Laurent Thirouin | Université Lyon II Louis Lumière (original) (raw)
Papers by Laurent Thirouin
Courrier Blaise Pascal, 2024
L’ordre du cœur prôné par Pascal consiste-t-il à échauffer l’interlocuteur comme il est communéme... more L’ordre du cœur prôné par Pascal consiste-t-il à échauffer l’interlocuteur comme il est communément admis ou à le rabaisser, comme le soutenait avec conviction l’éditeur Lafuma ? Après avoir mesuré sur ce point l’influence de saint Augustin et du De Doctrina Christiana, l’étude procède à un examen attentif de la pensée Sellier 329. L’idéal d’une « digression sur chaque point qui a rapport à la fin, pour la montrer toujours » est celui d’une rhétorique intégrant la dimension temporelle. Cette célèbre pensée de Pascal conduit à une théorie de la mémoire. Comment « retenir » ? Et est-il même possible de « retenir » ?
Does the order of the heart consist in warming up the interlocutor, as is commonly accepted, or in putting him down, as the editor Lafuma tenaciously argued? After measuring the influence of Saint Augustine and his De Doctrina Christiana on this point, the study proceeds with a close examination of Sellier 329. The ideal of a "digression on each point that refers to the end, in order to show it always" corresponds to a rhetoric that integrates the temporal dimension. Pascal's famous thought leads to a theory of memory. How can we ‘retain’? And is it even possible to ‘retain’?
Revue Bossuet, 2024
In the very first edition of Tartuffe, in the margin of the main scene (IV,5) in which the impost... more In the very first edition of Tartuffe, in the margin of the main scene (IV,5) in which the impostor is finally unmasked, we read a strange didascalia: "C'est un scélérat qui parle" ("It's a scoundrel who speaks"). Why this seemingly useless clarification, which is not a stage direction? Who is it addressed to? What is its function? Starting with the logical and poetic problems raised by this "note", the study looks at Molière's adversaries - the scoundrels - and his conception of religion.
Dès la première édition de Tartuffe, en marge de la grande scène (IV,5) où l’imposteur est enfin démasqué, on lit une étrange didascalie : “C’est un scélérat qui parle”. Pourquoi cette précision, apparemment inutile, qui ne saurait constituer une indication scénique ? À qui s’adresse-t-elle ? Quelle est sa fonction ? En partant des problèmes logique et poétiques soulevés par cette “note”, l’étude s’interroge sur les adversaires de Molière, les scélérats, et sur sa conception de la religion.
Textimage, 2023
The frontispiece of the original edition of Les Maximes by La Rochefoucauld has given rise to man... more The frontispiece of the original edition of Les Maximes by La Rochefoucauld has given rise to many comments. One element, however, has not caught the attention of the critics: its framing. The engraving features a truncated quote from the poet Horace, reduced to two words. Why this violent cut? And above all, what are the effects on the overall interpretation of the image? The device designed by this frontispiece is based on unsaid and unshown elements. The frame here conceals what is important for it to signify. It hides to show off differently. A comparison with the engraving that serves as the frontispiece of a similar work – La Fausseté des vertus Humaines by J. Esprit – allows us to compare two forms of discourse, each identified by a representative image.
Penser l’âme au temps de son éclipse. Les ressources de l’anthropologie chrétienne, sous la direction de Pascal Marin et Laurence Mellerin, Paris, éditions du Cerf, 2023
L’anthropologie présente dans les Pensées de Pascal est surtout connue pour la tripartition corps... more L’anthropologie présente dans les Pensées de Pascal est surtout connue pour la tripartition corps/intelligence/cœur, qui conduit à la célèbre théorie des trois ordres. Il n’y a pas chez Pascal apparemment de réflexion spécifique sur la notion d’âme, à l’instar de ses grands contemporains – notamment Descartes. Il reste que l’âme, sans faire l’objet d’aucune thématisation, appartient bien au vocabulaire des Pensées, comme énigme plutôt que comme catégorie philosophique ou spirituelle. L’âme est à la fois nécessaire et introuvable. Il n’est pas concevable qu’un chrétien convaincu comme Pascal fasse l’économie de cette notion, ni encore moins qu’il la mette en doute. Mais ses tentatives pour lui donner un contenu butent sur différentes apories. En bon scientifique, Pascal tente le chemin de l’analyse, qui le conduit logiquement à une anatomie. Mais celle-ci demeure infructueuse. Au terme de l’anatomie, l’âme reste indicible. Il faut donc se résigner à une enquête indirecte, et traquer l’âme dans les effets qu’elle laisse parfois paraître. Plutôt qu’à une définition de l’âme, le parcours de Pascal nous conduit à une pratique. Il n’est pas possible d’accéder à l’âme en dehors d’une certaine logique d’amour. L'âme est enfin proprement en l'homme le lieu de la grandeur, ce en quoi il est mystérieusement permis en lui d'assigner la grandeur. L'âme pascalienne recouvre trois principes : de perpétuation, d'individuation, de grandeur.
Bulletin (Collège Supérieur - Lyon), 2008
La définition dégradée du jansénisme dans le langage courant, son assimilation sommaire au pessim... more La définition dégradée du jansénisme dans le langage courant, son assimilation sommaire au pessimisme ou au rigorisme, manquent un élément essentiel de ce mouvement d'idées originellement : l'importance qu'il accorde au désir dans la conception qu'il se fait de l'homme. A sa naissance, le jansénisme a été perçu par certains de ses ennemis comme une version de l'épicurisme, une secte du plaisir.
Ricchezza e importanza degli opuscoli pascaliani. Omaggio a Giuseppe Pezzino., 2016
L'Écrit Sur la conversion du pécheur n'est pas l'opuscule de Pascal le plus fréquenté par la crit... more L'Écrit Sur la conversion du pécheur n'est pas l'opuscule de Pascal le plus fréquenté par la critique. Son titre l'a peut-être desservi. Il lui donne une certaine apparence moralisatrice, semblant diminuer sa portée spirituelle. De péché, en fait, il n'en est pour ainsi dire pas question. Quant à la conversion, on verra que le singulier est trompeur. Ce texte, contemporain des Pensées, partage avec elles la même faculté de donner une portée large à ce qui aurait pu n'être que l'évocation subjective d'une expérience : celle d'une disjonction entre une conversion théorique et la vie de foi.
Chroniques de Port-Royal, 2020
Entre Ma nuit chez Maud (1969) et Conte d’hiver (1992), Éric Rohmer a poursuivi une réflexion sur... more Entre Ma nuit chez Maud (1969) et Conte d’hiver (1992), Éric Rohmer a poursuivi une réflexion sur le pari de Pascal, qui occupe en fait toute son œuvre, incluant même son unique pièce de théâtre. La thématique de son cinéma (le hasard, la rencontre, la joie…) croise des notions centrales de la pensée de Pascal. Les archives conservées à l’IMEC (Caen) jettent un éclairage précieux sur la maturation de cette référence et permettent de formuler des hypothèses nouvelles sur la signification philosophique et spirituelle de chacun des deux films, qui doivent être mis au nombre des commentaires majeurs de l’argument pascalien.
Droits
« L'esprit du jeu : pourrait-on me le définir ? » On connaît la fureur du jeu. On l'a en tout cas... more « L'esprit du jeu : pourrait-on me le définir ? » On connaît la fureur du jeu. On l'a en tout cas longtemps combattue-au XVIII e siècle notamment, en particulier dans les oeuvres de Jean-Joseph Dusaulx (Lettres et réflexions sur la fureur du jeu, 1775 ; De la passion du jeu depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, 1779). Il ne s'agira pas de cela ici. Ni de cette notion, bien plus moderne, d'« esprit ludique » chère à Huizinga et Caillois. Par esprit du jeu, on n'entend pas une disposition générale de l'homme, des singes ou des fourmis à se livrer à des activités aussi réglées qu'improductives, mais bien la capacité singulière de certains hommes à exceller dans certains jeux requérant un jugement.
Poétique, 1983
A propos de la Casa de Asterion, nouvelle du recueil l'Aleph de Borges, l'A. se propose de répond... more A propos de la Casa de Asterion, nouvelle du recueil l'Aleph de Borges, l'A. se propose de répondre a la question suivante : comment se bâtit une fausse interprétation du texte ?.
Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes, Sciences Religieuses, 2019
Papers on French Seventeenth Century Literature, 2012
Si le XVIIe siècle jouit d'une place privilégiée, et surprenante, dans la littérature de jeunesse... more Si le XVIIe siècle jouit d'une place privilégiée, et surprenante, dans la littérature de jeunesse, le personnage même de Molière, au sein de cette collection, inspire un sous-ensemble tout a fait considérable. La présente étude s'attache à un épisode particulier, la querelle de Tartuffe, qui nous introduit plus largement à une interrogation d'ordre idéologique. Quatre ouvrages sont ici sollicités, tous parus depuis 2005 : Kerbraz, Du petit Poquelin au grand Molière; Sylvie Dodeller, Molière; Michel Laporte, Molière, gentilhomme imaginaire; Jeanne Albrent, Une Robe pour Versailles.
Sous la forme rieuse d'une comédie-ballet, et par le moyen d'une allégorie relativement transpare... more Sous la forme rieuse d'une comédie-ballet, et par le moyen d'une allégorie relativement transparente, Molière engage un combat déterminé contre une doctrine de la chute et de la rédemption, à laquelle il oppose une célébration de la nature et une incitation à la confiance de chacun dans les pouvoirs suffisants de la simple humanité. À cela tient la charge d'impiété du Malade imaginaire, la contribution la plus nette sans doute de Molière au discours libertin de son temps.
Analyse de la lettre du 29 juillet 1676, de la marquise de Sevigne a sa fille, racontant une part... more Analyse de la lettre du 29 juillet 1676, de la marquise de Sevigne a sa fille, racontant une partie de Reversi a la cour du Roi. Cette relation enjouee donne des indications precieuses sur la forme de sociabilite que representait le jeu dans la France classique. Si le critique veut bien faire l'effort d'entrer dans la technicite des regles concernees (en l'occurrence le jeu de cartes du Reversi), la lettre de Mme de Sevigne prend un relief nouveau.
... jeu au XVIIe siècle, il a été conduit, par la logique de son sujet, à s'en tenir à l... more ... jeu au XVIIe siècle, il a été conduit, par la logique de son sujet, à s'en tenir à l'uvre de Pascal, où la richesse du concept et de ses applications éclate avec une puissance unique ... Le jeu est une activité marginale, qui se déroule selon des règles propres et conventionnelles ...
Annuaire de l’Institut Michel Villey, 2012
On ne s’attendrait pas à trouver à Port-Royal, haut lieu de la rupture et de l’affrontement, un d... more On ne s’attendrait pas à trouver à Port-Royal, haut lieu de la rupture et de l’affrontement, un des grands penseurs de la civilité au XVIIe siècle. Dans les Essais de Morale (1671-1675) de Pierre Nicole, se développe cependant une pensée originale, souvent paradoxale, de la civilité, de ses mécanismes et des bénéfices qu’on peut en attendre dans une perspective chrétienne. La délicatesse du lien social et la fragilité des « appuis » dont chacun, malgré soi, se montre tributaire, justifient une attention aux formes, qui relève pour Nicole de la vertu de condescendance. A un moment où l’idéal mondain de l’honnête homme fait l’objet du soupçon des moralistes, l’auteur des Moyens de conserver la paix avec les hommes et de la Civilité chrétienne analyse l’art de paraître comme un art de ressentir et la paix civile comme une figure évangélique.
Courrier Blaise Pascal, 2024
L’ordre du cœur prôné par Pascal consiste-t-il à échauffer l’interlocuteur comme il est communéme... more L’ordre du cœur prôné par Pascal consiste-t-il à échauffer l’interlocuteur comme il est communément admis ou à le rabaisser, comme le soutenait avec conviction l’éditeur Lafuma ? Après avoir mesuré sur ce point l’influence de saint Augustin et du De Doctrina Christiana, l’étude procède à un examen attentif de la pensée Sellier 329. L’idéal d’une « digression sur chaque point qui a rapport à la fin, pour la montrer toujours » est celui d’une rhétorique intégrant la dimension temporelle. Cette célèbre pensée de Pascal conduit à une théorie de la mémoire. Comment « retenir » ? Et est-il même possible de « retenir » ?
Does the order of the heart consist in warming up the interlocutor, as is commonly accepted, or in putting him down, as the editor Lafuma tenaciously argued? After measuring the influence of Saint Augustine and his De Doctrina Christiana on this point, the study proceeds with a close examination of Sellier 329. The ideal of a "digression on each point that refers to the end, in order to show it always" corresponds to a rhetoric that integrates the temporal dimension. Pascal's famous thought leads to a theory of memory. How can we ‘retain’? And is it even possible to ‘retain’?
Revue Bossuet, 2024
In the very first edition of Tartuffe, in the margin of the main scene (IV,5) in which the impost... more In the very first edition of Tartuffe, in the margin of the main scene (IV,5) in which the impostor is finally unmasked, we read a strange didascalia: "C'est un scélérat qui parle" ("It's a scoundrel who speaks"). Why this seemingly useless clarification, which is not a stage direction? Who is it addressed to? What is its function? Starting with the logical and poetic problems raised by this "note", the study looks at Molière's adversaries - the scoundrels - and his conception of religion.
Dès la première édition de Tartuffe, en marge de la grande scène (IV,5) où l’imposteur est enfin démasqué, on lit une étrange didascalie : “C’est un scélérat qui parle”. Pourquoi cette précision, apparemment inutile, qui ne saurait constituer une indication scénique ? À qui s’adresse-t-elle ? Quelle est sa fonction ? En partant des problèmes logique et poétiques soulevés par cette “note”, l’étude s’interroge sur les adversaires de Molière, les scélérats, et sur sa conception de la religion.
Textimage, 2023
The frontispiece of the original edition of Les Maximes by La Rochefoucauld has given rise to man... more The frontispiece of the original edition of Les Maximes by La Rochefoucauld has given rise to many comments. One element, however, has not caught the attention of the critics: its framing. The engraving features a truncated quote from the poet Horace, reduced to two words. Why this violent cut? And above all, what are the effects on the overall interpretation of the image? The device designed by this frontispiece is based on unsaid and unshown elements. The frame here conceals what is important for it to signify. It hides to show off differently. A comparison with the engraving that serves as the frontispiece of a similar work – La Fausseté des vertus Humaines by J. Esprit – allows us to compare two forms of discourse, each identified by a representative image.
Penser l’âme au temps de son éclipse. Les ressources de l’anthropologie chrétienne, sous la direction de Pascal Marin et Laurence Mellerin, Paris, éditions du Cerf, 2023
L’anthropologie présente dans les Pensées de Pascal est surtout connue pour la tripartition corps... more L’anthropologie présente dans les Pensées de Pascal est surtout connue pour la tripartition corps/intelligence/cœur, qui conduit à la célèbre théorie des trois ordres. Il n’y a pas chez Pascal apparemment de réflexion spécifique sur la notion d’âme, à l’instar de ses grands contemporains – notamment Descartes. Il reste que l’âme, sans faire l’objet d’aucune thématisation, appartient bien au vocabulaire des Pensées, comme énigme plutôt que comme catégorie philosophique ou spirituelle. L’âme est à la fois nécessaire et introuvable. Il n’est pas concevable qu’un chrétien convaincu comme Pascal fasse l’économie de cette notion, ni encore moins qu’il la mette en doute. Mais ses tentatives pour lui donner un contenu butent sur différentes apories. En bon scientifique, Pascal tente le chemin de l’analyse, qui le conduit logiquement à une anatomie. Mais celle-ci demeure infructueuse. Au terme de l’anatomie, l’âme reste indicible. Il faut donc se résigner à une enquête indirecte, et traquer l’âme dans les effets qu’elle laisse parfois paraître. Plutôt qu’à une définition de l’âme, le parcours de Pascal nous conduit à une pratique. Il n’est pas possible d’accéder à l’âme en dehors d’une certaine logique d’amour. L'âme est enfin proprement en l'homme le lieu de la grandeur, ce en quoi il est mystérieusement permis en lui d'assigner la grandeur. L'âme pascalienne recouvre trois principes : de perpétuation, d'individuation, de grandeur.
Bulletin (Collège Supérieur - Lyon), 2008
La définition dégradée du jansénisme dans le langage courant, son assimilation sommaire au pessim... more La définition dégradée du jansénisme dans le langage courant, son assimilation sommaire au pessimisme ou au rigorisme, manquent un élément essentiel de ce mouvement d'idées originellement : l'importance qu'il accorde au désir dans la conception qu'il se fait de l'homme. A sa naissance, le jansénisme a été perçu par certains de ses ennemis comme une version de l'épicurisme, une secte du plaisir.
Ricchezza e importanza degli opuscoli pascaliani. Omaggio a Giuseppe Pezzino., 2016
L'Écrit Sur la conversion du pécheur n'est pas l'opuscule de Pascal le plus fréquenté par la crit... more L'Écrit Sur la conversion du pécheur n'est pas l'opuscule de Pascal le plus fréquenté par la critique. Son titre l'a peut-être desservi. Il lui donne une certaine apparence moralisatrice, semblant diminuer sa portée spirituelle. De péché, en fait, il n'en est pour ainsi dire pas question. Quant à la conversion, on verra que le singulier est trompeur. Ce texte, contemporain des Pensées, partage avec elles la même faculté de donner une portée large à ce qui aurait pu n'être que l'évocation subjective d'une expérience : celle d'une disjonction entre une conversion théorique et la vie de foi.
Chroniques de Port-Royal, 2020
Entre Ma nuit chez Maud (1969) et Conte d’hiver (1992), Éric Rohmer a poursuivi une réflexion sur... more Entre Ma nuit chez Maud (1969) et Conte d’hiver (1992), Éric Rohmer a poursuivi une réflexion sur le pari de Pascal, qui occupe en fait toute son œuvre, incluant même son unique pièce de théâtre. La thématique de son cinéma (le hasard, la rencontre, la joie…) croise des notions centrales de la pensée de Pascal. Les archives conservées à l’IMEC (Caen) jettent un éclairage précieux sur la maturation de cette référence et permettent de formuler des hypothèses nouvelles sur la signification philosophique et spirituelle de chacun des deux films, qui doivent être mis au nombre des commentaires majeurs de l’argument pascalien.
Droits
« L'esprit du jeu : pourrait-on me le définir ? » On connaît la fureur du jeu. On l'a en tout cas... more « L'esprit du jeu : pourrait-on me le définir ? » On connaît la fureur du jeu. On l'a en tout cas longtemps combattue-au XVIII e siècle notamment, en particulier dans les oeuvres de Jean-Joseph Dusaulx (Lettres et réflexions sur la fureur du jeu, 1775 ; De la passion du jeu depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, 1779). Il ne s'agira pas de cela ici. Ni de cette notion, bien plus moderne, d'« esprit ludique » chère à Huizinga et Caillois. Par esprit du jeu, on n'entend pas une disposition générale de l'homme, des singes ou des fourmis à se livrer à des activités aussi réglées qu'improductives, mais bien la capacité singulière de certains hommes à exceller dans certains jeux requérant un jugement.
Poétique, 1983
A propos de la Casa de Asterion, nouvelle du recueil l'Aleph de Borges, l'A. se propose de répond... more A propos de la Casa de Asterion, nouvelle du recueil l'Aleph de Borges, l'A. se propose de répondre a la question suivante : comment se bâtit une fausse interprétation du texte ?.
Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes, Sciences Religieuses, 2019
Papers on French Seventeenth Century Literature, 2012
Si le XVIIe siècle jouit d'une place privilégiée, et surprenante, dans la littérature de jeunesse... more Si le XVIIe siècle jouit d'une place privilégiée, et surprenante, dans la littérature de jeunesse, le personnage même de Molière, au sein de cette collection, inspire un sous-ensemble tout a fait considérable. La présente étude s'attache à un épisode particulier, la querelle de Tartuffe, qui nous introduit plus largement à une interrogation d'ordre idéologique. Quatre ouvrages sont ici sollicités, tous parus depuis 2005 : Kerbraz, Du petit Poquelin au grand Molière; Sylvie Dodeller, Molière; Michel Laporte, Molière, gentilhomme imaginaire; Jeanne Albrent, Une Robe pour Versailles.
Sous la forme rieuse d'une comédie-ballet, et par le moyen d'une allégorie relativement transpare... more Sous la forme rieuse d'une comédie-ballet, et par le moyen d'une allégorie relativement transparente, Molière engage un combat déterminé contre une doctrine de la chute et de la rédemption, à laquelle il oppose une célébration de la nature et une incitation à la confiance de chacun dans les pouvoirs suffisants de la simple humanité. À cela tient la charge d'impiété du Malade imaginaire, la contribution la plus nette sans doute de Molière au discours libertin de son temps.
Analyse de la lettre du 29 juillet 1676, de la marquise de Sevigne a sa fille, racontant une part... more Analyse de la lettre du 29 juillet 1676, de la marquise de Sevigne a sa fille, racontant une partie de Reversi a la cour du Roi. Cette relation enjouee donne des indications precieuses sur la forme de sociabilite que representait le jeu dans la France classique. Si le critique veut bien faire l'effort d'entrer dans la technicite des regles concernees (en l'occurrence le jeu de cartes du Reversi), la lettre de Mme de Sevigne prend un relief nouveau.
... jeu au XVIIe siècle, il a été conduit, par la logique de son sujet, à s'en tenir à l... more ... jeu au XVIIe siècle, il a été conduit, par la logique de son sujet, à s'en tenir à l'uvre de Pascal, où la richesse du concept et de ses applications éclate avec une puissance unique ... Le jeu est une activité marginale, qui se déroule selon des règles propres et conventionnelles ...
Annuaire de l’Institut Michel Villey, 2012
On ne s’attendrait pas à trouver à Port-Royal, haut lieu de la rupture et de l’affrontement, un d... more On ne s’attendrait pas à trouver à Port-Royal, haut lieu de la rupture et de l’affrontement, un des grands penseurs de la civilité au XVIIe siècle. Dans les Essais de Morale (1671-1675) de Pierre Nicole, se développe cependant une pensée originale, souvent paradoxale, de la civilité, de ses mécanismes et des bénéfices qu’on peut en attendre dans une perspective chrétienne. La délicatesse du lien social et la fragilité des « appuis » dont chacun, malgré soi, se montre tributaire, justifient une attention aux formes, qui relève pour Nicole de la vertu de condescendance. A un moment où l’idéal mondain de l’honnête homme fait l’objet du soupçon des moralistes, l’auteur des Moyens de conserver la paix avec les hommes et de la Civilité chrétienne analyse l’art de paraître comme un art de ressentir et la paix civile comme une figure évangélique.
Le Désert et l’Orient. Bajazet, Mithridate et autres études raciniennes. , 2024
De toutes les œuvres de Racine, Bajazet est celle où le poids du temps véhicule la charge tragiqu... more De toutes les œuvres de Racine, Bajazet est celle où le poids du temps véhicule la charge tragique la plus forte. La pièce marque un passage à la limite, une exacerbation de la temporalité tragique. Les contraintes esthétiques du genre, qui ont pu à certains paraître stérilisantes, sont ici exploitées avec un singulier bonheur littéraire. Dans Bajazet, c’est le temps au premier chef qui est tragique. La construction dramatique lui apporte trois spécificités : sentiment d’un temps dépassé, urgence, enfermement dans l’instant.
Le Rire ou le Modèle ? Le dilemme du moraliste. Textes réunis par Jean Dagen et Anne-Sophie Barrovecchio, Paris, Champion (coll. Moralia »), 2010
Quoique l’œuvre de Pascal ne passe pas pour une des plus comiques de la littérature française, le... more Quoique l’œuvre de Pascal ne passe pas pour une des plus comiques de la littérature française, le rire y tient une grande place, et les éclats de rire y abondent. Pour l’auteur des Pensées et des Provinciales, il existe un devoir, esthétique et religieux, de rire et de faire rire. Deux modalités du rire sont ici distinguées dans l’œuvre de Pascal : un rire nécessaire et un rire punitif. Le premier a une dimension presque rationnelle, et devant un spectacle risible répond implicitement à la question « comment ne pas rire ? », « comment s’empêcher de rire ? ». Le second, d’une tout autre nature, est issu d’un redoublement ; il est rire d’un autre rire, et pose une question différente : qui rira le dernier ?
"Le moi est haïssable" : la célèbre formule de Pascal est citée comme un slogan, et surtout, sort... more "Le moi est haïssable" : la célèbre formule de Pascal est citée comme un slogan, et surtout, sortie du dialogue avec Damien Miton qui lui donne tout son sens. Cette étude s'emploie à en restituer les enjeux exacts, dans un débat qui concerne au premier chef les idéaux de l'honnête homme.
Journée d’étude « Tout hors le vrai » Pascal ou la modernité brisée - Université Lyon 3 – 29 mars 2019, 2019
Les Pensées de Pascal sont les brouillons d’une œuvre interrompue par la mort de l’auteur. Mais q... more Les Pensées de Pascal sont les brouillons d’une œuvre interrompue par la mort de l’auteur. Mais quelle était cette œuvre ? L’habitude s’est prise de la désigner sous le titre d’Apologie de la religion. Or cette expression n’est jamais utilisée au XVIIe siècle, ni par Pascal, ni par ses amis. La question se pose nécessairement : de quand date cette dénomination anachronique ? Qui en fut le promoteur, et pour quelles raisons ? La présente étude tente de préciser ces points.
Actes de la journée d'étude organisée par Laetitia DION et Cyril CHERVET « Mariage des Corps, Mariage des Esprits dans la Littérature Française de la Renaissance à l'Âge classique », 2009
Le « raisonneur » de L'École des Femmes, Chrysalde, tient sur l'infidélité conjugale des propos t... more Le « raisonneur » de L'École des Femmes, Chrysalde, tient sur l'infidélité conjugale des propos troublants. Pour répondre à l'obsession d'Arnolphe, il expose les avantages du cocuage et engage à accueillir celui-ci avec patience, et même plaisir. La critique s'est montrée désemparée devant une telle démonstration. Certains s'en sont indignés, d'autres n'y ont vu que matière à plaisanterie, d'autres enfin décèlent dans ces propos une philosophie de la sociabilité, essentielle à Molière. Cette étude met l'accent sur les éléments stoïciens des thèses de Chrysalde et tente, à cette lumière, d'apprécier leur statut philosophique. Plutôt qu'un tenant du juste milieu, le « raisonneur » apparaît alors comme le représentant d'une prétendue sagesse, excessive à sa manière, et ridiculisée par la pièce au nom de valeurs qui échappent à la philosophie.