Quérini Nicolas | Université de Strasbourg (original) (raw)
Uploads
Drafts by Quérini Nicolas
Resumo: Gostaríamos de questionar a recuperação e inversão da fórmula de Terêncio "eu sou o mais ... more Resumo: Gostaríamos de questionar a recuperação e inversão da fórmula de Terêncio "eu sou o mais próximo de mim", nos termos de Nietzsche: "Jeder ist sich selbst der Fernste (cada qual é o mais distante de si mesmo), que encontramos no primeiro parágrafo do Prefácio à Genealogia da Moral. Propomos aqui um comentário a este parágrafo que é acompanhado por uma interpretação desta fórmula, com base no contexto em que aparece. Gostaríamos, assim, de questionar o modo como Nietzsche articula essa fórmula com a dificuldade do autoconhecimento, sobre a qual insiste o início da Genealogia. Nietzsche nos diz imediatamente que esse ideal délfico nunca foi alcançado porque a empresa na realidade nunca foi realmente tentada. Será então que o início da Genealogia realmente busca impedir todo autoconhecimento (porque tudo seria possível conhecer, menos a si mesmo), ou não há outra forma mais interessante de ouvir essa fórmula de que estamos mais distantes de nós mesmos? Gostaríamos de mostrar duas coisas a esse respeito: em primeiro lugar, que o autoconhecimento não é proibido aqui por Nietzsche, mas que ele nos convida a pensá-lo de maneira diferente e, em segundo lugar, que a fórmula segundo a qual "cada qual é o mais distante de si mesmo" também pode ser entendida como uma injunção para manter o eu sempre à distância. As duas dimensões estão então ligadas, pois sustentamos que o autoconhecimento no sentido clássico pode e deve ser positivamente substituído em Nietzsche por uma interpretação de si e que essa interpretação nunca deve ser pensada precisamente como um empreendimento voltado para a apreensão de si .de uma vez por todas, o que equivaleria a reificá-lo, tirando-o do devir. Palavras-chave: Nietzsche, si mesmo, autoconhecimento, interpretação.
La question animale s’inscrit au cœur de nombreux débats théoriques et pratiques qui animent et a... more La question animale s’inscrit au cœur de nombreux débats théoriques et pratiques qui animent et agitent aujourd’hui plus que jamais de nombreuses sphères de la vie sociale. Le développement de l’interrogation théorique constituée par le champ de l’éthique animale contemporaine (Singer, Regan, etc.) correspond aux interrogations sociétales autour de pratiques telles que le véganisme ou la question environnementale, les controverses autour du statut juridique des animaux, la condition des animaux dans le processus de production industrielle, mais également dans les champs de la recherche scientifique et médicale ou encore d’activités de loisirs et de consommation (corrida, mode, etc.).
L’ensemble de ces débats engage une précompréhension de ce qu’est l’animal ou l’animalité d’un point de vue proprement philosophique. C’est pourquoi il nous semble nécessaire d’interroger ou de réinterroger, par-delà ou en-deçà du régime normatif spécifique au mode d’approche éthique de la question de l’animalité, les fondements philosophiques d’un tel débat. Si les questionnements éthiques sont sans aucun doute nécessaires et salutaires, et s’ils permettent à bien des égards de faire avancer la cause animale, il nous semble que la question de l’animalité puisse également se situer essentiellement ailleurs, se développer sur des bases philosophiques différentes et, peut-être, plus solides et plus inventives. Ces « autres » approches n’impliquent aucunement une quelconque indifférence au sort éthique des animaux. Mais l’approche de l’éthique contemporaine (dans son arrimage à une certaine compréhension de ce que doit être la défense de la cause animale) définit, nous semble-t-il, des modalités d’approche problématique parfois unilatérales et limitées (en termes de chasse systématique à un anthropocentrisme spéciste coupable mais relevant d’une anthropologie implicite toujours préengagée dans la logique du « propre » ; de recherche de critères d’indistinction entre humanité et animalité sur lesquels fonder une éthique de la « considérabilité » élargie à l’ensemble des êtres ; sur certaines définitions contestables de la sensibilité, et au final sur une acception problématique de ce qu’est l’éthique elle-même, etc.). C’est à interroger l’ensemble de ces « impensés » que la philosophie (et l’éthique) animale doit pouvoir puiser son renouvellement.
Face à cela, il s’agirait dès lors de chercher à saisir l’animalité dans toute la richesse et la diversité de ses modalités d’existence, selon l’angle d’une saisie toujours problématique et questionnante de la normativité intrinsèque à la pluralité des mondes animaux. La mise en rapport de la question animale et des interrogations contemporaines autour de l’anthropologie des « métaphysiques cannibales », de la pensée contemporaine de l’environnement et de l’écologie des mondes vécus, mais également de l’esthétique et de la littérature ou encore la plongée dans une histoire de la philosophie examinée avec rigueur et sans condamnation a priori, sont autant de perspectives permettant de repenser la question animale et de réinventer nos rapports avec les animaux.
Selon des points de vue différents, les intervenants de cette journée contribuent tous au renouvellement de la compréhension philosophique de l’énigme persistante et fascinante de l’animalité.
Papers by Quérini Nicolas
in Friedrich Nietzsche (1844-1900). Les voies d'entrée et de sortie du labyrinthe / Friedrich Nietzsche (1844-1900). Ways In and Out of the Labyrinth, Labyrinth: An International Journal for Philosophy, Value Theory and Sociocultural Hermeneutics, 2024
In Nietzsche's "mature" texts, we are witnessing a complete dissolution of the subject. At first ... more In Nietzsche's "mature" texts, we are witnessing a complete dissolution of the subject. At first glance, however, this appears highly paradoxical (Wotling 2015), leading some commentators to suggest that there is a real contradiction in Nietzsche's work (Gardner 2009), insofar as the author never ceases to speak of himself and at the same time invites his reader to become who he is. Are we to understand, then, that any self is illusory and constitutes a metaphysical illusion, i.e., that the becoming in which we are always caught according to Nietzsche must make any position of a self impossible, and at the very least diminishing? Following in the footsteps of Alexander Nehamas (1985), we believe that we can overcome the contradiction identified by S. Gardner by showing that Nietzsche's conception of the self is not "realistic", but precisely also fictional and dynamically positive at the same time.
in Phantasia n°14, 2024
Dans le § 25 du premier tome d'Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d'une m... more Dans le § 25 du premier tome d'Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d'une morale universelle qu'il attribue à Kant. S'il y a quelque chose comme une morale nietzschéenne (bien différente de ce qu'il appelle « la morale », à savoir celle héritée du platonisme et du christianisme), elle doit consister en quelque chose de « privé » parce qu'elle diffère d'un individu à un autre. Cela ne signifie évidemment pas que Nietzsche serait relativiste, mais simplement qu'une morale ne peut se dessiner que vis-à-vis de notre complexion et que celle-ci est toujours proprement idiosyncrasique, formée par l'histoire unique qui nous fait être ce que nous sommes. Mais comment peut-on alors parler sans contradiction d'un véritable devoir d'être soi-même ? D'autant plus dans le sillage d'une conception romantique qui va inspirer les trois auteurs que nous voulons interroger et selon laquelle chacun est absolument singulier ? Nous tâcherons ici d'analyser ce devoir si singulier qui nous Mots-clés Devoir, être soi-même, devenir soi, Emerson, Mill, Nietzsche.
We have set out here to highlight two references that underlie Nietzsche’s argument in his lectur... more We have set out here to highlight two references that underlie Nietzsche’s argument in his lecture On the Future of Our Educational Institutions. The philosopher shares with Plato and Schopenhauer a natural aristocracy of the mind, i.e. the idea that nature is stingy in its production of geniuses. In these conditions, it’s understandable that he should feel «frightened»
by the «democratization» of the university he is witnessing. We show, however, that he plays Plato off against Schopenhauer, but does not follow the Greek philosopher all the way. First, Nietzsche stresses that far from believing that the university and culture should be at the service of the State, it is the State that should be at the service of Bildung, and it is what would emerge from the Platonic model. We claim that there is a kind of hesitation on Nietzsche’s part, who wonders whether the institution can still create Bildung or whether it is not outside that it should be sought and built, in which case we are closer to Schopenhauer.
This essay examines Nietzsche's inversion of Terence's formula "I am the closest to myself" into ... more This essay examines Nietzsche's inversion of Terence's formula "I am the closest to myself" into "Everyone is furthest from himself [Jeder ist sich selbst der Fernste]" (GM, Preface 1). In a contextual reading, I am going to ask how Nietzsche relates this formula to the difficulty of acquiring self-knowledge, as emphasized at the beginning of On the Genealogy of Morality. First, I argue that Nietzsche does not prohibit self-knowledge, but instead invites us to think about it differently; and second, I will show that the formula according to which "everyone is furthest from himself" can also be understood as an injunction to keep the self always at a distance. I will link these two aspects by arguing that Nietzsche replaces self-knowledge in the classical sense by an interpretation of the self, and that this interpretation must never be thought of as an undertaking that seeks to reify their self. Nietzsche urges us to make ourselves into creative projects, even this will entail fiction and illusion.
Notre travail se concentre sur la signification de la celebre sentence de Pindare reprise par Nie... more Notre travail se concentre sur la signification de la celebre sentence de Pindare reprise par Nietzsche et que l’on traduit generalement en francais par « Deviens ce que tu es ». Nous l’avons confrontee a l’imperatif socratique « connais-toi toi-meme » en interrogeant la relation de priorite qui gouvernait les deux sentences. A partir d’Hannah Arendt, nous nous sommes egalement efforces de construire une distinction precise entre « ce que l’on est », c’est-a-dire les qualites qui sont les notres, et « qui l’on est », le « qui » designant le soi existant par-dela ses qualites, celles-ci ne faisant que le manifester sans jamais toutefois l’epuiser.
Books by Quérini Nicolas
De la connaissance de soi au devenir soi, 2023
En Grèce ancienne, l’inscription delphique « Connais-toi toi-même », devenue sentence proverbiale... more En Grèce ancienne, l’inscription delphique « Connais-toi toi-même », devenue sentence proverbiale, ne signifiait nullement une invitation à l’introspection, à l’observation de soi par soi. Elle ne devait pas même être comprise, dans un premier temps du moins, comme nous invitant à nous connaître nous, en particulier. La sagesse que cette formule condense consistait ainsi d’abord à faire le départ entre la race des hommes et celle des dieux. Elle était alors avant tout un précepte de modestie qui nous ramenait à notre mesure humaine. Si cette dimension n’est évidemment pas absente des Dialogues de Platon, notre livre tâche de montrer que le philosophe athénien ne se contente pas d’une telle mesure lorsqu’il situe la condition humaine en proximité immédiate du divin, à la suite de Pindare qui immortalisait déjà par sa poésie les exploits des vainqueurs aux Jeux qui contribuaient à la gloire de la Grèce. Ainsi, loin d’être compris uniquement comme un principe de modestie, la pleine compréhension de la connaissance de soi nous invite, selon Platon, à reconnaître le divin en soi et à tâcher de nous apparenter le plus possible à celui-ci.
Or, si la connaissance de soi est sans aucun doute au fondement de l’éthique platonicienne, nous pouvons avoir l’impression que cette dimension est totalement absente de celle que formule Nietzsche et qui se concentre dans l’expression fameuse « Deviens ce que tu es ». Plus encore, on peut penser que l’absence de la connaissance de soi dans le processus du devenir soi est thématisée comme telle par le philosophe, puisque Nietzsche, qui se réapproprie ici le mot de Pindare, omet la fin du vers de la Deuxième Pythique dans lequel elle figure, le poète écrivant pour sa part : « Deviens tel que tu as appris à te connaître (Γένοι ̓ οἷος ἐσσὶ μαθών) ». Pindare plaçait déjà l’accent sur l’action, qui devait ainsi précéder la réflexion. Nietzsche ferait alors un pas de plus en construisant une sorte d’éthique de l’action, à rebours de toute réflexivité. Il semble donc que, chez le philosophe allemand, l’impératif de la connaissance de soi doive s’effacer au profit du seul devenir-soi. À partir de cette considération, nous serions tentés de penser que la philosophie nietzschéenne se construit sur ce point également comme un symétrique inversé par rapport à celle de Platon.
Notre livre consiste au contraire à révéler un rapport, une dette paradoxale de Nietzsche envers Platon, par l’intermédiaire de la poésie de Pindare. Le paradoxe que nous cherchons ainsi à déceler, c’est que si Nietzsche critique la connaissance de soi en tant qu’elle nous fait entrer dans l’ère de la morale, l’exigence du devenir soi qu’il cherche à penser pour lui-même et pour l’individu véritable trouve également sa source dans la tradition delphique. Le célèbre vers de Pindare – « Deviens tel que tu as appris à te connaître » –, est ainsi un prolongement du « Connais-toi toi-même » et même une reformulation de celui-ci, dans le contexte agonal des Jeux qui faisaient la gloire de la Grèce. Nietzsche se fait alors critique d’une morale et de ses avatars, depuis une pensée du devenir soi qui prend sa source dans le même lieu, à savoir Delphes.
Finalement, en se situant dans le prolongement du poète, le philosophe allemand est donc bien davantage dans la continuité de la réflexion platonicienne qu’une lecture rapide de ses œuvres pourrait le laisser penser. Ainsi, le travail que nous proposons sur les écrits de la période bâloise de Nietzsche (de la Naissance de la tragédie aux Considérations inactuelles) dévoile un rapport beaucoup plus ambigu au précepte delphique de la part du philosophe allemand. Nous montrons en effet que le précepte delphique, loin d’être absent de ce corpus, est pleinement associé à la dynamique du devenir soi. De façon parallèle, si la dimension de la connaissance est nécessairement première chez Platon, elle doit également s’accomplir dans un travail sur soi, de sorte que la dimension du devenir soi n’est évidemment pas absente des Dialogues. Loin de les tenir pour des impératifs antinomiques, nous estimons donc au contraire que le « Deviens ce que tu es » est comme la formule secrète du « Connais-toi toi-même ».
Classiques Garnier/Collection "Kaïnon" by Quérini Nicolas
De la connaissance de soi au devenir soi. Platon, Pindare et Nietzsche, 2023
De la connaissance de soi au devenir soi. Platon, Pindare et Nietzsche, 2023
Tout en critiquant la morale occidentale ancrée selon lui dans la sentence «Connais-toi toi-même»... more Tout en critiquant la morale occidentale ancrée selon lui dans la sentence «Connais-toi toi-même», Nietzsche développe pour sa part un impératif («Deviens qui tu es ») qui s’inspire en réalité également de la tradition delphique, à travers la figure de Pindare. Réinterprétant lui-même cette sentence, le poète écrivait ainsi «Deviens tel que tu as appris à te connaître». C’est donc paradoxalement à partir de l’injonction à devenir soi que Nietzsche opère la critique de la morale issue elle-même de l’invitation à la connaissance de soi. Ce livre cherche à montrer que cet idéal, tel que le conçoit Platon, libère en réalité la possibilité du devenir soi et que
celui-ci est comme la formule secrète du «Connais-toi toi-même ».
Conference Presentations by Quérini Nicolas
Ce colloque est financé par l'Union européenne (BildungLearning, projet ERC no 101043433). Les po... more Ce colloque est financé par l'Union européenne (BildungLearning, projet ERC no 101043433). Les points de vue et opinions exprimés appartiennent à leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux de l'Union européenne ni de la European Research Council Executive Agency. Ni l'Union européenne ni l'instance chargée de l'octroi des subventions ne peuvent en être tenues pour responsables.
Resumo: Gostaríamos de questionar a recuperação e inversão da fórmula de Terêncio "eu sou o mais ... more Resumo: Gostaríamos de questionar a recuperação e inversão da fórmula de Terêncio "eu sou o mais próximo de mim", nos termos de Nietzsche: "Jeder ist sich selbst der Fernste (cada qual é o mais distante de si mesmo), que encontramos no primeiro parágrafo do Prefácio à Genealogia da Moral. Propomos aqui um comentário a este parágrafo que é acompanhado por uma interpretação desta fórmula, com base no contexto em que aparece. Gostaríamos, assim, de questionar o modo como Nietzsche articula essa fórmula com a dificuldade do autoconhecimento, sobre a qual insiste o início da Genealogia. Nietzsche nos diz imediatamente que esse ideal délfico nunca foi alcançado porque a empresa na realidade nunca foi realmente tentada. Será então que o início da Genealogia realmente busca impedir todo autoconhecimento (porque tudo seria possível conhecer, menos a si mesmo), ou não há outra forma mais interessante de ouvir essa fórmula de que estamos mais distantes de nós mesmos? Gostaríamos de mostrar duas coisas a esse respeito: em primeiro lugar, que o autoconhecimento não é proibido aqui por Nietzsche, mas que ele nos convida a pensá-lo de maneira diferente e, em segundo lugar, que a fórmula segundo a qual "cada qual é o mais distante de si mesmo" também pode ser entendida como uma injunção para manter o eu sempre à distância. As duas dimensões estão então ligadas, pois sustentamos que o autoconhecimento no sentido clássico pode e deve ser positivamente substituído em Nietzsche por uma interpretação de si e que essa interpretação nunca deve ser pensada precisamente como um empreendimento voltado para a apreensão de si .de uma vez por todas, o que equivaleria a reificá-lo, tirando-o do devir. Palavras-chave: Nietzsche, si mesmo, autoconhecimento, interpretação.
La question animale s’inscrit au cœur de nombreux débats théoriques et pratiques qui animent et a... more La question animale s’inscrit au cœur de nombreux débats théoriques et pratiques qui animent et agitent aujourd’hui plus que jamais de nombreuses sphères de la vie sociale. Le développement de l’interrogation théorique constituée par le champ de l’éthique animale contemporaine (Singer, Regan, etc.) correspond aux interrogations sociétales autour de pratiques telles que le véganisme ou la question environnementale, les controverses autour du statut juridique des animaux, la condition des animaux dans le processus de production industrielle, mais également dans les champs de la recherche scientifique et médicale ou encore d’activités de loisirs et de consommation (corrida, mode, etc.).
L’ensemble de ces débats engage une précompréhension de ce qu’est l’animal ou l’animalité d’un point de vue proprement philosophique. C’est pourquoi il nous semble nécessaire d’interroger ou de réinterroger, par-delà ou en-deçà du régime normatif spécifique au mode d’approche éthique de la question de l’animalité, les fondements philosophiques d’un tel débat. Si les questionnements éthiques sont sans aucun doute nécessaires et salutaires, et s’ils permettent à bien des égards de faire avancer la cause animale, il nous semble que la question de l’animalité puisse également se situer essentiellement ailleurs, se développer sur des bases philosophiques différentes et, peut-être, plus solides et plus inventives. Ces « autres » approches n’impliquent aucunement une quelconque indifférence au sort éthique des animaux. Mais l’approche de l’éthique contemporaine (dans son arrimage à une certaine compréhension de ce que doit être la défense de la cause animale) définit, nous semble-t-il, des modalités d’approche problématique parfois unilatérales et limitées (en termes de chasse systématique à un anthropocentrisme spéciste coupable mais relevant d’une anthropologie implicite toujours préengagée dans la logique du « propre » ; de recherche de critères d’indistinction entre humanité et animalité sur lesquels fonder une éthique de la « considérabilité » élargie à l’ensemble des êtres ; sur certaines définitions contestables de la sensibilité, et au final sur une acception problématique de ce qu’est l’éthique elle-même, etc.). C’est à interroger l’ensemble de ces « impensés » que la philosophie (et l’éthique) animale doit pouvoir puiser son renouvellement.
Face à cela, il s’agirait dès lors de chercher à saisir l’animalité dans toute la richesse et la diversité de ses modalités d’existence, selon l’angle d’une saisie toujours problématique et questionnante de la normativité intrinsèque à la pluralité des mondes animaux. La mise en rapport de la question animale et des interrogations contemporaines autour de l’anthropologie des « métaphysiques cannibales », de la pensée contemporaine de l’environnement et de l’écologie des mondes vécus, mais également de l’esthétique et de la littérature ou encore la plongée dans une histoire de la philosophie examinée avec rigueur et sans condamnation a priori, sont autant de perspectives permettant de repenser la question animale et de réinventer nos rapports avec les animaux.
Selon des points de vue différents, les intervenants de cette journée contribuent tous au renouvellement de la compréhension philosophique de l’énigme persistante et fascinante de l’animalité.
in Friedrich Nietzsche (1844-1900). Les voies d'entrée et de sortie du labyrinthe / Friedrich Nietzsche (1844-1900). Ways In and Out of the Labyrinth, Labyrinth: An International Journal for Philosophy, Value Theory and Sociocultural Hermeneutics, 2024
In Nietzsche's "mature" texts, we are witnessing a complete dissolution of the subject. At first ... more In Nietzsche's "mature" texts, we are witnessing a complete dissolution of the subject. At first glance, however, this appears highly paradoxical (Wotling 2015), leading some commentators to suggest that there is a real contradiction in Nietzsche's work (Gardner 2009), insofar as the author never ceases to speak of himself and at the same time invites his reader to become who he is. Are we to understand, then, that any self is illusory and constitutes a metaphysical illusion, i.e., that the becoming in which we are always caught according to Nietzsche must make any position of a self impossible, and at the very least diminishing? Following in the footsteps of Alexander Nehamas (1985), we believe that we can overcome the contradiction identified by S. Gardner by showing that Nietzsche's conception of the self is not "realistic", but precisely also fictional and dynamically positive at the same time.
in Phantasia n°14, 2024
Dans le § 25 du premier tome d'Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d'une m... more Dans le § 25 du premier tome d'Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d'une morale universelle qu'il attribue à Kant. S'il y a quelque chose comme une morale nietzschéenne (bien différente de ce qu'il appelle « la morale », à savoir celle héritée du platonisme et du christianisme), elle doit consister en quelque chose de « privé » parce qu'elle diffère d'un individu à un autre. Cela ne signifie évidemment pas que Nietzsche serait relativiste, mais simplement qu'une morale ne peut se dessiner que vis-à-vis de notre complexion et que celle-ci est toujours proprement idiosyncrasique, formée par l'histoire unique qui nous fait être ce que nous sommes. Mais comment peut-on alors parler sans contradiction d'un véritable devoir d'être soi-même ? D'autant plus dans le sillage d'une conception romantique qui va inspirer les trois auteurs que nous voulons interroger et selon laquelle chacun est absolument singulier ? Nous tâcherons ici d'analyser ce devoir si singulier qui nous Mots-clés Devoir, être soi-même, devenir soi, Emerson, Mill, Nietzsche.
We have set out here to highlight two references that underlie Nietzsche’s argument in his lectur... more We have set out here to highlight two references that underlie Nietzsche’s argument in his lecture On the Future of Our Educational Institutions. The philosopher shares with Plato and Schopenhauer a natural aristocracy of the mind, i.e. the idea that nature is stingy in its production of geniuses. In these conditions, it’s understandable that he should feel «frightened»
by the «democratization» of the university he is witnessing. We show, however, that he plays Plato off against Schopenhauer, but does not follow the Greek philosopher all the way. First, Nietzsche stresses that far from believing that the university and culture should be at the service of the State, it is the State that should be at the service of Bildung, and it is what would emerge from the Platonic model. We claim that there is a kind of hesitation on Nietzsche’s part, who wonders whether the institution can still create Bildung or whether it is not outside that it should be sought and built, in which case we are closer to Schopenhauer.
This essay examines Nietzsche's inversion of Terence's formula "I am the closest to myself" into ... more This essay examines Nietzsche's inversion of Terence's formula "I am the closest to myself" into "Everyone is furthest from himself [Jeder ist sich selbst der Fernste]" (GM, Preface 1). In a contextual reading, I am going to ask how Nietzsche relates this formula to the difficulty of acquiring self-knowledge, as emphasized at the beginning of On the Genealogy of Morality. First, I argue that Nietzsche does not prohibit self-knowledge, but instead invites us to think about it differently; and second, I will show that the formula according to which "everyone is furthest from himself" can also be understood as an injunction to keep the self always at a distance. I will link these two aspects by arguing that Nietzsche replaces self-knowledge in the classical sense by an interpretation of the self, and that this interpretation must never be thought of as an undertaking that seeks to reify their self. Nietzsche urges us to make ourselves into creative projects, even this will entail fiction and illusion.
Notre travail se concentre sur la signification de la celebre sentence de Pindare reprise par Nie... more Notre travail se concentre sur la signification de la celebre sentence de Pindare reprise par Nietzsche et que l’on traduit generalement en francais par « Deviens ce que tu es ». Nous l’avons confrontee a l’imperatif socratique « connais-toi toi-meme » en interrogeant la relation de priorite qui gouvernait les deux sentences. A partir d’Hannah Arendt, nous nous sommes egalement efforces de construire une distinction precise entre « ce que l’on est », c’est-a-dire les qualites qui sont les notres, et « qui l’on est », le « qui » designant le soi existant par-dela ses qualites, celles-ci ne faisant que le manifester sans jamais toutefois l’epuiser.
De la connaissance de soi au devenir soi, 2023
En Grèce ancienne, l’inscription delphique « Connais-toi toi-même », devenue sentence proverbiale... more En Grèce ancienne, l’inscription delphique « Connais-toi toi-même », devenue sentence proverbiale, ne signifiait nullement une invitation à l’introspection, à l’observation de soi par soi. Elle ne devait pas même être comprise, dans un premier temps du moins, comme nous invitant à nous connaître nous, en particulier. La sagesse que cette formule condense consistait ainsi d’abord à faire le départ entre la race des hommes et celle des dieux. Elle était alors avant tout un précepte de modestie qui nous ramenait à notre mesure humaine. Si cette dimension n’est évidemment pas absente des Dialogues de Platon, notre livre tâche de montrer que le philosophe athénien ne se contente pas d’une telle mesure lorsqu’il situe la condition humaine en proximité immédiate du divin, à la suite de Pindare qui immortalisait déjà par sa poésie les exploits des vainqueurs aux Jeux qui contribuaient à la gloire de la Grèce. Ainsi, loin d’être compris uniquement comme un principe de modestie, la pleine compréhension de la connaissance de soi nous invite, selon Platon, à reconnaître le divin en soi et à tâcher de nous apparenter le plus possible à celui-ci.
Or, si la connaissance de soi est sans aucun doute au fondement de l’éthique platonicienne, nous pouvons avoir l’impression que cette dimension est totalement absente de celle que formule Nietzsche et qui se concentre dans l’expression fameuse « Deviens ce que tu es ». Plus encore, on peut penser que l’absence de la connaissance de soi dans le processus du devenir soi est thématisée comme telle par le philosophe, puisque Nietzsche, qui se réapproprie ici le mot de Pindare, omet la fin du vers de la Deuxième Pythique dans lequel elle figure, le poète écrivant pour sa part : « Deviens tel que tu as appris à te connaître (Γένοι ̓ οἷος ἐσσὶ μαθών) ». Pindare plaçait déjà l’accent sur l’action, qui devait ainsi précéder la réflexion. Nietzsche ferait alors un pas de plus en construisant une sorte d’éthique de l’action, à rebours de toute réflexivité. Il semble donc que, chez le philosophe allemand, l’impératif de la connaissance de soi doive s’effacer au profit du seul devenir-soi. À partir de cette considération, nous serions tentés de penser que la philosophie nietzschéenne se construit sur ce point également comme un symétrique inversé par rapport à celle de Platon.
Notre livre consiste au contraire à révéler un rapport, une dette paradoxale de Nietzsche envers Platon, par l’intermédiaire de la poésie de Pindare. Le paradoxe que nous cherchons ainsi à déceler, c’est que si Nietzsche critique la connaissance de soi en tant qu’elle nous fait entrer dans l’ère de la morale, l’exigence du devenir soi qu’il cherche à penser pour lui-même et pour l’individu véritable trouve également sa source dans la tradition delphique. Le célèbre vers de Pindare – « Deviens tel que tu as appris à te connaître » –, est ainsi un prolongement du « Connais-toi toi-même » et même une reformulation de celui-ci, dans le contexte agonal des Jeux qui faisaient la gloire de la Grèce. Nietzsche se fait alors critique d’une morale et de ses avatars, depuis une pensée du devenir soi qui prend sa source dans le même lieu, à savoir Delphes.
Finalement, en se situant dans le prolongement du poète, le philosophe allemand est donc bien davantage dans la continuité de la réflexion platonicienne qu’une lecture rapide de ses œuvres pourrait le laisser penser. Ainsi, le travail que nous proposons sur les écrits de la période bâloise de Nietzsche (de la Naissance de la tragédie aux Considérations inactuelles) dévoile un rapport beaucoup plus ambigu au précepte delphique de la part du philosophe allemand. Nous montrons en effet que le précepte delphique, loin d’être absent de ce corpus, est pleinement associé à la dynamique du devenir soi. De façon parallèle, si la dimension de la connaissance est nécessairement première chez Platon, elle doit également s’accomplir dans un travail sur soi, de sorte que la dimension du devenir soi n’est évidemment pas absente des Dialogues. Loin de les tenir pour des impératifs antinomiques, nous estimons donc au contraire que le « Deviens ce que tu es » est comme la formule secrète du « Connais-toi toi-même ».
De la connaissance de soi au devenir soi. Platon, Pindare et Nietzsche, 2023
De la connaissance de soi au devenir soi. Platon, Pindare et Nietzsche, 2023
Tout en critiquant la morale occidentale ancrée selon lui dans la sentence «Connais-toi toi-même»... more Tout en critiquant la morale occidentale ancrée selon lui dans la sentence «Connais-toi toi-même», Nietzsche développe pour sa part un impératif («Deviens qui tu es ») qui s’inspire en réalité également de la tradition delphique, à travers la figure de Pindare. Réinterprétant lui-même cette sentence, le poète écrivait ainsi «Deviens tel que tu as appris à te connaître». C’est donc paradoxalement à partir de l’injonction à devenir soi que Nietzsche opère la critique de la morale issue elle-même de l’invitation à la connaissance de soi. Ce livre cherche à montrer que cet idéal, tel que le conçoit Platon, libère en réalité la possibilité du devenir soi et que
celui-ci est comme la formule secrète du «Connais-toi toi-même ».
Ce colloque est financé par l'Union européenne (BildungLearning, projet ERC no 101043433). Les po... more Ce colloque est financé par l'Union européenne (BildungLearning, projet ERC no 101043433). Les points de vue et opinions exprimés appartiennent à leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux de l'Union européenne ni de la European Research Council Executive Agency. Ni l'Union européenne ni l'instance chargée de l'octroi des subventions ne peuvent en être tenues pour responsables.