Ulrich Kevin MAGANGA | Université de Guyane (original) (raw)
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Papers by Ulrich Kevin MAGANGA
PRESSES UNIVERSITAIRES DE SAINT-BONIFACE Sous la direction de Adina Balint, Irène Chassaing et Lise Gaboury-Diallo, 2018
« Les littératures africaines ouvrent un vaste champ à toutes sortes d'études comparatistes », éc... more « Les littératures africaines ouvrent un vaste champ à toutes sortes d'études comparatistes », écrit Jean-Marc Moura dans sa préface (p. 6). Pourtant, on le voit avec l'article de Charles Bonn en ouver-ture de ce volume, elles sont encore peu étudiées en France, même si la situation évolue. Ce volume tâche ainsi de démontrer la perti-nence des études comparatistes pour l'étude des littératures d'Afri-que tant au niveau intracontinental qu'intercontinental. La possibi-lité et la validité d'un comparatisme « intra-africain » sont en effet à la base de l'article de Dominique Ranaivoson. Contre les partitions conventionnelles (motivées par les barrières géographiques ou lin-guistiques) qui président souvent aux études africanistes, l'auteur met en relief « une africanité continentale, ouverte, transnatio-nale… » (p. 58), mais elle insiste sur la diversité « des imaginaires qui donnent naissance à la production littéraire et à la structure des champs plus juxtaposés qu'unifiés » (p. 57). Cette diversité s'ob-serve encore dans les relations qu'entretiennent des traditions litté-raires différentes, comme le rappelle Ursula Baumgardt ; le rappro-chement de la littérature orale en langues africaines et de la litté-rature écrite en langues européennes lui permet ainsi de relever que la première n'est ni l'auxiliaire ni la ressource de la seconde : « chacune a un fonctionnement qui lui est propre » (p. 69). Elena Bertoncini présente, quant à elle, les parallèles et les différences entre des écrivains swahilis venant de régions diverses pour souli-gner la spécificité de chaque littérature swahilie par-delà une langue commune. Ni l'unité linguistique ni l'unité thématique ne sauraient entraîner une identité entre les oeuvres ou les écrivains : c'est l'argumentaire développé par Ieme Van Der Poel lorsqu'elle analyse comment, à partir d'un thème commun – les tribulations des « harragas » – deux écrivains marocains (l'un néerlandophone et l'autre francophone) construisent une image différente du Maroc : politique et engagée chez l'un, autobiographique et historique chez l'autre. La diversité générique, linguistique et culturelle du continent africain permet ainsi de mener un comparatisme entre ses multiples littératures. Mais celles-ci autorisent également un comparatisme intercontinental. Ce volume s'intéresse dès lors aussi aux différentes
PRESSES UNIVERSITAIRES DE SAINT-BONIFACE Sous la direction de Adina Balint, Irène Chassaing et Lise Gaboury-Diallo, 2018
« Les littératures africaines ouvrent un vaste champ à toutes sortes d'études comparatistes », éc... more « Les littératures africaines ouvrent un vaste champ à toutes sortes d'études comparatistes », écrit Jean-Marc Moura dans sa préface (p. 6). Pourtant, on le voit avec l'article de Charles Bonn en ouver-ture de ce volume, elles sont encore peu étudiées en France, même si la situation évolue. Ce volume tâche ainsi de démontrer la perti-nence des études comparatistes pour l'étude des littératures d'Afri-que tant au niveau intracontinental qu'intercontinental. La possibi-lité et la validité d'un comparatisme « intra-africain » sont en effet à la base de l'article de Dominique Ranaivoson. Contre les partitions conventionnelles (motivées par les barrières géographiques ou lin-guistiques) qui président souvent aux études africanistes, l'auteur met en relief « une africanité continentale, ouverte, transnatio-nale… » (p. 58), mais elle insiste sur la diversité « des imaginaires qui donnent naissance à la production littéraire et à la structure des champs plus juxtaposés qu'unifiés » (p. 57). Cette diversité s'ob-serve encore dans les relations qu'entretiennent des traditions litté-raires différentes, comme le rappelle Ursula Baumgardt ; le rappro-chement de la littérature orale en langues africaines et de la litté-rature écrite en langues européennes lui permet ainsi de relever que la première n'est ni l'auxiliaire ni la ressource de la seconde : « chacune a un fonctionnement qui lui est propre » (p. 69). Elena Bertoncini présente, quant à elle, les parallèles et les différences entre des écrivains swahilis venant de régions diverses pour souli-gner la spécificité de chaque littérature swahilie par-delà une langue commune. Ni l'unité linguistique ni l'unité thématique ne sauraient entraîner une identité entre les oeuvres ou les écrivains : c'est l'argumentaire développé par Ieme Van Der Poel lorsqu'elle analyse comment, à partir d'un thème commun – les tribulations des « harragas » – deux écrivains marocains (l'un néerlandophone et l'autre francophone) construisent une image différente du Maroc : politique et engagée chez l'un, autobiographique et historique chez l'autre. La diversité générique, linguistique et culturelle du continent africain permet ainsi de mener un comparatisme entre ses multiples littératures. Mais celles-ci autorisent également un comparatisme intercontinental. Ce volume s'intéresse dès lors aussi aux différentes