Karim Amellal | Sciences Po, Paris (original) (raw)

Books by Karim Amellal

Research paper thumbnail of Chroniques d'une société annoncée

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Research paper thumbnail of Discriminez-moi! Enquête sur nos inégalités

Articles by Karim Amellal

Research paper thumbnail of Présidentielle en Algérie  (L'Express, 17/04/2014): les 3 phénomènes clés d'un scrutin joué d'avance

La réélection de Abdelaziz Bouteflika dès le 1er tour du scrutin ne fait aucun doute. Ni même le ... more La réélection de Abdelaziz Bouteflika dès le 1er tour du scrutin ne fait aucun doute. Ni même le score, sans doute important, avec lequel il sera réélu. Ni encore la participation dont le taux officiel oscillera entre 50 et 70% pour consacrer un peu plus la légitimité du président réélu. Quelques zones d'ombre persistent encore un peu. Combien fera par exemple Ali Benflis, le principal challenger de Bouteflika? Comment la fraude, assez inévitable de l'avis de tous les spécialistes, sera-t-elle gérée par le système et par ses opposants?

Research paper thumbnail of Albert Camus ne peut pas être un réconciliateur

Research paper thumbnail of La double culture n'existe pas

D'abord, de quoi parle--t--on ? Les termes sont ambigus, très ambigus. Prenons « culture » par ex... more D'abord, de quoi parle--t--on ? Les termes sont ambigus, très ambigus. Prenons « culture » par exemple, « mot--valise » par excellence, réceptacle de notions fuyantes et contingentes dont la polysémie étrangle la signification. Comment définir la culture française ? Que signifie, aujourd'hui, à l'ère du numérique, de l'accélération du monde, du rétrécissement des distances, du métissage des habitudes et des modes de pensées, être Français ? L'appartenance à une nation millénaire ? L'inclusion dans un cadre juridique, la nationalité ? L'affiliation à des valeurs et à une mémoire commune ? Ou encore la circonscription de l'être sur un territoire, un département, une région, un terroir ? Qui peut le dire ? Sûrement pas un gouvernement, au passage, qui n'a pas à imposer sa propre version, forcément biaisée, d'un roman national dont nous sommes tous, depuis toujours et à égalité, les auteurs consciencieux et immanents.

Research paper thumbnail of Le paradoxe algérien

L’Algérie est un pays de paradoxes : plus étendu d’Afrique par sa superficie et quatre fois plus ... more L’Algérie est un pays de paradoxes : plus étendu d’Afrique par sa superficie et quatre fois plus grand que la France, il compte une population deux fois inférieure ; pays riche de 200 milliards de dollars de réserves de change, il entretient des inégalités croissantes et un chômage de masse ; pays doté de terres parmi les plus fertiles du bassin méditerranéen, il est contraint d’importer ses produits agricoles pour nourrir sa population. L’hospitalisation du président Bouteflika et les scénarios machiavéliques esquissés en coulisses traduisent un autre paradoxe, politique celui-là : le pays qui s’est libéré de la France grâce à une puissante révolution est celui qui, dans le contexte révolutionnaire du « printemps arabe », semble le plus figé.

Research paper thumbnail of Fifty Years After Breakup, France And Algeria Must Reconcile  Read more: http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2012/al-monitor/algerias-independence-a-need-for.html#ixzz2CEubuAnK

Research paper thumbnail of L'immigration ne coûte rien : elle rapporte !

Papers by Karim Amellal

Research paper thumbnail of LE MYTHE DE LA BOMBE "ALGERIE"

Trente ans après octobre 1988, l'Algérie s'est profondément transformée. Loin des scénarios alarm... more Trente ans après octobre 1988, l'Algérie s'est profondément transformée. Loin des scénarios alarmistes, et malgré bien des problèmes, le pays n'est pas au bord de l'explosion Sur l'Algérie, les scénarios noirs ne manquent pas – du reste encouragés – par l'opacité chronique qui ceint le pouvoir algérien, et atteint ces temps-ci un point culminant dans un contexte marqué par la maladie du président Abdelaziz Bouteflika et la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en 2019. En France, ils bourgeonnent particulièrement à droite, voire à l'extrême droite, où l'on semble à la fois se réjouir de la « faillite » du système tout en redoutant une possible « explosion » qui provoquerait une « invasion » de migrants algériens sur les côtes françaises… Dans ce tohu-bohu dystopique où les vieilles rancoeurs se mêlent aux vraies angoisses, est-il possible d'avoir une vision plus nuancée, et moins idéologisée, de ce qu'il se passe dans ce grand pays ? L'Algérie va mal, très mal, de plus en plus mal. Pire, elle serait au bord de « l'explosion ». « La bombe algérienne », titre ainsi le magazine Valeurs actuelles – situé quelque part entre la droite extrême et l'extrême droite – en affichant d'emblée la couleur : « Immigration massive, explosion des banlieues… Ce que craint la France si l'Algérie bascule ». C'est parfois tout le Maghreb que l'on dépeint comme une bombe à retardement, un fief de terroristes en puissance, une région où règnent en maîtres le désespoir et l'affliction Dans ces pages qui fleurent mauvais la nostalgie de l'Algérie française (le « c'était décidément mieux avant » se lit en filigrane à toutes les lignes), les mythes et peurs qui entourent l'Algérie d'aujourd'hui se bousculent dans une vision d'apocalypse : quand l'Algérie aura explosé, car elle va exploser, que se passera-t-il donc ? Et de dépeindre, en écho au drame des réfugiés se précipitant aux portes barricadées de l'Europe, de futures hordes de candidats à l'exil enfourchant leurs barques de fortune et débarquant, tels des Maures ressuscités, sur les plages innocentes de la France très chrétienne… Vide politique, président malade, crise économique, corruption endémique, spectre des révolutions arabes : Valeurs actuelles n'est pas le seul média à voir sourdre en Algérie les prémisses d'une catastrophe. Plusieurs médias anglo-saxons – et conservateurs aussi – ont récemment sonné l'hallali et décrit l'Algérie, parfois le Maghreb tout entier, comme une bombe à retardement, un fief de terroristes en puissance, une région où règnent en maîtres le désespoir et l'affliction. Ces derniers temps, un autre scénario noir hante quelques esprits chagrins : celui de voir resurgir un nouvel « octobre 88 », ce premier « printemps arabe » qui a provoqué la chute du parti unique, et a été suivi d'une phase éphémère de transition démocratique qui a débouché sur la tragique « décennie noire », ces années 1990 ensanglantée par le terrorisme du Groupe islamique armé (GIA).

Research paper thumbnail of Algérie : un autoritarisme en péril ?

dossier43 / avril 2015 / n°450En dépit d’une Constitution (sur le point d’être révisée), d’instit... more dossier43 / avril 2015 / n°450En dépit d’une Constitution (sur le point d’être révisée), d’institutions légales, de lois votées par un Parlement élu, d’un gouvernement qui exécute et d’un président de la République lui aussi élu au suffrage universel, ce que l’on appelle « le pouvoir» algérien est un Janus bi-frons : d’un côté un visage formel, incarné par ceux qui sont à la tête des institutions civiles, d’un autre côté des centres et des circuits de décision informels agissant sur la base de règles implicites qui constitue le pouvoir réel1. La structure de pouvoir en Algérie, nonobstant le régime politique (de type présidentiel en vertu de la Constitution de 1996) qui fonde les institutions civiles, est polycentrique : c’est une coalition hétéroclite de groupes, de clans, d’hommes qui poursuivent un intérêt primordial : assurer la perpétuation d’intérêts qui ne recoupent que partiellement le bien commun de la Nation. Ces centres de décision puisent leurs racines pour partie des éléments des forces de sécurité (armée, services de renseignement) et pour partie des dirigeants civils (président, quelques ministres « proches » de ce dernier, parti présidentiel) auxquels il faut ajouter l’appareil administratif qui, dans un pays hyper-centralisé comme l’Algérie, occupe une place primordiale (certains walis, hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, etc.). Dans ce dispositif, c’est l’Armée nationale populaire (ANP) qui constitue depuis l’indépendance la colonne vertébrale du régime en dépit de son retrait – relatif – du pouvoir civil depuis la fin de la « décennie noire » (1990-2000) au cours de laquelle elle a détenu l’ensemble des leviers du pouvoir dans le cadre d’une guerre civile contre les terroristes islamistes. Si l’élection du civil Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République en 1999 eut bien pour conséquence de faire rentrer l’armée dans les casernes, les officiers supérieurs de l’ANP, en particulier ceux qui exercent au sein du puissant DRS (les services de renseignement de l’armée) continuent de jouer un rôle majeur dans le système. Aucune décision stratégique concernant la sécurité de l’État, les hydrocarbures ou des partenariats stratégiques avec certains pays ne peut être prise sans eux. Une stabilité relativeL’idéologie nationaliste, ou ce qu’il en reste, imprègne la Weltanschauung de ceux qui dirigent le pays. Fortement marquée par le culte des Martyrs – ceux qui sont morts au cours de la guerre d’indépendance –, cette idéologie repose, de façon schématique, sur la toute-puissance de l’État pour assurer la répartition des richesses, le rôle déterminant de l’armée pour garantir la sécurité, et avant tout l’indépendance, nationales, l’islam, religion d’État, qui a servi aux pouvoirs successifs à se légitimer à défaut de modes de légitimation de nature démocratique. Ce nationalisme conservateur, ombrageux, voire atrabilaire, dans ses relations tant avec les États voisins, Maroc en tête, qu’avec l’ancienne puissance coloniale, est incarné par le FLN, parti présidentiel, qui joue un rôle structurant, pour ne pas dire écrasant, dans le paysage politique national. Ex-parti unique de 1962 jusqu’à la révision constitutionnelle de 1989 instaurant le multipartisme, le FLN est Algérie:unautoritarismeenpéril?Démocratique dans son apparence, autoritaire dans son fonctionnement: voici comment on pourrait caractériser, de façon lapidaire, le régime algérien aujourd’hui. Percer davantage sa carapace, scruter ses arcanes, le radiographier relève en revanche de la gageure tant ce système est, depuis 1962, frappé au sceau de l’opacité...

Research paper thumbnail of Ecrivains français d’origine maghrébine dans la décennie 2000 : une littérature du décentrement

auteur, enseignant à Sciences Po, fondateur du média algérien www.chouf-chouf.com et de la platef... more auteur, enseignant à Sciences Po, fondateur du média algérien www.chouf-chouf.com et de la plateforme encyclopédique vidéo www. sam--network.org Dans les années 2000, une pléiade de jeunes auteurs d'origine maghrébine et africaine fait irruption sur la scène littéraire française. Certes, ce n'était pas la première fois que des auteurs « issus de l'immigration », selon la formule consacrée en France 1 , « entraient en littérature », mais ce qui a retenu l'attention, ce fut surtout l' « effet groupe », d'une part, et d'autre part la convergence inédite de styles et de thèmes qui les caractérisaient. Rapidement qualifiés d'écrivains « de banlieue » tant celle--ci occupait une large place dans leurs écrits, certains ont tenté d'en jouer, voire de s'en réclamer, tandis que d'autres, par peur d'y être enfermés, ont préféré s'en démarquer.

Research paper thumbnail of Revue Africultures, janvier 2014 L'héritage littéraire de la Marche pour l'Egalité

Membre fondateur du Collectif « Qui fait la France ? », Karim Amellal participe en 2007 à cette a... more Membre fondateur du Collectif « Qui fait la France ? », Karim Amellal participe en 2007 à cette aventure tout autant littéraire que citoyenne. Paré d'un manifeste, l'ouvrage « Chronique d'une société annoncée » tentait de mettre en avant une esthétique littéraire en prise avec la France plurielle, qui peine à être reconnue. Cette esthétique, qui s'inscrit, selon lui s'imprègne des auteurs de l'immigration tout autant qu'elle les dépasse pour s'inscrire pleinement dans la littérature française. Une « littérature en miroir », une littérature du réel, qui, si elle proviendrait des marges, n'en est pas moins un reflet de la société française, de sa richesse, tout autant que de son incapacité à se penser plurielle.

Research paper thumbnail of Présidentielle en Algérie  (L'Express, 17/04/2014): les 3 phénomènes clés d'un scrutin joué d'avance

La réélection de Abdelaziz Bouteflika dès le 1er tour du scrutin ne fait aucun doute. Ni même le ... more La réélection de Abdelaziz Bouteflika dès le 1er tour du scrutin ne fait aucun doute. Ni même le score, sans doute important, avec lequel il sera réélu. Ni encore la participation dont le taux officiel oscillera entre 50 et 70% pour consacrer un peu plus la légitimité du président réélu. Quelques zones d'ombre persistent encore un peu. Combien fera par exemple Ali Benflis, le principal challenger de Bouteflika? Comment la fraude, assez inévitable de l'avis de tous les spécialistes, sera-t-elle gérée par le système et par ses opposants?

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Research paper thumbnail of La double culture n'existe pas

D'abord, de quoi parle--t--on ? Les termes sont ambigus, très ambigus. Prenons « culture » par ex... more D'abord, de quoi parle--t--on ? Les termes sont ambigus, très ambigus. Prenons « culture » par exemple, « mot--valise » par excellence, réceptacle de notions fuyantes et contingentes dont la polysémie étrangle la signification. Comment définir la culture française ? Que signifie, aujourd'hui, à l'ère du numérique, de l'accélération du monde, du rétrécissement des distances, du métissage des habitudes et des modes de pensées, être Français ? L'appartenance à une nation millénaire ? L'inclusion dans un cadre juridique, la nationalité ? L'affiliation à des valeurs et à une mémoire commune ? Ou encore la circonscription de l'être sur un territoire, un département, une région, un terroir ? Qui peut le dire ? Sûrement pas un gouvernement, au passage, qui n'a pas à imposer sa propre version, forcément biaisée, d'un roman national dont nous sommes tous, depuis toujours et à égalité, les auteurs consciencieux et immanents.

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L’Algérie est un pays de paradoxes : plus étendu d’Afrique par sa superficie et quatre fois plus ... more L’Algérie est un pays de paradoxes : plus étendu d’Afrique par sa superficie et quatre fois plus grand que la France, il compte une population deux fois inférieure ; pays riche de 200 milliards de dollars de réserves de change, il entretient des inégalités croissantes et un chômage de masse ; pays doté de terres parmi les plus fertiles du bassin méditerranéen, il est contraint d’importer ses produits agricoles pour nourrir sa population. L’hospitalisation du président Bouteflika et les scénarios machiavéliques esquissés en coulisses traduisent un autre paradoxe, politique celui-là : le pays qui s’est libéré de la France grâce à une puissante révolution est celui qui, dans le contexte révolutionnaire du « printemps arabe », semble le plus figé.

Research paper thumbnail of Fifty Years After Breakup, France And Algeria Must Reconcile  Read more: http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2012/al-monitor/algerias-independence-a-need-for.html#ixzz2CEubuAnK

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Trente ans après octobre 1988, l'Algérie s'est profondément transformée. Loin des scénarios alarm... more Trente ans après octobre 1988, l'Algérie s'est profondément transformée. Loin des scénarios alarmistes, et malgré bien des problèmes, le pays n'est pas au bord de l'explosion Sur l'Algérie, les scénarios noirs ne manquent pas – du reste encouragés – par l'opacité chronique qui ceint le pouvoir algérien, et atteint ces temps-ci un point culminant dans un contexte marqué par la maladie du président Abdelaziz Bouteflika et la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en 2019. En France, ils bourgeonnent particulièrement à droite, voire à l'extrême droite, où l'on semble à la fois se réjouir de la « faillite » du système tout en redoutant une possible « explosion » qui provoquerait une « invasion » de migrants algériens sur les côtes françaises… Dans ce tohu-bohu dystopique où les vieilles rancoeurs se mêlent aux vraies angoisses, est-il possible d'avoir une vision plus nuancée, et moins idéologisée, de ce qu'il se passe dans ce grand pays ? L'Algérie va mal, très mal, de plus en plus mal. Pire, elle serait au bord de « l'explosion ». « La bombe algérienne », titre ainsi le magazine Valeurs actuelles – situé quelque part entre la droite extrême et l'extrême droite – en affichant d'emblée la couleur : « Immigration massive, explosion des banlieues… Ce que craint la France si l'Algérie bascule ». C'est parfois tout le Maghreb que l'on dépeint comme une bombe à retardement, un fief de terroristes en puissance, une région où règnent en maîtres le désespoir et l'affliction Dans ces pages qui fleurent mauvais la nostalgie de l'Algérie française (le « c'était décidément mieux avant » se lit en filigrane à toutes les lignes), les mythes et peurs qui entourent l'Algérie d'aujourd'hui se bousculent dans une vision d'apocalypse : quand l'Algérie aura explosé, car elle va exploser, que se passera-t-il donc ? Et de dépeindre, en écho au drame des réfugiés se précipitant aux portes barricadées de l'Europe, de futures hordes de candidats à l'exil enfourchant leurs barques de fortune et débarquant, tels des Maures ressuscités, sur les plages innocentes de la France très chrétienne… Vide politique, président malade, crise économique, corruption endémique, spectre des révolutions arabes : Valeurs actuelles n'est pas le seul média à voir sourdre en Algérie les prémisses d'une catastrophe. Plusieurs médias anglo-saxons – et conservateurs aussi – ont récemment sonné l'hallali et décrit l'Algérie, parfois le Maghreb tout entier, comme une bombe à retardement, un fief de terroristes en puissance, une région où règnent en maîtres le désespoir et l'affliction. Ces derniers temps, un autre scénario noir hante quelques esprits chagrins : celui de voir resurgir un nouvel « octobre 88 », ce premier « printemps arabe » qui a provoqué la chute du parti unique, et a été suivi d'une phase éphémère de transition démocratique qui a débouché sur la tragique « décennie noire », ces années 1990 ensanglantée par le terrorisme du Groupe islamique armé (GIA).

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dossier43 / avril 2015 / n°450En dépit d’une Constitution (sur le point d’être révisée), d’instit... more dossier43 / avril 2015 / n°450En dépit d’une Constitution (sur le point d’être révisée), d’institutions légales, de lois votées par un Parlement élu, d’un gouvernement qui exécute et d’un président de la République lui aussi élu au suffrage universel, ce que l’on appelle « le pouvoir» algérien est un Janus bi-frons : d’un côté un visage formel, incarné par ceux qui sont à la tête des institutions civiles, d’un autre côté des centres et des circuits de décision informels agissant sur la base de règles implicites qui constitue le pouvoir réel1. La structure de pouvoir en Algérie, nonobstant le régime politique (de type présidentiel en vertu de la Constitution de 1996) qui fonde les institutions civiles, est polycentrique : c’est une coalition hétéroclite de groupes, de clans, d’hommes qui poursuivent un intérêt primordial : assurer la perpétuation d’intérêts qui ne recoupent que partiellement le bien commun de la Nation. Ces centres de décision puisent leurs racines pour partie des éléments des forces de sécurité (armée, services de renseignement) et pour partie des dirigeants civils (président, quelques ministres « proches » de ce dernier, parti présidentiel) auxquels il faut ajouter l’appareil administratif qui, dans un pays hyper-centralisé comme l’Algérie, occupe une place primordiale (certains walis, hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, etc.). Dans ce dispositif, c’est l’Armée nationale populaire (ANP) qui constitue depuis l’indépendance la colonne vertébrale du régime en dépit de son retrait – relatif – du pouvoir civil depuis la fin de la « décennie noire » (1990-2000) au cours de laquelle elle a détenu l’ensemble des leviers du pouvoir dans le cadre d’une guerre civile contre les terroristes islamistes. Si l’élection du civil Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République en 1999 eut bien pour conséquence de faire rentrer l’armée dans les casernes, les officiers supérieurs de l’ANP, en particulier ceux qui exercent au sein du puissant DRS (les services de renseignement de l’armée) continuent de jouer un rôle majeur dans le système. Aucune décision stratégique concernant la sécurité de l’État, les hydrocarbures ou des partenariats stratégiques avec certains pays ne peut être prise sans eux. Une stabilité relativeL’idéologie nationaliste, ou ce qu’il en reste, imprègne la Weltanschauung de ceux qui dirigent le pays. Fortement marquée par le culte des Martyrs – ceux qui sont morts au cours de la guerre d’indépendance –, cette idéologie repose, de façon schématique, sur la toute-puissance de l’État pour assurer la répartition des richesses, le rôle déterminant de l’armée pour garantir la sécurité, et avant tout l’indépendance, nationales, l’islam, religion d’État, qui a servi aux pouvoirs successifs à se légitimer à défaut de modes de légitimation de nature démocratique. Ce nationalisme conservateur, ombrageux, voire atrabilaire, dans ses relations tant avec les États voisins, Maroc en tête, qu’avec l’ancienne puissance coloniale, est incarné par le FLN, parti présidentiel, qui joue un rôle structurant, pour ne pas dire écrasant, dans le paysage politique national. Ex-parti unique de 1962 jusqu’à la révision constitutionnelle de 1989 instaurant le multipartisme, le FLN est Algérie:unautoritarismeenpéril?Démocratique dans son apparence, autoritaire dans son fonctionnement: voici comment on pourrait caractériser, de façon lapidaire, le régime algérien aujourd’hui. Percer davantage sa carapace, scruter ses arcanes, le radiographier relève en revanche de la gageure tant ce système est, depuis 1962, frappé au sceau de l’opacité...

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auteur, enseignant à Sciences Po, fondateur du média algérien www.chouf-chouf.com et de la platef... more auteur, enseignant à Sciences Po, fondateur du média algérien www.chouf-chouf.com et de la plateforme encyclopédique vidéo www. sam--network.org Dans les années 2000, une pléiade de jeunes auteurs d'origine maghrébine et africaine fait irruption sur la scène littéraire française. Certes, ce n'était pas la première fois que des auteurs « issus de l'immigration », selon la formule consacrée en France 1 , « entraient en littérature », mais ce qui a retenu l'attention, ce fut surtout l' « effet groupe », d'une part, et d'autre part la convergence inédite de styles et de thèmes qui les caractérisaient. Rapidement qualifiés d'écrivains « de banlieue » tant celle--ci occupait une large place dans leurs écrits, certains ont tenté d'en jouer, voire de s'en réclamer, tandis que d'autres, par peur d'y être enfermés, ont préféré s'en démarquer.

Research paper thumbnail of Revue Africultures, janvier 2014 L'héritage littéraire de la Marche pour l'Egalité

Membre fondateur du Collectif « Qui fait la France ? », Karim Amellal participe en 2007 à cette a... more Membre fondateur du Collectif « Qui fait la France ? », Karim Amellal participe en 2007 à cette aventure tout autant littéraire que citoyenne. Paré d'un manifeste, l'ouvrage « Chronique d'une société annoncée » tentait de mettre en avant une esthétique littéraire en prise avec la France plurielle, qui peine à être reconnue. Cette esthétique, qui s'inscrit, selon lui s'imprègne des auteurs de l'immigration tout autant qu'elle les dépasse pour s'inscrire pleinement dans la littérature française. Une « littérature en miroir », une littérature du réel, qui, si elle proviendrait des marges, n'en est pas moins un reflet de la société française, de sa richesse, tout autant que de son incapacité à se penser plurielle.