[Actu] Le Kamov Ka-31(R) (original) (raw)

Une annonce faite par le MoD russe datée du 13 mars parle du transfert des deux Kamov Ka-31R au sein de la Flotte de la Mer Noire avec le début des entraînements des équipages de l’aéronavale locale sur ce nouveau modèle d’hélicoptère d’alerte avancée destiné à la base pour équiper les porte-aéronefs de l’URSS.

Bien que les deux Ka-31R en question ne soient pas des appareils, à proprement parler, neufs puisqu’ils sont en service depuis 2012, il s’agit d’une première à deux titres: premièrement, les Ka-31R rejoignent une unité active et non plus une unité d’entraînement (ils étaient auparavant affectés au sein de l’unité 859 TsBP i PLS de Yeysk) et surtout ils s’éloignent de leur mission première qui est d’assurer la détection et l’alerte avancée embarquée à bord de l’Admiral Kuznetsov. Ce transfert au sein de la Flotte de la Mer Noire indique indirectement deux choses: le retour au service de l’Admiral Kuznetsov n’est pas encore pour tout de suite et enfin, la Russie nécessite de disposer de moyens AWACS (ces derniers étant disponibles en quantités limitées) dans cette zone.

Profitons donc de l’occasion pour se pencher un peu plus sur cet hélicoptère méconnu.

Le Kamov Ka-31(R); un aperçu historique

Dans le courant des années 1980 lorsque la Marine Soviétique travaillait sur son programme de porte-avions, la question des capacités de détection avancées fut mise sur la table; un projet de développement d’un AWACS embarqué, le Yakovlev Yak-44 qui devait être grosso-modo l’équivalent soviétique du E-2C Hawkeye, fut initié et les travaux allèrent jusqu’à la mise au point d’une maquette grandeur nature de ce dernier. Cependant, la fin de l’URSS et du programme de porte-avions marqua également la fin du Yak-44.

Vu la taille du Yakovlev Yak-44 tel qu’envisagé, son déploiement n’était pas possible à partir de tous les navires, par conséquent la Marine Soviétique chargea en 1985 le bureau d’études Kamov, spécialisé dans le développement d’hélicoptères embarqués, de développer un appareil capable de détecter et suivre les avions ennemis, les missiles de croisière ainsi que les navires de surface. Construit sur base du Kamov Ka-27 et connu initialement sous la référence Ka-252RLD (pour rappel, le Ka-27 a d’abord été repris sous le type Ka-252 soit un « _Ka-25 de 2ème génération_« ), le nouvel appareil devait être basé à bord des porte-aéronefs de la classe Krechet (Izd.1143) et Kuznetsov (Izd.1143.5) mais également sur n’importe quel navire disposant d’une plate-forme d’atterrissage.

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Le Ka-27M (variante modernisée) codé 39 Rouge. Image@Evgeny Volikov

Une première maquette grandeur nature sera achevée en 1986, cette dernière ayant pour but de vérifier les aménagements choisis et les emplacements des équipements, les choix effectués ayant été validés par le ministère de tutelle toujours en 1986, le constructeur put se lancer dans la construction des deux premiers prototypes. Pour ce faire ce sont deux Ka-29 de série qui ont été transformés pour devenir les prototypes de ce nouveau modèle catalogué en tant que Kamov Ka-31. Le premier prototype (codé 031 Bleu) va effectuer son premier vol en 1987 et sera suivi peu de temps après par un deuxième prototype (codé 032 Bleu). Aisément reconnaissables grâce aux lourdes modifications apportées à la cellule, le coeur du système étant le radar E-801 Oko qui est notamment composé d’une antenne repliable de grandes dimensions installée sous le fuselage.

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Le prototype 032 Bleu avec son antenne déployée. Image@?

En vue de conserver une plate-forme de petite taille (et donc facilement déployable), le Ka-31 a été conçu de manière à ne pas traiter en son sein les informations obtenues (pas de place pour les calculateurs et équipage réduit) mais pour transférer directement aux navires à proximité (principalement les porte-aéronefs, bien entendu) les images radars et laisser à ces derniers le traitement des cibles détectées. La première étape des essais étatiques du Ka-31 a démarré en 1988 et s’est tenue à Saki en Crimée, les essais embarqués des prototypes se déroulant entre 1990 et 1991 à bord de l’Admiral Kuznetsov. La disparition de l’URSS et du programme de construction des porte-aéronefs va marquer la fin du projet Ka-31 dont une commande en cours portant sur huit appareils destinés à la Marine fut également annulée.

La jeune Marine Russe n’ayant pas les moyens d’acquérir de tels appareils dans le courant des années 1990, l’Admiral Kuznetsov se retrouvait dans une situation délicate puisqu’en l’absence de Yak-44 (projet abandonné) et de Ka-31 (projet non-admis au service), le navire ne disposait pas d’une capacité de détection mobile au long-cours. Le manque de financements n’a pas arrêté les essais de l’appareil qui sera finalement déclaré officiellement apte au service en 1995; ceci étant avant tout un moyen de rendre l’appareil plus attractif sur le marché à l’exportation. De manière pour le moins intéressante, les deux prototypes seront systématiquement déployés par la Marine Russe à chaque déploiement de l’Admiral Kuznetsov bien que les appareils soient toujours la propriété de Kamov et non des militaires russes.

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Le Ka-31R codé 90 Rouge. Image@Dmitriy URS Spotters

Le « salut » de l’appareil passera donc par l’exportation et c’est de l’Inde que viendra la première commande à l’export d’une valeur de 92 millions d’USD et portant sur quatre Ka-31 qui sera signée en août 1999, les appareils étant destinés – fort logiquement – pour la Marine Indienne avec pour but d’équiper le porte-avions INS Viraat ainsi que les trois frégates Talwar (Izd.11356) en commande. Un contrat supplémentaire portant sur cinq Ka-31 toujours destinés à la Marine Indienne sera signée en février 2001, peu de temps avant la sortie d’usine du premier Ka-31 indien qui décollera le 16 mai 2001. Les appareils recevront leurs équipements embarqués au sein de l’usine Kamov de Lyubertsy avant d’être livrés au client sur la période 2003-2004; l’admission au service officielle des Ka-31 en Inde ayant lieu en avril 2003. Une dernière commande portant sur cinq appareils supplémentaires sera passée le 28 août 2009 avec livraison des appareils entre 2011 et 2012. Au final, la Marine Indienne exploite quatorze Ka-31 livrés entre 2003 et 2012; ces derniers étant déployés sur l’INS Vikramaditya ainsi que sur les six frégates Talwar en service.

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L’INS 724 de la Marine Indienne. Image@rostec.ru

L’Inde est manifestement satisfaite de son achat puisque New Delhi envisageait très récemment (mai 2019) de faire l’acquisition de dix Ka-31 supplémentaires pour équiper les frégates actuellement en cours de construction pour la marine indienne ainsi que pour le futur INS Vikrant, deuxième porte-avions de l’INF qui doit arriver d’ici 2021-2022, ce dernier devant en embarquer pas moins de quatre unités. Au vu de la réalité budgétaire indienne, la commande aurait dû se limiter à six appareils mais il semble que finalement l’Inde se soit décidée pour quand même acquérir la cible prévue de dix appareils supplémentaires pour un montant total de 518 millions d’USD. En outre, une modernisation de dix des quatorze appareils existants est sur la table depuis 2016 avec un premier appareil modernisé à livrer dans le courant de 2020: cette modernisation et les modalités de celles-ci restent tant qu’à présent à confirmer.

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Le Ka-31 indien codé INS 565 est vu ici avec son radar déployé. Image@Wikipedia

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Le deuxième client à l’export s’est retrouvé dans une situation similaire à l’Inde, en effet lorsqu’elle fait l’acquisition du porte-avions Varyag (Izd.1143.6) qui est devenu le Liaoning, la Chine ne disposait pas d’hélicoptères d’alerte avancée embarqué. Après avoir hésité entre l’AS532UL Puma et le Kamov Ka-31; le choix s’est posé sur ce dernier vu la présence d’autres variantes du Kamov Ka-27 déjà en service au sein de la force aérienne ainsi que de la marine chinoise. Finalement, c’est le 20 novembre 2008 que la Chine a passé commande de neuf Ka-31 destinés à équiper en priorité les porte-avions en service et à venir de la PLAN (People Liberation Army Navy). Les deux premiers appareils vont être livrés en novembre 2010, le solde l’étant au fur et à mesure avec un achèvement des livraisons dans le deuxième semestre de 2011.

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Les images de Ka-31 chinois ne sont pas légion, on voit ici le 9284 de la PLAN. Image@ausairpower.net

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De manière amusante, c’est la Russie qui est le dernier client (en date) pour le Ka-31, signant la commande de deux Kamov Ka-31R (variante spécifique pour la Russie) et une unité en option à la fin novembre 2008; le premier appareil (codé 90 Rouge, registre RF-34166) étant livré le 22 juin 2012, le deuxième (codé 91 Rouge) l’étant en août 2012. Les appareils furent acquis pour équiper les deux navires d’assaut amphibies de la classe Mistral qui étaient en commande pour les VMF, l’annulation de la commande n’a pas empêché la Russie de recevoir les deux appareils qui furent affectés à Yeysk (centre d’entraînement de la Marine Russe) lors de leur livraison.

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Le premier Ka-31R de série russe codé 90 Rouge. Image@Dmitriy Ryazanov

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Le Kamov Ka-31(R); un peu de technique

Hélicoptère d’alerte et de détection avancée produit au sein de l’usine KumAPP de Kumertau, le Kamov Ka-31(R) est basé sur la cellule du Ka-29 avec lequel il partage une forte similitude technique, les dimensions des deux appareils étant quasi identiques à tous points de vue. Employant la formule caractéristique maison des deux rotors principaux contrarotatifs et de l’absence de rotor de queue, il existe trois variantes principales du Kamov Ka-31:

Les principales différences entre les variantes résident dans les équipements embarqués (la cellule et la chaîne cinématique restant identiques), ces derniers étant modifiés selon les desiderata des clients.

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Illustration@the-blueprints.com

Au niveau des dimensions générales, les chiffres suivants (Ka-31R) sont disponibles:

La chaîne cinématique est construite autour de deux turbines Klimov TV3-117VMAR entraînant les deux rotors principaux contrarotatifs tripales et offrant une puissance nominale sensiblement accrue par rapport à la turbine « standard » TV3-117VMA; cette dernière étant de 1.900 Cv (contre 1.700 Cv pour la -VMA) néanmoins la puissance maximale (disponible au décollage) reste identique à 2.200 Cv. Une unité de puissance auxiliaire (APU) du type TA14-31 est installé et sert notamment à alimenter le radar embarqué. Le Ka-31R peut embarquer 3.600 litres de carburant répartis dans quatorze réservoirs ventraux (sous le plancher de la cabine) et latéraux.

Le coeur du système est le radar E-801 Oko développé par NNIIRT (Nizhny Novgorod), ce radar en bande L capable de détecter et suivre jusqu’à 40 cibles allant d’une altitude de 5 m à 3.500 m (l’altitude de l’hélicoptère est déterminante puisque l’antenne est placée en-dessous de ce dernier); la portée de détection étant évaluée à 110 Km pour une cible de la taille d’un chasseur et 200 Km pour une cible de la taille d’un navire. L’antenne du radar est plate et mesurant environ 6 x 1 m se replie à plat sous le fuselage permettant de limiter l’encombrement de celle-ci, le scan sur l’azimut se faisant de manière mécanique tandis que le scan sur l’élévation est électronique, le tout disposant de 96 modules. L’antenne effectue six rotations par minute et est déployée en deux minutes, le système est capable de fonctionner dans trois modes: air-air, air-mer et mode mixte (combinant les deux premiers modes).

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Un des prototypes Ka-31, codé 032 Bleu, est vu ici avec l’antenne déployée; on voit d’ailleurs pourquoi le train d’atterrissage a été modifié pour ne pas perturber le fonctionnement de l’antenne. Image@MrZorg

A noter que le train d’atterrissage du Ka-31(R) est repliable permettant de ne pas perturber la capacité de détection de l’appareil.

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Le Ka-31R codé 90 Rouge est vu ici avec son train déployé. Image@Yuriy Pieshyk

Le système de navigation est le PNK-37DM développé par RPKB (Ramenskoye), ce système permettant d’assurer un vol automatisé vers une destination/points prédéterminés tout en assurant le maintien de la vitesse et de l’altitude souhaitées. A noter qu’au vu de l’encombrement de l’antenne et de son impact sur l’aérodynamique de l’appareil lorsqu’elle est déployée; le pilote automatique SAU-37D modifie légèrement le profil de vol du Ka-31R pour compenser les contraintes générées par l’antenne. Le cockpit dispose de deux écrans LCD multifonctions MFI-10-5 pour le pilote ainsi que d’instruments analogiques en supplément et d’un écran LCD de grande taille pour le deuxième membre d’équipage (navigateurs/opérateur). Il n’y a que le pilote qui dispose d’un collectif couplé à une manette des gaz situé à sa gauche (commande les montées/descentes), un cyclique situé devant lui (commande le déplacement vers l’avant ou l’arrière) ainsi que d’un palonnier constitué de deux pédales (commande les virages à gauche ou à droite).

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Cockpit d’un prototype Ka-31R avec les deux écrans LCD du pilote ainsi que l’écran LCD de l’opérateur/navigateur. Image@Alexander Mladenov

Enfin, contrairement au Ka-35 (abordé plus loin), le Ka-31R ne dispose pas de systèmes d’auto-défense pas plus qu’il n’emporte de leurres pour assurer sa protection.

Le Kamov Ka-31R en Russie?

Comme vu ci-dessus, la Marine Russe dispose actuellement de deux Ka-31R en service au sein de la Flotte de la Mer Noire au sein du 318 OSAP de Kacha, d’autres commandes ont été annoncées par le passé mais sans déboucher sur un début de concrétisation; il est vrai que la raison originale ayant mené au développement du Ka-31R, l’acquisition de portes-avions ayant été abandonnée ainsi que la livraison des navires Mistral ne s’est pas concrétisée, l’appareil perdait son principal intérêt aux yeux de la Marine Russe.

Le Kamov Ka-35: similaire tout en étant différent

Version terrestre du Ka-31R, le Kamov Ka-35 (Ka-252SV / Izd.23D2) diffère de la version navale sur plusieurs points:

Conçu pour s’intégrer au sein du système 1K130 de gestion du champ de bataille et de marquage des cibles terrestres, le Ka-35 constitue la partie aérienne de ce système qui comprend notamment le poste de commandement mobile 9S925. Les missions principales de ce système sont la détection et le suivi des cibles terrestres, la transmission des informations aux postes de commandements, le transfert des informations en temps réel aux autres appareils et véhicules présents sur zone.

Le nouveau radar 15C100.10 optimisé pour la détection et le suivi des cibles terrestres dispose d’une antenne rotative de taille légèrement réduite (longueur: environ 5,5 m) ainsi que présentant une forme différente par rapport à l’E-801. Capable de suivre jusqu’à 80 cibles simultanément, les distances de détection de ce radar ne sont pas connues mais les estimations les plus crédibles tablent sur 100 à 150 Km; ceci permettant notamment d’assurer le guidage du nouveau missile Hermes-A qui sera déployé sur les Ka-52 et dont le rayon d’action étendu est évalué à 100 Km.

Un premier prototype de Ka-35 (codé 231 Blanc) est issu de la conversion d’un prototype de Ka-31 (codé 031 Bleu); ce dernier décollant pour la première fois en novembre 2004. Un deuxième prototype (codé 232 Bleu) sorti de l’usine KumAPP de Kumertau en 2006; les deux prototypes furent chargés des essais constructeurs et étatiques qui débouchèrent sur une acceptation de cet appareil en août 2015. Le premier emploi opérationnel du Ka-35 va avoir lieu en 2016 avec le déploiement de l’appareil en Syrie avec pour but principal d’appuyer les troupes au sol et d’assurer le guidage des Mi-28N/Ka-52 dans leur recherche et destruction de cibles blindées.

Malgré les résultats manifestement probants de ce déploiement et l’évaluation d’un besoin estimé à 10 appareils, aucune commande concrète pour le Ka-35 n’a été signé pour l’instant.

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Le retour d’ambitions océaniques (modérées pour l’instant) avec notamment l’arrivée de nouvelles frégates pouvant accueillir le Ka-31R ainsi qu’une activité navale accrue dans un contexte où les AWACS « lourds » sont disponibles en nombre restreint font que le déploiement plus régulier de Ka-31R (et donc indirectement de commandes futures pour ce dernier) est à prévoir. La commande prévue de Ka-31 pour l’Inde permet également de voir que la production du Ka-31R est toujours possible au sein de l’usine KuAMPP de Kumertau, laissant donc la possibilité à la Russie de passer commande pour des Ka-31R supplémentaires ou d’enfin commander des Ka-35 pour équiper les forces terrestres.

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Le deuxième Ka-31R, codé 91 Rouge. Image@Anatoly Burtsev

Les projets russes en matière de porte-avions étant ce qu’ils sont (c-à-d: un peu nulle part) on est en droit de se dire que l’avenir du Ka-31R est loin d’être une certitude, cependant la mise sur cale annoncée des deux premiers UDK (navires d’assaut amphibies) en date du 9 mai 2020 ainsi que la construction de deux BDK Ivan Gren (Izd.11711) offrant un déplacement augmenté va nécessiter l’acquisition d’appareils pouvant assurer l’alerte avancée. On est donc en droit de s’attendre à des commandes à court/moyen-terme de Ka-31R pour équiper les navires en cours de construction tout comme le déploiement des deux unités au sein de la Flotte de la Mer Noire indique que la Russie conçoit également ce dernier comme une alternative peu onéreuse et efficace au départ de bases terrestres et ce en comparaison avec le déploiement d’appareils plus lourds tels que les A-50(U)/A-100. Il reste donc à voir comment la situation va évoluer au niveau des décideurs russes et ce que ce soit au niveau des forces terrestres ainsi que de la marine: ces deux forces présentant le besoin et l’utilité de disposer de ce type d’appareils.

En conclusion

Conçu en tant que moyen d’équiper facilement et de manière peu onéreuse les navires soviétiques (puis russes) d’une capacité de détection avancée accrue offrant une grande souplesse d’exploitation, le Kamov Ka-31R a comme de nombreux programmes datant de la même époque pris de plein fouet la fin de l’URSS. Sauvé grâce aux contrats à l’exportation, le Ka-31R semble toujours se chercher un chemin en Russie avec seulement deux exemplaires en service bien que des annonces récurrentes fassent état du souhait de disposer de plus d’appareils à terme.

A l’inverse, l’engagement du Ka-35 (la version terrestre) en Syrie et les bons résultats apparents obtenus par ce dernier renforcent l’hypothèse d’une acquisition de cet hélicoptère par l’armée de terre pour appuyer et renforcer les capacités de détection des troupes au sol et guider les hélicoptères d’attaques sur cibles plus efficacement. Si cette acquisition vient à se confirmer, il s’agirait d’une première capacité propre d’alerte avancée aérienne en service au sein des forces terrestres russes (exception faite des drones, bien évidemment). Ceci serait même pour le moins ironique, un hélicoptère développé pour équiper les porte-avions de la marine soviétique qui finit par être employé par les forces terrestres russes.

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Le Ka-31R codé 90 Rouge. Image@Andrei Vechemin

Il sera d’ailleurs intéressant de voir si la Russie va enfin développer un programme de modernisation crédible pour le Ka-31(R): ce dernier dispose d’une électronique embarquée qui n’est pas de première jeunesse et la volonté indienne de moderniser ses appareils montre qu’il y a une demande en la matière. Que ce soit sur base d’une solution avec des équipements occidentaux (direction que semble prendre l’Inde) ou locaux (pour la Russie), le Ka-31(R) dispose d’un potentiel de modernisation important (l’installation d’équipements d’auto-défense va s’imposer à terme) permettant d’accroître les performances de cette plate-forme adaptée aux conditions les plus rigoureuses. Ce sont les évolutions à venir de la Marine Russe qui conditionneront la mise en place d’un programme de modernisation approfondi de l’appareil ainsi que son acquisition en plus grande quantité: avec deux UDK bientôt sur cales, deux BDK Ivan Gren (Izd.11711) en cours de construction ainsi que de l’Admiral Kuznetsov (Izd.1143.5) sans même compter les frégates Admiral Gorshkov (Izd.22350), le tout fait que le besoin de disposer de Ka-31 en nombre suffisant s’imposera de lui-même.