LES IDÉOLOGIES AUXQUELLES PEUVENT ADHÈRER LES TERRORISTES (original) (raw)

LES FACTEURS IDÉOLOGIQUES ET RELIGIEUX DE L'EXTRÉMISME VIOLENT

Analyser les dimensions idéologiques du djihadisme est un exercice polémique. Il est malaisé pour de nombreux chercheurs, journalistes et politiques d'accepter qu'une telle violence puisse être politiquement ou religieusement fondée. Ceux-ci préfèrent donc l'expliquer par une situation de discrimination économique et sociale et en retreindre l'aspect politique aux cadres peu féconds de l'endoctrinement ou de la criminalité. Le facteur religieux lui n'est en général abor-dé que pour en signaler l'usurpation (« cela n'a rien à voir avec l'islam ») ou comme écho à l'incompatibilité culturelle (« Paris est une fête ») et civilisationnelle (« why do they hate us ? ») des « fous de Dieu ». Il est cependant important de dépasser l'idée que le djihadisme ne serait qu'un phénomène externe à nos sociétés, procédant d'un attrait irrationnel ou contraint des individus pour de grands labels idéologiques type Daesh ou Al Qaida. Malgré le concept de rupture souvent mis en avant par la littérature sur la radicalisation, étudier la manière dont les djihadis construisent eux-mêmes la dimension religieuse et politique de leur cause, nous montre que leurs usages particuliers de la radicalité, avec ou sans passage à la violence, se construisent bien de ma-nière interactive avec leur environnement. Bien que les configurations du monde arabe et de l'Europe soient différentes, 1 on peut en ef-fet voir que là où les institutions politiques et religieuses ne sont plus en capacité de donner aux citoyens comme aux croyants les moyens de résoudre par eux-mêmes les contradictions inhérentes au contexte hyper-libéral dans lequel ils évoluent, le djihadisme opère comme une mythologie politique et religieuse qui donne à ceux qui s'y identifient le sentiment d'accéder à des vérités qui leur auraient été dissimulées et ainsi de pouvoir reprendre le contrôle de leur vie. Sur le plan politique, l'idée d'affrontement violent qui est au coeur de l'idéologie djihadi leur apparaît comme l'opportunité d'imposer aux décideurs un nouvel espace de négociation. Leur groupe de référence passe ainsi du statut de « masse manipulée » à celui d'ennemi ultime craint par les « puissants » non seulement pour la terreur qu'il inspire mais aussi pour sa capacité à produire une critique autonome du monde et de ses conflits. Sur le plan religieux, leur adhésion à une lecture du coran où la violence et la mort organisent la vie leur permet de convertir leur marginalité en une vertu religieuse en devenant « el farqa nadjia », un petit groupe d'élus choisi par Dieu pour faire « triompher l'islam ». Avoir le « courage » de ne pas occulter la vérité religieuse que représente le djihadisme, là où la majorité des autres musulmans entre-tiendrait dans leur lecture des textes sacrés un rapport sciemment ambiguë voire tabou au principe de lutte armée, devient en conséquence un signe d'élection divine.

LES THEORIES DE LA PREVENTION ANTI TERRORISTE

2023

Sous le titre « Théories de la prévention », Ian Gough professeur émérite de politique sociale de la London School of Economics a noté en 2013 que de telles théories « se distinguent par leur absence ». La prévention indépendamment du domaine sur lequel elle se concentre, est un concept difficile. Comment établir une relation causale entre l'impact d'un ensemble d'interventions de précaution ou de mesures préventives et un résultat qui est un non-événement, à savoir, dans notre cas, l'absence d'actes de terrorisme ? Alors que nous nous intéressons tous à l'avenir puisque nous allons y passer le reste de notre vie, nous n'avons qu'un contrôle très limité sur notre avenir. Pourtant, nous pouvons contrôler (mais jamais totalement) au moins certaines parties de l'avenir, à savoir celles que nous sommes disposés et capables de façonner activement nous-mêmes, plutôt que de laisser cet avenir aux caprices du libre arbitre, de l’opportunisme et aux fantasmes des démagogues et des prédicateurs qui prétendent que leur idéologie ou leur religion a toutes les réponses. Après tout, le même non-événement résultat de l'événement aurait pu se produire de toute façon, sans interventions actives visant à éliminer ou à atténuer les causes et sans cibler les moteurs présumés de la radicalisation, de l'extrémisme et du terrorisme. La façon dont on regarde le monde détermine ce que nous voyons et l'action que nous sommes susceptible d'entreprendre. En l'absence d'une compréhension réaliste des moteurs du changement dans nos sociétés, nous pourrions si nous ne faisons pas attention, abattre le mauvais arbre. La meilleure façon d'aborder le sujet est d'utiliser les instruments de la science qui nous permettent de remettre en question méthodologiquement nos hypothèses et de développer des théories qui peuvent être testées. Ian Gough a souligné que « la politique de prévention repose sur deux fondements fondamentaux, qui sont tous deux des concepts contestés. Premièrement, la compréhension scientifique de la cause et de l'effet et la possibilité de prédiction. Deuxièmement, la politique de prévention suppose une certaine capacité d'intervention contrôlée par le gouvernement dans la vie sociale. Mais voici quelques-unes des questions qui méritent un examen plus approfondi et des réponses adéquates : ● Qu'entendons-nous exactement par « prévention du terrorisme » ? ● Quels sont les principales causes et moteurs du terrorisme qui doivent être traités et, dans la mesure du possible, neutralisés ou renversés pour parvenir à une prévention efficace ? ● Quel type de mesures et d'interventions sont les plus appropriées pour la prévention du terrorisme en amont, à mi-parcours et en aval ? ● Comment prévenir des attentats terroristes planifiés dans un pays, exécutés dans un deuxième pays contre une cible appartenant à un pays tiers ? ● Comment peut-on prévenir des attaques plus ou moins spontanées d'un seul acteur contre des civils au hasard dans les espaces publics, réalisées avec des armes aussi courantes que des couteaux et des voitures ? ● Doit-on rechercher avant tout des mesures opérationnelles préventives, tactiques, ou viser des stratégies structurelles de prévention ? ● Devrions-nous nous concentrer sur la réduction des capacités des terroristes ou sur la diminution de leurs motivations ? ● Doit-on donner la priorité au renforcement de la résilience et de la préparation de leurs victimes et cibles potentielles ? ● Devrions-nous nous préparer à des attaques à fort impact (mais à faible probabilité) ou nous concentrer principalement sur des attaques à forte probabilité (mais à faible impact) ? ● Comment devrions-nous évaluer, surveiller et évaluer les efforts de prévention et de préparation ?

L'ISLAMOPHOBIE ET LES STRATEGIES CONTRE LE TERRORISME

IPHRC, 2017

L'islamophobie - un terme largement utilisé à la fois dans les médias et dans les milieux politiques et universitaires - est devenue un problème courant dans l'opinion publique mondiale. Le mot «islamophobie» est formé du mot «islam» et du mot grec «phobos». L'islamophobie, en tant que terme, peut être qualifiée de préjugé et de haine envers l'islam et de racisme contre uneminorité musulmane1 Le terme combine toute sorte de discussion, de discours et d’actions découlant d’un ensemble idéologique nourrit par une peur irrationnelle de l’islam. Le concept ne contient pas de description juridique, car les études de cette question n’ont pas encore débouché sur un instrument juridique international contraignant. Aussi, il y a ceux qui sont contre une telle conceptualisation. Cependant, le fait que ce terme ait trouvé sa place dans les domaines d'intérêt et d'activité de certaines grandes organisations internationales comme l'Organisation des Nations Unies, le Conseil de l'Europe (CE), l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l'Organisation de coopération islamique (OCI) a conduit à une acceptation générale du terme.

L' IDÉOLOGIE DU

est-ce que le développement ? Interrogez n'importe qui, plus spécialement des acteurs de la solidarité internationale censés « faire du développement » ; vous obtiendrez la plupart du temps des définitions différentes, faisant appel à des notions plus ou moins vagues, plus ou moins argumentées. Le mot développement ne fait pas l'objet d'une définition unique, acceptée par tous. Son contenu fait débat. Il est rare que ceux qui l'utilisent le définissent avant de l'employer, même au sein des institutions internationales ou des ONG.

LE CONTEXTE HISTORIQUE DU TERRORISME

LE CONTEXTE HISTORIQUE DU TERRORISME, 2023

Le terrorisme n'est pas un phénomène nouveau ; il peut être l'une des formes les plus anciennes de dissidence politique illégitime. L'utilisation de la violence ou de la menace de violence pour "envoyer un message" aux dirigeants politiques ou à la société dans son ensemble s'est produite tout au long de l'histoire enregistrée. Des groupes tels que les Zélotes et les Sicaires dans la Palestine biblique, ainsi que les Assassins de la Perse du XIe siècle, sont souvent cités comme des terroristes historiques. Les XVIIIe et XIXe siècles ont généré des formes de terrorisme qui sont encore utilisées aujourd'hui. C'est Maximilien Robespierre, chef de file de la Révolution française, qui a inventé le terme "terrorisme". Il a publiquement préconisé son utilisation comme outil politique et a employé des exécutions publiques par guillotine pour capter l'attention du public et terroriser la société française. Le terrorisme moderne a ses racines les plus larges au milieu du XXe siècle. Les pères du terrorisme moderne ont largement émergé en Russie, où de nombreux groupes, anarchistes et philosophes prônant la terreur, sont apparus, tels que Sergi Nachayev et Mikhail Bakunin. Le terrorisme s'est propagé dans toute l'Europe, où de nombreux chefs d'État ont été assassinés. Il est finalement arrivé aux États-Unis avec l'assassinat du président McKinley en septembre 1901 et les attentats à la bombe de Wall Street en 1920.

PERSPECTIVES POUR UNE SÉMANTIQUE DE L'IDÉOLOGIE

E-acte du'Colloque international Dialogisme: …, 2011

Les discours de la presse pendant la campagne électorale de 2002 en France ont pu être le théâtre de la circulation des représentations extrémistes du Front national. Les discours médiatiques sont des espaces idéotypés par lesquels circulent et se produisent le sens des représentations sociales en cours. Nous cherchons dans cet article à comprendre les réalisations énonciatives et discursives de l'idéologisation tout en proposant des perspectives d'une sémantique de l'idéologie.

L'APPROCHE INTERACTIONNISTE ET DEVELOPPEMENTALE DES FACTEURS DE RISQUE ETIOLOGIQUES : L'EXEMPLE DE L'ALCOOLISME

Alain CERCLÉ, 2002

L’approche étiologique des facteurs de risque associés aux usages de l’alcool: L’intérêt du psychologue de la santé pour l’étiologie ne se justifie pas uniquement au niveau théorique et curatif, la connaissance étiologique est aussi nécessaire à la prévention de la maladie, à la réduction des dommages et à la promotion de la santé. Autant de champs de recherches et de pratiques qui réclament des compétences psychologiques de haut niveau et un réel esprit d’ouverture à l’égard des modèles poly factoriels qui mobilisent aujourd’hui les acquis des sciences humaines, sociales et biologiques. Pour ce qui concerne l’alcoolisme, ce type de modèle est d’ailleurs admis par un très grand nombre de chercheurs (Hillemand, 1999). Toutefois, si cette position est épistémologiquement rassurante, elle reste souvent difficile à tenir dans les faits. Les meilleures intentions peuvent en effet se laisser prendre au piège stérilisant du réductionnisme ou de l’éclectisme. Comme leurs collègues des autres sciences, les psychologues doivent être à la fois conscients de la complexité de leur “ objet ” et de la spécificité des paradigmes qu’ils utilisent. Dans ces conditions et avec l’aide de méthodologies appropriées, le projet holistique de la psychologie de la santé nous semble réaliste et porteur de connaissances fiables et utiles.

LES « TRAVAILLEURS INDOCHINOIS » , FORÇATS DÉRACINÉS DE LA GUERRE

L'Humanité Dimanche, 2020

Les hommes qui partent de Saigon sur le « Mui-Nam », le 4 mai 1940, sont les derniers des 20 000 « travailleurs indochinois » requis par la puissance coloniale pour son effort de guerre. À la suite de la défaite, la plupart restent bloqués des années en Métropole. C'est leur histoire, méconnue, que restitue leur spécialiste, Liêm-Khê Luguern. e 4 mai 1940, le vapeur « Mui-Nam » quitte Saigon avec à son bord 924 hommes. C'est le quatorzième et dernier navire emportant les 20 000 « travailleurs indochinois » requis pour la France en guerre. Il arrive à Marseille le 6 juin 1940. La défaite met fi n au plan Mandel, du nom du ministre des Colonies. S'appuyant sur l'expérience de la Grande Guerre, au cours de laquelle 90 000 travailleurs et tirailleurs indochinois avaient été déplacés en Métropole (1), ce plan avait prévu l'appoint de 300 000 travailleurs coloniaux, dont 100 000 Indochinois, pour former un fort contingent d'ouvriers non spécialisés (ONS) afi n d'assurer la relève des ouvriers métropolitains mobilisés.

LE DÉPISTAGE RAPIDE DES CAMPAGNES TERRORISTES

Forum sur le Crime et la Société, 2004

On a beaucoup parlé de la nécessité d'assécher le financement du terrorisme, mais des données empiriques concernant les méthodes effectivement suivies par le terroriste pour mobiliser des fonds ont également fait défaut. Loretta Napoleoni, auteure d'une importante nouvelle étude à ce sujet, propose un certain nombre d'idées nouvelles concernant ce qu'elle appelle "la nouvelle économie de la terreur".