«Ségolène Royal s'était remis du gloss pendant que Nicolas Sarkozy parlait» : le réalisateur Jérôme Revon révèle les dessous des débats politiques (original) (raw)
Publié le 31 mai 2024 à 18h00
Jérôme Revon sur le plateau du «Buzz TV» vendredi 31 mai 2024. Capture d'écran / Figaro TV
ENTRETIEN - Sur le plateau du «Buzz TV», l'homme de l'ombre qui s'apprête à retracer le Débarquement minute par minute sur France 2, raconte ses souvenirs des grands directs qu'il a réalisés à la télé, notamment le débat d'entre-deux-tours de 2007.
Allocutions présidentielles, débats d’entre-deux-tours, émissions de divertissement mythiques comme «Fort Boyard»... Jérôme Revon est l’un de nos rares réalisateurs de télévision qui «_marche à côté de l’histoire_», pour reprendre son expression fétiche. Mardi 5 juin sur France 2, dès 23 heures, cet homme de l’ombre réitère l’exercice en pilotant une édition spéciale inédite. À l’occasion des 80 ans du Débarquement, Julian Bugier se téléportera en 1944 afin de faire vivre aux téléspectateurs l’événement historique comme s’il s’était produit de nos jours.
«Avec Alexandre Kara, le directeur de la rédaction, on avait voulu faire comme si une chaîne de 2024 se téléportait dans le passé, décrit Jérôme Revon sur le plateau du «Buzz TV» ce vendredi. _Pas de noir et blanc, on a recolorisé les images du Débarquement. On se demande comment on aurait vécu si on avait eu à l’époque des correspondants, un portable etc._». Un format ambitieux qui pourrait se décliner à l’avenir avec d’autres grands événements d’actualité comme la chute du mur de Berlin, mai 68 ou encore la disparition de Claude François.
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Les événements historiques sont devenus la spécialité de Jérôme Revon. Toujours sur le plateau du «Buzz TV», celui qui est aussi le producteur de «Burger Quiz» a partagé quelques anecdotes croustillantes sur les débats de l’entre-deux-tours qu’il a pu réaliser. En 2007 par exemple, quand Ségolène Royal confrontait ses idées avec Nicolas Sarkozy. À l’époque, les plans de coupe (moment où l’adversaire est filmé pendant que l’interlocuteur parle) étaient interdits. «_Ségolène Royal s’était remis du gloss pendant que Nicolas Sarkozy parlait et ça, personne ne l’a vu..._», se souvient le réalisateur.
Cinq ans plus tard, les téléspectateurs ne verront pas non plus la réaction de Nicolas Sarkozy face à l’anaphore de François Hollande «_moi, président_». «_Ça dure quand même très longtemps. Dans mon souvenir, Nicolas Sarkozy était très dubitatif. J’avais l’impression qu’il était fatigué et il n’a pas voulu réagir en fait ni le couper. Il n’avait pas l’air d’y croire_».
« Il semblerait que j'ai été récusé par Marine Le Pen »
Jérôme Revon sur les deux derniers débats de l’entre-deux-tours
Aujourd’hui, les plans de coupe sont autorisés. Jérôme Revon les a encore multipliés la semaine dernière durant le face-à-face entre Jordan Bardella et Gabriel Attal qu’il réalisait encore pour France 2. «Après on est prudents. Quand les politiques regardent leurs fiches ou qu’ils boivent un verre d’eau, on évite de les montrer à l’image_», complète celui qui, par souci d’équité envers les deux candidats et les présentateurs du débat, compte aussi minutieusement tous les plans de chacun. «_Pour être sûr que l’un des deux n’est pas favorisé, explique l’intéressé. J’ai une scripte qui compte tous les plans et me donne le détail sur une feuille à la fin de l’émission_». Malgré la rigueur qu’il s’impose, Jérôme Revon n'a pas réalisé les deux derniers débats d’entre-deux-tours, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. «_Il semblerait que j'ai été récusé par Marine Le Pen», confie-t-il. Les deux chaînes organisatrices, les deux candidats concernés et l’Arcom doivent en effet se mettre d'accord sur le nom du réalisateur désigné.