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Papers by eliane de Latour
Du social hors la loi, 2009
Historicité et intérêt du recours aux outils de la psychanalyse, ou de la psychanalyse à l'anthro... more Historicité et intérêt du recours aux outils de la psychanalyse, ou de la psychanalyse à l'anthropologie ? YANN GUILLAUD L'un des derniers exposés de Christian Geffray est sa conférence canadienne (cf. supra : 109). Il y présente une partie du Nom du maître et dit clairement, à la fin, qu'en fait, son travail consiste maintenant à réfléchir sur les identifications qui sont, je reprends ses mots : « cette formidable manufacture » à produire de l'histoire. Donc il ne nie pas l'histoire, il ne l'expulse pas. Bien au contraire, il essaye de l'expliquer. Cela pose la question de la vérité et du savoir au coeur de sa démarche.
Paradoxe de l’anthropologie qui des sa naissance unit science et image au profit de la connaissan... more Paradoxe de l’anthropologie qui des sa naissance unit science et image au profit de la connaissance de mondes sociaux, sans jamais arriver a surmonter une forme de positivisme letal ! Dans cette experience utilitariste ethnologie et cinema ont perdu leurs dynamiques intrinseques. Le geste reflexif et le geste artistique ont en commun une transversalite qui puise a de multiples sources, releve du raisonnement comme de l’experience sensorielle. A l’aide de quelques exemples de mises en scene cinematographiques puisees dans mes propres films, je vais tenter de mettre en lumiere la possibilite du depassement commun a partir des categories propres a chaque champ. Mais auparavant, un questionnement sur d’apparentes evidences s’impose.
Cahiers d'Études africaines, 1990
Critique Internationale, 2003
Héros du retour par Éliane de Latour e texte est issu d'un travail sur les ghettos 1 que j'ai ent... more Héros du retour par Éliane de Latour e texte est issu d'un travail sur les ghettos 1 que j'ai entamé en 1997 dans deux villes ivoiriennes : Abidjan et San Pedro. Derrière les parcours délinquants observés, se nichait l'idée d'un grand voyage susceptible de modifier le mauvais sort. La réussite des « grands frères » partis au Nord alimentait les rêves des ghettomen dont me parvenaient les chimères et les rumeurs. Tous voulaient toucher l'Occident, et j'ai en retrouvé quelques-uns de l'autre côté de la mer. Zoom, un vieux père ayant atterri à Madrid, m'a introduite dans un groupe de dealers. Lui et ses amis vendaient déjà de la drogue en Côte d'Ivoire ; à terme, leur but était de sortir définitivement de l'illégalité. Certains avaient des papiers, mais ils continuaient à dealer, trouvant les petits boulots peu rentables. D'autres cherchaient à aller ailleurs dans l'espace Schengen. Ceux qui étaient dans l'attente de papiers poursuivaient leurs activités illégales mais, au moindre danger ou à la moindre baisse du marché, partaient ramasser des fruits dans les champs où les
Autrepart, 2001
Young city-dwelling drifters meet in the ghettos where they group together in gangs. They create ... more Young city-dwelling drifters meet in the ghettos where they group together in gangs. They create a world for themselves centred on local conditions and world ambitions using an epic and family-based theatre. They create roles which place value on singularity, autonomy, power, success, while they express forms of solidarity between humans based on metaphorical relationships, including father/son, husband/wife, siblings. Families are reinvented, as the young model their relationships on the better aspects of the Western-style free-living couple, while retaining respect for their elders in return for protection, a relationship which their true parents are not longer able to maintain. These ‘ghettomen’ see themselves as a large family of friends motivated by the same set of choices, in contrast to their own families which guarantee reproduction of children but do not always recognise individual choices. Even if the utopia of the ghetto can generate constraints and fatalities, it gives the group’s members the chance to shape their own lives. The main objective in this search for recognition is to change their destiny and to accept their place as adults.
Terrain, Oct 1, 1993
Il ne suffit pas qu’un ethnologue, auteur de sujets de films potentiels, apprenne a se servir d&#... more Il ne suffit pas qu’un ethnologue, auteur de sujets de films potentiels, apprenne a se servir d'une camera pour qu'il devienne un documentariste. La conjonction de ces deux competences est meme chose assez rare. Le jury du Cinema du reel a confirme les qualites de realisatrice d'une ethnologue, Eliane de Latour, qui vient d'obtenir pour la deuxieme fois, le prix des Bibliotheques, pour son dernier film, Contes et comptes de la cour. Ce film, qui fait suite a un travail anthropologique de long...
Études, Apr 1, 2005
Au sentiment d’etouffement economique et social, les jeunes citadins pauvres opposent une quete d... more Au sentiment d’etouffement economique et social, les jeunes citadins pauvres opposent une quete de liberte, une utopie qui conduit toujours ailleurs, toujours plus loin. Le sentiment d’appartenir au meme univers lie l’ensemble des bra mogo, freres qui partagent les memes reves.
Autrepart, Sep 1, 2001
Boston… Ainsi nommés, les ghettos des grandes villes de Côte-d'Ivoire sont liés aux pratiques dél... more Boston… Ainsi nommés, les ghettos des grandes villes de Côte-d'Ivoire sont liés aux pratiques délinquantes et à la circulation de la drogue, en même temps qu'ils deviennent le théâtre d'une utopie à travers laquelle les jeunes Ivoiriens en rupture se réalisent en héros d'une modernité définie par le mouvement, la propreté, la célébrité, la fortune, par opposition à une Afrique synonyme pour eux, de durée figée, de répétitions, d'absence de progression personnelle, de surveillance, de sorcellerie. Cependant, la rupture avec la société environnante et le milieu familial est loin d'être totale. Les ghettomen agressent mais se réapproprient des valeurs qui définissent une personne à l'intérieur d'un système régi par l'honneur et la honte, le devoir des aînés envers les cadets, le respect de l'ancien. Derrière leur économie prédatrice, ils cherchent la reconnaissance des leurs parmi lesquels ils veulent prendre une place remarquable, tout du moins remarquée. À travers le modèle du guerrier qui va être analysé ici, ils échafaudent des mondes de puissance immédiate dont le corollaire est la déréliction et ils marquent leur volonté d'exercer un pouvoir social par la composition de familles métaphoriques qui a fait l'objet de l'article cité en référence. Ce texte traite des hiérarchies erratiques dominées par la notion de respect qui organise la communauté nushi 1. Les vieux pères, forts de leur expérience, s'imposent au fiston qui cherche la tutelle de l'un d'entre eux pour le protéger et en même temps l'initier. Le novice n'a de cesse de devenir vieux père en faisant entrer à son tour d'autres fistons. Chacun est à la fois vieux père de l'un et fiston d'un autre. Cette reconnaissance de l'ancienneté de l'expérience est une réplique du droit d'antériorité très largement répandu dans les sociétés africaines. Par ailleurs, les ghettomen engagent avec les go (filles) des relations très diverses qui vont de la simple fraternité à l'amour passion, en passant par la relation sexuelle sans lendemain. Des couples peuvent se créer, des enfants naître, mais nombre de garçons iront chercher des copines à l'extérieur du ghetto par défiance à l'égard des soeurs de sang qui sont devenues leur double : l'incarnation des excès masculins dans un corps féminin Autrepart (19), 2001 : 155-176 * Anthropologue et cinéaste, Centre d'études africaines (CNRS-EHESS). Cet article fait suite à un précédent publié dans Autrepart (18), 2001, sous le titre : « Métaphores familiales dans les ghettos de Côte-d'Ivoire ». 1 Le nushi est la langue de la rue. Le nushia désigne le banditisme. Un nushi est un voyou. Du ghetto au voyage clandestin : la métaphore héroïque
Cahiers d'Études africaines, 1985
International Journal of African Historical Studies, 1995
Bulletin de l'Association française des anthropologues, 1984
Augé Marc, de Latour Éliane. Marc Augé répond à Éliane de Latour. In: Bulletin de l'Associati... more Augé Marc, de Latour Éliane. Marc Augé répond à Éliane de Latour. In: Bulletin de l'Association française des anthropologues, n°16-17, Mai 1984. Audio Visuel, sous la direction de Colette Piault, Marc H. Piault et Christiane Bougerol . pp. 75-80
Cahiers d'Études africaines, 1984
E. de Latour-Landmasters and Warmasters. There are two pre-eminent groups among the Mawri: the ab... more E. de Latour-Landmasters and Warmasters. There are two pre-eminent groups among the Mawri: the aboriginal Gubawa, owners of the land rights and keepers of the ancestors cuits, and the Arewa warriors, holders of the political power. Social order in the first group rests upon seniority and sacrifice, in the second one upon competition and strength-backed relations. A foundation myth accounts for the intergroup relationships in ternis of marriage: the dynasty springs from the union of the first warrior to visit the region with the daughter of one of the landholders. This suggests a compact, with land arfording legitimacy, weapons providing protection. This contract, reinforced by a set of rules, is put into effect through enthronement rites and war, but beyond these two main social experiments, each group keeps to its own representations. This leads to conflict concerning the management of arfairs, with the Gubawa claiming preeminence due to anteriority of occupation, while the Arewa try to use their military power to reign by themselves. When cohesion is on the rise and rules are Consolidated, there is a State in the offing. However concentration of power starts a process of segmentation: war, fission of princely lineages and group splitting. Yet this apparent frailty does not resuit into a destabilization of a power which thrives on the conflicts it generates.
Actes De La Recherche En Sciences Sociales, 1999
Ghettomen. The ghettos of Ivory Coast harbor the entire range of illegal practices, from theft to... more Ghettomen. The ghettos of Ivory Coast harbor the entire range of illegal practices, from theft to holdups, via drugs and fraud : the sciences. This undergound community is structured around an initiation cycle which turns fistons ("young sons" - inexperienced youths) into vieux pères ("old fathers" - seasoned veterans). The experience starts with a probationary period during which a man must show his heart, his courage, by his ability to go to extremes. He constantly risks death until life once again becomes primordial : the heart dies, and this is the downward phase. No one grows old in the ghetto, which is conceived as a passage where one learns to master a certain number of things : violence, the minss (mind), modern values. The constant swing between the law of the jungle and the law of blood weaves a gang into a tight-knit family. The reference codes revolve around honor and respect for the name — which must be defended under all circumstances. The burning desire for fame, much like that of the heroes of African history, espouses the contemporary vision of the world as a theater of images, where all that counts is media recognition. Fulfillment of the dream lies in the Eldorado of the West, seen as a land of wealth and freedom where all dreams can come true. Illegality is part of this journey through a blood-drenched, deadly utopia from which one emerges into adult society a different person.
Autrepart, Jun 1, 2001
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. Distribution électronique Cairn... more Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-autrepart-2001-2-page-151.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.
Cahiers d'Études africaines, 1985
De Latour Eliane. Réponses. In: Cahiers d'études africaines, vol. 25, n°98, 1985. pp. 255-257
Actes De La Recherche En Sciences Sociales, Sep 1, 1999
... passant avant celle des autres si elle est en danger Certains ghettomen resteront dans une sp... more ... passant avant celle des autres si elle est en danger Certains ghettomen resteront dans une spécialité est notamment le cas des philo qui aiment ... que le pistolet est loin même un enfant peut être un braqueur on pas besoin de cou rage pour tirer avec un pistolet Kala Les rivalités ...
Du social hors la loi, 2009
La guerre comme projet et la construction sociale de l'ennemi GÉRALD GAILLARD-STARZMANN La phrase... more La guerre comme projet et la construction sociale de l'ennemi GÉRALD GAILLARD-STARZMANN La phrase qui me semble le mieux caractériser l'apport de Christian Geffray à l'analyse des sociétés en guerre c'est : « La guerre comme projet de vie. » Il est le premier, à ma connaissance, à avoir formulé les choses en ces termes et il en fait un usage véritablement problématique, la formulation pouvant se retourner parfois en son contraire, selon les niveaux d'analyse. MARC HENRI PIAULT De fait, cet aspect de l'analyse de la guerre comme constituant un projet d'organisation sociale est véritablement neuf-et cela a été bien souligné dans les présentations. Projet social, mais également projet de bonification, transformation, création proprement dite. À travers la guerre, on a la constitution dans l'armée d'un corps social qui progressivement fabrique, et je crois ne donne pas seulement des illusions, mais construit réellement du pouvoir, qui va se réaliser par la victoire promise et s'inscrire dans une réalité, et qui peut se structurer d'une façon plus durable.
Du social hors la loi, 2009
Historicité et intérêt du recours aux outils de la psychanalyse, ou de la psychanalyse à l'anthro... more Historicité et intérêt du recours aux outils de la psychanalyse, ou de la psychanalyse à l'anthropologie ? YANN GUILLAUD L'un des derniers exposés de Christian Geffray est sa conférence canadienne (cf. supra : 109). Il y présente une partie du Nom du maître et dit clairement, à la fin, qu'en fait, son travail consiste maintenant à réfléchir sur les identifications qui sont, je reprends ses mots : « cette formidable manufacture » à produire de l'histoire. Donc il ne nie pas l'histoire, il ne l'expulse pas. Bien au contraire, il essaye de l'expliquer. Cela pose la question de la vérité et du savoir au coeur de sa démarche.
Paradoxe de l’anthropologie qui des sa naissance unit science et image au profit de la connaissan... more Paradoxe de l’anthropologie qui des sa naissance unit science et image au profit de la connaissance de mondes sociaux, sans jamais arriver a surmonter une forme de positivisme letal ! Dans cette experience utilitariste ethnologie et cinema ont perdu leurs dynamiques intrinseques. Le geste reflexif et le geste artistique ont en commun une transversalite qui puise a de multiples sources, releve du raisonnement comme de l’experience sensorielle. A l’aide de quelques exemples de mises en scene cinematographiques puisees dans mes propres films, je vais tenter de mettre en lumiere la possibilite du depassement commun a partir des categories propres a chaque champ. Mais auparavant, un questionnement sur d’apparentes evidences s’impose.
Cahiers d'Études africaines, 1990
Critique Internationale, 2003
Héros du retour par Éliane de Latour e texte est issu d'un travail sur les ghettos 1 que j'ai ent... more Héros du retour par Éliane de Latour e texte est issu d'un travail sur les ghettos 1 que j'ai entamé en 1997 dans deux villes ivoiriennes : Abidjan et San Pedro. Derrière les parcours délinquants observés, se nichait l'idée d'un grand voyage susceptible de modifier le mauvais sort. La réussite des « grands frères » partis au Nord alimentait les rêves des ghettomen dont me parvenaient les chimères et les rumeurs. Tous voulaient toucher l'Occident, et j'ai en retrouvé quelques-uns de l'autre côté de la mer. Zoom, un vieux père ayant atterri à Madrid, m'a introduite dans un groupe de dealers. Lui et ses amis vendaient déjà de la drogue en Côte d'Ivoire ; à terme, leur but était de sortir définitivement de l'illégalité. Certains avaient des papiers, mais ils continuaient à dealer, trouvant les petits boulots peu rentables. D'autres cherchaient à aller ailleurs dans l'espace Schengen. Ceux qui étaient dans l'attente de papiers poursuivaient leurs activités illégales mais, au moindre danger ou à la moindre baisse du marché, partaient ramasser des fruits dans les champs où les
Autrepart, 2001
Young city-dwelling drifters meet in the ghettos where they group together in gangs. They create ... more Young city-dwelling drifters meet in the ghettos where they group together in gangs. They create a world for themselves centred on local conditions and world ambitions using an epic and family-based theatre. They create roles which place value on singularity, autonomy, power, success, while they express forms of solidarity between humans based on metaphorical relationships, including father/son, husband/wife, siblings. Families are reinvented, as the young model their relationships on the better aspects of the Western-style free-living couple, while retaining respect for their elders in return for protection, a relationship which their true parents are not longer able to maintain. These ‘ghettomen’ see themselves as a large family of friends motivated by the same set of choices, in contrast to their own families which guarantee reproduction of children but do not always recognise individual choices. Even if the utopia of the ghetto can generate constraints and fatalities, it gives the group’s members the chance to shape their own lives. The main objective in this search for recognition is to change their destiny and to accept their place as adults.
Terrain, Oct 1, 1993
Il ne suffit pas qu’un ethnologue, auteur de sujets de films potentiels, apprenne a se servir d&#... more Il ne suffit pas qu’un ethnologue, auteur de sujets de films potentiels, apprenne a se servir d'une camera pour qu'il devienne un documentariste. La conjonction de ces deux competences est meme chose assez rare. Le jury du Cinema du reel a confirme les qualites de realisatrice d'une ethnologue, Eliane de Latour, qui vient d'obtenir pour la deuxieme fois, le prix des Bibliotheques, pour son dernier film, Contes et comptes de la cour. Ce film, qui fait suite a un travail anthropologique de long...
Études, Apr 1, 2005
Au sentiment d’etouffement economique et social, les jeunes citadins pauvres opposent une quete d... more Au sentiment d’etouffement economique et social, les jeunes citadins pauvres opposent une quete de liberte, une utopie qui conduit toujours ailleurs, toujours plus loin. Le sentiment d’appartenir au meme univers lie l’ensemble des bra mogo, freres qui partagent les memes reves.
Autrepart, Sep 1, 2001
Boston… Ainsi nommés, les ghettos des grandes villes de Côte-d'Ivoire sont liés aux pratiques dél... more Boston… Ainsi nommés, les ghettos des grandes villes de Côte-d'Ivoire sont liés aux pratiques délinquantes et à la circulation de la drogue, en même temps qu'ils deviennent le théâtre d'une utopie à travers laquelle les jeunes Ivoiriens en rupture se réalisent en héros d'une modernité définie par le mouvement, la propreté, la célébrité, la fortune, par opposition à une Afrique synonyme pour eux, de durée figée, de répétitions, d'absence de progression personnelle, de surveillance, de sorcellerie. Cependant, la rupture avec la société environnante et le milieu familial est loin d'être totale. Les ghettomen agressent mais se réapproprient des valeurs qui définissent une personne à l'intérieur d'un système régi par l'honneur et la honte, le devoir des aînés envers les cadets, le respect de l'ancien. Derrière leur économie prédatrice, ils cherchent la reconnaissance des leurs parmi lesquels ils veulent prendre une place remarquable, tout du moins remarquée. À travers le modèle du guerrier qui va être analysé ici, ils échafaudent des mondes de puissance immédiate dont le corollaire est la déréliction et ils marquent leur volonté d'exercer un pouvoir social par la composition de familles métaphoriques qui a fait l'objet de l'article cité en référence. Ce texte traite des hiérarchies erratiques dominées par la notion de respect qui organise la communauté nushi 1. Les vieux pères, forts de leur expérience, s'imposent au fiston qui cherche la tutelle de l'un d'entre eux pour le protéger et en même temps l'initier. Le novice n'a de cesse de devenir vieux père en faisant entrer à son tour d'autres fistons. Chacun est à la fois vieux père de l'un et fiston d'un autre. Cette reconnaissance de l'ancienneté de l'expérience est une réplique du droit d'antériorité très largement répandu dans les sociétés africaines. Par ailleurs, les ghettomen engagent avec les go (filles) des relations très diverses qui vont de la simple fraternité à l'amour passion, en passant par la relation sexuelle sans lendemain. Des couples peuvent se créer, des enfants naître, mais nombre de garçons iront chercher des copines à l'extérieur du ghetto par défiance à l'égard des soeurs de sang qui sont devenues leur double : l'incarnation des excès masculins dans un corps féminin Autrepart (19), 2001 : 155-176 * Anthropologue et cinéaste, Centre d'études africaines (CNRS-EHESS). Cet article fait suite à un précédent publié dans Autrepart (18), 2001, sous le titre : « Métaphores familiales dans les ghettos de Côte-d'Ivoire ». 1 Le nushi est la langue de la rue. Le nushia désigne le banditisme. Un nushi est un voyou. Du ghetto au voyage clandestin : la métaphore héroïque
Cahiers d'Études africaines, 1985
International Journal of African Historical Studies, 1995
Bulletin de l'Association française des anthropologues, 1984
Augé Marc, de Latour Éliane. Marc Augé répond à Éliane de Latour. In: Bulletin de l'Associati... more Augé Marc, de Latour Éliane. Marc Augé répond à Éliane de Latour. In: Bulletin de l'Association française des anthropologues, n°16-17, Mai 1984. Audio Visuel, sous la direction de Colette Piault, Marc H. Piault et Christiane Bougerol . pp. 75-80
Cahiers d'Études africaines, 1984
E. de Latour-Landmasters and Warmasters. There are two pre-eminent groups among the Mawri: the ab... more E. de Latour-Landmasters and Warmasters. There are two pre-eminent groups among the Mawri: the aboriginal Gubawa, owners of the land rights and keepers of the ancestors cuits, and the Arewa warriors, holders of the political power. Social order in the first group rests upon seniority and sacrifice, in the second one upon competition and strength-backed relations. A foundation myth accounts for the intergroup relationships in ternis of marriage: the dynasty springs from the union of the first warrior to visit the region with the daughter of one of the landholders. This suggests a compact, with land arfording legitimacy, weapons providing protection. This contract, reinforced by a set of rules, is put into effect through enthronement rites and war, but beyond these two main social experiments, each group keeps to its own representations. This leads to conflict concerning the management of arfairs, with the Gubawa claiming preeminence due to anteriority of occupation, while the Arewa try to use their military power to reign by themselves. When cohesion is on the rise and rules are Consolidated, there is a State in the offing. However concentration of power starts a process of segmentation: war, fission of princely lineages and group splitting. Yet this apparent frailty does not resuit into a destabilization of a power which thrives on the conflicts it generates.
Actes De La Recherche En Sciences Sociales, 1999
Ghettomen. The ghettos of Ivory Coast harbor the entire range of illegal practices, from theft to... more Ghettomen. The ghettos of Ivory Coast harbor the entire range of illegal practices, from theft to holdups, via drugs and fraud : the sciences. This undergound community is structured around an initiation cycle which turns fistons ("young sons" - inexperienced youths) into vieux pères ("old fathers" - seasoned veterans). The experience starts with a probationary period during which a man must show his heart, his courage, by his ability to go to extremes. He constantly risks death until life once again becomes primordial : the heart dies, and this is the downward phase. No one grows old in the ghetto, which is conceived as a passage where one learns to master a certain number of things : violence, the minss (mind), modern values. The constant swing between the law of the jungle and the law of blood weaves a gang into a tight-knit family. The reference codes revolve around honor and respect for the name — which must be defended under all circumstances. The burning desire for fame, much like that of the heroes of African history, espouses the contemporary vision of the world as a theater of images, where all that counts is media recognition. Fulfillment of the dream lies in the Eldorado of the West, seen as a land of wealth and freedom where all dreams can come true. Illegality is part of this journey through a blood-drenched, deadly utopia from which one emerges into adult society a different person.
Autrepart, Jun 1, 2001
Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. Distribution électronique Cairn... more Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Article disponible en ligne à l'adresse Article disponible en ligne à l'adresse https://www.cairn.info/revue-autrepart-2001-2-page-151.htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.
Cahiers d'Études africaines, 1985
De Latour Eliane. Réponses. In: Cahiers d'études africaines, vol. 25, n°98, 1985. pp. 255-257
Actes De La Recherche En Sciences Sociales, Sep 1, 1999
... passant avant celle des autres si elle est en danger Certains ghettomen resteront dans une sp... more ... passant avant celle des autres si elle est en danger Certains ghettomen resteront dans une spécialité est notamment le cas des philo qui aiment ... que le pistolet est loin même un enfant peut être un braqueur on pas besoin de cou rage pour tirer avec un pistolet Kala Les rivalités ...
Du social hors la loi, 2009
La guerre comme projet et la construction sociale de l'ennemi GÉRALD GAILLARD-STARZMANN La phrase... more La guerre comme projet et la construction sociale de l'ennemi GÉRALD GAILLARD-STARZMANN La phrase qui me semble le mieux caractériser l'apport de Christian Geffray à l'analyse des sociétés en guerre c'est : « La guerre comme projet de vie. » Il est le premier, à ma connaissance, à avoir formulé les choses en ces termes et il en fait un usage véritablement problématique, la formulation pouvant se retourner parfois en son contraire, selon les niveaux d'analyse. MARC HENRI PIAULT De fait, cet aspect de l'analyse de la guerre comme constituant un projet d'organisation sociale est véritablement neuf-et cela a été bien souligné dans les présentations. Projet social, mais également projet de bonification, transformation, création proprement dite. À travers la guerre, on a la constitution dans l'armée d'un corps social qui progressivement fabrique, et je crois ne donne pas seulement des illusions, mais construit réellement du pouvoir, qui va se réaliser par la victoire promise et s'inscrire dans une réalité, et qui peut se structurer d'une façon plus durable.