l’accès au double cercle aporétique des origines du langage au sein même de l’hypothèse de l’état de nature ne peut se faire qu’au détriment de sa stabilité.
J.L. Hernandez & A. Campillo Meseguer (eds.), El legado de Rousseau, Editum, 2014
La question de l’origine du langage est centrale dans la théorie rousseauiste. Convoquée dans la ... more La question de l’origine du langage est centrale dans la théorie rousseauiste. Convoquée dans la première partie du second Discours, elle met non seulement en lumière l’opposition de Rousseau à l’analyse condillacienne mais surtout la radicalité d’un état de nature dépourvu d’interaction entre les hommes, garantissant sa stabilité. Ces deux points sont illustrés par l’expression du double cercle aporétique des origines du langage, représentant une contribution non négligeable du philosophe genevois à l’histoire de ce questionnement. La stabilité de l’état de nature est comprise dans la première aporie qui convoque le problème de la nécessité du langage et de la détermination de la primauté entre ce dernier ou la société. L’opposition à Condillac est déjà présente et explicite dans cette première aporie, Rousseau accusant l’abbé philosophe d’avoir supposé une société préalable à l’émergence du langage dans son Essai sur l’origine des connaissances humaines. Ce n’est toutefois que dans la seconde aporie, concernant cette fois-ci la question de la primauté entre pensée et langage, que l’opposition à Condillac, bien que non explicite, est la plus forte, Rousseau refusant le principe d’analyse développé par l’abbé. Le double cercle aporétique de la question des origines du langage conduit le Citoyen de Genève à abandonner la résolution de ce problème, laissant par la même occasion l’état de nature exempt de toute artificialité . Cependant, la richesse de la réflexion de Rousseau sur le langage, et plus particulièrement sur son origine, ne se laisse pas enfermer dans ce schéma causal. Au sein même du second Discours, le philosophe genevois propose les prémisses d’une théorie évolutionniste du langage, notamment en abordant la question du langage naturel. L’état de nature perd alors de sa stabilité et revêt véritablement son statut de fiction rationnelle comportant une trame narrative. A ce titre, L’essai sur l’origine des langues peut représenter l’accomplissement de cette narration constatable en filigrane dans le second Discours au prix d’une redéfinition totale du langage, ce dernier n’étant en aucun cas utilitaire mais passionnel.
Partant des deux apories énoncées dans le second Discours, nous proposons de mettre en lumière cette narrativité de la fiction rationnelle de l’état de nature à travers la question des origines du langage et jusqu’à son accomplissement dans L’essai sur l’origine des langues. Le langage naturel, la corporalité ainsi que la définition même du langage constitueront les axes principaux de notre perspective.
Gianna Katsiampoura (ed.), Scientific Cosmopolitanism and Local Cultures: Religions, Ideologies, Societies, Proceedings of 5th International Conference of the European Society for the History of Science, National Hellenic Research Foundation/Institute of Historical Research, Athens 2014
Cahiers Ferdinand de Saussure, 66, 2013
La linguistique évolutionniste a généralement été développée au sein d'un paradigme néo-darwinist... more La linguistique évolutionniste a généralement été développée au sein d'un paradigme néo-darwiniste. Brièvement définie, la linguistique néo-darwinienne apparaît comme étant adaptationniste, anthropocentriste et centrée sur la faculté (humaine) de langage. Cette approche n'est étonnamment pas en adéquation avec l'étude du langage effectuée par Darwin. Dans le contexte d'une recherche de l'origine du langage humain articulé, Darwin défend une linguistique non-adaptationniste et anthropomorphiste qui étudie la multiplicité de l'expression, à travers l'espèce, d'une faculté de langage minimale, définie comme faculté sémiotique générale. En expliquant ces développements à travers l'étude de la sélection sexuelle et de l'expression des émotions, nous contrastons cette approche darwinienne avec deux approches néo-darwinistes distinctes, à savoir l'adaptionnisme radical de Pinker et la théorie plus modérée, quant au rôle de la sélection naturelle, de Hauser, Chomsky et Fitch sur l'évolution du langage.
Evolutionary linguistics has been generally developed within a neo-Darwinian paradigm. Roughly defined, neo-Darwinian linguistics is adaptationist, anthropocentrist and studies the (human) faculty of language. Surprisingly, such an approach is in contradiction with Darwin’s study of language. In the context of a search for the origins of human articulate language, Darwin defends a non-adaptationist, anthropomorphist linguistics that studies the multiple expressions among species of a minimal faculty of language, defined as a general semiotic faculty. By explaining its development through sexual selection and the expression of the emotions, I contrast such Darwinian linguistics with two different neo-Darwinian approaches, namely Pinker’s radical adaptationism and Hauser Chomsky and Fitch’s more moderate theory towards the role of natural selection with respect to the evolution of language.
Patricia Hanna (ed)., An Anthology of Philosophical Studies : Volume 7, Athens : ATINER, 2013
Darwin’s theory is generally reduced to a single book, On the Origin of Species, and to a single ... more Darwin’s theory is generally reduced to a single book, On the Origin of Species, and to a single slogan: descent with modification by means of natural selection. However, such a reading is a caricature of Darwin’s thought. It is possible to distinguish three main periods in the elaboration of Darwin’s theory of descent. The diachronic period, preceding the reading of Malthus’ Essay on Population in September 1838, is mainly concerned with a transmutationist theory based on the causes and laws of variation. The synchronic period, represented by the Origin, corresponds to the unification of Darwin’s transmutationism around the principle of natural selection. The panchronic period, developed in The Descent of Man, conciliates the diachronic principles with synchrony, and particularly with natural selection.
Three different theories of instinct correspond to the three main periods of Darwin’s thought. The diachronic theory is perfectly Lamarckian, while the synchronic theory denies any instance of Lamarckism. Both Darwin’s manuscripts and published works show that the conversion to synchronism does not forbid an ever-present panchronic tendency. I propose to discuss the different theories of instinct, concentrating on both the synchronic conversion and the persistency of panchrony. This approach could be considered as part of a renewal of the Darwinian studies, emphasising problematics treated by the English naturalist but eclipsed by the caricatural interpretation of his thought that the orientation of modern science confirms.
Georgeta Rata (ed.), Linguistic Studies of Human Language, Athens: ATINER, 2013
The question of the origin of language is becoming a purely biological thematics. The biological ... more The question of the origin of language is becoming a purely biological thematics. The biological reductionism of the question of the origin of language is illustrated by the fact that the humanities seem to exhibit a lack of interest toward this problem and that their solutions are not taken seriously into account by the scientific community. Three main events can explain such a situation. Firstly, the Darwinian Theory has been wrongly interpreted, since the publication of On the Origin of Species in 1859, as a purely mechanistic and materialistic theory. The caricatural interpretation of Darwin has led to an extreme biological reductionism with respect to almost every human fact. Secondly, the prohibition promulgated by the Société linguistique de Paris in 1866, although having lasted only three years, illustrates the lack of interest and the incapacity of the humanities, and more particularly of linguistics, to solve the problem of the origin of language. Thirdly, Saussurian linguistics confirms the two impossibilities underlying the prohibition of 1866, i.e. the essential and the theoretical impossibilities.
In this paper, I will, firstly, explain the essential and theoretical impossibilities in the Saussurian theory. Secondly, I will show how it is possible and capital to avoid these two impossibilities. In brief, I will propose an approach, and not a solution, of the problem of the origin of language. Such an approach is absolutely necessary to keep the study of language in the realm of the humanities. Abandoning the question of the origin of language would mean abandoning the study of language and, in the long run, accepting the reduction of any social or human fact to biology.
Cahiers Ferdinand de Saussure, 65, 2012
Un célèbre diagramme du Cours de linguistique générale entre en conflit avec deux versions différ... more Un célèbre diagramme du Cours de linguistique générale entre en conflit avec deux versions différentes contenues dans les notes de cours des élèves de Saussure ainsi que dans les notes préparatoires du maître. En analysant ces trois diagrammes et en expliquant les différentes les potentielles interprétations qui peuvent en être extrapolées, nous suggérons que les éditeurs du CLG ont élaboré la représentation la plus satisfaisante des concepts saussuriens touchant au facteur temps dans la vie de la langue.
A famous diagram of the Course in General Linguistics is at odds with two different versions contained in the students’ notes and Saussure’s preparatory notes. By analysing these three different diagrams and explaining the potential interpretations that can be extrapolated from them, I suggest that the editors of the CLG elaborated the most satisfying representation of Saussure’s concepts.
Methodus, n°6, vol. 2 (2011)
de la filogenia. Con este propósito se estudiarán la ontogénesis animal y humana, lo que dejará e... more de la filogenia. Con este propósito se estudiarán la ontogénesis animal y humana, lo que dejará en evidencia la importancia de la naturaleza, como resonante, en la organización de los seres sensitivos.
Condillac's philosophy represents a lifelong effort to explain the origins and developments of hu... more Condillac's philosophy represents a lifelong effort to explain the origins and developments of human knowledge. The different aspects of his theory are unified by his spiritualistic sensationalism, which is articulated around three poles: the soul, the body and the signs. In order to understand Condillac's explanation of the origins and developments of human knowledge, it is particularly necessary to study the relations between the soul and the body through the signs. The two languages of action, which can be defined as languages composed of gestures and cries, are evidence for such relations. Moreover, the transition between the natural signs and the conventional signs, illustrated by the two languages of action, is of paramount importance to explain the shift from practical to theoretical knowledge, which marks the independence gained by the soul on the body and on the exteriority. In this paper, Condillac's two languages of action are studied in order to underline the importance of the body in the acquisition of human knowledge, both practical and theoretical. Artistic considerations also result from such an enquiry, particularly with respect to prosody, opening a perspective on the relations between the body and the origin of language and of human artistic expression. -évolutionnisme, le philosophe proposant de suivre l'évolution psychologique de l'humain minimal et de l'animal, faisant dialoguer et comparant ces deux archétypes, permet à Condillac de développer non seulement une philosophie de la connaissance, mais également une philosophie de l'éducation et une philosophie du langage, ou plutôt une philosophie linguistique, toutes trois étant intrinsèquement liées par un sensualisme spiritualiste unificateur. L'affirmation que les sens sont la cause occasionnelle de l'âme résume à elle seule la base de la théorie condillacienne. Le sensualisme spiritualiste de Condillac ne peut, par définition, que mettre en rapport l'âme et le corps, celui-ci fournissant la possibilité à celle-là de s'exprimer en RIFL (2012) 5: 150-162 (Azione, percezione e linguaggio)
Darwin est souvent réduit à un seul ouvrage, L'origine des espèces (1859), et à une seule thèse: ... more Darwin est souvent réduit à un seul ouvrage, L'origine des espèces (1859), et à une seule thèse: descendance avec modifica@on au moyen de la sélec@on naturelle. Concernant le langage, L'origine des espèces ne discute que l'analogie entre classifica@on des espèces et classifica@on des langues. L'entreprise darwinienne semble ainsi confirmer le souci des philologistes d'établir un Stammbaum. La publica@on, en 1863, de Die Darwinsche Theorie und die Sprachwissenscha9 par A. Schleicher ou l'u@lisa@on de la sélec@on naturelle par F.M. Müller, pourtant an@--évolu@onniste, pour rendre compte de la concurrence entre les langues confirment la réduc@on de la ques@on du langage à l'analogie classificatoire entre langues et espèces. (Cf. Alter 1999, Radick 2008, Hoquet 2009) Ci--dessus: Darwin (1859): classifica@on idéale des espèces. Ci--dessous: Schleicher (1863): classifica@on réelle des langues MeWant fin à son silence sur la ques@on humaine Darwin publie, en 1871, La filia?on de l'homme. Le problème de l'origine du langage est traité, directement, dans la première par@e et, indirectement, dans la seconde par@e consacrée à la sélec@on sexuelle. Darwin mobilise les théories linguis@ques de son temps et prend posi@on, avec H. Wegwood et F.W. Farrar, pour une origine onomatopéico--interjec@onnelle des premières racines du langage ar@culé humain, la solu@on de F.M. Müller d'une résonance des objets dans l'esprit humain ne le sa@sfaisant pas. Toute la force de la solu@on darwinienne au problème de l'origine du langage réside dans la reconstruc@on phylogéné@que de l'ar@cula@on, l'origine étant considérée comme processus et non comme point source (Hoquet 2009).