venusandronicus - Profile (original) (raw)
Decadence, Neoromanticism, Aestheticism: these movements all comprise the same thing. Best known as Symbolism, they're the 19th century movement of the symbol as the primary mode of communication - the ontology of connecting the material world to some [Platonic] Form. In this case, it begins with the Swedenborgian term., "correspondences," (a correspondence or link from the material to the metaphysical) and "the Forest of the Symbol," used in Baudelaire's sonnet, Correspondances.
Post your translations of Symbolist poetry or photographs of period antibourgeois art, (it all has to be fitting, yanno); your critique of an original poem, transl., or attributed to [a symbolist] piece; biographical information on the Romanticists, Art-for-Art's-Sake, Symbolists, or sympathizers of any era; modern tie-ins (see: Rimbaud and Jim Morrison: The Rebel as Poet by Wallace Fowlie); relevant historical writings.
Occasionally I'll post something for readers to translate, if desired. October 23, 2003: Ophélie by Arthur Rimbaud
I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile:
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
II
O pâle Ophélia! belle comme la neige!
Oui, tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits;
C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux!
Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre Folle!
Tu te fondais à lui comme une neige au feu:
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu!
III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.