Yasar GÜN | Université de Nantes (original) (raw)

Books by Yasar GÜN

Research paper thumbnail of Notice Mouradgea d'Ohsson & Tableau Général de l'Empire Othoman

Christian-Muslim Relations A Bibliographical History Volume 21. South-western Europe (1800-1914), 2024

Research paper thumbnail of Amour & Spiritualité. Quarante Hadiths du Prophète

Amour et spiritualité. Quarante hadiths du Prophète, 2020

Les deux sources principales de l’islam que sont le Coran et le Hadith contiennent de nombreux en... more Les deux sources principales de l’islam que sont le Coran et le Hadith contiennent de nombreux enseignements sur la nature de l’amour – aussi bien humain que divin – et sur sa portée dans la vie spirituelle du croyant. L’étude introductive, qui constitue la première partie de cet ouvrage, expose avec clarté les voies d’acquisition de l’amour ainsi que ses effets transformants sur l’être humain. Cette étude permet également de prendre connaissance de l’éclairage sur l’amour que les maîtres de sagesse en islam ont donné depuis les premiers siècles jusqu’à l’époque contemporaine. L’anthologie de hadiths offre, pour sa part, l’occasion de s’immerger dans la beauté des enseignements prophétiques sur les multiples dimensions de l’amour. Ce sont ainsi quarante perles, toutes plus précieuses les unes que les autres, qui sont proposées à la méditation du lecteur.

https://www.leslumieresdorient.com/spiritualite/1640-amour-et-spiritualite-quarante-hadiths-du-prophete-9791091300292.html

Papers by Yasar GÜN

Research paper thumbnail of Claude-Etienne Savary

Claude-Étienne Savary (1750-88) is a French orientalist and traveller 1. He is renowned for being... more Claude-Étienne Savary (1750-88) is a French orientalist and traveller 1. He is renowned for being the second translator of the Qurʾān into French, after André du Ryer (1580-1672). 1. Savary: An Enlightened Traveller and Orientalist Born into a bourgeois family, Savary received a classical education at a Jesuit college in Rennes (France). In Paris, where he later lived, he became friends with Louis-Guillaume Le Monnier (1717-99), an eminent scholar to whom he addressed his Lettres sur l'Égypte. Furthermore, Le Monnier was Savary's mentor and had probably introduced him to the enlightened Parisian circles (Hamilton, Savary: Orientalism, 284-5). He also seemed to have an important influence on Savary's ideas, particularly on his conception of travel, as can be seen from his first letter in his Lettres (Savary, Lettres, 1:1-2). After his Parisian experience, Savary travelled East to Egypt, Syria, and the Greek Archipelago between 1776-7 and 1781. Savary's aim was to deepen his knowledge and understanding of Arabic language, Muslim societies, and Islam. In addition, he was deeply driven by Enlightenment thoughts. His first-hand observations were intended to counter preconceived Western notions, on the one hand, and to get a better understanding of his own country and its limits, on the other. Thus, it is by becoming "a citizen of the world" (as Savary identified himself) that man can rise above prejudice and approach the Truth (Savary, Lettres, 1:iij-iv). One of the particularities of Savary's work is his emotional, even mystical, approach. According to him, a good-or a true-traveller must have a good (geographical and historical) knowledge of the places he visits, be above prejudices But this is not enough: the traveller must also "combine with the lights, and the genius of the observation … this lively, deep, penetrating sensitivity, which alone makes it possible to see and write with interest" (Savary, Lettres, 1:ivix). Consequently, "the marbles, the ruins, the mountains will speak to his mind, and to his

Research paper thumbnail of PENSER L’ESPÉRANCE À TRAVERS LES SOURCES SCRIPTURAIRES DE L’ISLAM

Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espéranc... more Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espérance (al-rajā’) occupe tout de même une place essentielle dans la tradition musulmane. Dans le Coran, cette thématique est liée à la miséricorde, à la générosité divine, à l’eschatologie ou encore directement au désir de Dieu. Par ailleurs, le Coran fait de l’espérance un critère de croyance. Plus précisément, l’absence de la première dénote une défaillance de la seconde : « Ne désespérez pas du souffle apaisant (rawḥ) de Dieu. Ne désespère de ce souffle que le peuple des dénégateurs » rappelle ainsi Jacob à ses fils (C 12, 87). Ce verset, mis dans la bouche d’un prophète biblique scelle la continuité entre traditions monothéistes. Toutefois, en islam, le corollaire de l’espérance est avant tout la crainte (al-khawf) comme en 17, 57 : « Ils espèrent Sa miséricorde et craignent Son châtiment. » Les exégètes musulmans y voient une attitude équilibrée à adopter, en symbolisant ces deux vertus comme étant les deux ailes sans lesquelles un oiseau ne pourrait s’envoler. Thème éminemment théologique, l’espérance est également une thématique spirituelle car perçue comme un « acte du cœur ». La littérature soufie y a ainsi consacré une abondante production (al-Qushayrī, al-Anṣārī, al-Ghazālī), en en faisant notamment une station (maqām) du cheminement spirituel vers Dieu.

Research paper thumbnail of LA CHARITÉ DANS LE CORAN ET LA TRADITION PROPHÉTIQUE : DE LA DÉFINITION À L’APPLICATION AU COURS DE L’HISTOIRE DE L’ISLAM

Résumé Vertu centrale en islam, la charité est présente dans de nombreuses civilisations et trad... more Résumé

Vertu centrale en islam, la charité est présente dans de nombreuses civilisations et traditions sous différentes dénominations. De par son universalité, elle transcende les époques et les appartenances particulières. Avec les religions monothéistes, elle devient un objet de convergence. L’étude des textes sacrés met ainsi en lumière les points communs, tant sur le fond (amour de Dieu, du prochain) que la forme (aumônes, entraide). D’ailleurs, le Coran et la tradition prophétique contiennent beaucoup d’emprunts – directs ou indirects – bibliques, marquant une certaine continuité éthique et spirituelle, malgré les différences dogmatiques et rituelles. Toutefois, la charité musulmane (ṣadaqa) garde ses particularités : la zakāt (impôt-charité) et le waqf (legs pieux) en sont deux exemples révélateurs. De ce fait, cette convergence laisse parfois place à la controverse religieuse, comme chez certains voyageurs occidentaux en terres d’islam.

Mots-clés : charité, islam, Ṣadaqa, amour, aumône

Abstract

Virtue at the heart of Islamic faith, charity is present in many civilisations and traditions, known by several denominations. By its universality, it transcends times and specific affiliations. In the case of monotheistic religions, it becomes an object of convergence. Indeed, an in-depth study of sacred texts brings to light many common points, both in substance (love of God, love of neighbour) and in form (alms, mutual aid). The Qur’ān and the prophetic tradition contain a lot of direct or indirect similarities with the Bible, marking a certain ethical and spiritual continuity despite the dogmatic and ritual differences. However, charity in Islam (ṣadaqa) retains its peculiarities: zakāt (tax-charity) and waqf (pious endowments) are a revealing example. Thus, sometimes, this convergence gives way to religious controversy, as with the Western travellers in Islamic lands.

Keywords: Charity, Islam, Ṣadaqa, Love, Alms

Talks by Yasar GÜN

Research paper thumbnail of Une approche diplomatique du Coran ? Mouradgea d’Ohsson et son Tableau général de l’Empire Othoman

Publié en deux formats entre 1787 et 1824, et destiné aux hommes d’État et aux savants européens,... more Publié en deux formats entre 1787 et 1824, et destiné aux hommes d’État et aux savants européens, le Tableau général de l’Empire Othoman offre, à l’époque de sa publication, l’une des sources les plus complètes et les plus précises sur la Sublime Porte et l’islam (Findley, 2019). Son auteur, Mouradgea d’Ohsson, a la particularité d’être un sujet chrétien de l’Empire ottoman, diplomate pour la couronne suédoise et proche des autorités ottomanes.
Présentant l’islam comme une religion de loi, et l’Empire ottoman comme un état fondé sur un code civil, d’Ohsson entend notamment défaire le mythe du « despotisme oriental ». Quel rôle joue le Coran dans cette représentation ? Quelle image d’Ohsson construit-il du texte sacré de l’islam, longtemps considéré en Europe comme un texte insensé et hérétique ? Quelle est l’originalité de sa perspective et son impact ?
Nous montrerons dans notre contribution comment le Tableau général construit le Coran comme un texte sacré empreint de moralité et comment le double statut de d’Ohsson – Oriental et Occidental – a joué à la fois en sa faveur et en sa défaveur dans le contexte d’une redéfinition du regard européen porté sur l’islam à la fin du siècle des Lumières.

Research paper thumbnail of « Les usages du Coran à Constantinople au XIXe siècle d’après le Tableau général de l’Empire othoman »

Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Ignace Mouradgea d’Ohsson (1740-1807) a... more Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Ignace Mouradgea d’Ohsson (1740-1807) a offert à la République des Lettres des Lumières un ouvrage de référence richement illustré sur l’islam et l’Empire ottoman : le Tableau général de l’Empire Othoman (1787-1820). Ses connaissances approfondies des langues orientales et de l’islam d’une part, et sa position de diplomate apprécié de la Sublime Porte d’autre part ont permis à d’Ohsson d’être un témoin privilégié de la société ottomane changeante qu’il connaissait parfaitement pour y être né et y avoir vécu la majeure partie de sa vie.
Catholique d’origine franco-arménienne, l’auteur a finement décrit le dogme, le culte, mais aussi l’histoire et les mœurs de l’Empire ottoman pour en donner l’image la plus fidèle et exacte possible. Le Coran occupe une place de choix dans son Tableau, tant au niveau textuel qu’iconographique. D’Ohsson livre en effet de nombreuses observations sur les différents usages du Coran dans la société ottomane, en particulier à Constantinople.
Outre son évident rôle liturgique – comme sa récitation dans les prières canoniques – le livre saint de l’islam occupait, d’après d’Ohsson, un rôle important dans le quotidien des musulmans ottomans. Ces derniers, y compris les Sultans, l’apprenaient par cœur, soit partiellement soit entièrement (t. 2, p. 280). En tant qu’objet d’étude, le Coran était étudié et enseigné dans toutes les madrasas de l’Empire, mais aussi lors de lectures publiques (ders) auxquelles le Sultan pouvait assister (t. 3, p. 53-54). Dans les différentes confréries soufies stambouliotes, le Coran occupait une place importante et accompagnait les autres exercices spirituels comme le ḏikr (t. 4-2, p. 628, 639).
De plus, le Coran était également perçu comme une source de bénédictions, de protection, voire de guérison et d’intercession pour les défunts. Dans les cérémonies de mariage, sa récitation avait notamment vocation à protéger les mariés du mauvais œil (t.5, p. 150-151). Certains personnages réputés saints utilisaient le Coran en tant que remède spirituel guérissant les maladies du corps et de l’âme (t. 4-2, p. 679-680). Le Coran était encore récité dans certains mausolées de personnages importants (Sultans, imams, etc.) comme en témoignent plusieurs gravures présentes dans le Tableau général. Mais c’est sur son usage dans le domaine militaire que d’Ohsson insiste particulièrement. Le Coran était récité dans les grandes mosquées avant chaque bataille pour ses bénédictions (t. 7, p. 387), mais aussi sur le front pour motiver les troupes (t. 7, p. 406-407) et après les victoires en guise de gratitude (t. 2, p. 262).
Notre communication lors de cet atelier doctoral permettra de remarquer à quel point les exemples d’usages du Coran sont nombreux dans le Tableau général. Dans un Empire qui allait connaître de profondes mutations, tant sociales que religieuses, ce témoignage de Mouradgea d’Ohsson permet ainsi de saisir les rapports de la société ottomane au Coran.

Research paper thumbnail of "Le 'sabre ou le Coran' : l'image du Coran dans le Tableau Général de l'Empire Othoman"

Le Coran occupe une place centrale dans l'œuvre magistrale de Mouradgea d'Ohsson, tant au niveau ... more Le Coran occupe une place centrale dans l'œuvre magistrale de Mouradgea d'Ohsson, tant au niveau textuel qu'iconographique. En effet, c'est dès le frontispice que le lecteur du Tableau général de l'Empire Othoman, publié entre 1787 et 1820 à Paris, rencontre le livre sacré des musulmans : l'on y voit notamment le Prophète Mohammed brandir un sabre dans une main, et des feuillets du Coran dans l'autre. Notre communication visera à comprendre la symbolique du sabre et du Coran chez notre auteur. Nous tenterons également de situer l'origine et la postérité de cette symbolique chez d'autres auteurs européens.

Research paper thumbnail of L’espérance dans les religions abrahamiques, de la Bible à nos jours

Penser l’espérance à travers les sources scripturaires de l’islam, 2021

Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espéranc... more Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espérance (al-rajā’) occupe tout de même une place essentielle dans la tradition musulmane. Dans le Coran, cette thématique est liée à la miséricorde, à la générosité divine, à l’eschatologie ou encore directement au désir de Dieu. Par ailleurs, le Coran fait de l’espérance un critère de croyance. Plus précisément, l’absence de la première dénote une défaillance de la seconde : « Ne désespérez pas du souffle apaisant (rawḥ) de Dieu. Ne désespère de ce souffle que le peuple des dénégateurs » rappelle ainsi Jacob à ses fils (C 12, 87).

Ce verset, mis dans la bouche d’un prophète biblique scelle la continuité entre traditions monothéistes. Toutefois, en islam, le corollaire de l’espérance est avant tout la crainte (al-khawf) comme en 17, 57 : « Ils espèrent Sa miséricorde et craignent Son châtiment. » Les exégètes musulmans y voient une attitude équilibrée à adopter, en symbolisant ces deux vertus comme étant les deux ailes sans lesquelles un oiseau ne pourrait s’envoler. Thème éminemment théologique, l’espérance est également une thématique spirituelle car perçue comme un « acte du cœur ». La littérature soufie y a ainsi consacré une abondante production (al-Qushayrī, al-Anṣārī, al-Ghazālī), en en faisant notamment une station (maqām) du cheminement spirituel vers Dieu.

Research paper thumbnail of Notice Mouradgea d'Ohsson & Tableau Général de l'Empire Othoman

Christian-Muslim Relations A Bibliographical History Volume 21. South-western Europe (1800-1914), 2024

Research paper thumbnail of Amour & Spiritualité. Quarante Hadiths du Prophète

Amour et spiritualité. Quarante hadiths du Prophète, 2020

Les deux sources principales de l’islam que sont le Coran et le Hadith contiennent de nombreux en... more Les deux sources principales de l’islam que sont le Coran et le Hadith contiennent de nombreux enseignements sur la nature de l’amour – aussi bien humain que divin – et sur sa portée dans la vie spirituelle du croyant. L’étude introductive, qui constitue la première partie de cet ouvrage, expose avec clarté les voies d’acquisition de l’amour ainsi que ses effets transformants sur l’être humain. Cette étude permet également de prendre connaissance de l’éclairage sur l’amour que les maîtres de sagesse en islam ont donné depuis les premiers siècles jusqu’à l’époque contemporaine. L’anthologie de hadiths offre, pour sa part, l’occasion de s’immerger dans la beauté des enseignements prophétiques sur les multiples dimensions de l’amour. Ce sont ainsi quarante perles, toutes plus précieuses les unes que les autres, qui sont proposées à la méditation du lecteur.

https://www.leslumieresdorient.com/spiritualite/1640-amour-et-spiritualite-quarante-hadiths-du-prophete-9791091300292.html

Research paper thumbnail of Claude-Etienne Savary

Claude-Étienne Savary (1750-88) is a French orientalist and traveller 1. He is renowned for being... more Claude-Étienne Savary (1750-88) is a French orientalist and traveller 1. He is renowned for being the second translator of the Qurʾān into French, after André du Ryer (1580-1672). 1. Savary: An Enlightened Traveller and Orientalist Born into a bourgeois family, Savary received a classical education at a Jesuit college in Rennes (France). In Paris, where he later lived, he became friends with Louis-Guillaume Le Monnier (1717-99), an eminent scholar to whom he addressed his Lettres sur l'Égypte. Furthermore, Le Monnier was Savary's mentor and had probably introduced him to the enlightened Parisian circles (Hamilton, Savary: Orientalism, 284-5). He also seemed to have an important influence on Savary's ideas, particularly on his conception of travel, as can be seen from his first letter in his Lettres (Savary, Lettres, 1:1-2). After his Parisian experience, Savary travelled East to Egypt, Syria, and the Greek Archipelago between 1776-7 and 1781. Savary's aim was to deepen his knowledge and understanding of Arabic language, Muslim societies, and Islam. In addition, he was deeply driven by Enlightenment thoughts. His first-hand observations were intended to counter preconceived Western notions, on the one hand, and to get a better understanding of his own country and its limits, on the other. Thus, it is by becoming "a citizen of the world" (as Savary identified himself) that man can rise above prejudice and approach the Truth (Savary, Lettres, 1:iij-iv). One of the particularities of Savary's work is his emotional, even mystical, approach. According to him, a good-or a true-traveller must have a good (geographical and historical) knowledge of the places he visits, be above prejudices But this is not enough: the traveller must also "combine with the lights, and the genius of the observation … this lively, deep, penetrating sensitivity, which alone makes it possible to see and write with interest" (Savary, Lettres, 1:ivix). Consequently, "the marbles, the ruins, the mountains will speak to his mind, and to his

Research paper thumbnail of PENSER L’ESPÉRANCE À TRAVERS LES SOURCES SCRIPTURAIRES DE L’ISLAM

Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espéranc... more Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espérance (al-rajā’) occupe tout de même une place essentielle dans la tradition musulmane. Dans le Coran, cette thématique est liée à la miséricorde, à la générosité divine, à l’eschatologie ou encore directement au désir de Dieu. Par ailleurs, le Coran fait de l’espérance un critère de croyance. Plus précisément, l’absence de la première dénote une défaillance de la seconde : « Ne désespérez pas du souffle apaisant (rawḥ) de Dieu. Ne désespère de ce souffle que le peuple des dénégateurs » rappelle ainsi Jacob à ses fils (C 12, 87). Ce verset, mis dans la bouche d’un prophète biblique scelle la continuité entre traditions monothéistes. Toutefois, en islam, le corollaire de l’espérance est avant tout la crainte (al-khawf) comme en 17, 57 : « Ils espèrent Sa miséricorde et craignent Son châtiment. » Les exégètes musulmans y voient une attitude équilibrée à adopter, en symbolisant ces deux vertus comme étant les deux ailes sans lesquelles un oiseau ne pourrait s’envoler. Thème éminemment théologique, l’espérance est également une thématique spirituelle car perçue comme un « acte du cœur ». La littérature soufie y a ainsi consacré une abondante production (al-Qushayrī, al-Anṣārī, al-Ghazālī), en en faisant notamment une station (maqām) du cheminement spirituel vers Dieu.

Research paper thumbnail of LA CHARITÉ DANS LE CORAN ET LA TRADITION PROPHÉTIQUE : DE LA DÉFINITION À L’APPLICATION AU COURS DE L’HISTOIRE DE L’ISLAM

Résumé Vertu centrale en islam, la charité est présente dans de nombreuses civilisations et trad... more Résumé

Vertu centrale en islam, la charité est présente dans de nombreuses civilisations et traditions sous différentes dénominations. De par son universalité, elle transcende les époques et les appartenances particulières. Avec les religions monothéistes, elle devient un objet de convergence. L’étude des textes sacrés met ainsi en lumière les points communs, tant sur le fond (amour de Dieu, du prochain) que la forme (aumônes, entraide). D’ailleurs, le Coran et la tradition prophétique contiennent beaucoup d’emprunts – directs ou indirects – bibliques, marquant une certaine continuité éthique et spirituelle, malgré les différences dogmatiques et rituelles. Toutefois, la charité musulmane (ṣadaqa) garde ses particularités : la zakāt (impôt-charité) et le waqf (legs pieux) en sont deux exemples révélateurs. De ce fait, cette convergence laisse parfois place à la controverse religieuse, comme chez certains voyageurs occidentaux en terres d’islam.

Mots-clés : charité, islam, Ṣadaqa, amour, aumône

Abstract

Virtue at the heart of Islamic faith, charity is present in many civilisations and traditions, known by several denominations. By its universality, it transcends times and specific affiliations. In the case of monotheistic religions, it becomes an object of convergence. Indeed, an in-depth study of sacred texts brings to light many common points, both in substance (love of God, love of neighbour) and in form (alms, mutual aid). The Qur’ān and the prophetic tradition contain a lot of direct or indirect similarities with the Bible, marking a certain ethical and spiritual continuity despite the dogmatic and ritual differences. However, charity in Islam (ṣadaqa) retains its peculiarities: zakāt (tax-charity) and waqf (pious endowments) are a revealing example. Thus, sometimes, this convergence gives way to religious controversy, as with the Western travellers in Islamic lands.

Keywords: Charity, Islam, Ṣadaqa, Love, Alms

Research paper thumbnail of Une approche diplomatique du Coran ? Mouradgea d’Ohsson et son Tableau général de l’Empire Othoman

Publié en deux formats entre 1787 et 1824, et destiné aux hommes d’État et aux savants européens,... more Publié en deux formats entre 1787 et 1824, et destiné aux hommes d’État et aux savants européens, le Tableau général de l’Empire Othoman offre, à l’époque de sa publication, l’une des sources les plus complètes et les plus précises sur la Sublime Porte et l’islam (Findley, 2019). Son auteur, Mouradgea d’Ohsson, a la particularité d’être un sujet chrétien de l’Empire ottoman, diplomate pour la couronne suédoise et proche des autorités ottomanes.
Présentant l’islam comme une religion de loi, et l’Empire ottoman comme un état fondé sur un code civil, d’Ohsson entend notamment défaire le mythe du « despotisme oriental ». Quel rôle joue le Coran dans cette représentation ? Quelle image d’Ohsson construit-il du texte sacré de l’islam, longtemps considéré en Europe comme un texte insensé et hérétique ? Quelle est l’originalité de sa perspective et son impact ?
Nous montrerons dans notre contribution comment le Tableau général construit le Coran comme un texte sacré empreint de moralité et comment le double statut de d’Ohsson – Oriental et Occidental – a joué à la fois en sa faveur et en sa défaveur dans le contexte d’une redéfinition du regard européen porté sur l’islam à la fin du siècle des Lumières.

Research paper thumbnail of « Les usages du Coran à Constantinople au XIXe siècle d’après le Tableau général de l’Empire othoman »

Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Ignace Mouradgea d’Ohsson (1740-1807) a... more Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, Ignace Mouradgea d’Ohsson (1740-1807) a offert à la République des Lettres des Lumières un ouvrage de référence richement illustré sur l’islam et l’Empire ottoman : le Tableau général de l’Empire Othoman (1787-1820). Ses connaissances approfondies des langues orientales et de l’islam d’une part, et sa position de diplomate apprécié de la Sublime Porte d’autre part ont permis à d’Ohsson d’être un témoin privilégié de la société ottomane changeante qu’il connaissait parfaitement pour y être né et y avoir vécu la majeure partie de sa vie.
Catholique d’origine franco-arménienne, l’auteur a finement décrit le dogme, le culte, mais aussi l’histoire et les mœurs de l’Empire ottoman pour en donner l’image la plus fidèle et exacte possible. Le Coran occupe une place de choix dans son Tableau, tant au niveau textuel qu’iconographique. D’Ohsson livre en effet de nombreuses observations sur les différents usages du Coran dans la société ottomane, en particulier à Constantinople.
Outre son évident rôle liturgique – comme sa récitation dans les prières canoniques – le livre saint de l’islam occupait, d’après d’Ohsson, un rôle important dans le quotidien des musulmans ottomans. Ces derniers, y compris les Sultans, l’apprenaient par cœur, soit partiellement soit entièrement (t. 2, p. 280). En tant qu’objet d’étude, le Coran était étudié et enseigné dans toutes les madrasas de l’Empire, mais aussi lors de lectures publiques (ders) auxquelles le Sultan pouvait assister (t. 3, p. 53-54). Dans les différentes confréries soufies stambouliotes, le Coran occupait une place importante et accompagnait les autres exercices spirituels comme le ḏikr (t. 4-2, p. 628, 639).
De plus, le Coran était également perçu comme une source de bénédictions, de protection, voire de guérison et d’intercession pour les défunts. Dans les cérémonies de mariage, sa récitation avait notamment vocation à protéger les mariés du mauvais œil (t.5, p. 150-151). Certains personnages réputés saints utilisaient le Coran en tant que remède spirituel guérissant les maladies du corps et de l’âme (t. 4-2, p. 679-680). Le Coran était encore récité dans certains mausolées de personnages importants (Sultans, imams, etc.) comme en témoignent plusieurs gravures présentes dans le Tableau général. Mais c’est sur son usage dans le domaine militaire que d’Ohsson insiste particulièrement. Le Coran était récité dans les grandes mosquées avant chaque bataille pour ses bénédictions (t. 7, p. 387), mais aussi sur le front pour motiver les troupes (t. 7, p. 406-407) et après les victoires en guise de gratitude (t. 2, p. 262).
Notre communication lors de cet atelier doctoral permettra de remarquer à quel point les exemples d’usages du Coran sont nombreux dans le Tableau général. Dans un Empire qui allait connaître de profondes mutations, tant sociales que religieuses, ce témoignage de Mouradgea d’Ohsson permet ainsi de saisir les rapports de la société ottomane au Coran.

Research paper thumbnail of "Le 'sabre ou le Coran' : l'image du Coran dans le Tableau Général de l'Empire Othoman"

Le Coran occupe une place centrale dans l'œuvre magistrale de Mouradgea d'Ohsson, tant au niveau ... more Le Coran occupe une place centrale dans l'œuvre magistrale de Mouradgea d'Ohsson, tant au niveau textuel qu'iconographique. En effet, c'est dès le frontispice que le lecteur du Tableau général de l'Empire Othoman, publié entre 1787 et 1820 à Paris, rencontre le livre sacré des musulmans : l'on y voit notamment le Prophète Mohammed brandir un sabre dans une main, et des feuillets du Coran dans l'autre. Notre communication visera à comprendre la symbolique du sabre et du Coran chez notre auteur. Nous tenterons également de situer l'origine et la postérité de cette symbolique chez d'autres auteurs européens.

Research paper thumbnail of L’espérance dans les religions abrahamiques, de la Bible à nos jours

Penser l’espérance à travers les sources scripturaires de l’islam, 2021

Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espéranc... more Bien qu’ayant un caractère moins central et transversal qu’une vertu comme la charité, l’espérance (al-rajā’) occupe tout de même une place essentielle dans la tradition musulmane. Dans le Coran, cette thématique est liée à la miséricorde, à la générosité divine, à l’eschatologie ou encore directement au désir de Dieu. Par ailleurs, le Coran fait de l’espérance un critère de croyance. Plus précisément, l’absence de la première dénote une défaillance de la seconde : « Ne désespérez pas du souffle apaisant (rawḥ) de Dieu. Ne désespère de ce souffle que le peuple des dénégateurs » rappelle ainsi Jacob à ses fils (C 12, 87).

Ce verset, mis dans la bouche d’un prophète biblique scelle la continuité entre traditions monothéistes. Toutefois, en islam, le corollaire de l’espérance est avant tout la crainte (al-khawf) comme en 17, 57 : « Ils espèrent Sa miséricorde et craignent Son châtiment. » Les exégètes musulmans y voient une attitude équilibrée à adopter, en symbolisant ces deux vertus comme étant les deux ailes sans lesquelles un oiseau ne pourrait s’envoler. Thème éminemment théologique, l’espérance est également une thématique spirituelle car perçue comme un « acte du cœur ». La littérature soufie y a ainsi consacré une abondante production (al-Qushayrī, al-Anṣārī, al-Ghazālī), en en faisant notamment une station (maqām) du cheminement spirituel vers Dieu.