Lionel Prigent | Université de Bretagne Occidentale (original) (raw)

Shopping Séjour en ville Enchères d'objets d'art, brocante, shopping détaxé, de luxe Linguistique... more Shopping Séjour en ville Enchères d'objets d'art, brocante, shopping détaxé, de luxe Linguistique Séjour en écoles, en familles Grande-Bretagne, Allemagne Pédagogie de la culture Classe transplantée Classe scientifique, classe du Patrimoine, voyage d'étude * Circuit itinérant(changement d'hébergement tous les soirs) ou circuit « en marguerite » (hébergement fixe + excursion) Source : [Origet du Cluzeau, 1998] L'extension du concept suit ici quatre directions [Greffe, 1999 #676] : • vers des témoignages qui ne correspondent pas au catalogue coutumier des abbayes et des châteaux (verreries, forges, écluses, gares ferroviaires) ; • vers des objets mobiliers ; on les a d'abord envisagés comme des compléments aux monuments, mais on en fait aujourd'hui des collections ou des musées des plus variés ; • vers des nouveaux lieux de mise en valeur du patrimoine, comme les écomusées 12 ou les musées virtuels ; • vers des ensembles, sites urbains ou paysages ; A son tour, la venue du patrimoine immatériel apporte un nouveau développement. Alors que les voix des cultures régionales et des peuples de tradition orale sont mieux entendues, le patrimoine ne peut plus se limiter aux seules traces tangibles de culture. Il sert parfois à qualifier les oeuvres de l'esprit, littéraires, artistiques et les éléments des cultures traditionnelles et populaires [de Klemm, 1996 #412], danses, arts du spectacle, artisanat, coutumes et croyances [Audrerie, 1998 #325] ou gastronomie dont la vitalité et, en même temps la fragilité éclatent au grand jour. « Nous, les peuples indigènes, écrit Rigoberta Menchù Tum 13 , détenons un potentiel énorme de principes et de valeurs à mettre au service du développement intégral de l'être humain. Nous les puisons au coeur de notre conception de l'être humain, de la solidarité et de la coopération, de la démocratie ; dans notre respect de la nature et notre compréhension de la vie » 14. 12 Les éco-musées entendent mettre en valeur un patrimoine artisanal, ou industriel en présentant dans les monuments symboliques d'activités passées des collections d'objets mobiliers qui en constituaient les instruments comme les produits. Les créations de ce type ont débuté en 1971 par la mise en oeuvre de l'éco-musée du Creusot [Greffe, 1999]. 13 Originaire du Guatemala, Rigoberta Menchù Tum a reçu en 1992 le Prix Nobel de la Paix pour son action en faveur de la reconnaissance des Amérindiens. 14 Extrait d'un texte destiné à servir de prologue à un ouvrage de U. Von Gleich, « Pueblos indigenas : factor de conflicto o potencial de desarollo ? », 1997. Introduction générale CEDEM-ICI / Thèse-version tirée.doc / 28 juin 2004 / Page 17/ 358 Matériel et immatériel, la formation du patrimoine relève, jusqu'ici, d'une démarche exclusivement culturelle. Cette restriction, à la lumière des analyses modernes, est révolue. Le patrimoine gagne une autre dimension : la nature [de Klemm, 1996 #412]. Dans l'hypothèse Gaïa, [Lovelock, 1979 #383] imagine la Terre comme un gigantesque organisme vivant, vulnérable mais capable de s'autoréguler. « L'environnement terrestre, confirme [Commoner, 1972 #382], constitue une immense et extrêmement complexe machine vitale qui étend sur toute la Terre une mince pellicule énergétique ». Et cette machine naturelle est en danger. Après avoir lutté contre les éléments naturels pendant des millénaires pour assurer sa survie, l'être humain découvre soudainement sa capacité à perturber les grands équilibres : « un passage aux limites », explique [Passet, 1996 #82]. La pollution, la dégradation et la destruction des ressources naturelles ont révélé la fragilité de la planète. Le mythe de Prométhée, la maîtrise de la nature, a dépassé la mesure de l'imagination, et, dans les prophéties des augures, de Nicholas Georgescu-Roegen [Georgescu-Roegen, 1971 #328] au club de Rome [Meadows, 1972 #186], point un avenir sombre. Pour survivre, l'espèce humaine se doit de mieux respecter les cycles écologiques, de protéger le village commun pour assurer « Notre avenir à tous » [Commission mondiale sur l'environnement et le développement, 1988 #384]. Dès lors, le caractère patrimonial de la nature se précise. Il n'est plus de discours qui n'invoque l'impératif du respect de l'environnement, sans le définir comme un patrimoine destiné à une propriété universelle. « C'est vers la fin des années 1960 qu'apparaît le concept de 'patrimoine commun de l'humanité' appliqué notamment aux grands fonds marins », rappelle [Godard, 1990]. La Convention internationale, concernant la protection du patrimoine mondial, adoptée le 16 novembre 1972 par la conférence générale de l'UNESCO 15 , se place, pour la première fois, à la confluence de deux aspirations. La première est centrée sur les dangers menaçant les sites culturels et l'autre est axée sur la préservation de la nature [Audrerie, 1998 #325] 16. La définition patrimoniale est appliquée à la nature par extension de son sens originel : « les biens naturels, appropriés ou non, doivent être transmis de génération en génération, indéfiniment, comme cela se fait de père en fils pour les biens privés » [Commission interministérielle des comptes du patrimoine naturel, 1986 #799]. Les composantes retenues sont non seulement les sites remarquables mais aussi (et plus largement) les eaux continentales et marines, le sol, l'air, les matières premières et énergétiques, les espèces animales et végétales. Elles n'ont pas pour seule vocation à servir la fabrication de biens ou de services, elles peuvent directement produire des 15 La convention constitue l'instrument juridique le plus connu élaboré par l'UNESCO. 16 La convergence progressive a abouti à la rédaction d'un texte fondateur, présenté à Stockholm en 1972, à la Conférence des Nations Unies sur l'environnement humain. 17 La Constitution du Guatemala de 1975, celle du Nicaragua de 1986, ou celle du Brésil de 1988 associent nature et patrimoine. En Europe, la loi allemande du 20 décembre 1976 sur la protection de la nature, la loi cadre italienne du 6 décembre 1991 sur les aires protégées, l'Australie, d'autres pays encore en Afrique ou en Amérique latine adoptent le même principe [de Klemm, 1996]. Introduction générale CEDEM-ICI / Thèse-version tirée.doc / 28 juin 2004 / Page 23/ 358 Cependant, la séparation entre l'analyse normative et l'analyse positive est moins importante qu'il n'y paraît. « [Les] énoncés de caractère normatif [peuvent être] souvent inextricablement mêlés aux énoncés positifs (phénomène particulièrement fréquent dans l'analyse de la répartition des revenus) » [Boncoeur, 1989 #843]. La notion d'économie appliquée est souvent utilisée pour exprimer l'association des approches positives et normatives. A la différence de l'économie normative stricte, elle n'a plus l'ambition de définir elle-même les critères et les objectifs des interventions publiques. Elle se contente de définir les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs préalablement définis par l'ensemble des acteurs. L'objectif couramment retenu est celui de l'optimum de Pareto qui correspond à une situation telle que la répartition des ressources est considérée comme efficace : « une allocation efficace au sens de Pareto est une allocation telle qu'il n'est pas possible d'accroître la satisfaction d'un ou de plusieurs agents économiques sans dégrader la situation d'au moins un agent économique » [Varian, 1995 #203]. Par ailleurs, l'économie appliquée repose sur les qualités de prédiction et de réalisme de l'analyse positive, qui permettent d'observer les conséquences d'une modification d'une variable. En font partie les analyses coûts-avantages, et plus largement, tous les instruments économiques d'aides à la décision 23. Alors que le principe des méthodes coûts-avantages est bien accepté, leur application n'en continue pas moins à soulever des interrogations. En particulier, dans le domaine de la protection des espaces naturels ou culturels, l'évaluation des coûts et des bénéfices demeure contestée. Par exemple, renoncer à consommer des ressources est souvent lourd de conséquences pour les générations présentes, même si la décision permet de laisser des ressources disponibles pour demain. La mesure des coûts imposés aux populations est rarement menée et tout aussi rarement bien estimée. La plupart 23 Si le recours à l'analyse économique permet de justifier le caractère 'rationnel' de la conservation, l'inverse est à son tour possible. L'instrument économique n'échappe pas toujours à un maniement stratégique. Ce danger altère son autorité potentielle dans un débat sur l'exploitation des ressources : de critère de décision, l'économie devient un moyen de structuration des débats et de pression entre les parties prenantes. Le travers apparaît évident à condamner, mais peut-il raisonnablement être écarté ? Trouver des réponses dépourvues d'ambiguïté demeure un exercice difficile. 32 Second Inspecteur Général des Monuments Historiques, Prosper Mérimée a une attitude conforme aux usages de son temps. Le XIXe siècle hésite, face aux monuments, entre deux attitudes. Les romantiques ont le goût de l'étrange, Victor Hugo, en particulier, est sensible à l'aspect composite du Mont. En revanche, les occupants de l'Administration des Monuments Historiques préfèrent les constructions entièrement fidèles à un style unique. 33 Texte extrait du compte-rendu d'une mission d'inspection destiné au vice-président de la commission des Monuments Historiques (le 25 juin 1841). Introduction générale CEDEM-ICI / Thèse-version tirée.doc / 28 juin 2004 / Page 34/ 358 de l'Abbaye, décide de retrouver « le caractère maritime du Mont-Saint-Michel » et met en place une mission pour estimer les moyens et les besoins d'une politique de restauration du site naturel. L'enjeu est important, tant en termes financiers qu'en termes écologiques et touristiques. Car aujourd'hui, le Mont-Saint-Michel vit du tourisme. Ses habitants sont partis (il ne reste guère plus de 70 résidents), et...