myriam catusse | Aix-Marseille University (original) (raw)
workshop by myriam catusse
Papers by myriam catusse
IEMed: Mediterranean yearbook, 2013
Arab Reform Initiative, Jun 10, 2009
Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans eBooks, 2005
Cet ouvrage collectif renoue avec une sociologie electorale quelque peu delaissee ces dernieres d... more Cet ouvrage collectif renoue avec une sociologie electorale quelque peu delaissee ces dernieres decennies dans le pays, ou la dimension competitive de l'election reste soumise a caution. Les differentes contributions qui le composent mettent l'accent sur les logiques de representation et de mobilisation qui traversent le moment electoral, en rendant compte de la pluralite des acteurs : ceux qui occupent le devant de la scene, comme ceux qui s'activent dans les coulisses. Faisant varier les echelles, elles s'interessent a ce qui donne de voir, a entendre, a esperer et aux mises en scenes du politique. Elles en examinent les repertoires discursifs, gestuels, visuels, parfois musicaux.
Critique économique, 2001
Préambule (1) Le long de l'avenue des Forces Armées Royales, la nouvelle artère des affaires qui ... more Préambule (1) Le long de l'avenue des Forces Armées Royales, la nouvelle artère des affaires qui longe le port à Casablanca, bordée de grands hôtels et de sièges d'entreprises, se dresse l'immeuble de l'Union marocaine du travail (U.M.T.). Cet édifice aux murs salis par les embruns et la pollution évoque les images d'une histoire syndicale récente. Sur le trottoir opposé lui fait face la nouvelle bourse de Casablanca, tour moderniste, toute de verre. A la fin des années quatre-vingt-dix, elle abrite dans ses derniers étages le siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (C.G.E.M.). L'U.M.T. fut le premier syndicat marocain, et la Confédération générale des entreprises du Maroc s'est imposée au cours de la dernière décennie comme l'institution représentative du patronat marocain, après une reforme d'ampleur. Cette métaphore urbanistique, pour manichéenne qu'elle soit, résume en un regard ce que seraient aujourd'hui les relations sociales et professionnelles au Maroc. Un syndicalisme ouvrier aux accents surannés, un capitalisme résolument moderniste et pièce maîtresse de la libéralisation de l'économie dans laquelle s'est engagé le Royaume chérifien. Evidemment, l'image peut faire illusion. La perpective offerte par l'avenue des Forces Armées Royales cache, pour ceux qui ont déambulé à Casablanca, le port, le Derb Omar, quartier des grossistes et des commerçants, mais également, dans son prolongement, les zones industrielles de la ville, qui se déploient progressivement vers Mohammédia : Sidi Belyout, le quartier des Roches noires, Hay Mohammadi, Aïn Sebâa, Sidi Bernoussi. En quelques kilomètres se succèdent des emblèmes et les souvenirs d'une histoire politique et sociale conflictuelle, qui accompagne l'entreprise coloniale, le mouvement de libération puis l'instauration de l'Etat moderne. Les syndicalistes marocains furent de tous les combats au XX e siècle. Pourtant, alors que les questions sociales sont plus que jamais d'actualité dans un contexte d'ajustement structurel, il est frappant qu'aujourd'hui les syndicats marocains soient l'objet de remises en cause tous azimuts, taxés d'archaïsme, secoués par des clivages et des déchirements internes et finalement impuissants à faire entendre leurs voix. Mon objectif ici vise à prolonger et développer une réflexion sur les articulations entre libéralisation économique et réforme politique (2), en analysant au Maroc la métamorphose des syndicalismes et de la gestion des
Revue internationale de politique comparée, 2013
The uprisings of 2011 have updated the research agenda. The issues related to the social injustic... more The uprisings of 2011 have updated the research agenda. The issues related to the social injustice disparaged by the protesters are now being tackled by political scientists not necessarily to explain the reasons for the protests, but to analyze their form and logic. By opening up these new fields of research, or by reformulating issues related to the exchanges which weave relationships of domination, they provide perspectives for comparison both within the Arab words as well as outside the region. In sharp contrast with the way in which “African transitions” were considered some years ago, various interesting directions are being mapped out, shedding light in various ways on certain blind spots in the research: on one hand, changing the scale of observation of regime change involves taking into account the social battles to which the so-called transitologists in Sub-Saharan Africa had paid scant attention; on the other, considering social protest and its impact on how public action is taken in political economies provides a perspective which has not been well developed up until now in the Arab world.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2017
Maghreb - Machrek, Jan 4, 1998
Après les années de l' « ajustement structurel » (1983-1992), encadré par le Fonds monétaire inte... more Après les années de l' « ajustement structurel » (1983-1992), encadré par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, celles de la « mise à niveau » pour s'adapter aux contraintes et exigences de l'intégration à une zone de libre-échange avec l'Union européenne (accords signés en 1996)-puis avec les États-Unis (accords signés en 2003)-, le Maroc de ces dernières années est le théâtre de la mise sur agenda du « social ». Dans un contexte de crispation des tensions sociales, alors que les partenaires étrangers, l'Europe en tête, font pression pour fixer, à l'aide de politiques sociales et économiques, les potentiels migrants dans leurs pays d'origine, la question sociale s'est notamment exacerbée ces dernières années lorsque lui a été imputée mobilisations islamistes et violences politiques puis, plus récemment, lorsque le Maroc a été le théâtre de protestation contre la cherté de la vie. Le système d'enseignement et de santé comme les politiques de l'emploi ou encore les modalités de prise en charge collective du handicap, de la vieillesse et d'autres formes « d'accidents sociaux », semblent faire défaut. L'idée d'une « question sociale », « portant elle-même les germes d'une remise en * CNRS/Institut français du Proche-Orient. 1. Ce papier est largement redevable du travail mené par le Laboratoire « économie des institutions et du développement » (LEID) de l'Université Mohammed V de Rabat-Agdal. Il s'appuie sur le rapport LEID (2007) ainsi que sur nos discussions dans le cadre du programme « L'action publique face aux "débordements" du social au Maghreb : réguler le moins d'État ? ». Je tiens à remercier tout spécialement N. El Aoufi (LEID) pour son formidable travail d'encadrement et ses analyses stimulantes ainsi qu'A
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Sep 1, 2013
Kobané (Ayn a-Arab), Erbil ou Mossoul… les villes du Maghreb et du Proche-Orient sont sous les fe... more Kobané (Ayn a-Arab), Erbil ou Mossoul… les villes du Maghreb et du Proche-Orient sont sous les feux de l'actualité de ces dernières années. La matière foncièrement urbaine des révoltes et révolutions arabes de 2011 doit être débattue au cas par cas. Reste que ces soulèvements ont mis le projecteur sur de petites et moyennes villes, sur certains quartiers des métropoles de la région ou des places emblématiques : sahat at-tahrîr (la place de la libération), la Casbah, dawâr al-lu'lu' (la place de la perle), sahat at-taghîr (la place du changement). Le temps du renversement d'un régime ou au gré de guerres civiles qui s'installent, ces soulèvements ont contribué à redessiner la cartographie des mondes urbains du Maghreb et du Moyen Orient. Dans la fièvre explicative qui suivit la « dramaturgie urbaine » (Verdeil 2011) des récits épiques ou plus prosaïques des mouvements de protestation, la « 'rue arabe' s'érige[ait] désormais en modèle pour les indignés du monde » (Fillieule, Bennani-Chraïbi 2012 : 774). De fait, ces situations révolutionnaires ont pu être rapportées à des faits et méfaits urbains : « exhibition des inégalités sociales » (Bennafla 2013 : 11), « revanches » de territoires oubliés et « luttes de places » (Bennafla, ce volume, chapitre 15), revendication pour des services collectifs plus équitables ou encore « épuisement de modèles de développement fondés en grande partie sur la capture d'une rente foncière par [des] oligarchies » (Barthel, Stadnicki, Vignal 2014). C'est dans ce contexte que s'est tenu à Lyon en 2012 le colloque « Villes, acteurs et pouvoirs dans le monde arabe et musulman » dont ce passionnant volume rend compte de la richesse des contributions. Si d'emblée son éditrice prend soin de préciser qu'il ne s'agit pas là de « fournir une analyse des mobilisations ou des mouvements sociaux urbains » (Bennafla, ce volume introduction), néanmoins, c'est bien au chevet de sociétés urbaines bousculées par ces soulèvements que les auteurs du livre se penchent. En ce sens, cet ouvrage peut se lire d'au moins deux manières, qui le détachent de la contingence révolutionnaire tout en l'inscrivant résolument dans son époque. D'abord, comme l'avait fait il y a une quinzaine d'années le précieux collectif dirigé par P. Signoles, G. el Kadi et R. Sidi Boumedine (1999), L´urbain dans le monde arabe. Politique, Instruments et acteurs, puis plus récemment, les deux opus dirigés par Y. Elsheshtawy (2004, 2008) sur la fabrique contemporaine des grandes villes arabes, il rend compte d'une génération de travaux, denses, documentés et diversifiés sur les villes dans le monde arabe. Dans le monde arabe, car la réflexion y circule par-delà la division parfois tacite du travail entre spécialistes du Maghreb du Machrek. On y retrouve par exemple l'influence d'équipes de recherches telles que celle de « l'école de Tours » qui, autour du laboratoire URBAMA (et de CITERE aujourd'hui), renouvela la connaissance des expressions de la citadinité dans le monde arabe (Lussault,
1 Ce numéro avait été coordonné dans un premier temps par P.-R. Baduel en même temps que le numér... more 1 Ce numéro avait été coordonné dans un premier temps par P.-R. Baduel en même temps que le numéro « Machrek ». Pour des raisons éditoriales, il n'a pu paraître dans la foulée. Si bien que les articles ici rassemblés ont été réactualisés pour certains, écrits par la suite pour d'autres. 2 Parmi les premiers travaux notons notamment Rezette , 1955 ; Waterbury, 1975.
2. L'expression est tirée de l'ouvrage de G. Rist (2001) sur l'histoire du « développement ». ter... more 2. L'expression est tirée de l'ouvrage de G. Rist (2001) sur l'histoire du « développement ». terroir fructueux pour prendre le pouvoir. C'est l'histoire politique et sociale du tournant libéral, accrochée aux diverses fortunes de « l'entrepreneur », que cet ouvrage se propose d'explorer. En effet, partons d'un constat empirique. Au Maroc, les décennies 1990 et 2000 ont été le théâtre de discours variés sur l'entreprise et l'entrepreneur, et ce sur différentes scènes. Au niveau médiatique, le terme d' « entrepreneur » s'est répandu, notamment via le développement d'une presse économique généraliste qui vante les mérites de l'entrepreneuriat privé, telle que l'Économiste (créé en 1991), ou encore dans les colonnes de la Vie économique-créée en 1993 et un temps dirigée par le patron de presse J.-L. Servan Schreiber, etc. À la télévision, des émissions telles qu'Entreprendre sur 2M donnent une voix et une image à « l'entrepreneur ». Au cours de ces mêmes années, s'observe également la multiplication d'associations qui prirent la parole (et continuent à le faire) pour les « entrepreneurs » ou certaines catégories d'entre eux. Certaines l'affichèrent dans leur nom : « Maroc Entrepreneurs » créée en 1999 à l'instigation d'étudiants marocains en grandes écoles et universités françaises (avec pour slogan « Réveillez l'entrepreneur qui est en vous ! ») ; des associations féminines telles que l'Association des femmes chefs d'entreprise au Maroc (AFEM), créée en 2000 ; des associations locales telles que l'Association de la Femme entrepreneur et opérateur d'appui de Tanger. La liste pourrait être longue. La principale de ces associations et la plus représentative de ces mutations est la Confédération générale économique marocaine (CGEM). Elle changea de nom en 1995 pour devenir la Confédération générale des entreprises du Maroc. Au gré de la mue qu'elle connut alors, ses dirigeants prirent l'habitude de prendre la parole au nom de l'entreprise et de « l'entrepreneur » marocain. Nous verrons aussi comment, plus récemment, les dernières campagnes électorales mirent en scène cette figure, en particulier lorsqu'un candidat, exprésident de la CGEM, créa un parti que les médias décrivirent alors comme « parti des patrons » : « soutenu par les entrepreneurs marocains dont il fait partie, M. Lahjouji se positionne aujourd'hui comme le meneur de cette aventure » 4. Comment l'analyse de l'entrée en scène de cette catégorie discursive peutelle éclairer les transformations de la société politique marocaine ? À l'encontre des points de vue structuralistes des théories sur le Makhzen et des analyses a-historiques et souvent téléologiques de la transition démocratique, je propose de faire la part belle à « l'histoire réelle » et à ses déclinaisons locales et sociale ; Dans une perspective compréhensive, de prêter attention aux énonciations plurielles et contradictoires du politique, aux parts imaginées et objectivées de la réforme : Les fortunes de « l'entrepreneur » à l'heure néolibérale 14 5. Voir M. Camau et G. Massardier, « Les régimes politiques revisités : analyse comparative des recompositions des rapports politics/policies », table ronde au VIIIe congrès de l'Association française de science politique, Lyon, septembre 2005. 6. Voir à ce sujet A. Rouquié (1985, 615 et ss.) et l'excellent article de H. Albrecht et O. Schlumberger (2004) qui propose lui aussi de nouvelles pistes de travail sur le changement politique dans la région, sans verser nécessairement dans l'obsession de la démocratisation. Enfin, les travaux de M. Camau montrent la richesse des terrains arabes pour discuter des théories de l'autoritarisme (M.
Karthala eBooks, 2004
Myriam Catusse, CNRS, IREMAM « Le mot représentation est une métaphore. Pour que la métaphore soi... more Myriam Catusse, CNRS, IREMAM « Le mot représentation est une métaphore. Pour que la métaphore soit juste, il est nécessaire que le représentant ait une véritable ressemblance avec le représenté ; et pour cela, il faut, dans le cas présent, que ce que fait le représentant soit précisément ce que ferait le représenté. Il suit de là que la représentation politique suppose le mandat impératif, déterminé à un objet lui-même déterminé. (…) En effet, c'est seulement alors qu'il est prouvé, qu'il est visible que, que le mandataire aurait fait ce que le mandant aurait fait, ou que le mandant aurait fait ce que fait le mandataire ». Royer-Collard, Discours du 26 février 1816 sur les élections, cité par P.
Arab Reform Initiative, Jan 18, 2010
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 26, 2015
Pouvoirs, 2013
The February 20 Movement brings into question the dynamics at work in Moroccan opposition groups,... more The February 20 Movement brings into question the dynamics at work in Moroccan opposition groups, and more generally the status of political forces in the country. Within a regime of constrained pluralism dominated by the monarchy, and where political “dissensus” has often been neutralized by force as much as by persuasion (or co-optation), some may be tempted to reiterate a schema that has often been convoked to account for relations between sovereign and political elites: that of a deliberate but unstoppable defusing of all forms of dissidence. And yet the social and political history of Moroccan opposition groups can be read very differently. In considering the plural forms of contestation, mobilization, and political conflict, this article shows, on the contrary, that the arenas of opposition come in many shapes and sizes, that they are negotiated rather than fixed top down in advance, and that they are the site of practices and commitments that are reinvented and adapted depending on what is at stake, the circumstances, and the repression that is brought to bear upon them.
According to the project Power2Youth, the macro level is "the level of state policies and institu... more According to the project Power2Youth, the macro level is "the level of state policies and institutional structures". The Work Package (WP) 2 aims at studying the effects of public policies on youth in four interrelated public action domains: employment, family, migration and spatial planning. In the light of discourses that orient policies and concrete schemes implemented in these four domains of public action, research at the macro-level will try to understand the processes and dynamics of youth exclusion/inclusion shedding light on how various forms of marginalization and domination (gender, social, urban/rural, ethnic, based on citizenship, etc.) intersect to generate inequalities among youth themselves. From a methodological point of view, various quantitative and qualitative sources will be used as resources for data, but also as objects of study to understand the various narratives on youth.
Maghreb - Machrek, Jan 2, 2000
Arab Reform Initiative, Jun 10, 2009
The Lebanese parliamentary elections on June 7 re-elected the 14 March Alliance, with a comfortab... more The Lebanese parliamentary elections on June 7 re-elected the 14 March Alliance, with a comfortable majority. But this is far from settling the questions arising from the crisis in the Lebanese political system, which continues to divide the country into two tightly-knit camps, none of which can be excluded in the quest for a stabilized political formula. How to find a new consensus and go beyond the task of crisis management is the challenge facing Lebanon, which has jolted it periodically since the civil war ended officially in 1989 with the Taef agreements. This article poses these questions and describes the elements of the crisis. They all remain as relevant today as they were before the elections. associations or task forces to represent civil society. It could also issue initiatives whereby it acts as a partner with government to establish effective reform measures.
IEMed: Mediterranean yearbook, 2013
Arab Reform Initiative, Jun 10, 2009
Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans eBooks, 2005
Cet ouvrage collectif renoue avec une sociologie electorale quelque peu delaissee ces dernieres d... more Cet ouvrage collectif renoue avec une sociologie electorale quelque peu delaissee ces dernieres decennies dans le pays, ou la dimension competitive de l'election reste soumise a caution. Les differentes contributions qui le composent mettent l'accent sur les logiques de representation et de mobilisation qui traversent le moment electoral, en rendant compte de la pluralite des acteurs : ceux qui occupent le devant de la scene, comme ceux qui s'activent dans les coulisses. Faisant varier les echelles, elles s'interessent a ce qui donne de voir, a entendre, a esperer et aux mises en scenes du politique. Elles en examinent les repertoires discursifs, gestuels, visuels, parfois musicaux.
Critique économique, 2001
Préambule (1) Le long de l'avenue des Forces Armées Royales, la nouvelle artère des affaires qui ... more Préambule (1) Le long de l'avenue des Forces Armées Royales, la nouvelle artère des affaires qui longe le port à Casablanca, bordée de grands hôtels et de sièges d'entreprises, se dresse l'immeuble de l'Union marocaine du travail (U.M.T.). Cet édifice aux murs salis par les embruns et la pollution évoque les images d'une histoire syndicale récente. Sur le trottoir opposé lui fait face la nouvelle bourse de Casablanca, tour moderniste, toute de verre. A la fin des années quatre-vingt-dix, elle abrite dans ses derniers étages le siège de la Confédération générale des entreprises du Maroc (C.G.E.M.). L'U.M.T. fut le premier syndicat marocain, et la Confédération générale des entreprises du Maroc s'est imposée au cours de la dernière décennie comme l'institution représentative du patronat marocain, après une reforme d'ampleur. Cette métaphore urbanistique, pour manichéenne qu'elle soit, résume en un regard ce que seraient aujourd'hui les relations sociales et professionnelles au Maroc. Un syndicalisme ouvrier aux accents surannés, un capitalisme résolument moderniste et pièce maîtresse de la libéralisation de l'économie dans laquelle s'est engagé le Royaume chérifien. Evidemment, l'image peut faire illusion. La perpective offerte par l'avenue des Forces Armées Royales cache, pour ceux qui ont déambulé à Casablanca, le port, le Derb Omar, quartier des grossistes et des commerçants, mais également, dans son prolongement, les zones industrielles de la ville, qui se déploient progressivement vers Mohammédia : Sidi Belyout, le quartier des Roches noires, Hay Mohammadi, Aïn Sebâa, Sidi Bernoussi. En quelques kilomètres se succèdent des emblèmes et les souvenirs d'une histoire politique et sociale conflictuelle, qui accompagne l'entreprise coloniale, le mouvement de libération puis l'instauration de l'Etat moderne. Les syndicalistes marocains furent de tous les combats au XX e siècle. Pourtant, alors que les questions sociales sont plus que jamais d'actualité dans un contexte d'ajustement structurel, il est frappant qu'aujourd'hui les syndicats marocains soient l'objet de remises en cause tous azimuts, taxés d'archaïsme, secoués par des clivages et des déchirements internes et finalement impuissants à faire entendre leurs voix. Mon objectif ici vise à prolonger et développer une réflexion sur les articulations entre libéralisation économique et réforme politique (2), en analysant au Maroc la métamorphose des syndicalismes et de la gestion des
Revue internationale de politique comparée, 2013
The uprisings of 2011 have updated the research agenda. The issues related to the social injustic... more The uprisings of 2011 have updated the research agenda. The issues related to the social injustice disparaged by the protesters are now being tackled by political scientists not necessarily to explain the reasons for the protests, but to analyze their form and logic. By opening up these new fields of research, or by reformulating issues related to the exchanges which weave relationships of domination, they provide perspectives for comparison both within the Arab words as well as outside the region. In sharp contrast with the way in which “African transitions” were considered some years ago, various interesting directions are being mapped out, shedding light in various ways on certain blind spots in the research: on one hand, changing the scale of observation of regime change involves taking into account the social battles to which the so-called transitologists in Sub-Saharan Africa had paid scant attention; on the other, considering social protest and its impact on how public action is taken in political economies provides a perspective which has not been well developed up until now in the Arab world.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2017
Maghreb - Machrek, Jan 4, 1998
Après les années de l' « ajustement structurel » (1983-1992), encadré par le Fonds monétaire inte... more Après les années de l' « ajustement structurel » (1983-1992), encadré par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, celles de la « mise à niveau » pour s'adapter aux contraintes et exigences de l'intégration à une zone de libre-échange avec l'Union européenne (accords signés en 1996)-puis avec les États-Unis (accords signés en 2003)-, le Maroc de ces dernières années est le théâtre de la mise sur agenda du « social ». Dans un contexte de crispation des tensions sociales, alors que les partenaires étrangers, l'Europe en tête, font pression pour fixer, à l'aide de politiques sociales et économiques, les potentiels migrants dans leurs pays d'origine, la question sociale s'est notamment exacerbée ces dernières années lorsque lui a été imputée mobilisations islamistes et violences politiques puis, plus récemment, lorsque le Maroc a été le théâtre de protestation contre la cherté de la vie. Le système d'enseignement et de santé comme les politiques de l'emploi ou encore les modalités de prise en charge collective du handicap, de la vieillesse et d'autres formes « d'accidents sociaux », semblent faire défaut. L'idée d'une « question sociale », « portant elle-même les germes d'une remise en * CNRS/Institut français du Proche-Orient. 1. Ce papier est largement redevable du travail mené par le Laboratoire « économie des institutions et du développement » (LEID) de l'Université Mohammed V de Rabat-Agdal. Il s'appuie sur le rapport LEID (2007) ainsi que sur nos discussions dans le cadre du programme « L'action publique face aux "débordements" du social au Maghreb : réguler le moins d'État ? ». Je tiens à remercier tout spécialement N. El Aoufi (LEID) pour son formidable travail d'encadrement et ses analyses stimulantes ainsi qu'A
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Sep 1, 2013
Kobané (Ayn a-Arab), Erbil ou Mossoul… les villes du Maghreb et du Proche-Orient sont sous les fe... more Kobané (Ayn a-Arab), Erbil ou Mossoul… les villes du Maghreb et du Proche-Orient sont sous les feux de l'actualité de ces dernières années. La matière foncièrement urbaine des révoltes et révolutions arabes de 2011 doit être débattue au cas par cas. Reste que ces soulèvements ont mis le projecteur sur de petites et moyennes villes, sur certains quartiers des métropoles de la région ou des places emblématiques : sahat at-tahrîr (la place de la libération), la Casbah, dawâr al-lu'lu' (la place de la perle), sahat at-taghîr (la place du changement). Le temps du renversement d'un régime ou au gré de guerres civiles qui s'installent, ces soulèvements ont contribué à redessiner la cartographie des mondes urbains du Maghreb et du Moyen Orient. Dans la fièvre explicative qui suivit la « dramaturgie urbaine » (Verdeil 2011) des récits épiques ou plus prosaïques des mouvements de protestation, la « 'rue arabe' s'érige[ait] désormais en modèle pour les indignés du monde » (Fillieule, Bennani-Chraïbi 2012 : 774). De fait, ces situations révolutionnaires ont pu être rapportées à des faits et méfaits urbains : « exhibition des inégalités sociales » (Bennafla 2013 : 11), « revanches » de territoires oubliés et « luttes de places » (Bennafla, ce volume, chapitre 15), revendication pour des services collectifs plus équitables ou encore « épuisement de modèles de développement fondés en grande partie sur la capture d'une rente foncière par [des] oligarchies » (Barthel, Stadnicki, Vignal 2014). C'est dans ce contexte que s'est tenu à Lyon en 2012 le colloque « Villes, acteurs et pouvoirs dans le monde arabe et musulman » dont ce passionnant volume rend compte de la richesse des contributions. Si d'emblée son éditrice prend soin de préciser qu'il ne s'agit pas là de « fournir une analyse des mobilisations ou des mouvements sociaux urbains » (Bennafla, ce volume introduction), néanmoins, c'est bien au chevet de sociétés urbaines bousculées par ces soulèvements que les auteurs du livre se penchent. En ce sens, cet ouvrage peut se lire d'au moins deux manières, qui le détachent de la contingence révolutionnaire tout en l'inscrivant résolument dans son époque. D'abord, comme l'avait fait il y a une quinzaine d'années le précieux collectif dirigé par P. Signoles, G. el Kadi et R. Sidi Boumedine (1999), L´urbain dans le monde arabe. Politique, Instruments et acteurs, puis plus récemment, les deux opus dirigés par Y. Elsheshtawy (2004, 2008) sur la fabrique contemporaine des grandes villes arabes, il rend compte d'une génération de travaux, denses, documentés et diversifiés sur les villes dans le monde arabe. Dans le monde arabe, car la réflexion y circule par-delà la division parfois tacite du travail entre spécialistes du Maghreb du Machrek. On y retrouve par exemple l'influence d'équipes de recherches telles que celle de « l'école de Tours » qui, autour du laboratoire URBAMA (et de CITERE aujourd'hui), renouvela la connaissance des expressions de la citadinité dans le monde arabe (Lussault,
1 Ce numéro avait été coordonné dans un premier temps par P.-R. Baduel en même temps que le numér... more 1 Ce numéro avait été coordonné dans un premier temps par P.-R. Baduel en même temps que le numéro « Machrek ». Pour des raisons éditoriales, il n'a pu paraître dans la foulée. Si bien que les articles ici rassemblés ont été réactualisés pour certains, écrits par la suite pour d'autres. 2 Parmi les premiers travaux notons notamment Rezette , 1955 ; Waterbury, 1975.
2. L'expression est tirée de l'ouvrage de G. Rist (2001) sur l'histoire du « développement ». ter... more 2. L'expression est tirée de l'ouvrage de G. Rist (2001) sur l'histoire du « développement ». terroir fructueux pour prendre le pouvoir. C'est l'histoire politique et sociale du tournant libéral, accrochée aux diverses fortunes de « l'entrepreneur », que cet ouvrage se propose d'explorer. En effet, partons d'un constat empirique. Au Maroc, les décennies 1990 et 2000 ont été le théâtre de discours variés sur l'entreprise et l'entrepreneur, et ce sur différentes scènes. Au niveau médiatique, le terme d' « entrepreneur » s'est répandu, notamment via le développement d'une presse économique généraliste qui vante les mérites de l'entrepreneuriat privé, telle que l'Économiste (créé en 1991), ou encore dans les colonnes de la Vie économique-créée en 1993 et un temps dirigée par le patron de presse J.-L. Servan Schreiber, etc. À la télévision, des émissions telles qu'Entreprendre sur 2M donnent une voix et une image à « l'entrepreneur ». Au cours de ces mêmes années, s'observe également la multiplication d'associations qui prirent la parole (et continuent à le faire) pour les « entrepreneurs » ou certaines catégories d'entre eux. Certaines l'affichèrent dans leur nom : « Maroc Entrepreneurs » créée en 1999 à l'instigation d'étudiants marocains en grandes écoles et universités françaises (avec pour slogan « Réveillez l'entrepreneur qui est en vous ! ») ; des associations féminines telles que l'Association des femmes chefs d'entreprise au Maroc (AFEM), créée en 2000 ; des associations locales telles que l'Association de la Femme entrepreneur et opérateur d'appui de Tanger. La liste pourrait être longue. La principale de ces associations et la plus représentative de ces mutations est la Confédération générale économique marocaine (CGEM). Elle changea de nom en 1995 pour devenir la Confédération générale des entreprises du Maroc. Au gré de la mue qu'elle connut alors, ses dirigeants prirent l'habitude de prendre la parole au nom de l'entreprise et de « l'entrepreneur » marocain. Nous verrons aussi comment, plus récemment, les dernières campagnes électorales mirent en scène cette figure, en particulier lorsqu'un candidat, exprésident de la CGEM, créa un parti que les médias décrivirent alors comme « parti des patrons » : « soutenu par les entrepreneurs marocains dont il fait partie, M. Lahjouji se positionne aujourd'hui comme le meneur de cette aventure » 4. Comment l'analyse de l'entrée en scène de cette catégorie discursive peutelle éclairer les transformations de la société politique marocaine ? À l'encontre des points de vue structuralistes des théories sur le Makhzen et des analyses a-historiques et souvent téléologiques de la transition démocratique, je propose de faire la part belle à « l'histoire réelle » et à ses déclinaisons locales et sociale ; Dans une perspective compréhensive, de prêter attention aux énonciations plurielles et contradictoires du politique, aux parts imaginées et objectivées de la réforme : Les fortunes de « l'entrepreneur » à l'heure néolibérale 14 5. Voir M. Camau et G. Massardier, « Les régimes politiques revisités : analyse comparative des recompositions des rapports politics/policies », table ronde au VIIIe congrès de l'Association française de science politique, Lyon, septembre 2005. 6. Voir à ce sujet A. Rouquié (1985, 615 et ss.) et l'excellent article de H. Albrecht et O. Schlumberger (2004) qui propose lui aussi de nouvelles pistes de travail sur le changement politique dans la région, sans verser nécessairement dans l'obsession de la démocratisation. Enfin, les travaux de M. Camau montrent la richesse des terrains arabes pour discuter des théories de l'autoritarisme (M.
Karthala eBooks, 2004
Myriam Catusse, CNRS, IREMAM « Le mot représentation est une métaphore. Pour que la métaphore soi... more Myriam Catusse, CNRS, IREMAM « Le mot représentation est une métaphore. Pour que la métaphore soit juste, il est nécessaire que le représentant ait une véritable ressemblance avec le représenté ; et pour cela, il faut, dans le cas présent, que ce que fait le représentant soit précisément ce que ferait le représenté. Il suit de là que la représentation politique suppose le mandat impératif, déterminé à un objet lui-même déterminé. (…) En effet, c'est seulement alors qu'il est prouvé, qu'il est visible que, que le mandataire aurait fait ce que le mandant aurait fait, ou que le mandant aurait fait ce que fait le mandataire ». Royer-Collard, Discours du 26 février 1816 sur les élections, cité par P.
Arab Reform Initiative, Jan 18, 2010
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Feb 26, 2015
Pouvoirs, 2013
The February 20 Movement brings into question the dynamics at work in Moroccan opposition groups,... more The February 20 Movement brings into question the dynamics at work in Moroccan opposition groups, and more generally the status of political forces in the country. Within a regime of constrained pluralism dominated by the monarchy, and where political “dissensus” has often been neutralized by force as much as by persuasion (or co-optation), some may be tempted to reiterate a schema that has often been convoked to account for relations between sovereign and political elites: that of a deliberate but unstoppable defusing of all forms of dissidence. And yet the social and political history of Moroccan opposition groups can be read very differently. In considering the plural forms of contestation, mobilization, and political conflict, this article shows, on the contrary, that the arenas of opposition come in many shapes and sizes, that they are negotiated rather than fixed top down in advance, and that they are the site of practices and commitments that are reinvented and adapted depending on what is at stake, the circumstances, and the repression that is brought to bear upon them.
According to the project Power2Youth, the macro level is "the level of state policies and institu... more According to the project Power2Youth, the macro level is "the level of state policies and institutional structures". The Work Package (WP) 2 aims at studying the effects of public policies on youth in four interrelated public action domains: employment, family, migration and spatial planning. In the light of discourses that orient policies and concrete schemes implemented in these four domains of public action, research at the macro-level will try to understand the processes and dynamics of youth exclusion/inclusion shedding light on how various forms of marginalization and domination (gender, social, urban/rural, ethnic, based on citizenship, etc.) intersect to generate inequalities among youth themselves. From a methodological point of view, various quantitative and qualitative sources will be used as resources for data, but also as objects of study to understand the various narratives on youth.
Maghreb - Machrek, Jan 2, 2000
Arab Reform Initiative, Jun 10, 2009
The Lebanese parliamentary elections on June 7 re-elected the 14 March Alliance, with a comfortab... more The Lebanese parliamentary elections on June 7 re-elected the 14 March Alliance, with a comfortable majority. But this is far from settling the questions arising from the crisis in the Lebanese political system, which continues to divide the country into two tightly-knit camps, none of which can be excluded in the quest for a stabilized political formula. How to find a new consensus and go beyond the task of crisis management is the challenge facing Lebanon, which has jolted it periodically since the civil war ended officially in 1989 with the Taef agreements. This article poses these questions and describes the elements of the crisis. They all remain as relevant today as they were before the elections. associations or task forces to represent civil society. It could also issue initiatives whereby it acts as a partner with government to establish effective reform measures.
"Des greves du secteur minier sud-africain violemment reprimees en 2012, a l’irruption du co... more "Des greves du secteur minier sud-africain violemment reprimees en 2012, a l’irruption du conflit Whirpool d’Amiens dans la campagne presidentielle francaise de 2017, les mondes de l’industrie qu’on pouvait croire moribonds s’invitent au cœur de luttes politiques contemporaines. Confrontant certains combats emblematiques du passe a des luttes recentes, cet ouvrage porte sur des conflits du travail face a la desindustralisation, la financiarisation et la preeminence d’autres luttes politiques. Les insoumissions ouvrieres s’averent des postes d’observation de l’expression de citoyennetes inscrites dans des sociabilites locales et revendiquant, en deca du Grand soir, des ordres moraux aux multiples registres". Introduction sur le site de l'editeur : http://www.pur-editions.fr/couvertures/1528718029_doc.pdf
Ce «miroir» propose des regards croisés sur les trajectoires de disciplines et de professions qui... more Ce «miroir» propose des regards croisés sur les trajectoires de disciplines et de professions qui font les sciences sociales libanaises. Il interroge leur formation historique et les pratiques de leurs acteurs, ancrées dans la société et confrontées à des enjeux d'autonomisation et de reconnaissance.