David Breme | Université du Québec à Montréal (original) (raw)

Billet réflexif by David Breme

Research paper thumbnail of Petite réflexion sur le déconfinement comme rite de passage collectif

Revue Ouvertures, 2020

Dans ce contexte de la pandémie du Covid 19, j'ai été heurté par le sentiment que l'impréparation... more Dans ce contexte de la pandémie du Covid 19, j'ai été heurté par le sentiment que l'impréparation politique de cette crise sanitaire a conduit en France au sacrifice d'une partie de la population de nos aînés en EHPAD (sorte de CHSLD privé) et de soignants envoyés prendre en charge les personnes atteintes de ce virus sans équipement adéquat. J'ai aussi constaté avec tristesse, y compris dans l'accompagnement à distance d'amis ayant eu le Covid et d'amis endeuillés, les ravages d e la domination d'un discours scientiste dans sa prétention méthodologique à une forme de vérité, prétention universalisante exercée au détriment de la santé de tous et du droit des médecins d'exercer leur art avec discernement dans le respect de la liberté de conscience des patients. Je ne m'étendrai pas davantage sur les avanies d'un système sociétal qui préfère utiliser des idéologies soi-disant objectives marchandisant l'être humain ou le réduisant à sa dimension biologique dans un fantasme de maîtrise, voire de toute puissance, plutôt que de prendre acte de ce qui favorise sa vie sur la terre, car les sciences économiques et médicales ne sont pas mon domaine d'expertise. Par contre, je propose de réfléchir brièvement ci-après en termes anthropologiques inspirés de Van Gennep la crise que nous traversons, surtout afin de rappeler que les sciences ne se limitent pas à des disciplines ancrées dans la recherche quantitative, chiffrée, objectivante, lesquelles peuvent nous tuer par le manque de sens qu'elles offrent ou leur détournement à des fins politiques. Cette courte réflexion ne se veut toutefois pas un article scientifique, l'usage de Van Gennep étant lui-même assez décontextualisé de ses rigoureuses préoccupations ethnographiques, mais plutôt une sorte de lettre ouverte invitant à repenser notre société en s'éloignant des idéologies gestionnaires et utilitaristes qui l'ont déterminée à mort pour retrouver des priorités humaines à ce qui lui donne sens.

Thesis Chapters by David Breme

Research paper thumbnail of La figure de la mère, Mirra Alfassa (1878-1973) : une analyse des hybridations culturelles de ses représentations

L'objectif de cette thèse est d'explorer la généalogie et l'hybridation des représentations colle... more L'objectif de cette thèse est d'explorer la généalogie et l'hybridation des représentations collectives de la figure de « la mère divine » dans le contexte du Mouvement Mère-Aurobindo et de l'émergence de la nation indienne. Il s'agit d'une recherche comparative qualitative se fondant d'une part, sur une étude d'un corpus de textes en relation aux publications de Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872-1950) et de la Mère (Mirra Alfassa, 1878-1973) et, d'autre part, sur une analyse empirique effectuée au printemps 2013 de 28 verbatims de répondants provenant des sites indiens de l'Ashram Sri Aurobindo a Pondichéry, d'Auroville au Tamil Nadu et du Centre Sri Aurobindo de Montréal. Mirra Alfassa était une amie d'Alexandra David-Neel (1868-1969) et une peintre impressionniste parisienne ayant connu Gustave Moreau (1826-1898) et Auguste Rodin (1840-1917) avant de s'installer a Pondichéry de 1920 a 1973. Sri Aurobindo était un yogi ...

Research paper thumbnail of LA FIGURE DE LA MERE

La figure de la Mère, Mirra Alfassa (1878-1973). Une analyse de l'hybridation culturelle de ses représentations. , 2018

The objective of this thesis is to explore the genealogy and hybridity in the collective represen... more The objective of this thesis is to explore the genealogy and hybridity in the collective representations of “the Divine Mother” (Mirra Alfassa, 1878–1973) during the “Mother-Aurobindo” movement. First, this comparative case study comprises an intertextual reading of Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872–1950) and “the Mother”. Second, it examines representations of “the Divine Mother” through 28 semi-structured interviews (Spring 2013) conducted in the Sri Aurobindo Ashram (Pondicherry, India), Auroville (Tamil Nadu, India), and the Sri Aurobindo Center of Montreal (Montreal, Canada).
At the beginning of the 20th century, Mirra Alfassa was an impressionist painter in Paris acquainted with Alexandra David-Néel (1868–1969) and Auguste Rodin (1840–1917). During this period, Sri Aurobindo was a Freedom Fighter in India’s struggle for independence and a Bengali leader in the Swaraj movement (between 1905 and 1910). In 1910, he was exiled to Pondicherry where he became a yogi. After meeting Sri Aurobindo in 1914, Mirra Alfassa relocated to Pondicherry in 1920 where she would work alongside him until her death in 1973.
The research questions are as follows: How does cultural hybridity present itself in literary, political, social, and mythical representations of “the Mother” between 1878 and 2013? What was Sri Aurobindo’s vision for “the Divine Mother”? What is the nature of Mirra Alfassa’s performance of “the Mother” and how was it taken up by her disciples?
In Chapter one, I explain my theoretical framework, which is based on Homi K. Bhabha’s postcolonial approaches. I draw on Michel Boccara’s concept of mythical experience, Max Weber’s concept of charism, Donald Bruce’s concept of interdiscursivity, and also incorporate critical feminist perspectives.
In Chapter two, an interdiscursive analysis traces the cultural and religious roots of Sri Aurobindo’s representations of the “Divine Mother” to the Vedas, Puranas, Hindu epics, and the thinkers of the Bengali Renaissance (Chatterji, Ramakrishna,Vivekananda,etc.). Aurobindo drew on these sources to link representations of India to those of “the Mother” to create a socio-political tool used to garner support for India’s emancipation from colonial rule.
Sri Aurobindo then reconstructed the concept of “the Divine Mother” by associating it with Mirra Alfassa, who he met in 1914. In doing so, he wrote the poem Savitri and in 1926 named Mirra Alfassa “the Mother”, an avatar of “the Divine Mother”.
In Chapter three, I explore “the Mother’s” performance. After Aurobindo’s death, she oversaw the Ashram and disciples, facilitated visits by Nehru and Indira Gandhi, and founded schools and Auroville (1968). Her performance is outlined most notably in the Mother’s Agenda, a thirteen-volume book of interviews with Aurobindo’s disciple Bernard Enginger (Satprem, 1923–2007).
In Chapter four, I explore the disciples’ and sympathizers’ representations of “the Mother” through participant observation.
The final chapter concludes with a discussion of the methodological relevance of semi-directed interviewing techniques in this relatively unexplored field. I also compare the advantages and disadvantages of the application of Homi K. Bhabha and Edward Said’s postcolonial concepts to this specific case study.
KEY WORDS: Cultural hybridity, postcolonial, the Mother, Mirra Alfassa, Aurobindo.

L’objectif de cette thèse est d’explorer la généalogie et l’hybridation des représentations collectives de la figure de « la mère divine » dans le contexte du Mouvement Mère-Aurobindo et de l’émergence de la nation indienne. Il s’agit d’une recherche comparative qualitative se fondant d’une part, sur une étude d’un corpus de textes en relation aux publications de Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872-1950) et de la Mère (Mirra Alfassa, 1878-1973) et, d’autre part, sur une analyse empirique effectuée au printemps 2013 de 28 verbatims de répondants provenant des sites indiens de l’Ashram Sri Aurobindo à Pondichéry, d’Auroville au Tamil Nadu et du Centre Sri Aurobindo de Montréal. Mirra Alfassa était une amie d’Alexandra David-Néel (1868-1969) et une peintre impressionniste parisienne ayant connu Gustave Moreau (1826-1898) et Auguste Rodin (1840-1917) avant de s’installer à Pondichéry de 1920 à 1973. Sri Aurobindo était un yogi bengali exilé à Pondichéry en 1910, après avoir été un leadeur politique pour l’indépendance de l’Inde et du mouvement souverainiste swaraj, notamment de 1905 à 1910.

La question de recherche est : comment se déploie l’hybridité culturelle des représentations littéraires, politiques, sociales et mythiques de la Mère entre 1878 et 2013, en prenant en compte avec une approche postcoloniale, la vision qu’avait Sri Aurobindo de « la mère divine », la performance de « la Mère Universelle » par Mirra Alfassa et la réception de cette figure par leurs disciples?

La posture de recherche adoptée découle de l’approche postcoloniale de Homi K. Bhabha et de sa théorisation de l’hybridité culturelle. Des perspectives critiques féministes et postcoloniales (Saïd) sont utilisées en appui, ainsi que le concept de vécu mythique par Michel Boccara, le concept de charisme de Max Weber et le concept d’interdiscursivité de Donald Bruce.

Dans un premier temps, l’étude interdiscursive de la figure de « la mère divine » dans la littérature de Sri Aurobindo retrace son enracinement culturel et religieux provenant des Veda, des Purana, d’épopées indoues et de la Renaissance bengalie (Chatterji, Ramakrishna, Vivekananda, Sister Nivedita), hybridant culture occidentale et indoue.
Cette recherche montre qu’au début du XXe siècle, la figure de « la mère divine » était souvent associée à une fonction sociopolitique instrumentale, associant l’Inde à la Mère et visant à l’émancipation de la colonisation britannique. Ultérieurement, après avoir rencontré Mirra Alfassa en 1914, Sri Aurobindo a reconfiguré « la mère divine » par l’écriture d’un poème épique de plus de huit-cents pages, Savitri et par la nomination, en 1926, de Mirra Alfassa en tant que la Mère, avatar de « la mère divine » et responsable de son ashram.
À la suite du décès de Sri Aurobindo en 1950, la figure de « la mère divine » évolue par la performance de la Mère dirigeant l’Ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry et ses disciples, recevant Nehru et Indira Gandhi, fondant des écoles et Auroville, en 1968. La lecture de sa performance a notamment été réalisée à partir de L’Agenda de Mère, un ouvrage de treize volumes constitué d’entretiens avec son disciple Bernard Enginger, dit Satprem (1923-2007).

Dans un troisième temps sont explorées des représentations de la Mère par ses disciples ou ses sympathisants grâce à une observation participante.

Une discussion critique achève cette recherche, qui insiste sur son caractère exploratoire, en questionnant la pertinence méthodologique de l’usage de l’entretien semi-directif adopté dans le contexte de ce terrain peu exploré et en comparant les avantages et les inconvénients des approches postcoloniales de Homi K. Bhabha et d’Edward Saïd.
MOTS-CLÉS: hybridité culturelle, postcolonial, La Mère, Mirra Alfassa, Aurobindo

Articles by David Breme

Research paper thumbnail of Regards sur le mouvement spirituel fondé par Sri Aurobindo et la Mère

Ce cahier approche le mouvement spirituel fondé par Sri Aurobindo (1872-1950) et la Mère (1878-19... more Ce cahier approche le mouvement spirituel fondé par
Sri Aurobindo (1872-1950) et la Mère (1878-1973) en
présentant les dynamiques de trois de ses sites :
l’Ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry (Patrick Beldio), Auroville au
Tamil Nadu (Marie Horassius) et le Centre Sri Aurobindo de Montréal (David Brême). En
outre, des chapitres introductifs (David Brême) mettent en contexte le
mouvement et résument les biographies de ses
fondateurs. Ce résumé et édition : Jean-François Mayer. Illustrations : Patrick Beldio (couverture) et Joan Brême.

Research paper thumbnail of L'État indien et le statut «spirituel» d'Auroville

The Auroville Acts of 1980 and 1988 constitute an interesting case study for our understanding of... more The Auroville Acts of 1980 and 1988 constitute an
interesting case study for our understanding of the correlation between
India’s Rule of Law and one of its minority heterodoxies. This article looks
at Parliament debates over the religious or spiritual nature of Auroville, an
international agroforestry ecovillage located near Pondicherry in Tamil
Nadu (South India), established in 1968 by Mirra Alfassa, called “the
Mother” (its founding charter’s author). Parliament eventually legislated
over the spiritual, rather than religious, nature of the Auroville community
(Minor, 1999). This article expands on Minor’s work to highlight the
national and international importance “the Mother” had for a number of
officials of the Indian State.

Comment s’est articulée la relation entre l’État de droit et les hétérodoxies minoritaires en Inde ? Cet article propose de se pencher sur le cas d’étude de la communauté internationale d’Auroville, où l’État indien est intervenu législativement par une ordonnance provisoire, puis au moyen d’une loi en 1988 : l’Auroville Foundation Act. Auroville est située au sud est de l’Inde, au Tamil Nadu, près de Pondichéry. Un débat eut lieu entre députés pour déterminer si la nature d’Auroville était spirituelle ou religieuse et il fut statué qu’il s’agissait d’une communauté spirituelle non religieuse (Minor, 1999). Auroville, un écovillage agroforestier, a été fondé en 1968 par la Française Mirra Alfassa (1878–1973) – connue sous le nom de « la Mère » –, qui l’a défini par une charte. Cet article développera les analyses de Robert Minor portant sur des enjeux de la relation de l’État indien à Auroville et soulignera la portée nationale et internationale qu’avait « la Mère » pour des représentants de l’État indien.

Teaching Documents by David Breme

Research paper thumbnail of Auroville

Auroville, 2021

Auroville's Profile : time line and summary of this International Ecospiritual Community founded ... more Auroville's Profile : time line and summary of this International Ecospiritual Community founded in 1968 by Mirra Alfassa (the Mother) in Tamil Nadu, India, and supported by UNESCO and Indian government.

Research paper thumbnail of Petite réflexion sur le déconfinement comme rite de passage collectif

Revue Ouvertures, 2020

Dans ce contexte de la pandémie du Covid 19, j'ai été heurté par le sentiment que l'impréparation... more Dans ce contexte de la pandémie du Covid 19, j'ai été heurté par le sentiment que l'impréparation politique de cette crise sanitaire a conduit en France au sacrifice d'une partie de la population de nos aînés en EHPAD (sorte de CHSLD privé) et de soignants envoyés prendre en charge les personnes atteintes de ce virus sans équipement adéquat. J'ai aussi constaté avec tristesse, y compris dans l'accompagnement à distance d'amis ayant eu le Covid et d'amis endeuillés, les ravages d e la domination d'un discours scientiste dans sa prétention méthodologique à une forme de vérité, prétention universalisante exercée au détriment de la santé de tous et du droit des médecins d'exercer leur art avec discernement dans le respect de la liberté de conscience des patients. Je ne m'étendrai pas davantage sur les avanies d'un système sociétal qui préfère utiliser des idéologies soi-disant objectives marchandisant l'être humain ou le réduisant à sa dimension biologique dans un fantasme de maîtrise, voire de toute puissance, plutôt que de prendre acte de ce qui favorise sa vie sur la terre, car les sciences économiques et médicales ne sont pas mon domaine d'expertise. Par contre, je propose de réfléchir brièvement ci-après en termes anthropologiques inspirés de Van Gennep la crise que nous traversons, surtout afin de rappeler que les sciences ne se limitent pas à des disciplines ancrées dans la recherche quantitative, chiffrée, objectivante, lesquelles peuvent nous tuer par le manque de sens qu'elles offrent ou leur détournement à des fins politiques. Cette courte réflexion ne se veut toutefois pas un article scientifique, l'usage de Van Gennep étant lui-même assez décontextualisé de ses rigoureuses préoccupations ethnographiques, mais plutôt une sorte de lettre ouverte invitant à repenser notre société en s'éloignant des idéologies gestionnaires et utilitaristes qui l'ont déterminée à mort pour retrouver des priorités humaines à ce qui lui donne sens.

Research paper thumbnail of La figure de la mère, Mirra Alfassa (1878-1973) : une analyse des hybridations culturelles de ses représentations

L'objectif de cette thèse est d'explorer la généalogie et l'hybridation des représentations colle... more L'objectif de cette thèse est d'explorer la généalogie et l'hybridation des représentations collectives de la figure de « la mère divine » dans le contexte du Mouvement Mère-Aurobindo et de l'émergence de la nation indienne. Il s'agit d'une recherche comparative qualitative se fondant d'une part, sur une étude d'un corpus de textes en relation aux publications de Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872-1950) et de la Mère (Mirra Alfassa, 1878-1973) et, d'autre part, sur une analyse empirique effectuée au printemps 2013 de 28 verbatims de répondants provenant des sites indiens de l'Ashram Sri Aurobindo a Pondichéry, d'Auroville au Tamil Nadu et du Centre Sri Aurobindo de Montréal. Mirra Alfassa était une amie d'Alexandra David-Neel (1868-1969) et une peintre impressionniste parisienne ayant connu Gustave Moreau (1826-1898) et Auguste Rodin (1840-1917) avant de s'installer a Pondichéry de 1920 a 1973. Sri Aurobindo était un yogi ...

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La figure de la Mère, Mirra Alfassa (1878-1973). Une analyse de l'hybridation culturelle de ses représentations. , 2018

The objective of this thesis is to explore the genealogy and hybridity in the collective represen... more The objective of this thesis is to explore the genealogy and hybridity in the collective representations of “the Divine Mother” (Mirra Alfassa, 1878–1973) during the “Mother-Aurobindo” movement. First, this comparative case study comprises an intertextual reading of Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872–1950) and “the Mother”. Second, it examines representations of “the Divine Mother” through 28 semi-structured interviews (Spring 2013) conducted in the Sri Aurobindo Ashram (Pondicherry, India), Auroville (Tamil Nadu, India), and the Sri Aurobindo Center of Montreal (Montreal, Canada).
At the beginning of the 20th century, Mirra Alfassa was an impressionist painter in Paris acquainted with Alexandra David-Néel (1868–1969) and Auguste Rodin (1840–1917). During this period, Sri Aurobindo was a Freedom Fighter in India’s struggle for independence and a Bengali leader in the Swaraj movement (between 1905 and 1910). In 1910, he was exiled to Pondicherry where he became a yogi. After meeting Sri Aurobindo in 1914, Mirra Alfassa relocated to Pondicherry in 1920 where she would work alongside him until her death in 1973.
The research questions are as follows: How does cultural hybridity present itself in literary, political, social, and mythical representations of “the Mother” between 1878 and 2013? What was Sri Aurobindo’s vision for “the Divine Mother”? What is the nature of Mirra Alfassa’s performance of “the Mother” and how was it taken up by her disciples?
In Chapter one, I explain my theoretical framework, which is based on Homi K. Bhabha’s postcolonial approaches. I draw on Michel Boccara’s concept of mythical experience, Max Weber’s concept of charism, Donald Bruce’s concept of interdiscursivity, and also incorporate critical feminist perspectives.
In Chapter two, an interdiscursive analysis traces the cultural and religious roots of Sri Aurobindo’s representations of the “Divine Mother” to the Vedas, Puranas, Hindu epics, and the thinkers of the Bengali Renaissance (Chatterji, Ramakrishna,Vivekananda,etc.). Aurobindo drew on these sources to link representations of India to those of “the Mother” to create a socio-political tool used to garner support for India’s emancipation from colonial rule.
Sri Aurobindo then reconstructed the concept of “the Divine Mother” by associating it with Mirra Alfassa, who he met in 1914. In doing so, he wrote the poem Savitri and in 1926 named Mirra Alfassa “the Mother”, an avatar of “the Divine Mother”.
In Chapter three, I explore “the Mother’s” performance. After Aurobindo’s death, she oversaw the Ashram and disciples, facilitated visits by Nehru and Indira Gandhi, and founded schools and Auroville (1968). Her performance is outlined most notably in the Mother’s Agenda, a thirteen-volume book of interviews with Aurobindo’s disciple Bernard Enginger (Satprem, 1923–2007).
In Chapter four, I explore the disciples’ and sympathizers’ representations of “the Mother” through participant observation.
The final chapter concludes with a discussion of the methodological relevance of semi-directed interviewing techniques in this relatively unexplored field. I also compare the advantages and disadvantages of the application of Homi K. Bhabha and Edward Said’s postcolonial concepts to this specific case study.
KEY WORDS: Cultural hybridity, postcolonial, the Mother, Mirra Alfassa, Aurobindo.

L’objectif de cette thèse est d’explorer la généalogie et l’hybridation des représentations collectives de la figure de « la mère divine » dans le contexte du Mouvement Mère-Aurobindo et de l’émergence de la nation indienne. Il s’agit d’une recherche comparative qualitative se fondant d’une part, sur une étude d’un corpus de textes en relation aux publications de Sri Aurobindo (Aravinda Ackroyd Ghose, 1872-1950) et de la Mère (Mirra Alfassa, 1878-1973) et, d’autre part, sur une analyse empirique effectuée au printemps 2013 de 28 verbatims de répondants provenant des sites indiens de l’Ashram Sri Aurobindo à Pondichéry, d’Auroville au Tamil Nadu et du Centre Sri Aurobindo de Montréal. Mirra Alfassa était une amie d’Alexandra David-Néel (1868-1969) et une peintre impressionniste parisienne ayant connu Gustave Moreau (1826-1898) et Auguste Rodin (1840-1917) avant de s’installer à Pondichéry de 1920 à 1973. Sri Aurobindo était un yogi bengali exilé à Pondichéry en 1910, après avoir été un leadeur politique pour l’indépendance de l’Inde et du mouvement souverainiste swaraj, notamment de 1905 à 1910.

La question de recherche est : comment se déploie l’hybridité culturelle des représentations littéraires, politiques, sociales et mythiques de la Mère entre 1878 et 2013, en prenant en compte avec une approche postcoloniale, la vision qu’avait Sri Aurobindo de « la mère divine », la performance de « la Mère Universelle » par Mirra Alfassa et la réception de cette figure par leurs disciples?

La posture de recherche adoptée découle de l’approche postcoloniale de Homi K. Bhabha et de sa théorisation de l’hybridité culturelle. Des perspectives critiques féministes et postcoloniales (Saïd) sont utilisées en appui, ainsi que le concept de vécu mythique par Michel Boccara, le concept de charisme de Max Weber et le concept d’interdiscursivité de Donald Bruce.

Dans un premier temps, l’étude interdiscursive de la figure de « la mère divine » dans la littérature de Sri Aurobindo retrace son enracinement culturel et religieux provenant des Veda, des Purana, d’épopées indoues et de la Renaissance bengalie (Chatterji, Ramakrishna, Vivekananda, Sister Nivedita), hybridant culture occidentale et indoue.
Cette recherche montre qu’au début du XXe siècle, la figure de « la mère divine » était souvent associée à une fonction sociopolitique instrumentale, associant l’Inde à la Mère et visant à l’émancipation de la colonisation britannique. Ultérieurement, après avoir rencontré Mirra Alfassa en 1914, Sri Aurobindo a reconfiguré « la mère divine » par l’écriture d’un poème épique de plus de huit-cents pages, Savitri et par la nomination, en 1926, de Mirra Alfassa en tant que la Mère, avatar de « la mère divine » et responsable de son ashram.
À la suite du décès de Sri Aurobindo en 1950, la figure de « la mère divine » évolue par la performance de la Mère dirigeant l’Ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry et ses disciples, recevant Nehru et Indira Gandhi, fondant des écoles et Auroville, en 1968. La lecture de sa performance a notamment été réalisée à partir de L’Agenda de Mère, un ouvrage de treize volumes constitué d’entretiens avec son disciple Bernard Enginger, dit Satprem (1923-2007).

Dans un troisième temps sont explorées des représentations de la Mère par ses disciples ou ses sympathisants grâce à une observation participante.

Une discussion critique achève cette recherche, qui insiste sur son caractère exploratoire, en questionnant la pertinence méthodologique de l’usage de l’entretien semi-directif adopté dans le contexte de ce terrain peu exploré et en comparant les avantages et les inconvénients des approches postcoloniales de Homi K. Bhabha et d’Edward Saïd.
MOTS-CLÉS: hybridité culturelle, postcolonial, La Mère, Mirra Alfassa, Aurobindo

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Ce cahier approche le mouvement spirituel fondé par Sri Aurobindo (1872-1950) et la Mère (1878-19... more Ce cahier approche le mouvement spirituel fondé par
Sri Aurobindo (1872-1950) et la Mère (1878-1973) en
présentant les dynamiques de trois de ses sites :
l’Ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry (Patrick Beldio), Auroville au
Tamil Nadu (Marie Horassius) et le Centre Sri Aurobindo de Montréal (David Brême). En
outre, des chapitres introductifs (David Brême) mettent en contexte le
mouvement et résument les biographies de ses
fondateurs. Ce résumé et édition : Jean-François Mayer. Illustrations : Patrick Beldio (couverture) et Joan Brême.

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The Auroville Acts of 1980 and 1988 constitute an interesting case study for our understanding of... more The Auroville Acts of 1980 and 1988 constitute an
interesting case study for our understanding of the correlation between
India’s Rule of Law and one of its minority heterodoxies. This article looks
at Parliament debates over the religious or spiritual nature of Auroville, an
international agroforestry ecovillage located near Pondicherry in Tamil
Nadu (South India), established in 1968 by Mirra Alfassa, called “the
Mother” (its founding charter’s author). Parliament eventually legislated
over the spiritual, rather than religious, nature of the Auroville community
(Minor, 1999). This article expands on Minor’s work to highlight the
national and international importance “the Mother” had for a number of
officials of the Indian State.

Comment s’est articulée la relation entre l’État de droit et les hétérodoxies minoritaires en Inde ? Cet article propose de se pencher sur le cas d’étude de la communauté internationale d’Auroville, où l’État indien est intervenu législativement par une ordonnance provisoire, puis au moyen d’une loi en 1988 : l’Auroville Foundation Act. Auroville est située au sud est de l’Inde, au Tamil Nadu, près de Pondichéry. Un débat eut lieu entre députés pour déterminer si la nature d’Auroville était spirituelle ou religieuse et il fut statué qu’il s’agissait d’une communauté spirituelle non religieuse (Minor, 1999). Auroville, un écovillage agroforestier, a été fondé en 1968 par la Française Mirra Alfassa (1878–1973) – connue sous le nom de « la Mère » –, qui l’a défini par une charte. Cet article développera les analyses de Robert Minor portant sur des enjeux de la relation de l’État indien à Auroville et soulignera la portée nationale et internationale qu’avait « la Mère » pour des représentants de l’État indien.

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Auroville, 2021

Auroville's Profile : time line and summary of this International Ecospiritual Community founded ... more Auroville's Profile : time line and summary of this International Ecospiritual Community founded in 1968 by Mirra Alfassa (the Mother) in Tamil Nadu, India, and supported by UNESCO and Indian government.