Julien Kervella | Telecom Bretagne (original) (raw)
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Drafts by Julien Kervella
Chatellenie de Logonna-Irvillac, noblesse Kervella, 2021
Ce document est un support de presentation pour la conference animee a Logonna le 8 Decembre. Il ... more Ce document est un support de presentation pour la conference animee a Logonna le 8 Decembre. Il traite de la chatellenie de Logonna-Irvillac au moyen age, et les seigneurs de Kervella, prevots.
Guellañ’, ‘Gwellan’, qui a pu être écrit ‘Guellaff’ en des temps reculés, est un mot breton relat... more Guellañ’, ‘Gwellan’, qui a pu être écrit ‘Guellaff’ en des temps reculés, est un mot breton relativement courant : il signifie ‘meilleur’. Meilleur chien, meilleur homme, champ…il confère au nom qui le suit un statut remarquable voire aspirationnel. En grec ancien ‘meilleur’ se dit ‘aristos’, expression bien connu des français.
‘Guellañ’ a donné un patronyme courant au Finistère : ‘Kervella’, particulièrement populaire aux environs de Brest et Plougastel.
‘Kervella’ aurait une acception plutôt simple, au sens de ‘meilleur village’, la racine ‘Ker’ ayant été usitée en ce sens depuis le XIIIème siècle. Pourquoi meilleur village ? Evidemment l’on pourrait imaginer un village profitant de terres abondantes et fertiles, un village bien situé. Ou bien un village avec de beaux bâtiments fonctionnels. Encore faudrait-il distinguer un ‘meilleur village’ d’une cour seigneuriale autrement dite ‘Lez’ en Breton, que l’on retrouve dans Lesquelen ou Lesneven.
A prendre la racine ‘Ker’ en son sens originel, c’est-à-dire comme ‘place-forte’, tel qu’on le trouve par exemple dans ‘Carhaix’ ou bien dans ‘Caernarfon’, magnifique château du pays de Galles, la signification de ‘Kervella’ pourrait se référer à un endroit capable de se défendre.
Il s’agirait peut-être d’une ‘maison forte’, avec enclos fossoyé, voire une tour de guet. Mais cela suppose une origine antérieure au XIIIème, peut-être même précédant le XIème siècle, puisqu’alors les mottes féodales, moyens ostentatoires de défense, ont commencé à marquer le paysage du Finistère, et que le peu de villages ‘Kervella’ ayant traversé le cours du temps ne se sont pas construits autour d’elles.
Les règles patronymiques se sont standardisées autour des XIIème et XIIIème siècles. Les prénoms suffisaient avant ; ils pouvaient certes être complétés d’un qualificatif lié à la personnalité ou au physique de l’individu, par exemple ‘le chauve’.
Les premières familles à se nommer ‘Kervella’ pouvaient donc à partir du XIIIème siècle se targuer d’appartenir à une sorte d’élite paysanne locale, estimant posséder les meilleures terres, voire de s’extraire d’une ancienne ‘noblesse d’épée’, un rappel à une origine militaire ancestrale. Encore faut-il être prudent sur l’acception ‘noblesse’, puisque la féodalité s’est développée après l’an mil. Avant, la haute société bretonne s’articulait d’une part autour de comtes puis vicomtes issus du modèle Carolingien, ayant accès à l’aristocratie franque, pouvant même trouver accueil à la cour des Saxons, et d’autre part des machtiern et pentiern, chefs et seigneurs dont les fonctions s’inspirent d’un modèle britannique, ne reconnaissant par exemple pas la primogéniture et suivant une administration plus décentralisée.
Meilleures terres et guerriers peuvent aller de pair : un petit ‘clan’ capable de se défendre aura pu acquérir les meilleures terres au fil du temps. Et la Bretagne du moyen-âge était propice à la noblesse « dormante », celle qui au fil de quelques générations pouvait manier successivement armes et charrues.
Il reste tout de même surprenant qu’un patronyme si commun de nos jours viennent d’un toponyme dont on ne connait rien, si ce n’est le village de Kervella à Logonna, qui a donné une famille d’écuyers éponymes aux XIVème et XVème siècles, réfugiée à Plougastel au début du XVIème. S’il y a eu plusieurs villages K/Guellaff, sont-ils apparus en même temps ? Sont-ils repartis de manière aléatoire sur le territoire laissé par les Osismes : meilleur village par ci, meilleur village par la…
A souligner également que bien des patronymes bretons commençant par ‘Ker’ se sont raccourcis à partir du XVIème siècle : le Ker étant trop courant, un ‘Kerguellaff’ aurait par exemple pu choisir de se dénommer ‘Guellaff’ ou ‘Le Guelaff’. De même, il est possible d’imaginer un autre marqueur spatial attaché à ‘Guellaff’, par exemple ‘colline’ ou ‘Knech’ en Breton ancien.
Un ouvrage précédent : La seigneurie oubliée de Kerguellaff en Logonna sert de point de départ à l’étude.
Les questions
• Combien de sites ‘Kervella’ ou K/Guellaff’ ont vu le jour ? Où sont-ils repartis ?
• En quoi peuvent-ils être ‘meilleurs’ ?
• Quand ont-ils pu être construits ?
• A quelles fins ? Sur l’origine du nom.
Le territoire de Logonna est occupé dès la préhistoire, notamment par la tribu Celte des Osismes.... more Le territoire de Logonna est occupé dès la préhistoire, notamment par la tribu Celte des Osismes. Au temps des Gallo-Romains, Logonna se trouve près d’un carrefour reliant Finistère nord et sud et les postes majeurs du littoral tels Brest, Douarnenez, Quimper. Apres le départ des romains, les Bretons insulaires, déjà conquis au Christianisme, migrent en Armorique sous la pression des Angles et Saxons. Parmi eux, l’on trouve des religieux tels ‘Monna’, Guénolé et Brigitte qui donneront plus tard leurs noms à Logonna, Landévennec, et Loperhet.
En quittant le temps des légendes, après même les invasions Vikings, l’administration du territoire de Logonna se précise au 11ème siècle à travers la création des seigneuries du Leon, du Faou, et la présence de l’abbaye de Landévennec, au rayonnement international, qui utilise Camfrout pour loger ses pèlerins. Au 12ème et 13ème est créée la châtellenie de Logonna-Irvillac, une motte castrale est érigée, probablement près d’un ancien lieu fortifié. L’évêque de Quimper demande la création d’un prieuré, situé au Clémenehy, dépendant d’Irvillac.
C’est à cette époque que commencent à se dessiner les familles nobles qui dirigeront pour leurs suzerains respectifs les territoires du Leon, en particulier ceux couverts par les communes de Plougastel, Logonna, Daoulas, Dirinon et Irvillac. Ces familles occupent des responsabilités larges et diverses, occupant le juridique, le militaire, et l’administration du foncier.
Ce livre aborde la naissance supposée, le développement, et la fin de la famille noble de Kervella, ces écuyers du moyen-âge au service du sire du Leon.
Chatellenie de Logonna-Irvillac, noblesse Kervella, 2021
Ce document est un support de presentation pour la conference animee a Logonna le 8 Decembre. Il ... more Ce document est un support de presentation pour la conference animee a Logonna le 8 Decembre. Il traite de la chatellenie de Logonna-Irvillac au moyen age, et les seigneurs de Kervella, prevots.
Guellañ’, ‘Gwellan’, qui a pu être écrit ‘Guellaff’ en des temps reculés, est un mot breton relat... more Guellañ’, ‘Gwellan’, qui a pu être écrit ‘Guellaff’ en des temps reculés, est un mot breton relativement courant : il signifie ‘meilleur’. Meilleur chien, meilleur homme, champ…il confère au nom qui le suit un statut remarquable voire aspirationnel. En grec ancien ‘meilleur’ se dit ‘aristos’, expression bien connu des français.
‘Guellañ’ a donné un patronyme courant au Finistère : ‘Kervella’, particulièrement populaire aux environs de Brest et Plougastel.
‘Kervella’ aurait une acception plutôt simple, au sens de ‘meilleur village’, la racine ‘Ker’ ayant été usitée en ce sens depuis le XIIIème siècle. Pourquoi meilleur village ? Evidemment l’on pourrait imaginer un village profitant de terres abondantes et fertiles, un village bien situé. Ou bien un village avec de beaux bâtiments fonctionnels. Encore faudrait-il distinguer un ‘meilleur village’ d’une cour seigneuriale autrement dite ‘Lez’ en Breton, que l’on retrouve dans Lesquelen ou Lesneven.
A prendre la racine ‘Ker’ en son sens originel, c’est-à-dire comme ‘place-forte’, tel qu’on le trouve par exemple dans ‘Carhaix’ ou bien dans ‘Caernarfon’, magnifique château du pays de Galles, la signification de ‘Kervella’ pourrait se référer à un endroit capable de se défendre.
Il s’agirait peut-être d’une ‘maison forte’, avec enclos fossoyé, voire une tour de guet. Mais cela suppose une origine antérieure au XIIIème, peut-être même précédant le XIème siècle, puisqu’alors les mottes féodales, moyens ostentatoires de défense, ont commencé à marquer le paysage du Finistère, et que le peu de villages ‘Kervella’ ayant traversé le cours du temps ne se sont pas construits autour d’elles.
Les règles patronymiques se sont standardisées autour des XIIème et XIIIème siècles. Les prénoms suffisaient avant ; ils pouvaient certes être complétés d’un qualificatif lié à la personnalité ou au physique de l’individu, par exemple ‘le chauve’.
Les premières familles à se nommer ‘Kervella’ pouvaient donc à partir du XIIIème siècle se targuer d’appartenir à une sorte d’élite paysanne locale, estimant posséder les meilleures terres, voire de s’extraire d’une ancienne ‘noblesse d’épée’, un rappel à une origine militaire ancestrale. Encore faut-il être prudent sur l’acception ‘noblesse’, puisque la féodalité s’est développée après l’an mil. Avant, la haute société bretonne s’articulait d’une part autour de comtes puis vicomtes issus du modèle Carolingien, ayant accès à l’aristocratie franque, pouvant même trouver accueil à la cour des Saxons, et d’autre part des machtiern et pentiern, chefs et seigneurs dont les fonctions s’inspirent d’un modèle britannique, ne reconnaissant par exemple pas la primogéniture et suivant une administration plus décentralisée.
Meilleures terres et guerriers peuvent aller de pair : un petit ‘clan’ capable de se défendre aura pu acquérir les meilleures terres au fil du temps. Et la Bretagne du moyen-âge était propice à la noblesse « dormante », celle qui au fil de quelques générations pouvait manier successivement armes et charrues.
Il reste tout de même surprenant qu’un patronyme si commun de nos jours viennent d’un toponyme dont on ne connait rien, si ce n’est le village de Kervella à Logonna, qui a donné une famille d’écuyers éponymes aux XIVème et XVème siècles, réfugiée à Plougastel au début du XVIème. S’il y a eu plusieurs villages K/Guellaff, sont-ils apparus en même temps ? Sont-ils repartis de manière aléatoire sur le territoire laissé par les Osismes : meilleur village par ci, meilleur village par la…
A souligner également que bien des patronymes bretons commençant par ‘Ker’ se sont raccourcis à partir du XVIème siècle : le Ker étant trop courant, un ‘Kerguellaff’ aurait par exemple pu choisir de se dénommer ‘Guellaff’ ou ‘Le Guelaff’. De même, il est possible d’imaginer un autre marqueur spatial attaché à ‘Guellaff’, par exemple ‘colline’ ou ‘Knech’ en Breton ancien.
Un ouvrage précédent : La seigneurie oubliée de Kerguellaff en Logonna sert de point de départ à l’étude.
Les questions
• Combien de sites ‘Kervella’ ou K/Guellaff’ ont vu le jour ? Où sont-ils repartis ?
• En quoi peuvent-ils être ‘meilleurs’ ?
• Quand ont-ils pu être construits ?
• A quelles fins ? Sur l’origine du nom.
Le territoire de Logonna est occupé dès la préhistoire, notamment par la tribu Celte des Osismes.... more Le territoire de Logonna est occupé dès la préhistoire, notamment par la tribu Celte des Osismes. Au temps des Gallo-Romains, Logonna se trouve près d’un carrefour reliant Finistère nord et sud et les postes majeurs du littoral tels Brest, Douarnenez, Quimper. Apres le départ des romains, les Bretons insulaires, déjà conquis au Christianisme, migrent en Armorique sous la pression des Angles et Saxons. Parmi eux, l’on trouve des religieux tels ‘Monna’, Guénolé et Brigitte qui donneront plus tard leurs noms à Logonna, Landévennec, et Loperhet.
En quittant le temps des légendes, après même les invasions Vikings, l’administration du territoire de Logonna se précise au 11ème siècle à travers la création des seigneuries du Leon, du Faou, et la présence de l’abbaye de Landévennec, au rayonnement international, qui utilise Camfrout pour loger ses pèlerins. Au 12ème et 13ème est créée la châtellenie de Logonna-Irvillac, une motte castrale est érigée, probablement près d’un ancien lieu fortifié. L’évêque de Quimper demande la création d’un prieuré, situé au Clémenehy, dépendant d’Irvillac.
C’est à cette époque que commencent à se dessiner les familles nobles qui dirigeront pour leurs suzerains respectifs les territoires du Leon, en particulier ceux couverts par les communes de Plougastel, Logonna, Daoulas, Dirinon et Irvillac. Ces familles occupent des responsabilités larges et diverses, occupant le juridique, le militaire, et l’administration du foncier.
Ce livre aborde la naissance supposée, le développement, et la fin de la famille noble de Kervella, ces écuyers du moyen-âge au service du sire du Leon.