Diane CHAVELET | Université Paris Cité (original) (raw)
Papers by Diane CHAVELET
Ponti Ponts, 2024
We propose here to approach Kossi Efoui’s short story Volatiles (2006) in its metapoetic, allegor... more We propose here to approach Kossi Efoui’s short story Volatiles (2006) in its metapoetic, allegorical and philosophical dimensions. One of the greatest singularities of Volatiles is indeed the layout of a poetic process through the reinvestment of the geomancy of the Fa. For Kossi Efoui, this reappropriation must be understood as a transgression of literary codes. How then does Kossi Efoui shift the function of writing from a teleology (the design) to a sketch of possible presents (the drawing) through geomancy? To what myths of speech and writing does this practice refer? To what extent do these mythologies provide a poetic horizon for Afrocontemporary literature? After having quickly resituated and redefined geomancy in West Africa, we will reflect on the cosmopoetic dimension that Kossi Efoui gives it as well as the different cosmologies to which he links it in Volatiles, in order to revisit a philosophical myth of the origins of the world in which the scriptural gesture is born from a cut off speech.
Mots-clés : Kossi Efoui ; Volatiles ; géomancie du Fa ; cosmopoétique ; métapoétique ; cosmologies ; mythe philosophique ; parole coupée ; geste scriptural ; littératures afrocontemporaines.
Théâtre/Public, 2019
Transmettre une « alchimie du devenir ». D. Niangouna, la pratique du Kinguinzila, et les jeux in... more Transmettre une « alchimie du devenir ». D. Niangouna, la pratique du Kinguinzila, et les jeux inédits de l'acteur Je me questionne pour apprendre à choisir. Je joue pour apprendre à penser. J'écris pour apprendre à parler. Je m'insiste pour effacer l'oubli. J'invente la station mouvante pour dribbler la tempête. Mon coeur doit avancer sinon il crève. J'agite mes pieds d'un pôle à l'autre pour dessiner le monde... Le ventre est mon cerveau, un corridor invisible où les miracles se sont enfouis, où le diable s'est rassasié de mes peurs. (Dieudonné Niangouna, La patience de l'araignée, inédit daté du 20 juin 2017 [Paris], p. 3.) Dieudonné Niangouna, auteur, metteur en scène, acteur et ancien directeur du festival Mantsina-sur-scène (Brazzaville, 2003), a identifié à plusieurs reprises sa pratique théâtrale et d'écriture dramatique au rituel Kongo du « Kinguinzila », littéralement dans les trois langues véhiculaires dérivées du Kikongo (le Lari, le Kituba et le Kikongo) « ce qui vous arrive de bien ou de mal ». Dans Songe, Daniel Besace publie un échange épistolaire avec Niangouna autour du texte Un rêve au-delà, dans lequel l'auteur explique le Kinguinzila en contrepoint de sa pratique d'écriture dramatique : Ces contes ne sont racontés qu'aux jeunes garçons en dernière phase de leur initiation au Kinguinzila, le théâtre de guérison ; sous la direction d'un maître initiateur les garçons vont apprendre la science de la nature, la parole, le courage, la mort et comment vaincre la mort, […] la relation au sacré et au profane. […] Ceux qui ne réussissent pas les dernières épreuves on ne peut plus les garder au village au risque de trahir les secrets du Lemba qui est le plus grand rite du Kinguinzila. 1 Dans la brochure de présentation de son stage d'art dramatique intitulé « Rites et Rythmes » à l'ARTA, conventionné par l'AFDA, il est mentionné que :
Horizons/Théâtre, 2021
Diane Chavelet est doctorante en littérature comparée à l'université Paris VII-Diderot, rattachée... more Diane Chavelet est doctorante en littérature comparée à l'université Paris VII-Diderot, rattachée au laboratoire CERILAC, ED 131. Elle conduit une thèse intitulée : « La parole délivrée. Oralisation, performance et circulation du texte dans les arts dramatiques d'Afrique subsaharienne de langue française ultra-contemporains : 2000-2016. Autour de Dieudonné Niangouna (Congo-Brazzaville), Bill Kouélany (Congo-Brazzaville), Kossi Efoui (Togo) » sous la direction de Catherine Coquio depuis 2014. Dans ce cadre, elle réalise en 2015 à Brazzaville un film documentaire sur le festival Mantsina-sur-scène, dirigé par Dieudonné Niangouna, Sommes-nous sortis du monde ? Elle collabore à l'édition de la revue Travaux en Cours de Paris VII-Diderot en 2014 et contribue à la revue Po&sie en 2016. Elle codirige la compagnie « Paupière Mobiles » et collabore à la mise en scène de deux pièces du dramaturge Guinéen Hakim Bah.
Po&sie, 2016
Distribution électronique Cairn.info pour Belin. © Belin. Tous droits réservés pour tous pays. La... more Distribution électronique Cairn.info pour Belin. © Belin. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Le texte au corps Dieudonné Niangouna et Bill Kouélany : de l'écriture à la performance par Diane Chavelet Bill Kouélany et Dieudonné Niangouna, respectivement nés en 1965 et 1976 à Brazzaville, reconnus l'une dans le champ des arts plastiques congolais et international depuis 1994, l'autre dans celui du théâtre francophone (depuis 2002) et international (depuis 2011), ont en commun une production écrite très dense dont la visibilité semble proportionnellement faible. Les premières productions littéraires connues de Dieudonné Niangouna sont datées de 1998, et sont restées entièrement inédites jusqu'en 2007, année où il a trouvé en Daniel Besace, directeur éditorial aux confidentielles éditions Carnets Livres, un éditeur fidèle. La prestigieuse maison d'édition « Les solitaires intempestifs » créée par Jean-Luc Lagarce en 1992, prend en charge la publication d'une partie de son oeuvre théâtrale en 2010 1. À partir de 2013, année où il est invité en qualité d'artiste associé par Vincent Beaudriller au festival d'Avignon, « Les solitaires » relaient de plus en plus régulièrement la publication de sa production théâtrale. Si certains de ses courts récits et de ses poèmes trouvent leur place dans les anthologies de Daniel Besace 2 , son oeuvre romanesque est en revanche à ce jour entièrement inédite 3. L'oeuvre écrite de Bill Kouélany n'a à ce jour jamais été publiée et comporte deux récits, l'un allégorique, Vagabondages (1989), l'autre directement autobiographique, Encre de Chine (2009), deux versions majeures (1990 ; 2001) d'une autobiographiefleuve, Extrait d'acte de naissance, partiellement adaptée à la scène par l'auteure en 2015 à Brazzaville 4 , ainsi que de deux pièces de théâtre 5. Parallèlement à sa production littéraire, son oeuvre plastique et de vidéaste a été exposée depuis 1990 (Brazzaville, Congo Brazzaville ; Douala, Cameroun ; Kinshasa, RDC) diffusée à l'international depuis 2007 par la galerie Peter Hermann (Berlin) et la galerie RDV (Nantes) et couronnée par le Prix de la Francophonie (France, 2006) et le Prix Montalvo Arts Center (USA, 2006).
Books by Diane CHAVELET
Thèse de doctorat de l'Université Paris-Cité, 2022
Cette étude propose d’évaluer certaines poétiques du trickster au prisme de la « parole délivrée ... more Cette étude propose d’évaluer certaines poétiques du trickster au prisme de la « parole délivrée » chez trois artistes d’Afrique francophone, au sein de scènes théâtrales, géographiques et symboliques décentrées. Elle s’intéresse à trois productions de dramaturges, également directeurs de festival, de résidence d’artistes et/ou de compagnies : celles au Congo-Brazzaville et en France de Bill Kouélany et Dieudonné Niangouna, celles au Togo et en France de Kossi Efoui. L’objectif est d’étudier le processus par lequel les textes de ces auteurs, de leur écriture à leur traduction scénique ou plastique, vont participer à l’efficacité des structures qu’ils développent,pour initier un décentrement des pôles de diffusion de la littérature et des arts de la scène dits « francophones ». Leurs productions sont replacées dans le double contexte de la mondialisation des arts et de l’histoire postcoloniale (politique et culturelle) pour éclairer les partis-pris formels de ces artistes, en matière d’hybridation transculturelle et de recherches performatives. La quête d’une « parole délivrée » est une manière de briser avec les attentes d’« exotisme » propres à la réception occidentale et « francophone », mais aussi avec les contraintes d’ordre politique et esthétique qui ont pesé sur une génération de dramaturges africains en termes de modes d’engagement. Cette autre parole recherchée, liée au mythe anthropologique du trickster, se dégage de cloisonnements génériques et structurels comme elle se soustrait à un « devoir de réponse » politique. La « délivrance » peut se jouer dans la performance déchirante des corps, dans le débordement de l’objet-livre, dans la distribution décentrée des œuvres dans l’espace de réception global, et la transmission libertaire des pratiques, sans rien effacer des contextes géopolitiques. La méthodologie de l’étude se situe à la croisée de la littérature comparée, des études théâtrales, de l’anthropologie culturelle et de la performance, de la sociologie des artistes et de la philosophie politique. Au travers de ces cas singuliers, elle met en lumière l’émergence de dramaturges d’Afrique subsaharienne, qui, au tournant du XXIe siècle, radicalisent leur démarche esthétique pour réformer la fonction du texte dramatique et les modalités de sa performance afin d’agir sur l’environnement dans lequel ils évoluent, c’est-à-dire à la fois sur la situation politique et culturelle de leurs pays de résidence et les champs de réception des arts dramatiques et visuels globaux dans lesquels ils s’inscrivent. Du point de vue sociologique et anthropologique, ces travaux font état de dynamiques émergentes propres au champ des arts du spectacle d’Afrique subsaharienne, qui participent à la reconstruction culturelle et politique des pays étudiés dans un nouveau contexte global. Du point de vue de l’esthétique et de la poétique, ils mettent à jour de nouvelles pratiques d’engagement artistique transculturelles et transnationales, déplaçant vers l’art de la performance contemporaine les questions relatives aux dichotomies oralité/écriture, tradition/modernité, Afrique/Occident pour réinterroger les rapports profondément imbriqués de l’acte poétique et du politique.
Ponti Ponts, 2024
We propose here to approach Kossi Efoui’s short story Volatiles (2006) in its metapoetic, allegor... more We propose here to approach Kossi Efoui’s short story Volatiles (2006) in its metapoetic, allegorical and philosophical dimensions. One of the greatest singularities of Volatiles is indeed the layout of a poetic process through the reinvestment of the geomancy of the Fa. For Kossi Efoui, this reappropriation must be understood as a transgression of literary codes. How then does Kossi Efoui shift the function of writing from a teleology (the design) to a sketch of possible presents (the drawing) through geomancy? To what myths of speech and writing does this practice refer? To what extent do these mythologies provide a poetic horizon for Afrocontemporary literature? After having quickly resituated and redefined geomancy in West Africa, we will reflect on the cosmopoetic dimension that Kossi Efoui gives it as well as the different cosmologies to which he links it in Volatiles, in order to revisit a philosophical myth of the origins of the world in which the scriptural gesture is born from a cut off speech.
Mots-clés : Kossi Efoui ; Volatiles ; géomancie du Fa ; cosmopoétique ; métapoétique ; cosmologies ; mythe philosophique ; parole coupée ; geste scriptural ; littératures afrocontemporaines.
Théâtre/Public, 2019
Transmettre une « alchimie du devenir ». D. Niangouna, la pratique du Kinguinzila, et les jeux in... more Transmettre une « alchimie du devenir ». D. Niangouna, la pratique du Kinguinzila, et les jeux inédits de l'acteur Je me questionne pour apprendre à choisir. Je joue pour apprendre à penser. J'écris pour apprendre à parler. Je m'insiste pour effacer l'oubli. J'invente la station mouvante pour dribbler la tempête. Mon coeur doit avancer sinon il crève. J'agite mes pieds d'un pôle à l'autre pour dessiner le monde... Le ventre est mon cerveau, un corridor invisible où les miracles se sont enfouis, où le diable s'est rassasié de mes peurs. (Dieudonné Niangouna, La patience de l'araignée, inédit daté du 20 juin 2017 [Paris], p. 3.) Dieudonné Niangouna, auteur, metteur en scène, acteur et ancien directeur du festival Mantsina-sur-scène (Brazzaville, 2003), a identifié à plusieurs reprises sa pratique théâtrale et d'écriture dramatique au rituel Kongo du « Kinguinzila », littéralement dans les trois langues véhiculaires dérivées du Kikongo (le Lari, le Kituba et le Kikongo) « ce qui vous arrive de bien ou de mal ». Dans Songe, Daniel Besace publie un échange épistolaire avec Niangouna autour du texte Un rêve au-delà, dans lequel l'auteur explique le Kinguinzila en contrepoint de sa pratique d'écriture dramatique : Ces contes ne sont racontés qu'aux jeunes garçons en dernière phase de leur initiation au Kinguinzila, le théâtre de guérison ; sous la direction d'un maître initiateur les garçons vont apprendre la science de la nature, la parole, le courage, la mort et comment vaincre la mort, […] la relation au sacré et au profane. […] Ceux qui ne réussissent pas les dernières épreuves on ne peut plus les garder au village au risque de trahir les secrets du Lemba qui est le plus grand rite du Kinguinzila. 1 Dans la brochure de présentation de son stage d'art dramatique intitulé « Rites et Rythmes » à l'ARTA, conventionné par l'AFDA, il est mentionné que :
Horizons/Théâtre, 2021
Diane Chavelet est doctorante en littérature comparée à l'université Paris VII-Diderot, rattachée... more Diane Chavelet est doctorante en littérature comparée à l'université Paris VII-Diderot, rattachée au laboratoire CERILAC, ED 131. Elle conduit une thèse intitulée : « La parole délivrée. Oralisation, performance et circulation du texte dans les arts dramatiques d'Afrique subsaharienne de langue française ultra-contemporains : 2000-2016. Autour de Dieudonné Niangouna (Congo-Brazzaville), Bill Kouélany (Congo-Brazzaville), Kossi Efoui (Togo) » sous la direction de Catherine Coquio depuis 2014. Dans ce cadre, elle réalise en 2015 à Brazzaville un film documentaire sur le festival Mantsina-sur-scène, dirigé par Dieudonné Niangouna, Sommes-nous sortis du monde ? Elle collabore à l'édition de la revue Travaux en Cours de Paris VII-Diderot en 2014 et contribue à la revue Po&sie en 2016. Elle codirige la compagnie « Paupière Mobiles » et collabore à la mise en scène de deux pièces du dramaturge Guinéen Hakim Bah.
Po&sie, 2016
Distribution électronique Cairn.info pour Belin. © Belin. Tous droits réservés pour tous pays. La... more Distribution électronique Cairn.info pour Belin. © Belin. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Le texte au corps Dieudonné Niangouna et Bill Kouélany : de l'écriture à la performance par Diane Chavelet Bill Kouélany et Dieudonné Niangouna, respectivement nés en 1965 et 1976 à Brazzaville, reconnus l'une dans le champ des arts plastiques congolais et international depuis 1994, l'autre dans celui du théâtre francophone (depuis 2002) et international (depuis 2011), ont en commun une production écrite très dense dont la visibilité semble proportionnellement faible. Les premières productions littéraires connues de Dieudonné Niangouna sont datées de 1998, et sont restées entièrement inédites jusqu'en 2007, année où il a trouvé en Daniel Besace, directeur éditorial aux confidentielles éditions Carnets Livres, un éditeur fidèle. La prestigieuse maison d'édition « Les solitaires intempestifs » créée par Jean-Luc Lagarce en 1992, prend en charge la publication d'une partie de son oeuvre théâtrale en 2010 1. À partir de 2013, année où il est invité en qualité d'artiste associé par Vincent Beaudriller au festival d'Avignon, « Les solitaires » relaient de plus en plus régulièrement la publication de sa production théâtrale. Si certains de ses courts récits et de ses poèmes trouvent leur place dans les anthologies de Daniel Besace 2 , son oeuvre romanesque est en revanche à ce jour entièrement inédite 3. L'oeuvre écrite de Bill Kouélany n'a à ce jour jamais été publiée et comporte deux récits, l'un allégorique, Vagabondages (1989), l'autre directement autobiographique, Encre de Chine (2009), deux versions majeures (1990 ; 2001) d'une autobiographiefleuve, Extrait d'acte de naissance, partiellement adaptée à la scène par l'auteure en 2015 à Brazzaville 4 , ainsi que de deux pièces de théâtre 5. Parallèlement à sa production littéraire, son oeuvre plastique et de vidéaste a été exposée depuis 1990 (Brazzaville, Congo Brazzaville ; Douala, Cameroun ; Kinshasa, RDC) diffusée à l'international depuis 2007 par la galerie Peter Hermann (Berlin) et la galerie RDV (Nantes) et couronnée par le Prix de la Francophonie (France, 2006) et le Prix Montalvo Arts Center (USA, 2006).
Thèse de doctorat de l'Université Paris-Cité, 2022
Cette étude propose d’évaluer certaines poétiques du trickster au prisme de la « parole délivrée ... more Cette étude propose d’évaluer certaines poétiques du trickster au prisme de la « parole délivrée » chez trois artistes d’Afrique francophone, au sein de scènes théâtrales, géographiques et symboliques décentrées. Elle s’intéresse à trois productions de dramaturges, également directeurs de festival, de résidence d’artistes et/ou de compagnies : celles au Congo-Brazzaville et en France de Bill Kouélany et Dieudonné Niangouna, celles au Togo et en France de Kossi Efoui. L’objectif est d’étudier le processus par lequel les textes de ces auteurs, de leur écriture à leur traduction scénique ou plastique, vont participer à l’efficacité des structures qu’ils développent,pour initier un décentrement des pôles de diffusion de la littérature et des arts de la scène dits « francophones ». Leurs productions sont replacées dans le double contexte de la mondialisation des arts et de l’histoire postcoloniale (politique et culturelle) pour éclairer les partis-pris formels de ces artistes, en matière d’hybridation transculturelle et de recherches performatives. La quête d’une « parole délivrée » est une manière de briser avec les attentes d’« exotisme » propres à la réception occidentale et « francophone », mais aussi avec les contraintes d’ordre politique et esthétique qui ont pesé sur une génération de dramaturges africains en termes de modes d’engagement. Cette autre parole recherchée, liée au mythe anthropologique du trickster, se dégage de cloisonnements génériques et structurels comme elle se soustrait à un « devoir de réponse » politique. La « délivrance » peut se jouer dans la performance déchirante des corps, dans le débordement de l’objet-livre, dans la distribution décentrée des œuvres dans l’espace de réception global, et la transmission libertaire des pratiques, sans rien effacer des contextes géopolitiques. La méthodologie de l’étude se situe à la croisée de la littérature comparée, des études théâtrales, de l’anthropologie culturelle et de la performance, de la sociologie des artistes et de la philosophie politique. Au travers de ces cas singuliers, elle met en lumière l’émergence de dramaturges d’Afrique subsaharienne, qui, au tournant du XXIe siècle, radicalisent leur démarche esthétique pour réformer la fonction du texte dramatique et les modalités de sa performance afin d’agir sur l’environnement dans lequel ils évoluent, c’est-à-dire à la fois sur la situation politique et culturelle de leurs pays de résidence et les champs de réception des arts dramatiques et visuels globaux dans lesquels ils s’inscrivent. Du point de vue sociologique et anthropologique, ces travaux font état de dynamiques émergentes propres au champ des arts du spectacle d’Afrique subsaharienne, qui participent à la reconstruction culturelle et politique des pays étudiés dans un nouveau contexte global. Du point de vue de l’esthétique et de la poétique, ils mettent à jour de nouvelles pratiques d’engagement artistique transculturelles et transnationales, déplaçant vers l’art de la performance contemporaine les questions relatives aux dichotomies oralité/écriture, tradition/modernité, Afrique/Occident pour réinterroger les rapports profondément imbriqués de l’acte poétique et du politique.