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Research paper thumbnail of Stress de performance et perceptions du recours aux médicaments : ethnographie d’une faculté de musique classique à Montréal

Stress de performance et perceptions du recours aux médicaments : ethnographie d'une faculté de m... more Stress de performance et perceptions du recours aux médicaments : ethnographie d'une faculté de musique classique à Montréal par Cassandre Ville Département d'Anthropologie Faculté des Arts et Sciences Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de maîtrise en anthropologie Août 2017

Research paper thumbnail of L’intériorisation des normes

Anthropologie et Sociétés, 2016

Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revêt plusieu... more Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revêt plusieurs significations. Son absence est une manière de signifier sa féminité, sa beauté, mais aussi de maîtriser l’image de soi que l’on présente aux autres. Cette norme sociale du glabre féminin apparaît comme une contrainte quotidienne que les femmes continuent malgré tout d’accepter. Cette analyse discursive regroupant une quinzaine d’entrevues explore la perception qu’ont les femmes de leur corps, de leur pilosité et de leurs pratiques. L’agentivité des femmes se révèle être limitée. L’image du corps féminin glabre est intériorisée et façonne les jugements de ces femmes. La norme du lisse induit chez elles des comportements d’autosurveillance en imprégnant leurs désirs et leurs émotions. Certaines s’opposent à cette guerre contre les poils des femmes et revendiquent leur droit de choisir en conservant leur pilosité. Si ce geste symbolique conteste le pouvoir des autres sur le choix des un...

Research paper thumbnail of Faire du stress son métier : l’anxiété de performance chez les interprètes de musique classique

Tracés, 2020

Au cours de leur formation, les etudiant-e-s en interpretation de musique classique acquierent un... more Au cours de leur formation, les etudiant-e-s en interpretation de musique classique acquierent une maitrise instrumentale poussee et de solides connaissances theoriques. Ils et elles sont egalement amene-e-s a s’entrainer a se produire sur scene au travers de multiples concerts, recitals et auditions. Nombreux sont celles et ceux qui eprouvent de l’angoisse lors de ces evenements. Les termes trac et stress sont tres repandus pour parler de ces difficultes et la proliferation d’articles et d’ateliers temoigne d’un interet croissant pour ce sujet dans le milieu de la musique classique. Dans cet article, nous proposons de reflechir a la place du stress lie a la performance musicale et a sa gestion par les interpretes. A partir de l’ethnographie d’une faculte de musique classique quebecoise, nous analysons les discours et les pratiques qui participent a la definition mouvante du concept meme de stress. La maniere par laquelle les interpretes expliquent et s’approprient les discours scientifiques sur ce concept revele une conceptualisation du stress comme etant une composante a part entiere de la profession et de fait, inevitable. Defini comme ayant des effets nefastes seulement en l’absence de controle sur soi, le stress correspond finalement a une maniere de decrire le travail emotionnel que les interpretes doivent effectuer. Cette recherche revele en outre la construction d’un etat physique et mental ideal pour monter sur scene, vehiculant des lors une injonction a l’excellence ainsi qu’un discours sur l’art et sur la profession. Cet article contribue a mieux comprendre les effets tant normatifs que prescriptifs que peuvent porter en leur sein les angoisses et les peurs sociales lorsque celles-ci sont mises en mots et font l’objet d’une forme d’institutionnalisation.

Research paper thumbnail of « Prendre un bêta » pour monter sur scène

Cet article presente une analyse du recours aux betabloquants en vue de gerer le stress de la per... more Cet article presente une analyse du recours aux betabloquants en vue de gerer le stress de la performance au sein de la communaute musicienne. Cette analyse repose sur une enquete ethnographique d’une duree de quatre mois, realisee dans une faculte de musique classique quebecoise en 2016. Mobilisant le cadre theorique propose par le concept de « pharmaceuticalisation » (Collin, 2016), l’article decrit la maniere par laquelle les betabloquants sont percus dans le milieu a la fois comme faisant l’objet d’un tabou et d’un rejet affirme par les musicien·ne·s et comme un remede attirant et potentiellement benefique pour les interpretes. Il y est avance que les betabloquants, qu’ils soient ou non consommes, participent a l’elaboration des normes de performances, renforcent l’injonction a l’excellence et soulevent des enjeux identitaires chez les musicien·ne·s.

Research paper thumbnail of Socio anthropologie

Médicament et frontières : adaptation, ambivalence, plasticité j o h a n n e co l l i n Le médica... more Médicament et frontières : adaptation, ambivalence, plasticité j o h a n n e co l l i n Le médicament occupe une place significative dans les sociétés contemporaines, au-delà des finalités thérapeutiques qui lui sont traditionnellement reconnues. D'une part, parce que le concept même de thérapeutique s'est considérablement élargi au cours du dernier siècle pour inclure, très en amont, la prévention-voire la préparation à l'apparition de la maladie-et, en aval, l'extension des limites corporelles-comme en témoigne l'engouement pour la médecine régénérative. D'autre part, parce que les usages qui en sont faits, au-delà et en dehors de l'influence de la médecine, sont de plus en plus nombreux dans toutes les sphères de la vie sociale. Comment saisir, dès lors, l'injonction sociétale à utiliser les médicaments hors du contrôle médical classique ? Et comment interpréter le pouvoir immense du médicament sur nos vies ? Objet d'étude trop souvent réduit à sa dimension instrumentale, technique, présumée neutre ; objet inerte, bien de consommation, « créature » de la toute-puissante industrie pharmaceutique, le médicament peine, en fait, à occuper une place autre que transitoire ou secondaire dans le regard des sciences sociales. Et pourtant, le médicament fait et fait faire. Il fait à travers les effets physiologiques indéniables qu'il a sur les corps. Il fait aussi à travers le potentiel qu'il recèle de transformer notre rapport au monde, nos comportements, nos représentations du corps, de la santé, de la vie en soi. De plus, il fait faire à travers l'immense potentiel qu'il recèle à agir sur la plasticité du social en contribuant à brouiller les frontières entre normal et pathologique, certes, mais également entre naturel et artificiel et entre inclusion et exclusion sociale (Collin, 2016). C'est autour de l'agentivité du médicament et de sa capacité à agir sur les frontières du social que s'articule ce numéro thématique. Appréhender le médicament sous l'angle de son agentivité signifie donc bien davantage que de ne scruter que ses usages. Cela implique aussi de saisir comment la matérialité des corps en conjonction avec celle du médicament sont agis et agissent en retour sur le politique, le social, le culturel.

Research paper thumbnail of Faire du stress son métier : l’anxiété de performance chez les interprètes de musique classique

Pour consulter l'article : https://journals.openedition.org/traces/11272 Au cours de leur for... more Pour consulter l'article : https://journals.openedition.org/traces/11272

Au cours de leur formation, les étudiant-e-s en interprétation de musique classique acquièrent une maîtrise instrumentale poussée et de solides connaissances théoriques. Ils et elles sont également amené-e-s à s’entraîner à se produire sur scène au travers de multiples concerts, récitals et auditions. Nombreux sont celles et ceux qui éprouvent de l’angoisse lors de ces événements. Les termes trac et stress sont très répandus pour parler de ces difficultés et la prolifération d’articles et d’ateliers témoigne d’un intérêt croissant pour ce sujet dans le milieu de la musique classique. Dans cet article, nous proposons de réfléchir à la place du stress lié à la performance musicale et à sa gestion par les interprètes. À partir de l’ethnographie d’une faculté de musique classique québécoise, nous analysons les discours et les pratiques qui participent à la définition mouvante du concept même de stress. La manière par laquelle les interprètes expliquent et s’approprient les discours scientifiques sur ce concept révèle une conceptualisation du stress comme étant une composante à part entière de la profession et de fait, inévitable. Défini comme ayant des effets néfastes seulement en l’absence de contrôle sur soi, le stress correspond finalement à une manière de décrire le travail émotionnel que les interprètes doivent effectuer. Cette recherche révèle en outre la construction d’un état physique et mental idéal pour monter sur scène, véhiculant dès lors une injonction à l’excellence ainsi qu’un discours sur l’art et sur la profession. Cet article contribue à mieux comprendre les effets tant normatifs que prescriptifs que peuvent porter en leur sein les angoisses et les peurs sociales lorsque celles-ci sont mises en mots et font l’objet d’une forme d’institutionnalisation.

Research paper thumbnail of DIRE_ETE_2018_Cassandre Ville_La médicalisation du stress.pdf

Cet article de vulgarisation publié dans la revue DIRE de l'Université de Montréal présente les r... more Cet article de vulgarisation publié dans la revue DIRE de l'Université de Montréal présente les résultats d'une recherche ethnographique menée au sein d'une faculté de musique classique à Montréal. Il expose les perceptions qui entourent le stress lié au fait de monter sur scène et analyse plus précisément le tabou qui entoure le recours hors indication à des médicaments (les bétabloquants) afin de gérer le stress.

Research paper thumbnail of L’intériorisation des normes : une analyse discursive des pratiques dépilatoires des femmes à Montréal (note de recherche)

Résumé : Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revê... more Résumé : Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revêt de nombreuses significations. Son absence est une manière de signifier sa féminité, sa beauté mais aussi de maîtriser l’image de soi que l’on présente aux autres. Cette norme sociale du glabre féminin apparaît comme une contrainte quotidienne que les femmes continuent malgré tout d’effectuer. Cette analyse discursive regroupant une quinzaine d’entrevues explore la perception qu’ont les femmes de leur corps, de leur pilosité et de leurs pratiques. L’agentivité des femmes se révèle être limitée. L’image du corps féminin glabre est intériorisée et façonne les jugements de ces femmes. La norme du lisse induit chez elles des comportements d’auto-surveillance en imprégnant leurs désirs et leurs émotions. Certaines s’opposent à cette guerre contre les poils des femmes et revendiquent leur droit de choisir en conservant leur pilosité. Si ce geste symbolique conteste le pouvoir des autres sur le choix des unes, leurs actions ne sont pas isolées et cette décision politique semble correspondre, elle aussi, à une norme sociale. En revanche, celle-ci est minoritaire et généralement réprimée.

Norm Internalizing: A Discursive Analysis of Women’s Depilatory Practices in Montreal (Research Note)

Abstract : Depilatory practices are mundane for the substantial majority of women. Hair has a strong symbolical value and manifold signification. Its absence is a way to state femininity and beauty but it is also a proof of control over one’s social image. If this social norm seems to be binding, it does not make women stop removing their hair. This discursive analysis is based on fourteen interviews. It explores the women’s perception of their own body, their hair and their shaving or hair removal. Agency of these women appears to be limited. The idealised image of a hairless and uniform feminine body is interiorised and shapes women’s judgements and preferences. This norm causes monitoring of themselves by pervading their wishes and emotions. Some women refuse to be told how they have to take care of their own bodies. They refuse to depilate and thus claiming freedom of choice. This symbolical act challenges the imposition of others’ preferences on women’s choices. Despite this political statement, the action of not shaving is not isolated and still tied to a social norm. However, this norm is marginal and repressed in our contemporary society.

La interiorización de las normas: un análisis discursivo de las prácticas depilatorias de las mujeres en Montreal (nota de investigación)

El afeite y la depilación forman parte de la vida cotidiana de muchas mujeres. La pilosidad reviste varios significados. Su ausencia es una manera de significar su feminidad, su belleza pero también de controlar la imagen de sí-mismo que se presenta a los otros. Esta norma social de lo lampiño femenino se presenta como una coacción cotidiana que las mujeres continúan, a pesar de todo, de cumplir. Este análisis discursivo que reagrupa quince entrevistas explora la percepción que las mujeres tienen de sus cuerpos, de su pilosidad y de sus prácticas. La agentividad de las mujeres muestra estar limitada. La imagen del cuerpo femenino lampiño se interioriza y da forma a los juicios de dichas mujeres. La norma de lo suave induce en las mujeres comportamientos de auto-vigilancia que impregnan sus deseos y sus emociones. Algunas se oponen a esta guerra contra los pelos de las mujeres y reivindican su derecho a escoger al conservar su pilosidad. Si este gesto simbólico rechaza el poder de los otros sobre las opciones propias, sus acciones no están aisladas y esta decisión política parece corresponder, también, a una norma social. En cambio, esta posición es la de una minoría y es siempre reprimida.
Palabras clave : Ville, antropología, norma social, emoción, hegemonía, depilación, pilosidad,mujer, género

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Stress de performance et perceptions du recours aux médicaments : ethnographie d'une faculté de m... more Stress de performance et perceptions du recours aux médicaments : ethnographie d'une faculté de musique classique à Montréal par Cassandre Ville Département d'Anthropologie Faculté des Arts et Sciences Mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de maîtrise en anthropologie Août 2017

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Anthropologie et Sociétés, 2016

Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revêt plusieu... more Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revêt plusieurs significations. Son absence est une manière de signifier sa féminité, sa beauté, mais aussi de maîtriser l’image de soi que l’on présente aux autres. Cette norme sociale du glabre féminin apparaît comme une contrainte quotidienne que les femmes continuent malgré tout d’accepter. Cette analyse discursive regroupant une quinzaine d’entrevues explore la perception qu’ont les femmes de leur corps, de leur pilosité et de leurs pratiques. L’agentivité des femmes se révèle être limitée. L’image du corps féminin glabre est intériorisée et façonne les jugements de ces femmes. La norme du lisse induit chez elles des comportements d’autosurveillance en imprégnant leurs désirs et leurs émotions. Certaines s’opposent à cette guerre contre les poils des femmes et revendiquent leur droit de choisir en conservant leur pilosité. Si ce geste symbolique conteste le pouvoir des autres sur le choix des un...

Research paper thumbnail of Faire du stress son métier : l’anxiété de performance chez les interprètes de musique classique

Tracés, 2020

Au cours de leur formation, les etudiant-e-s en interpretation de musique classique acquierent un... more Au cours de leur formation, les etudiant-e-s en interpretation de musique classique acquierent une maitrise instrumentale poussee et de solides connaissances theoriques. Ils et elles sont egalement amene-e-s a s’entrainer a se produire sur scene au travers de multiples concerts, recitals et auditions. Nombreux sont celles et ceux qui eprouvent de l’angoisse lors de ces evenements. Les termes trac et stress sont tres repandus pour parler de ces difficultes et la proliferation d’articles et d’ateliers temoigne d’un interet croissant pour ce sujet dans le milieu de la musique classique. Dans cet article, nous proposons de reflechir a la place du stress lie a la performance musicale et a sa gestion par les interpretes. A partir de l’ethnographie d’une faculte de musique classique quebecoise, nous analysons les discours et les pratiques qui participent a la definition mouvante du concept meme de stress. La maniere par laquelle les interpretes expliquent et s’approprient les discours scientifiques sur ce concept revele une conceptualisation du stress comme etant une composante a part entiere de la profession et de fait, inevitable. Defini comme ayant des effets nefastes seulement en l’absence de controle sur soi, le stress correspond finalement a une maniere de decrire le travail emotionnel que les interpretes doivent effectuer. Cette recherche revele en outre la construction d’un etat physique et mental ideal pour monter sur scene, vehiculant des lors une injonction a l’excellence ainsi qu’un discours sur l’art et sur la profession. Cet article contribue a mieux comprendre les effets tant normatifs que prescriptifs que peuvent porter en leur sein les angoisses et les peurs sociales lorsque celles-ci sont mises en mots et font l’objet d’une forme d’institutionnalisation.

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Cet article presente une analyse du recours aux betabloquants en vue de gerer le stress de la per... more Cet article presente une analyse du recours aux betabloquants en vue de gerer le stress de la performance au sein de la communaute musicienne. Cette analyse repose sur une enquete ethnographique d’une duree de quatre mois, realisee dans une faculte de musique classique quebecoise en 2016. Mobilisant le cadre theorique propose par le concept de « pharmaceuticalisation » (Collin, 2016), l’article decrit la maniere par laquelle les betabloquants sont percus dans le milieu a la fois comme faisant l’objet d’un tabou et d’un rejet affirme par les musicien·ne·s et comme un remede attirant et potentiellement benefique pour les interpretes. Il y est avance que les betabloquants, qu’ils soient ou non consommes, participent a l’elaboration des normes de performances, renforcent l’injonction a l’excellence et soulevent des enjeux identitaires chez les musicien·ne·s.

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Médicament et frontières : adaptation, ambivalence, plasticité j o h a n n e co l l i n Le médica... more Médicament et frontières : adaptation, ambivalence, plasticité j o h a n n e co l l i n Le médicament occupe une place significative dans les sociétés contemporaines, au-delà des finalités thérapeutiques qui lui sont traditionnellement reconnues. D'une part, parce que le concept même de thérapeutique s'est considérablement élargi au cours du dernier siècle pour inclure, très en amont, la prévention-voire la préparation à l'apparition de la maladie-et, en aval, l'extension des limites corporelles-comme en témoigne l'engouement pour la médecine régénérative. D'autre part, parce que les usages qui en sont faits, au-delà et en dehors de l'influence de la médecine, sont de plus en plus nombreux dans toutes les sphères de la vie sociale. Comment saisir, dès lors, l'injonction sociétale à utiliser les médicaments hors du contrôle médical classique ? Et comment interpréter le pouvoir immense du médicament sur nos vies ? Objet d'étude trop souvent réduit à sa dimension instrumentale, technique, présumée neutre ; objet inerte, bien de consommation, « créature » de la toute-puissante industrie pharmaceutique, le médicament peine, en fait, à occuper une place autre que transitoire ou secondaire dans le regard des sciences sociales. Et pourtant, le médicament fait et fait faire. Il fait à travers les effets physiologiques indéniables qu'il a sur les corps. Il fait aussi à travers le potentiel qu'il recèle de transformer notre rapport au monde, nos comportements, nos représentations du corps, de la santé, de la vie en soi. De plus, il fait faire à travers l'immense potentiel qu'il recèle à agir sur la plasticité du social en contribuant à brouiller les frontières entre normal et pathologique, certes, mais également entre naturel et artificiel et entre inclusion et exclusion sociale (Collin, 2016). C'est autour de l'agentivité du médicament et de sa capacité à agir sur les frontières du social que s'articule ce numéro thématique. Appréhender le médicament sous l'angle de son agentivité signifie donc bien davantage que de ne scruter que ses usages. Cela implique aussi de saisir comment la matérialité des corps en conjonction avec celle du médicament sont agis et agissent en retour sur le politique, le social, le culturel.

Research paper thumbnail of Faire du stress son métier : l’anxiété de performance chez les interprètes de musique classique

Pour consulter l'article : https://journals.openedition.org/traces/11272 Au cours de leur for... more Pour consulter l'article : https://journals.openedition.org/traces/11272

Au cours de leur formation, les étudiant-e-s en interprétation de musique classique acquièrent une maîtrise instrumentale poussée et de solides connaissances théoriques. Ils et elles sont également amené-e-s à s’entraîner à se produire sur scène au travers de multiples concerts, récitals et auditions. Nombreux sont celles et ceux qui éprouvent de l’angoisse lors de ces événements. Les termes trac et stress sont très répandus pour parler de ces difficultés et la prolifération d’articles et d’ateliers témoigne d’un intérêt croissant pour ce sujet dans le milieu de la musique classique. Dans cet article, nous proposons de réfléchir à la place du stress lié à la performance musicale et à sa gestion par les interprètes. À partir de l’ethnographie d’une faculté de musique classique québécoise, nous analysons les discours et les pratiques qui participent à la définition mouvante du concept même de stress. La manière par laquelle les interprètes expliquent et s’approprient les discours scientifiques sur ce concept révèle une conceptualisation du stress comme étant une composante à part entière de la profession et de fait, inévitable. Défini comme ayant des effets néfastes seulement en l’absence de contrôle sur soi, le stress correspond finalement à une manière de décrire le travail émotionnel que les interprètes doivent effectuer. Cette recherche révèle en outre la construction d’un état physique et mental idéal pour monter sur scène, véhiculant dès lors une injonction à l’excellence ainsi qu’un discours sur l’art et sur la profession. Cet article contribue à mieux comprendre les effets tant normatifs que prescriptifs que peuvent porter en leur sein les angoisses et les peurs sociales lorsque celles-ci sont mises en mots et font l’objet d’une forme d’institutionnalisation.

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Cet article de vulgarisation publié dans la revue DIRE de l'Université de Montréal présente les r... more Cet article de vulgarisation publié dans la revue DIRE de l'Université de Montréal présente les résultats d'une recherche ethnographique menée au sein d'une faculté de musique classique à Montréal. Il expose les perceptions qui entourent le stress lié au fait de monter sur scène et analyse plus précisément le tabou qui entoure le recours hors indication à des médicaments (les bétabloquants) afin de gérer le stress.

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Résumé : Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revê... more Résumé : Le rasage et l’épilation font partie du quotidien de nombreuses femmes. La pilosité revêt de nombreuses significations. Son absence est une manière de signifier sa féminité, sa beauté mais aussi de maîtriser l’image de soi que l’on présente aux autres. Cette norme sociale du glabre féminin apparaît comme une contrainte quotidienne que les femmes continuent malgré tout d’effectuer. Cette analyse discursive regroupant une quinzaine d’entrevues explore la perception qu’ont les femmes de leur corps, de leur pilosité et de leurs pratiques. L’agentivité des femmes se révèle être limitée. L’image du corps féminin glabre est intériorisée et façonne les jugements de ces femmes. La norme du lisse induit chez elles des comportements d’auto-surveillance en imprégnant leurs désirs et leurs émotions. Certaines s’opposent à cette guerre contre les poils des femmes et revendiquent leur droit de choisir en conservant leur pilosité. Si ce geste symbolique conteste le pouvoir des autres sur le choix des unes, leurs actions ne sont pas isolées et cette décision politique semble correspondre, elle aussi, à une norme sociale. En revanche, celle-ci est minoritaire et généralement réprimée.

Norm Internalizing: A Discursive Analysis of Women’s Depilatory Practices in Montreal (Research Note)

Abstract : Depilatory practices are mundane for the substantial majority of women. Hair has a strong symbolical value and manifold signification. Its absence is a way to state femininity and beauty but it is also a proof of control over one’s social image. If this social norm seems to be binding, it does not make women stop removing their hair. This discursive analysis is based on fourteen interviews. It explores the women’s perception of their own body, their hair and their shaving or hair removal. Agency of these women appears to be limited. The idealised image of a hairless and uniform feminine body is interiorised and shapes women’s judgements and preferences. This norm causes monitoring of themselves by pervading their wishes and emotions. Some women refuse to be told how they have to take care of their own bodies. They refuse to depilate and thus claiming freedom of choice. This symbolical act challenges the imposition of others’ preferences on women’s choices. Despite this political statement, the action of not shaving is not isolated and still tied to a social norm. However, this norm is marginal and repressed in our contemporary society.

La interiorización de las normas: un análisis discursivo de las prácticas depilatorias de las mujeres en Montreal (nota de investigación)

El afeite y la depilación forman parte de la vida cotidiana de muchas mujeres. La pilosidad reviste varios significados. Su ausencia es una manera de significar su feminidad, su belleza pero también de controlar la imagen de sí-mismo que se presenta a los otros. Esta norma social de lo lampiño femenino se presenta como una coacción cotidiana que las mujeres continúan, a pesar de todo, de cumplir. Este análisis discursivo que reagrupa quince entrevistas explora la percepción que las mujeres tienen de sus cuerpos, de su pilosidad y de sus prácticas. La agentividad de las mujeres muestra estar limitada. La imagen del cuerpo femenino lampiño se interioriza y da forma a los juicios de dichas mujeres. La norma de lo suave induce en las mujeres comportamientos de auto-vigilancia que impregnan sus deseos y sus emociones. Algunas se oponen a esta guerra contra los pelos de las mujeres y reivindican su derecho a escoger al conservar su pilosidad. Si este gesto simbólico rechaza el poder de los otros sobre las opciones propias, sus acciones no están aisladas y esta decisión política parece corresponder, también, a una norma social. En cambio, esta posición es la de una minoría y es siempre reprimida.
Palabras clave : Ville, antropología, norma social, emoción, hegemonía, depilación, pilosidad,mujer, género