Florent Schmitt | Université Lumière Lyon 2 (original) (raw)

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Papers by Florent Schmitt

Research paper thumbnail of La dualisation du travail social dans une petite ville : l'exemple de la responsabilisation aux risques chez les usager·e·s de drogues

École Thématique de l'EHESS Marseille, 2019

Depuis la fin des années 1980, des travailleur·se·s social·e·s œuvrant dans les dispositifs médic... more Depuis la fin des années 1980, des travailleur·se·s social·e·s œuvrant dans les dispositifs médico-sociaux réservés aux usager·e·s de drogues mène un travail de responsabilisation vis-à-vis des risques auprès de leur public, notamment en leur distribuant du matériel de consommation stérile et en les incitant à se conformer à des normes de santé publique. Ce type de travail a été jusqu'ici été analysé exclusivement au sein de terrains d'enquêtes circonscrits aux grandes villes. Cette communication se propose alors d’analyser ce travail de responsabilisation accompli par les travailleur·se·s social·e·s auprès des usager·e·s de drogues, mais en déplaçant cette fois le regard dans une petite ville française éloignée des grands centres urbains. Il s’agira de saisir dans quelles mesures les spécificités sociales et spatiales propres à un tel espace géographique jouent sur la construction et la portée de cette forme de régulation des conduites.

Research paper thumbnail of Une gouvernementalité limitée des corps 	  L’appropriation différenciée des règles de prévention chez les usagers/ères de drogues par voie intraveineuse.

Depuis la fin des années 1980, une politique dite de « réduction des risques liés à l’usage de dr... more Depuis la fin des années 1980, une politique dite de « réduction des risques liés à l’usage de drogues » (RdR) a vu le jour en France dans l’objectif de limiter les infections virales (VIH et hépatite C notamment), les contaminations bactériennes et les overdoses liées à la pratique de l’injection de substances psychoactives. Cette politique s’est notamment traduite par l’ouverture d’établissements médico-sociaux ayant, entre autres missions, de délivrer gratuitement du matériel d’injection stérile et de diffuser un ensemble de règles de prévention issues des savoirs médicaux. Cette forme de gouvernement des corps, propre aux politiques de santé publique contemporaines reposant sur la responsabilisation des individus vis-à-vis de leur santé (voir par exemple Bellerose, Quirion, 2007 ; Bergeron, 1999 ; Jauffret-Roustide, 2009 et Moore, Fraser, 2006), sera l’objet de notre communication. Nous nous intéresserons aux effets de ce mode de gouvernement sur les pratiques de consommation des usagers de drogues. Il s’agira de se demander pourquoi les usagers de drogues injecteurs n’appliquent pas de la même façon les règles de préventions promues par ces établissements médico-sociaux alors qu’ils en ont une même connaissance et qu’ils ont accès aux mêmes outils de consommation.

Pour y répondre, nous nous appuierons sur des extraits de matériaux empiriques (observations ethnographiques, photographies et entretiens) récolés à l’occasion d’une enquête de terrain menée auprès de 40 usagers de drogues injecteurs dans le cadre d’une thèse de sociologie. Nous montrerons que ces usagers présentent trois formes d’appropriations différentes des règles de prévention en fonction de leur capital économique, de la densité et de la variété de leurs liens sociaux. La première forme d’appropriation, que nous nommons « doctrinaire », correspond à une mise en pratique minutieuse des règles de prévention et se retrouve chez des usagers disposant d’un logement, souvent d’un emploi, mais aussi d’un cercle de fréquentation de personnes « non-consommatrices ». La seconde forme, que nous appelons l’« appropriation sélective », révèle d’une mise en œuvre critique et partielle des règles de prévention, et se manifeste chez les usagers précaires qui ne disposent pas toujours d’un espace privé pour consommer. La troisième forme est celle que nous nommons l’« appropriation contradictoire », car consistant en une adhésion aux règles de prévention, mais par leurs applications décalées. Cette forme-ci se retrouve aussi bien chez des usagers disposant d’un espace privé ou vivant sur l’espace public, mais dont le point commun est de rechercher des formes de défonces radicales, fleuretant souvent avec l’overdose, en raison d’un fort isolement social et de perspectives très faibles de retrouver un travail. À l’issue de cette exposé, nous pourrons en conclure que la politique de RdR apparait comme une forme de « gouvernementalité limitée » des corps dans la mesure où son mode d’action réduit inégalement les risques liés à l’usage de drogues faute d’agir en synergie avec des politiques s’attaquant directement aux déterminismes sociaux et économiques.

Research paper thumbnail of (avec Maïa Neff) Le traitement institutionnel des femmes enceintes en établissements de soins et de réduction des risques

Comment les femmes enceintes sont-elles prises en charge dans les établissements médico-sociaux d... more Comment les femmes enceintes sont-elles prises en charge dans les établissements médico-sociaux de réduction des risques (RdR) - CSAPA et CAARUD ? Cette étude de cas montre que les pratiques et les discours des professionnel·le·s intervenants dans ces structures opèrent un réajustement genrée des principes de RdR lors des périodes de grossesse des femmes usagères de drogues. La temporalité de l'accompagnement imposée par la grossesse (opposé à l’adaptation au « rythme de l’usager.e »), le type de normes mobilisées et le déploiement de formes de coercition (opposé à la "libre adhésion" de l'usager.e) constituent les différents indicateurs de ces réajustements. La grossesse des femmes usagères de drogues apparait ainsi comme une circonstance favorisant un traitement institutionnel spécifique qui peut venir renforcer la division sexuée des rôles.

Research paper thumbnail of Résumé de la thèse (décembre 2018)

Ethnographie multi-située de la politique de « réduction des risques » et de ses effets À la croi... more Ethnographie multi-située de la politique de « réduction des risques » et de ses effets À la croisée de la sociologie des relations de service et de la santé, ma recherche de thèse porte sur les modes d'organisation et les effets de la politique dite « de réduction des risques liés à l'usage de drogues » (RdR). Cette politique, progressivement née en France à partir de la fin des années 1980, se donne notamment pour objectif de limiter les infections virales (VIH et hépatite C notamment), les contaminations bactériennes et les overdoses liées à la consommation de substances psychoactives par injection et par inhalation de crack. Dans cette optique, près de 130 d'établissements médico-sociaux spécialisés ont ouvert leurs portes pour accomplir, entre autres missions, la délivrance gratuite de matériel de consommation stérile (seringue, pipe à crack, paille pour le snif…) et la sensibilisation à un ensemble de règles de prévention issues des savoirs biomédicaux. Ce sera ainsi à cette forme d'intervention, fondée sur la responsabilisation des individus vis-à-vis de leur santé, que nous nous intéresserons dans notre thèse.

Research paper thumbnail of Gouverner par autocontrôles ? La réduction des risques auprès des usagers de drogues

Terrains et Travaux, 2018

Cet article propose une analyse du travail de prévention mené par les professionnels œuvrant dan... more Cet article propose une analyse du travail de prévention mené par les professionnels œuvrant dans des établissements de « réduction des risques » pour usagers de drogues. Ce travail consiste à vérifier si ceux-ci mettent bien en pratique un certain nombre de règles de prévention puis à les y inciter, notamment en vue de limiter les risques sanitaires liés à l’injection. Si certaines analyses y ont vu une forme de discipline des corps au sens foucaldien du terme, nous montrons à partir de deux terrains ethnographiques que s’y jouent également la nécessité de construire une relation de confiance, des occasions légitimes de « parler consommation » et une négociation autour de l’application des règles permettant l’évitement des risques. Le travail de prévention apparait alors moins comme une discipline que comme une forme de gouvernement par autocontrôles où le professionnel et l’usager de drogues doivent, l’un comme l’autre, contrôler leurs conduites.

Research paper thumbnail of Usages et ventes de crack à Paris - Etats des lieux 2012-2017

"Après s’être intéressé au produit lui-même, ce numéro de Théma évoquera les évolutions du marché... more "Après s’être intéressé au produit lui-même, ce numéro de Théma évoquera les évolutions du marché du crack francilien, la diversification progressive des profils des usagers, les modalités d’usage, et finalement, rappellera succinctement l’impact des consommations".

Research paper thumbnail of Des seringues pour la campagne. Contraintes et tactiques dans le développement de la RdR en "milieu rural"

Swaps, 2016

Longtemps restés dans l'ombre des politiques publiques de réduction des risques (RDR), les usager... more Longtemps restés dans l'ombre des politiques publiques de réduction des risques (RDR), les usagers de drogues des communes périurbaines et rurales questionnent depuis une décennie les modalités d'actions des acteurs de la RDR. Pour répondre aux besoins en matériel stérile de ces populations parfois éloignées des structures de RDR, des microstructures se sont créées progressivement au plus proche de leurs lieux de vie. Mais ces dernières font face à des réticences politiques et des difficultés à capter les usagers qui obligent les professionnels de RDR à déployer des tactiques pour faire accepter leur implantation et garantir leur pérennité.

Research paper thumbnail of Le travail journalistique au service du management (Mémoire de Master)

Mémoire de Master 2 à l'EHESS "Le travail journalistique au service du management Ethnographie d... more Mémoire de Master 2 à l'EHESS
"Le travail journalistique au service du management
Ethnographie de la fabrique des journaux internes de Pôle-emploi".
Sous la direction de Sophie Pochic

Research paper thumbnail of La dualisation du travail social dans une petite ville : l'exemple de la responsabilisation aux risques chez les usager·e·s de drogues

École Thématique de l'EHESS Marseille, 2019

Depuis la fin des années 1980, des travailleur·se·s social·e·s œuvrant dans les dispositifs médic... more Depuis la fin des années 1980, des travailleur·se·s social·e·s œuvrant dans les dispositifs médico-sociaux réservés aux usager·e·s de drogues mène un travail de responsabilisation vis-à-vis des risques auprès de leur public, notamment en leur distribuant du matériel de consommation stérile et en les incitant à se conformer à des normes de santé publique. Ce type de travail a été jusqu'ici été analysé exclusivement au sein de terrains d'enquêtes circonscrits aux grandes villes. Cette communication se propose alors d’analyser ce travail de responsabilisation accompli par les travailleur·se·s social·e·s auprès des usager·e·s de drogues, mais en déplaçant cette fois le regard dans une petite ville française éloignée des grands centres urbains. Il s’agira de saisir dans quelles mesures les spécificités sociales et spatiales propres à un tel espace géographique jouent sur la construction et la portée de cette forme de régulation des conduites.

Research paper thumbnail of Une gouvernementalité limitée des corps 	  L’appropriation différenciée des règles de prévention chez les usagers/ères de drogues par voie intraveineuse.

Depuis la fin des années 1980, une politique dite de « réduction des risques liés à l’usage de dr... more Depuis la fin des années 1980, une politique dite de « réduction des risques liés à l’usage de drogues » (RdR) a vu le jour en France dans l’objectif de limiter les infections virales (VIH et hépatite C notamment), les contaminations bactériennes et les overdoses liées à la pratique de l’injection de substances psychoactives. Cette politique s’est notamment traduite par l’ouverture d’établissements médico-sociaux ayant, entre autres missions, de délivrer gratuitement du matériel d’injection stérile et de diffuser un ensemble de règles de prévention issues des savoirs médicaux. Cette forme de gouvernement des corps, propre aux politiques de santé publique contemporaines reposant sur la responsabilisation des individus vis-à-vis de leur santé (voir par exemple Bellerose, Quirion, 2007 ; Bergeron, 1999 ; Jauffret-Roustide, 2009 et Moore, Fraser, 2006), sera l’objet de notre communication. Nous nous intéresserons aux effets de ce mode de gouvernement sur les pratiques de consommation des usagers de drogues. Il s’agira de se demander pourquoi les usagers de drogues injecteurs n’appliquent pas de la même façon les règles de préventions promues par ces établissements médico-sociaux alors qu’ils en ont une même connaissance et qu’ils ont accès aux mêmes outils de consommation.

Pour y répondre, nous nous appuierons sur des extraits de matériaux empiriques (observations ethnographiques, photographies et entretiens) récolés à l’occasion d’une enquête de terrain menée auprès de 40 usagers de drogues injecteurs dans le cadre d’une thèse de sociologie. Nous montrerons que ces usagers présentent trois formes d’appropriations différentes des règles de prévention en fonction de leur capital économique, de la densité et de la variété de leurs liens sociaux. La première forme d’appropriation, que nous nommons « doctrinaire », correspond à une mise en pratique minutieuse des règles de prévention et se retrouve chez des usagers disposant d’un logement, souvent d’un emploi, mais aussi d’un cercle de fréquentation de personnes « non-consommatrices ». La seconde forme, que nous appelons l’« appropriation sélective », révèle d’une mise en œuvre critique et partielle des règles de prévention, et se manifeste chez les usagers précaires qui ne disposent pas toujours d’un espace privé pour consommer. La troisième forme est celle que nous nommons l’« appropriation contradictoire », car consistant en une adhésion aux règles de prévention, mais par leurs applications décalées. Cette forme-ci se retrouve aussi bien chez des usagers disposant d’un espace privé ou vivant sur l’espace public, mais dont le point commun est de rechercher des formes de défonces radicales, fleuretant souvent avec l’overdose, en raison d’un fort isolement social et de perspectives très faibles de retrouver un travail. À l’issue de cette exposé, nous pourrons en conclure que la politique de RdR apparait comme une forme de « gouvernementalité limitée » des corps dans la mesure où son mode d’action réduit inégalement les risques liés à l’usage de drogues faute d’agir en synergie avec des politiques s’attaquant directement aux déterminismes sociaux et économiques.

Research paper thumbnail of (avec Maïa Neff) Le traitement institutionnel des femmes enceintes en établissements de soins et de réduction des risques

Comment les femmes enceintes sont-elles prises en charge dans les établissements médico-sociaux d... more Comment les femmes enceintes sont-elles prises en charge dans les établissements médico-sociaux de réduction des risques (RdR) - CSAPA et CAARUD ? Cette étude de cas montre que les pratiques et les discours des professionnel·le·s intervenants dans ces structures opèrent un réajustement genrée des principes de RdR lors des périodes de grossesse des femmes usagères de drogues. La temporalité de l'accompagnement imposée par la grossesse (opposé à l’adaptation au « rythme de l’usager.e »), le type de normes mobilisées et le déploiement de formes de coercition (opposé à la "libre adhésion" de l'usager.e) constituent les différents indicateurs de ces réajustements. La grossesse des femmes usagères de drogues apparait ainsi comme une circonstance favorisant un traitement institutionnel spécifique qui peut venir renforcer la division sexuée des rôles.

Research paper thumbnail of Résumé de la thèse (décembre 2018)

Ethnographie multi-située de la politique de « réduction des risques » et de ses effets À la croi... more Ethnographie multi-située de la politique de « réduction des risques » et de ses effets À la croisée de la sociologie des relations de service et de la santé, ma recherche de thèse porte sur les modes d'organisation et les effets de la politique dite « de réduction des risques liés à l'usage de drogues » (RdR). Cette politique, progressivement née en France à partir de la fin des années 1980, se donne notamment pour objectif de limiter les infections virales (VIH et hépatite C notamment), les contaminations bactériennes et les overdoses liées à la consommation de substances psychoactives par injection et par inhalation de crack. Dans cette optique, près de 130 d'établissements médico-sociaux spécialisés ont ouvert leurs portes pour accomplir, entre autres missions, la délivrance gratuite de matériel de consommation stérile (seringue, pipe à crack, paille pour le snif…) et la sensibilisation à un ensemble de règles de prévention issues des savoirs biomédicaux. Ce sera ainsi à cette forme d'intervention, fondée sur la responsabilisation des individus vis-à-vis de leur santé, que nous nous intéresserons dans notre thèse.

Research paper thumbnail of Gouverner par autocontrôles ? La réduction des risques auprès des usagers de drogues

Terrains et Travaux, 2018

Cet article propose une analyse du travail de prévention mené par les professionnels œuvrant dan... more Cet article propose une analyse du travail de prévention mené par les professionnels œuvrant dans des établissements de « réduction des risques » pour usagers de drogues. Ce travail consiste à vérifier si ceux-ci mettent bien en pratique un certain nombre de règles de prévention puis à les y inciter, notamment en vue de limiter les risques sanitaires liés à l’injection. Si certaines analyses y ont vu une forme de discipline des corps au sens foucaldien du terme, nous montrons à partir de deux terrains ethnographiques que s’y jouent également la nécessité de construire une relation de confiance, des occasions légitimes de « parler consommation » et une négociation autour de l’application des règles permettant l’évitement des risques. Le travail de prévention apparait alors moins comme une discipline que comme une forme de gouvernement par autocontrôles où le professionnel et l’usager de drogues doivent, l’un comme l’autre, contrôler leurs conduites.

Research paper thumbnail of Usages et ventes de crack à Paris - Etats des lieux 2012-2017

"Après s’être intéressé au produit lui-même, ce numéro de Théma évoquera les évolutions du marché... more "Après s’être intéressé au produit lui-même, ce numéro de Théma évoquera les évolutions du marché du crack francilien, la diversification progressive des profils des usagers, les modalités d’usage, et finalement, rappellera succinctement l’impact des consommations".

Research paper thumbnail of Des seringues pour la campagne. Contraintes et tactiques dans le développement de la RdR en "milieu rural"

Swaps, 2016

Longtemps restés dans l'ombre des politiques publiques de réduction des risques (RDR), les usager... more Longtemps restés dans l'ombre des politiques publiques de réduction des risques (RDR), les usagers de drogues des communes périurbaines et rurales questionnent depuis une décennie les modalités d'actions des acteurs de la RDR. Pour répondre aux besoins en matériel stérile de ces populations parfois éloignées des structures de RDR, des microstructures se sont créées progressivement au plus proche de leurs lieux de vie. Mais ces dernières font face à des réticences politiques et des difficultés à capter les usagers qui obligent les professionnels de RDR à déployer des tactiques pour faire accepter leur implantation et garantir leur pérennité.

Research paper thumbnail of Le travail journalistique au service du management (Mémoire de Master)

Mémoire de Master 2 à l'EHESS "Le travail journalistique au service du management Ethnographie d... more Mémoire de Master 2 à l'EHESS
"Le travail journalistique au service du management
Ethnographie de la fabrique des journaux internes de Pôle-emploi".
Sous la direction de Sophie Pochic