Virginie Gautier N'Dah-Sékou | Université Paris-Est Créteil (original) (raw)
Ouvrages / Libros by Virginie Gautier N'Dah-Sékou
Presses Universitaires de Rennes, 2019
La résistance armée au franquisme des années 1940-1950 reste un événement méconnu en Espagne et a... more La résistance armée au franquisme des années 1940-1950 reste un événement méconnu en Espagne et a fortiori à l'étranger. Ce mouvement de guérilla qui a mobilisé des milliers d'hommes et de femmes sur tout le territoire espagnol s'inscrit pleinement dans les mouvements européens de résistance antifasciste ; mais l'échec de la résistance armée, la propagande franquiste et les politiques mémorielles de la Transition démocratique ont empêché toute lecture apaisée de cet épisode historique.
À travers une approche originale basée sur la dimension spatiale de l'événement et de sa mémoire, cet ouvrage propose une réflexion sur les « lieux de mémoire » d'une résistance presqu'oubliée, sur leurs réinvestissements successifs et sur les significations attribuées à ces lieux, au point d'en faire des enjeux éthiques et politiques. Une approche diachronique de l'inscription de la mémoire dans l'espace permettra de mettre en lumière l'évolution des représentations de la guérilla, entre deuil familial, hommage politique, commémoration et patrimonialisation. Le présent ouvrage contribuera ainsi à éclairer les débats espagnols liés aux représentations des événements du XXe siècle et l'absence d'une mémoire collective apaisée.
Articles / Artículos by Virginie Gautier N'Dah-Sékou
in Zoraida Carandell, Julio Pérez Serrano, Mercé Pujol et Allison Taillot, La construccion de la democracia en España (1868-2014). Espacios, representaciones, agentes y proyectos, Presses Universitaires de Paris-Nanterre, 2019, 2019
Au cours du XXe siècle, l'idée d'Europe est étroitement liée en Espagne à celle de démocratie, et... more Au cours du XXe siècle, l'idée d'Europe est étroitement liée en Espagne à celle de démocratie, et l'adhésion de l'Espagne à la CEE en 1986 est célébrée comme le couronnement des efforts d'intégration du pays dans la modernité économique et sociale et la « normalité démocratique ». Mais les éléments constitutifs du récit sur l'Europe ont progressivement changé depuis la Transition, au point que le « rêve européen » se trouve aujourd'hui remis en cause en Espagne comme dans de nombreux autres pays du continent. L'Europe peut-elle encore représenter une « solution » politique pour l'Espagne ? Bien avant les années de crise économique et sociale, l'année 2000 représente à cet égard un point d'inflexion : confrontée à la montée de l'extrême-droite, l'Union européenne impose des sanctions à l'Autriche de Haider, tandis que l'Espagne elle-même est secouée par les violences xénophobes de El Ejido ; à la fin de cette même année, la politique européenne est aussi marquée par l'adoption de la Charte des Droits fondamentaux des citoyens européens. Ces événements sont susceptibles d'ouvrir un débat sur l'idéal démocratique européen et sa perception en Espagne.
Si les Espagnols manifestent généralement un faible intérêt pour l'information politique, les pages d'opinion de la presse écrite (éditoriaux, tribunes libres, chroniques, courriers des lecteurs, dessins et caricatures...) configurent un espace public propice au débat d'idées dans lequel les préoccupations face à l'Europe occupent une place particulièrement importante. La presse est à la fois un reflet, une instance critique et un acteur de l'évolution du sentiment européen en Espagne. L'étude de ces espaces d'expression au sein des deux plus grands quotidiens espagnols, El País et ABC, à la ligne éditoriale bien différente, constitue un indicateur précieux sur la démocratie espagnole et sa consolidation au tournant du XXIe siècle.
Cet article propose une analyse de trois documentaires sur la mémoire de la résistance au franqui... more Cet article propose une analyse de trois documentaires sur la mémoire de la résistance au franquisme produits à l'étranger (France et États-Unis) entre 1996 et 2010, à travers le prisme de « l'hantologie » de Jacques Derrida mais également des réflexions de Paul Ricoeur sur la « hantise ». À travers ces films, la figure du spectre permet d'interroger le rapport au passé et à la mémoire, et la question de l'héritage de l'antifranquisme au-delà des frontières de l'Espagne. Abstract : This article proposes an analysis of three documentaries concerning the memory of the resistance to Francoism,
La memoria cinematográfica de la guerrilla antifranquista, Feb 2017
Resumen : En este artículo, propongo una reflexión sobre la representación de la guerrilla antifr... more Resumen : En este artículo, propongo una reflexión sobre la representación de la guerrilla antifranquista en documentales recientes producidos tanto en España como en el extranjero : Muerte en El Valle (1996), La guerrilla de la memoria (2002), Siempre será la Pastora (2004) y La isla de Chelo (2008). Apoyo mi análisis en las teorías bajtinianas para mostrar cómo los cronotopos permiten a conceptos más abstractos como memoria, identidad o imaginario colectivo plasmarse en películas y entablar un diálogo con mitos y prejuicios heredados del franquismo y de la Transición.
Palabras claves : guerrilla, memoria, cine documental, cronotopo
Español La resistencia armada contra el franquismo, que tuvo lugar en gran parte del territorio e... more Español
La resistencia armada contra el franquismo, que tuvo lugar en gran parte del territorio español desde finales de la Guerra Civil hasta mediados de los años 50, es un acontecimiento poco conocido que no dejó casi ninguna huella en el espacio físico, por su clandestinidad y por la violencia de la represión franquista. En Cantabria, las únicas « huellas » son los lugares de inhumación de los guerrilleros (fosas comunes o tumbas individuales), objetos de un homenaje discreto y luego más afirmado con la llegada de la democracia y la vuelta del exilio de los supervivientes. Estos últimos años están apareciendo nuevas « marcas » de memoria, que se caracterizan por la voluntad de hacer de la resistencia armada una herencia común, y se manifiestan en museos locales temáticos. Este artículo se propone examinar las distintas modalidades de esta « memorialización » de la resistencia armada, entre luto familiar, conmemoración política y patrimonialización.
English
The armed resistance against Franco’s regime, that developed in a large part of Spain’s territory after the Civil War, from 1936 to 1952, is an event all the more ignored as it has left hardly any traces in the physical space, due to its clandestine character and the violent repression by the government. In Cantabria, the only « traces » are the burial places of the guerillas –mass graves or individual tombs–, objects of tributes, at first under cover, then more overtly since the democracy emerged and the survivors returned from exile. In the last ten years, we can see new ways of marking spaces, characterized by trying to turn the memory of the armed resistance into a common heritage, and the obvious aim to create local museums dedicated to that memory. This paper aims at examining the different forms of enhancing the traces of the resistance, from family mourning to political tribute, commemoration and heritage process.
Français
La résistance armée contre le franquisme, qui s’est déroulée sur une grande partie du territoire espagnol de la fin de la Guerre Civile au milieu des années 1950, est un événement d’autant plus méconnu qu’il n’a laissé quasiment aucune trace dans l’espace physique, en raison de son caractère clandestin et de sa répression par le régime.
En Cantabrie, les seules « traces » sont les lieux d’inhumation des guérilleros (fosses communes ou tombes individuelles), objets d’un hommage d’abord discret, puis plus affirmé avec l’arrivée de la démocratie et le retour d’exil des survivants. Ces dernières années, on assiste à de nouvelles formes de marquage de l’espace, caractérisées par la volonté de faire de la mémoire de la résistance armée un héritage commun, qui se manifestent par l’apparition de musées locaux dédiés à la question. Cet article se propose d’examiner les différentes modalités de cette « mise en mémoire » de la résistance, entre deuil familial, commémoration politique et patrimonialisation.
Revue d'Histoire de l'Université de Sherbrooke (Canada), Jan 2014
La résistance armée contre le franquisme, particulièrement intense dans le «Levant», reste un évé... more La résistance armée contre le franquisme, particulièrement intense dans le «Levant», reste un événement méconnu de l’histoire de l’Espagne et dont plusieurs collectifs revendiquent l’héritage selon des perspectives distinctes et parfois antagoniques. Une étude des processus de marquage et de valorisation des rares traces de la résistance permettra de mettre en lumière l’évolution récente des représentations de cet événement, tantôt figé dans un passé révolu, tantôt conjugué au présent dans un souci de transmission idéologique.
Jesús Alonso Carballés et Amy Wells (dir.), Traces, Empreintes, Monuments, quels lieux pour quelles mémoires ? - De 1989 à nos jours, Presses Universitaires de Limoges, 2014, p.309-320
in Éric Fisbach, Roselyne Mogin-Martin et Christophe Dumas (dir.), Après la dictature : la société civile comme vecteur mémoriel, actes du colloque organisé à l'Université d'Angers en décembre 2010, Presses Universitaires de Rennes, 2012, pp.49-58.
in Nicole Fourtané et Michèle Guiraud (eds.), Les réélaborations de la mémoire dans le monde lusohispanophone, Presses Universitaires de Nancy, 2009, pp.329-339.
Dans l'un de ses articles 1 , l'hispaniste Jacques Soubeyroux s'interrogeait sur les causes du fa... more Dans l'un de ses articles 1 , l'hispaniste Jacques Soubeyroux s'interrogeait sur les causes du faible intérêt accordé par la critique littéraire à l'analyse de l'espace, catégorie romanesque effectivement peu abordée dans la réflexion sur la mémoire et cependant fondamentale, car la représentation des lieux est le carrefour où se conjuguent l'imaginaire singulier de l'auteur (entre autres choses ses souvenirs personnels) et le contexte culturel qui pèse sur toute création, et en particulier la mémoire collective d'autant plus déterminante lorsqu'il s'agit d'évoquer un fait historique tel que les mouvements de guérilla contre le franquisme. Cette représentation de l'espace, non content de révéler cette double dimension de la mémoire, joue un rôle prépondérant dans la réception cognitive et affective de l'oeuvre et dans la (re)construction d'une mémoire collective, voire individuelle. On s'interrogera donc sur l'utilisation de la mémoire des lieux dans le roman espagnol contemporain sur la guérilla, mais aussi sur le rôle de la représentation de l'espace dans la transmission et la réélaboration de la mémoire de la résistance au franquisme, à travers l'étude de quelques romans.
Carola Hähnel-Mesnard, Marie Liénard-Yeterian, Cristina Marinas (dir.), Culture et mémoire. Représentations contemporaines de la mémoire dans les espaces mémoriels, les arts visuels, la littérature et le théâtre, Palaiseau, Éditions de l'École Polytechnique, 2008, pp.203-212.
La guérilla antifranquiste, également appelée « maquis », est longtemps restée un sujet tabou en ... more La guérilla antifranquiste, également appelée « maquis », est longtemps restée un sujet tabou en Espagne ; pourtant cette résistance menée de la fin de la Guerre civile (1939) au début des années 50 contre le régime de Franco aurait causé la mort de plusieurs milliers de personnes, sans compter les traumatismes subis par les populations victimes de la répression. Le silence imposé par le franquisme sur ce phénomène relevait de la pure logique politique, puisqu'il convenait de passer sous silence toute remise en cause de la « Paix » imposée par les vainqueurs de la Guerre civile. Mais après la mort de Franco en 1975, les premières années de la Transition démocratique allaient voir perdurer cet « oubli » historique au nom de la réconciliation nationale, car il ne faisait pas bon alors réveiller les vieux démons révolutionnaires de l'Histoire… C'est seulement dans les années 80 et surtout 90 que se produit un renouveau des études sur la guérilla : des historiens mais aussi des intellectuels (romanciers et cinéastes) choisissent alors de prendre en charge la mémoire collective du maquis, en particulier à travers la récupération de témoignages directs des acteurs de l'époque. Cet engagement donne lieu à diverses publications d'historiens, ainsi qu'à une série de fictions destinées à ouvrir le sujet à un large public. Cependant les documentaires sur le sujet ne font leur apparition qu'à la fin des années 90, comme si les cinéastes hésitaient à « mettre en images » les réalités de la guérilla et de ses survivants. Fictions ou documentaires, ces films nous renseignent davantage sur le moment de leur écriture que sur le temps qu'elles cherchent à représenter : on partira en effet du postulat selon lequel toute oeuvre intègre de façon plus ou moins consciente les positionnements d'une culture déterminée, c'est-à-dire qu'elle comporte divers aspects d'ordre social, politique ou idéologique, et reflète la culture de son époque. A travers l'étude des représentations collectives et individuelles de la guérilla dans les films des années 50 à nos jours, nous pourrons donc mettre à jour l'évolution de la mémoire de ce conflit, mais également apprécier le rôle que peuvent jouer la fiction et le documentaire cinématographiques dans la (re)construction de la mémoire collective du franquisme, enjeu crucial pour la consolidation de la démocratie espagnole.
Conférences et communications / Ponencias by Virginie Gautier N'Dah-Sékou
Journée « Le cinéma en classe d'espagnol – autour du film Diecisiete de Daniel Sánchez Arévalo »,... more Journée « Le cinéma en classe d'espagnol – autour du film Diecisiete de Daniel Sánchez Arévalo », organi-sée par l'Université de Nantes (CRINI) et le Rectorat de Nantes, à destination des professeurs d'espagnol et étudiants de Master MEEF
Le film "Selfie" (Víctor García León, 2017) constitue selon son réalisateur une "allégorie subnor... more Le film "Selfie" (Víctor García León, 2017) constitue selon son réalisateur une "allégorie subnormale" de l'Espagne des années 2015-2016.
(Présentation destinée à des professeurs d'espagnol et à des étudiants MEEF, dans le cadre du Festival de Cinéma Espagnol de Nantes)
Cette conférence prend comme point de départ le film "El Olivo" (Iciar Bollaín, 2016), pour expos... more Cette conférence prend comme point de départ le film "El Olivo" (Iciar Bollaín, 2016), pour exposer les causes et les effets de la crise économique, sociale et politique qui secoue l'Espagne depuis 2008.
(Présentation destinée à des professeurs d'espagnol et à des étudiants MEEF, dans le cadre du Festival de Cinéma Espagnol de Nantes)
Contributeur de El País depuis 1981, collaborateur régulier de La Vanguardia, le philosophe et c... more Contributeur de El País depuis 1981, collaborateur régulier de La Vanguardia, le philosophe et critique d’art Xavier Rubert de Ventos (qui fut également député aux Cortes et au Parlement européen) compte parmi ses thèmes de prédilection la question des identités de l’Espagne, de la Catalogne et de l’Europe. A travers l’analyse de textes d’opinion dont il est l’auteur, mais également des articles dont il fait l’objet, nous tenterons de comprendre la trajectoire d’un intellectuel de la Transition au début du XXIe siècle, sa place dans cet espace public que représente la presse écrite de référence, et son rôle dans la construction de nouvelles identités politiques et représentations nationales en Espagne.
Le film de David Trueba Vivir es facil con los ojos cerrados (2013), qui a remporté un vif succes... more Le film de David Trueba Vivir es facil con los ojos cerrados (2013), qui a remporté un vif succes lors de l'édition 2014 des Goya, a été salué par les critiques comme une représentation tendre et nostalgique de l'Espagne des années 60. Mais au-dela de la vision sentimentale du passé perceptible dans la musique et le gout du détail pittoresque, la nostalgie qui impregne le film s'articule avec la mémoire intime du spectateur et avec les discours antagonistes que suscite la période franquiste, pour proposer un regard apaisé sur une période sombre, éclairer le présent, et ouvrir la voie de l'utopie.
Matérialisation des idées et projets humains, mais aussi des mutations sociales et politiques, l... more Matérialisation des idées et projets humains, mais aussi des mutations sociales et politiques, la ville est un espace sémiotique susceptible d'être lu et interprété, un réseau complexe de signes qui s'entrecroisent et se superposent au gré des situations historiques. La ville possède sa propre mémoire, organisée en « strates » successives, parfois invisibles au premier abord. Dans une Espagne où les « guerres de mémoires » n'ont rien perdu de leur intensité, subsistent des traces du passé récent (Guerre civile et dictature en particulier) que des artistes contemporains cherchent à rendre visibles et à mettre en scène, tout en redonnant aux espaces urbains des significations perdues ou occultées. C'est le cas du jeune artiste madrilène Miguel Ángel Rego Robles, qui depuis 2011 interroge la question des traces et la persistance de la mémoire collective dans l'espace public de sa ville, au travers des vides, des absences et du déni, et en s'appuyant sur cette « doublure de l'espace » générée par les technologies numériques. À partir de ses œuvres, nous tenterons de comprendre comment le visible et l'invisible s'articulent dans la mémoire et dans la construction de l'identité de la capitale espagnole.
Peu de temps après la mort du dictateur sont produits deux documentaires sur la résistance libert... more Peu de temps après la mort du dictateur sont produits deux documentaires sur la résistance libertaire contre le franquisme : Guerrilleros. Trece testimonios de la guerrilla antifranquista (80 min, 1978) et Quico Sabaté (27 min, 1980), tous deux réalisés par le collectif libertaire « Penta » qui compte parmi ses membres Bartomeu Vila et Mercè Conesa. Diffusés dans des salles de cinéma alternatifs, ces documentaires n'ont bénéficié que d'une faible audience ; ils constituent toutefois les éléments probants de la « récupération » d'une mémoire condamnée au silence sous le franquisme et sous la Transition, et de la construction d'un récit collectif sur la résistance libertaire, un récit divergent du discours et des représentations portées à la même époque par la mémoire communiste de ce conflit sans nom et sans images. Une attention particulière sera portée aux modalités de la narration filmique : l'utilisation du témoignage, d'archives sonores et filmées, et les reconstitutions de faits.
Presses Universitaires de Rennes, 2019
La résistance armée au franquisme des années 1940-1950 reste un événement méconnu en Espagne et a... more La résistance armée au franquisme des années 1940-1950 reste un événement méconnu en Espagne et a fortiori à l'étranger. Ce mouvement de guérilla qui a mobilisé des milliers d'hommes et de femmes sur tout le territoire espagnol s'inscrit pleinement dans les mouvements européens de résistance antifasciste ; mais l'échec de la résistance armée, la propagande franquiste et les politiques mémorielles de la Transition démocratique ont empêché toute lecture apaisée de cet épisode historique.
À travers une approche originale basée sur la dimension spatiale de l'événement et de sa mémoire, cet ouvrage propose une réflexion sur les « lieux de mémoire » d'une résistance presqu'oubliée, sur leurs réinvestissements successifs et sur les significations attribuées à ces lieux, au point d'en faire des enjeux éthiques et politiques. Une approche diachronique de l'inscription de la mémoire dans l'espace permettra de mettre en lumière l'évolution des représentations de la guérilla, entre deuil familial, hommage politique, commémoration et patrimonialisation. Le présent ouvrage contribuera ainsi à éclairer les débats espagnols liés aux représentations des événements du XXe siècle et l'absence d'une mémoire collective apaisée.
in Zoraida Carandell, Julio Pérez Serrano, Mercé Pujol et Allison Taillot, La construccion de la democracia en España (1868-2014). Espacios, representaciones, agentes y proyectos, Presses Universitaires de Paris-Nanterre, 2019, 2019
Au cours du XXe siècle, l'idée d'Europe est étroitement liée en Espagne à celle de démocratie, et... more Au cours du XXe siècle, l'idée d'Europe est étroitement liée en Espagne à celle de démocratie, et l'adhésion de l'Espagne à la CEE en 1986 est célébrée comme le couronnement des efforts d'intégration du pays dans la modernité économique et sociale et la « normalité démocratique ». Mais les éléments constitutifs du récit sur l'Europe ont progressivement changé depuis la Transition, au point que le « rêve européen » se trouve aujourd'hui remis en cause en Espagne comme dans de nombreux autres pays du continent. L'Europe peut-elle encore représenter une « solution » politique pour l'Espagne ? Bien avant les années de crise économique et sociale, l'année 2000 représente à cet égard un point d'inflexion : confrontée à la montée de l'extrême-droite, l'Union européenne impose des sanctions à l'Autriche de Haider, tandis que l'Espagne elle-même est secouée par les violences xénophobes de El Ejido ; à la fin de cette même année, la politique européenne est aussi marquée par l'adoption de la Charte des Droits fondamentaux des citoyens européens. Ces événements sont susceptibles d'ouvrir un débat sur l'idéal démocratique européen et sa perception en Espagne.
Si les Espagnols manifestent généralement un faible intérêt pour l'information politique, les pages d'opinion de la presse écrite (éditoriaux, tribunes libres, chroniques, courriers des lecteurs, dessins et caricatures...) configurent un espace public propice au débat d'idées dans lequel les préoccupations face à l'Europe occupent une place particulièrement importante. La presse est à la fois un reflet, une instance critique et un acteur de l'évolution du sentiment européen en Espagne. L'étude de ces espaces d'expression au sein des deux plus grands quotidiens espagnols, El País et ABC, à la ligne éditoriale bien différente, constitue un indicateur précieux sur la démocratie espagnole et sa consolidation au tournant du XXIe siècle.
Cet article propose une analyse de trois documentaires sur la mémoire de la résistance au franqui... more Cet article propose une analyse de trois documentaires sur la mémoire de la résistance au franquisme produits à l'étranger (France et États-Unis) entre 1996 et 2010, à travers le prisme de « l'hantologie » de Jacques Derrida mais également des réflexions de Paul Ricoeur sur la « hantise ». À travers ces films, la figure du spectre permet d'interroger le rapport au passé et à la mémoire, et la question de l'héritage de l'antifranquisme au-delà des frontières de l'Espagne. Abstract : This article proposes an analysis of three documentaries concerning the memory of the resistance to Francoism,
La memoria cinematográfica de la guerrilla antifranquista, Feb 2017
Resumen : En este artículo, propongo una reflexión sobre la representación de la guerrilla antifr... more Resumen : En este artículo, propongo una reflexión sobre la representación de la guerrilla antifranquista en documentales recientes producidos tanto en España como en el extranjero : Muerte en El Valle (1996), La guerrilla de la memoria (2002), Siempre será la Pastora (2004) y La isla de Chelo (2008). Apoyo mi análisis en las teorías bajtinianas para mostrar cómo los cronotopos permiten a conceptos más abstractos como memoria, identidad o imaginario colectivo plasmarse en películas y entablar un diálogo con mitos y prejuicios heredados del franquismo y de la Transición.
Palabras claves : guerrilla, memoria, cine documental, cronotopo
Español La resistencia armada contra el franquismo, que tuvo lugar en gran parte del territorio e... more Español
La resistencia armada contra el franquismo, que tuvo lugar en gran parte del territorio español desde finales de la Guerra Civil hasta mediados de los años 50, es un acontecimiento poco conocido que no dejó casi ninguna huella en el espacio físico, por su clandestinidad y por la violencia de la represión franquista. En Cantabria, las únicas « huellas » son los lugares de inhumación de los guerrilleros (fosas comunes o tumbas individuales), objetos de un homenaje discreto y luego más afirmado con la llegada de la democracia y la vuelta del exilio de los supervivientes. Estos últimos años están apareciendo nuevas « marcas » de memoria, que se caracterizan por la voluntad de hacer de la resistencia armada una herencia común, y se manifiestan en museos locales temáticos. Este artículo se propone examinar las distintas modalidades de esta « memorialización » de la resistencia armada, entre luto familiar, conmemoración política y patrimonialización.
English
The armed resistance against Franco’s regime, that developed in a large part of Spain’s territory after the Civil War, from 1936 to 1952, is an event all the more ignored as it has left hardly any traces in the physical space, due to its clandestine character and the violent repression by the government. In Cantabria, the only « traces » are the burial places of the guerillas –mass graves or individual tombs–, objects of tributes, at first under cover, then more overtly since the democracy emerged and the survivors returned from exile. In the last ten years, we can see new ways of marking spaces, characterized by trying to turn the memory of the armed resistance into a common heritage, and the obvious aim to create local museums dedicated to that memory. This paper aims at examining the different forms of enhancing the traces of the resistance, from family mourning to political tribute, commemoration and heritage process.
Français
La résistance armée contre le franquisme, qui s’est déroulée sur une grande partie du territoire espagnol de la fin de la Guerre Civile au milieu des années 1950, est un événement d’autant plus méconnu qu’il n’a laissé quasiment aucune trace dans l’espace physique, en raison de son caractère clandestin et de sa répression par le régime.
En Cantabrie, les seules « traces » sont les lieux d’inhumation des guérilleros (fosses communes ou tombes individuelles), objets d’un hommage d’abord discret, puis plus affirmé avec l’arrivée de la démocratie et le retour d’exil des survivants. Ces dernières années, on assiste à de nouvelles formes de marquage de l’espace, caractérisées par la volonté de faire de la mémoire de la résistance armée un héritage commun, qui se manifestent par l’apparition de musées locaux dédiés à la question. Cet article se propose d’examiner les différentes modalités de cette « mise en mémoire » de la résistance, entre deuil familial, commémoration politique et patrimonialisation.
Revue d'Histoire de l'Université de Sherbrooke (Canada), Jan 2014
La résistance armée contre le franquisme, particulièrement intense dans le «Levant», reste un évé... more La résistance armée contre le franquisme, particulièrement intense dans le «Levant», reste un événement méconnu de l’histoire de l’Espagne et dont plusieurs collectifs revendiquent l’héritage selon des perspectives distinctes et parfois antagoniques. Une étude des processus de marquage et de valorisation des rares traces de la résistance permettra de mettre en lumière l’évolution récente des représentations de cet événement, tantôt figé dans un passé révolu, tantôt conjugué au présent dans un souci de transmission idéologique.
Jesús Alonso Carballés et Amy Wells (dir.), Traces, Empreintes, Monuments, quels lieux pour quelles mémoires ? - De 1989 à nos jours, Presses Universitaires de Limoges, 2014, p.309-320
in Éric Fisbach, Roselyne Mogin-Martin et Christophe Dumas (dir.), Après la dictature : la société civile comme vecteur mémoriel, actes du colloque organisé à l'Université d'Angers en décembre 2010, Presses Universitaires de Rennes, 2012, pp.49-58.
in Nicole Fourtané et Michèle Guiraud (eds.), Les réélaborations de la mémoire dans le monde lusohispanophone, Presses Universitaires de Nancy, 2009, pp.329-339.
Dans l'un de ses articles 1 , l'hispaniste Jacques Soubeyroux s'interrogeait sur les causes du fa... more Dans l'un de ses articles 1 , l'hispaniste Jacques Soubeyroux s'interrogeait sur les causes du faible intérêt accordé par la critique littéraire à l'analyse de l'espace, catégorie romanesque effectivement peu abordée dans la réflexion sur la mémoire et cependant fondamentale, car la représentation des lieux est le carrefour où se conjuguent l'imaginaire singulier de l'auteur (entre autres choses ses souvenirs personnels) et le contexte culturel qui pèse sur toute création, et en particulier la mémoire collective d'autant plus déterminante lorsqu'il s'agit d'évoquer un fait historique tel que les mouvements de guérilla contre le franquisme. Cette représentation de l'espace, non content de révéler cette double dimension de la mémoire, joue un rôle prépondérant dans la réception cognitive et affective de l'oeuvre et dans la (re)construction d'une mémoire collective, voire individuelle. On s'interrogera donc sur l'utilisation de la mémoire des lieux dans le roman espagnol contemporain sur la guérilla, mais aussi sur le rôle de la représentation de l'espace dans la transmission et la réélaboration de la mémoire de la résistance au franquisme, à travers l'étude de quelques romans.
Carola Hähnel-Mesnard, Marie Liénard-Yeterian, Cristina Marinas (dir.), Culture et mémoire. Représentations contemporaines de la mémoire dans les espaces mémoriels, les arts visuels, la littérature et le théâtre, Palaiseau, Éditions de l'École Polytechnique, 2008, pp.203-212.
La guérilla antifranquiste, également appelée « maquis », est longtemps restée un sujet tabou en ... more La guérilla antifranquiste, également appelée « maquis », est longtemps restée un sujet tabou en Espagne ; pourtant cette résistance menée de la fin de la Guerre civile (1939) au début des années 50 contre le régime de Franco aurait causé la mort de plusieurs milliers de personnes, sans compter les traumatismes subis par les populations victimes de la répression. Le silence imposé par le franquisme sur ce phénomène relevait de la pure logique politique, puisqu'il convenait de passer sous silence toute remise en cause de la « Paix » imposée par les vainqueurs de la Guerre civile. Mais après la mort de Franco en 1975, les premières années de la Transition démocratique allaient voir perdurer cet « oubli » historique au nom de la réconciliation nationale, car il ne faisait pas bon alors réveiller les vieux démons révolutionnaires de l'Histoire… C'est seulement dans les années 80 et surtout 90 que se produit un renouveau des études sur la guérilla : des historiens mais aussi des intellectuels (romanciers et cinéastes) choisissent alors de prendre en charge la mémoire collective du maquis, en particulier à travers la récupération de témoignages directs des acteurs de l'époque. Cet engagement donne lieu à diverses publications d'historiens, ainsi qu'à une série de fictions destinées à ouvrir le sujet à un large public. Cependant les documentaires sur le sujet ne font leur apparition qu'à la fin des années 90, comme si les cinéastes hésitaient à « mettre en images » les réalités de la guérilla et de ses survivants. Fictions ou documentaires, ces films nous renseignent davantage sur le moment de leur écriture que sur le temps qu'elles cherchent à représenter : on partira en effet du postulat selon lequel toute oeuvre intègre de façon plus ou moins consciente les positionnements d'une culture déterminée, c'est-à-dire qu'elle comporte divers aspects d'ordre social, politique ou idéologique, et reflète la culture de son époque. A travers l'étude des représentations collectives et individuelles de la guérilla dans les films des années 50 à nos jours, nous pourrons donc mettre à jour l'évolution de la mémoire de ce conflit, mais également apprécier le rôle que peuvent jouer la fiction et le documentaire cinématographiques dans la (re)construction de la mémoire collective du franquisme, enjeu crucial pour la consolidation de la démocratie espagnole.
Journée « Le cinéma en classe d'espagnol – autour du film Diecisiete de Daniel Sánchez Arévalo »,... more Journée « Le cinéma en classe d'espagnol – autour du film Diecisiete de Daniel Sánchez Arévalo », organi-sée par l'Université de Nantes (CRINI) et le Rectorat de Nantes, à destination des professeurs d'espagnol et étudiants de Master MEEF
Le film "Selfie" (Víctor García León, 2017) constitue selon son réalisateur une "allégorie subnor... more Le film "Selfie" (Víctor García León, 2017) constitue selon son réalisateur une "allégorie subnormale" de l'Espagne des années 2015-2016.
(Présentation destinée à des professeurs d'espagnol et à des étudiants MEEF, dans le cadre du Festival de Cinéma Espagnol de Nantes)
Cette conférence prend comme point de départ le film "El Olivo" (Iciar Bollaín, 2016), pour expos... more Cette conférence prend comme point de départ le film "El Olivo" (Iciar Bollaín, 2016), pour exposer les causes et les effets de la crise économique, sociale et politique qui secoue l'Espagne depuis 2008.
(Présentation destinée à des professeurs d'espagnol et à des étudiants MEEF, dans le cadre du Festival de Cinéma Espagnol de Nantes)
Contributeur de El País depuis 1981, collaborateur régulier de La Vanguardia, le philosophe et c... more Contributeur de El País depuis 1981, collaborateur régulier de La Vanguardia, le philosophe et critique d’art Xavier Rubert de Ventos (qui fut également député aux Cortes et au Parlement européen) compte parmi ses thèmes de prédilection la question des identités de l’Espagne, de la Catalogne et de l’Europe. A travers l’analyse de textes d’opinion dont il est l’auteur, mais également des articles dont il fait l’objet, nous tenterons de comprendre la trajectoire d’un intellectuel de la Transition au début du XXIe siècle, sa place dans cet espace public que représente la presse écrite de référence, et son rôle dans la construction de nouvelles identités politiques et représentations nationales en Espagne.
Le film de David Trueba Vivir es facil con los ojos cerrados (2013), qui a remporté un vif succes... more Le film de David Trueba Vivir es facil con los ojos cerrados (2013), qui a remporté un vif succes lors de l'édition 2014 des Goya, a été salué par les critiques comme une représentation tendre et nostalgique de l'Espagne des années 60. Mais au-dela de la vision sentimentale du passé perceptible dans la musique et le gout du détail pittoresque, la nostalgie qui impregne le film s'articule avec la mémoire intime du spectateur et avec les discours antagonistes que suscite la période franquiste, pour proposer un regard apaisé sur une période sombre, éclairer le présent, et ouvrir la voie de l'utopie.
Matérialisation des idées et projets humains, mais aussi des mutations sociales et politiques, l... more Matérialisation des idées et projets humains, mais aussi des mutations sociales et politiques, la ville est un espace sémiotique susceptible d'être lu et interprété, un réseau complexe de signes qui s'entrecroisent et se superposent au gré des situations historiques. La ville possède sa propre mémoire, organisée en « strates » successives, parfois invisibles au premier abord. Dans une Espagne où les « guerres de mémoires » n'ont rien perdu de leur intensité, subsistent des traces du passé récent (Guerre civile et dictature en particulier) que des artistes contemporains cherchent à rendre visibles et à mettre en scène, tout en redonnant aux espaces urbains des significations perdues ou occultées. C'est le cas du jeune artiste madrilène Miguel Ángel Rego Robles, qui depuis 2011 interroge la question des traces et la persistance de la mémoire collective dans l'espace public de sa ville, au travers des vides, des absences et du déni, et en s'appuyant sur cette « doublure de l'espace » générée par les technologies numériques. À partir de ses œuvres, nous tenterons de comprendre comment le visible et l'invisible s'articulent dans la mémoire et dans la construction de l'identité de la capitale espagnole.
Peu de temps après la mort du dictateur sont produits deux documentaires sur la résistance libert... more Peu de temps après la mort du dictateur sont produits deux documentaires sur la résistance libertaire contre le franquisme : Guerrilleros. Trece testimonios de la guerrilla antifranquista (80 min, 1978) et Quico Sabaté (27 min, 1980), tous deux réalisés par le collectif libertaire « Penta » qui compte parmi ses membres Bartomeu Vila et Mercè Conesa. Diffusés dans des salles de cinéma alternatifs, ces documentaires n'ont bénéficié que d'une faible audience ; ils constituent toutefois les éléments probants de la « récupération » d'une mémoire condamnée au silence sous le franquisme et sous la Transition, et de la construction d'un récit collectif sur la résistance libertaire, un récit divergent du discours et des représentations portées à la même époque par la mémoire communiste de ce conflit sans nom et sans images. Une attention particulière sera portée aux modalités de la narration filmique : l'utilisation du témoignage, d'archives sonores et filmées, et les reconstitutions de faits.
Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2021
Le livre de Virginie Gautier N’Dah-Sekou comporte trois parties, pour un total de onze chapitres.... more Le livre de Virginie Gautier N’Dah-Sekou comporte trois parties, pour un total de onze chapitres. La premiere partie (« La resistance armee contre le franquisme : acteurs, strategies spatiales, representations »), la plus longue, est composee de cinq chapitres : « Vers une definition de la resistance armee au franquisme : bandits, maquisards ou guerilleros » ; « Etapes de la resistance armee au franquisme » ; « Les acteurs de la lutte armee contre le regime franquiste : huidos, guerilleros et...
Contributeur de El País depuis 1981, collaborateur régulier de La Vanguardia, le philosophe et cr... more Contributeur de El País depuis 1981, collaborateur régulier de La Vanguardia, le philosophe et critique d’art Xavier Rubert de Ventos (qui fut également député aux Cortes et au Parlement européen) compte parmi ses thèmes de prédilection la question des identités de l’Espagne, de la Catalogne et de l’Europe. A travers l’analyse de textes d’opinion dont il est l’auteur, mais également des articles dont il fait l’objet, nous tenterons de comprendre la trajectoire d’un intellectuel de la Transition au début du XXIe siècle, sa place dans cet espace public que représente la presse écrite de référence, et son rôle dans la construction de nouvelles identités politiques et représentations nationales en Espagne.
La memoria cinematográfica de la guerrilla antifranquista, 2017
En este articulo, propongo una reflexion sobre la representacion de la guerrilla antifranquista e... more En este articulo, propongo una reflexion sobre la representacion de la guerrilla antifranquista en documentales recientes producidos tanto en Espana como en el extranjero: "Muerte en El Valle" (1996), "La guerrilla de la memoria" (2002), "Siempre sera la Pastora" (2004) y "La isla de Chelo" (2008). Apoyare mi analisis en las teorias bajtinianas para mostrar como los cronotopos permiten a conceptos mas abstractos como memoria, identidad o imaginario colectivo plasmarse en peliculas y entablar un dialogo con mitos y prejuicios heredados del franquismo y de la Transicion.
La construcción de la democracia en España (1868-2014), 2019
Au cours du XXe siècle, l'idée d'Europe est étroitement liée en Espagne à celle d... more Au cours du XXe siècle, l'idée d'Europe est étroitement liée en Espagne à celle de démocratie, et l'adhésion de l'Espagne à la CEE en 1986 est célébrée comme le couronnement des efforts d'intégration du pays dans la modernité économique et sociale et la « normalité démocratique ». Mais les éléments constitutifs du récit sur l'Europe ont progressivement changé depuis la Transition, au point que le « rêve européen » se trouve aujourd'hui remis en cause en Espagne comme dans de nombreux autres pays du continent. L'Europe peut-elle encore représenter une « solution » politique pour l'Espagne ? Bien avant les années de crise économique et sociale, l'année 2000 représente à cet égard un point d'inflexion : confrontée à la montée de l'extrême-droite, l'Union européenne impose des sanctions à l'Autriche de Haider, tandis que l'Espagne elle-même est secouée par les violences xénophobes de El Ejido ; à la fin de cette même année, la politique européenne est aussi marquée par l'adoption de la Charte des Droits fondamentaux des citoyens européens. Ces événements sont susceptibles d'ouvrir un débat sur l'idéal démocratique européen et sa perception en Espagne. Si les Espagnols manifestent généralement un faible intérêt pour l'information politique, les pages d'opinion de la presse écrite (éditoriaux, tribunes libres, chroniques, courriers des lecteurs, dessins et caricatures...) configurent un espace public propice au débat d'idées dans lequel les préoccupations face à l'Europe occupent une place particulièrement importante. La presse est à la fois un reflet, une instance critique et un acteur de l'évolution du sentiment européen en Espagne. L'étude de ces espaces d'expression au sein des deux plus grands quotidiens espagnols, El País et ABC, à la ligne éditoriale bien différente, constitue un indicateur précieux sur la démocratie espagnole et sa consolidation au tournant du XXIe siècle.