Typhaine Cann | The National University of Mongolia (original) (raw)
Papers by Typhaine Cann
occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan... more occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan Bator comme paysage représente peut-être un enjeu en soi. Ou pour le formuler autrement : peut-on parler de paysage, de paysage urbain, à propos de la capitale mongole ? À travers cette réflexion sur le déchet, c'est la question que je voudrais soulever. Je commencerai de manière peu académique, par une allusion au film Un Indien dans la ville. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle se seraient soudain retrouvés projetés près d'un million de nomades. Car c'est bien là la situation à laquelle sont confrontés les autorités et les urbanistes chargés de l'aménagement, de la gestion et du développement d'Oulan Bator. Parmi les nombreuses difficultés que cela pose, celle de la collecte et de la gestion des déchets. Pour un étranger, le spectacle est saisissant : paysage fragmenté, déstructuré, où se mêlent les anachronismes. Et ce décor apparemment sans queue ni tête est saturé de déchets qui s'introduisent partout. Mais ce n'est pas la présence des déchets qui est le plus déroutante. Après tout, il existe d'autres « décharges à ciel ouvert » sur la planète. Non, ce que ces déchets ont d'atypique, c'est ce qu'ils signalent l'immixtion du monde rural en milieu urbain. Jusqu'en centre-ville, ce sont des carcasses, des restes de viande et de peaux, des ossements. Tous ces éléments qui rappellent le paysage des steppes, et qui semblent avoir accompagné les nomades dans leur exode, donnant à la ville un air sauvage. Une sauvagerie et une bestialité qui pourront heurter les consultants internationaux, venus conseiller les services publics mongols en matière de planification urbaine. Ces derniers dénoncent le manque d'hygiène « préoccupant » des quartiers pauvres de la ville-désignés ci-dessous comme les « quartiers de Ger »-Un discours relayé par les médias, ce qui donne à la ville une réputation de saleté, de pollution. Mais les habitants d'Oulan Bator, ceux qui vivent la ville au quotidien, comment perçoivent-ils ce décor ? Ont-ils conscience de ce que ces déchets ont de singulier pour un observateur extérieur ? Et d'ailleurs, les voient-ils comme des « déchets » ? Avant de poursuivre, et pour situer Oulan Bator dans son contexte, j'aimerais revenir sur les différents moments qui ont participé à sa constitution. Oulan Bator, en tant que paysage urbain, est un ensemble de signes. Signes qui, pour paraphraser Roger Brunet : « offrent une possibilité de remonter aux signifiés, aux mécanismes qui les ont produits mais qui en font aussi des « éléments » (actifs ou passifs) des systèmes actuels. » 1 Autrement dit, Oulan Bator, telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui, est à la fois le produit de son histoire et la matière de son devenir. Une image empruntée à la géologie : les différentes zones sont à la ville ce que les strates empilées sont à la croûte terrestre, elles racontent les phases successives de sédimentation et d'érosion. Oulan Bator est la capitale de la Mongolie. Située au coeur de l'Asie des steppes, elle est 1. R.Brunet, « Analyse des paysages et sémiologie ; Eléments pour un débat », p. 9.
L'invention du patrimoine immergé, 2011
L'expression « patrimoine immergé » relève-t-elle de l'oxymore ? Plus couramment employée selon l... more L'expression « patrimoine immergé » relève-t-elle de l'oxymore ? Plus couramment employée selon le terme officiel « patrimoine culturel subaquatique » forgé par l'Unesco, elle aurait en tout cas de quoi surprendre tous ceux qui gardent en mémoire les premières pages du Territoire du vide d'Alain Corbin dans lesquelles celui-ci rappelle la description qu'impose la Genèse d'un « Lieu de mystères insondables, masse liquide sans repère, image de l'infini, de l'insaisissable sur laquelle, à l'aube de la création, flottait l'esprit de Dieu ». Quoi de plus éloigné de l'idée que l'on se fait habituellement du patrimoine ou de la définition du « territoire » telle que définie par Maurice Godelier comme une « portion de la nature et donc de l'espace sur laquelle une société donnée revendique et garantit à tout ou partie de ses membres des droits stables d'accès, de contrôle et d'usage portant sur tout ou partie des ressources qui s'y trouvent et qu'elle est désireuse et capable d'exploiter ». Il faut pourtant se rendre à l'évidence, le « front de mer » s'est déplacé et le monde sous-marin a accédé au statut d'espace à aménager, de « bien culturel » à valoriser. Ce changement de perspective exprime autre chose qu'un concept creux qui n'aurait pour seule fonction que de garantir des choix politiques et juridique. S'il est un enjeu de pouvoir c'est que lesdits espaces sont devenus le théâtre des luttes bien réelles que se livrent des acteurs multiples au premier rang desquels archéologues et plongeurs amateurs, tous parties prenantes à un processus de patrimonialisation. Faire accéder les épaves au statut de « bien culturel » implique de les proposer à la reconnaissance collective, de les mettre en scène. Cette présentation ou représentation est également une invention, inventer étant ici employer au sens que lui donnent les archéologues de « trouver » mais également de créer, de représenter. Ce parti pris nous amènera à suivre le chemin tracé par François Chappé dans Histoire, Mémoire, Patrimoine, ouvrage dans lequel il proposait d'envisager l'activité patrimoniale dans toute sa complexité en refusant notamment l'écueil de la dénonciation pour se concentrer sur la subjectivité inhérente à l'action. Mots clefs : valoriser, représenter, inventer, espace, patrimoine culturel subaquatique.
Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques eBooks, 2020
Jouer avec l'animal : penser à partir des dispositifs spatio-temporels des chasses aux migrateurs... more Jouer avec l'animal : penser à partir des dispositifs spatio-temporels des chasses aux migrateurs Christophe Baticle De l'animal prétexte à l'animal baromètre Le game : caractéristiques du jeu cynégétique Les chasses aux migrateurs : l'animal complice involontaire Attirer le ciel à soi 19 Ces témoignages-et d'autres qui ne manquent pas dans la littérature ethnologique 25renforcent l'impression que, derrière sa stabilité de surface, le statut des animaux est en fait une combinaison d'attributs à géométrie très variable : l'animal dont on parle, l'animal « officiel » est une chose ; celui que l'on poursuit, mange, enferme, humilie, fantasme, adore, convoite, terrorise, charge comme un mulet, habille comme un bébé ou brandit comme un drapeau…, bref, l'animal dont on se sert à des fins matérielles, psychologiques ou symboliques en est un autre. Derrière le grand jeu des représentations officielles, le statut pragmatique, celui des animaux concrets, est géré par une logique contextuelle et opportuniste : dans la réalité des échanges, les classifications théologiques, scientifiques et juridiques sont bousculées et détournées par le recours à un large répertoire de séquences narratives stéréotypées, d'opportunités rhétoriques. On pourrait comparer ce répertoire à un alignement de tiroirs que l'on ouvre ou que l'on ferme en fonction des circonstances. Il y a un cochon très proche de l'humain que les éleveurs mélanésiens baptisent et allaitent comme s'il s'agissait d'un enfant. Il y en a un autre (toujours le même, mais soumis à un réassemblage symbolique pour l'adapter à la nouvelle circonstance) qui, à l'époque de l'abattage, s'échappe de l'enclos, redevient sauvage et peut donc être poursuivi et mis à mort sans regrets. Il y a une mouche officielle, celle qui risque d'héberger l'âme de notre grand-mère, et il y a une mouche officieuse qui n'arrête pas de nous gêner et que nous liquidons avec délectation. Il y a un lièvre très proche de l'humain, que le chasseur peint comme un sujet sensible, drôle et élégant. Il y a un lièvre aliment, ressource de protéines nobles, que le chasseur prélève dans la nature comme des billets de banque dans un distributeur. Il y a un troisième lièvre qui, tout en restant un presque humain, ne suscite pas de compassion parce qu'il sort du tiroir animaux-déloyaux-qui-secomportent-comme-des-bêtes-et-méritent-donc-d'être-sanctionnés 26. 20 Les animaux qui entourent les vignerons « nature » sortent du tiroir abolition-desdistances-et-réhabilitation-ontologique. L'univers exploré par Christelle Pineau nous rappelle à quel point le discours sur l'animal est chargé aujourd'hui de connotations morales et politiques au sens noble du terme. Les producteurs de vins « naturels », ces puristes de la vinification excluant de leur démarche tout apport chimique 27 , projettent sur leurs animaux (des chevaux, des cochons, des moutons, des oies qui les aident dans leur activité) la même empathie, le même respect et la même affection qu'ils réservent à leur vigne (une vigne presque anthropomorphisée : « "Chaque pied, chaque cep est différent, chaque cep est un individu et doit être traité comme tel." »). Cela semble remettre en cause, en même temps que le « modèle naturaliste » (encore lui), les modalités des rapports interspécifiques : « C'est une équipe, plutôt soudée, déclare un des interlocuteurs de Christelle Pineau en parlant de ses associés humains et non humains, tout le monde est convaincu par la démarche, il y a une vraie richesse, un vrai échange, il n'y a pas de hiérarchie dans notre équipe, tout le monde a son mot à dire, tout le monde a des propositions à faire… » Cette étude s'interroge explicitement sur la portée de ce nouveau contrat et s'achève sur une note optimiste : « Ce sont bien ces notions de collaboration et de nécessité d'êtres(s) ensemble qui président au bon NOTES 1. Un être qui a une sensibilité, parfois même une conscience, en tout cas des droits dont il faut tenir compte. Je parle des sciences humaines, la perception courante, c'est une évidence, attribuant depuis toujours aux animaux une intériorité, des intentions, même un sens de la justice. 2. C'est comme pour la nature. Il y a une trentaine d'années, les cours d'anthropologie de la nature étaient plus que rares. La nature était déjà largement interrogée, bien évidemment, mais elle était à la fois « partout et nulle part », comme le bon Dieu. Elle était omniprésente en tant que cadre de référence. Elle nourrissait les réflexions sur la pensée sauvage, elle était au coeur des approches matérialistes cherchant, justement, dans les « formes d'appropriation et de socialisation de la nature », la dynamique des diversités culturelles. Elle était même présente, explicitement ou en creux, dans les études d'anthropologie urbaine. Mais elle n'existait pas en tant que champ d'investigation autonome. On fait remonter l'institution de ce domaine d'études à la nomination de Philippe Descola à la chaire d'anthropologie de la nature au Collège de France. Les temps étaient intellectuellement mûrs. Le contexte aussi, la nature devenant un « sujet » au fur et à mesure que sa fragilité et la nécessité de la protéger, de la restaurer s'imposaient comme des évidences. 5. Il l'est encore aujourd'hui, bien évidemment, mais le message n'est plus le même. 6. On y retrouve des personnages insoupçonnables, comme Théodore Monod dont on connaît la virulence vis-à-vis des chasseurs et autres exploiteurs de la faune sauvage. 7. Si dans le premier cas on prélevait des animaux sauvages chez les autres pour les amener chez soi, dans le second on prélève des animaux domestiques chez soi pour les amener chez les autres. 8. Une fois les règles respectées, bien évidemment. 9. Même chez les Huichol, comme c'est souvent le cas dans le discours cynégétique-y compris dans la tradition occidentale-, l'animal « s'offre au chasseur ». 10. Mon ennemi est ontologiquement proche de moi. Cela ne m'empêche pas de le tuer (et, dans une société cannibale, de le manger). C'est un truisme mais, dans le débat actuel sur la « non-accessibilité » des animaux en tant que « personnes », cela mérite d'être rappelé. 11. L'agrainage consiste à nourrir des animaux sauvages (avec du maïs, par exemple) dans leur environnement. 12. Nous abordons en profondeur cette problématique, en faisant la liste des stratégies de déresponsabilisation, dans l'ouvrage L'utopie de la nature : chasseurs, écologistes et touristes, Paris, Imago, 1996. 13. C'est déjà un peu le cas, pour être franc, des taureaux pensés comme des ancêtres et des cerfs anthropomorphisés décrits par Frédéric Saumade, ou de la communauté des sangliers évoquée par Pierre-Yves Péchoux. 14. Voir Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005. « Nous réservons la subjectivité, la conscience réflexive, l'intentionnalité aux êtres humains qui, de ce fait, sont complètement distincts du reste des existants », affirme Descola pour synthétiser cette notion. « Mais nous posons en revanche une continuité entre tous les êtres du point de vue de leurs qualités physiques. » (David Hugot, « Entretien avec Philippe Descola », Le philosophoire, n o 36, 2011, p. 161-178.) 15. L'éleveur pose sur une placette les carcasses des animaux. 16. Il cite William James, John Dewey et Richard Rorty. 17. Michel Callon est le fondateur, avec les contributions d'autres auteurs et tout notamment Bruno Latour, de ce qu'on appelle aujourd'hui la sociologie des sciences. Voir Michel Callon, « Éléments pour une sociologie de la traduction : la domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc »,
Cette recherche aborde la question du rôle de médiateurs que nous attribuons aux choses dans notr... more Cette recherche aborde la question du rôle de médiateurs que nous attribuons aux choses dans notre dialogue avec le passé. Elle vise à retracer, en fonction des idéologies propres à chaque époque, l’évolution du statut des objets “repris” à la mer par les habitants des côtes. Si les images sous-Marines font partie de notre quotidien, il n’y a pas si longtemps, l’océan était un domaine insondable, auquel on ne se mesurait pas sans crainte. De ce fait, la récupération de la “laisse de mer”, qui paraît pourtant être une composante essentielle des échanges entre les hommes et le milieu océanique, génère un certain malaise car elle relève d’une “économie de la prise” étrangère à l’idéal qui structure l’univers domestique. Le trouble est encore renforcé par une « culture macabre » prégnante dans la région (que les naufrages contribuent à alimenter). Mais le rapport tend pourtant maintenant à s'inverser et ce serait l’homme qui représenterait une menace pour l’océan. La création d’une ...
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2012
occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan... more occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan Bator comme paysage représente peut-être un enjeu en soi. Ou pour le formuler autrement : peut-on parler de paysage, de paysage urbain, à propos de la capitale mongole ? À travers cette réflexion sur le déchet, c'est la question que je voudrais soulever. Je commencerai de manière peu académique, par une allusion au film Un Indien dans la ville. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle se seraient soudain retrouvés projetés près d'un million de nomades. Car c'est bien là la situation à laquelle sont confrontés les autorités et les urbanistes chargés de l'aménagement, de la gestion et du développement d'Oulan Bator. Parmi les nombreuses difficultés que cela pose, celle de la collecte et de la gestion des déchets. Pour un étranger, le spectacle est saisissant : paysage fragmenté, déstructuré, où se mêlent les anachronismes. Et ce décor apparemment sans queue ni tête est saturé de déchets qui s'introduisent partout. Mais ce n'est pas la présence des déchets qui est le plus déroutante. Après tout, il existe d'autres « décharges à ciel ouvert » sur la planète. Non, ce que ces déchets ont d'atypique, c'est ce qu'ils signalent l'immixtion du monde rural en milieu urbain. Jusqu'en centre-ville, ce sont des carcasses, des restes de viande et de peaux, des ossements. Tous ces éléments qui rappellent le paysage des steppes, et qui semblent avoir accompagné les nomades dans leur exode, donnant à la ville un air sauvage. Une sauvagerie et une bestialité qui pourront heurter les consultants internationaux, venus conseiller les services publics mongols en matière de planification urbaine. Ces derniers dénoncent le manque d'hygiène « préoccupant » des quartiers pauvres de la ville-désignés ci-dessous comme les « quartiers de Ger »-Un discours relayé par les médias, ce qui donne à la ville une réputation de saleté, de pollution. Mais les habitants d'Oulan Bator, ceux qui vivent la ville au quotidien, comment perçoivent-ils ce décor ? Ont-ils conscience de ce que ces déchets ont de singulier pour un observateur extérieur ? Et d'ailleurs, les voient-ils comme des « déchets » ? Avant de poursuivre, et pour situer Oulan Bator dans son contexte, j'aimerais revenir sur les différents moments qui ont participé à sa constitution. Oulan Bator, en tant que paysage urbain, est un ensemble de signes. Signes qui, pour paraphraser Roger Brunet : « offrent une possibilité de remonter aux signifiés, aux mécanismes qui les ont produits mais qui en font aussi des « éléments » (actifs ou passifs) des systèmes actuels. » 1 Autrement dit, Oulan Bator, telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui, est à la fois le produit de son histoire et la matière de son devenir. Une image empruntée à la géologie : les différentes zones sont à la ville ce que les strates empilées sont à la croûte terrestre, elles racontent les phases successives de sédimentation et d'érosion. Oulan Bator est la capitale de la Mongolie. Située au coeur de l'Asie des steppes, elle est 1. R.Brunet, « Analyse des paysages et sémiologie ; Eléments pour un débat », p. 9.
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2012
Doctorante en ethnologie, université de Bretagne occidentale Extrait de : Isabelle Chave (dir.), ... more Doctorante en ethnologie, université de Bretagne occidentale Extrait de : Isabelle Chave (dir.), Faire la guerre, faire la paix : approches sémantiques et ambiguïtés terminologiques, éd. électronique, Paris, Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques (Actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques), 2012. Cet article a été validé par le comité de lecture des Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques dans le cadre de la publication des actes du 136 e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques tenu à Perpignan en 2011.
Cette recherche aborde la question du role de mediateurs que nous attribuons aux choses dans notr... more Cette recherche aborde la question du role de mediateurs que nous attribuons aux choses dans notre dialogue avec le passe. Elle vise a retracer, en fonction des ideologies propres a chaque epoque, l’evolution du statut des objets “repris” a la mer par les habitants des cotes. Si les images sous-Marines font partie de notre quotidien, il n’y a pas si longtemps, l’ocean etait un domaine insondable, auquel on ne se mesurait pas sans crainte. De ce fait, la recuperation de la “laisse de mer”, qui parait pourtant etre une composante essentielle des echanges entre les hommes et le milieu oceanique, genere un certain malaise car elle releve d’une “economie de la prise” etrangere a l’ideal qui structure l’univers domestique. Le trouble est encore renforce par une « culture macabre » pregnante dans la region (que les naufrages contribuent a alimenter). Mais le rapport tend pourtant maintenant a s'inverser et ce serait l’homme qui representerait une menace pour l’ocean. La creation d’une ...
Http Www Theses Fr, Dec 5, 2014
Http Www Theses Fr, Dec 5, 2014
Thesis Chapters by Typhaine Cann
occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan... more occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan Bator comme paysage représente peut-être un enjeu en soi. Ou pour le formuler autrement : peut-on parler de paysage, de paysage urbain, à propos de la capitale mongole ? À travers cette réflexion sur le déchet, c'est la question que je voudrais soulever. Je commencerai de manière peu académique, par une allusion au film Un Indien dans la ville. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle se seraient soudain retrouvés projetés près d'un million de nomades. Car c'est bien là la situation à laquelle sont confrontés les autorités et les urbanistes chargés de l'aménagement, de la gestion et du développement d'Oulan Bator. Parmi les nombreuses difficultés que cela pose, celle de la collecte et de la gestion des déchets. Pour un étranger, le spectacle est saisissant : paysage fragmenté, déstructuré, où se mêlent les anachronismes. Et ce décor apparemment sans queue ni tête est saturé de déchets qui s'introduisent partout. Mais ce n'est pas la présence des déchets qui est le plus déroutante. Après tout, il existe d'autres « décharges à ciel ouvert » sur la planète. Non, ce que ces déchets ont d'atypique, c'est ce qu'ils signalent l'immixtion du monde rural en milieu urbain. Jusqu'en centre-ville, ce sont des carcasses, des restes de viande et de peaux, des ossements. Tous ces éléments qui rappellent le paysage des steppes, et qui semblent avoir accompagné les nomades dans leur exode, donnant à la ville un air sauvage. Une sauvagerie et une bestialité qui pourront heurter les consultants internationaux, venus conseiller les services publics mongols en matière de planification urbaine. Ces derniers dénoncent le manque d'hygiène « préoccupant » des quartiers pauvres de la ville-désignés ci-dessous comme les « quartiers de Ger »-Un discours relayé par les médias, ce qui donne à la ville une réputation de saleté, de pollution. Mais les habitants d'Oulan Bator, ceux qui vivent la ville au quotidien, comment perçoivent-ils ce décor ? Ont-ils conscience de ce que ces déchets ont de singulier pour un observateur extérieur ? Et d'ailleurs, les voient-ils comme des « déchets » ? Avant de poursuivre, et pour situer Oulan Bator dans son contexte, j'aimerais revenir sur les différents moments qui ont participé à sa constitution. Oulan Bator, en tant que paysage urbain, est un ensemble de signes. Signes qui, pour paraphraser Roger Brunet : « offrent une possibilité de remonter aux signifiés, aux mécanismes qui les ont produits mais qui en font aussi des « éléments » (actifs ou passifs) des systèmes actuels. » 1 Autrement dit, Oulan Bator, telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui, est à la fois le produit de son histoire et la matière de son devenir. Une image empruntée à la géologie : les différentes zones sont à la ville ce que les strates empilées sont à la croûte terrestre, elles racontent les phases successives de sédimentation et d'érosion. Oulan Bator est la capitale de la Mongolie. Située au coeur de l'Asie des steppes, elle est 1. R.Brunet, « Analyse des paysages et sémiologie ; Eléments pour un débat », p. 9.
L'invention du patrimoine immergé, 2011
L'expression « patrimoine immergé » relève-t-elle de l'oxymore ? Plus couramment employée selon l... more L'expression « patrimoine immergé » relève-t-elle de l'oxymore ? Plus couramment employée selon le terme officiel « patrimoine culturel subaquatique » forgé par l'Unesco, elle aurait en tout cas de quoi surprendre tous ceux qui gardent en mémoire les premières pages du Territoire du vide d'Alain Corbin dans lesquelles celui-ci rappelle la description qu'impose la Genèse d'un « Lieu de mystères insondables, masse liquide sans repère, image de l'infini, de l'insaisissable sur laquelle, à l'aube de la création, flottait l'esprit de Dieu ». Quoi de plus éloigné de l'idée que l'on se fait habituellement du patrimoine ou de la définition du « territoire » telle que définie par Maurice Godelier comme une « portion de la nature et donc de l'espace sur laquelle une société donnée revendique et garantit à tout ou partie de ses membres des droits stables d'accès, de contrôle et d'usage portant sur tout ou partie des ressources qui s'y trouvent et qu'elle est désireuse et capable d'exploiter ». Il faut pourtant se rendre à l'évidence, le « front de mer » s'est déplacé et le monde sous-marin a accédé au statut d'espace à aménager, de « bien culturel » à valoriser. Ce changement de perspective exprime autre chose qu'un concept creux qui n'aurait pour seule fonction que de garantir des choix politiques et juridique. S'il est un enjeu de pouvoir c'est que lesdits espaces sont devenus le théâtre des luttes bien réelles que se livrent des acteurs multiples au premier rang desquels archéologues et plongeurs amateurs, tous parties prenantes à un processus de patrimonialisation. Faire accéder les épaves au statut de « bien culturel » implique de les proposer à la reconnaissance collective, de les mettre en scène. Cette présentation ou représentation est également une invention, inventer étant ici employer au sens que lui donnent les archéologues de « trouver » mais également de créer, de représenter. Ce parti pris nous amènera à suivre le chemin tracé par François Chappé dans Histoire, Mémoire, Patrimoine, ouvrage dans lequel il proposait d'envisager l'activité patrimoniale dans toute sa complexité en refusant notamment l'écueil de la dénonciation pour se concentrer sur la subjectivité inhérente à l'action. Mots clefs : valoriser, représenter, inventer, espace, patrimoine culturel subaquatique.
Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques eBooks, 2020
Jouer avec l'animal : penser à partir des dispositifs spatio-temporels des chasses aux migrateurs... more Jouer avec l'animal : penser à partir des dispositifs spatio-temporels des chasses aux migrateurs Christophe Baticle De l'animal prétexte à l'animal baromètre Le game : caractéristiques du jeu cynégétique Les chasses aux migrateurs : l'animal complice involontaire Attirer le ciel à soi 19 Ces témoignages-et d'autres qui ne manquent pas dans la littérature ethnologique 25renforcent l'impression que, derrière sa stabilité de surface, le statut des animaux est en fait une combinaison d'attributs à géométrie très variable : l'animal dont on parle, l'animal « officiel » est une chose ; celui que l'on poursuit, mange, enferme, humilie, fantasme, adore, convoite, terrorise, charge comme un mulet, habille comme un bébé ou brandit comme un drapeau…, bref, l'animal dont on se sert à des fins matérielles, psychologiques ou symboliques en est un autre. Derrière le grand jeu des représentations officielles, le statut pragmatique, celui des animaux concrets, est géré par une logique contextuelle et opportuniste : dans la réalité des échanges, les classifications théologiques, scientifiques et juridiques sont bousculées et détournées par le recours à un large répertoire de séquences narratives stéréotypées, d'opportunités rhétoriques. On pourrait comparer ce répertoire à un alignement de tiroirs que l'on ouvre ou que l'on ferme en fonction des circonstances. Il y a un cochon très proche de l'humain que les éleveurs mélanésiens baptisent et allaitent comme s'il s'agissait d'un enfant. Il y en a un autre (toujours le même, mais soumis à un réassemblage symbolique pour l'adapter à la nouvelle circonstance) qui, à l'époque de l'abattage, s'échappe de l'enclos, redevient sauvage et peut donc être poursuivi et mis à mort sans regrets. Il y a une mouche officielle, celle qui risque d'héberger l'âme de notre grand-mère, et il y a une mouche officieuse qui n'arrête pas de nous gêner et que nous liquidons avec délectation. Il y a un lièvre très proche de l'humain, que le chasseur peint comme un sujet sensible, drôle et élégant. Il y a un lièvre aliment, ressource de protéines nobles, que le chasseur prélève dans la nature comme des billets de banque dans un distributeur. Il y a un troisième lièvre qui, tout en restant un presque humain, ne suscite pas de compassion parce qu'il sort du tiroir animaux-déloyaux-qui-secomportent-comme-des-bêtes-et-méritent-donc-d'être-sanctionnés 26. 20 Les animaux qui entourent les vignerons « nature » sortent du tiroir abolition-desdistances-et-réhabilitation-ontologique. L'univers exploré par Christelle Pineau nous rappelle à quel point le discours sur l'animal est chargé aujourd'hui de connotations morales et politiques au sens noble du terme. Les producteurs de vins « naturels », ces puristes de la vinification excluant de leur démarche tout apport chimique 27 , projettent sur leurs animaux (des chevaux, des cochons, des moutons, des oies qui les aident dans leur activité) la même empathie, le même respect et la même affection qu'ils réservent à leur vigne (une vigne presque anthropomorphisée : « "Chaque pied, chaque cep est différent, chaque cep est un individu et doit être traité comme tel." »). Cela semble remettre en cause, en même temps que le « modèle naturaliste » (encore lui), les modalités des rapports interspécifiques : « C'est une équipe, plutôt soudée, déclare un des interlocuteurs de Christelle Pineau en parlant de ses associés humains et non humains, tout le monde est convaincu par la démarche, il y a une vraie richesse, un vrai échange, il n'y a pas de hiérarchie dans notre équipe, tout le monde a son mot à dire, tout le monde a des propositions à faire… » Cette étude s'interroge explicitement sur la portée de ce nouveau contrat et s'achève sur une note optimiste : « Ce sont bien ces notions de collaboration et de nécessité d'êtres(s) ensemble qui président au bon NOTES 1. Un être qui a une sensibilité, parfois même une conscience, en tout cas des droits dont il faut tenir compte. Je parle des sciences humaines, la perception courante, c'est une évidence, attribuant depuis toujours aux animaux une intériorité, des intentions, même un sens de la justice. 2. C'est comme pour la nature. Il y a une trentaine d'années, les cours d'anthropologie de la nature étaient plus que rares. La nature était déjà largement interrogée, bien évidemment, mais elle était à la fois « partout et nulle part », comme le bon Dieu. Elle était omniprésente en tant que cadre de référence. Elle nourrissait les réflexions sur la pensée sauvage, elle était au coeur des approches matérialistes cherchant, justement, dans les « formes d'appropriation et de socialisation de la nature », la dynamique des diversités culturelles. Elle était même présente, explicitement ou en creux, dans les études d'anthropologie urbaine. Mais elle n'existait pas en tant que champ d'investigation autonome. On fait remonter l'institution de ce domaine d'études à la nomination de Philippe Descola à la chaire d'anthropologie de la nature au Collège de France. Les temps étaient intellectuellement mûrs. Le contexte aussi, la nature devenant un « sujet » au fur et à mesure que sa fragilité et la nécessité de la protéger, de la restaurer s'imposaient comme des évidences. 5. Il l'est encore aujourd'hui, bien évidemment, mais le message n'est plus le même. 6. On y retrouve des personnages insoupçonnables, comme Théodore Monod dont on connaît la virulence vis-à-vis des chasseurs et autres exploiteurs de la faune sauvage. 7. Si dans le premier cas on prélevait des animaux sauvages chez les autres pour les amener chez soi, dans le second on prélève des animaux domestiques chez soi pour les amener chez les autres. 8. Une fois les règles respectées, bien évidemment. 9. Même chez les Huichol, comme c'est souvent le cas dans le discours cynégétique-y compris dans la tradition occidentale-, l'animal « s'offre au chasseur ». 10. Mon ennemi est ontologiquement proche de moi. Cela ne m'empêche pas de le tuer (et, dans une société cannibale, de le manger). C'est un truisme mais, dans le débat actuel sur la « non-accessibilité » des animaux en tant que « personnes », cela mérite d'être rappelé. 11. L'agrainage consiste à nourrir des animaux sauvages (avec du maïs, par exemple) dans leur environnement. 12. Nous abordons en profondeur cette problématique, en faisant la liste des stratégies de déresponsabilisation, dans l'ouvrage L'utopie de la nature : chasseurs, écologistes et touristes, Paris, Imago, 1996. 13. C'est déjà un peu le cas, pour être franc, des taureaux pensés comme des ancêtres et des cerfs anthropomorphisés décrits par Frédéric Saumade, ou de la communauté des sangliers évoquée par Pierre-Yves Péchoux. 14. Voir Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005. « Nous réservons la subjectivité, la conscience réflexive, l'intentionnalité aux êtres humains qui, de ce fait, sont complètement distincts du reste des existants », affirme Descola pour synthétiser cette notion. « Mais nous posons en revanche une continuité entre tous les êtres du point de vue de leurs qualités physiques. » (David Hugot, « Entretien avec Philippe Descola », Le philosophoire, n o 36, 2011, p. 161-178.) 15. L'éleveur pose sur une placette les carcasses des animaux. 16. Il cite William James, John Dewey et Richard Rorty. 17. Michel Callon est le fondateur, avec les contributions d'autres auteurs et tout notamment Bruno Latour, de ce qu'on appelle aujourd'hui la sociologie des sciences. Voir Michel Callon, « Éléments pour une sociologie de la traduction : la domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc »,
Cette recherche aborde la question du rôle de médiateurs que nous attribuons aux choses dans notr... more Cette recherche aborde la question du rôle de médiateurs que nous attribuons aux choses dans notre dialogue avec le passé. Elle vise à retracer, en fonction des idéologies propres à chaque époque, l’évolution du statut des objets “repris” à la mer par les habitants des côtes. Si les images sous-Marines font partie de notre quotidien, il n’y a pas si longtemps, l’océan était un domaine insondable, auquel on ne se mesurait pas sans crainte. De ce fait, la récupération de la “laisse de mer”, qui paraît pourtant être une composante essentielle des échanges entre les hommes et le milieu océanique, génère un certain malaise car elle relève d’une “économie de la prise” étrangère à l’idéal qui structure l’univers domestique. Le trouble est encore renforcé par une « culture macabre » prégnante dans la région (que les naufrages contribuent à alimenter). Mais le rapport tend pourtant maintenant à s'inverser et ce serait l’homme qui représenterait une menace pour l’océan. La création d’une ...
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2012
occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan... more occidentale (UBO) « Le paysage comme enjeu », mais quel est, ici, l'enjeu ? La définition d'Oulan Bator comme paysage représente peut-être un enjeu en soi. Ou pour le formuler autrement : peut-on parler de paysage, de paysage urbain, à propos de la capitale mongole ? À travers cette réflexion sur le déchet, c'est la question que je voudrais soulever. Je commencerai de manière peu académique, par une allusion au film Un Indien dans la ville. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle se seraient soudain retrouvés projetés près d'un million de nomades. Car c'est bien là la situation à laquelle sont confrontés les autorités et les urbanistes chargés de l'aménagement, de la gestion et du développement d'Oulan Bator. Parmi les nombreuses difficultés que cela pose, celle de la collecte et de la gestion des déchets. Pour un étranger, le spectacle est saisissant : paysage fragmenté, déstructuré, où se mêlent les anachronismes. Et ce décor apparemment sans queue ni tête est saturé de déchets qui s'introduisent partout. Mais ce n'est pas la présence des déchets qui est le plus déroutante. Après tout, il existe d'autres « décharges à ciel ouvert » sur la planète. Non, ce que ces déchets ont d'atypique, c'est ce qu'ils signalent l'immixtion du monde rural en milieu urbain. Jusqu'en centre-ville, ce sont des carcasses, des restes de viande et de peaux, des ossements. Tous ces éléments qui rappellent le paysage des steppes, et qui semblent avoir accompagné les nomades dans leur exode, donnant à la ville un air sauvage. Une sauvagerie et une bestialité qui pourront heurter les consultants internationaux, venus conseiller les services publics mongols en matière de planification urbaine. Ces derniers dénoncent le manque d'hygiène « préoccupant » des quartiers pauvres de la ville-désignés ci-dessous comme les « quartiers de Ger »-Un discours relayé par les médias, ce qui donne à la ville une réputation de saleté, de pollution. Mais les habitants d'Oulan Bator, ceux qui vivent la ville au quotidien, comment perçoivent-ils ce décor ? Ont-ils conscience de ce que ces déchets ont de singulier pour un observateur extérieur ? Et d'ailleurs, les voient-ils comme des « déchets » ? Avant de poursuivre, et pour situer Oulan Bator dans son contexte, j'aimerais revenir sur les différents moments qui ont participé à sa constitution. Oulan Bator, en tant que paysage urbain, est un ensemble de signes. Signes qui, pour paraphraser Roger Brunet : « offrent une possibilité de remonter aux signifiés, aux mécanismes qui les ont produits mais qui en font aussi des « éléments » (actifs ou passifs) des systèmes actuels. » 1 Autrement dit, Oulan Bator, telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui, est à la fois le produit de son histoire et la matière de son devenir. Une image empruntée à la géologie : les différentes zones sont à la ville ce que les strates empilées sont à la croûte terrestre, elles racontent les phases successives de sédimentation et d'érosion. Oulan Bator est la capitale de la Mongolie. Située au coeur de l'Asie des steppes, elle est 1. R.Brunet, « Analyse des paysages et sémiologie ; Eléments pour un débat », p. 9.
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2012
Doctorante en ethnologie, université de Bretagne occidentale Extrait de : Isabelle Chave (dir.), ... more Doctorante en ethnologie, université de Bretagne occidentale Extrait de : Isabelle Chave (dir.), Faire la guerre, faire la paix : approches sémantiques et ambiguïtés terminologiques, éd. électronique, Paris, Éd. du Comité des travaux historiques et scientifiques (Actes des congrès des sociétés historiques et scientifiques), 2012. Cet article a été validé par le comité de lecture des Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques dans le cadre de la publication des actes du 136 e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques tenu à Perpignan en 2011.
Cette recherche aborde la question du role de mediateurs que nous attribuons aux choses dans notr... more Cette recherche aborde la question du role de mediateurs que nous attribuons aux choses dans notre dialogue avec le passe. Elle vise a retracer, en fonction des ideologies propres a chaque epoque, l’evolution du statut des objets “repris” a la mer par les habitants des cotes. Si les images sous-Marines font partie de notre quotidien, il n’y a pas si longtemps, l’ocean etait un domaine insondable, auquel on ne se mesurait pas sans crainte. De ce fait, la recuperation de la “laisse de mer”, qui parait pourtant etre une composante essentielle des echanges entre les hommes et le milieu oceanique, genere un certain malaise car elle releve d’une “economie de la prise” etrangere a l’ideal qui structure l’univers domestique. Le trouble est encore renforce par une « culture macabre » pregnante dans la region (que les naufrages contribuent a alimenter). Mais le rapport tend pourtant maintenant a s'inverser et ce serait l’homme qui representerait une menace pour l’ocean. La creation d’une ...
Http Www Theses Fr, Dec 5, 2014
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