Manon Sage | Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne (original) (raw)
Papers by Manon Sage
Mémoire / master thesis, 2022
Dès 1759, Denis Diderot devient l’écrivain des Salons de la Correspondance littéraire, journal pr... more Dès 1759, Denis Diderot devient l’écrivain des Salons de la Correspondance littéraire, journal privé tenu par son ami Frédéric Melchior Grimm. C’est en réponse à sa demande que Diderot devient l’amateur responsable des chroniques à envoyer aux abonnés, têtes couronnées d’Europe pour la plupart, pour les tenir informés de l’événement culturel qu’est le Salon de peinture et de sculpture organisé par l’Académie royale. Journal non illustré, Denis Diderot se voit confronté à la difficulté de décrire par l’écriture des tableaux, œuvres picturales, pour des lecteurs absents. L’auteur doit alors parvenir à faire travailler l’imagination de son lecteur pour parvenir à lui faire « voir » la toile, tout d’abord par un processus proprement spatial de description des éléments, des positionnements, des actions (...) mais aussi de l’historia. La fonction du Salon est alors de se substituer à l’exposition malgré la difficulté du changement de médium, du passage d’une sémiotique à une autre, de l’image aux mots. Diderot s’inscrit alors dans une tradition ekphrastique de description des œuvres d’art afin de parvenir à établir une analogie entre les deux arts, pictural et littéraire. Entre autres, la tradition veut que l’ekphrasis fasse l’éloge des artistes ce qui permet à l’auteur de s’intéresser au caractère technique des œuvres, au « faire » de l’artiste ainsi qu’à établir des jugements de goût. Peu à peu, Diderot dépasse la tradition pour donner son avis sur les œuvres en justifiant son discours par des règles de l’art, il n’est plus un simple amateur spectateur, il devient critique. Il saisit alors l’importance de l’effet sur le spectateur de l’œuvre ; en effet, une toile qui plaît et qui reste en mémoire est celle qui joue avec la sensibilité de celui qui la voit. De fait, Diderot décrit aussi son implication émotionnelle lorsque celui-ci découvre les tableaux du Salon, ses sentiments, les sensations procurées et explique quels sont les moyens mis en œuvre par l’artiste pour « toucher le coeur » des spectateurs. Seulement, décrire ce que lui ressent ne suffit pas à engager le lecteur dans l’analyse et l’appréciation des tableaux du Salon : comme le peintre transporte Diderot dans ses toiles, de même Diderot doit-il entraîner son auditeur dans les allées du Salon et, même, dans une double transposition dans les scènes dévoilées. C’est par un travail d’écriture, par divers dispositifs et jeux de langage que Diderot doit parvenir à rendre compte, véritablement, des œuvres et surtout de leurs effets. Revenant à la célèbre expression, ut pictura poesis, les Salons de Diderot deviennent le lieu de l’expérimentation de l’équivalence de ces deux arts, conditionnés par leur matérialité, et s’engage même dans un projet plus grand déjà développé dès les années 1750 dans la Lettre sur les sourds et muets. Effectivement, c’est au sein même d’une théorie philosophique esthétique de correspondance entre tous les arts (musicaux, littéraires, picturaux, théâtraux, etc.) que naît l’intérêt pour les Salons dont il convient d’interroger les aboutissants.
Mémoire / master thesis, 2021
C’est suite à la demande de son ami, Frédéric Melchior Grimm que Denis Diderot, alors en pleine é... more C’est suite à la demande de son ami, Frédéric Melchior Grimm que Denis Diderot, alors en pleine écriture de l’Encyclopédie commence à écrire les Salons en 1759. D’abord invité comme amateur à décrire les oeuvres pour son ami, les Salons vont devenir un travail bi- mensuel qui sera transmis sous un format épistolaire aux lecteurs de la Correspondance littéraire. Pris au jeu et intéressé, Denis Diderot ne va pas seulement décrire l’art mais bien écrire l’art : sa propre théorie artistique et esthétique développant au fil des années des critères d’évaluation qui lui permettent de juger les oeuvres objectivement. Les Salons prennent alors au fur et à mesure du temps des allures de commentaires prescriptifs, visant aussi bien le travail des artistes — comment bien peindre pour faire de la grande peinture —, que les jugements des spectateurs et critiques — quels oeuvres apprécier, pourquoi, selon quels critères. C’est au cours du Salon de 1765 et encore plus spécifiquement dans Les Essais sur la peinture de la même année que ce discours apparaît. Mais le philosophe n’en reste pas là, il énonce un dessein à la peinture : instruire l’âme de l’homme. Cette éducation passe par la formation du goût, des sentiments et de la moralité. Bien que personnels ces trois éléments trouvent une unité, une équivalence aussi bien dans le jugement donné que dans l’âme de celui qui juge. Est moral et éduqué l’homme de bon goût et de bon sentiment. Ce développement personnel permettra alors une répercussion sur la société, de façon collective.
Mémoire / master thesis, 2022
Dès 1759, Denis Diderot devient l’écrivain des Salons de la Correspondance littéraire, journal pr... more Dès 1759, Denis Diderot devient l’écrivain des Salons de la Correspondance littéraire, journal privé tenu par son ami Frédéric Melchior Grimm. C’est en réponse à sa demande que Diderot devient l’amateur responsable des chroniques à envoyer aux abonnés, têtes couronnées d’Europe pour la plupart, pour les tenir informés de l’événement culturel qu’est le Salon de peinture et de sculpture organisé par l’Académie royale. Journal non illustré, Denis Diderot se voit confronté à la difficulté de décrire par l’écriture des tableaux, œuvres picturales, pour des lecteurs absents. L’auteur doit alors parvenir à faire travailler l’imagination de son lecteur pour parvenir à lui faire « voir » la toile, tout d’abord par un processus proprement spatial de description des éléments, des positionnements, des actions (...) mais aussi de l’historia. La fonction du Salon est alors de se substituer à l’exposition malgré la difficulté du changement de médium, du passage d’une sémiotique à une autre, de l’image aux mots. Diderot s’inscrit alors dans une tradition ekphrastique de description des œuvres d’art afin de parvenir à établir une analogie entre les deux arts, pictural et littéraire. Entre autres, la tradition veut que l’ekphrasis fasse l’éloge des artistes ce qui permet à l’auteur de s’intéresser au caractère technique des œuvres, au « faire » de l’artiste ainsi qu’à établir des jugements de goût. Peu à peu, Diderot dépasse la tradition pour donner son avis sur les œuvres en justifiant son discours par des règles de l’art, il n’est plus un simple amateur spectateur, il devient critique. Il saisit alors l’importance de l’effet sur le spectateur de l’œuvre ; en effet, une toile qui plaît et qui reste en mémoire est celle qui joue avec la sensibilité de celui qui la voit. De fait, Diderot décrit aussi son implication émotionnelle lorsque celui-ci découvre les tableaux du Salon, ses sentiments, les sensations procurées et explique quels sont les moyens mis en œuvre par l’artiste pour « toucher le coeur » des spectateurs. Seulement, décrire ce que lui ressent ne suffit pas à engager le lecteur dans l’analyse et l’appréciation des tableaux du Salon : comme le peintre transporte Diderot dans ses toiles, de même Diderot doit-il entraîner son auditeur dans les allées du Salon et, même, dans une double transposition dans les scènes dévoilées. C’est par un travail d’écriture, par divers dispositifs et jeux de langage que Diderot doit parvenir à rendre compte, véritablement, des œuvres et surtout de leurs effets. Revenant à la célèbre expression, ut pictura poesis, les Salons de Diderot deviennent le lieu de l’expérimentation de l’équivalence de ces deux arts, conditionnés par leur matérialité, et s’engage même dans un projet plus grand déjà développé dès les années 1750 dans la Lettre sur les sourds et muets. Effectivement, c’est au sein même d’une théorie philosophique esthétique de correspondance entre tous les arts (musicaux, littéraires, picturaux, théâtraux, etc.) que naît l’intérêt pour les Salons dont il convient d’interroger les aboutissants.
Mémoire / master thesis, 2021
C’est suite à la demande de son ami, Frédéric Melchior Grimm que Denis Diderot, alors en pleine é... more C’est suite à la demande de son ami, Frédéric Melchior Grimm que Denis Diderot, alors en pleine écriture de l’Encyclopédie commence à écrire les Salons en 1759. D’abord invité comme amateur à décrire les oeuvres pour son ami, les Salons vont devenir un travail bi- mensuel qui sera transmis sous un format épistolaire aux lecteurs de la Correspondance littéraire. Pris au jeu et intéressé, Denis Diderot ne va pas seulement décrire l’art mais bien écrire l’art : sa propre théorie artistique et esthétique développant au fil des années des critères d’évaluation qui lui permettent de juger les oeuvres objectivement. Les Salons prennent alors au fur et à mesure du temps des allures de commentaires prescriptifs, visant aussi bien le travail des artistes — comment bien peindre pour faire de la grande peinture —, que les jugements des spectateurs et critiques — quels oeuvres apprécier, pourquoi, selon quels critères. C’est au cours du Salon de 1765 et encore plus spécifiquement dans Les Essais sur la peinture de la même année que ce discours apparaît. Mais le philosophe n’en reste pas là, il énonce un dessein à la peinture : instruire l’âme de l’homme. Cette éducation passe par la formation du goût, des sentiments et de la moralité. Bien que personnels ces trois éléments trouvent une unité, une équivalence aussi bien dans le jugement donné que dans l’âme de celui qui juge. Est moral et éduqué l’homme de bon goût et de bon sentiment. Ce développement personnel permettra alors une répercussion sur la société, de façon collective.