Alia Ben Ayed | Université de Carthage (original) (raw)
Papers by Alia Ben Ayed
Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture Maghrébines, 2024
« Qu’est-ce qu’il y a de plus réel : la maison même où l’on dort ou bien la maison où, dormant, l... more « Qu’est-ce qu’il y a de plus réel : la maison même où l’on dort ou bien la maison où, dormant, l’on va fidèlement rêver ? » s’interrogeait Bachelard, « je ne rêve pas à Paris, dans ce cube géométrique, dans cette alvéole de ciment, dans cette chambre aux volets de fer si hostiles à la matière nocturne » (Bachelard, 1948 ).
À la même époque, Martin Heidegger surprenait son audience constituée d’ingénieurs et d’architectes alors en charge de la reconstruction de l’Allemagne d’après-guerre, en lui annonçant que la véritable crise de l’habitation résidait dans le fait que « les mortels en sont toujours à chercher l’être de l’habitation » et venait à considérer que « l’homme habite le monde ; le monde est son espace » et que « cet entre-deux est la mesure assignée à l’habitation de l’homme » (Heidegger, 1958).
Le nouveau paradigme de « l’habiter » qu’instaure le philosophe allemand et par lequel, il désigne « un rapport avec le monde » venait ébranler un autre paradigme, celui de « la machine à habiter » sur lequel se base le modèle moderniste véhiculé par les CIAM et la charte d’Athènes.
Le quartier d’El Menzah I produit à Tunis durant la reconstruction d’après-guerre avait été pensé comme la démonstration de ce modèle, offrant ainsi un cadre de vie moderne codifié pour être efficace, comme une machine, depuis l’échelle du quartier jusqu’à l’échelle de la maison. Mais la confrontation au contexte tunisien et la nécessité d’adapter le modèle moderniste aux enjeux climatiques a abouti à une production habitable au sens large, et ce à toutes les échelles depuis l’appartement, l’immeuble et jusqu’au quartier (Ben Abdelghani, 2016)
Dans ce papier nous souhaitons discuter l’idée que cette production des années 40 tout en faisant référence à la machine à habiter, constitue également une alternative critique au logement minimum rationnel préconisé par le Mouvement moderne.
Le quartier se caractérise en effet par une porosité particulière qui se décline à travers la mise en oeuvre de dispositions et de dispositifs permettant un filtrage ambiantal (thermo-aéraulique, lumineux, visuel, sonore, olfactif, etc.) subtilement dosé, qui s’avère favorable à l’accessibilité à l’environnement et à autrui et par conséquent propice à l’habiter (Jallali, 2022).
En effet le choix du site, la disposition paysagère de l’ensemble, les dispositifs de filtrage mis en oeuvre à toutes les échelles de la plus urbaine à la plus architecturale, donnent lieu à une gradation du public au privé qui en même-temps qu’elle favorise la relation intérieur/extérieur protège le chez-soi.
Habiter, ici, prend tout son sens, au-delà de la satisfaction des exigences biologiques de confort physique, habiter c’est prendre en compte l’existant, c’est prendre soin de ce qui est là, c’est le ménager (Heidegger, 1958). Cette attention au contexte et à l’habiter, ouvrirait des pistes de réflexion pour une conception contemporaine sensible du logement social.
5TH INTERNATIONAL CONGRESS ON AMBIANCES, 2024
As part of the 4th year of project teaching at the Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme ... more As part of the 4th year of project teaching at the Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme in Tunis, our team strives to make students aware of the importance of sensitive, environment-oriented design. Our approach consists of adopting an analysis/project attitude based on field experiments. However, this project-oriented attitude - conscious and aiming to be useful - is somewhat contradictory to the very nature of the atmosphere - pure, a-conscious, sensitive vibration - that we are trying to capture. In addition, the reporting phase of the experiment represents a second challenge. How do you reproduce a feeling that is fleeting, labile and elusive? How do we capture this moment of resonance in concert with the atmosphere? A third challenge is that of the project phase, which aims to reactivate atmospheres that are still present on the ground but have faded over time. In this paper, we wish to report
In Résonances oasiennes - Approches sensible de l’urbain au Sahara, Editions MétisPress,, 2021
Résumé : Partant de l’idée que les tissus vernaculaires oasiens sont marqués par une porosité par... more Résumé : Partant de l’idée que les tissus vernaculaires oasiens sont marqués par une porosité particulière à l’origine de l’ambiance vécue, nous posons l’hypothèse que cette porosité correspond au mode de vie des habitants qui accorde la primauté au partage. Ce mode de vie concorde avec une certaine conception intégrative d’être au monde proposée par la philosophie islamique, en particulier le soufisme bien ancré dans la pensée populaire. Nous nous proposons, dans ce papier, de suivre ce courant de pensée qui depuis Aristote traverse la philosophie occidentale et arabe et va à l’encontre du dualisme prédominant. Il s’agit d’y trouver des pistes de réflexion pour évaluer la portée opératoire de la notion de porosité et sa capacité à renouveler notre compréhension des tissus en question.
Mots clés : Porosité, Ambiances oasiennes, Soufisme, Esthétique du souffle
Summary : Starting from the idea that the vernacular urbanism oasis is marked by a particular porosity at the origin of the lived atmosphere, we hypothesize that this porosity corresponds to the lifestyle of the inhabitants that gives primacy to sharing. This way of life aligns with a certain integrative conception of being in the world proposed by the Islamic philosophy, especially ingrained in popular Sufi thought. In this paper, we propose, to follow this line of thought that Aristotle has been following through Western and Arab philosophy and goes against the predominant dualism. Hence, It is a question of finding some lines of thought to evaluate the operational scope of the concept of porosity and its capacity to renew our understanding of urbanism in question.
Keywords: Porosity, Oasis atmospheres, Sufism, Breath aesthetics
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021
Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture Maghrébines, 2024
« Qu’est-ce qu’il y a de plus réel : la maison même où l’on dort ou bien la maison où, dormant, l... more « Qu’est-ce qu’il y a de plus réel : la maison même où l’on dort ou bien la maison où, dormant, l’on va fidèlement rêver ? » s’interrogeait Bachelard, « je ne rêve pas à Paris, dans ce cube géométrique, dans cette alvéole de ciment, dans cette chambre aux volets de fer si hostiles à la matière nocturne » (Bachelard, 1948 ).
À la même époque, Martin Heidegger surprenait son audience constituée d’ingénieurs et d’architectes alors en charge de la reconstruction de l’Allemagne d’après-guerre, en lui annonçant que la véritable crise de l’habitation résidait dans le fait que « les mortels en sont toujours à chercher l’être de l’habitation » et venait à considérer que « l’homme habite le monde ; le monde est son espace » et que « cet entre-deux est la mesure assignée à l’habitation de l’homme » (Heidegger, 1958).
Le nouveau paradigme de « l’habiter » qu’instaure le philosophe allemand et par lequel, il désigne « un rapport avec le monde » venait ébranler un autre paradigme, celui de « la machine à habiter » sur lequel se base le modèle moderniste véhiculé par les CIAM et la charte d’Athènes.
Le quartier d’El Menzah I produit à Tunis durant la reconstruction d’après-guerre avait été pensé comme la démonstration de ce modèle, offrant ainsi un cadre de vie moderne codifié pour être efficace, comme une machine, depuis l’échelle du quartier jusqu’à l’échelle de la maison. Mais la confrontation au contexte tunisien et la nécessité d’adapter le modèle moderniste aux enjeux climatiques a abouti à une production habitable au sens large, et ce à toutes les échelles depuis l’appartement, l’immeuble et jusqu’au quartier (Ben Abdelghani, 2016)
Dans ce papier nous souhaitons discuter l’idée que cette production des années 40 tout en faisant référence à la machine à habiter, constitue également une alternative critique au logement minimum rationnel préconisé par le Mouvement moderne.
Le quartier se caractérise en effet par une porosité particulière qui se décline à travers la mise en oeuvre de dispositions et de dispositifs permettant un filtrage ambiantal (thermo-aéraulique, lumineux, visuel, sonore, olfactif, etc.) subtilement dosé, qui s’avère favorable à l’accessibilité à l’environnement et à autrui et par conséquent propice à l’habiter (Jallali, 2022).
En effet le choix du site, la disposition paysagère de l’ensemble, les dispositifs de filtrage mis en oeuvre à toutes les échelles de la plus urbaine à la plus architecturale, donnent lieu à une gradation du public au privé qui en même-temps qu’elle favorise la relation intérieur/extérieur protège le chez-soi.
Habiter, ici, prend tout son sens, au-delà de la satisfaction des exigences biologiques de confort physique, habiter c’est prendre en compte l’existant, c’est prendre soin de ce qui est là, c’est le ménager (Heidegger, 1958). Cette attention au contexte et à l’habiter, ouvrirait des pistes de réflexion pour une conception contemporaine sensible du logement social.
5TH INTERNATIONAL CONGRESS ON AMBIANCES, 2024
As part of the 4th year of project teaching at the Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme ... more As part of the 4th year of project teaching at the Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme in Tunis, our team strives to make students aware of the importance of sensitive, environment-oriented design. Our approach consists of adopting an analysis/project attitude based on field experiments. However, this project-oriented attitude - conscious and aiming to be useful - is somewhat contradictory to the very nature of the atmosphere - pure, a-conscious, sensitive vibration - that we are trying to capture. In addition, the reporting phase of the experiment represents a second challenge. How do you reproduce a feeling that is fleeting, labile and elusive? How do we capture this moment of resonance in concert with the atmosphere? A third challenge is that of the project phase, which aims to reactivate atmospheres that are still present on the ground but have faded over time. In this paper, we wish to report
In Résonances oasiennes - Approches sensible de l’urbain au Sahara, Editions MétisPress,, 2021
Résumé : Partant de l’idée que les tissus vernaculaires oasiens sont marqués par une porosité par... more Résumé : Partant de l’idée que les tissus vernaculaires oasiens sont marqués par une porosité particulière à l’origine de l’ambiance vécue, nous posons l’hypothèse que cette porosité correspond au mode de vie des habitants qui accorde la primauté au partage. Ce mode de vie concorde avec une certaine conception intégrative d’être au monde proposée par la philosophie islamique, en particulier le soufisme bien ancré dans la pensée populaire. Nous nous proposons, dans ce papier, de suivre ce courant de pensée qui depuis Aristote traverse la philosophie occidentale et arabe et va à l’encontre du dualisme prédominant. Il s’agit d’y trouver des pistes de réflexion pour évaluer la portée opératoire de la notion de porosité et sa capacité à renouveler notre compréhension des tissus en question.
Mots clés : Porosité, Ambiances oasiennes, Soufisme, Esthétique du souffle
Summary : Starting from the idea that the vernacular urbanism oasis is marked by a particular porosity at the origin of the lived atmosphere, we hypothesize that this porosity corresponds to the lifestyle of the inhabitants that gives primacy to sharing. This way of life aligns with a certain integrative conception of being in the world proposed by the Islamic philosophy, especially ingrained in popular Sufi thought. In this paper, we propose, to follow this line of thought that Aristotle has been following through Western and Arab philosophy and goes against the predominant dualism. Hence, It is a question of finding some lines of thought to evaluate the operational scope of the concept of porosity and its capacity to renew our understanding of urbanism in question.
Keywords: Porosity, Oasis atmospheres, Sufism, Breath aesthetics
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2021