Élise Tourte | Université de Strasbourg (original) (raw)

Articles by Élise Tourte

Research paper thumbnail of Marie-Claire Bancquart, sauf un insecte tombé dans sa paume

Poétiques et poésie de l'insecte, 2023

Un des recueils de la poète Marie-Claire Bancquart (1932-2019) s’intitule Dans le feuilletage de ... more Un des recueils de la poète Marie-Claire Bancquart (1932-2019) s’intitule Dans le feuilletage de la terre. C’est au cœur de ce feuilletage que se rencontrent les existences minuscules des insectes. Ces derniers se logent souvent dans les espaces étroits, dans les interstices. Cette situation fait d’eux des témoins des deux mondes : dedans et dehors, haut et bas, lointain et proche. Mais si un rien les effrite, leur présence n’est pas qu’à ces espaces interstitiels. Ils surgissent aussi parfois dans un bruissement d’ailes. Voir un insecte nous fait alors éprouver la vulnérabilité intense que nous avons en commun avec lui. Un des recueils de la poète Marie-Claire Bancquart (1932-2019) s’intitule Dans le feuilletage de la terre. C’est au cœur de ce feuilletage que se rencontrent les existences minuscules des insectes. Ces derniers se logent souvent dans les espaces étroits, dans les interstices. Cette situation fait d’eux des témoins des deux mondes : dedans et dehors, haut et bas, lointain et proche. Mais si un rien les effrite, leur présence n’est pas qu’à ces espaces interstitiels. Ils surgissent aussi parfois dans un bruissement d’ailes. Voir un insecte nous fait alors éprouver la vulnérabilité intense que nous avons en commun avec lui.

Research paper thumbnail of « Contre la colle les uns les autres » : l'épreuve du contact chez Henri Michaux

Les Lettres Romanes, 2018

Il s'agit d'élucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalité poly-sensorielle d'ap... more Il s'agit d'élucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalité poly-sensorielle d'appréhension du monde. Une haine du contact s'exprime à de multiples reprises dans cette œuvre, et transite notamment par le refus de la colle. Cette dernière suscite en effet des affects négatifs tels que la gêne et le dégoût. Une stratégie de repli est mise en place, qui consiste à demeurer dans la chambre. Or, cette dernière s'avère déjà traversée par des forces du dehors, ses surfaces internes deviennent externes, dans un processus d'invagination. La gêne, notamment, peut être suscitée de l'intérieur. Dans la drogue, Michaux découvre de plus une expérience de sensibilité exacerbée, sans possibilité de retrait. Mais de cette intrusion du sensible dans la sphère propre, nous voulons disculper le contact, lequel est précisément affaire de distance.

This paper examines Henri Michaux's relationship to contact as a polysensory form of apprehension of the world. An aversion to contact is expressed on multiple occasions in his body of work, involving in particular the rejection of glue, which inspires negative affects, such as awkwardness and disgust. An avoidance strategy consists in retreating to the bedroom. The problem is that the bedroom is already traversed by outside forces, and its internal surfaces become external through an invagination process. Awkwardness, for instance, may come from the inside. Michaux finds in drug use an experience of heightened sensibility, without the possibility of retreat. Here we argue in favour of absolving contact, which is precisely a matter of distance, from this intrusion of sensibility in the personal sphere.

Research paper thumbnail of À distance : territoire perspective dérobée

Talweg, 2021

Cet article développe une réflexion sur la façon dont la distance se manifeste dans le champ des ... more Cet article développe une réflexion sur la façon dont la distance se manifeste dans le champ des arts et des sciences humaines. Évoquant tour à tour l’éthologie, l’impératif d’une prétendue objectivité scientifique ou encore la naissance de la notion de perspective, il traverse l’histoire de la pensée, dans laquelle la distance est une construction, permettant à l’homme – la plupart du temps – de maîtriser ou de capturer ce qui l’entoure et qui est différent de lui. Au-delà de l’exercice d’un quelconque pouvoir et nourrie par la poésie de Henri Michaux, j’envisage une autre manière de se figurer la distance, non du côté de la mesure et de la domination mais du côté de la projection vers un ailleurs ; comme une dérobée.

Communications by Élise Tourte

Research paper thumbnail of Mouches larves microbes : bestiaire du dégoût chez Michaux

Cette contribution s'articule à une investigation que nous avons menée autour des figures animale... more Cette contribution s'articule à une investigation que nous avons menée autour des figures animales au sein de l'oeuvre de Michaux. Tout lecteur constate l'ampleur du thème de l'animalité dans ce corpus, et l'abondance des animaux, imaginaires ou réels, qui s'y rencontrent. À nous, l'envie est venue d'en dresser l'inventaire à travers les trois volumes des oeuvres complètes, pour montrer comment se déploie dans cet ensemble une considérable ménagerie. Cette ménagerie gravite autour d'un moi souverain, un moi qui s'occupe des animaux. Les bêtes chez Michaux vont des plus minuscules aux gigantesques. L'écrivain a en effet un certain goût pour ce jeu sur les dimensions. Il a été très tôt fasciné par les fourmis, et enfant les observait souvent comme il le relate dans le seul texte ouvertement autobiographique qu'on lui connaisse 1. Il y a ainsi une place importante qui est accordée aux insectes chez lui. Mais nous devons préciser que ces derniers sont très peu l'objet d'un dégoût, qu'au contraire le sujet poétique est captivé par leur présence. Cette contribution s'attache donc davantage au changement de paradigme qui traverse l'oeuvre. Méthodologiquement, cela implique d'écarter certains insectes de notre investigation, ceux qui sont ordinairement moins associés au dégoûtla libellule, le moustique, par exemple. Il faudra également parler de dégoût ordinaire, sans toutefois établir la moindre échelle de valeurs, simplement pour comprendre la spécificité de la proposition de Michaux. Modes de présence des insectes dégoûtants D'emblée il faut noter qu'on parle ordinairement des insectes en utilisant le pronom ça. Quelque chose survient comme objet. À la vue d'insectes, l'exclamation dégoûtée suivra : « mais qu'est-ce que c'est que ça ? » Dans un texte intitulé « Mes propriétés », Michaux décrit son espace du dedansc'est chez lui l'image privilégiée de l'intériorité. Ce dernier est d'abord considéré comme vide : « Dans mes propriétés, tout est plat, rien ne bouge 2. » Jusqu'à un retournement qui convoque le ça dont nous parlions, et qui constitue la première apparition des insectes, ou pour employer un vocabulaire phénoménologique leur donation : « Mais parfois ça s'anime, de la vie grouille 3 » Il semble que ce grouillement soit le premier vecteur du dégoût ordinaire. Phénoménologiquement, quelque chose est plat, immobile et, tout à coup, s'anime. Aurel Kolnai, dans sa conceptualisation du dégoût, considère que ce dernier s'éprouve toujours ou presque face à des objets animés (à l'exception de la crasse 4). Et c'est en partie cette imprévisibilité qui dégoûte : la surprise de constater qu'il y a quelque chose là où on pensait qu'il n'y avait rien. De ce grouillement, on peut trouver un autre exemple chez Michaux, dans « L'Hôte d'honneur au Brenn club ». Notons d'abord que le dégoût est d'emblée présent dans ce titre,

Research paper thumbnail of Elles rêvent quand elles saignent : figures du sang menstruel dans la poésie francophone contemporaine

Journée d'études « Sang sensible dans la littérature et les arts -XXe-XXIe siècles » (Dijon, avri... more Journée d'études « Sang sensible dans la littérature et les arts -XXe-XXIe siècles » (Dijon, avril 2023)

Research paper thumbnail of Valérie Rouzeau, Antoine Emaz : les nés-fatigués les comprendront

Colloque : « Antoine Emaz, l'épreuve élémentaire de soi » (Nanterre, Lausanne, octobre 2022) C... more Colloque : « Antoine Emaz, l'épreuve élémentaire de soi » (Nanterre, Lausanne, octobre 2022)

Cette communication se propose d'approcher le phénomène de la fatigue dans une étude comparée des poésies de Valérie Rouzeau (1965-) et d'Antoine Emaz (1955-2019).

Research paper thumbnail of Objectifying you objectifying me : jeux spéculaires dans l'art numérique au féminin

Séminaire porté par Francesco de Sanctis dans le cadre du Master I Multimédia (Strasbourg, févrie... more Séminaire porté par Francesco de Sanctis dans le cadre du Master I Multimédia (Strasbourg, février 2022)
L'esthétique spéculaire qui se fait jour dans les créations numériques consiste à utiliser le miroir, dispositif de réflexion, comme outil de revendication. C'est dans ce sens qu'elle sera étudiée dans cette communication.

Research paper thumbnail of Marie Claire Bancquart et les insectes

Colloque « Poésie et poétique de l'insecte » (Clermont-Ferrand, novembre 2021)

Research paper thumbnail of Magritte, Michaux, complices d'évasion

Magritte, Michaux : complices d'évasion ? Communication prononcée en octobre 2021 lors du séminai... more Magritte, Michaux : complices d'évasion ? Communication prononcée en octobre 2021 lors du séminaire « Littérature & peinture » organisé par Patrick Werly • Configurations littéraires, Université de Strasbourg

Research paper thumbnail of Puis il y a l'étranger : les mécanismes de l'expropriation dans l'œuvre d'Henri Michaux

Journée d'études « Venus d'ailleurs : paroles sur les 'étranges étrangers' » (Clermont-Ferrand, n... more Journée d'études « Venus d'ailleurs : paroles sur les 'étranges étrangers' » (Clermont-Ferrand, novembre 2017)

À partir de la formule « Il y a mon terrain et moi ; puis il y a l’étranger » (« Mes propriétés »), on tâche de comprendre quelle est la relation entre le sujet et l’étranger dans les textes de Michaux : l’un vient-il réellement après l’autre ? Les deux ne cessent-ils pas plutôt de coexister ? Si l’on suit cette deuxième hypothèse, la définition de l’identité est reconfigurée : cette dernière est déjà, dès l’origine, traversée par le dehors.

The starting point is a sentence in the poem “Mes propriétés” by Michaux: “There are my terrain and I; then there is the alien”. We try to figure out what “then” means: succession or coexistence? If we follow these two views, the alien can wether be regarded as an intruder or a original and inavoidable presence. The definition of identity can be thus reconsidered: one must contemplate that it is already transversed by outside forces, from the beginning.

Diaporamas by Élise Tourte

Research paper thumbnail of Elles rêvent quand elles saignent

Research paper thumbnail of Marie-Claire Bancquart, sauf un insecte tombé dans sa paume

Research paper thumbnail of L'Oulipo, l'esthétique dans de beaux draps

Thèse by Élise Tourte

Research paper thumbnail of « Face à ce qui se dérobe » : figures of distance in Henri Michaux’s work

Découpé en cinq moments qui sont autant de façons de phraser la distance, ce travail s’attache à ... more Découpé en cinq moments qui sont autant de façons de phraser la distance, ce travail s’attache à comprendre comment ce concept philosophique est figuré dans l’œuvre. Ce faisant, il s’intéresse à la manière dont une écriture littéraire peut dramatiser le conceptuel. Il s’agit d’abord d’éclairer la distance que HM établit pour se préserver du contact avec un dehors éprouvé comme collant et gênant. Les postures de distance avaient pour but de se dérober mais se retournent contre celui qui les a mises en œuvre, par la dérobée. Cette doublure de la présence qui la soupçonnait conduit à une absence douloureuse. À rebours de l’interprétation habituelle, nous lisons dans les textes de drogue la poursuite d’une quête opiniâtre de la distance, une obsession du contrôle, notamment par la dévaluation de l’expérience et par la lutte épique contre le gouffre. Finalement, ce n’est pas chronologiquement mais plutôt de façon stratifiée que le lien évolue, les moments se déployant et se recouvrant les uns les autres.

Papers by Élise Tourte

Research paper thumbnail of « Contre la colle les uns les autres » : l'épreuve du contact chez Henri Michaux

Lettres romanes, Jul 1, 2018

Il s'agit d'elucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalite poly-sensorie... more Il s'agit d'elucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalite poly-sensorielle d'apprehension du monde. Une haine du contact s'exprime a de multiples reprises dans cette œuvre, et tra...

Research paper thumbnail of « Le murmure subtil et paisible des objets justes » : La vie matérielle mode d’emploi de David Enon

Acta fabula Mars 2023

Cet article est un compte-rendu du livre : David Enon, La vie matérielle mode d’emploi, Paris : P... more Cet article est un compte-rendu du livre : David Enon, La vie matérielle mode d’emploi, Paris : Premier Parallèle, coll. « Carnets Parallèles », 2021, 168 p., EAN 9782850611179.

Research paper thumbnail of Entretien avec Jean Clet Martin « Etre philosophe et deleuzien veut dire pour moi entrer dans une pensée en acte »

Research paper thumbnail of Marie-Claire Bancquart, sauf un insecte tombé dans sa paume

Poétiques et poésie de l'insecte, 2023

Un des recueils de la poète Marie-Claire Bancquart (1932-2019) s’intitule Dans le feuilletage de ... more Un des recueils de la poète Marie-Claire Bancquart (1932-2019) s’intitule Dans le feuilletage de la terre. C’est au cœur de ce feuilletage que se rencontrent les existences minuscules des insectes. Ces derniers se logent souvent dans les espaces étroits, dans les interstices. Cette situation fait d’eux des témoins des deux mondes : dedans et dehors, haut et bas, lointain et proche. Mais si un rien les effrite, leur présence n’est pas qu’à ces espaces interstitiels. Ils surgissent aussi parfois dans un bruissement d’ailes. Voir un insecte nous fait alors éprouver la vulnérabilité intense que nous avons en commun avec lui. Un des recueils de la poète Marie-Claire Bancquart (1932-2019) s’intitule Dans le feuilletage de la terre. C’est au cœur de ce feuilletage que se rencontrent les existences minuscules des insectes. Ces derniers se logent souvent dans les espaces étroits, dans les interstices. Cette situation fait d’eux des témoins des deux mondes : dedans et dehors, haut et bas, lointain et proche. Mais si un rien les effrite, leur présence n’est pas qu’à ces espaces interstitiels. Ils surgissent aussi parfois dans un bruissement d’ailes. Voir un insecte nous fait alors éprouver la vulnérabilité intense que nous avons en commun avec lui.

Research paper thumbnail of « Contre la colle les uns les autres » : l'épreuve du contact chez Henri Michaux

Les Lettres Romanes, 2018

Il s'agit d'élucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalité poly-sensorielle d'ap... more Il s'agit d'élucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalité poly-sensorielle d'appréhension du monde. Une haine du contact s'exprime à de multiples reprises dans cette œuvre, et transite notamment par le refus de la colle. Cette dernière suscite en effet des affects négatifs tels que la gêne et le dégoût. Une stratégie de repli est mise en place, qui consiste à demeurer dans la chambre. Or, cette dernière s'avère déjà traversée par des forces du dehors, ses surfaces internes deviennent externes, dans un processus d'invagination. La gêne, notamment, peut être suscitée de l'intérieur. Dans la drogue, Michaux découvre de plus une expérience de sensibilité exacerbée, sans possibilité de retrait. Mais de cette intrusion du sensible dans la sphère propre, nous voulons disculper le contact, lequel est précisément affaire de distance.

This paper examines Henri Michaux's relationship to contact as a polysensory form of apprehension of the world. An aversion to contact is expressed on multiple occasions in his body of work, involving in particular the rejection of glue, which inspires negative affects, such as awkwardness and disgust. An avoidance strategy consists in retreating to the bedroom. The problem is that the bedroom is already traversed by outside forces, and its internal surfaces become external through an invagination process. Awkwardness, for instance, may come from the inside. Michaux finds in drug use an experience of heightened sensibility, without the possibility of retreat. Here we argue in favour of absolving contact, which is precisely a matter of distance, from this intrusion of sensibility in the personal sphere.

Research paper thumbnail of À distance : territoire perspective dérobée

Talweg, 2021

Cet article développe une réflexion sur la façon dont la distance se manifeste dans le champ des ... more Cet article développe une réflexion sur la façon dont la distance se manifeste dans le champ des arts et des sciences humaines. Évoquant tour à tour l’éthologie, l’impératif d’une prétendue objectivité scientifique ou encore la naissance de la notion de perspective, il traverse l’histoire de la pensée, dans laquelle la distance est une construction, permettant à l’homme – la plupart du temps – de maîtriser ou de capturer ce qui l’entoure et qui est différent de lui. Au-delà de l’exercice d’un quelconque pouvoir et nourrie par la poésie de Henri Michaux, j’envisage une autre manière de se figurer la distance, non du côté de la mesure et de la domination mais du côté de la projection vers un ailleurs ; comme une dérobée.

Research paper thumbnail of Mouches larves microbes : bestiaire du dégoût chez Michaux

Cette contribution s'articule à une investigation que nous avons menée autour des figures animale... more Cette contribution s'articule à une investigation que nous avons menée autour des figures animales au sein de l'oeuvre de Michaux. Tout lecteur constate l'ampleur du thème de l'animalité dans ce corpus, et l'abondance des animaux, imaginaires ou réels, qui s'y rencontrent. À nous, l'envie est venue d'en dresser l'inventaire à travers les trois volumes des oeuvres complètes, pour montrer comment se déploie dans cet ensemble une considérable ménagerie. Cette ménagerie gravite autour d'un moi souverain, un moi qui s'occupe des animaux. Les bêtes chez Michaux vont des plus minuscules aux gigantesques. L'écrivain a en effet un certain goût pour ce jeu sur les dimensions. Il a été très tôt fasciné par les fourmis, et enfant les observait souvent comme il le relate dans le seul texte ouvertement autobiographique qu'on lui connaisse 1. Il y a ainsi une place importante qui est accordée aux insectes chez lui. Mais nous devons préciser que ces derniers sont très peu l'objet d'un dégoût, qu'au contraire le sujet poétique est captivé par leur présence. Cette contribution s'attache donc davantage au changement de paradigme qui traverse l'oeuvre. Méthodologiquement, cela implique d'écarter certains insectes de notre investigation, ceux qui sont ordinairement moins associés au dégoûtla libellule, le moustique, par exemple. Il faudra également parler de dégoût ordinaire, sans toutefois établir la moindre échelle de valeurs, simplement pour comprendre la spécificité de la proposition de Michaux. Modes de présence des insectes dégoûtants D'emblée il faut noter qu'on parle ordinairement des insectes en utilisant le pronom ça. Quelque chose survient comme objet. À la vue d'insectes, l'exclamation dégoûtée suivra : « mais qu'est-ce que c'est que ça ? » Dans un texte intitulé « Mes propriétés », Michaux décrit son espace du dedansc'est chez lui l'image privilégiée de l'intériorité. Ce dernier est d'abord considéré comme vide : « Dans mes propriétés, tout est plat, rien ne bouge 2. » Jusqu'à un retournement qui convoque le ça dont nous parlions, et qui constitue la première apparition des insectes, ou pour employer un vocabulaire phénoménologique leur donation : « Mais parfois ça s'anime, de la vie grouille 3 » Il semble que ce grouillement soit le premier vecteur du dégoût ordinaire. Phénoménologiquement, quelque chose est plat, immobile et, tout à coup, s'anime. Aurel Kolnai, dans sa conceptualisation du dégoût, considère que ce dernier s'éprouve toujours ou presque face à des objets animés (à l'exception de la crasse 4). Et c'est en partie cette imprévisibilité qui dégoûte : la surprise de constater qu'il y a quelque chose là où on pensait qu'il n'y avait rien. De ce grouillement, on peut trouver un autre exemple chez Michaux, dans « L'Hôte d'honneur au Brenn club ». Notons d'abord que le dégoût est d'emblée présent dans ce titre,

Research paper thumbnail of Elles rêvent quand elles saignent : figures du sang menstruel dans la poésie francophone contemporaine

Journée d'études « Sang sensible dans la littérature et les arts -XXe-XXIe siècles » (Dijon, avri... more Journée d'études « Sang sensible dans la littérature et les arts -XXe-XXIe siècles » (Dijon, avril 2023)

Research paper thumbnail of Valérie Rouzeau, Antoine Emaz : les nés-fatigués les comprendront

Colloque : « Antoine Emaz, l'épreuve élémentaire de soi » (Nanterre, Lausanne, octobre 2022) C... more Colloque : « Antoine Emaz, l'épreuve élémentaire de soi » (Nanterre, Lausanne, octobre 2022)

Cette communication se propose d'approcher le phénomène de la fatigue dans une étude comparée des poésies de Valérie Rouzeau (1965-) et d'Antoine Emaz (1955-2019).

Research paper thumbnail of Objectifying you objectifying me : jeux spéculaires dans l'art numérique au féminin

Séminaire porté par Francesco de Sanctis dans le cadre du Master I Multimédia (Strasbourg, févrie... more Séminaire porté par Francesco de Sanctis dans le cadre du Master I Multimédia (Strasbourg, février 2022)
L'esthétique spéculaire qui se fait jour dans les créations numériques consiste à utiliser le miroir, dispositif de réflexion, comme outil de revendication. C'est dans ce sens qu'elle sera étudiée dans cette communication.

Research paper thumbnail of Marie Claire Bancquart et les insectes

Colloque « Poésie et poétique de l'insecte » (Clermont-Ferrand, novembre 2021)

Research paper thumbnail of Magritte, Michaux, complices d'évasion

Magritte, Michaux : complices d'évasion ? Communication prononcée en octobre 2021 lors du séminai... more Magritte, Michaux : complices d'évasion ? Communication prononcée en octobre 2021 lors du séminaire « Littérature & peinture » organisé par Patrick Werly • Configurations littéraires, Université de Strasbourg

Research paper thumbnail of Puis il y a l'étranger : les mécanismes de l'expropriation dans l'œuvre d'Henri Michaux

Journée d'études « Venus d'ailleurs : paroles sur les 'étranges étrangers' » (Clermont-Ferrand, n... more Journée d'études « Venus d'ailleurs : paroles sur les 'étranges étrangers' » (Clermont-Ferrand, novembre 2017)

À partir de la formule « Il y a mon terrain et moi ; puis il y a l’étranger » (« Mes propriétés »), on tâche de comprendre quelle est la relation entre le sujet et l’étranger dans les textes de Michaux : l’un vient-il réellement après l’autre ? Les deux ne cessent-ils pas plutôt de coexister ? Si l’on suit cette deuxième hypothèse, la définition de l’identité est reconfigurée : cette dernière est déjà, dès l’origine, traversée par le dehors.

The starting point is a sentence in the poem “Mes propriétés” by Michaux: “There are my terrain and I; then there is the alien”. We try to figure out what “then” means: succession or coexistence? If we follow these two views, the alien can wether be regarded as an intruder or a original and inavoidable presence. The definition of identity can be thus reconsidered: one must contemplate that it is already transversed by outside forces, from the beginning.

Research paper thumbnail of « Face à ce qui se dérobe » : figures of distance in Henri Michaux’s work

Découpé en cinq moments qui sont autant de façons de phraser la distance, ce travail s’attache à ... more Découpé en cinq moments qui sont autant de façons de phraser la distance, ce travail s’attache à comprendre comment ce concept philosophique est figuré dans l’œuvre. Ce faisant, il s’intéresse à la manière dont une écriture littéraire peut dramatiser le conceptuel. Il s’agit d’abord d’éclairer la distance que HM établit pour se préserver du contact avec un dehors éprouvé comme collant et gênant. Les postures de distance avaient pour but de se dérober mais se retournent contre celui qui les a mises en œuvre, par la dérobée. Cette doublure de la présence qui la soupçonnait conduit à une absence douloureuse. À rebours de l’interprétation habituelle, nous lisons dans les textes de drogue la poursuite d’une quête opiniâtre de la distance, une obsession du contrôle, notamment par la dévaluation de l’expérience et par la lutte épique contre le gouffre. Finalement, ce n’est pas chronologiquement mais plutôt de façon stratifiée que le lien évolue, les moments se déployant et se recouvrant les uns les autres.

Research paper thumbnail of « Contre la colle les uns les autres » : l'épreuve du contact chez Henri Michaux

Lettres romanes, Jul 1, 2018

Il s'agit d'elucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalite poly-sensorie... more Il s'agit d'elucider le rapport de Henri Michaux au contact, comme modalite poly-sensorielle d'apprehension du monde. Une haine du contact s'exprime a de multiples reprises dans cette œuvre, et tra...

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Acta fabula Mars 2023

Cet article est un compte-rendu du livre : David Enon, La vie matérielle mode d’emploi, Paris : P... more Cet article est un compte-rendu du livre : David Enon, La vie matérielle mode d’emploi, Paris : Premier Parallèle, coll. « Carnets Parallèles », 2021, 168 p., EAN 9782850611179.

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