Nouveaux Actes Sémiotiques"Analyse sémiotique de la perception d’un objet du monde naturel" (version de travail) (original) (raw)

1996, HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe)

La « sémiotique visuelle » s'intéresse aux objets sémiotiques en mode perceptif visuel. Dans le but d'éviter la superposition des préoccupations psycho-physiologiques relevant de la perception avec les préoccupations spécifiquement sémiotiques, quelques sémioticiens, collaborateurs d'A. J. Greimas, dont Jean-Marie Floch, avaient proposé naguère de remplacer cette expression par celle de « sémiotique planaire ». Mais une fois constituée cette sémiotique planaire, et notamment la dimension plastique qui en fait toute l'originalité, la question des rapports qu'elle entretient avec la perception-dans une perspective interdisciplinaire, et sous la pression des recherches cognitives-se pose à nouveau. Plus précisément : on nous la pose. Il ne s'agit plus alors de « sémiotique visuelle », dont il serait convenu que la dimension plastique serait en quelque sorte déjà « naturellement » visuelle, mais de « sémiotique du visible », c'est-à-dire de l'élaboration d'un plan d'existence proprement sémiotique du monde visible ; en somme, il s'agirait de répondre à une série de questions : comment et en quoi la visibilité donne-t-elle lieu à une sémiose ? comment est-elle prise en charge par une énonciation ? à quelles conditions peut-on parler de l'émergence de la signification à partir de la perception ? C'est pourquoi la lumière revient au premier plan : faire le projet d'une sémiotique des états et des procès de la lumière, c'est déjà répondre à trois questions implicites. 1-Qu'est-ce qui rend visible le monde naturel ? La lumière. 2-S'il y a un plan de l'expression de l'objet sémiotique en cours de construction, quelle sera sa matière d'expression ? La lumière, encore. 3-S'il y a énonciation d'un discours (entre autre, visuel) sur le visible, de quelle nature figurative sera l'« énergie », la « masse tensive et thymique » à partir de laquelle seront articulées les modalités constitutives de cette instance d'énonciation ? La lumière, toujours. Voilà, si l'on peut dire, le fond sur lequel se détachent les deux « figures » que nous proposent Marie Renoue et Jean-Marie Floch : la première, sous la forme d'une analyse de la lumière de Sainte-Foy de Conques, dont Pierre Soulages a conçu les nouveaux vitraux ; le second, en lançant vigoureusement le débat concernant les relations entre le niveau de pertinence perceptif et phénoménologique, d'une part, et le niveau de pertinence proprement sémiotique et discursif, d'autre part. Jacques FONTANILLE Analyse sémiotique de la perception d'un objet du monde naturel. La lumière diffusée par les vitraux de P. Soulages dans l'abbatiale Sainte-Foy de Conques nombreux