Franck Le Roux | Université Paris Cité (original) (raw)

Conference Presentations by Franck Le Roux

Research paper thumbnail of "Qu'est-ce que la psychologie ?" avant "Qu'est-ce que la psychologie ?". Ecole normale supérieure de Paris, 18 juin 2024.

Journée d'étude "Relire Canguilhem à partir des inédits" - PhilOfr/Républiques des savoirs - CAPHÉS, 2024

Research paper thumbnail of Normativité et scientificité en médecine et en psychologie : une même épistémologie ? Université de Poitiers, 8 décembre 2023.

Séminaire bi-annuel du Laboratoire CAPS EA 4050, 2023

Research paper thumbnail of Canguilhem et la clinique : entre psychologie et médecine. CIPh, 18 novembre 2021.

Franck Le Roux, "Canguilhem et la clinique : entre psychologie et médecine" (présentation ci-dess... more Franck Le Roux, "Canguilhem et la clinique : entre psychologie et médecine" (présentation ci-dessous)

Séminaire CIPh 'La connaissance clinique", 18 novembre 2021, 18h, zoom
Philippe Lacour, Directeur de programme au CIPh.

Argument :
"On associe couramment Canguilhem à un éloge de la clinique et à une critique de la psychologie. On a plus de mal peut-être à cerner la cohérence de ces deux jugements. On peut se demander en effet dans ces conditions, à quelle évaluation de la psychologie clinique la philosophie de Canguilhem peut conduire.
Je me propose de réexaminer la relation de cette double axiologie. Je ferai valoir pour cela les thèses à la fois épistémologiques et psychologiques, encore méconnues, du Traité de logique (1939) et du Traité de psychologie (1940) ; comme dénominateurs communs à celles de l’Essai (1943) et de la fameuse conférence « Qu’est-ce que la psychologie ? » (1956).
Cette archéologie de la psychologie chez Canguilhem devrait nous permettre de montrer au moins trois choses : 1/ Si Canguilhem critique des psychologies, c’est parce qu’il en valorise une ; 2/ Les valeurs et concepts de sa thèse de médecine se sont d’abord exercés sur terrain de la psychologie ; 3/ Les conditions de toute psychologie possible sont particulièrement familières des critères de toute médecine valable.
On peut réduire le tronc commun de cette relation à la même affirmation d’une individualité normative de la vie subjective. Elle donne raison d’une même tension entre connaissance scientifique et connaissance clinique, en médecine et en psychologie. C’est à partir de la même analyse conceptuelle que Canguilhem peut affirmer qu’il n’y a pas de pathologie objective possible (1943) et qu’il n’y a pas de psychologie objective valable (1939).
Il devrait être possible à partir de là de penser les conditions de toute psychologie clinique valable. Ce sera l’occasion de revenir sur le différend entre Lagache et Canguilhem concernant le problème de l’unité de la psychologie, qui engage une discussion sur les rapports plus ou moins compatibles entre les différents types de valeur et modes de véridiction dans l’exercice de la connaissance clinique."

Franck Le Roux est ATER en psychologie clinique à l’Université de Bretagne Occidentale (RPPsy) et doctorant en psychopathologie et philosophie à l’université de Paris (CRPMS/LCSP). Il travaille actuellement sur l’épistémologie du normal et du pathologique en psychiatrie et sur la place des psychologies dans le parcours de Canguilhem. Psychologue hospitalier, il exerce depuis une dizaine d’années en psychiatrie adulte et en CMPP. Publications à paraître : « Logique et psychologie chez Canguilhem et Lacan » (In Analysis, 2021/3), « La méthode pathologique de la psychanalyse » (La psychanalyse à l’université, Hermann, 2022).

hashtag#clinic hashtag#clinique hashtag#clinical hashtag#Canguilhem hashtag#medicine hashtag#psychology hashtag#médecine hashtag#psychologie hashtag#Lagache

Research paper thumbnail of Histoire et épistémologie de la psychologie clinique

Journée d'étude, Centre Hospitalier de Gonesse, 2018.

Pour cette première présentation de nature introductive, j'aimerais revenir sur l'histoire de cet... more Pour cette première présentation de nature introductive, j'aimerais revenir sur l'histoire de cette discipline particulière, la psychologie clinique, qui rassemble aujourd'hui de nombreux professionnels. Le fait est que la majorité des psychologues professionnels en France, quel que soit leur secteur d'activité, et a fortiori les psychologues hospitaliers qui nous intéressent aujourd'hui, se désignent comme psychologues cliniciens. Qu'est-ce que cela veut dire ? Je n'oublie pas, bien sûr, les neuropsychologues. Mais il faut bien constater que si aujourd'hui 80 à 90 % des étudiant.es qui s'engagent dans un master de psychologie, choisissent de se spécialiser en psychologie clinique et psychopathologie, nous retrouverons à peu prés la même disparité professionnelle dans le milieu hospitalier. Et c'est justement, d'une certaine façon cette représentation majoritaire voire dominante de la psychologie clinique au plan universitaire et professionnel que je souhaite interroger historiquement et scientifiquement. A partir de là, je poserai une question simple mais aussi plus compliquée qu'elle en a l'air : Qu'est-ce que la psychologie clinique ? D'où vient-elle ? Comment et pourquoi s'est-elle constituée comme discipline pouvant délivrer un diplôme professionnel ? L'enjeu étant de comprendre qui sont ces psychologues cliniciens et cliniciennes qui peuplent les hôpitaux. D'où viennent-ils/elles ? A quelle histoire scientifique, institutionnelle et sociale appartiennent-ils/elles ? En espérant que cela puisse nous éclairer sur leur condition actuelle et les enjeux auxquels ils sont confrontés aujourd'hui.

Articles by Franck Le Roux

Research paper thumbnail of La méthode pathologique de la psychanalyse

La psychanalyse à l'université, 2022

Lagache a tenté, après la psychologie pathologique positive de Ribot et Dumas (1924), de reformul... more Lagache a tenté, après la psychologie pathologique positive de Ribot et Dumas (1924), de reformuler une « méthode pathologique » (1938) à partir des rectifications du normal et du pathologique de la psychopathologie de son époque (Blondel, 1914 ; Jaspers, 1933). Cet article aura son importance chez Canguilhem dans la formulation des problèmes et critiques de sa thèse de médecine (1943). Il s’attachera précisément, il faut le rappeler, à y critiquer le « dogme positiviste » de Comte et Bernard en déplaçant les apports théoriques de cette psychopathologie dans le champ de la physiopathologie (le Blanc, 2002). Ne s’agirait-il pas aujourd’hui de réaliser l’opération inverse ? De considérer l’intérêt d’un retour en psychanalyse et en psychopathologie du déplacement opéré par Canguilhem ?

Research paper thumbnail of Logique et psychologie chez Canguilhem et Lacan

In Analysis, 2021

On a l'habitude depuis Foucault de classer Canguilhem du côté de la philosophie du concept par o... more On a l'habitude depuis Foucault de classer Canguilhem du côté de la philosophie du concept par opposition à la tradition de la philosophie de la conscience et du sujet. De l'autre côté, on fait de Canguilhem un critique général de toute psychologie pour des raisons principalement éthiques. Ces réceptions ont conduit à faire de Canguilhem un compagnon de route du structuralisme et de la psychanalyse lacanienne. Une alliance réalisée par « les lacaniens » des Cahiers pour l'analyse qui sera philosophiquement justifiée par Foucault.

Notre objectif est d'interroger la réalité de ces affinités. Nous contribuons à remettre en cause le positionnement généalogique de Canguilhem par Foucault, en montrant la dimension transversale de sa philosophie du point de vue du partage foucaldien. Nous revisitons en même temps « la critique canguilhemienne de la psychologie » pour lui apporter la pièce positive complémentaire qui semble avoir manqué à sa compréhension.

Pour donner une acuité particulière à ces problèmes, nous étudions les conceptions psychologiques de Canguilhem au sein du "Traité de logique et de morale". Nous réexaminons en même temps le programme des Cahiers pour l'analyse comme espace principal où s'est établit la relation Lacan/ Canguilhem. Nous nous appuyons également sur le méconnu et inédit "Traite de psychologie" rédigé par Canguilhem et Planet en 1940. Notre travail relève de l'histoire de la philosophie contemporaine et de l'épistémologie des disciplines psychologiques.

Si l'alliance des « lacaniens » avec Canguilhem a pu se faire sur le terrain de la critique de la psychologie et de la valorisation d'une philosophie du concept sans sujet personnel, l'historien des sciences ne partage pas les principes antipsychololgistes et logicistes des hyperstructuralistes. Nous montrons que la critique de la psychologie repose d'abord chez Canguilhem sur la méconnaissance de son impossibilité scientifique par recouvrement de la dimension normative et indivisible de la vie subjective. Cette normativité de la vie mentale commande pour Canguilhem l'activité épistémologique et scientifique elles-mêmes. Canguilhem est à l'opposé des perspectives ontologique et logiciste des Cahiers pour l'analyse. Il ne cessera d'être fidèle à une philosophie définie dans le "Traité de logique" comme « axiologique », au sens d'un primat donné à la Valeur sur l'Être. Ce primat, qui pilote les tâches de l'activité logique, repose sur une psychologie : une définition de la vie mentale comme position de normes, règles et valeurs, première à toute position de vérité. La philosophie des valeurs de Canguilhem et son épistémologie s'appuient sur une psychologie philosophique qui conditionne son examen des disciplines psychologiques.

Canguilhem critique des psychologies dans la mesure où il en valorise une. Son critère d'appréciation est la reconnaissance de l'originalité des apparences de la vie psychique depuis son propre point de vue subjectif, contraire par définition à celui de la décomposition métrique. Cette perspective individuelle doit être distinguée du refus de toute psychologie par préférence structurale et logique. Il y'a chez l'historien des sciences, une philosophie du sujet comme sujet axiologique : point de départ de toute psychologie possible comme de toute médecine valable.

Teaching documents by Franck Le Roux

Research paper thumbnail of Charcot et l'hystéro-épilepsie  - Commentaire illustré

TD L1 - "Introduction à la clinique en psychologie" - Université de Bretagne Occidentale, 2019

Texte de Charcot, « Grande hystérie ou hystéro-épilepsie » Commentaire illustré L'hystérie est la... more Texte de Charcot, « Grande hystérie ou hystéro-épilepsie » Commentaire illustré L'hystérie est la « maladie mentale » de la fin du XIXe siècle par excellence, quand la schizophrénie sera celle du XXe 1 , et l'autisme celle du début du XXIe 2. On peut dire que chaque époque a sa maladie mentale : une maladie qui vient la représenter, condenser ses traits spécifiques et les problèmes qu'elles se donnent. Cela ne veut pas dire qu'avant ou après, ces maladies n'existent plus mais leur présence et leur présentation sociale, voire clinique, n'est plus la même. On ne les nomme plus forcément de la même façon. Il ne s'agit plus des mêmes figures. Ces figures sont fonction de la société, de ses représentations et idéaux du moment, dont le discours médical et scientifique est comme le miroir. L'hystérie est le point de départ clinique du mouvement psychanalytique, la situation clinique à partir de laquelle la psychanalyse s'est inventée, le matériel à partir duquel Freud est passé de la neuropathologie à la psychopathologie. La psychanalyse a considérablement modifié la signification théorique et clinique de l'hystérie, au regard de ce que désignait l'hystérie dans sa version aliéniste, telle que Charcot la fondée. Retourner au texte de Charcot c'est retrouver en un sens cette hystérie de l'aliénisme du 19è siècle, avant et à la source de sa future conceptualisation freudienne, en même temps que les racines scientifiques de Freud.

Book Reviews by Franck Le Roux

Research paper thumbnail of Cavaillès et le problème du fondement des mathématiques

On se centre sur le contenu de la « thèse principale » de Cavaillès (Méthode axiomatique et forma... more On se centre sur le contenu de la « thèse principale » de Cavaillès (Méthode axiomatique et formalisme) pour décrire la façon dont elle répond au problème du fondement des mathématiques. Ce problème n’a pris son importance « qu’avec la crise de la théorie des ensembles », débouchant au début du XXème siècle sur ce qu’on a pu appeler « la crise des fondements » : la concurrence des modèles de proposition de refondation (logiciste, formaliste et intuitionniste). L’objectif est de situer la position de Cavaillès (« formalisme modifié ») à l’endroit de ces différentes réponses et la philosophie mathématique qui s'en dégage.

Research paper thumbnail of Soin et Folie

"Le soin. Approches contemporaines" offre au lecteur, dans le prolongement du volume "Les classiq... more "Le soin. Approches contemporaines" offre au lecteur, dans le prolongement du volume "Les classiques du soin", une série de textes suivis de leur commentaire par des médecins, philosophes ou spécialistes des sciences sociales, visant à présenter quelques abords actuels des enjeux centraux, théoriques et pratiques du soin aujourd'hui. L'affirmation essentielle qui traverse ces recueils, et au-delà, la collection qui l'accueille, consiste à penser et situer le soin comme « une question technique et pratique » face à la souffrance, en même temps qu'« une dimension constitutive de la vie humaine, individuelle et collective ».

Research paper thumbnail of Hérédité et dégénérescence dans la psychiatrie française du XIXème siècle

C’est de ce moment morélien de la psychiatrie française, dont M. Foucault a fait grand cas, où la... more C’est de ce moment morélien de la psychiatrie française, dont M. Foucault a fait grand cas, où la folie se voit nouvellement saisie à partir des notions d’hérédité et de dégénérescence, dont l’ouvrage de l’historien J-C. Coffin, "La transmission de la folie", est l’étude approfondie et détaillée. Si l’auteur choisit de borner ce moment entre 1850 et 1914, c’est qu’il s’attache d’un côté, à rendre compte des conceptions moréliennes proprement dite, en exposant le contenu des deux "Traités" de 1857 et 1860, leur contexte d’apparition, leur singularité scientifique, ainsi que les débats que leur réception suscita au sein de la Société Médico-Psychologique ; pour étudier dans un second temps leur reprise par V. Magnan (1835-1916) à partir de la fin des années 1870, suivant de la même façon, le fil de ses cours et publications, leur spécificité et la progression de leurs réceptions au sein de la communauté aliéniste jusqu’au début du XXème siècle.

Research paper thumbnail of A propos des cultures médicales dans l’Europe de la première modernité (Espagne-Italie)

Dans un récent numéro de la revue "Histoire, médecine et santé" parait un dossier dirigé par Elis... more Dans un récent numéro de la revue "Histoire, médecine et santé" parait un dossier dirigé par Elisa Andretta et Rafael Mandressi, intitulé « Médecine et médecins dans l'économie des savoirs ». Les auteurs souhaitent ouvrir et proposer un nouveau programme de recherche qui aurait pour tâche de réévaluer la place de la médecine et des médecins dans la culture savante européenne et occidentale de la première modernité (XVIème-XVIIème siècles). L'enjeu étant en multipliant les études sur ce terrain, de renouveler la compréhension de « l'économie des savoirs » à l'époque moderne.

Master's thesis by Franck Le Roux

Research paper thumbnail of Canguilhem et les psychologies. Sens, valeur et problèmes (1929-1940) - Mémoire Master 2 (2018)

Juxtaposant Canguilhem et la psychologie, on pense immédiatement à la fameuse conférence de 1956 ... more Juxtaposant Canguilhem et la psychologie, on pense immédiatement à la fameuse conférence de 1956 « Qu'est-ce que la psychologie ? », rendue célèbre par une réception qui, dans le contexte intellectuel et politique des années 1960 en France, en retiendra d'abord sa virulence critique. Cette réception qui s'est poursuivie jusqu'aux années 2000 a pris le nom de « critique canguilhemienne de la psychologie ». Ces travaux ont voulu montrer l'enracinement de cette critique dans « les écrits de jeunesse » de Canguilhem. On la trouverait, sous l'influence de la critique alanienne des pouvoirs et de la « soumission aux faits », à son état éthique et politique dénudé. La reprise de cette critique dans la forme et le style discursif de l'histoire et de la philosophie des sciences, à l'époque de la « maturité », n'en serait qu'un second habit de métier. Nous montrons que cette analyse rétrospective de la conférence de 1956 qui se fonde sur la lecture de quelques courts textes parus dans les Libres Propos en 1929 et 1930, exige d'être revue et augmentée à la lumière d'une plongée archéologique dans le millier de pages inédit que Canguilhem a consacré de 1929 à 1940, dans le cadre de son métier d'enseignant en classe de philosophie, à la reformulation des problèmes psychologiques fondamentaux et à l'évaluation de leur histoire philosophique et scientifique. Après un large aperçu de l'ensemble des cours de psychologie de Canguilhem dont on tente de montrer l'évolution des choix d'accents problématiques, on centre notre commentaire sur la place de la psychologie dans le Traité de logique (1939) et sur le premier chapitre du Traité de psychologie (1940) intitulé de façon significative « Qu'est-ce que la psychologie ? ». On ne peut plus dire à partir de là, qu'il n'y aurait pour Canguilhem au sein de ce champ problématique et disciplinaire, « rien à sauver ». Canguilhem est davantage qu'un général et unitaire « critique de la psychologie », un philosophe qui reformule pour son propre compte le problème de l'esprit, pour l'inscrire dans tout projet épistémologique et prendre parti au sein de l'histoire des disciplines psychologiques. Nous montrons ainsi qu'au fil des années 1929-1940, Canguilhem se montre fidèle aux psychologies intellectualiste et réflexive de Lachelier et Lagneau mais aussi, lecteur attentif de Freud, Bergson et Maine de Biran. La « critique canguilhemienne de la psychologie » pour être utile au moment présent doit être resituée à la place morale et philosophique qui lui convient au sein de ce vaste paysage historique et problématique. Se tourner vers l'étude de ses cours du second degré, son Traité de logique et son Traité de psychologie, participe de cet éclaircissement.

Research paper thumbnail of Freud après Canguilhem. Le problème de la continuité du normal et du pathologique - Mémoire Master 2 (2017)

Research paper thumbnail of "Qu'est-ce que la psychologie ?" avant "Qu'est-ce que la psychologie ?". Ecole normale supérieure de Paris, 18 juin 2024.

Journée d'étude "Relire Canguilhem à partir des inédits" - PhilOfr/Républiques des savoirs - CAPHÉS, 2024

Research paper thumbnail of Normativité et scientificité en médecine et en psychologie : une même épistémologie ? Université de Poitiers, 8 décembre 2023.

Séminaire bi-annuel du Laboratoire CAPS EA 4050, 2023

Research paper thumbnail of Canguilhem et la clinique : entre psychologie et médecine. CIPh, 18 novembre 2021.

Franck Le Roux, "Canguilhem et la clinique : entre psychologie et médecine" (présentation ci-dess... more Franck Le Roux, "Canguilhem et la clinique : entre psychologie et médecine" (présentation ci-dessous)

Séminaire CIPh 'La connaissance clinique", 18 novembre 2021, 18h, zoom
Philippe Lacour, Directeur de programme au CIPh.

Argument :
"On associe couramment Canguilhem à un éloge de la clinique et à une critique de la psychologie. On a plus de mal peut-être à cerner la cohérence de ces deux jugements. On peut se demander en effet dans ces conditions, à quelle évaluation de la psychologie clinique la philosophie de Canguilhem peut conduire.
Je me propose de réexaminer la relation de cette double axiologie. Je ferai valoir pour cela les thèses à la fois épistémologiques et psychologiques, encore méconnues, du Traité de logique (1939) et du Traité de psychologie (1940) ; comme dénominateurs communs à celles de l’Essai (1943) et de la fameuse conférence « Qu’est-ce que la psychologie ? » (1956).
Cette archéologie de la psychologie chez Canguilhem devrait nous permettre de montrer au moins trois choses : 1/ Si Canguilhem critique des psychologies, c’est parce qu’il en valorise une ; 2/ Les valeurs et concepts de sa thèse de médecine se sont d’abord exercés sur terrain de la psychologie ; 3/ Les conditions de toute psychologie possible sont particulièrement familières des critères de toute médecine valable.
On peut réduire le tronc commun de cette relation à la même affirmation d’une individualité normative de la vie subjective. Elle donne raison d’une même tension entre connaissance scientifique et connaissance clinique, en médecine et en psychologie. C’est à partir de la même analyse conceptuelle que Canguilhem peut affirmer qu’il n’y a pas de pathologie objective possible (1943) et qu’il n’y a pas de psychologie objective valable (1939).
Il devrait être possible à partir de là de penser les conditions de toute psychologie clinique valable. Ce sera l’occasion de revenir sur le différend entre Lagache et Canguilhem concernant le problème de l’unité de la psychologie, qui engage une discussion sur les rapports plus ou moins compatibles entre les différents types de valeur et modes de véridiction dans l’exercice de la connaissance clinique."

Franck Le Roux est ATER en psychologie clinique à l’Université de Bretagne Occidentale (RPPsy) et doctorant en psychopathologie et philosophie à l’université de Paris (CRPMS/LCSP). Il travaille actuellement sur l’épistémologie du normal et du pathologique en psychiatrie et sur la place des psychologies dans le parcours de Canguilhem. Psychologue hospitalier, il exerce depuis une dizaine d’années en psychiatrie adulte et en CMPP. Publications à paraître : « Logique et psychologie chez Canguilhem et Lacan » (In Analysis, 2021/3), « La méthode pathologique de la psychanalyse » (La psychanalyse à l’université, Hermann, 2022).

hashtag#clinic hashtag#clinique hashtag#clinical hashtag#Canguilhem hashtag#medicine hashtag#psychology hashtag#médecine hashtag#psychologie hashtag#Lagache

Research paper thumbnail of Histoire et épistémologie de la psychologie clinique

Journée d'étude, Centre Hospitalier de Gonesse, 2018.

Pour cette première présentation de nature introductive, j'aimerais revenir sur l'histoire de cet... more Pour cette première présentation de nature introductive, j'aimerais revenir sur l'histoire de cette discipline particulière, la psychologie clinique, qui rassemble aujourd'hui de nombreux professionnels. Le fait est que la majorité des psychologues professionnels en France, quel que soit leur secteur d'activité, et a fortiori les psychologues hospitaliers qui nous intéressent aujourd'hui, se désignent comme psychologues cliniciens. Qu'est-ce que cela veut dire ? Je n'oublie pas, bien sûr, les neuropsychologues. Mais il faut bien constater que si aujourd'hui 80 à 90 % des étudiant.es qui s'engagent dans un master de psychologie, choisissent de se spécialiser en psychologie clinique et psychopathologie, nous retrouverons à peu prés la même disparité professionnelle dans le milieu hospitalier. Et c'est justement, d'une certaine façon cette représentation majoritaire voire dominante de la psychologie clinique au plan universitaire et professionnel que je souhaite interroger historiquement et scientifiquement. A partir de là, je poserai une question simple mais aussi plus compliquée qu'elle en a l'air : Qu'est-ce que la psychologie clinique ? D'où vient-elle ? Comment et pourquoi s'est-elle constituée comme discipline pouvant délivrer un diplôme professionnel ? L'enjeu étant de comprendre qui sont ces psychologues cliniciens et cliniciennes qui peuplent les hôpitaux. D'où viennent-ils/elles ? A quelle histoire scientifique, institutionnelle et sociale appartiennent-ils/elles ? En espérant que cela puisse nous éclairer sur leur condition actuelle et les enjeux auxquels ils sont confrontés aujourd'hui.

Research paper thumbnail of La méthode pathologique de la psychanalyse

La psychanalyse à l'université, 2022

Lagache a tenté, après la psychologie pathologique positive de Ribot et Dumas (1924), de reformul... more Lagache a tenté, après la psychologie pathologique positive de Ribot et Dumas (1924), de reformuler une « méthode pathologique » (1938) à partir des rectifications du normal et du pathologique de la psychopathologie de son époque (Blondel, 1914 ; Jaspers, 1933). Cet article aura son importance chez Canguilhem dans la formulation des problèmes et critiques de sa thèse de médecine (1943). Il s’attachera précisément, il faut le rappeler, à y critiquer le « dogme positiviste » de Comte et Bernard en déplaçant les apports théoriques de cette psychopathologie dans le champ de la physiopathologie (le Blanc, 2002). Ne s’agirait-il pas aujourd’hui de réaliser l’opération inverse ? De considérer l’intérêt d’un retour en psychanalyse et en psychopathologie du déplacement opéré par Canguilhem ?

Research paper thumbnail of Logique et psychologie chez Canguilhem et Lacan

In Analysis, 2021

On a l'habitude depuis Foucault de classer Canguilhem du côté de la philosophie du concept par o... more On a l'habitude depuis Foucault de classer Canguilhem du côté de la philosophie du concept par opposition à la tradition de la philosophie de la conscience et du sujet. De l'autre côté, on fait de Canguilhem un critique général de toute psychologie pour des raisons principalement éthiques. Ces réceptions ont conduit à faire de Canguilhem un compagnon de route du structuralisme et de la psychanalyse lacanienne. Une alliance réalisée par « les lacaniens » des Cahiers pour l'analyse qui sera philosophiquement justifiée par Foucault.

Notre objectif est d'interroger la réalité de ces affinités. Nous contribuons à remettre en cause le positionnement généalogique de Canguilhem par Foucault, en montrant la dimension transversale de sa philosophie du point de vue du partage foucaldien. Nous revisitons en même temps « la critique canguilhemienne de la psychologie » pour lui apporter la pièce positive complémentaire qui semble avoir manqué à sa compréhension.

Pour donner une acuité particulière à ces problèmes, nous étudions les conceptions psychologiques de Canguilhem au sein du "Traité de logique et de morale". Nous réexaminons en même temps le programme des Cahiers pour l'analyse comme espace principal où s'est établit la relation Lacan/ Canguilhem. Nous nous appuyons également sur le méconnu et inédit "Traite de psychologie" rédigé par Canguilhem et Planet en 1940. Notre travail relève de l'histoire de la philosophie contemporaine et de l'épistémologie des disciplines psychologiques.

Si l'alliance des « lacaniens » avec Canguilhem a pu se faire sur le terrain de la critique de la psychologie et de la valorisation d'une philosophie du concept sans sujet personnel, l'historien des sciences ne partage pas les principes antipsychololgistes et logicistes des hyperstructuralistes. Nous montrons que la critique de la psychologie repose d'abord chez Canguilhem sur la méconnaissance de son impossibilité scientifique par recouvrement de la dimension normative et indivisible de la vie subjective. Cette normativité de la vie mentale commande pour Canguilhem l'activité épistémologique et scientifique elles-mêmes. Canguilhem est à l'opposé des perspectives ontologique et logiciste des Cahiers pour l'analyse. Il ne cessera d'être fidèle à une philosophie définie dans le "Traité de logique" comme « axiologique », au sens d'un primat donné à la Valeur sur l'Être. Ce primat, qui pilote les tâches de l'activité logique, repose sur une psychologie : une définition de la vie mentale comme position de normes, règles et valeurs, première à toute position de vérité. La philosophie des valeurs de Canguilhem et son épistémologie s'appuient sur une psychologie philosophique qui conditionne son examen des disciplines psychologiques.

Canguilhem critique des psychologies dans la mesure où il en valorise une. Son critère d'appréciation est la reconnaissance de l'originalité des apparences de la vie psychique depuis son propre point de vue subjectif, contraire par définition à celui de la décomposition métrique. Cette perspective individuelle doit être distinguée du refus de toute psychologie par préférence structurale et logique. Il y'a chez l'historien des sciences, une philosophie du sujet comme sujet axiologique : point de départ de toute psychologie possible comme de toute médecine valable.

Research paper thumbnail of Charcot et l'hystéro-épilepsie  - Commentaire illustré

TD L1 - "Introduction à la clinique en psychologie" - Université de Bretagne Occidentale, 2019

Texte de Charcot, « Grande hystérie ou hystéro-épilepsie » Commentaire illustré L'hystérie est la... more Texte de Charcot, « Grande hystérie ou hystéro-épilepsie » Commentaire illustré L'hystérie est la « maladie mentale » de la fin du XIXe siècle par excellence, quand la schizophrénie sera celle du XXe 1 , et l'autisme celle du début du XXIe 2. On peut dire que chaque époque a sa maladie mentale : une maladie qui vient la représenter, condenser ses traits spécifiques et les problèmes qu'elles se donnent. Cela ne veut pas dire qu'avant ou après, ces maladies n'existent plus mais leur présence et leur présentation sociale, voire clinique, n'est plus la même. On ne les nomme plus forcément de la même façon. Il ne s'agit plus des mêmes figures. Ces figures sont fonction de la société, de ses représentations et idéaux du moment, dont le discours médical et scientifique est comme le miroir. L'hystérie est le point de départ clinique du mouvement psychanalytique, la situation clinique à partir de laquelle la psychanalyse s'est inventée, le matériel à partir duquel Freud est passé de la neuropathologie à la psychopathologie. La psychanalyse a considérablement modifié la signification théorique et clinique de l'hystérie, au regard de ce que désignait l'hystérie dans sa version aliéniste, telle que Charcot la fondée. Retourner au texte de Charcot c'est retrouver en un sens cette hystérie de l'aliénisme du 19è siècle, avant et à la source de sa future conceptualisation freudienne, en même temps que les racines scientifiques de Freud.

Research paper thumbnail of Cavaillès et le problème du fondement des mathématiques

On se centre sur le contenu de la « thèse principale » de Cavaillès (Méthode axiomatique et forma... more On se centre sur le contenu de la « thèse principale » de Cavaillès (Méthode axiomatique et formalisme) pour décrire la façon dont elle répond au problème du fondement des mathématiques. Ce problème n’a pris son importance « qu’avec la crise de la théorie des ensembles », débouchant au début du XXème siècle sur ce qu’on a pu appeler « la crise des fondements » : la concurrence des modèles de proposition de refondation (logiciste, formaliste et intuitionniste). L’objectif est de situer la position de Cavaillès (« formalisme modifié ») à l’endroit de ces différentes réponses et la philosophie mathématique qui s'en dégage.

Research paper thumbnail of Soin et Folie

"Le soin. Approches contemporaines" offre au lecteur, dans le prolongement du volume "Les classiq... more "Le soin. Approches contemporaines" offre au lecteur, dans le prolongement du volume "Les classiques du soin", une série de textes suivis de leur commentaire par des médecins, philosophes ou spécialistes des sciences sociales, visant à présenter quelques abords actuels des enjeux centraux, théoriques et pratiques du soin aujourd'hui. L'affirmation essentielle qui traverse ces recueils, et au-delà, la collection qui l'accueille, consiste à penser et situer le soin comme « une question technique et pratique » face à la souffrance, en même temps qu'« une dimension constitutive de la vie humaine, individuelle et collective ».

Research paper thumbnail of Hérédité et dégénérescence dans la psychiatrie française du XIXème siècle

C’est de ce moment morélien de la psychiatrie française, dont M. Foucault a fait grand cas, où la... more C’est de ce moment morélien de la psychiatrie française, dont M. Foucault a fait grand cas, où la folie se voit nouvellement saisie à partir des notions d’hérédité et de dégénérescence, dont l’ouvrage de l’historien J-C. Coffin, "La transmission de la folie", est l’étude approfondie et détaillée. Si l’auteur choisit de borner ce moment entre 1850 et 1914, c’est qu’il s’attache d’un côté, à rendre compte des conceptions moréliennes proprement dite, en exposant le contenu des deux "Traités" de 1857 et 1860, leur contexte d’apparition, leur singularité scientifique, ainsi que les débats que leur réception suscita au sein de la Société Médico-Psychologique ; pour étudier dans un second temps leur reprise par V. Magnan (1835-1916) à partir de la fin des années 1870, suivant de la même façon, le fil de ses cours et publications, leur spécificité et la progression de leurs réceptions au sein de la communauté aliéniste jusqu’au début du XXème siècle.

Research paper thumbnail of A propos des cultures médicales dans l’Europe de la première modernité (Espagne-Italie)

Dans un récent numéro de la revue "Histoire, médecine et santé" parait un dossier dirigé par Elis... more Dans un récent numéro de la revue "Histoire, médecine et santé" parait un dossier dirigé par Elisa Andretta et Rafael Mandressi, intitulé « Médecine et médecins dans l'économie des savoirs ». Les auteurs souhaitent ouvrir et proposer un nouveau programme de recherche qui aurait pour tâche de réévaluer la place de la médecine et des médecins dans la culture savante européenne et occidentale de la première modernité (XVIème-XVIIème siècles). L'enjeu étant en multipliant les études sur ce terrain, de renouveler la compréhension de « l'économie des savoirs » à l'époque moderne.

Research paper thumbnail of Canguilhem et les psychologies. Sens, valeur et problèmes (1929-1940) - Mémoire Master 2 (2018)

Juxtaposant Canguilhem et la psychologie, on pense immédiatement à la fameuse conférence de 1956 ... more Juxtaposant Canguilhem et la psychologie, on pense immédiatement à la fameuse conférence de 1956 « Qu'est-ce que la psychologie ? », rendue célèbre par une réception qui, dans le contexte intellectuel et politique des années 1960 en France, en retiendra d'abord sa virulence critique. Cette réception qui s'est poursuivie jusqu'aux années 2000 a pris le nom de « critique canguilhemienne de la psychologie ». Ces travaux ont voulu montrer l'enracinement de cette critique dans « les écrits de jeunesse » de Canguilhem. On la trouverait, sous l'influence de la critique alanienne des pouvoirs et de la « soumission aux faits », à son état éthique et politique dénudé. La reprise de cette critique dans la forme et le style discursif de l'histoire et de la philosophie des sciences, à l'époque de la « maturité », n'en serait qu'un second habit de métier. Nous montrons que cette analyse rétrospective de la conférence de 1956 qui se fonde sur la lecture de quelques courts textes parus dans les Libres Propos en 1929 et 1930, exige d'être revue et augmentée à la lumière d'une plongée archéologique dans le millier de pages inédit que Canguilhem a consacré de 1929 à 1940, dans le cadre de son métier d'enseignant en classe de philosophie, à la reformulation des problèmes psychologiques fondamentaux et à l'évaluation de leur histoire philosophique et scientifique. Après un large aperçu de l'ensemble des cours de psychologie de Canguilhem dont on tente de montrer l'évolution des choix d'accents problématiques, on centre notre commentaire sur la place de la psychologie dans le Traité de logique (1939) et sur le premier chapitre du Traité de psychologie (1940) intitulé de façon significative « Qu'est-ce que la psychologie ? ». On ne peut plus dire à partir de là, qu'il n'y aurait pour Canguilhem au sein de ce champ problématique et disciplinaire, « rien à sauver ». Canguilhem est davantage qu'un général et unitaire « critique de la psychologie », un philosophe qui reformule pour son propre compte le problème de l'esprit, pour l'inscrire dans tout projet épistémologique et prendre parti au sein de l'histoire des disciplines psychologiques. Nous montrons ainsi qu'au fil des années 1929-1940, Canguilhem se montre fidèle aux psychologies intellectualiste et réflexive de Lachelier et Lagneau mais aussi, lecteur attentif de Freud, Bergson et Maine de Biran. La « critique canguilhemienne de la psychologie » pour être utile au moment présent doit être resituée à la place morale et philosophique qui lui convient au sein de ce vaste paysage historique et problématique. Se tourner vers l'étude de ses cours du second degré, son Traité de logique et son Traité de psychologie, participe de cet éclaircissement.

Research paper thumbnail of Freud après Canguilhem. Le problème de la continuité du normal et du pathologique - Mémoire Master 2 (2017)