Zakaria Taha | Université Grenoble Alpes (original) (raw)

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Papers by Zakaria Taha

Research paper thumbnail of La construction nationale syrienne face aux dynamiques identitaires et communautaires

Dans un contexte de guerre civile et dans un Proche-Orient fragilisé par le sectarisme et travers... more Dans un contexte de guerre civile et dans un Proche-Orient fragilisé par le sectarisme et traversé par les crises identitaires, se forment en Syrie très rapidement des mouvements d’opposition sur des critères ethnique, confessionnel et tribal (Bloc national kurde, parti de l’Union Démocratique PYD , Organisation démocratique assyrienne, Bloc turcoman, Conseil des tribus syriennes et groupes islamistes salafistes et djihadistes sunnites). Porteurs de nouvelles expressions et nouvelles logiques de mobilisation, ces mouvements témoignent d’un renforcement de la définition des identités régionales sur la base d’appartenances communautaires et manifestent une volonté de redéfinir l’identité collective syrienne et de renégocier ses modalités de construction. Ces dynamiques constituent un défi pour l’Etat syrien et représentent une menace pour son intégrité territoriale et son unité nationale. Si elles marquent la crise structurelle de l’Etat et de sa légitimité, elles soulèvent la question de la construction nationale syrienne.

Research paper thumbnail of Régimes arabes laïcs et politique du genre. La condition de la femme à travers le Code du statut personnel : le cas de la Syrie

Cahiers De La Mediterranee, Dec 15, 2010

Research paper thumbnail of L'humanisme laïcisant du courant réformiste musulman islâh : une expérience manquée

« L’humanisme laïcisant du courant réformiste musulman islah, une expérience manquée ?», communic... more « L’humanisme laïcisant du courant réformiste musulman islah, une expérience manquée ?»,
communication dans le cadre du séminaire Humanisme et l’islam, Institut d’Etude des Faits
Religieux IEFR, Université d’Artois, 4 mai 2016. (Publication prévue en juin aux éditions
Artois Presses Université).

Research paper thumbnail of La contestation dans l’islam entre théologie et idéologie

Acte du colloque interdisciplinaire : Religion et contestation, organisé par l’EA 1087 Espaces hu... more Acte du colloque interdisciplinaire : Religion et contestation, organisé par l’EA 1087 Espaces humains et interactions culturelles (EHIC), Universités Blaise Pascal Clermont-Ferrand II/Limoges, les 15 et 16 avril 2014.

Research paper thumbnail of Les Cahiers d'EMAM Études sur le Monde Arabe et la Méditerranée La population rurale et le Baath sous le régime autoritaire de Hafez et Bachar al-Assad en Syrie. Clientélisation et marginalisation

Les campagnes syriennes constituaient dans les années 1960 et 1970 la base arrière du soutien du ... more Les campagnes syriennes constituaient dans les années 1960 et 1970 la base arrière du soutien du régime baathiste syrien. Son programme économique socialisant coïncidait avec les préoccupations de la paysannerie pauvre longtemps exploitée par les grands propriétaires terriens, très majoritairement citadins absentéistes. Si le régime des Assad au pouvoir depuis 1970 a continué (et continue encore) à accorder de l'intérêt au secteur agricole étant donné son poids dans l'économie nationale, la population rurale, quant à elle, est de plus en plus touchée par la pauvreté et le chômage. La libéralisation de l'économie et l'abandon progressif du système de subventions qui lui bénéficiait, puis le passage à « l'économie sociale de marché » à partir de 2006, ont accru les disparités sociales entre villes et campagnes. En considérant la démarche de pérennisation au pouvoir opérée par le régime autoritaire de Hafez et Bachar al-Assad, cet article essaie de mettre l'accent sur la marginalisation des campagnes et du monde rural. Syrian campaigns were in the 1960s and 1970s the rear base of support of the Syrian Baathist regime. His socialist economic program coincides with the concerns of the poor peasantry long exploited by the big landowners, overwhelmingly absent urbans. If the Assad regime in power since 1970 has continued (and continues) to pay interest to the agricultural sector because of its weight in the national economy, the rural population,

Research paper thumbnail of Régimes arabes laïques et politique du genre

Research paper thumbnail of La dimension laique du nationalisme arabe un sujet dinstrumentalisation le cas du Baath syrien

Tous les historiens arabes s'accordent sur le fait que la pensée nationaliste arabe dont l'émerge... more Tous les historiens arabes s'accordent sur le fait que la pensée nationaliste arabe dont l'émergence remonte à la période de la Nahda (la renaissance arabe au milieu du 19 ème siècle) est influencée par les idées laïques européennes. Lors d'une déclaration au journal français Le Temps, ‛Abd al-Ḥamīd al-Zahrāwī, le président du Congrès général arabe réuni à Paris en juin 1913, affirmait que « le lien religieux est incapable de créer l'unité politique 2 ». Toutefois, aucun parti nationaliste arabe (à l'exception du parti national social syrien) ne rompt avec la religion, en l'occurrence l'islam, comme l'a fait la Turquie kémaliste en adoptant la laïcité parmi les principes fondamentaux du Parti Républicain du Peuple et en l'inscrivant dans la Constitution turque de 1937 3 .

Book Reviews by Zakaria Taha

Research paper thumbnail of La Syrie, Bruxelles, De Boeck, Coll. Monde arabe-Monde musulman, 2013

Talks by Zakaria Taha

Research paper thumbnail of L'opposition kurde et le régime du Baath en Syrie entre dynamiques identitaires et stratégies de cooptation

Conference Presentations by Zakaria Taha

Research paper thumbnail of Le parti Baath et la dynastie al-Assad en Syrie, la laïcité dans un contexte communuataire

Le parti Baath et la dynastie al-Asad en Syrie : la laïcité dans un contexte communautaire 1 Zaka... more Le parti Baath et la dynastie al-Asad en Syrie : la laïcité dans un contexte communautaire 1 Zakaria Taha, chercheur associé au GSRL (Groupe Sociétés, Religions, Laïcités) CNRS-EPHE La Syrie sous le Baath depuis 1963 est considérée par beaucoup d'observateurs occidentaux comme l'un des rares pays arabes laïques. Le Baath, dont le nom est souvent lié à la laïcité, a en effet renforcé l'orientation laïque de l'Etat à travers la conduite de réformes audacieuses, notamment dans le domaine éducatif, l'appel à l'émancipation des femmes et la lutte contre l'islam politique. A la différence du Liban voisin, avec lequel la Syrie partage une mosaïque de populations, le confessionnalisme politique n'est pas érigé en système d'équilibre communautaire 2 ; en Syrie la religion n'est pas mentionnée sur les cartes d'identités, il n'y existe pas de système de quotas communautaires et la formation de partis politiques sur des bases confessionnelles et ethniques est interdite. Le régime syrien se présente comme le garant d'une laïcité qui garantit la coexistence harmonieuse dans un pays multicommunautaire. Cette image que le régime syrien aime se donner, notamment devant l'opinion occidentale, ne dispense pas d'aborder la question de fond de la nature de sa politique laïque. Que le Baath soit un parti qui porte les idées de la laïcité, qu'il existe une volonté des régimes de maintenir une unité nationale en dehors des considérations religieuses est une évidence. La question qui nous préoccupe ici est de savoir comment le régime syrien incarne et met en oeuvre sa politique laïque.

Books by Zakaria Taha

Research paper thumbnail of La Syrie

« La montée en force de l’Etat islamique (Daech) en Syrie, en Irak, en Lybie et au Sahel ainsi q... more « La montée en force de l’Etat islamique (Daech) en Syrie, en Irak, en Lybie et au Sahel ainsi que la menace djihadiste en Europe (attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles), aux Etats-Unis (fusillade d’Orlando le 11 juin 2016) et au Moyen-Orient fait de la guerre contre le terrorisme une priorité pour les puissances internationales. Le régime de Bachar al-Assad qui a misé sur la carte du terrorisme islamiste dès mars 2011 tire profit de ce contexte pour améliorer son image (reprise médiatique de Palmyre -tombée aux mains de Daech le 21 mai 2015- par l’armée syrienne le 27 mars 2016 et appuyée par l’aviation russe). Ainsi, il peut poursuivre sa guerre contre l’opposition (largage de barils de TNT, blocus de villes rebelles, famines, perturbation de l’aide humanitaire, destruction d’hôpitaux et d’écoles, utilisation d’armes interdites…), ciblant en premier lieu les plus modérés et les civils dans des zones qui se trouvent hors de son contrôle […]. Si sur le plan diplomatique les négociations sur un processus de transition politique restent sans issues, les Occidentaux et les « Amis du peuple syrien » tergiversent, sceptiques vis-à-vis de l’opposition et inquiets sur l’après Assad, ce qui n’a eu pour effet que de prolonger le conflit et aggraver la situation humanitaire. Le soutien diplomatique (discours de Poutine devant l’Assemblé nationale de l’ONU le 28 septembre 2015) et militaire (appui aérien) de la Russie et de l’Iran dans le conflit (fournisseur de milices chiites et soutien économique), renforce un régime aux abois qui ne semble pas disposé à céder à une opposition de plus en plus affaiblie et à une rébellion fragmentée et discréditée.
Le régime et l’opposition se trouvent dans un statut quo où aucune partie ne semble pouvoir l’emporter sans un soutien extérieur. L’opposition a besoin de l’armement et du soutien financier de l’Occident et des pays du Golfe tandis que Bachar al-Assad ne pourra pas tenir sans le soutien de la Russie, de l’Iran et ses alliés chiites (Irak et Hezbollah libanais).
Cette situation résulte pour partie du manque de vision commune et de stratégie claire vis-à-vis de la crise syrienne : impuissance et hésitation des Européens, dépendants du leadership américain, et absence de volonté des Etats-Unis de s’impliquer réellement dans le dossier syrien (errements en Irak et en Afghanistan, anarchies et viscosité des groupes armés de l’opposition, politique de non intervention de l’administration Obama). Face à cette situation, Moscou impose sa vision du conflit à travers un soutien indéfectible du régime syrien.
L’internationalisation du conflit et l’impasse dans laquelle il semble s’être engouffré, sans retour en arrière ni horizon certain, ont achevé de fragiliser la Syrie. Si le règlement du conflit en Syrie semble inextricablement lié à la question de la Syrie de demain, il est désormais à la merci des acteurs régionaux et internationaux. Les Syriens ne pèsent presque plus dans la sortie de crise. Quelle place reste-t-il à une alternative démocratique alors que l’opposition qui peine à se structurer dans une action commune est minée par l’ingérence des djihadistes et que le conflit n’en finit pas de durer ? Quelle construction humaine, quelle unité territoriale et politique, quel Etat émergera-t-il ? Quel seront les rapports avec les voisins de la région ? Autant de questions dont les réponses ne dépendent plus des seuls Syriens ». Zakaria Taha, La Syrie, deboeck, 2ème éd., 2016.A paraître très prochainement

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Dans un contexte de guerre civile et dans un Proche-Orient fragilisé par le sectarisme et travers... more Dans un contexte de guerre civile et dans un Proche-Orient fragilisé par le sectarisme et traversé par les crises identitaires, se forment en Syrie très rapidement des mouvements d’opposition sur des critères ethnique, confessionnel et tribal (Bloc national kurde, parti de l’Union Démocratique PYD , Organisation démocratique assyrienne, Bloc turcoman, Conseil des tribus syriennes et groupes islamistes salafistes et djihadistes sunnites). Porteurs de nouvelles expressions et nouvelles logiques de mobilisation, ces mouvements témoignent d’un renforcement de la définition des identités régionales sur la base d’appartenances communautaires et manifestent une volonté de redéfinir l’identité collective syrienne et de renégocier ses modalités de construction. Ces dynamiques constituent un défi pour l’Etat syrien et représentent une menace pour son intégrité territoriale et son unité nationale. Si elles marquent la crise structurelle de l’Etat et de sa légitimité, elles soulèvent la question de la construction nationale syrienne.

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Cahiers De La Mediterranee, Dec 15, 2010

Research paper thumbnail of L'humanisme laïcisant du courant réformiste musulman islâh : une expérience manquée

« L’humanisme laïcisant du courant réformiste musulman islah, une expérience manquée ?», communic... more « L’humanisme laïcisant du courant réformiste musulman islah, une expérience manquée ?»,
communication dans le cadre du séminaire Humanisme et l’islam, Institut d’Etude des Faits
Religieux IEFR, Université d’Artois, 4 mai 2016. (Publication prévue en juin aux éditions
Artois Presses Université).

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Acte du colloque interdisciplinaire : Religion et contestation, organisé par l’EA 1087 Espaces hu... more Acte du colloque interdisciplinaire : Religion et contestation, organisé par l’EA 1087 Espaces humains et interactions culturelles (EHIC), Universités Blaise Pascal Clermont-Ferrand II/Limoges, les 15 et 16 avril 2014.

Research paper thumbnail of Les Cahiers d'EMAM Études sur le Monde Arabe et la Méditerranée La population rurale et le Baath sous le régime autoritaire de Hafez et Bachar al-Assad en Syrie. Clientélisation et marginalisation

Les campagnes syriennes constituaient dans les années 1960 et 1970 la base arrière du soutien du ... more Les campagnes syriennes constituaient dans les années 1960 et 1970 la base arrière du soutien du régime baathiste syrien. Son programme économique socialisant coïncidait avec les préoccupations de la paysannerie pauvre longtemps exploitée par les grands propriétaires terriens, très majoritairement citadins absentéistes. Si le régime des Assad au pouvoir depuis 1970 a continué (et continue encore) à accorder de l'intérêt au secteur agricole étant donné son poids dans l'économie nationale, la population rurale, quant à elle, est de plus en plus touchée par la pauvreté et le chômage. La libéralisation de l'économie et l'abandon progressif du système de subventions qui lui bénéficiait, puis le passage à « l'économie sociale de marché » à partir de 2006, ont accru les disparités sociales entre villes et campagnes. En considérant la démarche de pérennisation au pouvoir opérée par le régime autoritaire de Hafez et Bachar al-Assad, cet article essaie de mettre l'accent sur la marginalisation des campagnes et du monde rural. Syrian campaigns were in the 1960s and 1970s the rear base of support of the Syrian Baathist regime. His socialist economic program coincides with the concerns of the poor peasantry long exploited by the big landowners, overwhelmingly absent urbans. If the Assad regime in power since 1970 has continued (and continues) to pay interest to the agricultural sector because of its weight in the national economy, the rural population,

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Research paper thumbnail of La dimension laique du nationalisme arabe un sujet dinstrumentalisation le cas du Baath syrien

Tous les historiens arabes s'accordent sur le fait que la pensée nationaliste arabe dont l'émerge... more Tous les historiens arabes s'accordent sur le fait que la pensée nationaliste arabe dont l'émergence remonte à la période de la Nahda (la renaissance arabe au milieu du 19 ème siècle) est influencée par les idées laïques européennes. Lors d'une déclaration au journal français Le Temps, ‛Abd al-Ḥamīd al-Zahrāwī, le président du Congrès général arabe réuni à Paris en juin 1913, affirmait que « le lien religieux est incapable de créer l'unité politique 2 ». Toutefois, aucun parti nationaliste arabe (à l'exception du parti national social syrien) ne rompt avec la religion, en l'occurrence l'islam, comme l'a fait la Turquie kémaliste en adoptant la laïcité parmi les principes fondamentaux du Parti Républicain du Peuple et en l'inscrivant dans la Constitution turque de 1937 3 .

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Le parti Baath et la dynastie al-Asad en Syrie : la laïcité dans un contexte communautaire 1 Zaka... more Le parti Baath et la dynastie al-Asad en Syrie : la laïcité dans un contexte communautaire 1 Zakaria Taha, chercheur associé au GSRL (Groupe Sociétés, Religions, Laïcités) CNRS-EPHE La Syrie sous le Baath depuis 1963 est considérée par beaucoup d'observateurs occidentaux comme l'un des rares pays arabes laïques. Le Baath, dont le nom est souvent lié à la laïcité, a en effet renforcé l'orientation laïque de l'Etat à travers la conduite de réformes audacieuses, notamment dans le domaine éducatif, l'appel à l'émancipation des femmes et la lutte contre l'islam politique. A la différence du Liban voisin, avec lequel la Syrie partage une mosaïque de populations, le confessionnalisme politique n'est pas érigé en système d'équilibre communautaire 2 ; en Syrie la religion n'est pas mentionnée sur les cartes d'identités, il n'y existe pas de système de quotas communautaires et la formation de partis politiques sur des bases confessionnelles et ethniques est interdite. Le régime syrien se présente comme le garant d'une laïcité qui garantit la coexistence harmonieuse dans un pays multicommunautaire. Cette image que le régime syrien aime se donner, notamment devant l'opinion occidentale, ne dispense pas d'aborder la question de fond de la nature de sa politique laïque. Que le Baath soit un parti qui porte les idées de la laïcité, qu'il existe une volonté des régimes de maintenir une unité nationale en dehors des considérations religieuses est une évidence. La question qui nous préoccupe ici est de savoir comment le régime syrien incarne et met en oeuvre sa politique laïque.

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« La montée en force de l’Etat islamique (Daech) en Syrie, en Irak, en Lybie et au Sahel ainsi q... more « La montée en force de l’Etat islamique (Daech) en Syrie, en Irak, en Lybie et au Sahel ainsi que la menace djihadiste en Europe (attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles), aux Etats-Unis (fusillade d’Orlando le 11 juin 2016) et au Moyen-Orient fait de la guerre contre le terrorisme une priorité pour les puissances internationales. Le régime de Bachar al-Assad qui a misé sur la carte du terrorisme islamiste dès mars 2011 tire profit de ce contexte pour améliorer son image (reprise médiatique de Palmyre -tombée aux mains de Daech le 21 mai 2015- par l’armée syrienne le 27 mars 2016 et appuyée par l’aviation russe). Ainsi, il peut poursuivre sa guerre contre l’opposition (largage de barils de TNT, blocus de villes rebelles, famines, perturbation de l’aide humanitaire, destruction d’hôpitaux et d’écoles, utilisation d’armes interdites…), ciblant en premier lieu les plus modérés et les civils dans des zones qui se trouvent hors de son contrôle […]. Si sur le plan diplomatique les négociations sur un processus de transition politique restent sans issues, les Occidentaux et les « Amis du peuple syrien » tergiversent, sceptiques vis-à-vis de l’opposition et inquiets sur l’après Assad, ce qui n’a eu pour effet que de prolonger le conflit et aggraver la situation humanitaire. Le soutien diplomatique (discours de Poutine devant l’Assemblé nationale de l’ONU le 28 septembre 2015) et militaire (appui aérien) de la Russie et de l’Iran dans le conflit (fournisseur de milices chiites et soutien économique), renforce un régime aux abois qui ne semble pas disposé à céder à une opposition de plus en plus affaiblie et à une rébellion fragmentée et discréditée.
Le régime et l’opposition se trouvent dans un statut quo où aucune partie ne semble pouvoir l’emporter sans un soutien extérieur. L’opposition a besoin de l’armement et du soutien financier de l’Occident et des pays du Golfe tandis que Bachar al-Assad ne pourra pas tenir sans le soutien de la Russie, de l’Iran et ses alliés chiites (Irak et Hezbollah libanais).
Cette situation résulte pour partie du manque de vision commune et de stratégie claire vis-à-vis de la crise syrienne : impuissance et hésitation des Européens, dépendants du leadership américain, et absence de volonté des Etats-Unis de s’impliquer réellement dans le dossier syrien (errements en Irak et en Afghanistan, anarchies et viscosité des groupes armés de l’opposition, politique de non intervention de l’administration Obama). Face à cette situation, Moscou impose sa vision du conflit à travers un soutien indéfectible du régime syrien.
L’internationalisation du conflit et l’impasse dans laquelle il semble s’être engouffré, sans retour en arrière ni horizon certain, ont achevé de fragiliser la Syrie. Si le règlement du conflit en Syrie semble inextricablement lié à la question de la Syrie de demain, il est désormais à la merci des acteurs régionaux et internationaux. Les Syriens ne pèsent presque plus dans la sortie de crise. Quelle place reste-t-il à une alternative démocratique alors que l’opposition qui peine à se structurer dans une action commune est minée par l’ingérence des djihadistes et que le conflit n’en finit pas de durer ? Quelle construction humaine, quelle unité territoriale et politique, quel Etat émergera-t-il ? Quel seront les rapports avec les voisins de la région ? Autant de questions dont les réponses ne dépendent plus des seuls Syriens ». Zakaria Taha, La Syrie, deboeck, 2ème éd., 2016.A paraître très prochainement