Xavier LE PERSON | Sorbonne Université (original) (raw)
Papers - Articles et communications scientifiques by Xavier LE PERSON
L'exécution des Guises et la perspective inexorable de l'accession d'Henri de Navarre à la Couron... more L'exécution des Guises et la perspective inexorable de l'accession d'Henri de Navarre à la Couronne de France plongent les affidés de la Sainte-Union dans la crainte de l'avènement de l'hérésie. Beaucoup prennent la plume pour trouver un dérivatif à leur angoisse devant ce contexte d’incertitude. Cependant, au fil du temps, leurs mémoires ou journaux deviennent des « histoires » à part entière. Elles doivent d’abord révéler, en s’appuyant sur des précisions factuelles et une chronologie précise, les dessous de la politique schismatique et haineuse du roi de Navarre, décrire les violences physiques et spirituelles faites contre les catholiques et révéler les faux-semblants du souverain. Certains de ces auteurs combattent aussi pour la mémoire, ayant conscience d’affronter une autre version de l’histoire, celle racontée par les historiens proches du pouvoir. A travers cette étude, nous montrerons à la fois la genèse complexe de ces histoires ligueuses et l’évolution des motivations de leurs auteurs en fonction des événements. Nous nous intéresserons aussi à la manière dont ils écrivent l’histoire.
Dans ouvrages du XVIe siècle, la harangue militaire du chef de guerre précède toujours la bataill... more Dans ouvrages du XVIe siècle, la harangue militaire du chef de guerre précède toujours la bataille : elle représente aux hommes les justes causes de leur sacrifice, leur donne courage et suscite l’obéissance. Pourtant, il semble que l’usage de prononcer des discours dans le feu de l’action militaire se soit perdu pendant les guerres civiles en France. En revanche, se diffusent certains discours très élaborés destinés à avoir une résonance politique large, comme celui du duc de Guise à Châlons-en-Champagne le 26 mars 1585. Peu importe s’il a été, ou non, prononcé. Il s’intègre dans le débat politique d’une prise d’armes de la Ligue après la mort du duc d’Anjou. Construit de façon habile, il n’est pas explicitement un discours de rébellion et veille à construire une image fameuse de la maison Lorraine-Guise. Etre un grand capitaine, c’est aussi être stratège de sa gloire par les mots ce qui ce qui n’est pas sans danger politique, les mots pouvant aussi être utilisés à son encontre.
Les médecins fréquentant les milieux courtisans et la noblesse politique sont reconnus aux XVIe e... more Les médecins fréquentant les milieux courtisans et la noblesse politique sont reconnus aux XVIe et XVIIe siècle pour leurs compétences thérapeutiques mais aussi pour leur maîtrise de la rhétorique et leur sens aigu de l'observation des signes du corps et de l'univers. Aussi sont-ils sont fréquemment employés dans un rôle qui reste assez méconnu de l'historiographie. Hommes rompus à l'art de soigner le déséquilibre des humeurs, ils sont aussi ceux qui contribuent à restaurer l'harmonie du corps politique en tant que messagers envoyés auprès des gentilshommes malades, dont l'indisposition relève souvent plus du malaise politique que des dérèglements du corps.
Souvent utilisée en politique comme une excuse de temporisation et d’absence, souvent employée co... more Souvent utilisée en politique comme une excuse de temporisation et d’absence, souvent employée comme métaphore de la dysharmonie politique et de la difficulté d’un pouvoir à rétablir la paix et la prospérité, la maladie est aussi au cœur de l’exercice du ministériat de Louis XIII et de Richelieu. Par ses médecins, par la culture médicale et politique de son temps, Louis XIII a été poussé à croire sincèrement que toute action déplaisante ou critique envers sa politique aurait un effet néfaste sur sa santé. Dans l’exercice quotidien du pouvoir, la maladie du roi et sa souffrance sont vécues et interprétées comme autant de signes de son sacrifice christique pour le bien de ses sujets. De son côté, Richelieu est un homme très souvent malade, encore plus malade lorsqu’il s’agit de travailler à la guérison des maux du royaume. La maladie est la preuve même de son engagement. Loin de les affaiblir, la maladie rapproche les deux princes : dans les lettres qu’ils s’échangent, le cardinal et le souverain évoquent souvent leurs maux et se jurent que seule la présence de l’autre pourrait les soulager. La maladie n’est donc pas qu’un discours sur les difficultés du pouvoir, elle n’est pas qu’une conséquence de l’investissement personnel dans la résolution des crises politiques, elle n’est pas qu’une preuve d’identification christique, elle est aussi un élément de cohésion et de stimulation de l’activité politique, une composante ontologique du ministériat.
Cet article analyse les stratégies de la temporisation de la noblesse française sous prétexte de ... more Cet article analyse les stratégies de la temporisation de la noblesse française sous prétexte de la maladie et du voyage au bain à la fin du XVIe siècle.
Louis XIV, roi espagnol ?, 2009
Philippe Desan (dir.), Dictionnaire de Michel de Montaigne, Paris, Classiques Garnier., 2008
La «pratique » est aussi une réalité comportementale de la noblesse. Pour survivre dans l’univers... more La «pratique » est aussi une réalité comportementale de la noblesse. Pour survivre dans l’univers des troubles de religion, les nobles durent apprendre toujours plus à lire dans les contenances, les visages et les corps, pour mieux interpréter les conduites des adversaires, dans un monde perçu de plus en plus comme fait de faux-semblants et de rumeurs. Ils se perfectionnèrent dans les techniques du langage afin de prêcher le faux pour savoir le vrai, afin de louvoyer, de dissimuler. «Pratiquer» quelqu’un, ce n’était pas le contraindre par la menace ou par la violence, mais c’était le conduire, en douceur, par un usage réfléchi et habile du langage, à lui faire voir les choses d’un même œil que soi-même et finalement le gagner progressivement à sa raison ou à sa cause. Le but de chaque «pratiqueur» était surtout de tirer son épingle du jeu de la comédie humaine, jeu auquel Montaigne se disait fort peu enclin…
—This article seeks to provide an analysis of the personal encounters of sovereign princes one wi... more —This article seeks to provide an analysis of the personal encounters of sovereign princes one with another during the Renaissance. It does so in a different perspective from that afforded by the historiography of the subject to date, which has been concerned to emphasize the lavishness of these exceptional occasions, describe them and evaluate how much they cost. Through a detailed analysis of the accounts of the hitherto neglected meeting between Francis I and the Emperor Charles V at Aigues-Mortes in July 1538, this article concentrates on the protocol governing the inter-personal relationships of the two sovereign princes. It interprets the significance of their words and gestures towards one another. The sovereign encounter at Aigues-Mortes was a mirror of virtues in which the framework of diplomatic protocols, envisaged as means of enforcing harmonic laws to preserve equilibrium and reciprocity, became transformed into a confrontation of honour between two knights. Since they had failed to win their spurs on the field of battle, they attempted to surpass one another in virtue.
Rives méditerranéennes, 2004
Although frequently presented as a necessity of government for the Prince during the Renaissance,... more Although frequently presented as a necessity of government for the Prince during the Renaissance, the secret was not only something to be concealed from other people, but also a conspicuous instrument of power, on which the king and the royal circle relied to prompt ...
Abstract During the reign of Henri III, people often denounced the "practices" and &quo... more Abstract During the reign of Henri III, people often denounced the "practices" and "intrigues" of the king and of the grandees in their writings, qualifying them as machinations or dissimulations, ruses, theatrical acts, and duplicitous deeds that corrupted relations of ...
Depuis le début du mois d'avril 1588, les rumeurs de « practiques » 1 redoublent à Paris et dans ... more Depuis le début du mois d'avril 1588, les rumeurs de « practiques » 1 redoublent à Paris et dans ses environs. Il est rapporté au duc de Nevers que, le 18 avril, « l'on faisoit quelque bruit de voulloir faire mal à Espernon » 2 . Le bruit court alors « que le Roy fait entrer secretement des hommes en ceste ville pour quelque sien dessein », que « l'on guarde l'arsenal » et que, depuis quelques jours, le sieur de « La Guiche y couche » 3 . Pour le duc de Nevers, un signe semble attester une situation d'urgence : « la Royne a dict que le Roy avoit hier, dict-on, envoyé querir sa coche pour s'en retourner à Paris, de quoy ladicte Royne estoit fort estonnee disant qu'il fallut qu'il y eust quelque grande chose parce que il avoit resolu de retourner que demain » 4 . Il n'est pas seulement question de « practiques » qui se trament contre le duc d'Epernon ou contre le roi qui s'affaire à renforcer sa sécurité, il se murmure aussi qu'à Paris, « y en a qui doubtent qu'il ne se brasse quelque chose contre Guyse » 5 et que pour obvier au mal qui pourrait en advenir, quelqu'un a été envoyé pour avertir « à ceste occasion Guise de se tenir sur ses guardes » 6
L'exécution des Guises et la perspective inexorable de l'accession d'Henri de Navarre à la Couron... more L'exécution des Guises et la perspective inexorable de l'accession d'Henri de Navarre à la Couronne de France plongent les affidés de la Sainte-Union dans la crainte de l'avènement de l'hérésie. Beaucoup prennent la plume pour trouver un dérivatif à leur angoisse devant ce contexte d’incertitude. Cependant, au fil du temps, leurs mémoires ou journaux deviennent des « histoires » à part entière. Elles doivent d’abord révéler, en s’appuyant sur des précisions factuelles et une chronologie précise, les dessous de la politique schismatique et haineuse du roi de Navarre, décrire les violences physiques et spirituelles faites contre les catholiques et révéler les faux-semblants du souverain. Certains de ces auteurs combattent aussi pour la mémoire, ayant conscience d’affronter une autre version de l’histoire, celle racontée par les historiens proches du pouvoir. A travers cette étude, nous montrerons à la fois la genèse complexe de ces histoires ligueuses et l’évolution des motivations de leurs auteurs en fonction des événements. Nous nous intéresserons aussi à la manière dont ils écrivent l’histoire.
Dans ouvrages du XVIe siècle, la harangue militaire du chef de guerre précède toujours la bataill... more Dans ouvrages du XVIe siècle, la harangue militaire du chef de guerre précède toujours la bataille : elle représente aux hommes les justes causes de leur sacrifice, leur donne courage et suscite l’obéissance. Pourtant, il semble que l’usage de prononcer des discours dans le feu de l’action militaire se soit perdu pendant les guerres civiles en France. En revanche, se diffusent certains discours très élaborés destinés à avoir une résonance politique large, comme celui du duc de Guise à Châlons-en-Champagne le 26 mars 1585. Peu importe s’il a été, ou non, prononcé. Il s’intègre dans le débat politique d’une prise d’armes de la Ligue après la mort du duc d’Anjou. Construit de façon habile, il n’est pas explicitement un discours de rébellion et veille à construire une image fameuse de la maison Lorraine-Guise. Etre un grand capitaine, c’est aussi être stratège de sa gloire par les mots ce qui ce qui n’est pas sans danger politique, les mots pouvant aussi être utilisés à son encontre.
Les médecins fréquentant les milieux courtisans et la noblesse politique sont reconnus aux XVIe e... more Les médecins fréquentant les milieux courtisans et la noblesse politique sont reconnus aux XVIe et XVIIe siècle pour leurs compétences thérapeutiques mais aussi pour leur maîtrise de la rhétorique et leur sens aigu de l'observation des signes du corps et de l'univers. Aussi sont-ils sont fréquemment employés dans un rôle qui reste assez méconnu de l'historiographie. Hommes rompus à l'art de soigner le déséquilibre des humeurs, ils sont aussi ceux qui contribuent à restaurer l'harmonie du corps politique en tant que messagers envoyés auprès des gentilshommes malades, dont l'indisposition relève souvent plus du malaise politique que des dérèglements du corps.
Souvent utilisée en politique comme une excuse de temporisation et d’absence, souvent employée co... more Souvent utilisée en politique comme une excuse de temporisation et d’absence, souvent employée comme métaphore de la dysharmonie politique et de la difficulté d’un pouvoir à rétablir la paix et la prospérité, la maladie est aussi au cœur de l’exercice du ministériat de Louis XIII et de Richelieu. Par ses médecins, par la culture médicale et politique de son temps, Louis XIII a été poussé à croire sincèrement que toute action déplaisante ou critique envers sa politique aurait un effet néfaste sur sa santé. Dans l’exercice quotidien du pouvoir, la maladie du roi et sa souffrance sont vécues et interprétées comme autant de signes de son sacrifice christique pour le bien de ses sujets. De son côté, Richelieu est un homme très souvent malade, encore plus malade lorsqu’il s’agit de travailler à la guérison des maux du royaume. La maladie est la preuve même de son engagement. Loin de les affaiblir, la maladie rapproche les deux princes : dans les lettres qu’ils s’échangent, le cardinal et le souverain évoquent souvent leurs maux et se jurent que seule la présence de l’autre pourrait les soulager. La maladie n’est donc pas qu’un discours sur les difficultés du pouvoir, elle n’est pas qu’une conséquence de l’investissement personnel dans la résolution des crises politiques, elle n’est pas qu’une preuve d’identification christique, elle est aussi un élément de cohésion et de stimulation de l’activité politique, une composante ontologique du ministériat.
Cet article analyse les stratégies de la temporisation de la noblesse française sous prétexte de ... more Cet article analyse les stratégies de la temporisation de la noblesse française sous prétexte de la maladie et du voyage au bain à la fin du XVIe siècle.
Louis XIV, roi espagnol ?, 2009
Philippe Desan (dir.), Dictionnaire de Michel de Montaigne, Paris, Classiques Garnier., 2008
La «pratique » est aussi une réalité comportementale de la noblesse. Pour survivre dans l’univers... more La «pratique » est aussi une réalité comportementale de la noblesse. Pour survivre dans l’univers des troubles de religion, les nobles durent apprendre toujours plus à lire dans les contenances, les visages et les corps, pour mieux interpréter les conduites des adversaires, dans un monde perçu de plus en plus comme fait de faux-semblants et de rumeurs. Ils se perfectionnèrent dans les techniques du langage afin de prêcher le faux pour savoir le vrai, afin de louvoyer, de dissimuler. «Pratiquer» quelqu’un, ce n’était pas le contraindre par la menace ou par la violence, mais c’était le conduire, en douceur, par un usage réfléchi et habile du langage, à lui faire voir les choses d’un même œil que soi-même et finalement le gagner progressivement à sa raison ou à sa cause. Le but de chaque «pratiqueur» était surtout de tirer son épingle du jeu de la comédie humaine, jeu auquel Montaigne se disait fort peu enclin…
—This article seeks to provide an analysis of the personal encounters of sovereign princes one wi... more —This article seeks to provide an analysis of the personal encounters of sovereign princes one with another during the Renaissance. It does so in a different perspective from that afforded by the historiography of the subject to date, which has been concerned to emphasize the lavishness of these exceptional occasions, describe them and evaluate how much they cost. Through a detailed analysis of the accounts of the hitherto neglected meeting between Francis I and the Emperor Charles V at Aigues-Mortes in July 1538, this article concentrates on the protocol governing the inter-personal relationships of the two sovereign princes. It interprets the significance of their words and gestures towards one another. The sovereign encounter at Aigues-Mortes was a mirror of virtues in which the framework of diplomatic protocols, envisaged as means of enforcing harmonic laws to preserve equilibrium and reciprocity, became transformed into a confrontation of honour between two knights. Since they had failed to win their spurs on the field of battle, they attempted to surpass one another in virtue.
Rives méditerranéennes, 2004
Although frequently presented as a necessity of government for the Prince during the Renaissance,... more Although frequently presented as a necessity of government for the Prince during the Renaissance, the secret was not only something to be concealed from other people, but also a conspicuous instrument of power, on which the king and the royal circle relied to prompt ...
Abstract During the reign of Henri III, people often denounced the "practices" and &quo... more Abstract During the reign of Henri III, people often denounced the "practices" and "intrigues" of the king and of the grandees in their writings, qualifying them as machinations or dissimulations, ruses, theatrical acts, and duplicitous deeds that corrupted relations of ...
Depuis le début du mois d'avril 1588, les rumeurs de « practiques » 1 redoublent à Paris et dans ... more Depuis le début du mois d'avril 1588, les rumeurs de « practiques » 1 redoublent à Paris et dans ses environs. Il est rapporté au duc de Nevers que, le 18 avril, « l'on faisoit quelque bruit de voulloir faire mal à Espernon » 2 . Le bruit court alors « que le Roy fait entrer secretement des hommes en ceste ville pour quelque sien dessein », que « l'on guarde l'arsenal » et que, depuis quelques jours, le sieur de « La Guiche y couche » 3 . Pour le duc de Nevers, un signe semble attester une situation d'urgence : « la Royne a dict que le Roy avoit hier, dict-on, envoyé querir sa coche pour s'en retourner à Paris, de quoy ladicte Royne estoit fort estonnee disant qu'il fallut qu'il y eust quelque grande chose parce que il avoit resolu de retourner que demain » 4 . Il n'est pas seulement question de « practiques » qui se trament contre le duc d'Epernon ou contre le roi qui s'affaire à renforcer sa sécurité, il se murmure aussi qu'à Paris, « y en a qui doubtent qu'il ne se brasse quelque chose contre Guyse » 5 et que pour obvier au mal qui pourrait en advenir, quelqu'un a été envoyé pour avertir « à ceste occasion Guise de se tenir sur ses guardes » 6
Fayard, 2023
Louis II de Bourbon, passé à la postérité sous le nom de Grand Condé, fut un homme de guerre dont... more Louis II de Bourbon, passé à la postérité sous le nom de Grand Condé, fut un homme de guerre dont la réputation et le prestige franchirent les frontières. Cousin de Louis XIV et prince du sang, il prit les armes contre l’autorité royale pendant la Fronde et se mit au service de Philippe IV d’Espagne. Pour cela, il fut déclaré criminel de lèse-majesté par contumace en 1654, déchu de ses titres et privé de ses biens. Après plusieurs années d’exil, il négocia son rétablissement dont les modalités furent précisées dans le traité des Pyrénées. Le jeune Roi-Soleil lui pardonna en 1660.
À l’origine de cette rupture politique et de cette trahison familiale, il y avait eu une brouille profonde avec Mazarin qui entraîna de lourdes conséquences politiques pour le royaume de France. En racontant de façon inédite la rivalité entre un grand gentilhomme soucieux de son rang et un cardinal-ministre ambitieux prêt à tout pour assurer sa prépondérance politique et sa gloire, Xavier Le Person renouvelle notre connaissance de la période de la Fronde.
Connu des historiens comme un précieux témoignage sur la montée des tensions religieuses à Paris ... more Connu des historiens comme un précieux témoignage sur la montée des tensions religieuses à Paris et sur l’histoire des premières guerres de religion au tournant des années 1560, le journal de Nicolas Brûlart, chanoine de Notre-Dame et maître des Requêtes au Parlement de Paris n’avait été publié que partiellement au XVIIIe siècle par Denis-François Secousse dans le recueil des Mémoires de Condé. Après une interruption entre 1569 et 1588, ce « bon catholique », admirateur des Guises et sympathisant de la Ligue, s’est remis à écrire lors des Barricades de mai 1588 jusqu’à la levée du siège de Paris par Henri IV en 1590. C’est cette partie originale du journal, inédite et inconnue de l’historiographie récente sur l’histoire de Paris, sur la magistrature ou sur la Ligue parisienne, que nous publions, annotée et précédée d’une introduction, présentant l’histoire et les caractéristiques du document et retraçant à partir de sources manuscrites et d’archives la double carrière ecclésiastique et parlementaire de ce frère aîné de Pierre Brûlart, secrétaire d’État d’Henri III.
Les hommes du temps d'Henri III dénonçaient souvent dans leurs écrits les « practiques » et «mené... more Les hommes du temps d'Henri III dénonçaient souvent dans leurs écrits les « practiques » et «menées» du roi et des grands, qualifiant ainsi des agissements ou des comportements dissimulés, faits de ruse, de théâtralité et de duplicité qui corrompaient les relations d’amitié, de fidélité et d’obéissance. Si le temps des troubles de la Ligue fut celui de la violence, il fut aussi celui de la persuasion : les princes tramaient et défaisaient incessamment toutes sortes d’entreprises en « jouant » de leur influence. C’est à « ces grandz qui ne font traffique que de simulation », qui cachent leurs desseins derrière les masques de leur visage, que cette étude s’intéresse. Elle aborde les techniques de l’influence, les usages ambivalents du langage, les comportements équivoques destinés à persuader ou à tromper autrui. Elle s’attache à mettre en situation l’action et les propos du souverain et des gentilshommes dans le cadre concret de quelques affaires politiques analysées dans le détail. Fondée principalement sur des sources épistolaires ou des relations écrites au plus près des événements, elle tente de restituer l’ambiance d’un univers politique de la fin du XVIe siècle traversé par la rumeur qui, souvent manipulée, changeait et influençait sans cesse leurs décisions ou leurs actions. Le pouvoir et la puissance politique reposaient aussi sur la force des apparences.
Témoin oculaire d'un monde catholique menacé, Sébastien Le Pelletier, prêtre et humble maître de ... more Témoin oculaire d'un monde catholique menacé, Sébastien Le Pelletier, prêtre et humble maître de grammaire, s'est lancé en 1589 dans la rédaction d'une histoire de la ville de Chartres et de ses environs pendant les guerres de la Ligue. Il y décrit, dans le détail, les événements liés au siège de la ville par les armées de Henri IV, la résistance ligueuse et la reprise en main vigoureuse de la cité mariale par les royaux. Prêtre austère, Le Pelletier livre aussi ses impressions sur ses adversaires calvinistes et sur la politique religieuse du roi de France dans les circonstances troublées de son avènement. Xavier Le Person accompagne l'édition critique de ce riche manuscrit, original et inédit, d'une introduction, d'une annotation dense et d'un index.
Ce sont de longs mois d’enfermement et de résistance de la capitale parisienne que Pierre de L’Es... more Ce sont de longs mois d’enfermement et de résistance de la capitale parisienne que Pierre de L’Estoile raconte dans ce volume. Entre 1592 et 1594, une fièvre obsidionale s’empare des ligueurs qui font régner un climat de terreur dans Paris. Les prédicateurs parisiens s’en prennent au roi Henri IV, mais aussi aux catholiques discrètement favorables à sa conversion et à sa reconnaissance. La délation, le soupçon, la violence, le désordre social règnent dans la capitale. Le mémorialiste décrit la violence verbale des curés ligueurs et se fait l’exégète de leurs dérives doctrinales grossières. Il évoque le déroulement des Etats généraux de la Ligue de 1593 qui se terminent dans la confusion. Après deux sièges, de nombreuses négociations et menées secrètes, une conversion encadrée par de doctes théologiens, le souverain fait son entrée dans Paris. A la répression et à la vengeance, le roi préfère sans nul doute user du rire et se moquer finement ou ouvertement de ses anciens ennemis. Ce diaire, établi conformément aux manuscrits originaux, se caractérise par son exceptionnelle richesse située à la croisée des savoirs les plus variés. Il justifie la démarche interdisciplinaire de l’édition, à laquelle participent des spécialistes en histoire, en littérature et en lexicographie.
S'il ne résistait pas aux nouvelles sensationnelles diffusées par les libelles qu'il collectionna... more S'il ne résistait pas aux nouvelles sensationnelles diffusées par les libelles qu'il collectionnait, Pierre de L'Estoile, Grand audiencier au parlement de Paris, ne marquait pas moins un goût comparable pour l’observation de l’actualité et les curiosités de la vie politique de Paris. La période abordée par ce premier volume du Registre-journal du règne de Henri IV couvre les années 1589-1591. L’auteur ouvre son récit sur les conséquences du régicide et les circonstances du siège militaire de la capitale jusqu’à la fin de l’année 1591 avec la reprise en main de la ville par le duc de Mayenne. Au gré des événements qui bouleversent les représentations traditionnelles de l’ordre social et judiciaire, mais avec une lucidité particulière, L’Estoile nous dévoile un univers dangereux et sectaire. La cité ligueuse, plongée dans le chaos, forme un monde clos, travaillé par la peur, les inimitiés, l’opportunisme et les ambitions déçues.
Ce diaire, établi conformément aux manuscrits originaux, se caractérise par son exceptionnelle richesse située à la croisée des savoirs les plus variés. Il justifie la démarche interdisciplinaire de l’édition, à laquelle participent des spécialistes en histoire, en littérature et en lexicographie.
Réflexion Vie professionnelle A r g u m e n t a t i o n Curiosité Vivacité Cu lt u re Soutien E x... more Réflexion Vie professionnelle A r g u m e n t a t i o n Curiosité Vivacité Cu lt u re Soutien E x p o s é E n c a d r e m e n t Compréhension E n g a g e m e n t
Presses universitaires du Septentrion eBooks, 2019
Librairie Droz eBooks, 2002
Les hommes du temps d’Henri III denoncaient souvent dans leurs ecrits les «practiques» et «menees... more Les hommes du temps d’Henri III denoncaient souvent dans leurs ecrits les «practiques» et «menees» du roi et des grands, qualifiant ainsi des agissements ou des comportements dissimules, faits de ruse, de theâtralite et de duplicite qui corrompaient les relations d’amitie, de fidelite et d’obeissance. Si le temps des troubles de la Ligue fut celui de la violence, il fut aussi celui de la persuasion: les princes tramaient et defaisaient incessamment toutes sortes d’entreprises en «jouant» de leur influence. C’est a «ces grandz qui ne font traffique que de simulation», qui cachent leurs desseins derriere les masques de leur visage, que cette etude s’interesse. Elle aborde les techniques de l’influence, les usages ambivalents du langage, les comportements equivoques destines a persuader ou a tromper autrui. Elle s’attache a mettre en situation l’action et les propos du souverain et des gentilshommes dans le cadre concret de quelques affaires politiques analys©es dans le detail. Fondee principalement sur des sources epistolaires ou des relations ecrites au plus pres des evenements, elle tente de restituer l’ambiance d’un univers politique de la fin du XVIe siecle traverse par la rumeur qui, souvet manipulee, changeait et influencait sans cesse leurs decisions ou leurs actions. Le pouvoir et la puissance politique reposaient aussi sur la force des apparences.
Librairie Droz eBooks, 2006
Temoin oculaire d'un monde catholique menace, Sebastien Le Pelletier, pretre et humble maitre... more Temoin oculaire d'un monde catholique menace, Sebastien Le Pelletier, pretre et humble maitre de grammaire, s'est lance en 1589 dans la redaction d'une histoire de la ville de Chartres et de ses environs pendant les guerres de la Ligue. Il y decrit, dans le detail, les evenements lies au siege de la ville par les armees de Henri IV, la resistance ligueuse et la reprise en main vigoureuse de la cite mariale par les royaux. Pretre austere, Le Pelletier livre aussi ses impressions sur ses adversaires calvinistes et sur la politique religieuse du roi de France dans les circonstances troublees de son avenement. Xavier Le Person accompagne l'edition critique de ce riche manuscrit, original et inedit, d'une introduction, d'une annotation dense et d'un index.
Droz eBooks, 2006
Remerciements Au terme de ce travail d'édition, je souhaite témoigner ma gratitude à... more Remerciements Au terme de ce travail d'édition, je souhaite témoigner ma gratitude à tous ceux qui m'ont suivi et aidé dans la réalisation de ce livre. Ma pensée va d'abord à Monsieur le Professeur Denis Crouzet qui a bien voulu accepter, malgré son propre travail, de me faire part de ...
CNRS Éditions eBooks, 2015
L’expérience du voyage, si importante dans la vie et dans la pensée de Montaigne, a souvent été l... more L’expérience du voyage, si importante dans la vie et dans la pensée de Montaigne, a souvent été liée aux bains : « J’ay vu, par occasion de mes voyages, quasi tous les bains fameux de Crestienté, et depuis quelques années ay commencé à m’en servir : car en general j’estime le baigner salubre. » Comme bien des hommes de son temps, Montaigne souffre, et les eaux apaisantes dans lesquelles il s’immerge ou qu’il boit en grande quantité sont un moyen de soulager son corps, n’ayant jamais – écrit-i..
Rives méditerranéennes, 2004
Although frequently presented as a necessity of government for the Prince during the Renaissance,... more Although frequently presented as a necessity of government for the Prince during the Renaissance, the secret was not only something to be concealed from other people, but also a conspicuous instrument of power, on which the king and the royal circle relied to prompt doubt, and make people react. Getting people to believe in a secret may be an instrument, a trick, a dummy move meant to destabilize negotiators or opponents. This article is an attempt to treat some aspects of that culture of concealment during the League’s troubled times, as well as certain “practices”, techniques and strategies to keep or discover secrets. Secrecy is an art in the control of oneself, one’s language, in the taming of one’s body and passions, a cultural game of appearances.
Vox romanica, 2001
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Librairie Droz eBooks, 2011
S’il ne resistait pas aux nouvelles sensationnelles diffusees par les libelles qu’il collectionna... more S’il ne resistait pas aux nouvelles sensationnelles diffusees par les libelles qu’il collectionnait, Pierre de L’Estoile, Grand audiencier au parlement de Paris, ne marquait pas moins un gout comparable pour l’observation de l’actualite et les curiosites de la vie politique de Paris. La periode abordee par ce premier volume du Registre-journal du regne de Henri IV couvre les annees 1589-1591. L’auteur ouvre son recit sur les consequences du regicide et les circonstances du siege militaire de la capitale jusqu’a la fin de l’annee 1591 avec la reprise en main de la ville par le duc de Mayenne. Au gre des evenements qui bouleversent les representations traditionnelles de l’ordre social et judiciaire, mais avec une lucidite particuliere, L’Estoile nous devoile un univers dangereux et sectaire. La cite ligueuse, plongee dans le chaos, forme un monde clos, travaille par la peur, les inimities, l’opportunisme et les ambitions decues. Ce diaire, etabli conformement aux manuscrits originaux, se caracterise par son exceptionnelle richesse situee a la croisee des savoirs les plus varies. Il justifie la demarche interdisciplinaire de l’edition, a laquelle participent des specialistes en histoire, en litterature et en lexicographie.
Renaissance and Reformation, Apr 26, 2016
s.p. Ce second tome du Journal du règne de Henri IV ne décevra pas le lecteur : il se retrouvera ... more s.p. Ce second tome du Journal du règne de Henri IV ne décevra pas le lecteur : il se retrouvera plongé dans le Paris des années 1592-1594, celui des derniers jours de la Ligue, peu de temps avant l'entrée d'Henri IV dans la capitale le 22 mars 1594, moins d'un an après s'être converti au catholicisme. Débutée en 1992 sous la direction de Gilbert Schrenck-voir les six premiers volumes consacrés au règne d'Henri III-, la réédition du journal du célèbre mémorialiste est toujours très utile pour les historiens et les littéraires, et tous les chercheurs qui s'intéressent à l'histoire du livre, à l'histoire des religions ou à l'histoire des mentalités. Particulièrement savoureuse, la chronique de Pierre de L'Estoile, grand audiencier à la chancellerie de Paris, de tendance « Politique » (c'est-àdire catholique royaliste et modéré), permet d'explorer de l'intérieur le Paris des guerres de religion. Dans ce récit vibrant écrit au jour le jour, on retrouve à la fois les bons mots du roi, certains grands noms de la vie intellectuelle (Scaliger, Bodin, Du Vair, Desportes, Vigenère-dont l'orthographe « Viginaire » aurait pu être modernisée, 107) ou religieuse (Génébrard ou Duplessis Mornay), mais on rencontre aussi de parfaits inconnus comme l'épicier Tartarin ou le meunier Baudoin. L'Estoile multiplie les anecdotes sur le milieu parlementaire qu'il connaît intimement, mais aussi sur les curés ligueurs, dont le plus célèbre, Jean Boucher, officiant dans la paroisse de Saint-Benoît, ou encore sur René
Rives méditerranéennes, Feb 15, 2004
SOUVENT présenté à la Renaissance comme une nécessité pour le gouvernement du Prince, le secret n... more SOUVENT présenté à la Renaissance comme une nécessité pour le gouvernement du Prince, le secret n'est pas seulement quelque chose que l'on cache à autrui mais un artifice, un instrument visible du pouvoir, sur lequel le roi et son entourage s'appuient pour provoquer le doute, pour faire réagir le parti adverse. Faire croire à l'existence du secret peut être aussi un instrument, un artifice, une feinte destinée à déstabiliser les interlocuteurs ou les adversaires. Le secret est parfois l'objet d'une complexe mise en scène s'appuyant sur des attitudes, des gestes et des paroles dont le seul objet est de simuler l'existence d'un secret qui n'existe peut-être pas. C'est ce que l'on peut appeler en reprenant un mot de la Renaissance, la « parformance » du secret. Dans les lignes qui vont suivre, des aspects de cette culture du secret et de la dissimulation au temps des troubles de la Ligue seront évoqués, tout comme certaines « practiques », techniques et stratégies destinées à conserver ou découvrir le secret1. Le propos s'attachera au concret des comportements politiques et des paroles. Comment dans l'attitude, dans la posture, maintient-on le secret ? Comment empêche-ton la divulgation ou comment la provoquet-on ? De la dissimulation au temps d'Henri III Du difficile maintien du secret dans le jeu politique Une divulgation aux effets incontrôlables 2 Les « practiques » du secret au temps de Henri III Rives méditerranéennes, 17 | 2004 Les « practiques » du secret au temps de Henri III Rives méditerranéennes, 17 | 2004
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2022
The priest, theologian, grammar teacher of choir boys of chapter Sébastien Le Pelletier was an ey... more The priest, theologian, grammar teacher of choir boys of chapter Sébastien Le Pelletier was an eyewitness to a Catholic world in peril. In 1589, he started writing the history of Chartres and the surrounding area during the wars of the League. He lived daily near the cathedral, in the heart of the community of canons of Notre-Dame, protected by the cloister. He took care of the choir boys of Chartres. In this environment, he attended masses where the main inhabitants of the city thronged. He was in a privileged position to glean information. The chapter of Chartres was closely involved in the municipal government of the city. His lordship included a large part of the city. The canons were represented by reigning aldermen and deputies, both at townhouse meetings and at general assemblies. Le Pelletier gives a detailed description of the siege of the town by Henri IV's army, the League's resistance, and the firm taking in hand by the royal side. He also gives his impressions of his Calvinist adversaries and of the French king's religious policy. Contained for a long time by memorable deeds of brave and prestigious defenders of the Catholic faith since the treacherously murdered hatred of the heretic was unleashed against Chartres in 1589. For fear of the destruction of his religion and of the desecration of his church, priest, theologian, grammar teacher of choir boys of chapter, Le Pelletier puts in writing what goes behind the schismatic policy of the King of Navarre, a policy similar to the earlier one of Henry VIII. Under an appearance of objectivity, the writing of Le Pelletier dissimulates a violent hate against heresy and its proponents.