Calendrier de l'avent : 18 décembre (original) (raw)
Titre : Bain brûlant
Projet : Nouveau Monde
Personnages : Raj’Nordh et Akhena
Thème et contrainte : « Je suis désolé(e) » + « bain » + quelqu’un interrompt un moment romantique/intime
Les deux thèmes correspondaient trop bien pour que j’arrive à choisir…
Date : 18 décembre
Rating : NC-17
S’il y avait une chose que Raj’Nordh appréciait tout particulièrement dans les infrastructures taillées dans la falaise à l’attention des Cavaliers, c’était les vastes bains que l’on trouvait dans les salles inférieures. Leur construction avait été rendue possible par la présence de plusieurs sources chaudes, et si certaines alimentaient le palais au bénéfice du souverain et de la noblesse, il en restait une pour eux et les architectes qui avaient jadis battit le palais avaient su faire des merveilles que l’on peinait désormais à imiter. Et après une journée aussi rude que celle qu’il venait de vivre il appréciait tout particulièrement l’idée de pouvoir se détendre dans les bassins d’eau chaude. C’était d’ailleurs la seule exception à sa profonde antipathie pour les lieux clos et souterrains.
Dans l’antichambre des bains il se débarrassa rapidement de ses vêtements et les accrocha sur une patère de bois avant de ramasser l’un des peignoirs fait d’un agréable et épais tissu absorbant que les esclaves laissaient toujours à disposition. Il n’y avait que peu de vêtements suspendus, signe que les bains étaient presque vides. Cela lui convenait à merveille, après la soirée de la veille il n’avait aucune envie de croiser ses paires et de s’entendre demander comment s’était passée sa nuit avec Akhena. Par habitude il ramassa ses armes et les emmena avec lui au lieu de les laisser sur place comme le faisaient les autres.
Foulant le sol de mosaïques il s’enfonça dans les profondeurs de la falaise, admirant comme toujours la finesse des colonnes sculptées et la délicatesse de leurs ornements. Il avait envie de calme et de tranquillité, et le meilleur moyen d’obtenir l’un et l’autre était de se diriger vers les bassins les plus anciens, les gens ne faisaient jamais l’effort d’aller jusque là-bas quand les lieux étaient, comme ce soir, presque déserts. Il choisit le bassin le plus chaud et déposa son peignoir au sol avant d’y entrer avec un soupir de plaisir et de fermer les yeux, bien décidé à se détendre.
Les pieds nus sur le sol de pierre ne faisaient presque pas de bruit, mais Raj’Nordh était avant tout un éclaireur et ce son étouffé suffit à lui apprendre qu’il n’était plus seul. Ce fut grâce à cela qu’il ne montra aucun signe de surprise quand l’intrus pris la parole.
— Je crois que vous me devez quelques explications, déclara calmement une voix féminine.
Raj’Nordh ouvrit les yeux et offrit un sourire ironique à Akhena.
— J’accepte rarement d’expliquer mes actes, répliqua-t-il d’un ton faussement aimable.
Elle avait noué la ceinture de son peignoir autour de sa taille mais les pans de celui-ci baillaient largement, lui offrant une vue des plus appréciable sur les courbes voluptueuses de sa poitrine.
— Dois-je comprendre que je vous déplais ? demanda-t-elle d’une voix moqueuse.
D’un geste elle se débarrassa de son peignoir, laissant ce dernier choir sur le sol et exposant à son regard la vision de son sublime corps. Akhena était une femme véritablement belle, et en cet instant il lui fallut quelques secondes pour se rappeler pour quelle raison la veille il n’avait pas accepté de coucher avec elle. Son regard caressa ce corps si désirable, il admira brièvement le galbe de ses seins en songeant inévitablement à la douceur de cette peau sous ses doigts avant de descendre plus bas. Puisqu’elle le provoquait ainsi il n’éprouvait aucun scrupule à profiter du spectacle, mais quand son regard termina sa course sur le triangle sombre de son pubis il senti son corps s’enflammer.
— A voir votre visage je n’ai pas l’impression de vous laisser de marbre, ronronna-t-elle en s’approchant du bassin.
— Je suppose que je reste un homme, ironisa-t-il.
— Alors pourquoi diable ne pas avoir accepter ce que je vous offrais pourtant en toute sincérité hier ? demanda-t-elle avec une réelle curiosité.
Le guerrier révisa son jugement sur la jeune femme. Raj’Nordh avait d’abord cru qu’elle était le genre de femme à courir les hommes, mais son ton n’exprimait désormais que de la curiosité et il lui sembla qu’elle avait autre chose à l’esprit qu’une simple tentative de séduction. Il nota tout de même la présence sur les os de ses hanches de deux élégantes arabesques tatouées qui pointaient vers son intimité et semblaient se poursuivre dans son dos.
— C’est un point sur lequel je n’ai pas l’intention de m’expliquer…
Il était tout simplement hors de question pour lui d’avouer que s’il avait refusé de saisir l’occasion c’était parce qu’une autre femme occupait ses pensées. Ce qui, après tout, était idiot de sa part puisque quel que soit le désir qu’il puisse éprouver pour elle, la princesse lui était à jamais inaccessible. Non pas que Rhynaelle soit opposée à l’idée, bien au contraire sans doute, mais il ne pouvait se permettre de prendre ce risque, pas avec ce que cela pourrait coûter à la jeune femme si on venait à découvrir qu’elle n’était plus vierge lors de sa nuit de noce.
— Je n’ai pas pour habitude de voir les hommes m’ignorer de la sorte, dit-elle doucement.
— Si je voulais être grossier je vous répondrais que je n’ai pas pour habitude de me contenter du reste des autres, répliqua-t-il sans se soucier de se montrer effectivement d’une terrible grossièreté.
Il vit la jeune femme tressaillir et perdre de sa superbe. Elle lui jeta un regard noir avant de laisser échapper un petit soupir et de sourire à nouveau.
— Dans ce cas je vous répondrais que vous vous trompez sur mon compte… J’aime séduire, c’est vrai, mais en dépit des apparences il n’y a jamais eu qu’un seul homme qui ait posé les mains sur moi, répliqua-t-elle avec une désarmante franchise.
Cette remarque et la pointe d’amertume qu’il percevait dans sa voix l’intriguèrent.
— Dans ce cas pourquoi avoir agi hier comme vous l’avez fait ? demanda-t-il avec curiosité.
— Parce qu’il m’a on ne peut plus clairement signifié que je ne faisais plus parti de sa vie et qu’il faut un jour ou l’autre apprendre à tourner la page, dit-elle en se glissant dans l’eau.
Le bassin était bien assez grand pour qu’ils y soient tous deux à l’aise mais Raj’Nordh senti malgré tout renaitre son trouble. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas rencontré une femme aussi pleine d’assurance et aussi sûre de ses désirs, sans compter le fait que les paroles qu’elle avait prononcées le frappaient de plein fouet. Un jour ou m’autre il fallait apprendre à tourner la page… Il allait partir sur Nouveau Monde, il ne reverrait pas Rhynaelle avant des années, et quand ce serait le cas elle serait mariée à un prince térébains et il n’aurait de toute manière plus le droit de l’approcher.
— Vous semblez bien pensif, fit remarquer Akhena.
— Vos paroles donnent à réfléchir, admit-il calmement.
La jeune femme sourit et hocha calmement la tête sans rien ajouter. Raj’Nordh devait bien admettre qu’elle ne se comportait pas du tout comme le faisaient les autres femmes qui avaient tenté de le séduire, elle restait elle-même et ne semblait pas du genre à se trainer aux pieds d’un homme. C’était plutôt le genre de femme qui se plaçait sur un pied d’égalité avec son amant, capable de devenir une partenaire à part entière et non simplement la maitresse d’un homme. Le genre de femme avec qui il aurait aimé partager sa vie.
— Peut-être devriez-vous cesser de réfléchir, répliqua-t-elle d’une voix douce.
Sous l’eau il senti la jeune femme effleurer du bout du pieds sa cheville avant de remonter le long de sa jambe jusqu’à son genou pour arrêter son geste délicat à mi-cuisse avec un petit sourire. La jeune femme se rapprocha de lui et il la laissa faire en songeant que derrière le masque d’assurance et de séduction qu’elle lui offrait il y avait une note de souffrance qui semblait faire échos à la sienne.
Son corps nu désormais beaucoup trop près du sien éveillait en lui un désir qui deviendrait vite évident pour la jeune femme. Il brûlait de l’attirer plus près, de caresser ce corps offert, de gouter à ses lèvres et à sa peau, de sentir sous ses mains la courbe de ses seins. Il imaginait avec trop de facilité de quelle manière il en sentirait la pointe durcir sous ses doigts ou les soupirs de plaisir qu’il tirerait à la jeune femme en y posant ses lèvres. En matière de sexe il aimait donner autant qu’il prenait et il avait le sentiment qu’il en irait de même pour Akhena.
— Qu’est-ce qui te retient ? demanda-t-elle en se rapprochant encore de lui.
Sous l’eau il sentit sa main se poser sur son torse et suivre avec douceur le dessin de ses muscles avant d’agacer du bout des doigts l’un de ses tétons. Ce ne fut pas la seule partie de son corps qui réagit à la caresse, ne laissant plus aucun doute à la jeune femme. Mais elle lui laissait le choix au lieu de s’imposer dans ses bras et c’est ce qui le poussa à répondre.
— Une autre femme, avoua-t-il d’une voix rendue rauque par le désir.
Akhena recula, à peine, juste assez pour prendre le temps de le regarder pensivement.
— Alors pourquoi est-ce que tu…
Raj’Nordh tendit la main et l’attira contre lui d’un geste décidé.
— Parce que moi aussi je dois apprendre à tourner la page, souffla-t-il en glissant ses doigts derrière la nuque de la jeune femme.
Il l’embrassa avidement et elle répondit à son baiser avec le même empressement, se plaquant contre son corps. Le guerrier posa sa main libre au creux de ses reins avant de la laisser glisser sous sa cuisse quand la jeune femme noua sa jambe autour de sa taille. Il l’entendit étouffer un gémissement sourd quand ses gestes se firent plus caressants.
Quelque chose n’allait pas, il en prit brusquement conscience et se figea avant de détourner la tête. Ce n’était pas réellement un bruit qui l’avait alerté, mais son instinct, aiguisé par quatre années passées sur le front térébain. Il eut le sentiment de sentir son corps se briser en milliers d’éclats de verre.
— Moi je dois apprendre à tourner la page, et toi tu dois apprendre à me laisser le faire, murmura-t-il d’une voix douloureuse en levant la tête pour croiser le regard sombre de Rhynaelle.
Il sentit couler sur ses joues des larmes qu’il ne chercha pas à retenir ou à essuyer. Toujours dans ses bras Akhena se retourna à son tour et se figea en découvrant la princesse.
— Je suis désolée, souffla Rhynaelle d’une voix dépourvue de toute émotion.
Elle recula d’un pas, puis d’un autre, et il eut le temps de voir une unique larme rouler sur sa joue avant qu’elle ne fasse demi-tour pour s’enfuir.