Myriam Odile BLin | Rouen University (original) (raw)
Papers by Myriam Odile BLin
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Nov 1, 2016
International audienc
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Nov 15, 2016
L'invisible habit, Codes vestimentaires, féminité et périphéries républicaines «… « Alors dit Muâ... more L'invisible habit, Codes vestimentaires, féminité et périphéries républicaines «… « Alors dit Muâdh, j'utiliserai le raisonnement en toute liberté pour former ma propre opinion » » Souleymane Bachir Diagne, Bergson post colonial Le langage du vêtement La signification culturelle et symbolique des vêtements mérite une attention particulière : quelle stratégie des apparences mettent-ils en oeuvre ? Le rapport au vêtement, comme signe d'appartenance religieuse ou culturelle, varie selon les communautés, les aléas de l'histoire, qui imprime sa marque sur les corps et leurs parures, et la position occupée au sein d'une entité nationale, position centrale ou périphérique 1. Associer dans un même exposé deux études de cas, celle de jeunes musulmanes sénégalaises récemment arrivées en France et de femmes séfarades d'âge mûr installées depuis plus longtemps sur ce même territoire et dont les parents ont vécu en Afrique du Nord, permet de faire ressortir certains des paramètres qui déterminent ce rapport aux normes vestimentaires dominantes d'allégeance ou de dissemblance. 2 Ceci incline également à resituer ce que l'on a appelé l'affaire du « foulard islamique », en France, dans un autre débat, qui concerne la difficile définition d'un socle historique commun pour l'aventure républicaine française parée de sa laïcité depuis 1789, et enrichie de l'apport de nombreuses populations migrantes au fil du temps. A l'approche de la question vestimentaire dans ces deux populations et des débats qu'elle succite, succèdera donc un bref exposé de cette histoire républicaine assimilationniste en prise avec la diversité de ses mémoires et de ses communautés. Ces femmes, en épousant certains habitus vestimentaires, manifestent en effet le poids de l'histoire, celle de la relation entre des communautés, de départ et d'arrivée, qui distingua, dans le passé, des indigènes, ou colonisés, « les autres» et « nous », celle aussi de la communauté nationale, et de ses inclusions et exclusions contemporaines. Comment communauté d'appartenance et de référence se mêlent-elles ou s'opposent-elles alors dans les choix vestimentaires ? Le rapport au vêtement des femmes considérées dépend donc de plusieurs paramètres qui ne sont pas seulement d'ordre religieux : 1-le type d'intégration, centrale ou périphérique, et de citoyenneté pratiquées dans la société d'arrivée, 11 Lianos Michalis, « Je est un autre. La république et ses Sisyphes » in Lianos Michalis dir. Insécurité et altérité. Centre et périphérie de la République, Paris, Res publica scientia mundi, Collection mondes sociaux, Paris, 2013 2 On a rencontré et fait des entretiens avec trois sénégalaises bac+5 en voie de professionnalisation âgées de 26 à 29 ans, venues en France pour leurs études. Deux portent le voile, la troisième le fait seulement épisodiquement afin de ne pas compromettre ses chances d'intégration professionnelle. L'une des deux femmes voilées est finalement repartie en Afrique, au Mali, faute de trouver un emploi en France. On a réalisé également des entretiens avec trois femmes séfarades ayant entre 45 et 50 ans et dont les parents ont émigré depuis l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Elles ont montré des photos de famille. L'une est pratiquante traditionnaliste, la seconde pratiquante épisodique, la troisième également. Aucune n'a conservé de coutumes vestimentaires juives mais toutes ont fait un mariage religieux juif et mangent cacher. L'une d'elles a une amie qui porte la perruque conformément à la tradition, parce que, dit-elle ,elle enseigne dans une école juive. Les questions ont porté sur la condition de femme, la religion, la laïcité, la société française et la société d'origine, le respect des traditions, les évolutions dans la famille et la recherche d'emploi.
Anciens et nouveaux commerces triangulaires « J'écris en présence de toutes les langues du monde ... more Anciens et nouveaux commerces triangulaires « J'écris en présence de toutes les langues du monde » Edouard Glissant « Je suis africain. Pour moi l'Afrique est le centre du monde. Les Etats Unis, l'Europe, c'est la périphérie pour moi. » Oumane Sembène 1 1-Introduction : du post colonial à la mondialisation La réflexion offerte ici propose une description des déplacements des rapports de force, des rapports de sens et des rapports de langues que la culture sénégalaise dans ses relations avec la France connaît depuis quelques années. Elle prend en compte à la fois le rapport horizontal de rivalité entre les pouvoirs post coloniaux et celui, vertical, de la domination coloniale et post coloniale. Ces mutations signalent le déclin de l' « empire français », en Afrique, et l'importance de plus en plus grande de l'influence américaine dans ce contexte. La culture et la politique suivent ici le même chemin. Ce déclin est à intégrer dans celui de la vieille Europe que Raphaël Liogier décrit en ces termes « le continent européen …est destitué par son propre universalisme, voué à redevenir une partie du globe comme les autres et peut-être moins importante que certaines autres… » 2. De nouveaux modèles de pensée, afropolitanisme 3 , panafricanisme transnational, « imperial history », co-colonialismes 4 , concurrencent les anciens paradigmes de la négritude aussi bien que des « post colonial studies ». Réfléchir les situations culturelles en Afrique de l'Ouest francophone et en particulier au Sénégal 5 , au prisme du trans-colonial et de la mondialisation, constitue donc l'un des enjeux de ces propos. Ceci oblige à considérer différemment le vieux couple franco sénégalais toujours tiraillé entre amour et ressentiment, haine et résilience, et dont le destin, indissolublement coulé dans une matrice linguistique commune, est traversé 6 Koyo Kouoh a été interviewée à plusieurs reprises à Dakar, entre 2011 et 2013, et on a suivi ses activités sur deux ou trois ans, entre autres le colloque tenu à Dakar, en janvier 2012, sur l'état des institutions et centres d'art en Afrique.
Cette recherche eclaire les conditions d'elaboration d'une identite d'artiste et d... more Cette recherche eclaire les conditions d'elaboration d'une identite d'artiste et d'artiste en couple aujourd'hui dans le dommaine des arts plastiques. Delaissant les perspectives usuelles en sociologie de l'art, elle utilise les chemins de la sociologie de la famille, de la conjugalite et des sentiments, afin de montrer de quelle facon le monde prive de l'artiste, depuis les socialisations de l'enfance jusqu'aux negociations des roles domestiques, influe sur l'itineraire l'oeuvre. La construction du sentiment de soi, issu de la confrontation entre les identites objectives et subjectives, introduit au sentiment esthetique et au style. La figure de la "desaffiliation" permet de comprendre les revendications d'autonomie de certains des artistes rencontres. Les modalites du lien au nom propre, l'origine familiale,sociale, et l'appartenance de sexe, ainsi que la vie sentimentale et conjugale, instruisent les transactions i...
International audienceCet article tente de saisir les positionnements idéologiques de la jeune gé... more International audienceCet article tente de saisir les positionnements idéologiques de la jeune génération visée par les attentats de novembre 2015, à Paris, à partir de la polémique créée sur les réseaux sociaux par le hashtag « je suis en terrasse ». Cette polémique est le symptôme d’une crise identitaire que le triple piège instauré par la montée sécuritaire, l’islamophobie et le regain nationaliste a engendrée. Un sous bassement politique conséquent semble manquer à cette riposte. Le mise en perspective avec un autre attentat en Côte d’Ivoire quelques mois plus tard montre la difficulté du microcosme qui fréquente les terrasses de café, à Paris, et s’exprime avec ce hashtag, à envisager le contexte global et politique plus vaste qui a engendré les attentats. La légèreté du hashtag considéré ne révèle-t-elle pas une certaine vacuité face aux enjeux contemporains du monde
article de critique d'art pour "La galerie Africaine" 75004 Pari
Myriam Odile Blin , 2017
Myriam Odile Blin est sociologue de l'art et de la culture, spécialisée dans les arts contemporai... more Myriam Odile Blin est sociologue de l'art et de la culture, spécialisée dans les arts contemporains africains. Maitre de conférences à l'université de Rouen, elle est directrice de la collection « Arts dans la mondialisation », aux PURH, Presses Universitaires de Rouen et du Havre et membre du laboratoire Dysolab ainsi que de l'AISLF. Elle a dirigé l'ouvrage collectif « Arts et cultures d'Afrique, vers une anthropologie solidaire » et participé à l'ouvrages « D'une culture à l'autre, bras de fer et brassages », publié par Michel Houdiard éditeur, en 2017.
L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic ut... more L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic utilisée par Josué Comoe possède une origine biographique que l'artiste explique ainsi : ayant été mannequin pour des maisons de haute couture à Paris, le jeune homme recouvra souvent frénétiquement au bic les images photographiques stéréotypées, hyper sexualisées, dénaturées, que le monde de la mode parisien produisait de son corps, de son visage, souvent éclairci, et qui provoquaient un malaise sourd en lui, malaise qu'il ne savait pas encore expliquer……Avec le temps, ce geste nerveux de recouvrement et dé couvrement d'une autre image à pris tout son sens. Il est aussi devenu une technique artistique maîtrisée. La prise de conscience des miroirs déformants tendus par les fabricants d'images sur papier glacé lui a permis de passer de l'autre côté de la force. L'objet de la représentation, le corps photographié, devient le sujet actif de sa propre mise en image. De modèle passif, noir, et soumis au regard de l'autre, blanc, Josué Comoe devient le créateur de sa propre représentation : Il choisit le métier d'artiste, après un bref passage par l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. Le miroir s'inverse. Du négatif est né un positif. Josué Comoe se réapproprie ses gestes, son image et son âme. Il propose aussi des portraits de personnes noires, hommes ou femmes, qu'il refonde dans une matrice commune. Il participe ainsi d'un courant artistique qui a désormais une histoire. C'est celle des artistes africains ou afro descendants qui investissent l'espace de l'expression plastique du portrait pour renverser les standards de la domination esthétique exercée par la civilisation occidentale, sur l'Afrique, maîtresse alors des images de l'autre. On pourrait commencer par exemple avec J.D. Okhai, nigérian, mort à plus de 80 ans en 2014, et qui a réalisé des portraits de femmes africaines, de dos. Il a ainsi photographié les coiffures des nigérianes en noir et blanc en magnifiant leur élégance, leur diversité et leur raffinement. Thenjiwe Niki Nkosi, née à New York en 1980, vit en Afrique du Sud désormais. Dans sa série «Heroes », elle réalise des portraits peints, de facture assez simple, aux figures sereines faites d'aplats de couleurs. Il s'agit de personnages noirs, sud africains, ayant participé aux luttes anti apartheid ou de libération des femmes et qui par leur courage peuvent être qualifiés de héros….On est loin de l'image du noir, esclave, paria ou primitif : dignité retrouvée
texte de présentation de l'exposition de l'artiste à Maëlle galerie, Paris
I Introduction : Demba et Dupont, le partage colonial. La socio-anthropologie de l'art et de la c... more I Introduction : Demba et Dupont, le partage colonial. La socio-anthropologie de l'art et de la culture permet d'éclairer de façon pertinente des processus sociaux associés à la construction de l'âge post colonial ou post moderne dans toutes ses dimensions fluctuantes. La dimension symbolique explorée par exemple dans les oeuvres d'art, de culture, et patrimoniales aide à comprendre l'évolution des relations entre ex colonisés et ex colonisateurs à l'âge post moderne. S'intéresser au patrimoine bâti commémoriel, et en l'occurrence à la statue de Demba et Dupont à Dakar, permet d'entrer au coeur d'un débat inachevé : celui qui concerne la construction conjointe d'une histoire, d'une mémoire et d'une actualité partagées avant pendant et après la colonie. La statuaire commémorative a, dans un pays tel que la France, essaimé aussi bien dans les petits villages ruraux que sur les places Elyséennes. Mais cette catégorie patrimoniale possède un statut particulier dans l'imaginaire urbain de Dakar. L'un des effets du colonialisme fût d'introduire de tels monuments commémoratifs dans des régions du monde traditionnellement peu familières de ce type de constructions. Au-delà de la dimension matérielle et artistique de cette statuaire académique, émerge une autre dimension du patrimoine et de l'histoire, la dimension mémorielle. Celle ci allie la force du souvenir autant que de l'oubli dans la construction de la conscience collective. En effet, l'histoire de certains de ces monuments rappelle combien une histoire commune, l'histoire coloniale, selon la culture et la nation à partir de laquelle elle est appréhendée et la tradition dans laquelle elle est commémorée, demeure une donnée subjective, sujette à réinterprétations, redécouvertes, oublis et polémiques. Le destin de la statue de Demba et Dupont, à Dakar, propose des variations de sens, à l'âge post colonial, selon les locuteurs, les époques, l'évolution des 1 mentalités officielles aussi bien que des opinions populaires à l'égard d'un passé qui ne cesse d'interroger le présent le plus immédiat.
Global Networks of Video, 2012
Les codes vestimentaires marquent l’identité féminine comme ils marquent parfois l’appartenance ... more Les codes vestimentaires marquent l’identité féminine comme ils marquent parfois l’appartenance religieuse et culturelle. Lieu de métissage culturel, le vêtement peut aussi communiquer un message de stricte observance de la tradition ou d’innovation relative. Il s’agira, avec cette communication, de montrer comment des femmes, juives ou musulmanes, en situation de migration, depuis l’Afrique (Sénégal ou Maroc) vers la France, trouvent, grâce au vêtement, une façon originale de marquer leur appartenance à une communauté et leur identité religieuse personnelle ou de cacher celle-ci. L’effet des générations et de l’histoire, le poids de la communauté, les normes sociales dominantes, mais également l’évolution des croyances en itinéraire de migration modifient l’apparence vestimentaire, ostentatoire ou discrète, traditionnelle ou non conventionnelle, qui devient l’affichage du lien entre identité pour soi et identité pour autrui. Peut-on, dans ce cadre, trouver des similitudes ou des différences significatives entre femmes musulmanes et juives dans la façon d’habiter le vêtement traditionnel et le rapport aux modes du temps, lorsque la migration vers le pays étranger impose aussi ses lois ?
Les observations de terrain et entretiens menés auprès de femmes d’origine sénégalaise musulmane ou marocaine sépharade immigrées en France depuis une ou deux générations sont reliées à une réflexion théorique sur le phénomène migratoire observé au sein de populations féminines parfois stigmatisées, parfois idéalisées, selon le contexte de valeurs à partir duquel on les appréhende et le type de société qui les accueille. Mais ils permettent aussi d’aborder une des façons dont un modèle de société qui fonctionne à l’intégration, celui de la société française, valorise, exacerbe ou stigmatise les différences. La polémique sur ce qu’on appelle un peu rapidement “le voile” a cristallisé en France des ressentiments intercommunautaires en rupture avec les traditions de l’accueil et du respect de l’autre. Comment, dans ce contexte particulier, le vivre ensemble trouve-t-il malgré tout sa voie, et la différence, ici appréhendée à partir du vêtement, est-elle négociée par les uns et les autres ?
L’exposé proposé tentera d’explorer certaines des limites du modèle d’intégration à la française, souvent opposé au modèle anglo-saxon, dans le contexte d’une société plurielle soumise à plus qu’une crise de croissance : des formes de radicalisation politique mettent à mal le vivre ensemble inter communautaire. Il s’agit donc d’éclairer à partir d’un phénomène social bien circonscrit, l’habitus vestimentaire, pour reprendre une terminologie bourdieusienne, et en l’occurrence le vêtement religieux des femmes, un état du collectif, pris entre le marteau et l’enclume. : entre le radicalisme laïc et le radicalisme commnuautaire, quelle place se forge ou se défait pour une société tolérante et ouverte, forte de sa diversité ?
Les évolutions de services que propose la téléphonie mobile ont permis l'émergence d'usages de mi... more Les évolutions de services que propose la téléphonie mobile ont permis l'émergence d'usages de micro caméras en des lieux divers et en toute discrétion. La portabilité et la miniaturisation des outils d'enregistrement vidéo associés aux portables permettent désormais la réalisation de films documentaires ou d'art dans des circonstances variées et parfois improbables. Plusieurs exploitations sociales de ces nouvelles possibilités offertes par les téléphones mobiles ont ainsi vu le jour avec un journalisme amateur en temps de crise ou de censure et un art moyen de la vidéo accessible aux petits budgets. Mobilité, éphémérité et instantanéité des images et des sons n'invalident pas leur valeur de document. Aisément exportables et diffusables, ces nouveaux documents audio visuels réalisés grâce au téléphone mobile produisent également leurs réseaux d'échanges et de partages. On connaît l'efficacité de ces procédés dans les moments de conflit social tels que les printemps arabes en Afrique du Nord. L'étude de cas de quelques situations africaines avec le Sénégal, le Maroc et l'Egypte permettra de distinguer quelles modalités nouvelles de la communication que ces usages développent, agendas culturels, mobile cinéma, journalisme amateur. Une esthétique de la communication propre à la jeunesse, toujours avide de médias rapides et légers s'élabore peut-être avec ces pratiques disséminées en différentes parties du monde. La relative facilité et le coût réduit de ces nouvelles pratiques provoquent-elles une esthétique singulière ou les mêmes discours esthétique et journalistique se répètent-ils ici ? Les modalités de traitement, transport et diffusion des informations modifient-elles la donne pour créer une autre esthétique de la communication, plus citoyenne et peu attirée par les sirènes des formes de commercialisation usuelles ? Cet art moyen médiatico-esthétique, lié au téléphone mobile, concerne-t-il seulement l'Afrique ou-bien les jeunes européens connaissent-ils des pratiques équivalentes ? Comparer, toutes choses égales par ailleurs, la situation de ces usages du téléphone mobile au Maroc, au Sénégal ou en Egypte avec quelques situations françaises permet de mettre en avant la singularité des pratiques médiatico-esthétiques du téléphone mobile en Afrique mais aussi de distinguer les prémisses d'une culture de la jeunesse qui fait fi des frontières culturelles.
A propos du traitement des déchets et de ses conséquences dans des parties du monde aux modalité... more A propos du traitement des déchets et de ses conséquences dans des parties du monde aux modalités économiques distinctes...pour réfléchir à notre fausse bonne conscience écologiste
Books by Myriam Odile BLin
in Françoise Richer Rossi, D'une culture à l'autre, bras de fer et brassages, Paris , Michel Houd... more in Françoise Richer Rossi, D'une culture à l'autre, bras de fer et brassages, Paris , Michel Houdiard, 2017.
Drafts by Myriam Odile BLin
L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic ut... more L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic utilisée par Josué Comoe possède une origine biographique que l'artiste explique ainsi : ayant été mannequin pour des maisons de haute couture à Paris, le jeune homme recouvra souvent frénétiquement au bic les images photographiques stéréotypées, hyper sexualisées, dénaturées, que le monde de la mode parisien produisait de son corps, de son visage, souvent éclairci, et qui provoquaient un malaise sourd en lui, malaise qu'il ne savait pas encore expliquer……Avec le temps, ce geste nerveux de recouvrement et dé couvrement d'une autre image à pris tout son sens. Il est aussi devenu une technique artistique maîtrisée. La prise de conscience des miroirs déformants tendus par les fabricants d'images sur papier glacé lui a permis de passer de l'autre côté de la force. L'objet de la représentation, le corps photographié, devient le sujet actif de sa propre mise en image. De modèle passif, noir, et soumis au regard de l'autre, blanc, Josué Comoe devient le créateur de sa propre représentation : Il choisit le métier d'artiste, après un bref passage par l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. Le miroir s'inverse. Du négatif est né un positif. Josué Comoe se réapproprie ses gestes, son image et son âme. Il propose aussi des portraits de personnes noires, hommes ou femmes, qu'il refonde dans une matrice commune. Il participe ainsi d'un courant artistique qui a désormais une histoire. C'est celle des artistes africains ou afro descendants qui investissent l'espace de l'expression plastique du portrait pour renverser les standards de la domination esthétique exercée par la civilisation occidentale, sur l'Afrique, maîtresse alors des images de l'autre. On pourrait commencer par exemple avec J.D. Okhai, nigérian, mort à plus de 80 ans en 2014, et qui a réalisé des portraits de femmes africaines, de dos. Il a ainsi photographié les coiffures des nigérianes en noir et blanc en magnifiant leur élégance, leur diversité et leur raffinement. Thenjiwe Niki Nkosi, née à New York en 1980, vit en Afrique du Sud désormais. Dans sa série «Heroes », elle réalise des portraits peints, de facture assez simple, aux figures sereines faites d'aplats de couleurs. Il s'agit de personnages noirs, sud africains, ayant participé aux luttes anti apartheid ou de libération des femmes et qui par leur courage peuvent être qualifiés de héros….On est loin de l'image du noir, esclave, paria ou primitif : dignité retrouvée
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Nov 1, 2016
International audienc
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Nov 15, 2016
L'invisible habit, Codes vestimentaires, féminité et périphéries républicaines «… « Alors dit Muâ... more L'invisible habit, Codes vestimentaires, féminité et périphéries républicaines «… « Alors dit Muâdh, j'utiliserai le raisonnement en toute liberté pour former ma propre opinion » » Souleymane Bachir Diagne, Bergson post colonial Le langage du vêtement La signification culturelle et symbolique des vêtements mérite une attention particulière : quelle stratégie des apparences mettent-ils en oeuvre ? Le rapport au vêtement, comme signe d'appartenance religieuse ou culturelle, varie selon les communautés, les aléas de l'histoire, qui imprime sa marque sur les corps et leurs parures, et la position occupée au sein d'une entité nationale, position centrale ou périphérique 1. Associer dans un même exposé deux études de cas, celle de jeunes musulmanes sénégalaises récemment arrivées en France et de femmes séfarades d'âge mûr installées depuis plus longtemps sur ce même territoire et dont les parents ont vécu en Afrique du Nord, permet de faire ressortir certains des paramètres qui déterminent ce rapport aux normes vestimentaires dominantes d'allégeance ou de dissemblance. 2 Ceci incline également à resituer ce que l'on a appelé l'affaire du « foulard islamique », en France, dans un autre débat, qui concerne la difficile définition d'un socle historique commun pour l'aventure républicaine française parée de sa laïcité depuis 1789, et enrichie de l'apport de nombreuses populations migrantes au fil du temps. A l'approche de la question vestimentaire dans ces deux populations et des débats qu'elle succite, succèdera donc un bref exposé de cette histoire républicaine assimilationniste en prise avec la diversité de ses mémoires et de ses communautés. Ces femmes, en épousant certains habitus vestimentaires, manifestent en effet le poids de l'histoire, celle de la relation entre des communautés, de départ et d'arrivée, qui distingua, dans le passé, des indigènes, ou colonisés, « les autres» et « nous », celle aussi de la communauté nationale, et de ses inclusions et exclusions contemporaines. Comment communauté d'appartenance et de référence se mêlent-elles ou s'opposent-elles alors dans les choix vestimentaires ? Le rapport au vêtement des femmes considérées dépend donc de plusieurs paramètres qui ne sont pas seulement d'ordre religieux : 1-le type d'intégration, centrale ou périphérique, et de citoyenneté pratiquées dans la société d'arrivée, 11 Lianos Michalis, « Je est un autre. La république et ses Sisyphes » in Lianos Michalis dir. Insécurité et altérité. Centre et périphérie de la République, Paris, Res publica scientia mundi, Collection mondes sociaux, Paris, 2013 2 On a rencontré et fait des entretiens avec trois sénégalaises bac+5 en voie de professionnalisation âgées de 26 à 29 ans, venues en France pour leurs études. Deux portent le voile, la troisième le fait seulement épisodiquement afin de ne pas compromettre ses chances d'intégration professionnelle. L'une des deux femmes voilées est finalement repartie en Afrique, au Mali, faute de trouver un emploi en France. On a réalisé également des entretiens avec trois femmes séfarades ayant entre 45 et 50 ans et dont les parents ont émigré depuis l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Elles ont montré des photos de famille. L'une est pratiquante traditionnaliste, la seconde pratiquante épisodique, la troisième également. Aucune n'a conservé de coutumes vestimentaires juives mais toutes ont fait un mariage religieux juif et mangent cacher. L'une d'elles a une amie qui porte la perruque conformément à la tradition, parce que, dit-elle ,elle enseigne dans une école juive. Les questions ont porté sur la condition de femme, la religion, la laïcité, la société française et la société d'origine, le respect des traditions, les évolutions dans la famille et la recherche d'emploi.
Anciens et nouveaux commerces triangulaires « J'écris en présence de toutes les langues du monde ... more Anciens et nouveaux commerces triangulaires « J'écris en présence de toutes les langues du monde » Edouard Glissant « Je suis africain. Pour moi l'Afrique est le centre du monde. Les Etats Unis, l'Europe, c'est la périphérie pour moi. » Oumane Sembène 1 1-Introduction : du post colonial à la mondialisation La réflexion offerte ici propose une description des déplacements des rapports de force, des rapports de sens et des rapports de langues que la culture sénégalaise dans ses relations avec la France connaît depuis quelques années. Elle prend en compte à la fois le rapport horizontal de rivalité entre les pouvoirs post coloniaux et celui, vertical, de la domination coloniale et post coloniale. Ces mutations signalent le déclin de l' « empire français », en Afrique, et l'importance de plus en plus grande de l'influence américaine dans ce contexte. La culture et la politique suivent ici le même chemin. Ce déclin est à intégrer dans celui de la vieille Europe que Raphaël Liogier décrit en ces termes « le continent européen …est destitué par son propre universalisme, voué à redevenir une partie du globe comme les autres et peut-être moins importante que certaines autres… » 2. De nouveaux modèles de pensée, afropolitanisme 3 , panafricanisme transnational, « imperial history », co-colonialismes 4 , concurrencent les anciens paradigmes de la négritude aussi bien que des « post colonial studies ». Réfléchir les situations culturelles en Afrique de l'Ouest francophone et en particulier au Sénégal 5 , au prisme du trans-colonial et de la mondialisation, constitue donc l'un des enjeux de ces propos. Ceci oblige à considérer différemment le vieux couple franco sénégalais toujours tiraillé entre amour et ressentiment, haine et résilience, et dont le destin, indissolublement coulé dans une matrice linguistique commune, est traversé 6 Koyo Kouoh a été interviewée à plusieurs reprises à Dakar, entre 2011 et 2013, et on a suivi ses activités sur deux ou trois ans, entre autres le colloque tenu à Dakar, en janvier 2012, sur l'état des institutions et centres d'art en Afrique.
Cette recherche eclaire les conditions d'elaboration d'une identite d'artiste et d... more Cette recherche eclaire les conditions d'elaboration d'une identite d'artiste et d'artiste en couple aujourd'hui dans le dommaine des arts plastiques. Delaissant les perspectives usuelles en sociologie de l'art, elle utilise les chemins de la sociologie de la famille, de la conjugalite et des sentiments, afin de montrer de quelle facon le monde prive de l'artiste, depuis les socialisations de l'enfance jusqu'aux negociations des roles domestiques, influe sur l'itineraire l'oeuvre. La construction du sentiment de soi, issu de la confrontation entre les identites objectives et subjectives, introduit au sentiment esthetique et au style. La figure de la "desaffiliation" permet de comprendre les revendications d'autonomie de certains des artistes rencontres. Les modalites du lien au nom propre, l'origine familiale,sociale, et l'appartenance de sexe, ainsi que la vie sentimentale et conjugale, instruisent les transactions i...
International audienceCet article tente de saisir les positionnements idéologiques de la jeune gé... more International audienceCet article tente de saisir les positionnements idéologiques de la jeune génération visée par les attentats de novembre 2015, à Paris, à partir de la polémique créée sur les réseaux sociaux par le hashtag « je suis en terrasse ». Cette polémique est le symptôme d’une crise identitaire que le triple piège instauré par la montée sécuritaire, l’islamophobie et le regain nationaliste a engendrée. Un sous bassement politique conséquent semble manquer à cette riposte. Le mise en perspective avec un autre attentat en Côte d’Ivoire quelques mois plus tard montre la difficulté du microcosme qui fréquente les terrasses de café, à Paris, et s’exprime avec ce hashtag, à envisager le contexte global et politique plus vaste qui a engendré les attentats. La légèreté du hashtag considéré ne révèle-t-elle pas une certaine vacuité face aux enjeux contemporains du monde
article de critique d'art pour "La galerie Africaine" 75004 Pari
Myriam Odile Blin , 2017
Myriam Odile Blin est sociologue de l'art et de la culture, spécialisée dans les arts contemporai... more Myriam Odile Blin est sociologue de l'art et de la culture, spécialisée dans les arts contemporains africains. Maitre de conférences à l'université de Rouen, elle est directrice de la collection « Arts dans la mondialisation », aux PURH, Presses Universitaires de Rouen et du Havre et membre du laboratoire Dysolab ainsi que de l'AISLF. Elle a dirigé l'ouvrage collectif « Arts et cultures d'Afrique, vers une anthropologie solidaire » et participé à l'ouvrages « D'une culture à l'autre, bras de fer et brassages », publié par Michel Houdiard éditeur, en 2017.
L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic ut... more L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic utilisée par Josué Comoe possède une origine biographique que l'artiste explique ainsi : ayant été mannequin pour des maisons de haute couture à Paris, le jeune homme recouvra souvent frénétiquement au bic les images photographiques stéréotypées, hyper sexualisées, dénaturées, que le monde de la mode parisien produisait de son corps, de son visage, souvent éclairci, et qui provoquaient un malaise sourd en lui, malaise qu'il ne savait pas encore expliquer……Avec le temps, ce geste nerveux de recouvrement et dé couvrement d'une autre image à pris tout son sens. Il est aussi devenu une technique artistique maîtrisée. La prise de conscience des miroirs déformants tendus par les fabricants d'images sur papier glacé lui a permis de passer de l'autre côté de la force. L'objet de la représentation, le corps photographié, devient le sujet actif de sa propre mise en image. De modèle passif, noir, et soumis au regard de l'autre, blanc, Josué Comoe devient le créateur de sa propre représentation : Il choisit le métier d'artiste, après un bref passage par l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. Le miroir s'inverse. Du négatif est né un positif. Josué Comoe se réapproprie ses gestes, son image et son âme. Il propose aussi des portraits de personnes noires, hommes ou femmes, qu'il refonde dans une matrice commune. Il participe ainsi d'un courant artistique qui a désormais une histoire. C'est celle des artistes africains ou afro descendants qui investissent l'espace de l'expression plastique du portrait pour renverser les standards de la domination esthétique exercée par la civilisation occidentale, sur l'Afrique, maîtresse alors des images de l'autre. On pourrait commencer par exemple avec J.D. Okhai, nigérian, mort à plus de 80 ans en 2014, et qui a réalisé des portraits de femmes africaines, de dos. Il a ainsi photographié les coiffures des nigérianes en noir et blanc en magnifiant leur élégance, leur diversité et leur raffinement. Thenjiwe Niki Nkosi, née à New York en 1980, vit en Afrique du Sud désormais. Dans sa série «Heroes », elle réalise des portraits peints, de facture assez simple, aux figures sereines faites d'aplats de couleurs. Il s'agit de personnages noirs, sud africains, ayant participé aux luttes anti apartheid ou de libération des femmes et qui par leur courage peuvent être qualifiés de héros….On est loin de l'image du noir, esclave, paria ou primitif : dignité retrouvée
texte de présentation de l'exposition de l'artiste à Maëlle galerie, Paris
I Introduction : Demba et Dupont, le partage colonial. La socio-anthropologie de l'art et de la c... more I Introduction : Demba et Dupont, le partage colonial. La socio-anthropologie de l'art et de la culture permet d'éclairer de façon pertinente des processus sociaux associés à la construction de l'âge post colonial ou post moderne dans toutes ses dimensions fluctuantes. La dimension symbolique explorée par exemple dans les oeuvres d'art, de culture, et patrimoniales aide à comprendre l'évolution des relations entre ex colonisés et ex colonisateurs à l'âge post moderne. S'intéresser au patrimoine bâti commémoriel, et en l'occurrence à la statue de Demba et Dupont à Dakar, permet d'entrer au coeur d'un débat inachevé : celui qui concerne la construction conjointe d'une histoire, d'une mémoire et d'une actualité partagées avant pendant et après la colonie. La statuaire commémorative a, dans un pays tel que la France, essaimé aussi bien dans les petits villages ruraux que sur les places Elyséennes. Mais cette catégorie patrimoniale possède un statut particulier dans l'imaginaire urbain de Dakar. L'un des effets du colonialisme fût d'introduire de tels monuments commémoratifs dans des régions du monde traditionnellement peu familières de ce type de constructions. Au-delà de la dimension matérielle et artistique de cette statuaire académique, émerge une autre dimension du patrimoine et de l'histoire, la dimension mémorielle. Celle ci allie la force du souvenir autant que de l'oubli dans la construction de la conscience collective. En effet, l'histoire de certains de ces monuments rappelle combien une histoire commune, l'histoire coloniale, selon la culture et la nation à partir de laquelle elle est appréhendée et la tradition dans laquelle elle est commémorée, demeure une donnée subjective, sujette à réinterprétations, redécouvertes, oublis et polémiques. Le destin de la statue de Demba et Dupont, à Dakar, propose des variations de sens, à l'âge post colonial, selon les locuteurs, les époques, l'évolution des 1 mentalités officielles aussi bien que des opinions populaires à l'égard d'un passé qui ne cesse d'interroger le présent le plus immédiat.
Global Networks of Video, 2012
Les codes vestimentaires marquent l’identité féminine comme ils marquent parfois l’appartenance ... more Les codes vestimentaires marquent l’identité féminine comme ils marquent parfois l’appartenance religieuse et culturelle. Lieu de métissage culturel, le vêtement peut aussi communiquer un message de stricte observance de la tradition ou d’innovation relative. Il s’agira, avec cette communication, de montrer comment des femmes, juives ou musulmanes, en situation de migration, depuis l’Afrique (Sénégal ou Maroc) vers la France, trouvent, grâce au vêtement, une façon originale de marquer leur appartenance à une communauté et leur identité religieuse personnelle ou de cacher celle-ci. L’effet des générations et de l’histoire, le poids de la communauté, les normes sociales dominantes, mais également l’évolution des croyances en itinéraire de migration modifient l’apparence vestimentaire, ostentatoire ou discrète, traditionnelle ou non conventionnelle, qui devient l’affichage du lien entre identité pour soi et identité pour autrui. Peut-on, dans ce cadre, trouver des similitudes ou des différences significatives entre femmes musulmanes et juives dans la façon d’habiter le vêtement traditionnel et le rapport aux modes du temps, lorsque la migration vers le pays étranger impose aussi ses lois ?
Les observations de terrain et entretiens menés auprès de femmes d’origine sénégalaise musulmane ou marocaine sépharade immigrées en France depuis une ou deux générations sont reliées à une réflexion théorique sur le phénomène migratoire observé au sein de populations féminines parfois stigmatisées, parfois idéalisées, selon le contexte de valeurs à partir duquel on les appréhende et le type de société qui les accueille. Mais ils permettent aussi d’aborder une des façons dont un modèle de société qui fonctionne à l’intégration, celui de la société française, valorise, exacerbe ou stigmatise les différences. La polémique sur ce qu’on appelle un peu rapidement “le voile” a cristallisé en France des ressentiments intercommunautaires en rupture avec les traditions de l’accueil et du respect de l’autre. Comment, dans ce contexte particulier, le vivre ensemble trouve-t-il malgré tout sa voie, et la différence, ici appréhendée à partir du vêtement, est-elle négociée par les uns et les autres ?
L’exposé proposé tentera d’explorer certaines des limites du modèle d’intégration à la française, souvent opposé au modèle anglo-saxon, dans le contexte d’une société plurielle soumise à plus qu’une crise de croissance : des formes de radicalisation politique mettent à mal le vivre ensemble inter communautaire. Il s’agit donc d’éclairer à partir d’un phénomène social bien circonscrit, l’habitus vestimentaire, pour reprendre une terminologie bourdieusienne, et en l’occurrence le vêtement religieux des femmes, un état du collectif, pris entre le marteau et l’enclume. : entre le radicalisme laïc et le radicalisme commnuautaire, quelle place se forge ou se défait pour une société tolérante et ouverte, forte de sa diversité ?
Les évolutions de services que propose la téléphonie mobile ont permis l'émergence d'usages de mi... more Les évolutions de services que propose la téléphonie mobile ont permis l'émergence d'usages de micro caméras en des lieux divers et en toute discrétion. La portabilité et la miniaturisation des outils d'enregistrement vidéo associés aux portables permettent désormais la réalisation de films documentaires ou d'art dans des circonstances variées et parfois improbables. Plusieurs exploitations sociales de ces nouvelles possibilités offertes par les téléphones mobiles ont ainsi vu le jour avec un journalisme amateur en temps de crise ou de censure et un art moyen de la vidéo accessible aux petits budgets. Mobilité, éphémérité et instantanéité des images et des sons n'invalident pas leur valeur de document. Aisément exportables et diffusables, ces nouveaux documents audio visuels réalisés grâce au téléphone mobile produisent également leurs réseaux d'échanges et de partages. On connaît l'efficacité de ces procédés dans les moments de conflit social tels que les printemps arabes en Afrique du Nord. L'étude de cas de quelques situations africaines avec le Sénégal, le Maroc et l'Egypte permettra de distinguer quelles modalités nouvelles de la communication que ces usages développent, agendas culturels, mobile cinéma, journalisme amateur. Une esthétique de la communication propre à la jeunesse, toujours avide de médias rapides et légers s'élabore peut-être avec ces pratiques disséminées en différentes parties du monde. La relative facilité et le coût réduit de ces nouvelles pratiques provoquent-elles une esthétique singulière ou les mêmes discours esthétique et journalistique se répètent-ils ici ? Les modalités de traitement, transport et diffusion des informations modifient-elles la donne pour créer une autre esthétique de la communication, plus citoyenne et peu attirée par les sirènes des formes de commercialisation usuelles ? Cet art moyen médiatico-esthétique, lié au téléphone mobile, concerne-t-il seulement l'Afrique ou-bien les jeunes européens connaissent-ils des pratiques équivalentes ? Comparer, toutes choses égales par ailleurs, la situation de ces usages du téléphone mobile au Maroc, au Sénégal ou en Egypte avec quelques situations françaises permet de mettre en avant la singularité des pratiques médiatico-esthétiques du téléphone mobile en Afrique mais aussi de distinguer les prémisses d'une culture de la jeunesse qui fait fi des frontières culturelles.
A propos du traitement des déchets et de ses conséquences dans des parties du monde aux modalité... more A propos du traitement des déchets et de ses conséquences dans des parties du monde aux modalités économiques distinctes...pour réfléchir à notre fausse bonne conscience écologiste
in Françoise Richer Rossi, D'une culture à l'autre, bras de fer et brassages, Paris , Michel Houd... more in Françoise Richer Rossi, D'une culture à l'autre, bras de fer et brassages, Paris , Michel Houdiard, 2017.
L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic ut... more L'art du portrait de Josué Comoe , « Soi même comme un autre » La technique du portrait au bic utilisée par Josué Comoe possède une origine biographique que l'artiste explique ainsi : ayant été mannequin pour des maisons de haute couture à Paris, le jeune homme recouvra souvent frénétiquement au bic les images photographiques stéréotypées, hyper sexualisées, dénaturées, que le monde de la mode parisien produisait de son corps, de son visage, souvent éclairci, et qui provoquaient un malaise sourd en lui, malaise qu'il ne savait pas encore expliquer……Avec le temps, ce geste nerveux de recouvrement et dé couvrement d'une autre image à pris tout son sens. Il est aussi devenu une technique artistique maîtrisée. La prise de conscience des miroirs déformants tendus par les fabricants d'images sur papier glacé lui a permis de passer de l'autre côté de la force. L'objet de la représentation, le corps photographié, devient le sujet actif de sa propre mise en image. De modèle passif, noir, et soumis au regard de l'autre, blanc, Josué Comoe devient le créateur de sa propre représentation : Il choisit le métier d'artiste, après un bref passage par l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Paris. Le miroir s'inverse. Du négatif est né un positif. Josué Comoe se réapproprie ses gestes, son image et son âme. Il propose aussi des portraits de personnes noires, hommes ou femmes, qu'il refonde dans une matrice commune. Il participe ainsi d'un courant artistique qui a désormais une histoire. C'est celle des artistes africains ou afro descendants qui investissent l'espace de l'expression plastique du portrait pour renverser les standards de la domination esthétique exercée par la civilisation occidentale, sur l'Afrique, maîtresse alors des images de l'autre. On pourrait commencer par exemple avec J.D. Okhai, nigérian, mort à plus de 80 ans en 2014, et qui a réalisé des portraits de femmes africaines, de dos. Il a ainsi photographié les coiffures des nigérianes en noir et blanc en magnifiant leur élégance, leur diversité et leur raffinement. Thenjiwe Niki Nkosi, née à New York en 1980, vit en Afrique du Sud désormais. Dans sa série «Heroes », elle réalise des portraits peints, de facture assez simple, aux figures sereines faites d'aplats de couleurs. Il s'agit de personnages noirs, sud africains, ayant participé aux luttes anti apartheid ou de libération des femmes et qui par leur courage peuvent être qualifiés de héros….On est loin de l'image du noir, esclave, paria ou primitif : dignité retrouvée