Ioulia Podoroga | University of Strasbourg (original) (raw)
Articles by Ioulia Podoroga
Michel Henry’s Practical Philosophy Jeffrey Hanson, Brian Harding and Michael R. Kelly (eds) , 2022
Revue d'études proustiennes 13, 2021
Dans cet article, je me propose de tester le concept/métaphore bakhtinien de chronotope, afin d’a... more Dans cet article, je me propose de tester le concept/métaphore bakhtinien de chronotope, afin d’approfondir les relations complexes qu’entretiennent l’écriture littéraire de Proust et la pensée philosophique de Bergson. Ma question est de savoir dans quelle mesure l’écart qui les sépare peut être réduit, grâce justement à cette notion, tirée de la théorie littéraire de Bakhtine et qui semble être à cheval entre philosophie et littérature. En effet, si l’on a tendance à souligner nombre d’affinités entre Proust et Bergson, c’est au sujet de leur conception du temps qu’on trouve le plus de divergences. Conçu comme durée et donc continuité chez Bergson, vécu comme isolement et discontinuité chez Proust, le temps peut être compris, chez les deux auteurs, comme un type particulier de chronotope, c’est-à-dire, comme une façon particulière de fusionner avec l’espace. Dans le cas de Proust, il s’agit d’un « temps visible », spatialisé, tandis que Bergson soumet l’espace au temps afin de le rendre sensible.
Papers by Ioulia Podoroga
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2015
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017
Tout, à l'entour, vacille, tout est mou, friable, malléable. Mais nous voulons vivre historiqueme... more Tout, à l'entour, vacille, tout est mou, friable, malléable. Mais nous voulons vivre historiquement ; nous avons, ancré en nous, un besoin de noyau solide, Kremlin ou Acropole, État ou société, peu en importe le nom. O. Mandelstam, « De la nature du verbe » Ossip Mandelstam, plus que tout autre poète russe de l'effervescence créatrice de l'Âge d'argent, a été perçu en liaison intime avec son temps, celui de la révolution d'Octobre et de ses conséquences catastrophiques. Dans ce moment historique charnière, celui d'un espoir vite désillusionné et qui finit par s'abîmer dans le désastre de la terreur stalinienne, il semble assumer pleinement le rôle du poète. Ce qui le rend absolument contemporain de son siècle, selon l'expression d'Alain Badiou, c'est qu'il ose « se tenir droit en face du temps historique » 1. Il ne s'agit pas ici d'un quelconque engagement politique, ni de jugements d'approbation ou de déni face aux événements, ni même d'une expérience particulière, de clairvoyance ou de lucidité, qui le mettrait dans une position supérieure à celle des autres poètes de sa génération. Même le poème qui lui valut le titre de poète antistalinien et qui signa son arrêt de mort (il périra sur les chemins des camps à Vladivostok en 1938)-l'épigramme sur Staline « Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays… » 2 (1934)-doit être considéré moins comme une critique du pouvoir que comme un « avertissement sardonique et amer » 3. Ce qui véritablement distingue Mandelstam de tout autre poète de son époque, c'est sa façon de se rapporter à son temps : de pouvoir à la fois s'y inclure subjectivement, en faire partie, et pratiquer la distanciation nécessaire au regard critique. Ou, comme le formule encore Badiou : « la pensée poétique du temps, c'est, voyant les choses avec ses propres yeux, de les voir cependant avec l'oeil du siècle lui-même » 4. Mais dans le cas du temps révolutionnaire, la tâche est plus complexe encore : comment s'inclure dans un temps qui ne se présente que sous la forme d'une rupture dans le cours du temps, d'une coupure radicale d'avec le temps passé pour établir un nouvel ordre des temps ? Faudrait-il participer activement à la construction de ce nouveau temps pour pouvoir se l'approprier, afin de le vivre pleinement ? Ou, au contraire, est-ce en éprouvant la désolation de l'époque qui se casse la colonne vertébrale, comme le dit Mandelstam dans son célèbre poème « Le siècle » (1923) 5 , que l'on peut mieux la comprendre ? Toutes ces questions se posent à la lecture de Mandelstam, tant de ses textes critiques dédiés à l'idée du temps historique, que de certains de ses poèmes consacrés au siècle. La pensée critique et poétique de Mandelstam semble se partager entre ces deux attitudes, subjective et objective, d'inclusion et d'exclusion à l'égard de son époque. Mandelstam fut, incontestablement, l'un des rares poètes à avoir essayé d'élaborer poétiquement une nouvelle conception du temps compatible avec la transformation révolutionnaire de son époque. Le bruissement de la vie Si l'on est suffisamment attentif à l'ordre mimétique de la sensibilité mandelstamienne, on verra sans peine, et cela à différents points de son parcours poétique, que le poète vit dans un environnement sonore assez particulier. Celui-ci bruisse de toutes sortes de chuintements, crépitements, crissements, sifflotements, de tous ces petits bruits dont la plupart en russe sont rendus par des verbes composés de consonnes chuintantes. Ce bruit n'est donc pas clameur ou vacarme, ni hurlement, ni mugissement. C'est un bruit égal, indistinct, un bruissement plus qu'un bruit, c'est-à-dire un fond auditif plutôt qu'une figure sonore pesante et invasive. Dans l'un de ses premiers poèmes, « Plus lente la ruche enneigée… » (1910), Mandelstam oppose le froid glacé, éternel, qui fige, immobilise progressivement même la neige (« Plus lente la ruche enneigée / Et plus clair le cristal des vitres »), aux éclairs de l'été et de sa lumière chaude, dont le rythme vital est assimilé au frissonnement de vie des libellules éphémères (bystrojivouchtchie : « qui vivent rapidement ») : « Et si dans les diamants 132 « Temps ressenti » et « temps construit »
Revue Philosophique de Louvain, 2014
Existe-t-il un langage de la duree? Un langage dont la structure meme, jusqu’a dans sa charpente ... more Existe-t-il un langage de la duree? Un langage dont la structure meme, jusqu’a dans sa charpente grammaticale, pourrait repondre a l’exigence de penser en duree? Bien qu’a cette question, Henri Bergson reponde «non» et separe ainsi nettement le langage de la pensee (en duree, comme il se doit selon lui), il reste chez lui une hesitation. A partir de cette question, le but de cet article est de proposer une lecture de Bergson dans la perspective du systeme verbo-temporel de la langue tel qu’elabore par Gustave Guillaume. La confrontation avec Guillaume permet de decouvrir, par dela la mecanique visible du langage, la nature invisible de sa constitution et de sa modulation, en accord avec le developpement de notre pensee en duree.
Comment comprendre le monde contemporain, sans traduire ce qui s’ecrit en histoire, philosophie o... more Comment comprendre le monde contemporain, sans traduire ce qui s’ecrit en histoire, philosophie ou sociologie dans des regions du monde en plein bouleversement ? Si l’internationalisation des sciences humaines et sociales s’accompagne d’une utilisation massive de l’anglais, une pensee critique du monde contemporain ne peut se construire que dans des circulations multiples et une reflexion critique sur la transposition des concepts. Comment circulent aujourd’hui les sciences sociales entre la France, le monde turc, la Coree ou encore la Russie, sur quelles traditions s’appuient-elles, quels sont les vecteurs de connaissance et les points de blocages ?
La these est centree sur la construction du concept de duree dans le discours de Bergson. L'o... more La these est centree sur la construction du concept de duree dans le discours de Bergson. L'objectif de ce travail est de comprendre non pas ce qu'est la duree ou la conception bergsonienne du temps, mais comment Bergson l'introduit, l'argumente, la met en œuvre. La methode choisie, celle d'une "microlecture", suit de pres les textes de Bergson en y degageant les modalites de sa pensee, sa technique de conceptualisation. Elle decouvre le concept de duree en ce qu'il y a de foncierement inacheve, d'ouvert : c'est un concept en constant devenir qui n'est jamais enferme dans une fonction determinee. La duree ne peut pas etre exprimee de facon objective, en tant que fait, mais c'est elle qui organise tout le champ de la pensee bergsonienne, en en etant la premiere ou l'originaire procedure
Cahiers du monde russe, 2011
Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020.
Revue des études slaves, 2016
Laval théologique et philosophique, 2015
Dans cet article, je pose le problème des rapports entre philosophie et littérature à partir du c... more Dans cet article, je pose le problème des rapports entre philosophie et littérature à partir du cas de Boris Pasternak, dont la vie et l’oeuvre permettent d’envisager une nouvelle articulation entre les deux disciplines, en mobilisant un schème paradoxalement hégélien. Schème hégélien, car fait de trois mouvements, de sa pratique musicale vers la philosophie pour aboutir à une relève (Aufhebung) dans la poésie. Mais schème anti-hégélien, parce que la triade hégélienne est inversée : la philosophie est le moyen-terme, mais qui reste central, dans l’acheminement vers l’accomplissement du système par la poésie.
Russian Literature, 2015
The objective of this paper is to examine the profound ties that link philosophy and poetry in Bo... more The objective of this paper is to examine the profound ties that link philosophy and poetry in Boris Pasternak's theoretical and poetical works in the perspective of a broader problematic of relations between philosophy and poetry. I argue that Pasternak's writings do not simply bear the imprints of his prior engagement with philosophy, but that his poetry as such can be interpreted, at least in some of its aspects, as a result of his philosophical vision of the world shaped back in Marburg, in his readings of Kant and Cohen. In his poetic work he manages to redefine the limits between philosophy and art and to elaborate a new approach to some poignant philosophical problems.
Annales bergsoniennes IV, 2008
When Gorki wrote his play "The Barbarians" (1906), he probably did not intend to raise ... more When Gorki wrote his play "The Barbarians" (1906), he probably did not intend to raise such an intricate problem as the relationship between the barbarian, the savage and the civilized. Neither did he envisage talking about this triadic relation in reference to its political, historical and philosophical meaning. He proceeded as a writer and managed to construct a peculiar literary figure of the "barbarian" in its multiple aspects, and as related to other figures, such as the savage, in the first place. In this paper I argue that Gorki's intrinsically literary venture consisted in trying to make collide two categories that never normally enter in a dual relationship, but are always mediated by the category of the "civilized". The objective of this paper is to examine the consequences of this forced dualism, which without imposing any idea of civilization, however, ends up by setting it as a problem for further meditation and, without giving any solu...
Presses Universitaires de France, 2017
Chelovek, 2021
I suggest that the quote used in the title — the words of Valery Alexandrovich Podoroga — should ... more I suggest that the quote used in the title — the words of Valery Alexandrovich Podoroga — should be seen as an invitation to a certain thought procedure, without which it is probably impossible to fully understand the tasks that the Mimesis project or, more broadly, the analytical anthropology of literature sets for itself. The paper examines whether it is possible to transfer certain analytical strategies developed in Mimesis into the domain of poetic expression. Therefore, I seek to understand Pasternak's poetic experience as, first of all, sensible experience, i. e. the one based on the primary structure of impressions and emotional, bodily-unconscious reactions that determine his relation to the world. The first part of the paper formulates the criteria under which Pasternak's poetry is likely to become the object of the proposed analytical strategy: the problem of time, Pasternak's peculiar Bergsonism, and the poet’s attitude to poetic language and, above all, to me...
Cahiers du monde russe, 2017
Michel Henry’s Practical Philosophy Jeffrey Hanson, Brian Harding and Michael R. Kelly (eds) , 2022
Revue d'études proustiennes 13, 2021
Dans cet article, je me propose de tester le concept/métaphore bakhtinien de chronotope, afin d’a... more Dans cet article, je me propose de tester le concept/métaphore bakhtinien de chronotope, afin d’approfondir les relations complexes qu’entretiennent l’écriture littéraire de Proust et la pensée philosophique de Bergson. Ma question est de savoir dans quelle mesure l’écart qui les sépare peut être réduit, grâce justement à cette notion, tirée de la théorie littéraire de Bakhtine et qui semble être à cheval entre philosophie et littérature. En effet, si l’on a tendance à souligner nombre d’affinités entre Proust et Bergson, c’est au sujet de leur conception du temps qu’on trouve le plus de divergences. Conçu comme durée et donc continuité chez Bergson, vécu comme isolement et discontinuité chez Proust, le temps peut être compris, chez les deux auteurs, comme un type particulier de chronotope, c’est-à-dire, comme une façon particulière de fusionner avec l’espace. Dans le cas de Proust, il s’agit d’un « temps visible », spatialisé, tandis que Bergson soumet l’espace au temps afin de le rendre sensible.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2015
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017
Tout, à l'entour, vacille, tout est mou, friable, malléable. Mais nous voulons vivre historiqueme... more Tout, à l'entour, vacille, tout est mou, friable, malléable. Mais nous voulons vivre historiquement ; nous avons, ancré en nous, un besoin de noyau solide, Kremlin ou Acropole, État ou société, peu en importe le nom. O. Mandelstam, « De la nature du verbe » Ossip Mandelstam, plus que tout autre poète russe de l'effervescence créatrice de l'Âge d'argent, a été perçu en liaison intime avec son temps, celui de la révolution d'Octobre et de ses conséquences catastrophiques. Dans ce moment historique charnière, celui d'un espoir vite désillusionné et qui finit par s'abîmer dans le désastre de la terreur stalinienne, il semble assumer pleinement le rôle du poète. Ce qui le rend absolument contemporain de son siècle, selon l'expression d'Alain Badiou, c'est qu'il ose « se tenir droit en face du temps historique » 1. Il ne s'agit pas ici d'un quelconque engagement politique, ni de jugements d'approbation ou de déni face aux événements, ni même d'une expérience particulière, de clairvoyance ou de lucidité, qui le mettrait dans une position supérieure à celle des autres poètes de sa génération. Même le poème qui lui valut le titre de poète antistalinien et qui signa son arrêt de mort (il périra sur les chemins des camps à Vladivostok en 1938)-l'épigramme sur Staline « Nous vivons sans sentir sous nos pieds de pays… » 2 (1934)-doit être considéré moins comme une critique du pouvoir que comme un « avertissement sardonique et amer » 3. Ce qui véritablement distingue Mandelstam de tout autre poète de son époque, c'est sa façon de se rapporter à son temps : de pouvoir à la fois s'y inclure subjectivement, en faire partie, et pratiquer la distanciation nécessaire au regard critique. Ou, comme le formule encore Badiou : « la pensée poétique du temps, c'est, voyant les choses avec ses propres yeux, de les voir cependant avec l'oeil du siècle lui-même » 4. Mais dans le cas du temps révolutionnaire, la tâche est plus complexe encore : comment s'inclure dans un temps qui ne se présente que sous la forme d'une rupture dans le cours du temps, d'une coupure radicale d'avec le temps passé pour établir un nouvel ordre des temps ? Faudrait-il participer activement à la construction de ce nouveau temps pour pouvoir se l'approprier, afin de le vivre pleinement ? Ou, au contraire, est-ce en éprouvant la désolation de l'époque qui se casse la colonne vertébrale, comme le dit Mandelstam dans son célèbre poème « Le siècle » (1923) 5 , que l'on peut mieux la comprendre ? Toutes ces questions se posent à la lecture de Mandelstam, tant de ses textes critiques dédiés à l'idée du temps historique, que de certains de ses poèmes consacrés au siècle. La pensée critique et poétique de Mandelstam semble se partager entre ces deux attitudes, subjective et objective, d'inclusion et d'exclusion à l'égard de son époque. Mandelstam fut, incontestablement, l'un des rares poètes à avoir essayé d'élaborer poétiquement une nouvelle conception du temps compatible avec la transformation révolutionnaire de son époque. Le bruissement de la vie Si l'on est suffisamment attentif à l'ordre mimétique de la sensibilité mandelstamienne, on verra sans peine, et cela à différents points de son parcours poétique, que le poète vit dans un environnement sonore assez particulier. Celui-ci bruisse de toutes sortes de chuintements, crépitements, crissements, sifflotements, de tous ces petits bruits dont la plupart en russe sont rendus par des verbes composés de consonnes chuintantes. Ce bruit n'est donc pas clameur ou vacarme, ni hurlement, ni mugissement. C'est un bruit égal, indistinct, un bruissement plus qu'un bruit, c'est-à-dire un fond auditif plutôt qu'une figure sonore pesante et invasive. Dans l'un de ses premiers poèmes, « Plus lente la ruche enneigée… » (1910), Mandelstam oppose le froid glacé, éternel, qui fige, immobilise progressivement même la neige (« Plus lente la ruche enneigée / Et plus clair le cristal des vitres »), aux éclairs de l'été et de sa lumière chaude, dont le rythme vital est assimilé au frissonnement de vie des libellules éphémères (bystrojivouchtchie : « qui vivent rapidement ») : « Et si dans les diamants 132 « Temps ressenti » et « temps construit »
Revue Philosophique de Louvain, 2014
Existe-t-il un langage de la duree? Un langage dont la structure meme, jusqu’a dans sa charpente ... more Existe-t-il un langage de la duree? Un langage dont la structure meme, jusqu’a dans sa charpente grammaticale, pourrait repondre a l’exigence de penser en duree? Bien qu’a cette question, Henri Bergson reponde «non» et separe ainsi nettement le langage de la pensee (en duree, comme il se doit selon lui), il reste chez lui une hesitation. A partir de cette question, le but de cet article est de proposer une lecture de Bergson dans la perspective du systeme verbo-temporel de la langue tel qu’elabore par Gustave Guillaume. La confrontation avec Guillaume permet de decouvrir, par dela la mecanique visible du langage, la nature invisible de sa constitution et de sa modulation, en accord avec le developpement de notre pensee en duree.
Comment comprendre le monde contemporain, sans traduire ce qui s’ecrit en histoire, philosophie o... more Comment comprendre le monde contemporain, sans traduire ce qui s’ecrit en histoire, philosophie ou sociologie dans des regions du monde en plein bouleversement ? Si l’internationalisation des sciences humaines et sociales s’accompagne d’une utilisation massive de l’anglais, une pensee critique du monde contemporain ne peut se construire que dans des circulations multiples et une reflexion critique sur la transposition des concepts. Comment circulent aujourd’hui les sciences sociales entre la France, le monde turc, la Coree ou encore la Russie, sur quelles traditions s’appuient-elles, quels sont les vecteurs de connaissance et les points de blocages ?
La these est centree sur la construction du concept de duree dans le discours de Bergson. L'o... more La these est centree sur la construction du concept de duree dans le discours de Bergson. L'objectif de ce travail est de comprendre non pas ce qu'est la duree ou la conception bergsonienne du temps, mais comment Bergson l'introduit, l'argumente, la met en œuvre. La methode choisie, celle d'une "microlecture", suit de pres les textes de Bergson en y degageant les modalites de sa pensee, sa technique de conceptualisation. Elle decouvre le concept de duree en ce qu'il y a de foncierement inacheve, d'ouvert : c'est un concept en constant devenir qui n'est jamais enferme dans une fonction determinee. La duree ne peut pas etre exprimee de facon objective, en tant que fait, mais c'est elle qui organise tout le champ de la pensee bergsonienne, en en etant la premiere ou l'originaire procedure
Cahiers du monde russe, 2011
Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020.
Revue des études slaves, 2016
Laval théologique et philosophique, 2015
Dans cet article, je pose le problème des rapports entre philosophie et littérature à partir du c... more Dans cet article, je pose le problème des rapports entre philosophie et littérature à partir du cas de Boris Pasternak, dont la vie et l’oeuvre permettent d’envisager une nouvelle articulation entre les deux disciplines, en mobilisant un schème paradoxalement hégélien. Schème hégélien, car fait de trois mouvements, de sa pratique musicale vers la philosophie pour aboutir à une relève (Aufhebung) dans la poésie. Mais schème anti-hégélien, parce que la triade hégélienne est inversée : la philosophie est le moyen-terme, mais qui reste central, dans l’acheminement vers l’accomplissement du système par la poésie.
Russian Literature, 2015
The objective of this paper is to examine the profound ties that link philosophy and poetry in Bo... more The objective of this paper is to examine the profound ties that link philosophy and poetry in Boris Pasternak's theoretical and poetical works in the perspective of a broader problematic of relations between philosophy and poetry. I argue that Pasternak's writings do not simply bear the imprints of his prior engagement with philosophy, but that his poetry as such can be interpreted, at least in some of its aspects, as a result of his philosophical vision of the world shaped back in Marburg, in his readings of Kant and Cohen. In his poetic work he manages to redefine the limits between philosophy and art and to elaborate a new approach to some poignant philosophical problems.
Annales bergsoniennes IV, 2008
When Gorki wrote his play "The Barbarians" (1906), he probably did not intend to raise ... more When Gorki wrote his play "The Barbarians" (1906), he probably did not intend to raise such an intricate problem as the relationship between the barbarian, the savage and the civilized. Neither did he envisage talking about this triadic relation in reference to its political, historical and philosophical meaning. He proceeded as a writer and managed to construct a peculiar literary figure of the "barbarian" in its multiple aspects, and as related to other figures, such as the savage, in the first place. In this paper I argue that Gorki's intrinsically literary venture consisted in trying to make collide two categories that never normally enter in a dual relationship, but are always mediated by the category of the "civilized". The objective of this paper is to examine the consequences of this forced dualism, which without imposing any idea of civilization, however, ends up by setting it as a problem for further meditation and, without giving any solu...
Presses Universitaires de France, 2017
Chelovek, 2021
I suggest that the quote used in the title — the words of Valery Alexandrovich Podoroga — should ... more I suggest that the quote used in the title — the words of Valery Alexandrovich Podoroga — should be seen as an invitation to a certain thought procedure, without which it is probably impossible to fully understand the tasks that the Mimesis project or, more broadly, the analytical anthropology of literature sets for itself. The paper examines whether it is possible to transfer certain analytical strategies developed in Mimesis into the domain of poetic expression. Therefore, I seek to understand Pasternak's poetic experience as, first of all, sensible experience, i. e. the one based on the primary structure of impressions and emotional, bodily-unconscious reactions that determine his relation to the world. The first part of the paper formulates the criteria under which Pasternak's poetry is likely to become the object of the proposed analytical strategy: the problem of time, Pasternak's peculiar Bergsonism, and the poet’s attitude to poetic language and, above all, to me...
Cahiers du monde russe, 2017
Revue des études slaves, 2017
Revue des études slaves, 2013