Judicaël Petrowiste | Université Paris Diderot (original) (raw)
Colloques et journées d'études by Judicaël Petrowiste
Cette rencontre s’inscrit dans le renouveau de l’approche des institutions de métiers médiévales ... more Cette rencontre s’inscrit dans le renouveau de l’approche des institutions de métiers médiévales et modernes, sensible depuis les années 2000. Elle cherche, à partir d’une réflexion commune menée dans un cadre international, à s’interroger sur les formes prises par la réglementation des activités professionnelles entre le xiie et le xviiie siècle. Il s’agit notamment de replacer la production normative dans les contextes sociaux, économiques, juridiques et politiques qui lui donnent sens, et de saisir la diversité des formes réglementaires, depuis les systèmes de codification orale des pratiques professionnelles jusqu’à la mise à l’écrit de grands corpus statutaires. On s’intéressera aussi aux cas d’absence totale de statuts pour certains métiers. Dans cette optique, la rencontre s’attachera plus particulièrement aux problèmes de mise en forme de la norme, à la permanence des formes implicites de réglementation, ainsi qu’à la variété des terminologies employées. Deux autres journées s’intéresseront aux acteurs et aux contenus desdits règlements de métiers.
Négocier est un terme classique tant de l’histoire économique que de l’histoire diplomatique et d... more Négocier est un terme classique tant de l’histoire économique que de l’histoire diplomatique et des relations internationales. « Faire negoce, faire trafic (negocier en Levant ; negocier de draperie) » nous dit, par exemple, le Dictionnaire de l’Académie française de 1694 mais aussi « Traiter une affaire avec quelqu’un (C’est luy qui a negocié cette affaire, ce mariage, cette reconciliation ; il a negocié la paix entre ces deux Princes. negocier un Traité. une Ligue) ». Le terme renvoie donc directement à la sphère des pratiques du marchand, du négociant, mais aussi à celle du politique : il évoque une expérience du dialogue et du compromis comme substitut à la domination unilatérale. Dans la diplomatie, négocier passe par des rituels, des cérémoniaux, la circulation des étiquettes, tantôt appropriées, adoptées, adaptées, tantôt détournées. Négocier se poursuit, même quand les relations diplomatiques sont rompues. Les techniques et les savoirs entrent dans la capacité à négocier, en sont à la fois un préalable et une immédiate conséquence. Négocier dépasse donc les seuls domaines économiques et politiques et ne s’y circonscrit pas. Notre colloque invite à la réflexion à l’échelle du monde pour souligner l’importance des espaces et des circulations pour la négociation. À chaque période historique, le « monde » varie. Au Moyen Âge, pour les occidentaux, il est celui de la route de la soie, du bassin méditerranéen ou des limites vers la zone torride ; alors que, du côté de l’Orient, il serait, symétriquement, celui d’un Océan indien, Méditerranée asiatique, elle aussi déjà « mondialisée ». A l’époque moderne, le monde devient celui des « Quatre parties », progressivement construites, en Occident du moins, à partir de la vision tripartite de Ptolémée, celui de la première mondialisation, de la mise en contacts régulière des continents. L’échelle proprement globale est atteinte par la mondialisation du xxe siècle. Par cette réflexion sur les espaces, on cherche surtout à mettre au centre les échanges, y compris conflictuels, entre aires culturelles et les liens entre négociation et circulations, d’objets, de savoirs, d’acteurs et d’identités. Dans chaque configuration se jouent, au sein de la négociation, des rapports entre échelles variées : celle des acteurs impliqués ; des situations locales dont ils proviennent ou à l’intérieur desquelles ils négocient ; et celle globale qu’ils construisent collectivement, avec un périmètre variable, en fonction des contextes. Ce colloque nous invite ainsi à réfléchir à une histoire économique et politique mais aussi intellectuelle et culturelle de la négociation. S’y verront traités aussi bien les rituels de négociation politique, la part qu’y jouent les langues en particulier, que les enjeux sociaux de négociation des identités et des pratiques, à travers les questions de genre ou de mariage. Le patrimoine sera un axe privilégié, de la constitution de collections à la perception de l’espace urbain comme territoire négocié à différentes échelles. L’exemple des transports sera appréhendé sous la forme des négociations internationales et de la tentative de fixation de normes technologiques. Enfin, une approche matérielle de ces pratiques de négociation sera au cœur des discussions. Il s’agira de se pencher sur les « objets de négociations », les artefacts jouant le rôle soit de démonstration de force symbolique, soit de terrains intermédiaires, de lieux de rencontre entre les différentes parties, au centre d’un jeu de traductions, que ces objets soient le cœur de la négociation, ou qu’ils en soient un des moyens, des drapeaux aux présents diplomatiques. La rencontre invitera ainsi des chercheurs d’horizons différents à se pencher sur un objet commun, la négociation, pour en saisir les enjeux et les modalités dans des contextes variés.
En la última década, la expansión de los mercados locales en la Baja Edad Media ha suscitado un c... more En la última década, la expansión de los mercados locales en la Baja Edad Media ha suscitado un creciente interés entre los medievalistas de Europa meridional, profundamente influenciados por los trabajos de los historiadores anglosajones relativos a la «comercialización de la sociedad». Las numerosas iniciativas, individuales o colectivas, dedicadas a esta problemática en Francia, Italia y España han constatado, para todo el Mediterráneo occidental, un movimiento de proliferación de asambleas comerciales comparable, en sus aspectos formales, al observado para la misma época en algunas regiones de la Europa del Norte. Pero este desarrollo historiográfico se ha centrado, sobre todo, en la función desempeñada por una de las dos partes implicadas en el proceso, esto es, el comerciante, dejando en un segundo plano el papel del consumidor. Este coloquio se ocupará, precisamente, de analizar el proceso de comercialización de la sociedad bajomedieval desde el punto de vista de los consumidores, tomando como referencia tres cuestiones: influencia del consumo en el crecimiento de los intercambios, las estrategias de acceso a los mercados, las relaciones entre perfiles de consumidor y el funcionamiento de los mercados locales.
Thèse by Judicaël Petrowiste
Livres by Judicaël Petrowiste
Direction d'ouvrages collectifs by Judicaël Petrowiste
À la fin du Moyen Âge, nombre de communautés urbaines du Midi médiéval cherchent à affirmer leur ... more À la fin du Moyen Âge, nombre de communautés urbaines du Midi médiéval cherchent à affirmer leur autonomie à l'égard du pouvoir seigneurial en place. Par désir de reconnaissance d'une personnalité juridique et politique en tant qu'universitas, leurs gouvernements se sont dotés d'attributs matériels : maison commune, arca communis, écrits communaux, sceaux, clefs, bannières, cloches… Ces marqueurs des libertés municipales, qui forment un véritable bric-à-brac au sein de l'hôtel de ville, sont des outils d'exercice quotidien du pouvoir local, comme des moyens de représentation et de communication politiques ; à ce titre, ils constituent des pièces maîtresses de la "mise en signes" de l'autorité communale, véhiculant un message symbolique, pensé comme un manifeste de l'identité singulière de la ville.
Articles - Marchés médiévaux by Judicaël Petrowiste
Cet article entend présenter le dispositif commercial de détail en vigueur dans la petite ville d... more Cet article entend présenter le dispositif commercial de détail en vigueur dans la petite ville de Saint-Jean-d'Angély aux XIV e -XV e siècles. Il se fonde pour cela sur les riches archives produites par l'échevinat, qui conservent les nombreuses prescriptions encadrant une activité d'échanges foisonnante, mais aussi les sentences rendues par la justice municipale contre les infractions à ces ordonnances. L'ensemble met en évidence les critères retenus par les autorités pour définir la limite entre commerce officiel et informel. La légalité des transactions apparaît subordonnée à leur déroulement dans des temps et des lieux précis, qui caractérisent le marché public. Elle dépend en outre du statut des acheteurs et des vendeurs, puisque tous ne jouissent pas des mêmes conditions d'accès sur le marché local, certains acteurs subissant des restrictions dans leurs possibilités d'échange. Ce souci marqué de l'échevinat de construire un cadre officiel d'organisation des échanges marchands s'explique par son désir d'assurer aux consommateurs des conditions d'approvisionnement satisfaisantes en termes de qualité et de quantité des produits, à des prix contrôlés. Il allait de pair avec la volonté de protéger les marchands locaux de la concurrence des forains, aux effets parfois contradictoires avec ce qui précède. Tout un pan du commerce de détail se trouvait donc rejeté dans la marginalité, non sans maintenir des rapports complexes avec les structures du marché officiel.
Comme les hommes, les paysages et les formes de mise en valeur des territoires qui leur sont liée... more Comme les hommes, les paysages et les formes de mise en valeur des territoires qui leur sont liées ont une histoire. Les campagnes actuelles sont ainsi le produit d'aménagements successifs résultant des stratégies économiques et sociales des populations. Dans cette longue histoire, la période d'expansion s'étendant du début du XI e au milieu du XIV e siècle fut un moment décisif, au cours duquel se mirent en place les terroirs et bon nombre des composantes essentielles de la civilisation rurale qui devaient dans une large mesure se perpétuer en France jusqu'au xx e siècle 1 . De ce point de vue, le maillage relativement dense d'agglomérations secondaires qui structure encore aujourd'hui les campagnes françaises représente l'un des legs les plus prégnants du second Moyen Âge 2 . La singularité de ces localités s'exprime à travers la désignation spécifique de « bourg » ou de « bourgade » qui leur est généralement accolée. Elle renvoie à la nature hybride de noyaux d'habitat qui tout en se distinguant nettement par l'importance de leur peuplement et la diversité de leurs activités des formes villageoises traditionnelles, ne relèvent pas pour autant pleinement du monde urbain 3 . Cette situation intermédiaire du bourg au sein de la hiérarchie des formes agglomérées est aussi largement à l'origine de sa prospérité : la vocation à l'échange lui est consubstantielle, dans la mesure où il joue un rôle de relais indispensable au fonctionnement des circuits économiques unissant villes et campagnes 4 . C'est ce que traduit le terme de market town par lequel les historiens anglo-saxons, premiers à avoir systématisé l'étude de ces localités, les désignent généralement 5 . Leur fonction de pôles de concentration et de revente des surplus ruraux d'une part, et de redistribution à la paysannerie de produits manufacturés et d'importation d'autre part, détermine leur tissu d'activités. Aux côtés de contingents encore non négligeables de travailleurs agricoles, marchands et revendeurs plus ou moins spécialisés dans le trafic des produits alimentaires ou d'objets de la vie courante, 1 G. DUBY et A. WALLON (dir.), Histoire de la France rurale, quatre tomes, Paris, 1975 ; J.-M. MORICEAU, Terres mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation, XII e -XIX e siècle, Paris, 2002. 2 J. PETROWISTE, Naissance et essor d'un espace d'échanges au Moyen Âge : le réseau des bourgs marchands du Midi toulousain (début du XI e -milieu du XIV e siècle), thèse de doctorat, Université Toulouse -Le Mirail, 2007. 3 G. BOIS, « Entre la ciutat i el camp : el burg medieval », L'Avenç, 1995, p. 36-41 ; La grande dépression médiévale, XIV e et XV e siècles. Le précédent d'une crise systémique, artisans variés et professionnels ayant toutes sortes de services à offrir (juristes, notaires, barbiers, transporteurs…) manifestent l'encadrement économique et social qu'exerce le bourg
Transit et redistribution : l'organisation des échanges marchands dans le comté de Foix à la fin ... more Transit et redistribution : l'organisation des échanges marchands dans le comté de Foix à la fin du Moyen Âge (XIII e-XV e siècles) [A stampa in Circulation des marchandises et réseaux commerciaux dans les Pyrénées, XIII e-XIX e siècles, Actes du colloque tenu en Andorre en octobre 2003, CNRS-Méridiennes, Toulouse, 2005, t. II, pp. 415-436 © dell'editoredistribuito in formato digitale da "Reti Medievali"].
C'est une gageure que d'étudier un phénomène historique sur un millénaire.
Cette rencontre s’inscrit dans le renouveau de l’approche des institutions de métiers médiévales ... more Cette rencontre s’inscrit dans le renouveau de l’approche des institutions de métiers médiévales et modernes, sensible depuis les années 2000. Elle cherche, à partir d’une réflexion commune menée dans un cadre international, à s’interroger sur les formes prises par la réglementation des activités professionnelles entre le xiie et le xviiie siècle. Il s’agit notamment de replacer la production normative dans les contextes sociaux, économiques, juridiques et politiques qui lui donnent sens, et de saisir la diversité des formes réglementaires, depuis les systèmes de codification orale des pratiques professionnelles jusqu’à la mise à l’écrit de grands corpus statutaires. On s’intéressera aussi aux cas d’absence totale de statuts pour certains métiers. Dans cette optique, la rencontre s’attachera plus particulièrement aux problèmes de mise en forme de la norme, à la permanence des formes implicites de réglementation, ainsi qu’à la variété des terminologies employées. Deux autres journées s’intéresseront aux acteurs et aux contenus desdits règlements de métiers.
Négocier est un terme classique tant de l’histoire économique que de l’histoire diplomatique et d... more Négocier est un terme classique tant de l’histoire économique que de l’histoire diplomatique et des relations internationales. « Faire negoce, faire trafic (negocier en Levant ; negocier de draperie) » nous dit, par exemple, le Dictionnaire de l’Académie française de 1694 mais aussi « Traiter une affaire avec quelqu’un (C’est luy qui a negocié cette affaire, ce mariage, cette reconciliation ; il a negocié la paix entre ces deux Princes. negocier un Traité. une Ligue) ». Le terme renvoie donc directement à la sphère des pratiques du marchand, du négociant, mais aussi à celle du politique : il évoque une expérience du dialogue et du compromis comme substitut à la domination unilatérale. Dans la diplomatie, négocier passe par des rituels, des cérémoniaux, la circulation des étiquettes, tantôt appropriées, adoptées, adaptées, tantôt détournées. Négocier se poursuit, même quand les relations diplomatiques sont rompues. Les techniques et les savoirs entrent dans la capacité à négocier, en sont à la fois un préalable et une immédiate conséquence. Négocier dépasse donc les seuls domaines économiques et politiques et ne s’y circonscrit pas. Notre colloque invite à la réflexion à l’échelle du monde pour souligner l’importance des espaces et des circulations pour la négociation. À chaque période historique, le « monde » varie. Au Moyen Âge, pour les occidentaux, il est celui de la route de la soie, du bassin méditerranéen ou des limites vers la zone torride ; alors que, du côté de l’Orient, il serait, symétriquement, celui d’un Océan indien, Méditerranée asiatique, elle aussi déjà « mondialisée ». A l’époque moderne, le monde devient celui des « Quatre parties », progressivement construites, en Occident du moins, à partir de la vision tripartite de Ptolémée, celui de la première mondialisation, de la mise en contacts régulière des continents. L’échelle proprement globale est atteinte par la mondialisation du xxe siècle. Par cette réflexion sur les espaces, on cherche surtout à mettre au centre les échanges, y compris conflictuels, entre aires culturelles et les liens entre négociation et circulations, d’objets, de savoirs, d’acteurs et d’identités. Dans chaque configuration se jouent, au sein de la négociation, des rapports entre échelles variées : celle des acteurs impliqués ; des situations locales dont ils proviennent ou à l’intérieur desquelles ils négocient ; et celle globale qu’ils construisent collectivement, avec un périmètre variable, en fonction des contextes. Ce colloque nous invite ainsi à réfléchir à une histoire économique et politique mais aussi intellectuelle et culturelle de la négociation. S’y verront traités aussi bien les rituels de négociation politique, la part qu’y jouent les langues en particulier, que les enjeux sociaux de négociation des identités et des pratiques, à travers les questions de genre ou de mariage. Le patrimoine sera un axe privilégié, de la constitution de collections à la perception de l’espace urbain comme territoire négocié à différentes échelles. L’exemple des transports sera appréhendé sous la forme des négociations internationales et de la tentative de fixation de normes technologiques. Enfin, une approche matérielle de ces pratiques de négociation sera au cœur des discussions. Il s’agira de se pencher sur les « objets de négociations », les artefacts jouant le rôle soit de démonstration de force symbolique, soit de terrains intermédiaires, de lieux de rencontre entre les différentes parties, au centre d’un jeu de traductions, que ces objets soient le cœur de la négociation, ou qu’ils en soient un des moyens, des drapeaux aux présents diplomatiques. La rencontre invitera ainsi des chercheurs d’horizons différents à se pencher sur un objet commun, la négociation, pour en saisir les enjeux et les modalités dans des contextes variés.
En la última década, la expansión de los mercados locales en la Baja Edad Media ha suscitado un c... more En la última década, la expansión de los mercados locales en la Baja Edad Media ha suscitado un creciente interés entre los medievalistas de Europa meridional, profundamente influenciados por los trabajos de los historiadores anglosajones relativos a la «comercialización de la sociedad». Las numerosas iniciativas, individuales o colectivas, dedicadas a esta problemática en Francia, Italia y España han constatado, para todo el Mediterráneo occidental, un movimiento de proliferación de asambleas comerciales comparable, en sus aspectos formales, al observado para la misma época en algunas regiones de la Europa del Norte. Pero este desarrollo historiográfico se ha centrado, sobre todo, en la función desempeñada por una de las dos partes implicadas en el proceso, esto es, el comerciante, dejando en un segundo plano el papel del consumidor. Este coloquio se ocupará, precisamente, de analizar el proceso de comercialización de la sociedad bajomedieval desde el punto de vista de los consumidores, tomando como referencia tres cuestiones: influencia del consumo en el crecimiento de los intercambios, las estrategias de acceso a los mercados, las relaciones entre perfiles de consumidor y el funcionamiento de los mercados locales.
À la fin du Moyen Âge, nombre de communautés urbaines du Midi médiéval cherchent à affirmer leur ... more À la fin du Moyen Âge, nombre de communautés urbaines du Midi médiéval cherchent à affirmer leur autonomie à l'égard du pouvoir seigneurial en place. Par désir de reconnaissance d'une personnalité juridique et politique en tant qu'universitas, leurs gouvernements se sont dotés d'attributs matériels : maison commune, arca communis, écrits communaux, sceaux, clefs, bannières, cloches… Ces marqueurs des libertés municipales, qui forment un véritable bric-à-brac au sein de l'hôtel de ville, sont des outils d'exercice quotidien du pouvoir local, comme des moyens de représentation et de communication politiques ; à ce titre, ils constituent des pièces maîtresses de la "mise en signes" de l'autorité communale, véhiculant un message symbolique, pensé comme un manifeste de l'identité singulière de la ville.
Cet article entend présenter le dispositif commercial de détail en vigueur dans la petite ville d... more Cet article entend présenter le dispositif commercial de détail en vigueur dans la petite ville de Saint-Jean-d'Angély aux XIV e -XV e siècles. Il se fonde pour cela sur les riches archives produites par l'échevinat, qui conservent les nombreuses prescriptions encadrant une activité d'échanges foisonnante, mais aussi les sentences rendues par la justice municipale contre les infractions à ces ordonnances. L'ensemble met en évidence les critères retenus par les autorités pour définir la limite entre commerce officiel et informel. La légalité des transactions apparaît subordonnée à leur déroulement dans des temps et des lieux précis, qui caractérisent le marché public. Elle dépend en outre du statut des acheteurs et des vendeurs, puisque tous ne jouissent pas des mêmes conditions d'accès sur le marché local, certains acteurs subissant des restrictions dans leurs possibilités d'échange. Ce souci marqué de l'échevinat de construire un cadre officiel d'organisation des échanges marchands s'explique par son désir d'assurer aux consommateurs des conditions d'approvisionnement satisfaisantes en termes de qualité et de quantité des produits, à des prix contrôlés. Il allait de pair avec la volonté de protéger les marchands locaux de la concurrence des forains, aux effets parfois contradictoires avec ce qui précède. Tout un pan du commerce de détail se trouvait donc rejeté dans la marginalité, non sans maintenir des rapports complexes avec les structures du marché officiel.
Comme les hommes, les paysages et les formes de mise en valeur des territoires qui leur sont liée... more Comme les hommes, les paysages et les formes de mise en valeur des territoires qui leur sont liées ont une histoire. Les campagnes actuelles sont ainsi le produit d'aménagements successifs résultant des stratégies économiques et sociales des populations. Dans cette longue histoire, la période d'expansion s'étendant du début du XI e au milieu du XIV e siècle fut un moment décisif, au cours duquel se mirent en place les terroirs et bon nombre des composantes essentielles de la civilisation rurale qui devaient dans une large mesure se perpétuer en France jusqu'au xx e siècle 1 . De ce point de vue, le maillage relativement dense d'agglomérations secondaires qui structure encore aujourd'hui les campagnes françaises représente l'un des legs les plus prégnants du second Moyen Âge 2 . La singularité de ces localités s'exprime à travers la désignation spécifique de « bourg » ou de « bourgade » qui leur est généralement accolée. Elle renvoie à la nature hybride de noyaux d'habitat qui tout en se distinguant nettement par l'importance de leur peuplement et la diversité de leurs activités des formes villageoises traditionnelles, ne relèvent pas pour autant pleinement du monde urbain 3 . Cette situation intermédiaire du bourg au sein de la hiérarchie des formes agglomérées est aussi largement à l'origine de sa prospérité : la vocation à l'échange lui est consubstantielle, dans la mesure où il joue un rôle de relais indispensable au fonctionnement des circuits économiques unissant villes et campagnes 4 . C'est ce que traduit le terme de market town par lequel les historiens anglo-saxons, premiers à avoir systématisé l'étude de ces localités, les désignent généralement 5 . Leur fonction de pôles de concentration et de revente des surplus ruraux d'une part, et de redistribution à la paysannerie de produits manufacturés et d'importation d'autre part, détermine leur tissu d'activités. Aux côtés de contingents encore non négligeables de travailleurs agricoles, marchands et revendeurs plus ou moins spécialisés dans le trafic des produits alimentaires ou d'objets de la vie courante, 1 G. DUBY et A. WALLON (dir.), Histoire de la France rurale, quatre tomes, Paris, 1975 ; J.-M. MORICEAU, Terres mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation, XII e -XIX e siècle, Paris, 2002. 2 J. PETROWISTE, Naissance et essor d'un espace d'échanges au Moyen Âge : le réseau des bourgs marchands du Midi toulousain (début du XI e -milieu du XIV e siècle), thèse de doctorat, Université Toulouse -Le Mirail, 2007. 3 G. BOIS, « Entre la ciutat i el camp : el burg medieval », L'Avenç, 1995, p. 36-41 ; La grande dépression médiévale, XIV e et XV e siècles. Le précédent d'une crise systémique, artisans variés et professionnels ayant toutes sortes de services à offrir (juristes, notaires, barbiers, transporteurs…) manifestent l'encadrement économique et social qu'exerce le bourg
Transit et redistribution : l'organisation des échanges marchands dans le comté de Foix à la fin ... more Transit et redistribution : l'organisation des échanges marchands dans le comté de Foix à la fin du Moyen Âge (XIII e-XV e siècles) [A stampa in Circulation des marchandises et réseaux commerciaux dans les Pyrénées, XIII e-XIX e siècles, Actes du colloque tenu en Andorre en octobre 2003, CNRS-Méridiennes, Toulouse, 2005, t. II, pp. 415-436 © dell'editoredistribuito in formato digitale da "Reti Medievali"].
C'est une gageure que d'étudier un phénomène historique sur un millénaire.
Les chartes de coutumes… Voilà un sujet qui ne surprendra guère dans une publication qui, depuis ... more Les chartes de coutumes… Voilà un sujet qui ne surprendra guère dans une publication qui, depuis ses origines, s'est régulièrement illustrée par l'édition de bon nombre de ces textes 1 . En cela, la Revue du Comminges s'inscrivait tout à fait dans un mouvement qui, depuis le dernier quart du XIX e siècle, voyait les érudits locaux rechercher et publier ces anciens documents qui faisaient selon eux des anciennes communautés villageoises autant de « petites républiques » médiévales. Irremplaçable, le travail de ces pionniers a permis la préservation et un premier inventaire d'un fonds documentaire de premier ordre que les historiens, notamment médiévistes, redécouvrent depuis une quinzaine d'années 2 et dont ils s'efforcent de faciliter l'accès aux chercheurs 3 . Dans de plus en plus de travaux, les chartes de coutumes et de franchises permettent ainsi d'approcher au plus près du quotidien des populations des campagnes et des petites villes. Ce qui est vrai pour le spécialiste du droit, de l'étude des rapports sociaux, des structures de production ou de l'organisation du territoire l'est aussi pour l'historien des institutions commerciales. Car en dépit de la prudence avec laquelle elles doivent être utilisées, les chartes de coutumes fournissent également d'abondantes indications sur la place des échanges en milieu rural, d'autant plus précieuses que cette dernière reste faute de sources largement méconnue 4 , comme tout ce qui touche l'histoire de ceux qui représentaient, rappelons-le, l'écrasante majorité de la population médiévale. La mise sur le marché des produits de la terre constituait en effet un des rares moyens du paysan pour améliorer son quotidien, et devenait même une obligation pour l'achat de produits impossibles à produire localement mais indispensables, comme le fer des outils ou le sel nécessaire à la conservation des aliments et à l'élevage 5 . La question de l'accès au marché et de l'approvisionnement de la communauté dans les meilleures conditions de prix et de qualité, afin d'assurer la régulation du précaire équilibre de l'exploitation paysanne, devenait dès lors un des grands enjeux des chartes de coutumes, qui se matérialisait par le contrôle multiforme du commerce des produits dans le cadre des foires, marchés ou boucheries.
La ville de Toulouse connut, entre le début du XI e et les premières décennies du XIV e siècle, u... more La ville de Toulouse connut, entre le début du XI e et les premières décennies du XIV e siècle, une forte croissance de sa population, qui conduisit à une spectaculaire expansion de son tissu urbanisé. Ce phénomène s'explique pour l'essentiel par l'intensité des flux d'immigration en provenance des campagnes proches de la ville, durablement encouragés par les autorités urbaines. Leur étude révèle l'hétérogénéité du milieu des migrants ainsi que la pluralité des motivations de ces derniers, et invite à nuancer l'association traditionnelle entre émigration et pauvreté. L'intégration juridique de ces populations à l'universitas toulousaine paraît alors avoir été assez aisée. Leurs situations très diverses n'en déterminaient pas moins des formes et des degrés d'intégration économique et sociale à la ville d'accueil éminemment variables. La possibilité de s'appuyer sur un capital de départ ou sur des liens tissés avec des immigrés déjà établis ou des autochtones facilitait ainsi l'insertion de certains dans les structures d'encadrement de la société urbaine (métier, quartier, paroisse…). Leur reconnaissance effective comme membres à part entière de la communauté des habitants n'en était que plus rapide par rapport à ceux qui ne disposaient pas de ces atouts.
XIIIe siècle 1 [A stampa in "Annales du Midi", numéro spécial, Dynamiques marchandes : acteurs, r... more XIIIe siècle 1 [A stampa in "Annales du Midi", numéro spécial, Dynamiques marchandes : acteurs, réseaux, produits, XIII e -XIX e siècles, 117 (2005), pp. 291-321 © dell'autore -Distribuito in formato digitale da "Reti Medievali"]