Adrien Chassain | Université Paris 8 (original) (raw)
Doctorat by Adrien Chassain
La présente thèse entend aborder la question du livre imaginaire en la dépaysant des figures de l... more La présente thèse entend aborder la question du livre imaginaire en la dépaysant des figures de l’inadvenue, de l’inachèvement, de la perte et de la spectralité aujourd’hui en faveur dans les études littéraires. Dans le souhait d’appréhender le livre imaginaire à partir de ses expressions volontaires plutôt que de leur exclusion, il s’agit de prendre le parti des formes, en circonscrivant un petit genre distingué par l’annonce d’un ou de plusieurs livre(s) à venir, proche de l’art poétique ou du manifeste sans qu’on puisse le réduire à l’un ou l’autre. Justifié par l’emploi du terme en histoire du livre et de l’édition, je me suis rapporté à ce genre sous le nom de prospectus, en me concentrant sur sa forme autographe, d’énonciation « sérieuse », prototypiquement publique, autonome ou diversement intégrée à d’autres textes. En croisant les outils de la poétique, de la pragmatique des actes de langage et de la génétique textuelle, un premier chapitre esquisse une approche synchronique du prospectus afin d’en arpenter les possibilités formelles. Les deux chapitres suivants proposent des coupes historiques : sur le second XVIe siècle et le début du XVIIe siècle d’abord, sur le second XXe siècle et le début du XXIe ensuite. Aux marches du régime moderne d’historicité aimanté par le futur et ses promesses, en des périodes marquées de transitions et de transformation des imaginaires du temps, l’exploration des prospectus permet, au ras des formes et des discours, de sonder les manifestations sociales d’un certain sentiment de l’avenir, médiatisé par l’écriture et la publication (présentes et potentielles).
Numéros de revue et collectifs by Adrien Chassain
Revue Roland Barthes, n° 4, 2018
Articles by Adrien Chassain
La Faute à Rousseau, n° 84, 2020
Introduction au dossier « L'autobiographie en mouvement »
La Faute à Rousseau, n° 84 : « L'Autobiographie en mouvement », 2020
Fabula/Les Colloques, « Le négatif de l'écriture. Enquêtes sur le pouvoir de décréer » (dir. J.-L. Jeannelle et F. Vanoosthuyse) https://www.fabula.org/colloques/document6843.php, 2020
Cet article est consacré à trois prépublications dont ‘le grand incendie de londres’ a fait l’obj... more Cet article est consacré à trois prépublications dont ‘le grand incendie de londres’ a fait l’objet dans des revues ou recueils collectifs entre les années 1980 et 1990. De ces sortes d’avant-textes publics, je considère le contexte médiatique, les situe à l’égard de la genèse de l’œuvre et en suis le transfert depuis ces revues ou ouvrages collectifs vers les volumes de la collection « Fiction & Cie » du Seuil. L’hypothèse est que ces prépublications modalisent d’une façon particulière la narration de l’inadvenue qui occupe l’auteur du ‘grand incendie de londres’, redoublant l’inadvenue consommée du Projet de 1961-1978 d’une inadvenue potentielle menaçant l’œuvre en train.
COnTEXTES, 2020
Introduction à COnTEXTES, n° 29, 2020 : « Logiques de la commande » (dir. A. Chassain, M. Lecache... more Introduction à COnTEXTES, n° 29, 2020 : « Logiques de la commande » (dir. A. Chassain, M. Lecacheur, F. Lorent, H. Martinelli)
Fabula-LHT, n° 23, 2019
Cet article étudie la façon dont, autour des livres imaginaires, s’enroulent et parfois se contre... more Cet article étudie la façon dont, autour des livres imaginaires, s’enroulent et parfois se contredisent ou concurrencent plusieurs formes d’expériences du temps. Comme on le voit en s’attachant aux exemples de Blaise Cendrars et de Jean‑Yves Jouannais, particulièrement riches en la matière, c’est faire droit aux anachronismes qui, dans le temps posthume de la transmission aussi bien que dans celui de la production et première publication, affectent toute œuvre d’art, tout texte littéraire. Partant de la façon dont Jouannais interprète les autobibliographies prospectives de Cendrars pour gagner leur auteur à son inventaire des artistes sans œuvres, il s’agit de mesurer les effets de temporalisation et de re-temporalisation dont les œuvres en puissance peuvent être l’objet. Pour comprendre celles-ci sans y voir trop vite les expressions emblématiques de régimes d’historicité compacts (Hartog), l’article remet en situation la démarche des deux auteurs, et tâche de restituer chacune à son historicité composite. Peut-être gagne-t-on à en passer par là pour faire droit aux formes de transhistoricité dont la littérature est tramée.
Revue Transitions, http://www.mouvement-transitions.fr/index.php/intensites/litterature-et-trauma/sommaire-general-de-litterature-et-trauma/1695-n-22-a-chassain-trauma-s-conversion-s-oeuvre-s-a-faire-le-grand-incendie-de-londres-de-jacques-roubaud , 2018
Revue Roland Barthes, n° 4, 2018
Revue Roland Barthes, n° 4, 2018
Acta Fabula, 2016
À propos de : Hélène Merlin-Kajman, Lire dans la gueule du loup. Essai sur une zone à défendre, l... more À propos de : Hélène Merlin-Kajman, Lire dans la gueule du loup. Essai sur une zone à défendre, la littérature, Paris, Gallimard, 2016.
dans P. F. Moreau et L. Vinciguerra (dir.), Spinoza et les arts, Paris, L'Harmattan, 2020
La beauté, mon ami, n'est pas tant une qualité de l'objet considéré que son e et chez celui qui l... more La beauté, mon ami, n'est pas tant une qualité de l'objet considéré que son e et chez celui qui le considère » -écrivait Spinoza à Hugo Boxel en octobre 1674. Versé autant dans les arts libéraux que dans les arts mécaniques, le philosophe d'Amsterdam ne fut pas seulement philosophe. Tailleur de verre, sans doute acteur de théâtre, probablement dessinateur, il fréquenta la boutique d'antiquaire de Franciscus Van den Enden et fut proche de la société des arts Nil volentibus arduum ; il habitait non loin de Rembrandt et Potter et appréciait la compagnie de peintres et de décorateurs. Élaborée au coeur du siècle d'or de la peinture hollandaise, cette philosophie a souvent inspiré poètes et écrivains, dramaturges et artistes. Comment expliquer un tel regard non nécessairement philosophique sur une philosophie qui ne présente pas une pensée développée sur les arts ? Comment expliquer qu'on ait tenté d'emprunter les voies de l'esthétique pour pénétrer une philosophie qui ne constitue pas ce champ de ré exion en un domaine autonome ?
Presses universitaires de Rennes, « La Licorne », 2017
Écrire qu'on voudrait écrire, c'est déjà écrire… (Marcel Bénabou) Perec était un écrivain à proje... more Écrire qu'on voudrait écrire, c'est déjà écrire… (Marcel Bénabou) Perec était un écrivain à projets. Certes l'écriture implique toujours pour qui s'y livre une dimension prospective : faire des plans, des programmes, anticiper la forme du livre à venir, c'est à des titres et des degrés divers le lot de tous les écrivains, même de ceux qui n'ont jamais rien publié et s'en sont tenus à la procrastination 1 . Aussi, si Perec mérite d'être tenu pour un écrivain à projets, c'est que sa démarche présente en la matière quelque chose de radical et de singulier. De la multiplication, de l'échelonnement et de la reconfiguration de ses projets d'écriture, l'auteur fait en effet le coeur de sa méthode de travail, affirmant par exemple lors d'un entretien avec Patrice Fardeau en 1979 : je travaille sur programme, c'est-à-dire que j'ai toujours une quinzaine de livres en train, des projets qui sont quelques fois complètement formés, parfois en train de se faire. Les livres se travaillent sur des périodes extrêmement longues 2 .
Tracés Revue De Sciences Humaines, Nov 18, 2013
Le Cabinet d'amateur, 2013
Les quelques réflexions qui suivent partent d'une proposition formulée par Michel Beaujour dans s... more Les quelques réflexions qui suivent partent d'une proposition formulée par Michel Beaujour dans son ouvrage de 1980 consacré à l'autoportrait, Miroir d'encres 1 , et voudraient mettre à l'épreuve de celle-ci, pour mieux les singulariser, un ensemble de textes perecquiens des années 1970 relevant du genre de l'essai. Opposant au régime narratif et linéaire de l'autobiographie une logique spatiale en prise sur le présent du scripteur, l'autoportrait est décrit par Beaujour comme un lointain descendant du miroir encyclopédique médiéval, et plus précisément de sa variante confessionnelle. A l'exemple des manuels de confession et d'examen de conscience adressant aux fidèles la grille abstraite des différentes rubriques de la vie spirituelle et mondaine, afin que ceuxci puissent passer à son crible leur propre expérience, l'autoportrait (tel qu'ont pu le pratiquer Montaigne, Leiris ou encore Barthes) donnerait forme au moi en le situant au voisinage anonyme d'une société et d'une culture, en l'éprouvant au contact des savoirs dont celles-ci s'accompagnent. En tant que parcours encyclopédique de lieux communs, mais aussi en tant qu'art de la mémoire, l'autoportrait formerait ainsi un genre pétri d'ancienne rhétorique, à ceci près qu'il en délaisserait les fins civiques, politiques et morales au profit d'une écriture coupablement oisive et retirée des affaires -subversion qu'accompagnerait une manière de déni, d'aveuglement à l'égard, précisément, de la rhétoricité de cette démarche. Pour ardues et sujettes à débat qu'elles soient en elles-mêmes, ces thèses me semblent résonner de manière féconde dans le corpus perecquien, dans la mesure où elles permettent de mettre en perspective et d'interroger cette tendance à l'écriture de soi plus ou moins sensible, plus ou moins forte, mais néanmoins toujours active dans la part dite « sociologique » de l'oeuvre 2celle qui s'élabora surtout au cours des années 1970, dans le cadre du travail sur la vie quotidienne mené autour de la revue Cause commune de J. Duvignaud et P. Virilio. Je me concentrerai sur la dimension plus proprement essayistique et réflexive de ce corpus dans l'hypothèse qu'il y a là une poétique et des enjeux singuliers à dégager : si Perec a souvent déclaré son ambition de pratiquer une description sèche et saisie sur le vif de l'infra-ordinaire, nombre de ses textes -ceux-là 1 Michel Beaujour, Miroirs d'encre : rhétorique de l'autoportrait, Paris, Éditions du Seuil, 1980. 2 Suivant l'expression utilisée par Perec lui-même lorsqu'il tâcha de distinguer les quatre « champs » explorés dans son travail d'écriture. Cf. « Notes sur ce que je cherche », Le Figaro, 1978, repris dans Penser/Classer, Paris, Seuil, 2003, p. 10.
La présente thèse entend aborder la question du livre imaginaire en la dépaysant des figures de l... more La présente thèse entend aborder la question du livre imaginaire en la dépaysant des figures de l’inadvenue, de l’inachèvement, de la perte et de la spectralité aujourd’hui en faveur dans les études littéraires. Dans le souhait d’appréhender le livre imaginaire à partir de ses expressions volontaires plutôt que de leur exclusion, il s’agit de prendre le parti des formes, en circonscrivant un petit genre distingué par l’annonce d’un ou de plusieurs livre(s) à venir, proche de l’art poétique ou du manifeste sans qu’on puisse le réduire à l’un ou l’autre. Justifié par l’emploi du terme en histoire du livre et de l’édition, je me suis rapporté à ce genre sous le nom de prospectus, en me concentrant sur sa forme autographe, d’énonciation « sérieuse », prototypiquement publique, autonome ou diversement intégrée à d’autres textes. En croisant les outils de la poétique, de la pragmatique des actes de langage et de la génétique textuelle, un premier chapitre esquisse une approche synchronique du prospectus afin d’en arpenter les possibilités formelles. Les deux chapitres suivants proposent des coupes historiques : sur le second XVIe siècle et le début du XVIIe siècle d’abord, sur le second XXe siècle et le début du XXIe ensuite. Aux marches du régime moderne d’historicité aimanté par le futur et ses promesses, en des périodes marquées de transitions et de transformation des imaginaires du temps, l’exploration des prospectus permet, au ras des formes et des discours, de sonder les manifestations sociales d’un certain sentiment de l’avenir, médiatisé par l’écriture et la publication (présentes et potentielles).
Revue Roland Barthes, n° 4, 2018
La Faute à Rousseau, n° 84, 2020
Introduction au dossier « L'autobiographie en mouvement »
La Faute à Rousseau, n° 84 : « L'Autobiographie en mouvement », 2020
Fabula/Les Colloques, « Le négatif de l'écriture. Enquêtes sur le pouvoir de décréer » (dir. J.-L. Jeannelle et F. Vanoosthuyse) https://www.fabula.org/colloques/document6843.php, 2020
Cet article est consacré à trois prépublications dont ‘le grand incendie de londres’ a fait l’obj... more Cet article est consacré à trois prépublications dont ‘le grand incendie de londres’ a fait l’objet dans des revues ou recueils collectifs entre les années 1980 et 1990. De ces sortes d’avant-textes publics, je considère le contexte médiatique, les situe à l’égard de la genèse de l’œuvre et en suis le transfert depuis ces revues ou ouvrages collectifs vers les volumes de la collection « Fiction & Cie » du Seuil. L’hypothèse est que ces prépublications modalisent d’une façon particulière la narration de l’inadvenue qui occupe l’auteur du ‘grand incendie de londres’, redoublant l’inadvenue consommée du Projet de 1961-1978 d’une inadvenue potentielle menaçant l’œuvre en train.
COnTEXTES, 2020
Introduction à COnTEXTES, n° 29, 2020 : « Logiques de la commande » (dir. A. Chassain, M. Lecache... more Introduction à COnTEXTES, n° 29, 2020 : « Logiques de la commande » (dir. A. Chassain, M. Lecacheur, F. Lorent, H. Martinelli)
Fabula-LHT, n° 23, 2019
Cet article étudie la façon dont, autour des livres imaginaires, s’enroulent et parfois se contre... more Cet article étudie la façon dont, autour des livres imaginaires, s’enroulent et parfois se contredisent ou concurrencent plusieurs formes d’expériences du temps. Comme on le voit en s’attachant aux exemples de Blaise Cendrars et de Jean‑Yves Jouannais, particulièrement riches en la matière, c’est faire droit aux anachronismes qui, dans le temps posthume de la transmission aussi bien que dans celui de la production et première publication, affectent toute œuvre d’art, tout texte littéraire. Partant de la façon dont Jouannais interprète les autobibliographies prospectives de Cendrars pour gagner leur auteur à son inventaire des artistes sans œuvres, il s’agit de mesurer les effets de temporalisation et de re-temporalisation dont les œuvres en puissance peuvent être l’objet. Pour comprendre celles-ci sans y voir trop vite les expressions emblématiques de régimes d’historicité compacts (Hartog), l’article remet en situation la démarche des deux auteurs, et tâche de restituer chacune à son historicité composite. Peut-être gagne-t-on à en passer par là pour faire droit aux formes de transhistoricité dont la littérature est tramée.
Revue Transitions, http://www.mouvement-transitions.fr/index.php/intensites/litterature-et-trauma/sommaire-general-de-litterature-et-trauma/1695-n-22-a-chassain-trauma-s-conversion-s-oeuvre-s-a-faire-le-grand-incendie-de-londres-de-jacques-roubaud , 2018
Revue Roland Barthes, n° 4, 2018
Revue Roland Barthes, n° 4, 2018
Acta Fabula, 2016
À propos de : Hélène Merlin-Kajman, Lire dans la gueule du loup. Essai sur une zone à défendre, l... more À propos de : Hélène Merlin-Kajman, Lire dans la gueule du loup. Essai sur une zone à défendre, la littérature, Paris, Gallimard, 2016.
dans P. F. Moreau et L. Vinciguerra (dir.), Spinoza et les arts, Paris, L'Harmattan, 2020
La beauté, mon ami, n'est pas tant une qualité de l'objet considéré que son e et chez celui qui l... more La beauté, mon ami, n'est pas tant une qualité de l'objet considéré que son e et chez celui qui le considère » -écrivait Spinoza à Hugo Boxel en octobre 1674. Versé autant dans les arts libéraux que dans les arts mécaniques, le philosophe d'Amsterdam ne fut pas seulement philosophe. Tailleur de verre, sans doute acteur de théâtre, probablement dessinateur, il fréquenta la boutique d'antiquaire de Franciscus Van den Enden et fut proche de la société des arts Nil volentibus arduum ; il habitait non loin de Rembrandt et Potter et appréciait la compagnie de peintres et de décorateurs. Élaborée au coeur du siècle d'or de la peinture hollandaise, cette philosophie a souvent inspiré poètes et écrivains, dramaturges et artistes. Comment expliquer un tel regard non nécessairement philosophique sur une philosophie qui ne présente pas une pensée développée sur les arts ? Comment expliquer qu'on ait tenté d'emprunter les voies de l'esthétique pour pénétrer une philosophie qui ne constitue pas ce champ de ré exion en un domaine autonome ?
Presses universitaires de Rennes, « La Licorne », 2017
Écrire qu'on voudrait écrire, c'est déjà écrire… (Marcel Bénabou) Perec était un écrivain à proje... more Écrire qu'on voudrait écrire, c'est déjà écrire… (Marcel Bénabou) Perec était un écrivain à projets. Certes l'écriture implique toujours pour qui s'y livre une dimension prospective : faire des plans, des programmes, anticiper la forme du livre à venir, c'est à des titres et des degrés divers le lot de tous les écrivains, même de ceux qui n'ont jamais rien publié et s'en sont tenus à la procrastination 1 . Aussi, si Perec mérite d'être tenu pour un écrivain à projets, c'est que sa démarche présente en la matière quelque chose de radical et de singulier. De la multiplication, de l'échelonnement et de la reconfiguration de ses projets d'écriture, l'auteur fait en effet le coeur de sa méthode de travail, affirmant par exemple lors d'un entretien avec Patrice Fardeau en 1979 : je travaille sur programme, c'est-à-dire que j'ai toujours une quinzaine de livres en train, des projets qui sont quelques fois complètement formés, parfois en train de se faire. Les livres se travaillent sur des périodes extrêmement longues 2 .
Tracés Revue De Sciences Humaines, Nov 18, 2013
Le Cabinet d'amateur, 2013
Les quelques réflexions qui suivent partent d'une proposition formulée par Michel Beaujour dans s... more Les quelques réflexions qui suivent partent d'une proposition formulée par Michel Beaujour dans son ouvrage de 1980 consacré à l'autoportrait, Miroir d'encres 1 , et voudraient mettre à l'épreuve de celle-ci, pour mieux les singulariser, un ensemble de textes perecquiens des années 1970 relevant du genre de l'essai. Opposant au régime narratif et linéaire de l'autobiographie une logique spatiale en prise sur le présent du scripteur, l'autoportrait est décrit par Beaujour comme un lointain descendant du miroir encyclopédique médiéval, et plus précisément de sa variante confessionnelle. A l'exemple des manuels de confession et d'examen de conscience adressant aux fidèles la grille abstraite des différentes rubriques de la vie spirituelle et mondaine, afin que ceuxci puissent passer à son crible leur propre expérience, l'autoportrait (tel qu'ont pu le pratiquer Montaigne, Leiris ou encore Barthes) donnerait forme au moi en le situant au voisinage anonyme d'une société et d'une culture, en l'éprouvant au contact des savoirs dont celles-ci s'accompagnent. En tant que parcours encyclopédique de lieux communs, mais aussi en tant qu'art de la mémoire, l'autoportrait formerait ainsi un genre pétri d'ancienne rhétorique, à ceci près qu'il en délaisserait les fins civiques, politiques et morales au profit d'une écriture coupablement oisive et retirée des affaires -subversion qu'accompagnerait une manière de déni, d'aveuglement à l'égard, précisément, de la rhétoricité de cette démarche. Pour ardues et sujettes à débat qu'elles soient en elles-mêmes, ces thèses me semblent résonner de manière féconde dans le corpus perecquien, dans la mesure où elles permettent de mettre en perspective et d'interroger cette tendance à l'écriture de soi plus ou moins sensible, plus ou moins forte, mais néanmoins toujours active dans la part dite « sociologique » de l'oeuvre 2celle qui s'élabora surtout au cours des années 1970, dans le cadre du travail sur la vie quotidienne mené autour de la revue Cause commune de J. Duvignaud et P. Virilio. Je me concentrerai sur la dimension plus proprement essayistique et réflexive de ce corpus dans l'hypothèse qu'il y a là une poétique et des enjeux singuliers à dégager : si Perec a souvent déclaré son ambition de pratiquer une description sèche et saisie sur le vif de l'infra-ordinaire, nombre de ses textes -ceux-là 1 Michel Beaujour, Miroirs d'encre : rhétorique de l'autoportrait, Paris, Éditions du Seuil, 1980. 2 Suivant l'expression utilisée par Perec lui-même lorsqu'il tâcha de distinguer les quatre « champs » explorés dans son travail d'écriture. Cf. « Notes sur ce que je cherche », Le Figaro, 1978, repris dans Penser/Classer, Paris, Seuil, 2003, p. 10.
Revue Roland Barthes, 2014
Appel à contribution pour un dossier de la revue Fabula-LhT, dir. Adrien Chassain, Éléonore Devev... more Appel à contribution pour un dossier de la revue Fabula-LhT, dir. Adrien Chassain, Éléonore Devevey, Estelle Mouton-Rovira.
Tracés
De la transformation de la formation des enseignant-e-s aux refontes successives des dispositifs ... more De la transformation de la formation des enseignant-e-s aux refontes successives des dispositifs d’education prioritaire, les quinze dernieres annees ont ete marquees par une transformation rapide et profonde des conditions de scolarite et d’enseignement. Ces evolutions ont ete analysees par la production scientifique prenant pour objets l’ecole et l’education. Les sociologues et les chercheurs et chercheuses en sciences de l’education ont examine les dispositifs d’ouverture sociale (Allouch ...