Stefan Goltzberg | Université libre de Bruxelles (original) (raw)
Papers by Stefan Goltzberg
Revue de la recherche juridique - Cahiers de méthodologie juridique, 2018
Moscovitz's differentiation of the casuistic conception (case by case reasoning) and the casuisti... more Moscovitz's differentiation of the casuistic conception (case by case reasoning) and the casuistic formulation (a formulation of rules by way of concrete terms) accounts for a vast legal corpus that often goes unnoticed in scholarship, most especially the Jewish and Islamic law, but also the Roman law. The very existence of the casuistic formulation puts in question the validity and centrality of the case/rule distinction. Accordingly, modern lawyers sought to devise codifications that would ideally contain neither an overlap nor a gap. As it seems not to be possible, scholars resort to a typology of «repair patches» (rustines) (assimilation, presumption, fiction, etc.) in order to avoid overlaps between these theoretical notions. I argue that the study of the casuistically formulated law of the Talmud can help overcome the disappointing rule/case distinction by asking about the usefulness of each legal concept (pragmatism).
Caire, Anne-Blandine (éd) Actes de colloque : Les fictions en droit, Centre Michel de l’Hospital, 2015
La fiction juridique est l’un des procédés de ce que Chaïm Perelman appelait la logique juridique... more La fiction juridique est l’un des procédés de ce que Chaïm Perelman appelait la logique juridique, c’est-à-dire l’ensemble des procédés qui permettent de surmonter les difficultés conceptuelles et pratiques – les résul- tats inacceptables – que rencontre chaque ontologie juridique5. Pour lui, la fiction en droit était d’autant plus répandue que le système juridique était formaliste et rigide. La fiction permettait ainsi de faire pièce à cette rigidité. Inversement, Plus une culture juridique ménage la possibilité d’assouplir les règles, moins le recours au procédé de la fiction est indispensable.
L’objectif de cet article est de contribuer à une définition de la fiction en droit, notamment en mettant en cause l’une des idées les plus tenaces en théorie du droit, celle d’après laquelle la fiction a quelque chose à voir avec le faux. Le propos est également positif, puisque nous proposerons une nouvelle définition de la fiction juridique.
Dix-septième siècle, 2018
Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment ... more Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
La Revue de la Recherche Juridique, 2019
The influence of Christianity on Western law is deep and diverse. In legal interpretation, the Ch... more The influence of Christianity on Western law is deep and diverse. In legal interpretation, the Christian influence should be described as antiformalistic, that is, as being flexible and taking into account the reason behind the rule when applying the law. This paper dates this Christian antiformalism to the Prophets of the Hebrew Bible (as shared by Jews and Christians) as well as to the Gospel and Paul's letters. Later examples are also taken into account, such as Luther, Calvin and the Jesuits. The antiformalist leanings transform at times into an antilegal (or antinomian) condemnation of the law. There is a tension in Christian history between antiformalist principles that feature in any legal culture and the antilegal stance close to the heresies that reject the Ancient Testament.
Cette contribution vise à tracer sommairement les racines théologiques de l'antiformalisme en droit européen. Il s'agira de montrer que certains éléments théologiques sont sinon la cause unique, du moins le ferment d'un antiformalisme au sein du droit. L'antiformalisme s'oppose au formalisme et dénonce tantôt l'as-pect trop formaliste (antiformalisme), tantôt, plus profondément, le droit en tant que droit (antijuridisme). Il convient dès lors de procéder à une triple distinction. 1. La notion de formalisme désigne au moins deux choses : le formalisme est (1) le principe en vertu duquel une formalité est exigée par la loi pour la validité d'un acte juridique ; ce principe s'oppose au consensualisme -- qui, en droit français, est la règle 3 -- et (2) le formalisme en interprétation juridique consistant à « considérer la forme d'une règle comme ayant plus de valeur que son objectif premier ou encore à accorder plus d'importance à la forme de la règle qu'au fait de parvenir, tout bien considéré, au meilleur jugement possible dans un cas et un contexte précis 4 ».
Droits. Revue française de théorie, de philosophie et de cultures juridiques, 2019
Nous analyserons ici le principe de l’effet utile comme avatar juridique de la dénonciation du so... more Nous analyserons ici le principe de l’effet utile comme avatar juridique de la dénonciation du sophisme de l’homme de paille. Ce raisonnement est très fréquent en droit talmudique, assez courant en droit de common law et plutôt discret en droit français. L’absence d’un procédé dans une culture juridique en dit parfois aussi long que sa présence dans une autre. Le droit français, modérément friand de ce raisonnement, sera mis en contraste avec le droit talmudique, qui en fait grand usage. Nous décrirons l’objet de notre analyse du point de vue de l’argumentation générale, puis de l’argumentation juridique.
Rébus d’ici et d’ailleurs: écriture, image, signe, 2018
Si le rébus n'est pas, au premier abord, un élément typique de la littérature hébraïque, il prése... more Si le rébus n'est pas, au premier abord, un élément typique de la littérature hébraïque, il présente cependant quelques exemples assez particuliers. Il constitue un phénomène qui mérite d'être analysé, d'autant qu'il est à la croisée de la sémiotique et de l'histoire des textes. Le but de cette contribution est de jeter un éclairage sur la nature des rébus dans la littérature juive et d'en montrer la spécificité. La notion même de littérature juive couvre une période immense, ainsi que de nombreuses langues. Il est donc évident que le présent texte se contente de s'inspirer de morceaux de littérature juive et ne propose pas une synthèse des rébus toutes périodes et toutes langues juives confondues.
Droit & Philosophie, 2019
Proving the Intent of Infraction: On the Philosophy of Warning in Talmudic Law Talmudic law requ... more Proving the Intent of Infraction: On the Philosophy of Warning in Talmudic Law
Talmudic law requires that any person who tries to break the law must be warned just before breaking the law – in order to be punishable. However, some people are exempted, and may therefore be punished without any warning. This essay seeks to draw philosophical conclusions from this Talmudic regulation on warning as well as from its exemptions.
Le droit talmudique impose que l’on mette en garde celui qui s’apprête à commettre une infraction. Certaines personnes sont dispensées de cette mise en garde. Des conséquences philosophiques sont tirées de la formulation de la mise en garde et de ses exemptions.
Les définitions. Les artifices du droit (II), (eds) Anne-Blandine Caire, Cyrille Dounot, 2018
L’article étudie l’impact de la philosophie grecque sur le droit romain, et plus précisément, le ... more L’article étudie l’impact de la philosophie grecque sur le droit romain, et plus précisément, le transfert de savoir, en l’occurrence, de la technique grecque de la définition. Il s’agit d’une greffe juridique et, plus précisément, une greffe de raisonnement juridique. Les greffes juridiques en général sont désormais très étudiées en droit comparé et en histoire du droit (Watson, Caenegem), et les objets étudiés sous l’angle de la greffe ont été jusqu’à présent de divers genres (règles, codes, principes, standards ). Cependant, les types de raisonnements juridiques ayant migré d’une culture à l’autre n’ont pas encore fait l’objet d’une étude en termes de greffe juridique.
Programme du colloque "Le droit talmudique saisi par le droit comparé" Programm of the symposium... more Programme du colloque "Le droit talmudique saisi par le droit comparé"
Programm of the symposium "Jewish Law and Comparative Law"
It is hardly possible to avoid confused notions altogether. But the attitude towards the confused... more It is hardly possible to avoid confused notions altogether. But the attitude towards the confused notions in legal discourse varies greatly according to one’s legal philosophy. It is most interesting to describe legal philosophies through their approach to undefined, confused, vague concepts. If admittedly no theory can do altogether without at least some undefined notions, there is a striking difference between theories that strive to define notions even if some notions remain undefined (let us call them the modern theories) and theories that sit very well with a great many possible undefined or confused notions (let us call them postmodern theories). There is a commonality between Gallie’s essentially contested concepts and the use of definitions: their usefulness is not presumed, they are not presumptively useful in the sense that the researcher who wants to define a notion or who considers a concept as essentially contested needs in the first place to prove the usefulness of defining or categorizing the notion as being essentially contested. More generally the paper argues that one should avoid the wish to define all the notions come what may and the refusal to define any notion at all. Concepts should not be considered as essentially contested concepts unless one can show the usefulness of so doing. Even more generally, what is said about definitions and essentially contested concepts applies to the use of philosophy in legal research.
Call for papers "Jewish Law and Comparative Law"
This papers shows that the meaning of transitional keywords is stable and hardly depends on the c... more This papers shows that the meaning of transitional keywords is stable and hardly depends on the context. I focus on the following counter-oriented keywords: in French, “bien que”; in English, “however”; in Hebrew, “af al pi she”. I meet the objections according to which their meaning varies depending on the context. The consequences of my claim are far-reaching since it would mean that in the case of a problematic sentence (contradictory, trivial or unintelligible) containing such a keyword, one should consider reading another meaning in the other word classes and only then in the keywords.
Cet article entend montrer que le sens et la signification des marqueurs argumentatifs, en l’occurrence anti-orientés, sont stables et ne varient guère d’un contexte à l’autre. L’étude porte sur les marqueurs suivants : en français « bien que » ; en anglais « however » ; en hébreu « af al pi she ». Les objections selon lesquelles ces marqueurs changent de sens et de signification selon le contexte sont surmontées. Les conséquences d’une telle thèse sont importantes, parce que cela signifierait que lorsqu’un énoncé contenant un tel marqueur semble problématique (contradictoire, trivial ou inintelligible), on doit envisager le changement de sens et de signification des autres catégories lexicales avant de supposer un changement de sens et de signification du marqueur argumentatif.
According to Descartes, disagreement indicates that an error was made by both interlocutors. If o... more According to Descartes, disagreement indicates that an error was made by both interlocutors. If one of their claims had been clear enough, disagreement should have dissolved, since the claim would have been straightforwardly convincing. According to Chaïm Perelman, however, you can have a disagreement even though both claims are clear and well-founded. I strongly rely on Perelman’s intuition, and I don’t consider a disagreement to be a pathological feature of a discussion. Like Perelman,I believe in “strong” disagreement, the type of disagreement where both parties draw on acceptable premises and valid rules of inference. In fact, strong disagreement permeates legal discourse. One must realize this in order to understand the history of legal thought. The paper is divided into two parts. First, I draw on the disagreement/dissent distinction, showing that the former can be passive, private and not necessarily justified, while the latter is active, (made) public, and in need of justification. Second, I examine disagreements between different sources of law (in particular between statute and custom), followed by disagreements within a source of law (notably judicial and scholarly dissenting opinions). The role of the dissenting opinion – whether in U.S. law, Jesuit ethics or Jewish law – illustrates the typical role of an opinion that is mentioned but not followed.
Le désaccord est une situation qui est perçue différemment selon les époques et selon les approches, tantôt comme le signe d’un échec, tantôt, plus favorablement, comme une illustration du caractère polyphonique du langage et du droit en particulier. Descartes et Perelman l’envisagent de manière diamétralement opposée.
ABSTRACT: In Jewish law the letter of the law means two things. One is an element of the system o... more ABSTRACT: In Jewish law the letter of
the law means two things. One is an
element of the system of writing that is
used to transcribe Hebrew texts. The
other one is the obvious meaning of a
statement. The following text
examines the relationship between
both senses of “letter” and suggests
that a misunderstanding of at least one
of the two meanings is not unrelated to
Paul’s condemnation of the so-called
Pharisaic reading of the law for being
legalistic and formalistic. This
condemnation requires the
examination of the following notions:
the first is literal meaning as it is
understood in Jewish law or rather the
peshat, mistranslated by “literal
meaning”; the second is the confused ,
long ill-defined notion of formalism;
and lastly, the device whereby Jewish
law scholars used to replace the
vowels of a Hebrew text in order for it
to mean something somewhat
different.
KEYWORDS: system of writing,
hermeneutics, literal meaning,
literality, formalism, peshat, legal
argument, legal reasoning, Talmudic
law, Jewish law, Biblical Hebrew,
Weiss Halivni, Paul, Perelman,
Searle.
RÉSUMÉ : La lettre du texte a dans le
droit juif un double sens : la lettre,
comme élément minimal du système
d’écriture qui sert, en l’occurrence, à
transcrire des textes en hébreu et le sens
littéral, l’interprétation obvie d’un
énoncé. Le présent texte étudie le lien
entre ces deux sens et suggère qu’une
mauvaise compréhension de ces deux
sens a accompagné la condamnation
paulienne de la lecture soi-disant
pharisienne de la loi. Cette accusation de
formalisme requiert que soient éclaircis
les points suivants : la littéralité telle que
le droit juif la conçoit, ou plutôt le peshat
maladroitement traduit par « littéralité » ;
la notion de formalisme, qui fut mal
définie pendant longtemps et qui charrie
son lot d’incompréhension ; enfin, le
fonctionnement du procédé consistant à
revocaliser les versets dans le droit
hébraïque, en mettant en suspens les
contraintes combinatoires qui pèsent sur
tout segment linguistique.
MOTS-CLÉS : système d’écriture,
herméneutique, littéralité, sens littéral,
formalisme, peshat, argumentation
juridique, droit talmudique, hébreu
biblique, Weiss, Halivni, Paul, Perelman,
Searle.
Legal lines of reasoning sometimes appear absurd. One non-trivial way to explain this absurdity i... more Legal lines of reasoning sometimes appear absurd. One non-trivial way to explain this absurdity is to characterize legal discourse as intentionally non-cooperative, i.e., as a mode of discourse in which people deliberately mislead and evade. But is legal discourse really non-cooperative in this way? Is it non-cooperative at all, or less cooperative than other discourses? Is legal discourse a strategic discourse in the sense that it fails to cooperate?
KEYWORDS: cooperation, cooperative principle, flouting, Grice, legal reasoning, Marmor, pragmatics, strategic attitude
Un phénomène intéressant apparaît dans de multiples cultures juridiques : afin de concilier la le... more Un phénomène intéressant apparaît dans de multiples cultures juridiques : afin de concilier la lettre de la loi et son esprit, cer-taines lois sont contournées – légalement. Ce contournement, qui consiste à vider la loi de son esprit tout en faisant mine de respecter sa formulation (un loophole en anglais), pose d'un point de vue éthique la question de savoir s'il n'y a pas là hypo-crisie. La loi juive est ici étudiée car les contournements qu'elle autorise sont critiqués par ses détracteurs, mais également de l'intérieur : tous les contournements ne sont pas approuvés, loin s'en faut. Le présent texte, qui se veut seulement exploratoire, essaie de montrer quels contournements sont autorisés et pour quelles raisons. D ans quelle mesure le contournement de la loi juive est-il hypocrite 1 ? Cette question requiert l'explication de plusieurs notions : loi juive, contournement et hypocrisie. Chaque explication resser-rera le champ d'application de la question. Nous aborderons la loi juive dite « pharisienne 2 », par opposition à d'autres mouvements juifs qui ne recon-naissent pas par exemple la loi orale (comme les Saducéens ou les Qaraïtes). En outre, nous poserons la question non pas tant du point de vue de l'hypo-crisie des individus (hypocrisie naïve) que du point de vue institutionnel.
L’objet de cet article est de suggérer une nouvelle périodisation de la philosophie juive et de m... more L’objet de cet article est de suggérer une nouvelle périodisation de la philosophie juive et de mener une réflexion sur la définition de la philosophie juive. Il ne sera donc pas tant question du contenu des philosophies juives, que du style caractérisant chaque philosophie juive. Trois moments de l’histoire de la philosophie juive seront distingués : le moment arabe, le moment allemand et le moment analytique. L’accent sera mis sur ce troisième moment, largement méconnu. Il ne saurait être question ici d’offrir un panorama exhaustif ni même une synthèse représentative de l’histoire de la philosophie juive. Les auteurs et les concepts abordés le sont dans la mesure où ils donnent l’occasion de penser à nouveaux frais la nature et la fonction de la philosophie juive.
The purpose of this article is to offer a new periodization of Jewish philosophy and to reflect on the definition of Jewish philosophy. It will therefore deal with the characteristic style of each Jewish philosophy rather than with their content. I shall identify three moments in the history of Jewish philosophy: the Arab moment, the German moment, and the analytic moment; this last moment, largely unknown, will be studied more in depth. This paper does not aim to present an exhaustive panorama or a representative synthesis of the history of Jewish philosophy. The selected authors and concepts are mentioned here because they give us the opportunity to reflect on the nature and the function of Jewish philosophy in a new light.
I address the question of the revision of legal concepts, more particularly that of cruelty, whic... more I address the question of the revision of legal concepts, more particularly that of cruelty, which is a thick concept. Many legal texts forbid cruel punishments but they often don’t make explicit what exactly is meant or referred to by cruel punishments. The judge whose approach is dynamic will be happy to revise legal concepts like cruelty if need be. But what about the originalist judge, who sets out to stick to the original meaning that the words (like cruel) bore when the normative text was adopted ? Scalia and Garner seem to say that a revision is not admissible. Yet a distinction between meaning- originalism and conception-originalism might lead to another answer. According to John Perry, if you want to be an originalist, you can only be a meaning-originalist. Scalia and Garner happen to subscribe to this meaning-originalism. By contrast, a conception-originalism is, according to Perry, inadmissible and yet Scalia and Garner seem to shift to that view when it comes to some questions related to the revision of legal concepts such as cruel punishments.
Résumé : la révision des concepts juridiques est abordée sous l’angle du concept épais (thick concept) de cruauté. De nombreux textes normatifs interdisent en effet les traitements cruels sans préciser ce que recouvre cette notion. L’opérateur juridique souscrivant à une méthodologie dite évolutive ou dynamique optera sans difficulté pour une révision du concept de cruauté, s’il le juge opportun. Qu’en est-il du juge originaliste, qui entend respecter le sens qu’avait le mot « cruel » lors de l’adoption du texte interdisant les traitements inhumains ? Des auteurs comme Scalia et Garner semblent affirmer qu’une révision de notion de cruauté n’est pas envisageable. Pourtant, une distinction entre la conception et la signification laisse entrevoir une autre réponse. Selon Perry, seul un originalisme de signification est admissible – il est d’ailleurs promu par Scalia et Garner – alors qu’un originalisme de conception est inadmissible – ce dernier serait pourtant par moment promu par Scalia et Garner, sur certaines questions comme la question de la révision du concept de cruauté.
This paper deals with a fortiori arguments within Talmu- dic literature. Great attention is devot... more This paper deals with a fortiori arguments within Talmu- dic literature. Great attention is devoted to a fortiori in it- self, independently of the Talmud. After introducing the famous ten examples of a fortiori arguments in the Bible, section (2) tries to outline the nature of the a fortiori ar- gument; section (3) sketches three types of treatment of a fortiori: topical, logical and two-dimensional; finally, section (4), assesses the role of the Talmud in understanding a fortiori.
Résumé : L’erreur est ici étudiée au travers de plusieurs disciplines, dont la linguistique, ... more Résumé : L’erreur est ici étudiée au travers de plusieurs disciplines, dont la linguistique, le droit, l’épistémologie et la psychanalyse. Le concept d’erreur est défini et opposé à de multiples phénomènes qui partagent avec lui certains traits, comme le mensonge ou l’illusion (au sens de Freud). La question est soulevée de savoir quel est le statut de l’erreur; est-ce un mal à éviter ou bien ne peut-on pas plutôt lui trouver une certaine utilité, voire une positivité? Peut- on s’immuniser contre le risque d’erreur ? Le cas de la théologie et celui du système juridique sont envisagés.
Summary: The error is studied here through several disciplines, including linguistics, law, epistemology and psychoanalysis. The concept of error is defined and contrasted with phe- nomena that are closely related, such as lying and illusion (according to Freud). What is the status of error? Is it necessarily negative or does it rather contain something useful or even positive? Can you be immune from errors – and if so, how? The cases of theology and legal systems are explored.
Mots-clés : épistémologie, philosophie du langage, pragmatique, philosophie du droit
Revue de la recherche juridique - Cahiers de méthodologie juridique, 2018
Moscovitz's differentiation of the casuistic conception (case by case reasoning) and the casuisti... more Moscovitz's differentiation of the casuistic conception (case by case reasoning) and the casuistic formulation (a formulation of rules by way of concrete terms) accounts for a vast legal corpus that often goes unnoticed in scholarship, most especially the Jewish and Islamic law, but also the Roman law. The very existence of the casuistic formulation puts in question the validity and centrality of the case/rule distinction. Accordingly, modern lawyers sought to devise codifications that would ideally contain neither an overlap nor a gap. As it seems not to be possible, scholars resort to a typology of «repair patches» (rustines) (assimilation, presumption, fiction, etc.) in order to avoid overlaps between these theoretical notions. I argue that the study of the casuistically formulated law of the Talmud can help overcome the disappointing rule/case distinction by asking about the usefulness of each legal concept (pragmatism).
Caire, Anne-Blandine (éd) Actes de colloque : Les fictions en droit, Centre Michel de l’Hospital, 2015
La fiction juridique est l’un des procédés de ce que Chaïm Perelman appelait la logique juridique... more La fiction juridique est l’un des procédés de ce que Chaïm Perelman appelait la logique juridique, c’est-à-dire l’ensemble des procédés qui permettent de surmonter les difficultés conceptuelles et pratiques – les résul- tats inacceptables – que rencontre chaque ontologie juridique5. Pour lui, la fiction en droit était d’autant plus répandue que le système juridique était formaliste et rigide. La fiction permettait ainsi de faire pièce à cette rigidité. Inversement, Plus une culture juridique ménage la possibilité d’assouplir les règles, moins le recours au procédé de la fiction est indispensable.
L’objectif de cet article est de contribuer à une définition de la fiction en droit, notamment en mettant en cause l’une des idées les plus tenaces en théorie du droit, celle d’après laquelle la fiction a quelque chose à voir avec le faux. Le propos est également positif, puisque nous proposerons une nouvelle définition de la fiction juridique.
Dix-septième siècle, 2018
Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment ... more Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
La Revue de la Recherche Juridique, 2019
The influence of Christianity on Western law is deep and diverse. In legal interpretation, the Ch... more The influence of Christianity on Western law is deep and diverse. In legal interpretation, the Christian influence should be described as antiformalistic, that is, as being flexible and taking into account the reason behind the rule when applying the law. This paper dates this Christian antiformalism to the Prophets of the Hebrew Bible (as shared by Jews and Christians) as well as to the Gospel and Paul's letters. Later examples are also taken into account, such as Luther, Calvin and the Jesuits. The antiformalist leanings transform at times into an antilegal (or antinomian) condemnation of the law. There is a tension in Christian history between antiformalist principles that feature in any legal culture and the antilegal stance close to the heresies that reject the Ancient Testament.
Cette contribution vise à tracer sommairement les racines théologiques de l'antiformalisme en droit européen. Il s'agira de montrer que certains éléments théologiques sont sinon la cause unique, du moins le ferment d'un antiformalisme au sein du droit. L'antiformalisme s'oppose au formalisme et dénonce tantôt l'as-pect trop formaliste (antiformalisme), tantôt, plus profondément, le droit en tant que droit (antijuridisme). Il convient dès lors de procéder à une triple distinction. 1. La notion de formalisme désigne au moins deux choses : le formalisme est (1) le principe en vertu duquel une formalité est exigée par la loi pour la validité d'un acte juridique ; ce principe s'oppose au consensualisme -- qui, en droit français, est la règle 3 -- et (2) le formalisme en interprétation juridique consistant à « considérer la forme d'une règle comme ayant plus de valeur que son objectif premier ou encore à accorder plus d'importance à la forme de la règle qu'au fait de parvenir, tout bien considéré, au meilleur jugement possible dans un cas et un contexte précis 4 ».
Droits. Revue française de théorie, de philosophie et de cultures juridiques, 2019
Nous analyserons ici le principe de l’effet utile comme avatar juridique de la dénonciation du so... more Nous analyserons ici le principe de l’effet utile comme avatar juridique de la dénonciation du sophisme de l’homme de paille. Ce raisonnement est très fréquent en droit talmudique, assez courant en droit de common law et plutôt discret en droit français. L’absence d’un procédé dans une culture juridique en dit parfois aussi long que sa présence dans une autre. Le droit français, modérément friand de ce raisonnement, sera mis en contraste avec le droit talmudique, qui en fait grand usage. Nous décrirons l’objet de notre analyse du point de vue de l’argumentation générale, puis de l’argumentation juridique.
Rébus d’ici et d’ailleurs: écriture, image, signe, 2018
Si le rébus n'est pas, au premier abord, un élément typique de la littérature hébraïque, il prése... more Si le rébus n'est pas, au premier abord, un élément typique de la littérature hébraïque, il présente cependant quelques exemples assez particuliers. Il constitue un phénomène qui mérite d'être analysé, d'autant qu'il est à la croisée de la sémiotique et de l'histoire des textes. Le but de cette contribution est de jeter un éclairage sur la nature des rébus dans la littérature juive et d'en montrer la spécificité. La notion même de littérature juive couvre une période immense, ainsi que de nombreuses langues. Il est donc évident que le présent texte se contente de s'inspirer de morceaux de littérature juive et ne propose pas une synthèse des rébus toutes périodes et toutes langues juives confondues.
Droit & Philosophie, 2019
Proving the Intent of Infraction: On the Philosophy of Warning in Talmudic Law Talmudic law requ... more Proving the Intent of Infraction: On the Philosophy of Warning in Talmudic Law
Talmudic law requires that any person who tries to break the law must be warned just before breaking the law – in order to be punishable. However, some people are exempted, and may therefore be punished without any warning. This essay seeks to draw philosophical conclusions from this Talmudic regulation on warning as well as from its exemptions.
Le droit talmudique impose que l’on mette en garde celui qui s’apprête à commettre une infraction. Certaines personnes sont dispensées de cette mise en garde. Des conséquences philosophiques sont tirées de la formulation de la mise en garde et de ses exemptions.
Les définitions. Les artifices du droit (II), (eds) Anne-Blandine Caire, Cyrille Dounot, 2018
L’article étudie l’impact de la philosophie grecque sur le droit romain, et plus précisément, le ... more L’article étudie l’impact de la philosophie grecque sur le droit romain, et plus précisément, le transfert de savoir, en l’occurrence, de la technique grecque de la définition. Il s’agit d’une greffe juridique et, plus précisément, une greffe de raisonnement juridique. Les greffes juridiques en général sont désormais très étudiées en droit comparé et en histoire du droit (Watson, Caenegem), et les objets étudiés sous l’angle de la greffe ont été jusqu’à présent de divers genres (règles, codes, principes, standards ). Cependant, les types de raisonnements juridiques ayant migré d’une culture à l’autre n’ont pas encore fait l’objet d’une étude en termes de greffe juridique.
Programme du colloque "Le droit talmudique saisi par le droit comparé" Programm of the symposium... more Programme du colloque "Le droit talmudique saisi par le droit comparé"
Programm of the symposium "Jewish Law and Comparative Law"
It is hardly possible to avoid confused notions altogether. But the attitude towards the confused... more It is hardly possible to avoid confused notions altogether. But the attitude towards the confused notions in legal discourse varies greatly according to one’s legal philosophy. It is most interesting to describe legal philosophies through their approach to undefined, confused, vague concepts. If admittedly no theory can do altogether without at least some undefined notions, there is a striking difference between theories that strive to define notions even if some notions remain undefined (let us call them the modern theories) and theories that sit very well with a great many possible undefined or confused notions (let us call them postmodern theories). There is a commonality between Gallie’s essentially contested concepts and the use of definitions: their usefulness is not presumed, they are not presumptively useful in the sense that the researcher who wants to define a notion or who considers a concept as essentially contested needs in the first place to prove the usefulness of defining or categorizing the notion as being essentially contested. More generally the paper argues that one should avoid the wish to define all the notions come what may and the refusal to define any notion at all. Concepts should not be considered as essentially contested concepts unless one can show the usefulness of so doing. Even more generally, what is said about definitions and essentially contested concepts applies to the use of philosophy in legal research.
Call for papers "Jewish Law and Comparative Law"
This papers shows that the meaning of transitional keywords is stable and hardly depends on the c... more This papers shows that the meaning of transitional keywords is stable and hardly depends on the context. I focus on the following counter-oriented keywords: in French, “bien que”; in English, “however”; in Hebrew, “af al pi she”. I meet the objections according to which their meaning varies depending on the context. The consequences of my claim are far-reaching since it would mean that in the case of a problematic sentence (contradictory, trivial or unintelligible) containing such a keyword, one should consider reading another meaning in the other word classes and only then in the keywords.
Cet article entend montrer que le sens et la signification des marqueurs argumentatifs, en l’occurrence anti-orientés, sont stables et ne varient guère d’un contexte à l’autre. L’étude porte sur les marqueurs suivants : en français « bien que » ; en anglais « however » ; en hébreu « af al pi she ». Les objections selon lesquelles ces marqueurs changent de sens et de signification selon le contexte sont surmontées. Les conséquences d’une telle thèse sont importantes, parce que cela signifierait que lorsqu’un énoncé contenant un tel marqueur semble problématique (contradictoire, trivial ou inintelligible), on doit envisager le changement de sens et de signification des autres catégories lexicales avant de supposer un changement de sens et de signification du marqueur argumentatif.
According to Descartes, disagreement indicates that an error was made by both interlocutors. If o... more According to Descartes, disagreement indicates that an error was made by both interlocutors. If one of their claims had been clear enough, disagreement should have dissolved, since the claim would have been straightforwardly convincing. According to Chaïm Perelman, however, you can have a disagreement even though both claims are clear and well-founded. I strongly rely on Perelman’s intuition, and I don’t consider a disagreement to be a pathological feature of a discussion. Like Perelman,I believe in “strong” disagreement, the type of disagreement where both parties draw on acceptable premises and valid rules of inference. In fact, strong disagreement permeates legal discourse. One must realize this in order to understand the history of legal thought. The paper is divided into two parts. First, I draw on the disagreement/dissent distinction, showing that the former can be passive, private and not necessarily justified, while the latter is active, (made) public, and in need of justification. Second, I examine disagreements between different sources of law (in particular between statute and custom), followed by disagreements within a source of law (notably judicial and scholarly dissenting opinions). The role of the dissenting opinion – whether in U.S. law, Jesuit ethics or Jewish law – illustrates the typical role of an opinion that is mentioned but not followed.
Le désaccord est une situation qui est perçue différemment selon les époques et selon les approches, tantôt comme le signe d’un échec, tantôt, plus favorablement, comme une illustration du caractère polyphonique du langage et du droit en particulier. Descartes et Perelman l’envisagent de manière diamétralement opposée.
ABSTRACT: In Jewish law the letter of the law means two things. One is an element of the system o... more ABSTRACT: In Jewish law the letter of
the law means two things. One is an
element of the system of writing that is
used to transcribe Hebrew texts. The
other one is the obvious meaning of a
statement. The following text
examines the relationship between
both senses of “letter” and suggests
that a misunderstanding of at least one
of the two meanings is not unrelated to
Paul’s condemnation of the so-called
Pharisaic reading of the law for being
legalistic and formalistic. This
condemnation requires the
examination of the following notions:
the first is literal meaning as it is
understood in Jewish law or rather the
peshat, mistranslated by “literal
meaning”; the second is the confused ,
long ill-defined notion of formalism;
and lastly, the device whereby Jewish
law scholars used to replace the
vowels of a Hebrew text in order for it
to mean something somewhat
different.
KEYWORDS: system of writing,
hermeneutics, literal meaning,
literality, formalism, peshat, legal
argument, legal reasoning, Talmudic
law, Jewish law, Biblical Hebrew,
Weiss Halivni, Paul, Perelman,
Searle.
RÉSUMÉ : La lettre du texte a dans le
droit juif un double sens : la lettre,
comme élément minimal du système
d’écriture qui sert, en l’occurrence, à
transcrire des textes en hébreu et le sens
littéral, l’interprétation obvie d’un
énoncé. Le présent texte étudie le lien
entre ces deux sens et suggère qu’une
mauvaise compréhension de ces deux
sens a accompagné la condamnation
paulienne de la lecture soi-disant
pharisienne de la loi. Cette accusation de
formalisme requiert que soient éclaircis
les points suivants : la littéralité telle que
le droit juif la conçoit, ou plutôt le peshat
maladroitement traduit par « littéralité » ;
la notion de formalisme, qui fut mal
définie pendant longtemps et qui charrie
son lot d’incompréhension ; enfin, le
fonctionnement du procédé consistant à
revocaliser les versets dans le droit
hébraïque, en mettant en suspens les
contraintes combinatoires qui pèsent sur
tout segment linguistique.
MOTS-CLÉS : système d’écriture,
herméneutique, littéralité, sens littéral,
formalisme, peshat, argumentation
juridique, droit talmudique, hébreu
biblique, Weiss, Halivni, Paul, Perelman,
Searle.
Legal lines of reasoning sometimes appear absurd. One non-trivial way to explain this absurdity i... more Legal lines of reasoning sometimes appear absurd. One non-trivial way to explain this absurdity is to characterize legal discourse as intentionally non-cooperative, i.e., as a mode of discourse in which people deliberately mislead and evade. But is legal discourse really non-cooperative in this way? Is it non-cooperative at all, or less cooperative than other discourses? Is legal discourse a strategic discourse in the sense that it fails to cooperate?
KEYWORDS: cooperation, cooperative principle, flouting, Grice, legal reasoning, Marmor, pragmatics, strategic attitude
Un phénomène intéressant apparaît dans de multiples cultures juridiques : afin de concilier la le... more Un phénomène intéressant apparaît dans de multiples cultures juridiques : afin de concilier la lettre de la loi et son esprit, cer-taines lois sont contournées – légalement. Ce contournement, qui consiste à vider la loi de son esprit tout en faisant mine de respecter sa formulation (un loophole en anglais), pose d'un point de vue éthique la question de savoir s'il n'y a pas là hypo-crisie. La loi juive est ici étudiée car les contournements qu'elle autorise sont critiqués par ses détracteurs, mais également de l'intérieur : tous les contournements ne sont pas approuvés, loin s'en faut. Le présent texte, qui se veut seulement exploratoire, essaie de montrer quels contournements sont autorisés et pour quelles raisons. D ans quelle mesure le contournement de la loi juive est-il hypocrite 1 ? Cette question requiert l'explication de plusieurs notions : loi juive, contournement et hypocrisie. Chaque explication resser-rera le champ d'application de la question. Nous aborderons la loi juive dite « pharisienne 2 », par opposition à d'autres mouvements juifs qui ne recon-naissent pas par exemple la loi orale (comme les Saducéens ou les Qaraïtes). En outre, nous poserons la question non pas tant du point de vue de l'hypo-crisie des individus (hypocrisie naïve) que du point de vue institutionnel.
L’objet de cet article est de suggérer une nouvelle périodisation de la philosophie juive et de m... more L’objet de cet article est de suggérer une nouvelle périodisation de la philosophie juive et de mener une réflexion sur la définition de la philosophie juive. Il ne sera donc pas tant question du contenu des philosophies juives, que du style caractérisant chaque philosophie juive. Trois moments de l’histoire de la philosophie juive seront distingués : le moment arabe, le moment allemand et le moment analytique. L’accent sera mis sur ce troisième moment, largement méconnu. Il ne saurait être question ici d’offrir un panorama exhaustif ni même une synthèse représentative de l’histoire de la philosophie juive. Les auteurs et les concepts abordés le sont dans la mesure où ils donnent l’occasion de penser à nouveaux frais la nature et la fonction de la philosophie juive.
The purpose of this article is to offer a new periodization of Jewish philosophy and to reflect on the definition of Jewish philosophy. It will therefore deal with the characteristic style of each Jewish philosophy rather than with their content. I shall identify three moments in the history of Jewish philosophy: the Arab moment, the German moment, and the analytic moment; this last moment, largely unknown, will be studied more in depth. This paper does not aim to present an exhaustive panorama or a representative synthesis of the history of Jewish philosophy. The selected authors and concepts are mentioned here because they give us the opportunity to reflect on the nature and the function of Jewish philosophy in a new light.
I address the question of the revision of legal concepts, more particularly that of cruelty, whic... more I address the question of the revision of legal concepts, more particularly that of cruelty, which is a thick concept. Many legal texts forbid cruel punishments but they often don’t make explicit what exactly is meant or referred to by cruel punishments. The judge whose approach is dynamic will be happy to revise legal concepts like cruelty if need be. But what about the originalist judge, who sets out to stick to the original meaning that the words (like cruel) bore when the normative text was adopted ? Scalia and Garner seem to say that a revision is not admissible. Yet a distinction between meaning- originalism and conception-originalism might lead to another answer. According to John Perry, if you want to be an originalist, you can only be a meaning-originalist. Scalia and Garner happen to subscribe to this meaning-originalism. By contrast, a conception-originalism is, according to Perry, inadmissible and yet Scalia and Garner seem to shift to that view when it comes to some questions related to the revision of legal concepts such as cruel punishments.
Résumé : la révision des concepts juridiques est abordée sous l’angle du concept épais (thick concept) de cruauté. De nombreux textes normatifs interdisent en effet les traitements cruels sans préciser ce que recouvre cette notion. L’opérateur juridique souscrivant à une méthodologie dite évolutive ou dynamique optera sans difficulté pour une révision du concept de cruauté, s’il le juge opportun. Qu’en est-il du juge originaliste, qui entend respecter le sens qu’avait le mot « cruel » lors de l’adoption du texte interdisant les traitements inhumains ? Des auteurs comme Scalia et Garner semblent affirmer qu’une révision de notion de cruauté n’est pas envisageable. Pourtant, une distinction entre la conception et la signification laisse entrevoir une autre réponse. Selon Perry, seul un originalisme de signification est admissible – il est d’ailleurs promu par Scalia et Garner – alors qu’un originalisme de conception est inadmissible – ce dernier serait pourtant par moment promu par Scalia et Garner, sur certaines questions comme la question de la révision du concept de cruauté.
This paper deals with a fortiori arguments within Talmu- dic literature. Great attention is devot... more This paper deals with a fortiori arguments within Talmu- dic literature. Great attention is devoted to a fortiori in it- self, independently of the Talmud. After introducing the famous ten examples of a fortiori arguments in the Bible, section (2) tries to outline the nature of the a fortiori ar- gument; section (3) sketches three types of treatment of a fortiori: topical, logical and two-dimensional; finally, section (4), assesses the role of the Talmud in understanding a fortiori.
Résumé : L’erreur est ici étudiée au travers de plusieurs disciplines, dont la linguistique, ... more Résumé : L’erreur est ici étudiée au travers de plusieurs disciplines, dont la linguistique, le droit, l’épistémologie et la psychanalyse. Le concept d’erreur est défini et opposé à de multiples phénomènes qui partagent avec lui certains traits, comme le mensonge ou l’illusion (au sens de Freud). La question est soulevée de savoir quel est le statut de l’erreur; est-ce un mal à éviter ou bien ne peut-on pas plutôt lui trouver une certaine utilité, voire une positivité? Peut- on s’immuniser contre le risque d’erreur ? Le cas de la théologie et celui du système juridique sont envisagés.
Summary: The error is studied here through several disciplines, including linguistics, law, epistemology and psychoanalysis. The concept of error is defined and contrasted with phe- nomena that are closely related, such as lying and illusion (according to Freud). What is the status of error? Is it necessarily negative or does it rather contain something useful or even positive? Can you be immune from errors – and if so, how? The cases of theology and legal systems are explored.
Mots-clés : épistémologie, philosophie du langage, pragmatique, philosophie du droit
Problèmes d'histoire des religions, 2021
Le karaïsme est un mouvement religieux juif qui apparaît au IX e siècle, en Iraq et en Palestine,... more Le karaïsme est un mouvement religieux juif qui apparaît au IX e siècle, en Iraq et en Palestine, en opposition au judaïsme rabbinique et à la notion de Torah orale. Ce courant important du judaïsme médiéval, présent aussi dans le monde byzantin et plus tard, à l'époque moderne, dans le monde ottoman, en Crimée et en Europe orientale, est un exemple remarquable de la complexité et de la variété du judaïsme.
100 principes juridiques « L'exception confirme la règle », « Qui ne dit mot consent », « Le légi... more 100 principes juridiques « L'exception confirme la règle », « Qui ne dit mot consent », « Le législateur n'est pas négligent », « Lex semper loquitur », « La lettre tue, l'esprit vivifie »… Ce manuel réunit les principes juridiques les plus courants et les illustre par des cas réels et hypothétiques. Un tel recueil permettra tant aux étudiants qu'aux juristes de recourir aux maximes et principes les plus à même de soutenir leur argumentation. Dans la mesure où la maîtrise de ces principes est l'apanage des juristes, un tel outil se révèlera précieux pour tous les professionnels du droit.
Les cultures juridiques d’aujourd’hui ou d’hier ne se distinguent pas seulement entre elles sur l... more Les cultures juridiques d’aujourd’hui ou d’hier ne se distinguent pas seulement entre elles sur le plan du droit positif : elles diffèrent dans leurs principes, leurs raisonnements, leur environnement culturel, et notamment leur rapport au religieux. À la lumière de ces différences, Stefan Goltzberg brosse un panorama du droit comparé – histoire, méthodes et enjeux. Sans se limiter aux effets d’« influence », il scrute aussi les ressemblances qui peuvent exister entre des droits n’ayant pourtant jamais été en contact l’un avec l’autre.
Par "sources du droit", on désigne traditionnellement la loi, la coutume, le précédent, la doctri... more Par "sources du droit", on désigne traditionnellement la loi, la coutume, le précédent, la doctrine. A la base de tout raisonnement juridique, les sources du droit sont donc omniprésentes dans le discours des juristes. C'est même de la manière dont elles sont présentées que dépend l'issue du procès.
Or, le précédent doit-il l'emporter sur la coutume? La doctrine le cède-t-elle au précédent? Comment articuler ces sources entre elles?
Stefan Goltzberg aborde toutes ces questions en s'appuyant sur le droit français et le droit de common law, mais aussi sur de nombreuses autres cultures juridiques, notamment le droit musulman, le droit canonique ou encore le droit talmudique ou bamoun.
PENSER LE DROIT ( ) 16 THÉORIE BIDIMENSIONNELLE DE L'ARGUMENTATION JURIDIQUE D epuis les années 1... more PENSER LE DROIT ( ) 16 THÉORIE BIDIMENSIONNELLE DE L'ARGUMENTATION JURIDIQUE D epuis les années 1950 les théories de l'argumentation ont insisté sur le fait que le raisonnement juridique ne se réduisait pas à de la pure logique. Le syllogisme, la définition, le modus ponens ne suffisaient décidément plus à dessiner le contour des arguments. De strictement logique, la théorie de l'argumentation est devenue, ou redevenue, topique : tous les arguments sont perçus comme pouvant être défaits. Le présent ouvrage réagit contre ce qui est devenu un réductionnisme topique, selon lequel tout argument est susceptible d'être réfuté par une objection. À cette fin, est élaborée une théorie de l'argumentation bidimensionnelle qui identifie l'orientation et la force comme dimensions constitutives de l'argument et qui rend compte de deux types d'objections : celles qui sont rédhibitoires et celles qui, paradoxalement, renforcent la thèse qu'elles sont censées renverser.