Aurélien de Travy | Université Paris II - Panthéon-Assas (original) (raw)
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Book Reviews by Aurélien de Travy
Droit & Philosophie, 2018
Papers by Aurélien de Travy
Droit & Philosophie, 2021
We seek to explain the origin and trajectory of originalism in American legal thought today. Ori... more We seek to explain the origin and trajectory of originalism in American legal thought today. Originalism, we argue, is a modern entry in a very old debate between two different approaches to law. One understands law as a project; the other, as a system. Together, these are the master narratives of law. We begin with the most famous jurisprudential debate of mid-century: the Hart-Fuller debate. Hart places himself at the end of a jurisprudential line of development that models law as a project guided by utilitarian standards. Fuller responds by arguing for an internal morality of law – an immanent order of system. From Hart-Fuller, we move on to Ronald Dworkin. The power of Dworkin’s position, we argue, lies in his synthesis of project and system. He defends a systemic idea of legality – the law is “working itself pure” -- linked to a project idea of legitimacy – citizens must understand themselves as the authors of the law. By the end of the century, scholars and judges were uneasy about the possibility of such reconciliation. Originalism is the jurisprudence of project arising in response to the post-war success of a jurisprudence of system. Several signs suggest, however, that originalism’s triumph is only a moment in the contest over the fundamental nature of legal order.
Droit & Philosophie, 2021
Aux États-Unis, les écoles de droit ont largement épousé le point de vue des sciences sociales. L... more Aux États-Unis, les écoles de droit ont largement épousé le point de vue des sciences sociales. Les étudiants y sont formés aux méthodes d'analyse quantitative. Ces préoccupations méthodologiques posent toutefois un problème particulier aux juristes travaillant dans la tradition des humanités. Pour ces chercheurs, dont l'auteur fait partie, le droit est une pratique interprétative. Interpréter est une affaire de persuasion, et non pas de démonstration. Cette persuasion ne répond à aucune méthode. L'argumentation juridique ne relève d’aucune méthode, car aussi longtemps que nous ne sommes pas confrontés les uns aux autres, nous ne pouvons identifier ce qui emportera notre conviction. Il n'existe, en effet, aucune méthode permettant de déterminer ce qui constitue une analogie convaincante, alors que l'argumentation juridique repose essentiellement sur l'analogie. Le droit n’existe pas dans l’abstrait, mais seulement comme une pratique juridique d’argumentation et de décision. Le passage de l’argumentation à la décision ne s’appuie pas sur une méthode : une fois persuadés, nous constatons que notre décision est prise. Nous ne serons pas convaincus par un argument ne respectant pas des normes d’honnêteté, de respect et d’empathie. Ces normes constituent un ethos, mais pas une méthode. Elles caractérisent l’ethos d’une communauté de sujets libres. Le conflit de méthodes entre le spécialiste des sciences sociales et le chercheur en humanités touche par conséquent à la question primordiale de tout ordre politique : comment vivre librement dans un État de droit.
JP Blog, le blog de Juspoliticum, 2021
Au-delà de l'élection présidentielle, ce mois de novembre a été l'occasion de nombreux scrutins t... more Au-delà de l'élection présidentielle, ce mois de novembre a été l'occasion de nombreux scrutins tant fédéraux qu'étatiques, instructifs à plusieurs titres. Les résultats de ces élections inclinent à rester prudent sur la question d'une centralisation récente de la politique partisane américaine, centralisation dont les politistes font état depuis plusieurs décennies déjà. À partir du cas des démocrates, nous voudrions suggérer que ces résultats offrent au contraire une occasion de revenir sur l'actualité de la décentralisation historique des partis américains.
JP Blog, le blog de Juspoliticum, 2021
Les nombreuses péripéties de cette dernière élection présidentielle américaine semblent être arri... more Les nombreuses péripéties de cette dernière élection présidentielle américaine semblent être arrivées à leur terme. Ces récents événements attestent de l'intérêt périodique dont bénéficie l'institution singulière du collège électoral. Ils témoignent aussi de l'attention que le public peut parfois manifester pour le fonctionnement proprement institutionnel du pouvoir, en l'espèce, la manière dont des choix électoraux structurels engendrent des dynamiques de diffusion ou de concentration du pouvoir politique. Or, si le collège électoral était une institution clé de la décentralisation du pouvoir établie par la Constitution de 1787, sa portée institutionnelle est aujourd'hui substantiellement différente.
Droit & Philosophie, 2018
Droit & Philosophie, 2021
We seek to explain the origin and trajectory of originalism in American legal thought today. Ori... more We seek to explain the origin and trajectory of originalism in American legal thought today. Originalism, we argue, is a modern entry in a very old debate between two different approaches to law. One understands law as a project; the other, as a system. Together, these are the master narratives of law. We begin with the most famous jurisprudential debate of mid-century: the Hart-Fuller debate. Hart places himself at the end of a jurisprudential line of development that models law as a project guided by utilitarian standards. Fuller responds by arguing for an internal morality of law – an immanent order of system. From Hart-Fuller, we move on to Ronald Dworkin. The power of Dworkin’s position, we argue, lies in his synthesis of project and system. He defends a systemic idea of legality – the law is “working itself pure” -- linked to a project idea of legitimacy – citizens must understand themselves as the authors of the law. By the end of the century, scholars and judges were uneasy about the possibility of such reconciliation. Originalism is the jurisprudence of project arising in response to the post-war success of a jurisprudence of system. Several signs suggest, however, that originalism’s triumph is only a moment in the contest over the fundamental nature of legal order.
Droit & Philosophie, 2021
Aux États-Unis, les écoles de droit ont largement épousé le point de vue des sciences sociales. L... more Aux États-Unis, les écoles de droit ont largement épousé le point de vue des sciences sociales. Les étudiants y sont formés aux méthodes d'analyse quantitative. Ces préoccupations méthodologiques posent toutefois un problème particulier aux juristes travaillant dans la tradition des humanités. Pour ces chercheurs, dont l'auteur fait partie, le droit est une pratique interprétative. Interpréter est une affaire de persuasion, et non pas de démonstration. Cette persuasion ne répond à aucune méthode. L'argumentation juridique ne relève d’aucune méthode, car aussi longtemps que nous ne sommes pas confrontés les uns aux autres, nous ne pouvons identifier ce qui emportera notre conviction. Il n'existe, en effet, aucune méthode permettant de déterminer ce qui constitue une analogie convaincante, alors que l'argumentation juridique repose essentiellement sur l'analogie. Le droit n’existe pas dans l’abstrait, mais seulement comme une pratique juridique d’argumentation et de décision. Le passage de l’argumentation à la décision ne s’appuie pas sur une méthode : une fois persuadés, nous constatons que notre décision est prise. Nous ne serons pas convaincus par un argument ne respectant pas des normes d’honnêteté, de respect et d’empathie. Ces normes constituent un ethos, mais pas une méthode. Elles caractérisent l’ethos d’une communauté de sujets libres. Le conflit de méthodes entre le spécialiste des sciences sociales et le chercheur en humanités touche par conséquent à la question primordiale de tout ordre politique : comment vivre librement dans un État de droit.
JP Blog, le blog de Juspoliticum, 2021
Au-delà de l'élection présidentielle, ce mois de novembre a été l'occasion de nombreux scrutins t... more Au-delà de l'élection présidentielle, ce mois de novembre a été l'occasion de nombreux scrutins tant fédéraux qu'étatiques, instructifs à plusieurs titres. Les résultats de ces élections inclinent à rester prudent sur la question d'une centralisation récente de la politique partisane américaine, centralisation dont les politistes font état depuis plusieurs décennies déjà. À partir du cas des démocrates, nous voudrions suggérer que ces résultats offrent au contraire une occasion de revenir sur l'actualité de la décentralisation historique des partis américains.
JP Blog, le blog de Juspoliticum, 2021
Les nombreuses péripéties de cette dernière élection présidentielle américaine semblent être arri... more Les nombreuses péripéties de cette dernière élection présidentielle américaine semblent être arrivées à leur terme. Ces récents événements attestent de l'intérêt périodique dont bénéficie l'institution singulière du collège électoral. Ils témoignent aussi de l'attention que le public peut parfois manifester pour le fonctionnement proprement institutionnel du pouvoir, en l'espèce, la manière dont des choix électoraux structurels engendrent des dynamiques de diffusion ou de concentration du pouvoir politique. Or, si le collège électoral était une institution clé de la décentralisation du pouvoir établie par la Constitution de 1787, sa portée institutionnelle est aujourd'hui substantiellement différente.