Guillaume Cuchet | Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne (original) (raw)

Books by Guillaume Cuchet

Research paper thumbnail of "Très brève histoire du XIXe siècle en France. Le choc de la Révolution", Paris, Calype, 2024, 112 p.

Research paper thumbnail of Le catholicisme a-t-il encore de l'avenir en France, Paris, Le Seuil, coll. "Point Essai", 2022.

Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Le catholicisme at -il encore de l'avenir e... more Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Le catholicisme, hier encore religion de la très grande majorité des Français, n'est plus ce qu'il était. Un tel changement, qui n'est pas achevé, a des conséquences majeures, aussi bien pour cette religion que pour le pays tout entier, façonné par cette longue imprégnation catholique. Cet essai se penche sur certaines de ses manifestations contemporaines : la mutation anthropologique qu'entraîne le fait de mourir sans croire pour la génération des baby-boomers et ses descendants ; la diffusion de la crémation ; les recompositions de l'ascèse sous la forme du running ; les inquiétudes suscitées par l'islamisme ; la montée des « sans-religion » et l'intérêt largement répandu pour la « spiritualité » ; la manière dont, dans la longue durée, l'Église s'adapte plus ou moins à la modernité. In fine, l'auteur pose la question de savoir si l'on n'a pas plus à perdre qu'à gagner à cette mutation. Guillaume Cuchet Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il a notamment publié Comment notre monde a cessé d'être chrétien (Seuil, 2018) et Une histoire du sentiment religieux au xix e siècle (Le Cerf, 2020). Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Guillaume Cuchet

Research paper thumbnail of Le catholicisme a-t-il encore de l'avenir en France ? Le Seuil, "La couleur des idées", 2021

En librairie le 2 septembre 2021 256 pages-21 € Après l'effondrement de la pratique au milieu des... more En librairie le 2 septembre 2021 256 pages-21 € Après l'effondrement de la pratique au milieu des années 1960, que reste-t-il du catholicisme dans la société contemporaine ? Le catholicisme, hier encore religion de la très grande majorité des Français, n'est plus ce qu'il était. Un tiers des enfants seulement sont désormais baptisés en son sein (contre 94 % vers 1965) et le taux de pratique dominicale avoisine les 2 % (contre 25 % à la même date). Un tel changement de format, qui n'est pas achevé, a des conséquences majeures, aussi bien pour lui que pour le pays tout entier, façonné, dans la longue durée, par cette longue imprégnation catholique. Dans le prolongement d'un ouvrage antérieur qui étudiait les modalités de ce décrochage (Comment notre monde a cessé d'être chrétien), ce nouveau livre se penche sur certaines de ses manifestations contemporaines : la mutation anthropologique qu'entraîne le fait de mourir sans croire pour la génération des babyboomers et ses descendants ; les transformations de la scène funéraire contemporaine et la diffusion de la crémation ; les recompositions de l'ascèse sous la forme du running ; la montée des « sans-religions », notamment chez les jeunes ; l'intérêt largement répandu pour la « spiritualité », qu'on oppose volontiers désormais à la « religion » ; le devenir minoritaire du catholicisme et les problèmes identitaires que ne manque pas de lui poser le phénomène ; la manière dont, dans la longue durée, l'Église s'adapte plus ou moins à la modernité. In fine, l'auteur pose la question de savoir si l'on n'a pas plus à perdre qu'à gagner à cette mutation. Il livre, dans la conclusion, un plaidoyer pour le christianisme comme culture, cet ensemble de ressources, ordinaires et extraordinaires, personnelles et collectives, intellectuelles et rituelles, qui ont fait leurs preuves par le passé et qu'on pourrait vouloir transmettre à ses enfants ou redécouvrir pour son propre compte, moyennant certaines adaptations, à l'heure où cette transmission n'a plus rien d'évident ni de mécanique. Guillaume Cuchet est professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris-Est Créteil. Il a notamment publié Penser le christianisme au XIX e siècle. Alphonse Gratry (1805-1872) (Presses universitaires de Rennes, 2017) et Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement (Seuil,

Research paper thumbnail of "Le crépuscule du purgatoire", postface inédite, Paris, Le Seuil, coll. "Points Histoire", 2020.

Research paper thumbnail of Une histoire du sentiment religieux au XIXe siècle, Paris, le Cerf, 2020

Research paper thumbnail of Faire de l'histoire religieuse dans une société sortie de la religion, Publications de la Sorbonne, 2020 (nouvelle édition augmentée).

Research paper thumbnail of "Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement", Seuil, "Points Histoire", 2020

Research paper thumbnail of Charles Mériaux et Guillaume Cuchet (sous dir.), "La dramatique conciliaire, de l'Antiquité à nos jours", Presses du Septentrion, 2019.

Temps, espace et société 1895 En bonne théologie chrétienne, les conciles sont censés être « insp... more Temps, espace et société 1895 En bonne théologie chrétienne, les conciles sont censés être « inspirés » ou « assistés » par le Saint-Esprit, mais force est de constater que leurs annales sont pleines de conflits, coups de théâtre, manoeuvres, aussi bien dans la conduite des assem-blées que la rédaction des documents qui en sont issus. Vues de près, les opérations du Saint-Esprit paraissent bien humaines. Cet ouvrage étudie, dans la longue durée et à des échelles différentes, les ressorts historiques de cette « dramatique conciliaire ». Comment comprendre que les acteurs des conciles aient pu être à la fois des tacticiens rompus aux usages de la mécanique des assemblées et des croyants sincères, convaincus que le Saint-Esprit pilotait en sous-main les opéra-tions et que ce combat en apparence politique était en réalité spirituel ? Qu'est-ce que ces convictions nous disent de la nature de ces assemblées si particulières que sont les conciles ?

Research paper thumbnail of "Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement", Paris, Le Seuil, coll. "La couleur des idées", 2018, 276 p.

Research paper thumbnail of Penser le christianisme au XIXe siècle. Alphonse Gratry (1805-1872). "Journal de ma vie" et autres textes, Presses universitaires de Rennes/Société d'histoire religieuse de la France, 2017, 330 p.

HISTOIRE On ne lit plus guère Alphonse Gratry et c' est dommage, non seulement parce qu'il fut l'... more HISTOIRE On ne lit plus guère Alphonse Gratry et c' est dommage, non seulement parce qu'il fut l'un des penseurs religieux les plus marquants du xix e siècle, mais aussi parce qu'il était un écrivain de talent et un témoin averti de son temps. Issu d'un milieu anticlérical de serviteurs de l'Empire napoléonien, converti au catholicisme sous la Restauration, polytechnicien, directeur du collège Stanislas à Paris, puis aumônier de l'École normale supérieure, il a contribué, en 1852, à refonder l'Oratoire de France. Catholique inclassable, pionnier du dialogue oecuménique, militant de la paix, il était persuadé que l'Église de son temps vivait un « moment solennel » de son histoire, comparable en importance à celui de ses origines, duquel dépendrait en grande partie son avenir dans les sociétés occidentales. Philosophe, il est à l'origine du système de pensée le plus complet et le plus caractérisé que le monde catholique français ait produit au xix e siècle, qui a influencé tout une lignée de penseurs indépendants du thomisme. La fin de son existence a cependant été très assombrie par les conséquences de ses prises de position retentissantes contre l'infaillibilité pontificale en 1870, même si son ralliement in extremis au dogme lui a permis d'échapper à une damnatio memoriae qui aurait pu être définitive, mais qui n'a finalement été que provisoire. Le but de cet ouvrage est de faire redécouvrir cette figure majeure de l'histoire religieuse et intellectuelle du xix e siècle, à travers un essai biographique, la première édition critique et intégrale de ses souvenirs et une anthologie de textes représentatifs de la diversité des thèmes de sa pensée comme des formes de son écriture.

Research paper thumbnail of Les voix d'outre-tombe. Tables tournantes, spiritisme et société en France au XIXe siècle, Paris, Editions du Seuil, coll. "L'univers historique", 2012

Research paper thumbnail of Le Purgatoire. Fortune historique et historiographique d'un dogme, Paris, Editions de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, 2012

Research paper thumbnail of Faire de l'histoire religieuse dans une société sortie de la religion, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. "Itinéraires", 2013

Research paper thumbnail of Le crépuscule du purgatoire, Paris, Armand Colin, 2005

Research paper thumbnail of Frédéric Ozanam, Philosophie de la mort et autres textes, édition critique présentée et commentée par Guillaume Cuchet, Parole et Silence/Collège des Bernardins, 2014

Papers by Guillaume Cuchet

Research paper thumbnail of Tribune dans le Figaro du 24 avril 2024 : le projet de loi sur la légalisation du suicide assisté

Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne électorale de son second quinquennat en 2022, u... more Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne électorale de son second quinquennat en 2022, un texte sur la fin de vie qui irait plus loin que le dernier en date, la loi Claeys-Leonetti de 2016 qui avait introduit la possibilité, pour des personnes en fin de vie confrontées à des souffrances réfractaires, d'avoir recours à une « sédation profonde et

Research paper thumbnail of « Le culte des morts à l’époque contemporaine par Philippe Ariès » (Classique), "L’Histoire", n°515, janvier 2024, p.97

Research paper thumbnail of "Peut-on sauver le catholicisme ?", "Commentaire", Automne 2023.

Research paper thumbnail of Entretien avec Jean-Dominique Merchet dans "L'Opinion" du 20 septembre 2023

Entretien avec Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion du 20 septembre 2022. 1. Dans votre livre Co... more Entretien avec Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion du 20 septembre 2022. 1. Dans votre livre Comment notre monde a cessé d'être chrétien vous parlez d'un « effondrement » du catholicisme en France depuis le milieu des années 60. Où en eston dans la France d'aujourd'hui ? Notre pays, qui accueille le pape, est-il « déchristianisé » ? Le moyen de ne pas le voir ? Il est vrai qu'on en parlait déjà sous la Restauration quand Lamennais publiait son célèbre Essai sur l'indifférence en matière de religion en 1817, donc c'est une vieille histoire. Mais les choses se sont beaucoup amplifiées et chiffres sont sans appel. Au début des années 1960 encore, plus de 93 % des enfants qui naissaient chaque année en France étaient baptisés dans les trois mois après la naissance, contre moins de 30 % aujourd'hui dans les sept ans. Le taux de pratique dominicale, c'est-à-dire le nombre de Français qui allaient à la messe tous les dimanches, était de 25 % des adultes (avec des variations de 0 à 100 selon les régions, sans équivalents dans le monde), contre moins de 2 % aujourd'hui. Et encore ces chiffres sont antérieurs au Covid et au rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l'Eglise qui n'ont certainement pas arrangé les choses. Bref, on s'approche dangereusement du plancher. Cela étant dit, une courte majorité de Français continuent de se dire catholiques dans les enquêtes et les deux tiers considèrent que « la France est un pays de culture chrétienne ». Simple constat historique, en un sens, mais dont on sent bien qu'il est révélateur, à côté, probablement, d'une certaine inquiétude devant la montée de l'islam et de l'islamisme, d'un certain attachement persistant au catholicisme, aux murs des églises notamment, comme on l'a bien vu en avril 2019 lors de l'incendie de Notre-Dame. 2. Pour reprendre le titre de votre autre livre, « les catholiques ont-ils encore un avenir en France » ? Mais d'abord qui sont-ils dans la France de 2023 ? Un groupe minoritaire de plus en plus « communautariste », dans lequel la bourgeoisie « tradi » donne le ton ?

Research paper thumbnail of Entretien dans "La Libre Belgique" (6 août 2023)

Research paper thumbnail of "Très brève histoire du XIXe siècle en France. Le choc de la Révolution", Paris, Calype, 2024, 112 p.

Research paper thumbnail of Le catholicisme a-t-il encore de l'avenir en France, Paris, Le Seuil, coll. "Point Essai", 2022.

Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Le catholicisme at -il encore de l'avenir e... more Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Le catholicisme, hier encore religion de la très grande majorité des Français, n'est plus ce qu'il était. Un tel changement, qui n'est pas achevé, a des conséquences majeures, aussi bien pour cette religion que pour le pays tout entier, façonné par cette longue imprégnation catholique. Cet essai se penche sur certaines de ses manifestations contemporaines : la mutation anthropologique qu'entraîne le fait de mourir sans croire pour la génération des baby-boomers et ses descendants ; la diffusion de la crémation ; les recompositions de l'ascèse sous la forme du running ; les inquiétudes suscitées par l'islamisme ; la montée des « sans-religion » et l'intérêt largement répandu pour la « spiritualité » ; la manière dont, dans la longue durée, l'Église s'adapte plus ou moins à la modernité. In fine, l'auteur pose la question de savoir si l'on n'a pas plus à perdre qu'à gagner à cette mutation. Guillaume Cuchet Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il a notamment publié Comment notre monde a cessé d'être chrétien (Seuil, 2018) et Une histoire du sentiment religieux au xix e siècle (Le Cerf, 2020). Le catholicisme at -il encore de l'avenir en France ? Guillaume Cuchet

Research paper thumbnail of Le catholicisme a-t-il encore de l'avenir en France ? Le Seuil, "La couleur des idées", 2021

En librairie le 2 septembre 2021 256 pages-21 € Après l'effondrement de la pratique au milieu des... more En librairie le 2 septembre 2021 256 pages-21 € Après l'effondrement de la pratique au milieu des années 1960, que reste-t-il du catholicisme dans la société contemporaine ? Le catholicisme, hier encore religion de la très grande majorité des Français, n'est plus ce qu'il était. Un tiers des enfants seulement sont désormais baptisés en son sein (contre 94 % vers 1965) et le taux de pratique dominicale avoisine les 2 % (contre 25 % à la même date). Un tel changement de format, qui n'est pas achevé, a des conséquences majeures, aussi bien pour lui que pour le pays tout entier, façonné, dans la longue durée, par cette longue imprégnation catholique. Dans le prolongement d'un ouvrage antérieur qui étudiait les modalités de ce décrochage (Comment notre monde a cessé d'être chrétien), ce nouveau livre se penche sur certaines de ses manifestations contemporaines : la mutation anthropologique qu'entraîne le fait de mourir sans croire pour la génération des babyboomers et ses descendants ; les transformations de la scène funéraire contemporaine et la diffusion de la crémation ; les recompositions de l'ascèse sous la forme du running ; la montée des « sans-religions », notamment chez les jeunes ; l'intérêt largement répandu pour la « spiritualité », qu'on oppose volontiers désormais à la « religion » ; le devenir minoritaire du catholicisme et les problèmes identitaires que ne manque pas de lui poser le phénomène ; la manière dont, dans la longue durée, l'Église s'adapte plus ou moins à la modernité. In fine, l'auteur pose la question de savoir si l'on n'a pas plus à perdre qu'à gagner à cette mutation. Il livre, dans la conclusion, un plaidoyer pour le christianisme comme culture, cet ensemble de ressources, ordinaires et extraordinaires, personnelles et collectives, intellectuelles et rituelles, qui ont fait leurs preuves par le passé et qu'on pourrait vouloir transmettre à ses enfants ou redécouvrir pour son propre compte, moyennant certaines adaptations, à l'heure où cette transmission n'a plus rien d'évident ni de mécanique. Guillaume Cuchet est professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris-Est Créteil. Il a notamment publié Penser le christianisme au XIX e siècle. Alphonse Gratry (1805-1872) (Presses universitaires de Rennes, 2017) et Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement (Seuil,

Research paper thumbnail of "Le crépuscule du purgatoire", postface inédite, Paris, Le Seuil, coll. "Points Histoire", 2020.

Research paper thumbnail of Une histoire du sentiment religieux au XIXe siècle, Paris, le Cerf, 2020

Research paper thumbnail of Faire de l'histoire religieuse dans une société sortie de la religion, Publications de la Sorbonne, 2020 (nouvelle édition augmentée).

Research paper thumbnail of "Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement", Seuil, "Points Histoire", 2020

Research paper thumbnail of Charles Mériaux et Guillaume Cuchet (sous dir.), "La dramatique conciliaire, de l'Antiquité à nos jours", Presses du Septentrion, 2019.

Temps, espace et société 1895 En bonne théologie chrétienne, les conciles sont censés être « insp... more Temps, espace et société 1895 En bonne théologie chrétienne, les conciles sont censés être « inspirés » ou « assistés » par le Saint-Esprit, mais force est de constater que leurs annales sont pleines de conflits, coups de théâtre, manoeuvres, aussi bien dans la conduite des assem-blées que la rédaction des documents qui en sont issus. Vues de près, les opérations du Saint-Esprit paraissent bien humaines. Cet ouvrage étudie, dans la longue durée et à des échelles différentes, les ressorts historiques de cette « dramatique conciliaire ». Comment comprendre que les acteurs des conciles aient pu être à la fois des tacticiens rompus aux usages de la mécanique des assemblées et des croyants sincères, convaincus que le Saint-Esprit pilotait en sous-main les opéra-tions et que ce combat en apparence politique était en réalité spirituel ? Qu'est-ce que ces convictions nous disent de la nature de ces assemblées si particulières que sont les conciles ?

Research paper thumbnail of "Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement", Paris, Le Seuil, coll. "La couleur des idées", 2018, 276 p.

Research paper thumbnail of Penser le christianisme au XIXe siècle. Alphonse Gratry (1805-1872). "Journal de ma vie" et autres textes, Presses universitaires de Rennes/Société d'histoire religieuse de la France, 2017, 330 p.

HISTOIRE On ne lit plus guère Alphonse Gratry et c' est dommage, non seulement parce qu'il fut l'... more HISTOIRE On ne lit plus guère Alphonse Gratry et c' est dommage, non seulement parce qu'il fut l'un des penseurs religieux les plus marquants du xix e siècle, mais aussi parce qu'il était un écrivain de talent et un témoin averti de son temps. Issu d'un milieu anticlérical de serviteurs de l'Empire napoléonien, converti au catholicisme sous la Restauration, polytechnicien, directeur du collège Stanislas à Paris, puis aumônier de l'École normale supérieure, il a contribué, en 1852, à refonder l'Oratoire de France. Catholique inclassable, pionnier du dialogue oecuménique, militant de la paix, il était persuadé que l'Église de son temps vivait un « moment solennel » de son histoire, comparable en importance à celui de ses origines, duquel dépendrait en grande partie son avenir dans les sociétés occidentales. Philosophe, il est à l'origine du système de pensée le plus complet et le plus caractérisé que le monde catholique français ait produit au xix e siècle, qui a influencé tout une lignée de penseurs indépendants du thomisme. La fin de son existence a cependant été très assombrie par les conséquences de ses prises de position retentissantes contre l'infaillibilité pontificale en 1870, même si son ralliement in extremis au dogme lui a permis d'échapper à une damnatio memoriae qui aurait pu être définitive, mais qui n'a finalement été que provisoire. Le but de cet ouvrage est de faire redécouvrir cette figure majeure de l'histoire religieuse et intellectuelle du xix e siècle, à travers un essai biographique, la première édition critique et intégrale de ses souvenirs et une anthologie de textes représentatifs de la diversité des thèmes de sa pensée comme des formes de son écriture.

Research paper thumbnail of Les voix d'outre-tombe. Tables tournantes, spiritisme et société en France au XIXe siècle, Paris, Editions du Seuil, coll. "L'univers historique", 2012

Research paper thumbnail of Le Purgatoire. Fortune historique et historiographique d'un dogme, Paris, Editions de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, 2012

Research paper thumbnail of Faire de l'histoire religieuse dans une société sortie de la religion, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. "Itinéraires", 2013

Research paper thumbnail of Le crépuscule du purgatoire, Paris, Armand Colin, 2005

Research paper thumbnail of Frédéric Ozanam, Philosophie de la mort et autres textes, édition critique présentée et commentée par Guillaume Cuchet, Parole et Silence/Collège des Bernardins, 2014

Research paper thumbnail of Tribune dans le Figaro du 24 avril 2024 : le projet de loi sur la légalisation du suicide assisté

Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne électorale de son second quinquennat en 2022, u... more Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne électorale de son second quinquennat en 2022, un texte sur la fin de vie qui irait plus loin que le dernier en date, la loi Claeys-Leonetti de 2016 qui avait introduit la possibilité, pour des personnes en fin de vie confrontées à des souffrances réfractaires, d'avoir recours à une « sédation profonde et

Research paper thumbnail of « Le culte des morts à l’époque contemporaine par Philippe Ariès » (Classique), "L’Histoire", n°515, janvier 2024, p.97

Research paper thumbnail of "Peut-on sauver le catholicisme ?", "Commentaire", Automne 2023.

Research paper thumbnail of Entretien avec Jean-Dominique Merchet dans "L'Opinion" du 20 septembre 2023

Entretien avec Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion du 20 septembre 2022. 1. Dans votre livre Co... more Entretien avec Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion du 20 septembre 2022. 1. Dans votre livre Comment notre monde a cessé d'être chrétien vous parlez d'un « effondrement » du catholicisme en France depuis le milieu des années 60. Où en eston dans la France d'aujourd'hui ? Notre pays, qui accueille le pape, est-il « déchristianisé » ? Le moyen de ne pas le voir ? Il est vrai qu'on en parlait déjà sous la Restauration quand Lamennais publiait son célèbre Essai sur l'indifférence en matière de religion en 1817, donc c'est une vieille histoire. Mais les choses se sont beaucoup amplifiées et chiffres sont sans appel. Au début des années 1960 encore, plus de 93 % des enfants qui naissaient chaque année en France étaient baptisés dans les trois mois après la naissance, contre moins de 30 % aujourd'hui dans les sept ans. Le taux de pratique dominicale, c'est-à-dire le nombre de Français qui allaient à la messe tous les dimanches, était de 25 % des adultes (avec des variations de 0 à 100 selon les régions, sans équivalents dans le monde), contre moins de 2 % aujourd'hui. Et encore ces chiffres sont antérieurs au Covid et au rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l'Eglise qui n'ont certainement pas arrangé les choses. Bref, on s'approche dangereusement du plancher. Cela étant dit, une courte majorité de Français continuent de se dire catholiques dans les enquêtes et les deux tiers considèrent que « la France est un pays de culture chrétienne ». Simple constat historique, en un sens, mais dont on sent bien qu'il est révélateur, à côté, probablement, d'une certaine inquiétude devant la montée de l'islam et de l'islamisme, d'un certain attachement persistant au catholicisme, aux murs des églises notamment, comme on l'a bien vu en avril 2019 lors de l'incendie de Notre-Dame. 2. Pour reprendre le titre de votre autre livre, « les catholiques ont-ils encore un avenir en France » ? Mais d'abord qui sont-ils dans la France de 2023 ? Un groupe minoritaire de plus en plus « communautariste », dans lequel la bourgeoisie « tradi » donne le ton ?

Research paper thumbnail of Entretien dans "La Libre Belgique" (6 août 2023)

Research paper thumbnail of "L'évolution du paysage religieux français. Les enseignements de l'enquête Téo n°2", "La Croix", 22 mai 2023.

L'évolution du paysage religieux français : les enseignements de l'enquête Téo 2 Une information ... more L'évolution du paysage religieux français : les enseignements de l'enquête Téo 2 Une information chassant l'autre, on ne s'est guère attardé sur les enseignements religieux de l'enquête Trajectoires et Origines de l'INSEE, dite Téo 2, qui portent sur des données datant de 2019-2020 et qui a été rendue publique en avril dernier. La comparaison avec les données issues de Téo 1 de 2007-2008 est pourtant instructive. Le premier constat est que les choses évoluent très rapidement puisqu'en douze ans, les changements sont notables. C'est d'autant plus sensible que l'enquête porte sur les 18-59 ans, et pas sur la totalité de la population, c'est-à-dire des personnes nées après 1960, ligne de

Research paper thumbnail of Interview sur l'aide active à mourir par Agnès Leclair, "Le Figaro", 25-26 mars 2023

Research paper thumbnail of Les quatre âges de l'espérance de vie, "Figaro", tribune, 28-29 janvier 2023

Les quatre âges de l'espérance de vie La question des retraites a remis au centre de la discussio... more Les quatre âges de l'espérance de vie La question des retraites a remis au centre de la discussion publique la notion d'espérance de vie et, plus particulièrement, celle, devenue courante depuis une dizaine d'années, d'espérance de vie « en bonne santé » ou « sans incapacité ». À l'argument du gouvernement qui met en avant l'allongement de l'espérance de vie comme une des principales raisons justifiant le report de l'âge à la retraite, les adversaires de la réforme répondent que l'espérance de vie « en bonne santé », elle, ne va pas tellement au-delà de 65 ans, de sorte que le gain réel serait plus limité qu'il n'y paraît. L'espérance de vie est, avec la pyramide des âges, un des indices les plus fascinants

Research paper thumbnail of "La fidélité humiliée du catholicisme français", "Figaro", Tribune, 17-18 décembre 2022.

Eclatant à répétition au plus bas des courbes de pratique comme un chapelet de bombes incendiaire... more Eclatant à répétition au plus bas des courbes de pratique comme un chapelet de bombes incendiaires, les révélations sur les abus sexuels dans l'Eglise pourraient bien finir par achever ce qu'il reste de catholicisme en France, à commencer par son recrutement

Research paper thumbnail of "Les "expériences de mort imminente" en Occident", Etudes, décembre 2022.

L'intérêt pour les « Near-Death Experiences » ou « expériences de mort imminente » s'est largemen... more L'intérêt pour les « Near-Death Experiences » ou « expériences de mort imminente » s'est largement répandu depuis les années 1970. Elles nous sont devenues familières, avec les images qui leur sont associées : le fameux tunnel, la lumière blanche, l'accueil du défunt dans l'au-delà par les êtres chers ou des figures spirituelles bienveillantes, etc. Elles font désormais partie de l'imaginaire des sociétés occidentales, des jeunes générations notamment, aussi « sorties de la religion » qu'on les suppose.

Research paper thumbnail of Entretien, "Figaro", 9-10 juillet 2022

A 18 champs libres Débats « De la vocation en elle-même, comme appel de Dieu, l'historien ne peut... more A 18 champs libres Débats « De la vocation en elle-même, comme appel de Dieu, l'historien ne peut rien dire » dessins fabien clairefond

Research paper thumbnail of La religion des morts, L'Histoire, juillet-août 2020

La religion des morts Marqué par le recul des pratiques religieuses, le xix e siècle fut pourtant... more La religion des morts Marqué par le recul des pratiques religieuses, le xix e siècle fut pourtant traversé par un intense culte des morts. Mêlant dévotion catholique et superstitions populaires au fort potentiel de consolation, cette religion hybride résista à l'anticléricalisme de la III e République et aida à surmonter le traumatisme de la Grande Guerre. Par Guillaume Cuchet DR-NANCY, MUSÉE DES BEAUX ARTS ; JOSSE/LEEMAGE L'AUTEUR Professeur à l'université Paris-Est-Créteil, Guillaume Cuchet a récemment publié Une histoire du sentiment religieux au xix e siècle (Cerf, 2020). L e xix e siècle a été le temps par excellence du « culte des morts », ce culte familial du souvenir et de la tombe qui fut un des traits anthropologiques et culturels les plus répandus de la période. Né pour partie en réaction à l'anarchie funéraire de la Révolution française, dans le prolongement d'une sensibilité préromantique issue du xviii e siècle, il a été l'une des grandes « latences du sacré » que connut le xix e siècle, pour parler comme Alphonse Dupront. Religion hybride apparue en dehors de l'Église avant d'être largement récupérée par elle, il s'im-posa dans toute la France, y compris dans les régions les plus déchristianisées. Se présentant sous des formes nouvelles et extrêmement dy-namiques (culte des tombes, dévotion aux âmes du purgatoire, spiritisme), ce culte des morts fut sans conteste le principal phénomène de religio-sité populaire dans un siècle marqué par un recul tendanciel de la pratique religieuse. Si la Grande Guerre et la mort de masse furent pour lui une épreuve décisive, il en sortit paradoxalement renforcé : au début des années 1960 encore, per-sonne en France n'aurait osé en prévoir le déclin. Dans les années 1820, au seuil de la vague, Benjamin Constant avait très bien saisi la tendance dans son grand livre oublié De la religion , où il distinguait le « sentiment religieux », naturel et inéliminable, et ses « formes » succes-sives, variables et transitoires. Devant le spectacle commençant de la visite sur les tombes au Père-Lachaise, il avait l'impression de « voir le sentiment religieux planer sur sa propre forme » 1. Comment mieux dire que la « forme » par excellence du « sentiment religieux » au xix e siècle se-rait funéraire ? Sortir les morts de la ville Ce nouveau culte des morts fut en partie le pro-duit de deux innovations fondamentales appor-tées au modèle traditionnel du cimetière chrétien à la fin du xviii e siècle (cf. p. 40) : la translation des cimetières vers la périphérie des villes et l'individualisation des sépultures. Depuis le Moyen Age, le cimetière, situé dans et autour des édifices religieux, était la terre indistincte des an-cêtres, réunis dans l'attente du retour du Christ et de la résurrection des corps. L'anonymat y était la règle, en dehors de quelques tombeaux réservés à certaines notabilités ecclésiastiques et civiles. La piété pour les morts consistait non pas à leur ériger des tombeaux individuels, mais à prier pour eux, notamment en faisant célébrer à leur intention le plus grand nombre de messes possible.

Research paper thumbnail of "Jean Delumeau, historien de l'Eglise de France", "Etudes", avril 2020, p.67-78.

Research paper thumbnail of Entretien sur le coronavirus, "La Vie", 9 avril 2020 (version internet)

Research paper thumbnail of Tribune : "Coronavirus : le retour de la mortalité extraordinaire", Le Figaro, 11 et 12 avril 2020 Coronavirus

Research paper thumbnail of "Une histoire du sentiment religieux au XIXe siècle", interview dans "La Vie", 12 mars 2020

CUCHET. Le terme de « sentiment religieux » vient d'Henri Bremond et de sa célèbre Histoire litté... more CUCHET. Le terme de « sentiment religieux » vient d'Henri Bremond et de sa célèbre Histoire litté-raire du sentiment religieux, parue dans l'entre-deux-guerres. Il s'agissait d'une histoire de la spiritualité, mais soucieuse de retrouver l'expérience vécue par-delà la littérature qui l'exprimait. L'ouvrage était censé couvrir une vaste période, « depuis la fin des guerres de Religion jusqu' à nos jours », mais Bremond ne dépassa pas le XVII e siècle, qui, avec le jansénisme et l'École française de spiritualité, lui fournissait déjà une riche matière. Je m'inscris dans son sillage, pour une période ultérieure : les années 1830-1880, le XIX e siècle « roman-tique » ou prétendu tel-cette appellation, issue d'une histoire littéraire conventionnelle, est discutable. La religion du XIX e siècle a mauvaise réputation… G.C. Effectivement. Elle a servi de repoussoir aux réfor-mateurs de l'époque de Vatican II. Tout au plus at on bien voulu en sauver quelques produits tardifs, comme Histoire d'une âme (1898) de Thérèse de Lisieux, célé-brés pour leur force de rupture avec cette « dixneu-viémité » spirituelle jugée mortifère. Mais c'est beau-coup simplifier le tableau ! Le XIX e siècle a été traversé « Le XIX e siècle a été le théâtre d'un New Age précoce » Dans son nouveau livre, Guillaume Cuchet, spécialiste d'histoire religieuse, remet en cause tous les clichés sur ce qui fut un siècle d'effervescence spirituelle.

Research paper thumbnail of I "nones" della fede e il futuro del cristianesimo, "Vie et Pensiero" 6, novembre-décembre 2019, p.69-79 (traduction de Mario Porro)

Guillaume Cuchet è docente di Storia contemporanea all'Uni-versità di Paris-Est-Creteil. I suoi l... more Guillaume Cuchet è docente di Storia contemporanea all'Uni-versità di Paris-Est-Creteil. I suoi lavori si concentrano sulla storia e l'antropologia religiosa europea fra XIX e XX secolo. Nel 2018 ha pubblicato il saggio Comment notre monde a cessé d'etre chrétien (Seuil). Questo articolo è apparso sulla ri-vista «Études». DISCUSSIONI I nones della fede e il futuro del cristianesimo  Guillaume Cuchet e Massimo Borghesi Tutti i sondaggi d'opinione, dall'America all'Europa, segnalano un aumento di coloro che si defi niscono "senza religione", soprattut-to fra i giovani. Le appartenenze divengono più fl uide e il panorama religioso si ricompone in un modo diffi cilmente prevedibile. Ma non si è esaurita la domanda religiosa di Guillaume Cuchet È questione sempre più discussa, nelle scienze religiose contemporanee, l'ascesa dei nones, gli individui che non dichiarano alcuna religione (no religion) nelle inchie-ste di sociologia americane, al punto che alcuni specialisti cominciano a chiedersi se non fi niranno per diventare la prima "reli-gione" del mondo occidentale (cfr. Anne-Laure Zwilling, Les "sans religion": la nouvelle religion?, in «The Conversation», 1° ottobre 2018). Spiritual, but not religious, si dice spesso oltre-Atlantico a proposito di loro, anche se le inchieste dimo-strano che essi sono sempre più secular, vale a dire agnostici o atei, so-prattutto fra le giovani generazioni. E ciò che all'inizio era una sempli-ce categoria statistica negativa che permetteva di giungere a cento nelle somme dei culti dichiarati, accompagnata da un'etichetta sociale un po' infamante, è diventato, negli anni Duemila, un vero e proprio con-cetto sociologico, man mano che il gruppo si irrobustiva e la posizione si depenalizzava nella mentalità corrente (si fa risalire di solito questo passaggio all'articolo pionieristico del sociologo americano Glenn M. Vernon, The Religious "Nones": A Neglected Category, in «Journal for the Scientifi c Study of Religion», 7, 2, ottobre 1968, pp. 219-229). Uno

Research paper thumbnail of La mort des Baby boomers : un événement anthropologique en cours (Tribune libre)

Revue du praticien. Médecine générale

On se souvient de ce film de Denys Arcand, Les invasions barbares (2013), qui racontait les derni... more On se souvient de ce film de Denys Arcand, Les invasions barbares (2013), qui racontait les dernier jours d'un baby boomer québécois, né en 1950, qui avait vécu avec beaucoup d'entrain toutes les libérations des années 1960-70, mais qui, divorcé, brouillé avec son fils (trader à La City), se retrouvait tout à coup malade du cancer et confronté à la mort. Arcand en a fait, symboliquement, le premier « sortant » de sa génération, c'est-à-dire celui pour qui se pose avec le plus d'acuité le problème de savoir comment mourir, crash test décisif de toute révolution culturelle comme de tout système de valeurs. A vec ses proches, il invente alors un nouvel art de mourir, hédoniste, plus conforme à ce qu'ils sont de-venus que les modèles anciens. Il meurt à la campagne, entouré des membres de sa «tribu », après un dernier repas gastronomique et d'ul-times avances à l'infirmière venue lui installer secrètement le goutte-à-goutte fatal. Techniquement, son décès est un suicide assisté plus qu'une véritable eu-thanasie. Le film (le meilleur d'Arcand à mon avis), véritable mythe contempo-rain du mourir, a eu un grand succès. Avec beaucoup d'intelligence his-torique, il pose la question de savoir comment les baby boomers (nés, selon une définition large, entre 1945 et 1965) vont faire pour mourir et avec quelles conséquences sur nos attitudes face à la mort. À cette question un peu étrange-on est plus habitué les concernant à s'interroger sur l'impact de leur vieil-lissement sur les comptes publics ou le marché de l'emploi-, on sera peut-être tenté de répondre de prime abord : comme ils pourront. C'est-à-dire proba-blement pas très bien, mais ni plus ni moins, en somme, que leurs prédéces-seurs, puisque comme disait déjà Villon, « quiconque meurt, meurt à douleur » et qu'on ne voit pas très bien ce qui pour-rait à court terme changer cette donnée fondamentale de la condition humaine. Mais cette génération que sociologues et historiens s'accordent à considérer comme mutante a certaines spécificités qui donnent à penser que sa disparition pourrait bien constituer une sorte d'événe-ment dans nos annales anthropologiques. La première de ces caractéristiques est démographique. Dans le régime actuel, la mortalité infanto-juvénile a presque disparu, les décès se concentrent au-delà de 65 ans et nos contemporains considèrent désormais comme une sorte de droit acquis celui de vivre jusqu'à 80 ans, barre en-deçà de laquelle tous les décès sont considérés comme plus ou moins prématurés. 1 Nous y avons gagné en amont une sé-curité psychologique extraordinaire, inédite dans l'histoire de l'humanité : un quasi-sentiment d'immortalité. Mais comme la mortalité finale d'une généra-tion reste, jusqu'à nouvel ordre, de 100 %, il a d'ores et déjà commencé à se produire un effet de rattrapage de la mort d'autant plus spectaculaire que les baby boomers sont plus nombreux et que les décès se-ront plus concentrés dans le temps. C'est une conséquence de ce que les démo-graphes appellent la « rectangularisation de la courbe de survie ». Les baby boomers, arrivés pour la première fois dans l'his-toire de l'humanité presque au complet près de la chute finale, seront les premiers à étrenner ce système des départs grou-pés par temps calme. La deuxième caractéristique est culturelle. Elle tient au jeunisme de la génération, qui a la réputation d'avoir été, successivement, les enfants-rois de l'après-guerre, les adolescents de la prospérité, d'être entrés sur le marché du travail (pour les premières cohortes) avant le choc pétrolier et d'avoir fait en sorte de rester jeune le plus longtemps possible. Le phénomène est avant tout social et psychologique, mais il a aussi un soubassement démographique. Avec les progrès de la médecine, de l'hygiène, de l'alimentation, le seuil biologique de la vieillesse (et donc des questions qui La mort des baby boomers : un événement anthropologique en cours ?

Research paper thumbnail of « La montée des sans-religion en Occident. La révolution silencieuse des "nones" », "Etudes", septembre 2019, n. 4263, p.79-92.

É t u d e s-S e p t e m b r e 2 0 1 9-n ° 4 2 6 3 La montÉe deS SanS-reLigion en occident Une rév... more É t u d e s-S e p t e m b r e 2 0 1 9-n ° 4 2 6 3 La montÉe deS SanS-reLigion en occident Une révolution silencieuse des « nones » Guillaume CuChet Les sondages d'opinion montrent une nette progression des sans-religion (« nones », selon la désignation américaine), surtout parmi les jeunes. Cela touche les pays occidentaux, en Europe comme aux États-Unis. S'agit-il d'un phénomène nouveau ou de l'héritage d'une tendance plus ancienne ? Au XIX e siècle, la France avait déjà connu des courants antireligieux. Mais le phé-nomène actuel est nettement plus massif. En outre, le contexte est plus complexe et les appartenances plus fluides. Le paysage religieux se recompose d'une manière difficilement prévisible. I l est de plus en plus souvent question, dans les sciences religieuses contemporaines, de la montée des « nones », ces individus qui ne déclarent aucune religion (« no religion ») dans les enquêtes de socio-logie américaines, au point que certains spécialistes commencent à se demander s'ils ne finiront pas par devenir la première « religion » du monde occidental 1. « Spiritual but not religious », dit-on souvent outre-Atlantique à leur sujet, même si les enquêtes montrent qu'ils sont de plus en plus « secular » (« séculiers »), c'est-à-dire agnostiques 1. anne-Laure Zwilling, « Les "sans-religion" : la nouvelle religion ? », The Conversation, 1 er octobre 2018. compte rendu d'un colloque qui a eu lieu à oslo les 26 et 27 septembre 2018 sur le thème du « Formatage de la non-religion dans la société postmoderne, perspectives institutionnelles et juridiques », co-organisé par eurel et le projet « good Protestant, Bad religion ? Formating religion in modern Society » (goBa) de l'Université d'oslo.

Research paper thumbnail of Interview dans La Vie (6 juin 2019) : La crise a redonné des couleurs aux milieux progressistes dans l'Eglise

LA VIE. La crise que traverse l'Église est-elle selon vous la « queue de comète » qui, selon votr... more LA VIE. La crise que traverse l'Église est-elle selon vous la « queue de comète » qui, selon votre étude, a commencé en 1965, ou s'agit-il d'une nouvelle ? GUILLAUME CUCHET. Le problème est plus ancien, même si, à un certain niveau de généralité, on peut toujours raccorder les crises entre elles. Ce qui est sûr, c'est que cette perte de crédibilité du clergé, qui est profonde et qui se traduit dans certains diocèses par des demandes d'apostasie en nombre non négligeable, n'améliorera pas la cote sociale d'un groupe que les socio-logues décrivent, depuis les années 1980, comme « en voie d'extinction ». Le refus de l'amalgame (qui prévaut, tant bien que mal, vis-à-vis de l'islam à propos du djiha-disme contemporain), voire le simple respect des formes juridiques sont devenus presque hors de propos. On peut espérer que la commission Sauvé, comme naguère celle créée par le cardinal Decourtray pour réfléchir au cas Touvier, fasse toute la lumière sur les différents « paramètres de ce désastre » (pour reprendre la forte expression du théologien Hervé Legrand), notamment la manière dont a pu fonction-ner si longtemps le système qui consistait à faire pression sur les familles pour qu'elles se taisent au nom de « l'honneur de l'Église » et à déplacer les délinquants sans s'en ouvrir à la justice. Par la perte de confiance à l'extérieur et la remise en cause en interne des structures, cette crise est-elle comparable à d'autres crises historiques ? G.C. Émile Poulat disait que le catholicisme français, depuis la Révolution, était un peu cyclothymique et qu'il avait tendance à pas-ser sans transition par des phases alternées d'abattement et d'euphorie. Hier encore, les médias s'interrogeaient sur le retour inattendu du catholicisme sur la scène poli-tique à droite ; aujourd'hui, pour un peu, ils l'enterreraient ! Un peu de distance avec la conjoncture pourrait ne pas être inutile. Mais cela ne signifie pas que la crise n'est pas profonde, notamment parce que beau-coup de gens dans ce pays, du fait des ruptures religieuses de ces dernières décen-nies, vivent sur une image de l'Église, a fortiori du clergé, que ne corrige plus une connaissance réelle, même superficielle, des hommes et des femmes qui la com-posent. D'où la possibilité croissante de voir se produire ces effondrements d'image subits, comme celui auquel nous assistons.

Research paper thumbnail of Alexandre de Vitry, "Le droit de choisir ses frères ? Une histoire de la fraternité", Paris, Gallimard, coll. "Bibliothèque des idées", 2023.

Version longue d'un compte rendu paru dans Études. Cette histoire de la fraternité est un ouvrage... more Version longue d'un compte rendu paru dans Études. Cette histoire de la fraternité est un ouvrage séduisant, un peu étrange, érudit et classique dans sa méthode mais difficile à rattacher sans reste à un genre connu. S'agit-il d'histoire littéraire, d'histoire tout court, de littérature, d'essai politique ? Un peu tout cela à la fois sans doute. Le but, nous dit-on, est de « proposer un exemple d'étude littéraire utile à l'intelligibilité de notre langue politique, donc de notre politique tout court. » (p.18).

Research paper thumbnail of Compte rendu de Pierre Nora, "Jeunesse", dans Etudes

Pierre Nora publie, à près de 90 ans, le premier tome de ses souvenirs. Jeunesse s'achève au seui... more Pierre Nora publie, à près de 90 ans, le premier tome de ses souvenirs. Jeunesse s'achève au seuil de sa grande carrière d'historien, d'éditeur et de directeur de revue. Nora en esquisse déjà le récit cependant lorsqu'il relate la fondation, chez Julliard, en 1963-64, de la fameuse collection « Archives », puis la demande que lui fit Antoine Gallimard, à l'automne 1965, de monter dans la maison un véritable département de sciences humaines. Mélange de « lieux de mémoire » et d'« égohistoire », consacré à ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, le livre est le « roman d'apprentissage » (p. 14) d'un spécialiste de l'histoire de la mémoire collective, qui pose sur les événements, parfois dramatiques, de ses débuts, un regard distancié, presque un peu sec parfois, qui fait tout le charme et l'élégance de l'ouvrage. Suivent des développements sur la guerre, la traque des juifs et le retour problématique à la vie normale après cette épreuve, les trois échecs à l'École normale supérieure (petit drame bien français, mais qui a compté pour la suite), ses amours avec Marthe, une femme plus âgée au destin peu banal, son goût de la poésie, l'importance pour lui de la famille et sa rivalité feutrée avec son frère aîné Simon, qui a fini par se faire voler la primauté d'ho nneur dans la fratrie. Le rapport au judaïsme enfin, de ce fils d'une bourgeoisie juive profondément assimilée et peu fervente, mais qui n'a pu échapper aux remous de l'histoire et aux effets du « renversement » (p. 66) du rapport juif à la France survenu ces dernières décennies, qu'il analyse avec beaucoup de liberté et d'acuité. Un très beau livre donc, dont on attend la suite avec impatience, tant il est vrai que les historiens blanchis sous le harnais font souvent les meilleurs témoins.

Research paper thumbnail of Compte rendu de Pierre Nora, "Une étrange obstination", Etudes, décembre 2022

Dans le tome précédent de ses mémoires, Une jeunesse, désormais disponible en poche, Pierre Nora ... more Dans le tome précédent de ses mémoires, Une jeunesse, désormais disponible en poche, Pierre Nora s'était arrêté en 1963-1964 au seuil de sa grande carrière d'éditeur chez Gallimard. La suite était attendue avec impatience par tous ceux qui avaient aimé ce « roman d'apprentissage » d'un éditeur-historien ou éditeur-historien (comme on voudra) inspiré,

Research paper thumbnail of Alain Corbin, "Histoire du repos", Plon, 2022, dans "Etudes", juillet-août 2022

La productivité d'Alain Corbin ne se dément pas ; elle aurait même tendance à augmenter depuis un... more La productivité d'Alain Corbin ne se dément pas ; elle aurait même tendance à augmenter depuis une quinzaine d'années, en même temps que le propos, depuis la publication de ses souvenirs en 2014, prend parfois un tour plus personnel. Il aborde ici un sujet qu'il avait déjà évoqué dans un chapitre pionnier de L'Avènement des loisirs en 1995 sur

Research paper thumbnail of Jean-Robert PITTE, La planète catholique. Une géographie culturelle, Paris, Tallandier, 2020, 477 p. Commentaire

Research paper thumbnail of Bernard et Madeleine Comte, "Le Père Fraisse", 2020.

Research paper thumbnail of Philippe Ariès, "Pages retrouvées", Le Cerf.

Research paper thumbnail of Kurt Flasch, "Le Diable dans la pensée européenne", Vrin, 2019

Research paper thumbnail of Christian Sorrel (sous dir.), "Renouveau conciliaire et crise doctrinale", "Chrétien et société".

Research paper thumbnail of "Le phénomène thérésien", "Cristianesimo nella storia" (compte rendu d'ouvrages de Claude Langlois et Antoinette Guise)

Le phénomène thérésien [ndr: sous-titre: "À propos de deux volumes du 2018 sur Thérèse de Lisieux... more Le phénomène thérésien [ndr: sous-titre: "À propos de deux volumes du 2018 sur Thérèse de Lisieux"?] Guillaume Cuchet The Theresian Phenomenon. About Two 2018's Volumes on Thérèse de Lisieux The numerous publications on Therese of Lisieux in recent years have also been illustrated by two further important works: that of Claude Langlois on the editorial enterprise of the "History of a Soul" (Thérèse à plusieurs mains, 2018) and Antoinette Guise-Castelnuovo's study on her "miracles" (Thérèse de Lisieux et ses miracles. Les recompositions du surnaturel, 2018). The study of "Therese after Therese" turns out to be a fruitful field of enquiry. The question is to understand how a young French Carmelite, who was unknown during her lifetime and died at the age of twenty-four of tuberculosis in an obscure provincial convent, was able to become, within a few years, the most popular saint in the 20 th century, on a basis that was founded before the Great War.

Research paper thumbnail of Alain Corbin, "Terra incognita", Albin Michel, 2021

Research paper thumbnail of Compte rendu du livre de Caroline Muller, "Au plus près des âmes et des corps. Une histoire intime des catholiques au XIXe siècle", PUF, 2019, paru dans "L"Histoire", n°460, juin 2019

Research paper thumbnail of Michele Delaunay, "Le fabuleux destin des baby-boomers", Paris, Plon, 2019, 366 p.

En démographie, à la différence des autres sciences sociales, les phénomènes sont anticipables, a... more En démographie, à la différence des autres sciences sociales, les phénomènes sont anticipables, au moins jusqu'à un certain point (quinze ans maximum, dit-on généralement). Pourtant la vieillesse et la mort des baby-boomers (ici entendus au sens large de ceux qui sont nés entre 1945 et 1973), ne l'a pas été jusqu'à présent. Les « Trente Glorieuses » vont devenir les « Trente Pleureuses » sans que personne ne s'en soit avisé, ou presque. C'est tout l'intérêt du livre de Michèle Delaunay, baby-boomeuse elle-même (elle est née en 1947), médecin et ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie entre 2012 et 2014 sous la présidence de François Hollande, que de s'y intéresser dans un récit de belle facture, qui mêle heureusement souvenirs personnels et analyses sociologiques. Reprenant un certain nombre de travaux antérieurs d'historiens et de sociologues, notamment ceux de Jean-François Sirinelli, elle revient sur le destin des baby-boomers ou, en tout cas, de la fraction d'entre eux qui a donné son image à la génération. Après avoir révolutionné l'enfance, l'adolescence, la vie conjugale, la parentalité, elle les appelle à faire contre mauvaise fortune bon coeur en révolutionnant la vieillesse et à prendre la tête d'un dernier combat contre l'« âgisme » (comprendre : la discrimination des personnes âgées). Cela passe par toute une police du langage (des mots à dire et à ne pas dire), dont cette génération a été friande. Ainsi on évitera de parler de « vieillissement », de « dépendance », voire de « personnes âgées », pour leur préférer « longévité », « autonomie » et « âgés » tout court (dans ce dernier cas, particulièrement malheureux, pour des raisons un peu mystérieuses). Mais aussi par des mesures concrètes, notamment en matière de retraites, de développement de la « silver économie » et de créations d'Ehpad, qui ne sont pas toujours au rendezvous et qui risquent fort, dans un futur proche, de faire cruellement défaut, quand la vague du Baby-boom sera arrivée au dernier stade. On apprend beaucoup de choses, chemin faisant, sur les conditions

Research paper thumbnail of Compte rendu du livre de Régis Bertrand et Anne Carol (sous dir.), "Aux origines des cimetières contemporains" (Presses universitaires de Provence, 2016)

Research paper thumbnail of L'histoire hérésiologique d'Alain Besançon (compte rendu de "Contagions", Les Belles Lettres, 2018)

Research paper thumbnail of Dom Jean Pateau Le salut des enfants morts sans bapteme 2017

En 2007, la Commission théologique internationale (CTI), un organisme créé en 1969 pour aider dan... more En 2007, la Commission théologique internationale (CTI), un organisme créé en 1969 pour aider dans son travail la Congrégation pour la doctrine de la foi, a publié un document d'une trentaine de pages sur « L'espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême ». La question y était présentée comme « une priorité pastorale de notre époque moderne » en raison, non plus de la mortalité infantile, qui a pratiquement disparu, mais de la diminution du nombre de baptêmes en Occident et des conséquences de l'avortement et de la fécondation in vitro. La commission, sans exclure totalement l'hypothèse des limbes qui faisait, hier encore, partie de l'enseignement ordinaire de l'Église, en soulignait les problèmes et les faiblesses, et concluait prudemment à la possibilité d'espérer le salut de ces enfants (à défaut de certitude). L'auteur de cet ouvrage, actuel abbé du monastère bénédictin Notre-Dame de Fontgombault dans l'Indre, prolonge cette réflexion en revenant sur la position de Thomas d'Aquin sur le sujet, dont il explore méthodiquement les sources, tenants et aboutissants. Il s'ensuit toute une enquête pleine d'intérêt centrée sur les théologiens scolastiques des XII e et XIII e siècles, qui remonte jusqu'aux querelles pélagiennes du début du V e siècle et à la position d'Augustin dans le débat. Ce dernier, après avoir un peu hésité, avait fini par conclure à la damnation de ces enfants, dans le cadre d'un durcissement général de sa pensée eschatologique qui a eu de grandes conséquences sur la tradition latine. Le propos, s'il contient des éléments d'histoire, est avant tout théologique. L'auteur va plus loin que la Commission théologique en 2007 en défendant la thèse selon laquelle cette espérance du salut serait une quasi-certitude, à laquelle il souhaite que le magistère consacre un document officiel. Sans remettre en cause la doctrine traditionnelle du péché originel ni la nécessité, en régime ordinaire, du baptême sacramentel pour le salut, il suppose que Dieu, qui « n'est pas lié par ses sacrements » (selon l'adage traditionnel) et qui veut d'une volonté « antécédente » le salut de tous les hommes, baptise in utero tous ces enfants par des moyens dont il a le secret. Cette possibilité avait déjà été envisagée par le passé par certains théologiens sur la foi de quelques cas exceptionnels tirés de l'Écriture qui paraissaient aller en ce sens, comme ceux de Jérémie, de Marie et de Jean-Baptiste, mais on avait hésité jusqu'ici à élargir plus franchement les bénéfices d'un tel privilège. À noter que la thèse paraît supposer implicitement que, quels que soient les âges de la vie (y compris donc avant la naissance) et les aléas de l'histoire personnelle et collective (notamment ceux de la christianisation ou de la déchristianisation des sociétés), Dieu fait en sorte que chacun ait toujours les mêmes possibilités objectives de salut. Il garantit, en somme, l'égalité des chances, et fait les « compensations » en jouant concurremment des ressources des deux régimes de salut à sa disposition, l'ordinaire et l'extraordinaire, le sacramentel et l'extra-sacramentel. Mais n'est-ce pas là tout de même faire un peu bon marché de l'Histoire ? On permettra ici à l'historien de se faire l'avocat

Research paper thumbnail of Martine Segalen. Les enfants d'Achille et de Nike.docx

Research paper thumbnail of Alain Corbin. Histoire du silence (2016).docx

Research paper thumbnail of Anne Carol. "L'embaumement, une passion romantique", Champ Vallon, 2015.

On lira avec grand intérêt le livre qu'Anne Carol consacre à l'histoire de l'embaumement à l'époq... more On lira avec grand intérêt le livre qu'Anne Carol consacre à l'histoire de l'embaumement à l'époque romantique en France. Il est vrai que l'épisode était jusqu'alors largement méconnu. Il ne me semble pas qu'Ariès mentionne même, dans sa somme sur L'homme et la mort (1977), celui qui est un peu le héros du livre : Jean-Nicolas Gannal (1791-1852), inventeur, sous la monarchie de Juillet, d'une nouvelle méthode d'embaumement des corps par injection, appelée à un grand succès. L'auteur commence par rappeler les principales caractéristiques de l'embaumement au XVIII e siècle, avant sa vogue romantique. La pratique ne concernait alors qu'une toute petite partie de la population, des grands de ce monde principalement, notamment les monarques et les princes du sang, en lien souvent avec la pratique de l'inhumation fractionnée (du corps et du coeur notamment). L'opération était lourde et très mutilante pour le cadavre qui était éviscéré, décervelé et baigné, à la manière du père Ubu. Ce « régime d'exception » a évolué entre 1790 et 1840, sous l'influence de divers facteurs comme le culte des grands hommes de la Révolution, l'égyptomanie consécutive à l'expédition de Bonaparte de 1798-1801, et une nouvelle affectivité funéraire et familiale. La pratique s'est démocratisée et elle a commencé à toucher alors une nouvelle clientèle bourgeoise désireuse que l'on attente le moins possible au corps du défunt. L'idéal était de lui donner, comme dans la thanatopraxie contemporaine, l'apparence d'un sommeil paisible. Mais jusqu'à l'invention par Gannal du nouveau procédé par injection en 1837, les pratiques n'ont guère évolué. En 1838, après avoir fait breveter sa nouvelle technique, Gannal publie une Histoire des embaumements qui sera traduite aux États-Unis dès 1840, où elle aura une postérité considérable. Autodidacte, ancien militaire formé dans les hôpitaux napoléoniens, bonapartiste, Gannal développe ses activités avec autant d'esprit d'entreprise que Boucicaut ses grands magasins. Il embaume des célébrités, établit un réseau de concessionnaires en province et à l'étranger, recourt à la publicité, suscite des polémiques dont il ne sort pas toujours vainqueur, comme celle qui l'oppose, en 1845-1846, au médecin Boissié-Sucquet sous l'égide de l'Académie de Médecine. Quelques cas célèbres habilement exploités, comme celui de Talleyrand en 1838 ou du duc d'Orléans en 1842, traités selon les méthodes anciennes, font

Research paper thumbnail of Nathalie Richard. La "Vie de Jésus" de Renan. La fabrique d'un best-seller, Presses universitaires de Rennes, 2015.

Research paper thumbnail of Entretiens sur l'histoire de la mort (Philippe Ariès, Serge Bonnet, Roger Chartier), France culture, 26 février 1978. Transcription https://transfun.hypotheses.org

Conversation à trois sur l'histoire de la mort au lendemain de la parution de "L'homme devant la ... more Conversation à trois sur l'histoire de la mort au lendemain de la parution de "L'homme devant la mort" de Philippe Ariès (Le Seuil, coll. "L'Univers historique", 1977)

Research paper thumbnail of Séminaire Transitions funéraires contemporaines 2017

Research paper thumbnail of Journée Histoire sociale et culturelle de la théologie 7-8 octobre 2016

Research paper thumbnail of "Philippe Ariès lecteur d'Ernesto De Martino", Ecole française de Rome, 7 février 2023

Je voudrais d'abord dire tout l'intérêt que j'ai pris à lire cette traduction française de l'ouvr... more Je voudrais d'abord dire tout l'intérêt que j'ai pris à lire cette traduction française de l'ouvrage d'Ernesto De Martino (1908-1965), Mort et pleurs rituels, paru en italien en 19581, livre dont je dois avouer que j'ignorais tout jusqu'alors. Ignorance coupable, assurément, mais qui s'explique sans doute en partie par le fait que la réception de l'oeuvre de De Martino en France, après des débuts prometteurs dans les années 1960, a pu être qualifiée de « rendezvous manqué »2. Il semblerait, fort heureusement, que les choses soient un peu en train de changer de ce point de vue. Je connais trop peu l'oeuvre de De Martino pour m'en faire l'exégète et ce que j'ai entendu cet après-midi, qui m'a tout appris, m'a confirmé dans l'idée qu'il eût été périlleux d'y prétendre. Je voudrais simplement profiter de l'occasion pour revenir sur un aspect certes secondaire mais, je crois, significatif de la réception française de De Martino : la lecture qu'en ont fait les historiens de la mort des années 1970 et, plus précisément, du plus éminent d'entre eux, Philippe Ariès, qui a « inventé » le domaine d'études dès 1948 en publiant son grand livre, Histoire des populations françaises et de leurs attitudes devant la vie, avant qu'il ne devienne à la mode dans les années 1960-70. Ariès passe souvent pour avoir importé en France les thèses américaines ou anglaises sur le déni de la mort contemporain, qu'il aurait ensuite transformées en histoire. C'est en partie vrai mais il ne faudrait pas oublier que là ne se sont pas bornées ses curiosités. L'Italie occupe une place importante dans son travail, notamment dans son grand oeuvre de 1977, L'homme devant la mort. Quand on regarde l'index du livre, on s'aperçoit que les deux pays les plus cités sont l'Italie et l'Angleterre, assez loin devant les Etats-Unis. Il est vrai que cette forte présence est en partie liée aux auteurs qu'il met particulièrement à contribution : l'anthropologue britannique Geoffrey Gorer d'une part, auteur du fameux article de 1955 « Pornographie de la mort »3 qu'Ariès a fait connaître au public français, mais aussi d'une enquête de plus grande envergure, publiée en 1963, sur les usages funéraires britanniques ; Alberto Tenenti de l'autre, notamment pour ses deux livres : Il Senso della morte e l'amore della vita nel Rinascimento, paru chez Einaudi en 1957 (le même éditeur que Mort et pleurs

Research paper thumbnail of Des muses, des esprits et des morts. Victor Hugo témoin et acteur culturel de son temps dans "Les Contemplations" (1856). Journée d'études Sorbonne 5 novembre 2016

Journée d'études du 5 novembre 2016 Victor Hugo est certainement le spirite le plus célèbre du XI... more Journée d'études du 5 novembre 2016 Victor Hugo est certainement le spirite le plus célèbre du XIX e siècle, de même que la séance du 11 septembre 1853 à Jersey au cours de laquelle il a cru entrer en contact avec sa fille défunte Léopoldine, noyée dix ans plus tôt, le 4 septembre 1843, avec son mari Charles Vacquerie, est probablement la séance de spiritisme la plus célèbre du monde, en tout cas de l'histoire de la littérature. Nombreux en effet sont les hommes et les femmes de cette époque qui, comme lui, sont venus aux tables au départ un peu par hasard, assez sceptiques et même parfois franchement goguenards, et qui s'y sont brutalement convertis de cette manière, face à l'irruption imprévue d'un de ces morts qui ne passent pas et qui attendent dans nos fondations intimes une cheminée par laquelle remonter, fût-elle aussi improbable que le pied d'un guéridon. Hugo est donc, pour l'historien du spiritisme 1 , l'un des meilleurs témoins et acteurs de cette mode à laquelle a donné lieu l'arrivée en Europe au printemps 1853 des tables et des esprits en provenance d'Amérique. De façon significative, dans la bibliographie existante sur le sujet, ce sont souvent des littéraires qui ont précédé les historiens parce qu'ils y ont été sensibilisés par Hugo généralement. La publication en 1984 du grand livre de Philippe Muray, Le XIX e siècle à travers les âges 2 , qui est né d'un article sur « Hugo nécromantique » paru dans la revue Tel Quel en 1982 3 , a fait passer le sujet des littéraires aux historiens où il a donné lieu, depuis, à divers travaux 4 .

Research paper thumbnail of Programme Séminaire Paris 1 2024-2025 1

Histoire et anthropologie religieuses des sociétés occidentales contemporaines (M1-M2) Guillaume ... more Histoire et anthropologie religieuses des sociétés occidentales contemporaines (M1-M2) Guillaume Cuchet. S1 et S2. Mercredi 14 h-16 h. Ce séminaire présentera aux étudiants les nouvelles tendances de l'histoire et de l'anthropologie religieuse des sociétés occidentales au XIX e et XX e siècle. L'objectif est de familiariser les étudiants avec les objets, les sources et les méthodes du champ, soit en revenant sur ses « classiques », soit en présentant des recherches récentes.

Research paper thumbnail of Programme du séminaire d'histoire et d'anthropologie religieuse (XIXe-XXe), Paris 1 Panthéon Sorbonne, second semestre

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Research paper thumbnail of Séminaire Transitions funéraires n°2 (2018)

Religions et croyances au lendemain de la Révolution française Transitions funéraires, XVIII e-XX... more Religions et croyances au lendemain de la Révolution française Transitions funéraires, XVIII e-XXI e siècles 2 e , 3 e et 4e mardis de chaque mois de 15 à 17 heures, salle Alphonse Dupront, 10 rue Monsieur le Prince, rez-de-chaussée gauche, à partir du 13 mars 2018 Une mutation anthropologique dans la relation à la mort et aux morts s'accomplit sous nos yeux au tournant du XXe et du XXIe siècle avec la généralisation de l'incinération, les silences et les pudeurs qui entourent les décès et la création de nouveaux rituels funéraires. Une précédente mutation était intervenue au tournant des XVIIIe et XIXe siècle avec l'éloignement des cimetières du pourtour des églises, leur déplacement à l'extérieur de l'enceinte des villes et des bourgs et l'invention de nouveaux dispositifs cérémoniels autour des tombes. Ces deux modes de transitions funéraires invitent à s'interroger dans le moyen terme sur la signification anthropologique, religieuse, sociale et culturelle de la mort à l'âge contemporain.

Research paper thumbnail of Transitions funéraires en Occident, de l'Antiquité à nos jours : bilan de la rencontre inaugurale de Créteil, 22-23 juin 2017

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Research paper thumbnail of Transitions funéraires en Occident de l'Antiquité à nos jours. Rencontre inaugurale

Première rencontre du programme « Transitions funéraires », cette table-ronde internationale est ... more Première rencontre du programme « Transitions funéraires », cette table-ronde internationale est destinée à mettre en place les cadres problématiques et les jalons historiographiques à partir d’interventions de spécialistes de différentes périodes et de différentes disciplines.
https://transfun.hypotheses.org/

Research paper thumbnail of Spectralités d'hier et d'aujourd'hui. Les fantômes comme objets d'histoire, Université Paris-Est Créteil, 3 février 2020, 14 h - 17 h, salle i2-220

Research paper thumbnail of Rencontre UPEC/CRHEC : Devenir chrétien, cesser d'être chrétien, de l'Antiquité à nos jours (13 mai 2019)

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Cycle de conférences, Université de Genève, septembre-novembre 2019

Research paper thumbnail of Programme du séminaire d'histoire et d'anthropologie religieuse des sociétés occidentales contemporaines, université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1er semestre 2023-2024.

Histoire et anthropologie religieuses des sociétés occidentales contemporaines (M1-M2) Guillaume ... more Histoire et anthropologie religieuses des sociétés occidentales contemporaines (M1-M2) Guillaume Cuchet. S1 et S2. Mercredi 14 h-16 h. Salle 307 du Centre Panthéon Ce séminaire présentera aux étudiants les nouvelles tendances de l'histoire et de l'anthropologie religieuse des sociétés occidentales au XIX e et XX e siècle. L'objectif est de familiariser les étudiants avec les objets, les sources et les méthodes du champ entendu dans une perspective large comme étude des croyances, incroyances et malcroyances, avec une attention particulière prêtée à l'histoire de la mort et des rapports entre religions et modernité. Les étudiants seront invités à participer à la réflexion par la lecture d'articles ou d'ouvrages spécialisés, mais aussi d'échanges avec des spécialistes invités.

Research paper thumbnail of Programme Séminaire d'histoire et d'anthropologie religieuses contemporaines, Paris 1, Semestre 2

Research paper thumbnail of Programme du séminaire d'histoire et d'anthropologie religieuses contemporaines, Paris 1, Semestre 1

Histoire et anthropologie religieuses des sociétés occidentales contemporaines, XIX e-XXI e siècl... more Histoire et anthropologie religieuses des sociétés occidentales contemporaines, XIX e-XXI e siècle (M1-M2) Guillaume Cuchet. S1 et S2. Mercredi 14 h-16 h. Salle 212 (Panthéon) Ce séminaire présentera aux étudiants les nouvelles tendances de l'histoire et de l'anthropologie religieuse des sociétés occidentales au XIX e et XX e siècle. L'objectif est de familiariser les étudiants avec les objets, les sources et les méthodes du champ, entendu dans une perspective large comme étude des croyances, des incroyances et des malcroyances, mais aussi des attitudes devant la mort et des rapports entre religions et modernité. Les étudiants seront invités à participer à la réflexion par la lecture d'articles ou d'ouvrages spécialisés, mais aussi d'échanges avec des spécialistes invités. 21 septembre 2022. La nouvelle histoire religieuse du XIX e siècle. La Vie de Jésus